• il y a 4 mois
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00:00Elle est bien présente en Côte d'Ivoire, selon le directeur général de l'Institut
00:09national de l'hygiène publique. Sur plus de 2600 cas signalés depuis quelques mois,
00:13383 se sont avérés positifs, avec plus de 80% de présence dans le district d'Abidjan
00:20et particulièrement dans la commune de Cocody. Si de nombreuses infections restent asymptomatiques,
00:25il existe des formes plus sévères qui peuvent entraîner la mort. Quels en sont les symptômes
00:29? Existe-t-il des traitements et des vaccins ? Nous en saurons plus dans ce numéro de
00:34C'est-à-dire dédié à la dengue. Et pour cela, nous sommes en compagnie de Dr Mariama
00:39Kamisoko, elle est médecin généraliste et secrétaire générale de la Société ivoirienne
00:43de médecine générale et de la famille. Bienvenue docteur.
00:47Merci.
00:48Alors en ce moment, on assiste à, si on peut appeler ça comme ça, une épidémie de la
00:52dengue. C'est quoi la dengue déjà et comment est-ce que c'est transmis ?
00:57En fait, la dengue est une maladie infectieuse. Au même titre que le paludisme, c'est une
01:02maladie qui sévit dans les pays tropicaux et elle est transmise par un moustique qu'on
01:07appelle le moustique Aïdes. Il y a une forme de Aïdes qu'on appelle le moustique tigré
01:12qui pique en journée et elle transmet le virus de la dengue au cours de son répart
01:20sanguin. Il va prendre le virus avec un patient malade et ensuite le transmettre à une personne
01:26saine. Donc c'est une transmission moustique à homme qui transmet le virus et après la
01:32dengue s'installe.
01:33Très bien. Alors comment on fait pour savoir qu'on a le virus de la dengue ?
01:36D'abord, il faut faire le test. Mais il y a des symptômes. Il y a des symptômes qui
01:42sont évocateurs de la dengue et il faut pouvoir faire la différence entre la dengue et le
01:46paludisme parce que le début de la dengue est quasiment ressemblant aux symptômes du
01:53paludisme. Alors lorsque le moustique a piqué l'individu, il y aura une phase d'incubation
01:59qui part de quatre à dix jours. En ce moment-là, il n'y a pas de symptômes. Autour du dixième
02:05jour, le patient va observer une forte fièvre, un peu comme dans le paludisme, une forte
02:10fièvre de 40 degrés. Il y aura des céphalées, il y aura des vomissements, il y aura des
02:15douleurs abdominales, des courbatures, des douleurs articulaires et une petite particularité
02:21c'est qu'il y a une éruption cutanée parfois. Donc cette première partie de la symptomatologie
02:28fait croire au patient qu'il s'agit d'un paludisme. C'est en ce moment-là que je me suis
02:33adressée aux patients qui font l'automédication parce que là ça peut être la dengue. Mais il y a
02:38des cas asymptomatiques carrément. C'est-à-dire qu'il a été piqué par le moustique, il n'a rien
02:43senti, c'est passé. Alors qu'il a eu la dengue. Il y a les cas qui font la première phase que
02:50je viens de décrire et par après ceux qui n'ont pas de chance évoluent vers la forme sévère.
02:55Et c'est quoi la différence des symptômes, particulièrement pour alerter on va dire la
03:04personne qui se sent malade ? En fait celui qui a une fièvre, celui qui a des coups battus,
03:08qui vient à l'hôpital, de façon systématique on devrait faire les deux tests. Voilà parce
03:14qu'au début, au stade de début, il n'y a pas trop de différence à part les éruptions cutanées.
03:18Il y a certains qui basculent rapidement dans la phase hémorragique avec des saignements. Là
03:24déjà ça nous met à l'idée que ça pourrait être une dengue. Mais en général les symptômes sont
03:30similaires et lorsqu'on va dans une forme un peu plus accrue, il y aura maintenant une exagération
03:38des vomissements. On va voir que parce qu'entre ces deux phases, entre la phase sévère et la
03:43phase que je peux appeler la phase normale, il y a la baisse de la fièvre. La température se
03:49normalise, le patient pense qu'il est guéri et puis un matin il se retrouve avec des douleurs
03:55abdominales très aiguës, il se retrouve avec des vomissements. En ce moment là, les signes
04:01hémorragiques peuvent commencer à apparaître. Les gencives qui saignent, du sang dans les selles,
04:06dans les urines, il y a du sang aussi dans les narines, un épistaxis comme ça s'appelle. En ce
04:14moment, il y a aussi maintenant une phase pendant laquelle le patient peut être agité,
04:20une certaine moiteur, il devient froid et là il faut commencer à être inquiet parce qu'il y a
04:26une phase encore plus compliquée avec le choc, l'hypovolemique et tout ça qui peut entraîner
04:31la mort. Donc c'est tout un processus en fait. Donc il faut savoir à quel moment consulter,
04:36à quel moment se dire que j'ai la fièvre, j'ai mal à la tête, je vomis, je vais à l'hôpital et
04:42on fera les deux tests pour décider de ce que c'est. Très bien, alors vous l'avez dit tout à
04:48l'heure, la dengue peut être asymptomatique, donc les complications qu'on peut avoir,
04:53je crois que vous avez parlé là à l'instant des hémorragies, est-ce qu'il y a d'autres
04:57complications ? Ben oui, lorsqu'il y a les hémorragies, d'abord l'état du malade. C'est un
05:03malade qui va venir souvent très agité, avec une tension artérielle effondrée, c'est-à-dire une
05:08tension très basse, avec des palpitations et en ce moment là il y a des liquides, les fluides de
05:15l'organisme qui diminuent. Donc ça fait que lorsqu'on fait des examens biologiques, on va voir
05:21que le taux de plaquettes est bas et tout ça. Maintenant les complications vont attaquer d'abord
05:26le système circulatoire. On va voir que la quantité de sang a baissé et donc les symptômes que je viens
05:31de citer apparaissent. Et plus grave, il y a une attaque au niveau des organes nobles, je peux
05:38dire le rein, au niveau du cerveau, au niveau des poumons. Vraiment c'est tout un désordre au niveau
05:45de ces organes-là et c'est quand on atteint ce niveau-là que ça devient très très très risqué
05:50d'aller vers la mort. D'accord, alors on a toutes sortes d'informations, surtout sur les réseaux
05:56sociaux, mais vu que vous êtes là vous allez nous dire, le traitement de la dengue. Parce qu'on entend
06:01toutes sortes de choses, on a des médecins sur les réseaux sociaux ou un peu partout autour de nous
06:07qui parlent de certains médicaments, on le traite avec les mêmes médicaments que le paludisme ou
06:12alors il faut prendre telle feuille ou telle feuille. Comment est-ce qu'on traite la dengue ?
06:16Il n'y a pas de traitement spécifique pour la dengue. C'est une maladie virale, c'est un traitement
06:21symptomatique. Selon les symptômes et selon le stade auquel on rencontre le patient, il y a une
06:27conduite à tenir. Quand le malade vient au stade de début, on va traiter les vomissements, on va lui
06:31donner de la vitamine C, on va le réhydrater, mais s'il y a une hémorragie, on va essayer de la stopper.
06:37Mais il y a des médicaments qui sont proscrits. Par exemple, lorsque le test a été retrouvé
06:42positif, il ne faut plus donner d'anti-inflammatoire, il ne faut pas donner d'aspirine parce qu'il y a
06:46le risque d'hémorragie. Lorsqu'il n'y a pas encore l'hémorragie, sachant que c'est une complication et
06:52que ce dernier produit-là fluidifie, si on veut dire, le sang, il faut les éviter.
06:57J'ai entendu dire qu'il ne faut pas donner de quinine aussi.
07:00Il y a des traitements, il y a des pathologies qui peuvent être croisées avec le paludisme.
07:07Donc il y a des médicaments qu'il ne faut pas prendre, c'est surtout les anti-inflammatoires
07:13Surtout ceux-là. On lui donne quelque chose pour faire tomber sa fièvre, on lui donne du paracetamol,
07:18on lui donne de la vitamine C, on lui donne du zinc. On peut lui donner, selon les symptômes qu'il a,
07:23selon le stade auquel il est, donner des corticoïdes et tout ça, pour qu'il respire mieux et tout ça.
07:29Mais pas d'anti-inflammatoire et il n'y a pas un médicament qu'on dira, celui-là, comme l'artéméter,
07:38qui est pour le paludisme, on va dire que celui-là est spécifique de la dengue.
07:41Non, on traite tout doucement le patient, quand il se retrouve, il fait sa convalescence et puis bon, le test, c'est négatif.
07:50Très bien. Alors donc, il faut refaire un test après une certaine période ?
07:55Oui, oui, oui. Lorsque les malades reviennent, on refait le test et on va voir que les anticorps sont là.
08:01Il a fait la dengue mais il n'a plus les symptômes, l'antigène n'est plus là.
08:04Ce que je voudrais signifier, c'est que les patients qui ont déjà fait la dengue sont susceptibles de faire la forme grave.
08:11Voilà. Quelqu'un qui a déjà fait la dengue doit pouvoir mettre des mesures préventives pour pouvoir éviter une réinfection.
08:20Parce que c'est ceux-là même qui sont exposés à développer la forme hémorragique, la forme avec colapsis cardiovasculaire et tout ça.
08:30Très bien. Alors donc, on sait comment traiter la dengue, enfin traiter.
08:34Oui, traiter d'une manière.
08:35Comment aller vers la guérison, on va dire ça comme ça.
08:37Oui, comment s'en sortir.
08:38Maintenant, comment prévenir ? Comment se prémunir ?
08:41Pour se prémunir de la dengue, on a dit que c'était un moustique, n'est-ce pas ?
08:45Alors, c'est d'éviter les piqûres de moustiques tout comme dans le paludisme, faire la lutte anti-vectorielle,
08:50c'est-à-dire lutter contre le vecteur qu'est ce moustique-là.
08:53C'est encore, comment dire, les moustiquaires, des vêtements couvrants, des serpentins fumigènes là, aussi des insecticides.
09:04En tout cas, tous les moyens qu'on utilise pour lutter contre le paludisme sont efficaces.
09:09En fait, il faut lutter contre ce moustique en question.
09:12C'est pas forcément très évident.
09:14Oui, c'est pas. Oui, surtout dans nos tropiques ici, ils sont partout.
09:20Il y a aussi des sprays répulsifs qui sont très efficaces, qui marchent bien.
09:24À mettre sur la peau ?
09:26Oui, sur la peau, oui.
09:27Moi, pendant mes gardes, je m'asperge.
09:30Ah oui ? Bon, on va tous faire ça alors.
09:33Alors là, en ce moment, dites-nous un peu comment ça se passe de façon pratique pour vous ?
09:39Sur une trentaine de patients, par exemple, combien de personnes vous avez qui sont positives à la dengue ?
09:47Il faut dire que cette année, il y a quand même des cas.
09:50En principe, chaque année, autour du mois de juin, juillet, pendant la saison des pluies,
09:54ou juste après la saison des pluies, il y a beaucoup de patients.
09:58Il y a beaucoup de patients qui viennent pour des syndromes infectieux, qui viennent pour du paludisme.
10:03Il y a certains cas pour lesquels, parce que nous avons les tests à disposition, ils sont gratuits.
10:08Dans les hôpitaux publics, on les utilise sur les patients.
10:12On peut avoir peut-être cinq patients pour trente consultations qui ont les symptômes.
10:19Est-ce que c'est alarmant, ce chiffre-là ?
10:23Alarmant, je ne pourrais pas dire oui, parce que, Dieu merci, il n'y a pas beaucoup qui viennent à la forme grave.
10:33On arrive à les rattraper.
10:35Il n'y en a pas beaucoup, il y en a quelques-uns, parce que les gens sont déjà effrayés lorsque le test est positif.
10:41Alors qu'il y a la forme asymptomatique, il y a la forme simple, la forme normale, qui ressemble au paludisme simple.
10:48Donc, on peut traiter et c'est rare qu'on atteigne cette forme grave, mais elle existe.
10:55Donc, il n'y a pas de quoi s'affoler, parce qu'en ville, les gens sont effrayés.
10:59Les gens pensent que c'est une maladie qui tue sur le champ, où les saignements, dès le premier jour, apparaissent.
11:07Non, non, non, c'est progressif.
11:10Mais, selon ce que vous avez expliqué tout à l'heure, quand on tend vers la forme sévère ou grave...
11:17Il y a un traitement.
11:18Le traitement, est-ce qu'il y a beaucoup de chances de s'en sortir quand même, quand on va vers la forme grave ?
11:24Quand on va vers la forme grave, oui.
11:26Il faut réhydrater le malade, on va le perfuser et on va lui donner de la vitamine C, comme j'ai dit.
11:33Il est en milieu hospitalier, il est pris en charge, il est surveillé.
11:37Tous les symptômes qu'il a présentés sont pris en charge de façon concomitante et puis, des fois, ça marche.
11:44Très bien. Alors là, nous sommes au terme de notre émission.
11:49Est-ce que vous avez un message à passer à la population ? Quel est ce message ?
11:55Oui, je voudrais dire à tous ceux qui habitent en Côte d'Ivoire que la dengue existe bel et bien.
12:01Mais la dengue n'est pas le paludisme.
12:03La dengue ressemble, dans sa forme simple, au paludisme.
12:07Donc, toute personne qui a une fièvre, qui a des coups battus, qui a des nausées, des vomissements,
12:13qui croirait que c'est un paludisme et qui va aller faire de l'automédication, peut passer à côté de la dengue.
12:19Donc, il serait intéressant de se rendre dans un centre de santé afin que le médecin fasse le diagnostic différentiel,
12:26qu'il lui dise, effectivement, les symptômes ressemblent au paludisme, mais ce n'est pas le paludisme.
12:31Voilà le test qu'on a fait, il est positif. Donc, voilà le traitement auquel vous avez droit.
12:35Donc, je demanderais à la population de ne pas s'affoler aussi,
12:39et que la forme grave, certes, elle existe, mais ce n'est pas dès le début.
12:44Très bien. Merci beaucoup, Dr Kamisoko, d'avoir accepté notre invitation
12:48et d'avoir partagé avec nous toutes ces informations plus qu'utiles sur la dengue.
12:54On retient qu'il ne faut pas faire d'automédication, surtout, s'il vous plaît,
12:58quand vous avez un petit malaise, vous avez mal à la tête, vous avez des courbatures,
13:03tous les symptômes qui ressemblent au paludisme, allez-y vers les professionnels,
13:07vers les professionnels comme Dr Kamisoko, qui sont là pour nous et pour nous prendre en charge.
13:13Merci encore d'avoir suivi cette émission. Merci, Dr Kamisoko.
13:16C'est moi qui vous remercie.
13:17L'information continue sur cette info et sur www.cetinfo.ci.

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