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Dans Europe midi, Thomas Schnell et ses invités débattent de dernières informations.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00menaces d'extrême-droite au Royaume-Uni, des militants d'extrême-droite qui s'en sont pris aux forces de l'ordre
00:09en dénonçant justement « Enough is enough », dénonçant une vague migratoire dont ils s'estiment victimes.
00:16Et on a vu cette nuit des contre-manifestations, des manifestations antifascistes qui ont empêché
00:22des rassemblements de l'extrême-droite et des débordements. Je vous propose qu'on accueille par téléphone
00:26Janelle qui est avec nous depuis le Tarn. Bonjour Janelle. Bonjour. C'est un ouf de soulagement qu'il faut pousser
00:34aujourd'hui au vu de la soirée calme qui s'est déroulée au Royaume-Uni. Bien sûr. Bien sûr, on ne peut pas se régner
00:40de la violence, de tout ça. Bien sûr, mais il y a beaucoup de choses à dire sur ces événements.
00:48Vous avez vécu au Royaume-Uni pendant quelques années, racontez-nous. J'ai vécu 13 ans en Angleterre, dans une ville
00:55très cosmopolite. Il y avait beaucoup de nationalités et la tolérance n'est pas une légende. Seulement, il y a des règles
01:05à respecter. Et lorsque ces règles ne sont pas respectées, eh bien les Anglais nous remettent entre guillemets
01:12à notre classe. Ce n'est pas du racisme. Il faut prendre en considération le drame qui s'est passé. Ce sont des enfants
01:20qui ont été massacrés. Et pour eux, c'est de la douleur qu'ils expriment. C'est de l'humiliation, de la culpabilité également
01:31parce qu'ils n'ont pas su protéger leurs enfants. Et les institutions ne l'ont pas su non plus.
01:38Merci, Janelle, d'être venue apporter votre trémoignage en homme. Alors, bien évidemment, il y a eu ce drame terrible
01:46à Southport, qui n'est pas, selon les dernières révélations, dû à un fait de l'immigration, étant donné qu'il était né au pays de Galles,
01:53que le suspect n'était pas de confession musulmane. Ce sursaut auquel on a assisté hier, Paul Melun, il faut s'en réjouir,
02:01sursaut de ces contre-manifestations. Ce dont il faut se réjouir, à mon avis, c'est de la fermeté de Keir Starmer, le Premier ministre
02:07travailliste, qui appartient à une gauche qu'en France on appellerait gauche républicaine ou gauche de gouvernement et qui n'a pas cédé un pouce
02:15aux factieux d'extrême droite, évidemment. Après, vous savez, je pense que les groupuscules d'extrême droite, comme du reste dans un certain nombre de pays du monde aussi,
02:24les groupes antifa, existent et s'affirment dans le chaos, soufflent sur les braises et utilisent le chaos. Avec l'extrême droite, ça a existé
02:33dans l'entre-deux-guerres. Effectivement, après la crise de 1929, à l'époque, c'est une crise économique où, effectivement, toutes ces ligues ont pu exister et utiliser
02:42le désarroi des populations. Là, c'est un peu pareil. Le peuple britannique est très inquiet, pour moi, à juste titre, par la politique migratoire de son gouvernement
02:50et par l'immigration massive. Eux utilisent cela pour faire passer leur message de haine.
02:54Marquons une petite pause avant d'entendre la réponse de Nathan Devers dans Europe 1.13h. Ce sera juste après toute l'actualité. Il est 13h28 sur Europe 1.
03:04Europe 1.13h. Vous écoutez Europe 1.13h jusqu'à 14h et Thomas Chenel, on retrouve vos deux débatteurs, Nathan Devers et Paul Melun.
03:10On continue à se pencher sur la situation au Royaume-Uni. Nathan Devers se sursaut hier soir. Ces contre-manifestations qui ont empêché des débordements des militants d'extrême droite.
03:22Est-ce que le calme sera de longue durée, selon vous, au Royaume-Uni ?
03:26Je ne suis pas devin, mais je pense que, quel que soit le sursaut, quelle que fût la réaction du Premier ministre, qui a en effet été républicaine, ferme et digne,
03:36je pense que les événements qui ont eu lieu ces derniers jours au Royaume-Uni témoignent d'une cassure, d'une faille extrêmement profonde dans la possibilité même d'avoir une vie démocratique.
03:47Danger qu'on observe au Royaume-Uni, aussi bien qu'en France, aussi bien qu'aux Etats-Unis, bref dans toutes les démocraties occidentales,
03:54et que Eric Benzécrit a nommé d'un concept qui à mon avis est assez juste dans sa dernière série, la fièvre.
04:01Nous sommes dans une époque de fièvre, c'est-à-dire dans une époque où la possibilité de vivre dans un monde commun,
04:07monde où nous avons tous des opinions, des idéologies, des visions du monde différent, mais où on s'accorde quand même sur le fait d'habiter dans une réalité commune peut fonctionner,
04:18et bien cette possibilité-là s'effrite de plus en plus, notamment sous l'effet de réseaux sociaux qui servent de tam-tam à toutes les passions les plus tristes, à tous les instincts les plus bas qui existent.
04:30Et ce qu'il faut quand même remarquer, que je trouve absolument sidérant, c'est que là il faut quand même mettre un mot clair sur la chose.
04:36Nous avons eu à la suite d'un drame atroce, et personne ne conteste l'atrocité de ce drame, des émeutes racistes, c'est pas seulement d'extrême droite, c'est viscéralement racistes,
04:45qui ont attaqué des mosquées, qui ont attaqué des centres d'accueil pour des migrants, alors qu'en plus ce fait d'hiver terrible n'avait absolument rien à voir ni avec l'immigration ni avec l'islam,
04:55et nous avons en face parfois des gens qui disent que, quelle que soit la gravité des actions qui ont été faites, il faut comprendre, il faut entendre la souffrance que cela vient exprimer.
05:06Je pense que si on veut penser l'immigration on peut le faire, il faut le faire à l'échelle internationale, il faut se demander pourquoi il y a des gens qui en effet massivement fuient des pays du Sud
05:15pour s'évader de blocages économiques, de blocages politiques, de famine, de dictature, de guerre, etc.
05:20On peut le faire comme ça, mais si vous voulez avoir la moindre complaisance vis-à-vis de quelque chose qui a pour seul but de détruire la possibilité de la vie démocratique,
05:27ça me semble très dangereux au regard du passé dont vous parliez tout à l'heure.
05:30Alors notre auditrice à l'instant nous parlait de cet effritement du contrat social auquel elle a assisté quand elle vivait au Royaume-Uni,
05:37mais tout de même est-ce qu'on peut ne pas craindre que cette frustration qu'exprime une partie de la population ne se transforme pas en violence pure,
05:44Paul Melland en hooliganisme presque et moi ça m'a fait penser à ces propos de Joe Biden hier soir,
05:50le président américain qui a mis en garde en cas de défaite de Donald Trump à un nouveau 6 janvier 2021
05:56quand les partisans de l'ancien président américain avaient tenté d'envahir le Capitole aux Etats-Unis.
06:02Comment est-ce qu'on peut diriger cette colère politique pour qu'elle ne se transforme pas en violence ?
06:08Ça c'est très compliqué, il est vrai que la violence fait son retour, mais a-t-elle seulement un jour cessé d'exister,
06:16y compris la violence politique dans ses expressions de rue, etc.
06:20Je ne veux pas ici faire la généalogie de la violence en politique, mais ce n'est pas d'aujourd'hui.
06:25Après par rapport à ce que disait Nathan Devers sur les divisions qui traversent nos sociétés et l'incapacité parfois à dialoguer,
06:32je suis assez d'accord sur le constat.
06:35En revanche, je ne ferai pas l'amalgame entre les manifestants, et bien sûr qu'ils sont condamnables,
06:45et leur violence qui bien sûr est totalement hors de propos et condamnable,
06:49et une angoisse je pense existentielle du peuple britannique qu'il convient aussi d'entendre.
06:55Angoisse qui avait été matérialisée par le vote sur le Brexit,
06:59qui n'est pas seulement d'ailleurs une angoisse sur l'immigration,
07:01mais qui est aussi une angoisse d'identité, de culture, de civilisation, de perte d'influence dans le monde, de peur du déclin.
07:08Angoisse qui d'ailleurs traverse tout l'Occident, à la fois en Amérique du Nord, en Europe de l'Ouest.
07:14L'idée selon laquelle finalement demain nous vivrons moins bien que nous vivions hier,
07:20et que parmi les causes de ce « nous vivrons moins bien », il y a effectivement l'insécurité,
07:26le déclin économique, l'immigration et toutes sortes d'autres facteurs.
07:30Après je ne dis pas que les mouvements populistes vont permettre de répondre à ces angoisses, à ce grand vertige,
07:37par contre je dis que ce grand vertige-là on ne peut pas le traiter d'un trait de plume,
07:42le rayer d'un trait de plume en disant « eh bien non, ma foi, tout ça c'est de l'extrémisme,
07:47dormez en paix, braves gens, et continuons avec une social-démocratie pantouflarde ou un centre droit pantouflard ».
07:53Je pense qu'au contraire il faut des solutions de rupture,
07:56bien sûr dans le cadre en France de notre état de droit, de nos principes humanistes, etc.
08:00Mais cette réponse elle doit intervenir, et d'ailleurs je pense que Keir Starmer,
08:04le nouveau Premier ministre britannique, en un sens a compris le message,
08:08parce qu'il a rompu avec la gauche antisémite de Jeremy Corbyn,
08:12parce qu'il a dit qu'il allait prendre des mesures fermes sur l'immigration,
08:15beaucoup plus fermes que les travaillistes n'en ont prises par le passé,
08:18et qu'il a compris aussi que finalement la gauche était en mesure d'être aux affaires
08:24que lorsqu'elle était en capacité véritablement de traiter ses problèmes.

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