Julie Delpy : "Les comédies tièdes n'ont pas d'intérêt"

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A 9h20, Julie Delpy, réalisatrice et actrice du film "Les Barbares" (en salles le 18 septembre). Film d'ouverture de la 17ème édition du Festival du film francophone d'Angoulême qui démarre ce mardi.

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Transcript
00:00France Inter, number 25 ! France Inter, le 7-10 !
00:08Et Léa, ce matin, vous recevez une réalisatrice !
00:11Et oui, une comédienne ! Bonjour Julie Delpy !
00:13Bonjour !
00:14Merci d'être avec nous ce matin, ça va ?
00:16Merci, oui ça va, tout va très bien !
00:18Comédienne, réalisatrice, audacieuse, singulière, culottée, vous arrivez tout juste des Etats-Unis,
00:23vous avez atterri hier soir, tard.
00:26Quelle est la première chose que vous ressentez quand vous arrivez à Roissy ?
00:31Non, ça va, je me sens… en fait, vraiment, je m'adapte, je passe d'un pays à l'autre et je me dis « tiens, voilà, je suis française à nouveau ! »
00:41Oui, ça fait 30 ans que vous habitez aux Etats-Unis.
00:43Oui, ça fait plus de 30 ans.
00:44Vous rêvez en quelle langue ?
00:46Je dirais, cette nuit, j'ai rêvé en anglais parce qu'il y avait des personnes avec qui je parlais anglais dans mon rêve.
00:53Donc, ça passe d'un truc à l'autre.
00:56Et ce soir, peut-être en français ?
00:58Et ce soir, peut-être en français.
00:59« S'il cesse de penser, chaque être humain peut agir en barbare », écrit Anna Arendt.
01:04Vous êtes d'accord avec ça ?
01:06Oui, je pense qu'on tombe très vite dans la barbarie.
01:10Je pense que oui, c'est malheureusement un des traits très humains d'ailleurs, qui est malheureux mais un trait réel de l'humanité.
01:23« Les barbares », c'est le titre de votre nouvelle comédie comme réalisatrice qui sort le 18 septembre et qui fera l'ouverture ce soir du Festival d'Angoulême
01:30avec un beau casting à l'affiche.
01:31Laurent Laffitte, Sonique Berlin, Mathieu Demy ou encore votre père, Albert Delpy.
01:35Si je dis que c'est une comédie qui explose les préjugés sur la France, sur l'accueil, sur la différence, mais sans donner de leçons et sans être pas du tout bien pensante.
01:44Vous êtes ok ?
01:46C'était le but du film, oui, merci.
01:48C'était le but du film, de faire un film justement qui n'est pas…
01:53qui ne fait pas la morale, qui ne fait pas tout ça, mais qui en même temps est drôle, qui en même temps est un peu déjanté, un peu chaotique,
02:01mais en même temps tout en montrant les côtés de certaines personnes.
02:07Et d'ailleurs tout le monde en prend un peu pour son grade, ça ne choisit pas un camp ou quoi que ce soit.
02:12Je pense que le film est honnête de cette manière-là et je voulais faire un film drôle sur un sujet très sérieux et très poignant à la fois.
02:20L'histoire se passe à Pimpon, paisible village de Bretagne, où dans un grand élan de solidarité, les habitants ont décidé d'accueillir des réfugiés ukrainiens.
02:29Sauf que voilà, les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens, mais syriens.
02:34On écoute le moment où vous, l'institutrice du village qui est à l'origine de cet élan de solidarité et qui a plein de bons sentiments,
02:40va annoncer au maire, qui attend la famille ukrainienne devant les caméras télévision, qu'ils ne viennent pas.
02:46Je suis en interview là Joëlla.
02:48Je sais justement, il faut que je vous parle.
02:50Bonjour.
02:52Bon, une minute, excusez-moi.
02:54Non, non, mais c'est deux secondes, vraiment deux secondes.
02:56Pas de problème, on va faire des plans de coupe.
02:58Il y a eu un petit changement.
03:00On va filmer les canards.
03:02En fait voilà, j'ai appris ça ce matin.
03:04C'est qu'il y a eu tellement de demandes de réfugiés ukrainiens, qu'en fait, il y en avait...
03:08Attendez, vous me faites peur là Joëlla.
03:10Il n'y en a plus.
03:12Comment ça, il n'y en a plus ?
03:14Il n'y en a plus.
03:15Non, mais tu entends ça ?
03:16Toute l'Europe a ouvert la porte.
03:17Non, mais c'est une catastrophe là.
03:18Non, non, parce que la bonne nouvelle dans tout ça, c'est que l'association nous envoie quand même une famille de réfugiés.
03:23Et j'ai déjà réglé tout l'administratif avec la préfecture.
03:27Et ils viennent d'où ?
03:29Ils viennent d'où ?
03:31Voilà, oui, c'était un peu ce qui m'a beaucoup, d'ailleurs, plus choquée et émue au moment où il y a eu cet élan justement d'ouverture de porte des réfugiés ukrainiens.
03:45Moi, j'étais déjà en écriture du scénario depuis pas mal de temps.
03:48Et qu'on avait justement interviewé, mes co-scénaristes et moi avions interviewé, rencontré etc. des réfugiés syriens.
03:56Et qu'on savait les difficultés qu'ils avaient eues.
03:59Et tout d'un coup, on voyait cet élan pour des réfugiés ukrainiens et ça nous a beaucoup, en fait, choqués.
04:06Et on l'a inclus dans le film du coup, parce qu'on s'est dit c'est quand même très intéressant et très poignant de voir que,
04:14et on peut en faire quelque chose de drôle, parce que je pense qu'on peut faire des choses drôles de beaucoup de choses,
04:20que tout d'un coup, que ce soit des Syriens, c'est plus du tout la même chose.
04:24Et justement, voilà notre maire, notre maire de ce village de Pimpon, bien embêté,
04:28il est incarné par Jean-Charles Cliché et très drôle, qui va expliquer à son adjoint, disons le plus à droite de ses adjoints,
04:36l'extrême droite même, qui est joué par Laurent Laffitte, qui est plombier,
04:40que ce n'est pas exactement une famille d'Ukrainiens qui débarque.
04:44Ce ne sont pas des Ukrainiens qui vont venir, mais ce sont des Syriens.
04:54Vous êtes le premier que j'informe, parce que…
04:56Des Syriens qui viennent d'Ukraine.
04:58Non, non, des Syriens qui viennent de Syrie.
05:04Enfin, ils sont passés dans un camp, mais…
05:09On n'a pas voté pour ça, non ?
05:12Ben, un peu.
05:14Vous savez, Hervé, les Ukrainiens sont très demandés sur le marché du réfugié.
05:21Voilà, et ça ne va pas lui plaire du tout de voir débarquer cette famille de Syriens dans son village breton.
05:25Il va leur faire plein de misère.
05:27Leur expliquer, on est chez nous et vous, vous n'êtes pas chez nous.
05:30Le thème de votre film, c'est l'autre, c'est l'étranger.
05:33Mais, je le disais, ce n'est pas un film à messages.
05:38Tous les personnages en prennent pour leur grade.
05:40Que ce soit vous, l'institutrice de gauche, donneuse de leçons qui veut sauver le monde,
05:43que ce soit les identitaires, que ce soit l'épicier qui veut bien aider,
05:47en refourgant des produits périmés aux Syriens, parce qu'on va leur donner des produits frais.
05:51Bref, vous n'épargnez personne et en même temps, vous n'exécutez personne.
05:55Ce que je veux dire, c'est que vous essayez de montrer sur chacun de ces personnages,
05:58c'est une très belle galerie de personnages, caricaturaux certains,
06:02mais que tout le monde a ses ombres et ses lumières.
06:06Oui, c'était essentiel de ne pas faire un film, justement.
06:10Je pense que le film, il a un message, mais il n'est pas dans un truc de dire
06:16« Vous, vous êtes les méchants, nous, on est les gentils », etc.
06:19Je n'aime pas ça, parce que je pense que ce n'est pas juste.
06:23Je viens d'une famille qui était très à droite, notre partie très à gauche.
06:31J'ai vu les deux côtés, j'ai des amis de bord différents de moi.
06:37Je pense que c'est important d'être à l'écoute de tout le monde et surtout dans l'humour.
06:44On peut se permettre beaucoup de choses qui m'ont permis d'aller dans un sujet compliqué,
06:48surtout à l'heure actuelle, et assez sombre d'une certaine manière,
06:52mais d'en faire quelque chose de solaire.
06:54Je pense que le film, il est solaire au final, et il est touchant aussi au final à la fin.
06:58Il y a un moment, j'ai poussé un peu les personnages pour que ce soit comique,
07:06mais ce ne sont pas des caricatures non plus.
07:08Après, on peut dire que les femmes s'en sortent mieux dans votre film que les hommes.
07:12Je m'en suis rendue compte à la fin du montage avec ma monteuse.
07:15On s'est dit que c'est un film qui est vraiment très sur les femmes.
07:19Elles s'éveillent toutes, elles s'émancipent.
07:22Que ce soit Sandrine Kiberlin qui joue une espèce d'Emma Bovary
07:25qui s'ennuie avec son mari épicier, qui la trompe et qui boit.
07:32Elles sont toutes dans un nez.
07:34Et Indiaher aussi.
07:35La femme de Laurent Lafitte qui a un moment dit ça suffit.
07:39Et moi, mon personnage qui est un peu bloqué dans ce village,
07:42mais qui part à l'avant.
07:44Tout est sur les femmes qui s'émancipent.
07:47Je m'en suis rendue compte.
07:49En fait, ça je n'ai pas fait exprès.
07:51C'est de la faute de mes parents qui m'ont élevé comme ça.
07:54Cette galerie de personnages évoque l'esprit des comédies françaises des années 70.
07:57On pense à Claude Sautet quand on voit votre film.
07:59On pense aussi au premier film d'équipe de La Bande du Splendide.
08:03Est-ce que vous aviez des références ?
08:05Il y avait des films qui étaient un peu références dans ma tête.
08:08En effet, Le Splendide.
08:10Il y avait aussi Les Galettes de Pontavène.
08:12Qui va beaucoup plus loin.
08:14Mais j'aimais ce côté, dans les années 70, de liberté.
08:19J'avais envie d'une certaine liberté.
08:21Que ce ne soit pas tout polissé.
08:23On est dans une société maintenant qui polisse tout.
08:25Il y a des bons côtés à ça.
08:27Mais il y a aussi des côtés un peu...
08:29J'avais envie que ça rûe un peu dans les brancards.
08:32Vous dites, j'aime le ton de ces comédies des années 70.
08:35Aujourd'hui, on prend des pincettes.
08:36On moralise beaucoup.
08:37Je préfère quand les choses se sont envoyées un peu dans la gueule des gens.
08:39C'est le cas de votre film.
08:41Oui, voilà.
08:42Mais je trouve que c'est bien.
08:43Je trouve que c'est sain.
08:44Je pense que c'est sain que de faire des...
08:46Alors, évidemment, il y a des choses.
08:48Il y a des changements qui sont extrêmement positifs.
08:50Depuis quelques années, etc.
08:52Mais je veux dire, en tout cas, sur le côté de liberté.
08:55De dire les choses.
08:57Parce qu'en fait, on est obligé, pour décrire certains personnages.
09:00D'aller loin dans les dialogues, etc.
09:03Je pense que c'est essentiel.
09:04Sinon, on fait des trucs...
09:05Sinon, ce n'est pas drôle.
09:06Ce n'est pas drôle.
09:07Et surtout, on fait des trucs vraiment tièdes.
09:08Ce n'est pas l'intérêt de faire une comédie tiède.
09:12Il y a beaucoup de musique populaire dans le film.
09:14On est bercé par Dalida.
09:16Et puis par Johnny, qui est l'idole du garde-champêtre.
09:18Qui est joué par Marc Freyze.
09:19Et dont la chanson préférée est...
09:21On a tous quelque chose en nous de Tennessee
09:27Cette volonté de prolonger la nuit
09:31Ce désir fou de vivre une autre vie
09:35Ce rêve en nous avec ses mots à lui
09:40Quelque chose de Tennessee
09:45Cette force qui nous...
09:47Je me suis demandé si vous écoutiez Johnny à Los Angeles où vous habitez.
09:50Non, en fait, ce n'est pas du tout mon genre de musique.
09:53Mais j'ai trouvé que c'était très juste que le personnage de Johnny,
09:59qui s'appelle Johnny, soit un fan de Johnny.
10:02Et qu'il essaie de communiquer avec la musique.
10:05Parce que justement, le personnage du père syrien connaît Dalida.
10:10Mais il ne connaît pas Johnny.
10:12Et donc, il communique un peu sur la musique.
10:14Et il connecte, alors qu'ils ne sont pas forcément connectés sur beaucoup de choses.
10:18Mais il connecte avec ça d'une certaine manière.
10:20Et puis, à la manière dont vous filmez ce village français, Pimpon.
10:23Ce village breton, avec tendresse et beaucoup de réalisme.
10:26On a l'impression que vous y habitez à Pimpon.
10:29Et pas que ça fait 30 ans que vous habitez à Los Angeles.
10:32J'adore la France, déjà.
10:35J'habite à Los Angeles pour plein de raisons.
10:37Au début, c'est vraiment par plaisir.
10:41J'aimais beaucoup LA, avec un côté très bohème, très sympa, etc.
10:47Qui est en train un peu de changer.
10:49Maintenant, de toute façon, j'ai un enfant avec quelqu'un qui vit là-bas.
10:52Donc, je m'occupe de mon fils avant tout quand je suis à Los Angeles.
10:56Et ça me permet aussi d'être loin.
10:58J'étais un peu fatiguée dans les années 90.
11:02Quand je suis partie de la France, j'étais un peu fatiguée.
11:04Il y avait un petit snobisme, etc.
11:06Je ne sors pas beaucoup, je ne communique pas avec les gens.
11:09Je suis un peu associable.
11:11Et d'une certaine manière, c'était pas mal pour moi d'être à Los Angeles.
11:14Ça me permettait de mettre des distances, etc.
11:16Avec plein de choses.
11:20J'adore la France, j'adore la province, j'adore la Bretagne.
11:25Moi, je connais très bien Paimpont.
11:27Ma tante avait une maison dans Paimpont, au Canet.
11:31J'y allais tous les étés.
11:34J'allais aussi chez ma grand-mère à Quercado, dans la banlieue de Vannes,
11:38au Cité-Plein-Ciel, ça s'appelait à l'époque.
11:40C'était des grands ensembles, etc.
11:42C'est là que je passais mes vacances.
11:44Et mes vacances aussi près de Paimpont.
11:46Je connais très bien Paimpont, je connais très bien la région.
11:48La forêt de Brancéliante, j'y ai passé des années et des années.
11:52J'ai de l'affection parce que j'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup la Bretagne.
11:55Et quand on regarde ce film-là, on n'a pas du tout l'impression que vous ne connaissez pas bien.
12:00Je connais très bien.
12:02J'ai de la famille là-bas encore et je les vois.
12:05Votre père, vous le faites tourner, l'acteur-émetteur en scène de théâtre Albert Delpy,
12:08comme souvent dans vos films.
12:10C'est vrai que quand vous étiez jeune, il vous surnommait Marguerite Duras.
12:13Oui, parce que j'étais un peu associable.
12:20J'étais avec des grosses lunettes.
12:22J'étais comme ça, avec le cou rentré dans mon tee-shirt.
12:26J'étais Marguerite Duras, mais pas Marguerite Duras jeune.
12:31Marguerite Duras à la fin de sa vie.
12:33C'est affectueux.
12:35J'étais une petite ronde à lunettes qui passait sa vie enfermée à lire des livres, à dessiner.
12:43Je n'étais pas du tout...
12:45C'est vrai que depuis vos 50 ans, il vous appelle votre père José Dayan.
12:50Ça lui arrive.
12:52Je prends un peu de poids avec l'âge.
12:55Ça lui arrive de m'appeler.
12:57Tu ressembles de plus en plus à José Dayan.
12:59Il me dit ça tout le temps.
13:00Il est gonflé parce que lui, il est plus gros que moi.
13:04Mais il ne le voit pas.
13:06Il pense que je fais le même poids que lui.
13:08Ethan Hawke, avec qui vous avez joué dans plusieurs de vos films, l'acteur américain,
13:11dit que Julie Delpy possède ce mélange très particulier de beauté et d'intelligence.
13:15Mais le mot qui me vient à l'esprit quand je pense à elle, c'est féroce.
13:18Féroce.
13:19Oui, c'est marrant qu'il ait dit ça, mais c'est vrai que...
13:21C'est en vanitifère.
13:22C'est en vanitifère.
13:23Quand est-ce qu'il a dit ça ?
13:24Il y a 10 ans.
13:25Il y a 10 ans, d'accord.
13:26C'est vrai que je pense que...
13:28En fait, je ne suis pas du tout une femme qui se...
13:31Oui, je suis féroce.
13:33Mais ça peut être positif, féroce.
13:35Ça peut être quelqu'un qui ne se laisse pas faire.
13:37J'ai toujours été quelqu'un qui ne se laissait pas faire.
13:39Ça m'a posé plein de problèmes, évidemment.
13:41Dans le cinéma, au début, ce n'était pas une chose positive.
13:45Mais c'est devenu quelque chose qui fait...
13:47On disait que vous étiez chieuse au début, quand vous êtes petite.
13:50Chieuse, oui.
13:51Mais enfin, tout est relatif, puisque je n'étais pas vraiment chieuse.
13:54J'étais juste déterminée à garder mon intégrité.
13:57Oui, parce qu'il faut dire, parce qu'on est...
14:00Cet automne, ce sera les 7 ans de Me Too,
14:02que vous avez été une des premières à dire très jeune.
14:05Mais je crois avant, bien avant, puisque je l'ai dit, je crois même en 4...
14:08Je m'en souviens, j'avais fait une interview en 88.
14:10Et à l'époque, ce n'était pas bien vu de le dire.
14:12Puisque le journal m'avait envoyé chier en disant que j'étais une moraliste bourgeoise.
14:16Parce que vous aviez dit, est-ce que c'est normal qu'un réalisateur de 50 ans
14:19soit avec une jeune de 12 ans ? Est-ce que vous trouvez ça normal ?
14:22Et à l'époque, c'était...
14:24Oui, et j'en avais parlé il y a très très longtemps.
14:26Et c'est vrai que c'est une des raisons...
14:28Ce n'est pas la seule, attention.
14:29Mais c'est une des raisons pour lesquelles je suis partie de France.
14:31Parce qu'il y avait ce côté...
14:32Alors, quand je suis arrivée à Los Angeles,
14:34c'est une des premières personnes que j'ai rencontrée.
14:36Malheureusement, c'était...
14:37Enfin, c'est une personne formidable.
14:39Mais c'était une des victimes d'un réel incide.
14:41Je me suis dit, c'est pareil partout.
14:42Mais sauf que j'étais plus briefée.
14:45Mais c'est vrai que c'est compliqué.
14:47C'était une époque...
14:49Mais je vois même dans les milieux intellos, etc.
14:51C'était normal.
14:53C'était le Pygmalion avec la muse.
14:56Avec toutes ces choses-là.
14:58C'était très romanticisé, cette image du réalisateur.
15:02Vous, le réalisateur qui vous a demandé, quand vous aviez 14 ans,
15:04de vous mettre toute nue, vous êtes partie.
15:06Moi, je l'ai envoyée chier.
15:07Je lui ai jeté même le scénario à la figure.
15:09Tout de suite, j'ai eu la réputation d'être difficile.
15:11Parce que j'étais...
15:13Je ne me laissais pas faire.
15:15Mais j'étais élevée comme ça.
15:16C'est grâce à ma mère, qui était vraiment une vraie féministe.
15:19Elle avait signé la charte des 343 sur l'avortement, etc.
15:25Donc, j'étais élevée par deux féministes.
15:27Mon père aussi, un grand féministe.
15:29Donc, c'est sûr que je n'allais pas tomber là-dedans.
15:31« Me Too », ça a changé le cinéma ?
15:33« Me Too », ça a changé le cinéma ?
15:37Ça a ouvert la...
15:39Tout le monde savait ce qui se passait.
15:40Aux Etats-Unis, par exemple, sur Harvey Weinstein,
15:42je vous garantis que tout le monde savait ce qui se passait.
15:45Tout le monde, sans exception.
15:47Peut-être pas les jeunes filles qui arrivaient dans le métier
15:50et qui ne savaient pas encore,
15:51qui étaient les victimes de cette personne.
15:54Mais d'autres personnes aussi.
15:56Harvey Weinstein, c'est le bout...
15:59Comment ça s'appelle ? Un iceberg ?
16:03Oui, le parti émergé.
16:05Émergé, c'est ça.
16:06Excusez-moi, j'arrive juste des Etats-Unis.
16:08Des fois, je pense en anglais.
16:10Donc, c'était hyper important d'ouvrir,
16:15de faire lumière sur tout ce qui se passait.
16:17Je pense que ça a été essentiel.
16:19Moi, ce n'était pas une surprise parce que j'étais au courant.
16:22D'ailleurs, j'ai été beaucoup contactée par les gens du New York Times
16:25qui ont fait les articles, etc.
16:26J'en ai parlé un tout petit peu, mais pas complètement.
16:28Parce qu'en fait, il y a encore des gens qui sont au pouvoir,
16:31qui seront possiblement indécrotables
16:33et qu'on n'arrivera jamais à les amener devant les tribunaux.
16:37Aux Etats-Unis ou en France ?
16:39Aux Etats-Unis et en France pendant longtemps.
16:42Oui, en fait, je pense qu'il y a encore des gens
16:45qui ont beaucoup à voir avec ça
16:47et qui ne sont pas touchés par le...
16:50Enfin, je ne vais pas en parler.
16:53C'est compliqué quand les gens...
16:55En fait, je pense qu'on peut attaquer les gens
16:57quand ils sont dans un état de non-pouvoir.
17:00Mais quand ils sont encore au pouvoir...
17:02En fait, quand le problème est un système
17:04où il y a tellement de gens qui sont responsables,
17:07ça devient compliqué.
17:08Parce que c'est plus que juste une ou deux personnes.
17:10Les impromptus pour finir.
17:12Julie Delpy vous répondait rapidement.
17:14C'est vrai que vous avez vu Nuit et Brouillard
17:16et Le Père Noël est une ordure la même semaine
17:18quand vous aviez 11 ans ?
17:20Oui, je me souviens.
17:22Oui, c'est un peu spécial.
17:24Oui, c'est-à-dire qu'en fait,
17:26Nuit et Brouillard c'était avec l'école
17:29puisque ça faisait partie du programme en histoire.
17:33Et Le Père Noël est sorti à ce moment-là.
17:36C'est vrai qu'on ne peut pas être plus à l'opposé.
17:39Votre fils Léo, il écrit quoi à Profession de la mère ?
17:42Réalisatrice ou actrice ?
17:45Ah, mon chouchou !
17:48Je crois qu'il pense de moi plus...
17:51Moi il me voit surtout écrire.
17:53Autrice alors ?
17:55Autrice, oui.
17:57Barack Obama ou Kamala Harris ?
18:00Écoutez, moi je vais voter pour Kamala Harris.
18:03Parce que vous êtes américaine.
18:05Vous votez à la fois aux Etats-Unis et en France ?
18:07Les deux.
18:09Et je fais partie de ces agents doubles
18:12que tout le monde n'aime pas.
18:14Les binationaux.
18:17Mais je vais voter pour Kamala Harris quoi qu'il arrive.
18:23Je pense qu'Obama avait une sorte de charisme
18:27et de façon de parler qui était quand même exceptionnelle.
18:30Kamala n'a pas ça, mais elle est quand même très bien...
18:33Les JO, Paris 2024 ou LA 2028 ?
18:38Je sais pas, j'ai l'impression qu'en 28,
18:40l'équipe de France de basket va gagner.
18:42Vous l'espérez quand même ?
18:44Parce que la dernière finale, vous étiez pour la France j'espère.
18:47Là j'étais obligée d'être pour la France.
18:49Je sais pas pourquoi ça a pris le dessus.
18:51Votre film préféré d'Alain Delon ?
18:55Film préféré d'Alain Delon ?
18:58Je pense Rocco et ses frères.
19:01L'amour dure 3 ans, 7 ans ou toute la vie ?
19:05L'amour change.
19:07A travers la vie.
19:09Je sais pas combien de temps il dure, mais il évolue.
19:11Pas mal, je l'apprends la réponse.
19:13Merci Julie Delpy, le film très drôle et intelligent,
19:16qui dit des choses, qui s'appelle Les Barbares,
19:18fait l'ouverture du Festival d'Angoulême ce soir
19:21et sort en salle le 18 septembre.
19:23Merci et belle journée.

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