Arthur Delaporte : "Nous ne négocierons rien avec le Rassemblement National"

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Avec Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados

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##LE_TOUR_DE_FRANCE_DES_NOUVEAUX_DEPUTES-2024-08-13##

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 6h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:04Il est 8h35 sur Sud Radio, tout de suite on accueille notre invité politique Arthur Delaporte, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue sur Sud Radio, député socialiste du Calvados, pas encore en vacances mais bientôt je crois.
00:15Dans quelques minutes.
00:16Dans quelques minutes justement. Est-ce que vous reviendrez de vacances avec un gouvernement, pensez-vous ?
00:20Eh bien j'espère bien que le Président de la République va sortir du déni dans lequel il a plongé le pays depuis un mois et demi maintenant.
00:27Comme si on pouvait être gouverné par un gouvernement démissionnaire.
00:31Alors jusque-là ça marche à peu près mais on peut quand même être choqué qu'il ait pris un certain nombre de décisions, de nominations
00:37et qu'il continue à le faire, à préparer le budget pour la France alors même qu'ils ont été sévèrement sanctionnés en juin-juillet dernier.
00:43Vous parlez du gouvernement de Gabriel Attal, toujours Premier Ministre, bien qu'il ne parle plus d'ailleurs au Président de la République.
00:50C'est ce qu'on apprenait hier dans Le Parisien, aujourd'hui en France.
00:52D'ailleurs est-ce que c'est un problème institutionnel que le Premier Ministre et le Président de la République soient en guerre ouverte quasiment ?
00:59Soit en froid, non c'est déjà arrivé dans des situations de cohabitation.
01:02Sauf que là le problème c'est qu'ils cohabitent déjà entre eux et qu'ils sont extrêmement minoritaires.
01:07Donc oui évidemment que ça peut causer quelques frictions mais c'est pas mon problème on va dire, ça c'est leur affaire à eux.
01:13Moi mon sujet c'est qu'est-ce qui se passe pour le pays et comment est-ce qu'on fait pour répondre aux attentes des Français et des Françaises ?
01:19Alors justement comment gouverner ce pays ? Avec qui il gouvernait ? Qui envoyait à Matignon le nouveau Front Populaire ?
01:24Après quand même des jours et des jours et des jours d'hésitation, de changements d'avis, de revirements, de vétos et de propositions,
01:33avait fini par choisir Lucie Castet pour la présenter comme candidate au poste de Premier Ministre.
01:39Emmanuel Macron avait promis de nommer un nouveau gouvernement vers la mi-août, on en approche.
01:44Est-ce que vous pensez vraiment qu'il va vous accorder Matignon ?
01:48Alors je ne suis pas dans la tête du Président de la République, ce que je sais c'est qu'il y a aujourd'hui une réalité politique,
01:55c'est que l'Assemblée Nationale est fragmentée. Personne ne le nie, peut-être un peu le Président de la République,
02:00il refuse de voir sa propre faiblesse puisqu'ils sont passés de 250 à 150 députés.
02:05Et la première force au Parlement avec 193 députés, c'est une majorité relative faible, c'est le nouveau Front Populaire.
02:11Donc nous on part de ce constat-là, on part aussi d'un constat qui est constant sous la Ve République,
02:15c'est que c'est la force majoritaire à l'Assemblée Nationale, même en majorité relative, qui peut prétendre au gouvernement.
02:21C'est ce qui s'est produit depuis deux ans, et donc la logique institutionnelle, historique, constitutionnelle et poétique,
02:26voudrait que ce soit le nouveau Front Populaire qui aille à Matignon.
02:28À condition d'arriver à bâtir une majorité pour faire passer des textes.
02:32Hier, votre prétendante à Matignon a écrit à tous les parlementaires, j'imagine que vous avez vous-même reçu sa lettre.
02:38Je présume, lettre co-signée par les présidents des différents groupes parlementaires du nouveau Front Populaire.
02:43Lettre de Lucie Castet à tous les parlementaires, sauf à ceux du Rassemblement National.
02:49Est-ce que ce n'est pas discourtois pour les millions de Français qui ont porté le RN en tête,
02:54largement en tête, du premier tour des législatives ?
02:56Je vais vous dire, dans les premières lignes de cette lettre, Lucie Castet dit ce qu'il s'est passé lors des élections.
03:02Il s'est passé quoi ?
03:03Il s'est passé deux choses. La première, c'est qu'il y a eu un vote historique du Rassemblement National
03:07qui portait un certain nombre de problématiques sur la question du pouvoir d'achat, sur la question des services publics,
03:12sur ces sujets d'accès aux soins, par exemple.
03:15Alors ça, là, vous prenez des sujets qui vous arrangent. C'est bien, mais il y a aussi ceux qui vous arrangent pas.
03:19Il y a la sécurité, l'immigration.
03:21C'est marqué dans le courrier, la question de la sécurité a été portée par ces citoyens, et donc nous devons l'entendre.
03:26La question migratoire.
03:27La question migratoire, alors ça, on pourra en reparler si vous voulez.
03:29On va en parler, justement.
03:30Non, mais je finis juste parce que vous me lancez sur pourquoi est-ce qu'on n'a pas écrit aux députés du RN,
03:37c'est que ça, c'était les questions que nous nous portons et que nous continuerons de porter
03:40et que nous voulons entendre et défendre au Parlement.
03:43Et le deuxième sujet, c'est que nous avons été élus, moi j'ai été élu face à une candidate du RN,
03:48dans une logique de front républicain.
03:50C'est vrai.
03:50Et donc, aujourd'hui, il y a une non-majorité du RN, aussi parce qu'il y a eu ce front républicain
03:56et que vous avez plus de 70% des électeurs, ou 65% qui ont décidé de faire barrage à l'extrême droite.
04:04Et donc, nous devons traduire cela au Parlement.
04:06C'est ce que propose ce courrier, de dire front républicain à l'Assemblée nationale
04:10et préoccupation de tous les Français dans les politiques que nous mènerons.
04:13C'est exactement le fond de ce courrier.
04:15Sauf que vous accusez Emmanuel Macron, vous l'avez dit vous-même, de déni,
04:18en disant qu'il refuse de voir le résultat, en tout cas du second tour, des élections législatives.
04:23Est-ce que refuser de parler aux députés RN, ce n'est pas aussi une manière de refuser de parler à leurs électeurs ?
04:28Je ne refuse pas de parler parce qu'il y a ce qui s'appelle un Parlement où on discute.
04:32On échange des idées et des arguments.
04:34Quand on écrit des lettres à tout le monde, sauf à une certaine partie des députés, c'est qu'on ne peut pas leur parler.
04:37Vous savez très bien que moi, je suis dans une logique où nous ne négocierons rien avec le RN
04:42parce que nous considérons, et c'est ce que nous avons défendu en faisant le front républicain,
04:45que leur projet est dangereux pour la France.
04:47Si vous prenez le cas de l'immigration, puisque c'était l'un des sujets que vous évoquiez,
04:51moi je considère que le RN instrumentalise la peur de l'immigration.
04:55Il suffit de prendre par exemple ce que disait M. Jacobelli à la veille des Jeux Olympiques,
04:59le porte-parole du RN, il disait
05:01« Vous allez avoir des hordes de migrants qui vont débarquer sur Paris, qui vont faire le bazar,
05:05c'est pour ça qu'on est obligé de mettre des policiers. »
05:07Qu'est-ce qui s'est passé pendant ces Jeux Olympiques ?
05:09Sinon la Concorde, la Fraternité Nationale
05:11et finalement la valorisation aussi de cette France métissée.
05:13Quelque chose qui est aux antipodes de ce que défend le RN,
05:16qui va à l'encontre des valeurs cardinales de la République.
05:20Et donc moi je dis aux députés du RN
05:22qu'ils ne sont pas défenseurs de mes valeurs, qui sont celles de la République.
05:26Par contre je dis aux électeurs du RN
05:28que je côtoie et que j'ai vu pendant la campagne,
05:30que je reçois au quotidien à ma permanence,
05:32je leur dis « Vous vous trompez.
05:34Ceux qui sont là vous mentent.
05:36Ils instrumentalisent vos peurs.
05:38Et si vous avez des préoccupations légitimes sur la question du pouvoir d'achat,
05:41on ne peut pas faire la République en montant les gens les uns contre les autres. »
05:44Vous ne ferez pas la moindre négociation avec le RN ?
05:47Nous ne négocierons pas avec le RN.
05:49Pas d'alliance quoi qu'il en soit ?
05:51Pas d'alliance quoi qu'il en soit, c'est un message qui est extrêmement clair
05:53et que nous avons toujours défendu.
05:54Ce qui signifie que vous n'essayerez pas de faire passer un texte à l'Assemblée nationale
05:57avec les voix des députés de l'Assemblée nationale ?
05:59Ce n'est pas la même chose.
06:00C'est trop facile.
06:01Ce que je veux vous dire c'est que le gouvernement précédent
06:03a fait passer des textes en étant parfois soutenu par le RN, parfois pas.
06:06Je ne suis pas maître des voix du RN.
06:08Donc vous êtes prêt à faire la même chose ?
06:09Je vais vous dire une chose très simple.
06:11Vous avez une tripartition de l'Assemblée nationale.
06:13Vous avez une force qui est en tête.
06:14Cette force prétend exercer le pouvoir gouvernemental
06:17mais elle prétend aussi faire passer des textes largement soutenus par tout le monde.
06:22Donc nous ne vous parlerons pas, nous ne ferons rien avec vous.
06:25Mais s'il vous plaît, aidez-nous à faire abroger la réforme des retraites.
06:28Le gouvernement n'a pas fait autre chose depuis deux ans.
06:30Il n'a pas négocié avec le RN.
06:32Et je crois bien que demain, moi je ne dealerai pas mes principes avec le RN.
06:38En revanche, si vous pouvez faire abroger la réforme des retraites grâce aux voix du RN, vous le ferez.
06:42Mais vous savez, ça n'a pas empêché le gouvernement de faire passer la loi immigration
06:44ou une quinzaine d'autres lois grâce aux voix du RN.
06:47Donc vous ne refuserez pas les voix du RN ?
06:49Je vais vous dire, j'ai fait passer une loi, la loi influenceur.
06:51Elle a été votée à l'unanimité de l'Assemblée Nationale dans les voix du RN.
06:54Je n'ai pas dit scandale, le RN a voté pour moi.
06:56Et dans ce cas-là, pourquoi ne pas leur parler ?
06:58Je ne négocie pas avec eux, je vous dis, on parle parce qu'on échange des arguments dans l'hémicycle.
07:02On s'interpelle, on répond et on se parle publiquement.
07:05Il y a peut-être des choses à dire sur le pouvoir d'achat avec le RN.
07:08Mais vous verrez, quand on aura un débat sur le pouvoir d'achat, on échangera des arguments dans l'hémicycle.
07:12Mais je dis juste que je ne ferai pas d'accord avec des gens, d'accord de derrière cuisine on va dire,
07:19et notamment sur l'essentiel.
07:20Sauf que quand le Nouveau Front Populaire décide de vouloir abroger la réforme des retraites,
07:25c'est un accord implicite avec le Renseignement National.
07:28Il sait très bien que la majorité présidentielle ne votera pas l'abrogation de la réforme des retraites,
07:33mais qu'en revanche, le RN le fera et que par conséquent, cette réforme pourra être abrogée.
07:37Je vais vous dire deux choses.
07:38Déjà, on n'est pas obligé d'abroger la réforme des retraites en tant que telle.
07:41On peut décaler son entrée en vigueur et ça, on n'a pas besoin d'une loi pour le faire.
07:44Vous êtes sûr que tous vos camarades sont d'accord ?
07:46Non mais je vais vous dire, on peut avoir une méthode où on décale son entrée en vigueur,
07:49et on n'a pas besoin d'une loi pour ça.
07:51Je vous le dis.
07:52Et après, l'objectif qui a été annoncé par Lucie Casté dans son interview à Sud-Ouest il y a maintenant dix jours,
07:58c'était de dire, nous ferons une loi retraite qui sera portée par les syndicats et les partenaires sociaux,
08:02et derrière, il faudra que les macronistes nous expliquent pourquoi ils ne votent pas une loi
08:06qui est portée par les syndicats, les partenaires sociaux et les entreprises,
08:08si on a réussi à avoir un accord sur une réforme des retraites,
08:10finançable, soutenable et juste.
08:12À supposer de mettre d'accord les entreprises ?
08:13Moi je crois que nous pouvons avoir une réforme des retraites juste et soutenable,
08:16et donc c'est ce que nous avons comme tâche de faire dans les mois qui viennent,
08:19et vous verrez qu'au Parlement, on peut se mettre d'accord, y compris avec des macronistes.
08:22Même sans majorité, pour faire une énième réforme des retraites ?
08:26Mais bien sûr, parce qu'aujourd'hui, ce qui a péché depuis deux ans,
08:29c'est l'absence de méthode de dialogue du gouvernement.
08:31Ils ont tout voulu faire, tout seuls, en pensant qu'ils avaient raison, tout seuls.
08:35Donc vous, vous êtes prêt à dialoguer avec les macronistes ?
08:37Prêt à dialoguer, à discuter, à aller même jusqu'au Républicain,
08:41pour voir ce qui peut faire consensus sur la base de notre programme.
08:45Sauf que c'est facile à dire pour vous, qui êtes député socialiste,
08:48et donc, de facto, à la droite du Nouveau Front Populaire.
08:51Je n'ai pas dit que vous étiez droite, mais vous êtes à la droite du Nouveau Front Populaire.
08:53Si on vous compare avec un insoumis, pardon, mais le soir du second tour des législatives,
08:58tout le programme du NFP, rien que le programme du NFP,
09:01il peut s'appliquer dès maintenant, Emmanuel Macron doit nommer un Premier Ministre à l'FP.
09:05C'est ce que disait Jean-Luc Mélenchon, où est-ce que vous voyez la volonté ?
09:08Et d'ailleurs, je vous dis, aujourd'hui encore, nous disons, le NFP doit gouverner.
09:12Parce que nous sommes la force en situation de majorité relative.
09:15Mais nous disons, et c'est ce qu'explique le courrier qui a été signé hier par Lucie Castet
09:19et les quatre présidents de groupes parlementaires à l'Assemblée Nationale,
09:22et ceux du Sénat, les trois écologistes, communistes, socialistes et insoumis,
09:26et bien, ce courrier, il dit une chose très simple.
09:28Le Front Populaire au gouvernement, le Front Républicain à l'Assemblée Nationale,
09:32avec des discussions, une méthode où on changera.
09:35C'est-à-dire qu'on va construire les textes ensemble en amont,
09:38on pourra nommer des rapporteurs de l'opposition sur les textes majeurs,
09:41des rapporteurs, ça veut dire ceux qui portent le projet à l'Assemblée Nationale,
09:44on pourra aussi avoir un temps qui sera partagé,
09:47tout le monde pourra utiliser le temps du gouvernement pour inscrire des textes.
09:50Donc vous voyez qu'on a aujourd'hui une autre démarche qu'on est en train de mettre sur la table,
09:54avec les cinq grandes thématiques, la question de la santé, la question du pouvoir d'achat,
09:58la question des services publics, bref, la question de l'école aussi.
10:01Donc des sujets qui doivent aujourd'hui nous rassembler, et nous le pouvons.
10:04Sauf qu'on a envie de vous croire quand ça vient de vous.
10:06Est-ce qu'on peut le croire si ça vient de Jean-Luc Mélenchon ?
10:08Elle s'est signée par Mathilde Panot.
10:09Pour l'instant, c'est signé.
10:10Ce courrier, il le dit, il le dit très clairement.
10:12Nous devrons rechercher comment on fait une justice fiscale, parce qu'on le dit nous,
10:15comment on met à contribution aujourd'hui les plus riches qui échappent à l'impôt,
10:18et je pense que personne, y compris dans la majorité, ne sera contre cela.
10:21Le MoDem, par exemple, a défendu la taxation des superposés.
10:23Mais pardon, mais poser la question n'est pas forcément y répondre.
10:25Est-ce que vous imaginez vraiment Mathilde Panot accepter, avec ses députés,
10:28de négocier avec Ensemble et les macronistes ?
10:31Bien sûr, bien sûr, parce que c'est écrit dans ce courrier,
10:33ça a été envoyé à tous les parlementaires,
10:35et je ne crois pas avoir entendu depuis hier,
10:37ou même depuis que Lucie Castex, la semaine dernière, a dit
10:39que nous devrons de toute façon construire des majorités larges à l'Assemblée Nationale.
10:42Je n'ai pas entendu l'Insoumis dire autre chose.
10:44Pourtant, la majorité présidentielle, je le rappelle, en tout cas les macronistes,
10:48ne sont toujours pas dans une posture de dialogue.
10:51La France Insoumise, c'est l'anti-France.
10:54C'est ce qu'a dit hier la porte-parole du gouvernement Priska Tevenault
10:57dans ce studio sur Sud Radio, l'anti-France.
11:00Vous savez qui utilisait cette expression-là ?
11:03C'était notamment l'extrême droite dans les années 30,
11:06quand elle qualifiait la gauche, Léon Blum par exemple,
11:09et dans l'anti-France, il y avait ici, je parle pour Léon Blum,
11:12de l'antisémitisme. Donc aujourd'hui, non, nous ne sommes pas l'anti-France,
11:15et je rappellerai à Priska Tevenault que plus de la moitié des membres
11:18de la majorité, enfin de l'ancienne majorité présidentielle,
11:21ont été élus ou réélus grâce au désistement
11:24de candidats du nouveau Front Républicain.
11:27C'est-à-dire qu'un certain nombre de députés, dont vous,
11:30avaient été élus grâce au désistement de députés macronistes.
11:33Mais moi, je ne le nie pas. Je vous dis que je suis élu du Front Républicain,
11:36et donc je veux ce Front Républicain à l'Assemblée Nationale.
11:39J'ai commencé mon propos par cela. Mais je dis à Madame Tevenault,
11:42souvenez-vous de ce qui s'est passé pour Élisabeth Bornavir.
11:45Elisabeth Bornavir, dans mon département, dans le Calvados, elle a été réélue
11:48par un candidat insoumis, Noé Gauchard, s'est désisté et a appelé à voter
11:51pour Elisabeth Born, alors même que nous avons combattu,
11:54et les insoumis en particulier, la réforme des retraites.
11:57Donc voilà, je dois le dire, aujourd'hui, on est dans des situations
12:00où il y avait des désaccords profonds, mais on a permis à des macronistes
12:03d'être élus face au Rassemblement National. Il faudrait qu'ils se souviennent
12:06comment ils ont été élus ici, et Emmanuel Macron le premier.
12:09En 2017, en 2022, il a été élu grâce au report massif
12:12des électeurs de gauche, y compris les électeurs qui avaient voté
12:15pour la France insoumise. Donc on ne peut pas avoir un discours où on dit
12:18arrêtons d'insulter les électeurs du Rassemblement National, écoutons-les.
12:21Et moi je vous le dis, je les écoute, je les entends, et je porte leurs préoccupations
12:24et de l'autre, dire la France insoumise,
12:27ça n'existe pas. C'est une réalité politique dans le pays, et même si
12:30je ne suis pas d'accord, surtout avec les insoumis,
12:33je partage avec eux un programme, le programme du Nouveau Front Populaire
12:36qui a été écouté, discuté, négocié ensemble, et qui porte
12:39des valeurs de progrès social notamment.
12:41Et combien de temps une telle majorité pourrait tenir à supposer qu'on puisse parler
12:44de la majorité ? Le temps qu'elle tiendra, moi je pense qu'elle peut tenir longtemps
12:47parce que quand on a aujourd'hui un gouvernement, si on a
12:50un gouvernement de Nouveau Front Populaire, vous verrez que nous sommes en capacité
12:53à la fois de discuter, de dialoguer. Moi je suis un artisan
12:56de dialogue, je vous disais que j'étais l'auteur de la loi Influenceur
12:59qui a été votée à l'unanimité à l'Assemblée Nationale.
13:01Même sur des sujets comme ceux-ci, c'est plus facile.
13:03Le pouvoir d'achat c'est un sujet consensuel.
13:05Aujourd'hui qui va dire que nous n'allons pas revaloriser les salaires
13:08que nous ne prenons pas en compte ? Les petits patrons.
13:10Les petits patrons, quand on leur expliquera comment on le fait,
13:12quand on discutera avec les partenaires...
13:14Je vais vous dire, sur la revalorisation des salaires,
13:17ça a été fait en Espagne, en Belgique. Je ne crois pas que ni l'Espagne,
13:20ni la Belgique ne soient à feu et à sang alors que les salaires ont été revalorisés
13:23de 10%. Donc aujourd'hui, Lucie Castel a dit dans
13:26Sud-Ouest, si le problème c'est les 1600,
13:29ce niveau-là, peut-être qu'on peut le discuter, mais parlons-en,
13:32mettons les 1600 comme base de départ, regardons ensemble les modalités
13:35et derrière, on verra qu'on est capable de rassembler le pays parce que
13:38tout simplement, nous sommes des hommes de dialogue et des femmes de dialogue.
13:40Tout le Nouveau Front Populaire sera dans ce cas-là capable de négocier.
13:43Vous disiez, en quelque sorte, que les macronistes avaient une dette
13:46envers vous, ceux qui avaient été élus grâce aux électeurs de gauche.
13:49Est-ce que ça signifie que vous-même, vous avez une dette envers
13:52les électeurs centristes ou macronistes qui vous ont permis
13:55de passer et de retourner à l'Assemblée Nationale ? Et si vous avez une dette,
13:58quel gage vous leur donnez ? Bien sûr, et moi je sais que j'ai été
14:01élu, j'ai été porté au premier tour parce que j'ai 40%
14:04dans ma circonscription, 42% des électeurs qui ont porté le programme du
14:07Nouveau Front Populaire. Et au deuxième tour, j'ai fait 68%.
14:10Donc j'ai à peu près une personne sur trois qui a voté pour moi, qui n'avait pas
14:13voté pour moi au premier tour. Et donc je sais aussi que ces gens-là, ils m'ont demandé
14:16une chose, de porter des compromis, de changer la vie des gens
14:19et de faire en sorte de travailler ensemble demain.
14:22Mais je ne vais pas renier ce pour quoi j'ai été porté au premier tour.
14:25Mais qu'est-ce que vous êtes prêt à donner comme gage ? Vous parlez de négociation et de dialogue.
14:28Mais déjà, la méthode, c'est un premier gage.
14:31Parce qu'on nous avait promis autre chose il y a deux ans. Je vous rappelle,
14:34Borne disait, moi ça sera une autre méthode. Quand il fait, ils ont gouverné
14:37par 49-3 et en faisant comme s'ils avaient toujours
14:40une majorité absolue. Et donc je leur dis aujourd'hui à ces
14:43macronistes, regardez, nous, nous allons vraiment faire
14:46du dialogue. Donc faire du dialogue, c'est simplement se mettre autour de la table, regarder
14:49qu'est-ce qui peut faire consensus et derrière avancer.
14:52Je crois que c'est possible.
14:53Sauf que gouverner, ça veut aussi dire conduire une politique étrangère.
14:56Pardon d'évoquer les sujets qui fâchent au sein du Nouveau Front Populaire.
14:59Mais il y a au moins trois sujets chauds
15:02sur lesquels la gauche n'est pas d'accord en ce moment à l'international.
15:05Je peux citer la guerre en Ukraine. Vous n'avez pas tous le même rapport
15:08à Vladimir Poutine. Je peux citer évidemment le conflit,
15:11la guerre à Gaza notamment. Vous n'avez pas tous le même rapport
15:14sur ce sujet-là. Je peux parler du Venezuela également.
15:17A quel moment vous vous mettrez d'accord pour trouver ne serait-ce qu'un ministre des affaires étrangères ?
15:20Je vais vous dire, la première chose, c'est que la politique étrangère
15:23c'est une compétence partagée entre le Président de la République et le gouvernement.
15:26Donc là, vous êtes content d'avoir Emmanuel Macron.
15:29Si on doit discuter et dialoguer, c'est quelque chose qui se fera aussi
15:32en bonne intelligence.
15:33Sauf que là, vous aurez moins de mal à négocier et à dialoguer avec Emmanuel Macron
15:36qu'avec Jean-Luc Mélenchon sur le Venezuela.
15:38Alors, sur le Venezuela, il y a un communiqué qui est sorti,
15:40qui a été signé par la plupart des formations de gauche,
15:43LFI et l'EPC.
15:45Donc, il faut aussi arrêter de pointer que LFI là-dessus.
15:48Sur les questions internationales, souvent les communistes sont assez proches
15:51des insoumis. Mais ce qui ne nous empêche pas de dialoguer,
15:54de discuter et même de porter un programme commun sur les questions internationales.
15:57Sur le programme du Nouveau Front Populaire, je vais vous le dire,
15:59on a, par exemple sur la question du conflit israélo-palestinien que vous évoquiez,
16:02des mots très clairs sur la qualification des actes terroristes du Hamas du 7 octobre,
16:06la nécessité d'avoir un cessez-le-feu immédiat,
16:09la libération immédiate des otages.
16:12Donc vous voyez, on a trouvé, en discutant, des points communs sur la question palestinienne.
16:16Sur la question de l'Ukraine également, on a dit
16:19intégrité territoriale de l'Ukraine.
16:22Donc vous voyez qu'en discutant, on peut se mettre d'accord.
16:24C'était noté, vous aviez un dénominateur commun, même si c'était le plus petit,
16:27sur ces deux sujets. Maintenant, imaginons que Lucie Castex soit nommée à Matignon
16:30et que vous ayez un ministre des Affaires étrangères.
16:32Qu'est-ce qu'il va dire à Nicolás Maduro, le dictateur vénézuélien
16:35qui manifestement a bourré les urnes ?
16:37Il va lui dire la même chose, je pense que tous
16:40ceux qui nous écoutent pourront leur dire. Il faut, d'une part,
16:43la transparence sur les résultats. Il faut, deuxièmement,
16:46arrêter de tuer des manifestants et de brutaliser...
16:49C'est ce que disait votre communiqué de presse. Le PC et la France insoumise ont refusé de le signer.
16:52Je ne sais pas pourquoi ils ne l'ont pas signé, parce que je pense que ces sujets-là
16:55peuvent être unanimement partagés.
16:58Sur la question du Venezuela, moi je suis extrêmement clair
17:01et je pense que nous pouvons l'être collectivement et nous aurons ce débat
17:04avec nos camarades insoumis à l'occasion et communistes.
17:07Ils sont peut-être en vacances pour certains, donc je n'ai pas encore
17:10discuté avec les insoumis de ces raisons-là, mais moi je pense que cette base-là
17:13peut être une base partagée.
17:15Donc, en tout cas, le Venezuela ne sera pas une pomme de Discord définitive.
17:18Ce ne sera pas la pomme de la Discord, et je ne sois pas sûr que ce soit non plus
17:21le point cardinal de la diplomatie internationale.
17:24Et je vous dirais qu'il y a eu aussi des divergences au sein de la majorité
17:27et qu'il faudra accepter demain de pouvoir avoir des points de vue divergents
17:30mais derrière, avec une méthode, celle du dialogue, de faire converger.
17:33Parce que franchement, il n'y a pas, on l'a montré, de gauche irréconciliable
17:36puisque nous pouvons, à partir de positions divergentes, arriver, je vous ai évoqué
17:39la question de l'Ukraine à Gaza, à avoir des positions communes.
17:42Demain, on se mettra autour d'une table et je peux vous dire qu'on est en capacité
17:45d'avoir une position commune sur le Venezuela, d'autant que
17:48nous serons aussi responsables de porter, je vous dis, ce front républicain
17:51au Parlement.
17:52Avouez qu'il y a un paradoxe quand même à reprocher à Emmanuel Macron
17:55de ne pas vouloir écouter le verdict des urnes, c'est ce que vous lui reprochez
17:58depuis les législatives, et en même temps, à ne pas arriver à mettre
18:01tous les partis de gauche d'accord sur la position adoptée.
18:04Ce communiqué-là, ce n'est pas les partis qui l'ont proposé,
18:07c'est des universitaires qui l'ont proposé à la signature
18:10de différentes formations politiques.
18:12Vous pouvez passer une heure sur le Venezuela si vous voulez,
18:15mais je ne pense pas que c'est ça qui fasse que demain, on va refuser de gouverner
18:18le pays pour ce qui concerne le plus, à mon avis, les Françaises
18:21et les Français, c'est-à-dire la question du pouvoir d'achat,
18:24la question de l'école, du réarmement des services publics, la police par exemple.
18:27Alors, un dernier point quand même pour faire le bilan de ces Jeux Olympiques,
18:30on en a parlé, Emmanuel Macron en parlait hier.
18:32Tous les Français sont capables de se mettre d'accord et de travailler ensemble.
18:35C'est vrai qu'il y avait des gens de droite, comme Valérie Pécresse
18:38en Ile-de-France, des gens de gauche, comme Anne Hidalgo à Paris,
18:41et le Président de la République. Quelle leçon on peut tirer ?
18:44La fierté, la fierté d'avoir porté un événement international,
18:47contrairement à ce que beaucoup ont dit,
18:50contrairement à toutes les critiques qu'il y a pu avoir, ça s'est extrêmement bien passé
18:53et je remercie vraiment François Hollande d'avoir eu,
18:56parce qu'on ne remercie pas forcément assez François Hollande,
18:59mais d'avoir eu cette idée-là, parce que c'est lui qui a dit
19:02il faut les Jeux Olympiques à Paris en 2024. Il a convaincu Anne Hidalgo,
19:05ils ont porté le sujet ensemble jusqu'en 2017, ça a été repris...
19:08C'était un vieux projet si vous êtes...
19:11par les gouvernements d'Emmanuel Macron,
19:14et ça a été porté par Valérie Pécresse. Donc tout le monde a travaillé en bonne intelligence
19:17et a montré que sur des sujets d'intérêt commun, on pouvait
19:20enfin se mettre d'accord et porter les choses avec fierté.
19:23Il faut rendre à César ce qui est à César aussi, les JO à Paris
19:26et notamment dans la ville, et pas seulement dans un stade, c'était porté aussi
19:29par Jacques Chirac et Bertrand Delannoye, l'ancien maire de la ville.
19:32On peut avoir des sujets de consensus, et donc c'est une belle chose
19:35que les Jeux Olympiques, et j'espère que cet esprit-là va perdurer
19:38dans le débat public, à l'Assemblée Nationale, mais qu'aussi
19:41on sera en capacité d'avoir une conscience des réalités des Françaises
19:44et des Français, et cette réalité, c'est des gens qui ne mangent pas à leur faim
19:47parce qu'ils n'arrivent pas à boucler leur faim de mois. C'est des petits retraités qui, pendant la campagne
19:50me disaient, mais comment on fait ? Comment on s'en sort ? Et donc moi, c'est aussi
19:53aujourd'hui ce qui m'anime, c'est comment on fait pour faire en sorte qu'on mène
19:56des politiques qui transforment la vie des gens.
19:57On essaiera de le voir. En tout cas, merci de l'avoir dit sur Sud Radio
20:00ce matin, Arthur Delaporte. Je rappelle que vous êtes député socialiste
20:03du Calvados. Bonnes vacances, en tout cas, à vous.
20:06Apparemment, vous les avez pas volées. Vous avez fait la permanence pendant tous les Jeux
20:09olympiques. Il est 8h55 sur Sud Radio.

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