• il y a 3 mois
Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies était l'invité de "Tout le monde veut savoir" avec Benjamin Duhamel ce mardi.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Patrick Pouyanné. Bonjour. Merci beaucoup d'avoir accepté de faire votre interview de rentrée sur BFMTV, dont tout le monde veut savoir.
00:07Nous sommes ici en direct de l'université de rentrée du MEDEF. Je rappelle que vous êtes PDG de TotalEnergie, entreprise que tous les Français connaissent.
00:16Bonjour Gaëtan Mélin. Bonjour Benjamin, bonjour Patrick Pouyanné. Merci beaucoup de conduire cette interview ensemble.
00:20Chef du service économie de BFMTV, Patrick Pouyanné, on va parler bien sûr du pouvoir d'achat, de l'instabilité politique et de son impact sur le climat des affaires.
00:29Mais juste avant, vous avez annoncé, c'était aujourd'hui, en tout début d'après-midi, une mesure sur le prix du carburant.
00:35Il est déjà plafonné à 1,99€, 1,99€ le litre dans les stations totales. On y reviendra.
00:40Mais la nouveauté, c'est que pour vos adhérents électricité et gaz, ils sont 4 millions, le plafonnement sera de 1,94€ le litre.
00:49Je suis allé regarder sur internet la moyenne des prix. Gasoil sous les 1,7€, l'essence sous les 1,9€.
00:56Votre annonce, c'est un coup de com ?
00:58Non, ce n'est pas un coup de com, c'est un coup très concret pour Total Énergie.
01:02Total est devenu Total Énergie, on est en transition, on fait du gaz et de l'électricité.
01:06Les Français nous voient toujours à travers nos stations services.
01:09La fameuse mesure à 1,99€ du plafond qui rencontre un publicité parmi nos clients.
01:14On avait prévu d'essayer de faire un lien entre être abonné de Total Énergie dans le gaz et l'électricité et les carburants.
01:22Aujourd'hui, je m'en réjouis, le prix de l'essence baisse, je ne vais pas pleurer.
01:26On avait prévu cette mesure et pourquoi elle est encore efficace ?
01:29C'est que votre moyenne est vraie mais il y a des disparités sur le territoire.
01:33On a 3300 stations en France et cette mesure à 1,94€, ce plafond va s'appliquer à plus de 1000 d'entre elles.
01:40Elles sont où ? Essentiellement dans les campagnes.
01:42Il y a quand même un tiers des stations où ça va avoir un effet.
01:471,94€, parmi nos 4 millions d'abonnés, ceux qui habitent ou qui vont sur les autoroutes,
01:54puisqu'à peu près toutes les stations d'autoroutes sont concernées,
01:57ils profiteront du 1,94€ au lieu du 1,99€.
02:00Pour être clair, le 1,99€ aujourd'hui, il ne reste plus que 400 stations, il y en a encore avant sur l'autoroute.
02:051,94€ pour nos abonnés gaz et électricité, 1000 stations.
02:09C'est un tiers de nos stations, ce qui prouve qu'il y a des disparités sur le territoire.
02:12De ce point de vue-là, c'est une mesure qui protège le pouvoir d'achat,
02:15et notamment dans ces territoires qui cherchent eux aussi à profiter.
02:20Ils ne sont pas tous auprès d'un supermarché qui fait des prix discount.
02:23Ça fait 2 ans maintenant que TotalEnergie essaie de nouvelles mesures pour protéger le pouvoir d'achat des ménages.
02:29C'est sur la pression du Président de la République ou bien c'est une initiative personnelle ?
02:33Non, il n'y a jamais eu de pression dans cette affaire.
02:35La seule pression, c'était en 2022 sur les rabais de 10 centimes.
02:37Le 1,99€, c'est une mesure complètement décidée par nous.
02:41Justement, on voulait sortir d'une logique de rabais qui s'appliquait indifféremment à le pouvoir d'achat des personnes,
02:49à plutôt viser ceux qui étaient les plus pénalisés par le 1,99€.
02:53Ça va continuer le 1,99€ ?
02:55Le 1,99€ continue en 2024, il continuera en 2025.
03:00Même si Patrick Poyanné, un pouvoir politique, décidait d'augmenter les impôts.
03:08Il y a quelques mois, vous aviez dit, si vous m'augmentez les impôts, le 1,99€, c'est fini.
03:12Il y avait une mesure qui était envisagée pour aller taxer des raffineries qui aujourd'hui ne gagnent plus d'argent.
03:17Vous pouvez vous rassurer.
03:19Je l'avais dit, on ne pouvait pas à la fois nous demander de taxer nos raffineries
03:23et d'autre part, nous, on a pris une mesure qui est plébiscitée par les Français.
03:26D'ailleurs, l'argument qui a convaincu le gouvernement, ce n'est pas du tout Patrick Poyanné,
03:30c'est le fait que quand les parlementaires sont allés interroger dans leurs circonscriptions les Français,
03:35ils nous ont dit que le 1,99€, on l'aime.
03:37Donc aujourd'hui, non seulement ils n'auront le 1,99€ si ils ne sont pas abonnés,
03:40mais moi je les incite à devenir abonnés à gaz et électricité
03:43parce qu'ils profiteront d'un prix du gaz et électricité tout à fait compétitif
03:47et en plus, ils auront dorénavant 1,94€.
03:49Donc le 1,99€, ça va durer.
03:51Mais le 1,94€ aussi, il est ancré dans le marbre pour tous nos nouveaux clients.
03:55Un dernier mot sur ce point avant de parler du climat des affaires et de l'instabilité politique.
03:59Je pense à ceux qui nous regardent et qui précisément se demandent si au fond,
04:02la tendance à la baisse sur les prix du pétrole, aussi sur les factures d'électricité, va continuer.
04:06On a beaucoup parlé ces derniers mois, crise énergétique, très forte inflation.
04:09Est-ce que vous pouvez dire ce soir à ceux qui nous regardent dans Ton Monde Veux Savoir sur BFMTV
04:13que cette période-là est derrière nous, qu'on a passé cette crise énergétique ?
04:18Non, je ne peux pas le dire, je ne le dirai pas.
04:20D'abord parce que l'histoire a démontré que le prix du pétrole, il bouge vers le haut et vers le bas.
04:23Alors la bonne nouvelle, et j'en suis content,
04:25c'est qu'on est toujours accusé, quand ça baisse, de ne pas répercuter les prix.
04:27Donc là, vous ne me le dites pas, quand ça baisse, tout le monde s'en réjouit.
04:30Mais du coup, tout de suite on dit que ça va continuer à baisser.
04:32Non, attention, on est dans un monde qui fait quand même passe à beaucoup de périls.
04:36Le conflit russo-ukrainien n'est pas terminé.
04:39On a ce conflit au Moyen-Orient qui pourrait avoir des effets désastreux s'ils allaient vers d'autres pays.
04:45On a l'Iran qui menace de conflits plus entiers.
04:49Donc je pense qu'encore une fois, ce que j'ai appris dans mon métier,
04:52c'est que le prix du pétrole, il bouge.
04:54Il est aujourd'hui à 80 dollars, ce qui a beaucoup baissé.
04:56D'ailleurs, pourquoi les prix de l'essence baissent ?
04:58Ce n'est pas parce que le prix du pétrole a baissé,
05:00c'est parce que les marges de raffinage ont baissé, se sont écoulées,
05:03parce qu'il y a moins de demandes mondialement
05:05et parce que quelque part, ce qu'on a absorbé,
05:07c'est les conséquences de la crise du conflit russo-ukrainien
05:10qui avait totalement déstabilisé l'approvisionnement de l'Europe en produits pétroliers
05:14puisqu'on a décidé d'arrêter d'importer des essences du diesel russe,
05:19ce qu'on a arrêté de faire très vite.
05:21Il a fallu réinstaller tout ce système.
05:23On y est et donc ça a permis de baisser les marges de raffinage.
05:25Vous dites aux Français qu'il ne faut pas vendre la politique avant d'avoir tué ?
05:32Non, et je vous le dis à vous aussi les médias.
05:34Ce que je dis aux Français, c'est qu'en ce moment,
05:36il se chauffe au fioul lourd, profitez-en en ce moment,
05:39le prix du fioul est bas, vous rentrez de vacances,
05:42vous devez remplir vos cubes pour l'hiver.
05:44Après, peut-être que je me trompe,
05:46peut-être qu'il ne sera plus bas dans trois mois,
05:48mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que par rapport à l'an dernier,
05:50ils peuvent en profiter.
05:52Il faut juste avoir en tête que ces prix bougent beaucoup.
05:55C'est pour ça d'ailleurs que j'ai souvent milité,
05:57non seulement pour la garantie, mais aussi pour avoir
05:59une taxe de l'État qui puisse être flottante en fonction du prix.
06:03Ça, c'est compliqué d'en convaincre, merci.
06:05Je ne vais pas revenir là-dessus.
06:06Mais en tout cas, je ne peux pas m'engager à vous dire
06:09que le prix va baisser pour toujours.
06:11De même que le prix du gaz, qui a beaucoup baissé
06:13par rapport à la crise de 2022,
06:15en ce moment, il est remonté parce que les Ukrainiens
06:17sont rentrés en Russie et du coup,
06:19on a vu les prix du gaz remonter.
06:21Voilà, profitons des prix.
06:23En tout cas, l'engagement qu'on a aussi pris et qu'on implique,
06:25et je suis content, c'est que quand les prix baissent,
06:27on le réplique à la pompe.
06:29Mais encore une fois, je ne peux pas le répliquer partout
06:31de la même façon. Dans les campagnes, pour amener
06:33les carburants, ça nous coûte plus cher, la logistique.
06:35Sur les autoroutes, on a des redevances
06:37à payer aux concessionnaires d'autoroutes.
06:39Donc là, j'apporte une garantie, je protège
06:41tous ces consommateurs, tous ces clients
06:43partout en France.
06:44Alors Patrick Pouyanné, la rentrée est marquée
06:46par une très forte instabilité politique.
06:48On n'a toujours pas de Premier ministre,
06:50toujours pas de gouvernement.
06:52On entend l'inquiétude
06:54des patrons, ici,
06:56pour les universités de l'organisation
06:58patronale.
07:00Est-ce que cette inquiétude, selon vous,
07:02elle est justifiée ?
07:04D'abord, je pense qu'il faut arrêter de...
07:06Ils sont inquiets parce qu'ils ne savent pas, ils aiment bien avoir une stabilité
07:08et connaître le futur, la prévision, la prévisibilité.
07:10Moi, je pense qu'il faut arrêter d'être inquiet
07:12dans notre pays. Moi, je sors de cette période
07:14beaucoup plus optimiste. Je trouve que
07:16les Français nous ont fait une incroyable démonstration
07:18avec les Jeux olympiques. Un, de leur capacité
07:20de créativité. Deux, de leur capacité
07:22d'union. Moi, c'est ça que je retiens.
07:24Et dans une entreprise, c'est l'union
07:26qui fait la force. Une entreprise, ça fonctionne
07:28lorsqu'on arrive à fédérer les collaborateurs.
07:30On parle de Patrick Pouyanné, mais je...
07:32Effectivement, on a vu cet optimisme,
07:34notamment cet été pendant les Jeux olympiques.
07:36Mais on lit ce que dit
07:38le patron des patrons, Patrick Martin,
07:40qui craint l'instabilité fiscale et réglementaire.
07:42On voit aussi ce que disent les patrons de PME
07:44qui constatent qu'il y a un certain nombre de carnets de commandes
07:46qui ne se remplissent pas assez.
07:48Ça veut bien dire que cette instabilité politique,
07:50c'est pas une vue de l'esprit que de se dire
07:52qu'elle a un effet sur les affaires, non ?
07:54C'est pas les gouvernements qui vont remplir les carnets de commandes.
07:56Je suis désolé. Là-dessus, j'attends pas d'un État
07:58qui garantisse les carnets de commandes de nos entreprises.
08:00Donc, il n'y a aucun effet sur...
08:02Mais non, je pense qu'il y a simplement, aujourd'hui,
08:04une incertitude. Et donc, cette incertitude,
08:06il faut la lever pour tout le monde.
08:08Maintenant, en même temps, je veux dire, le gouvernement
08:10qui fonctionne depuis deux mois,
08:12il y a moins de réformes, c'est peut-être pas si mal que ça.
08:14Mais non, ce que je veux dire,
08:16c'est qu'il faut dépassionner ce débat.
08:18Il faut regarder positivement. Moi, ce que je pense,
08:20c'est que, d'ailleurs, les Français ont envoyé un message
08:22à travers ces élections. Ils ont demandé que les gens travaillent ensemble
08:24profondément, au deuxième tour. Ils ont dit
08:26travailler ensemble pour mener une politique qui satisfasse
08:28les divers camps, je dirais.
08:30Donc, il faut qu'on arrive
08:32à trouver cette union ensemble, collectivement.
08:34C'est ce que j'espère que fera le prochain Premier ministre.
08:36Après, bien sûr qu'on préfère avoir
08:38une visibilité. Mais ce que je veux dire...
08:40Vous n'en voulez pas au Président d'avoir dissous l'Assemblée nationale ?
08:42Ça, c'est sa décision et je n'ai rien à...
08:44Je n'ai aucun avis en tant que
08:46PDG de Total Energy sur cette question-là.
08:48Ce que je pense, par contre, moi, la grande leçon
08:50que je tire, c'est tout ça, c'est que quand on regarde
08:52les sondages, ce que les Français, ils ont de plus en plus confiance,
08:54c'est dans l'entreprise.
08:56Les entreprises sont perçues comme un pôle
08:58de stabilité. Dans tous les sondages, ils ont plus
09:00confiance dans l'entreprise pour
09:02apporter des solutions à leurs problèmes
09:04que, quelque part, au monde politique.
09:06Il faut que nous, les patrons d'entreprises,
09:08on assume cette responsabilité. On a le pouvoir
09:10d'agir. On a le pouvoir d'apporter des solutions.
09:12On l'a démontré pendant le Covid. Donc, moi,
09:14plutôt que... Je ne suis pas sur un mode
09:16« j'attends que l'État m'apporte mes solutions
09:18à mes problèmes », ce que je souhaite, c'est qu'il arrête de jouer
09:20avec la fiscalité. Ça, c'est clair que...
09:22Le concours...
09:24Le concours Lépine de la fiscalité, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux.
09:26Mais là-dessus, je fais confiance. Parce que ce qui
09:28va sortir de tout cela, à la fin, comme le souhaite
09:30le Président de la République, c'est une forme de coalition.
09:32Et si on veut que ça fonctionne...
09:34Je vais vous dire, si on veut que ça fonctionne,
09:36il va falloir trouver des politiques
09:38qui satisfassent
09:40un nombre supérieur à simplement un parti.
09:42— Et les Français demandent une forme de justice
09:44fiscale. Envoient ce signal-là
09:46que, sans doute certains, les grandes entreprises,
09:48les particuliers les plus aisés,
09:50pourraient contribuer davantage. C'est aussi le message qu'ils ont envoyé
09:52— D'accord. Mais très bien. Mais parlons-en
09:54sans faire de... Je dirais
09:56sans être... Sans s'opposer.
09:58Sans antagonisme. Parlons-en
10:00sereinement. Regardons le sujet.
10:02Je l'ai bien entendu. On voit bien qu'il y a aujourd'hui
10:04lié à la mondialisation le fait
10:06que les gens ont le sentiment que les inégalités
10:08s'accroissent.
10:10Et que, par ailleurs, eux,
10:12pour ceux qui sont dans des salaires
10:14plutôt bas, ils ne voient
10:16pas vraiment le gain de leur travail.
10:18Donc il y a une demande. Il faut sans doute que l'on y réfléchisse
10:20collectivement. Et ça intéresse les entreprises. Vous savez, nous,
10:22on a des salariés, des employés. Chez Total Énergie,
10:24moi, j'ai pris une mesure qui est
10:26« Je n'ai pas d'employé qui a moins de 2 000 euros par mois ».
10:28Quelque part, j'ai dit quelque part que je voyais bien
10:30que quand j'ai découvert que j'avais encore des employés
10:32près de 1 600 au SMIC,
10:34j'ai dit que j'avais un problème de cohérence.
10:36Toutes les entreprises ne peuvent pas le faire.
10:38Moi, je peux le faire parce que, quelque part,
10:40cette entreprise fait des profits importants.
10:42Et mes salariés sont les preux bénéficiaires
10:44de cet engagement.
10:46Ce que je veux dire, simplement, c'est que je pense qu'il faut
10:48trouver un moyen de parler ensemble,
10:50dialoguer comme de l'union,
10:52plutôt que de chercher à passer notre temps
10:54à s'autocritiquer, à dénigrer ce qu'on fait.
10:56Le monde entier
10:58est admiratif de ce qui s'est passé à Paris.
11:00Soyons-en conscients, soyons positifs.
11:02Ce peuple peut s'unir et peut,
11:04j'en suis convaincu, trouver des voies
11:06pour construire le futur. Moi, ce que je souhaite, c'est qu'on reparle
11:08dans ce pays de progrès,
11:10de croissance. Voilà les thèmes qui marchent.
11:12Voilà les choses qui fonctionnent, qui feront
11:14qu'on pourra construire un futur collectivement meilleur.
11:16Qu'attendez-vous, Patrick Pouyanné,
11:18du prochain Premier ministre ?
11:20Une stabilité économique et fiscale comme vous avez eu
11:22depuis les sept dernières années ?
11:24Des certitudes, justement, pour que la France
11:26reste un pays attractif ?
11:28Bien sûr, je pense que c'est essentiel, parce que
11:30une grande victoire des sept dernières années,
11:32c'était la bataille contre l'emploi.
11:34C'est un pays, moi, quand j'ai été électeur
11:36depuis que je suis jeune, on passait notre temps à toutes les élections
11:38de parler de chômage, avec
11:40100 000 jeunes qui n'ont pas accès
11:42au marché du travail par an.
11:44On a réussi à sortir de cela. On est tombés vers un autre
11:46problème, qui est le pouvoir d'achat, l'inflation,
11:48qui est une autre problématique pour la vie quotidienne
11:50des Français.
11:52Première préoccupation des Français, le pouvoir d'achat.
11:54C'est normal, d'où la mesure que j'apporte aujourd'hui pour mes clients.
11:56J'agis concrètement sur le sujet.
11:58On peut agir,
12:00on a des solutions. Moi, ce que je pense,
12:02que j'attends, c'est quelque part,
12:04comme je le dis, que le Premier ministre, pour moi, il doit d'abord
12:06chercher à réconcilier.
12:08C'est le mandat qu'ont donné au deuxième tour, je pense,
12:10les Français. On veut que vous travailliez ensemble
12:12contre les extrêmes. Voilà ce que j'ai entendu.
12:14Et je pense qu'il faut, en matière économique,
12:16il y a une politique de l'offre qui marche.
12:18Elle fonctionne.
12:20Oui, mais que les Français ont
12:22sanctionné...
12:24On n'a pas les moyens
12:26d'aller subventionner,
12:28de distribuer de l'argent. On l'a fait pendant le Covid.
12:30De façon, il fallait le faire
12:32parce que la situation était grave. On a peut-être prolongé
12:34un peu trop cette période de distribution.
12:36On a une dette qui est colossale aujourd'hui pour résoudre ce problème.
12:38Il faut qu'on arrête de sortir de là.
12:40Moi, je fais confiance. Je pense que les Français,
12:42profondément, ils se rendent compte de la situation.
12:44Ils savent qu'on ne va pas simplement distribuer de l'argent,
12:46que la planche à billets ne fonctionne pas.
12:48L'argument de la dette ne fonctionnera pas sur eux.
12:50C'est clair, mais il faut plutôt qu'on leur montre concrètement,
12:52pratiquement, comment,
12:54sur des sujets concrets, pratiques.
12:56Le prix de l'électricité
12:58est un sujet majeur. Ca veut dire, quelque part,
13:00qu'il y a, entre les mains de l'Etat,
13:02une capacité à jouer sur les taxes
13:04de l'électricité. Faisons attention
13:06collectivement à ne pas envoyer des signaux négatifs
13:08qui mettent nos
13:10concitoyens en colère. Il faut trouver
13:12sur des sujets clés des moyens d'agir.
13:14Je pense qu'on en a. Nous, les entreprises,
13:16TotalEnergie, je compte bien y contribuer
13:18par des mesures comme celle que je viens d'annoncer aujourd'hui.
13:20Prenons un exemple très précis sur
13:22cette inquiétude, même si vous appelez
13:24à l'optimisme et vous refusez l'auto-dénigrement.
13:26Il y a un sujet, quand même,
13:28central qu'on a entendu, notamment, encore une fois,
13:30chez le patron des patrons, c'est la question du
13:32programme économique du nouveau Front Populaire.
13:34Voilà ce qu'il dit dans l'écran.
13:36Pourquoi vous voulez parler de ça ? Parce que le nouveau Front Populaire ne prendra pas le pouvoir,
13:38a dit le Président de la République hier soir.
13:40Oui, sauf qu'il y a encore des Français qui ont voté pour eux.
13:42Le Président de la République a
13:44exhorté un certain nombre de membres
13:46du nouveau Front Populaire à créer des alliances.
13:48Est-ce que vous aussi,
13:50avez cette idée de dire que si ce programme était appliqué,
13:52ce serait une catastrophe pour le pays ?
13:54Je pense qu'il y a des mesures extrêmes
13:56qui seraient totalement dommageables à l'attractivité du pays.
13:58Par exemple, le SMIC à 1600 euros ?
14:00Non, mais je ne suis pas là pour faire de la politique.
14:02Je regarde le sujet en tant que PDG Total Énergie.
14:04Encore une fois, le SMIC à 1600 euros,
14:06réfléchissons un peu. Il y a pour moi quelque chose qui est vrai
14:08dans notre pays, c'est le fait qu'aujourd'hui,
14:10entre les gens qui travaillent et ceux qui,
14:12aujourd'hui, bénéficient,
14:14je dirais, de l'assistance collective,
14:16il y a un écart assez faible. On le dit, on n'arrête pas de le répéter.
14:18Comment on recrée un écart
14:20entre la personne qui travaille et celui qui ne travaille pas ?
14:22Et ça crée une vraie insatisfaction.
14:24Donc là, il y a un sujet qu'il faut traiter.
14:26Moi, je me suis frappé qu'on le dise.
14:28Et donc, le SMIC, pourquoi les patrons s'en comptent ?
14:30Parce que dès qu'on donne 200 euros de SMIC,
14:32on va générer, je ne sais pas combien de charges,
14:34150 euros de charges, donc immédiatement, l'addition devient insupportable.
14:36Il faut trouver un moyen.
14:38Je ne sais pas, je ne suis pas un expert,
14:40est-ce qu'il faut créer une franchise sur les 200 premiers euros
14:42pour ne pas payer de cotisations ? Mais je comprends
14:44très bien l'idée que, je l'ai dit,
14:46je vais l'appliquer chez moi, dans mon entreprise,
14:48parce que j'ai demandé qu'il n'y ait pas de salaire à moins de 2 000 euros.
14:50Vous avez appliqué le programme du Nouveau Front Montréal à Moët.
14:52Mais je pense que, quelque part, il y a une demande.
14:54L'inflation a beaucoup...
14:56Moi, je le vois, mais que les laboratoires me le disent.
14:58Quand vous avez une inflation de 10%
15:00puis de 6% de l'inflation alimentaire,
15:02il y a des impacts.
15:04Mon collègue, M. Bompard, me dit que
15:06les gens n'achètent plus les mêmes types de produits.
15:08La consommation est en baisse, effectivement.
15:10On ne peut pas ignorer ça.
15:12Et donc, il faut trouver une mesure.
15:14Et puis, les patrons vont payer.
15:16Parce que si on fait ça, la boucle, ça va être quoi ?
15:18Les patrons vont devoir payer, mais à la fin, on va détruire de l'emploi.
15:20Et on va retomber dans un cycle
15:22qui serait négatif collectivement.
15:24Vous parlez des Français patrimonialisés.
15:26Est-ce que vous êtes prêts, vous aussi, à votre place,
15:28à la tête d'une entreprise qui, l'année dernière,
15:30a fait près de 20 milliards d'euros de bénéfices,
15:32à accepter de contribuer davantage à l'effort collectif ?
15:34Que ce soit sur, encore une fois,
15:36l'imposition sur les entreprises,
15:38sur la question aussi
15:40de l'imposition des personnes
15:42les plus aisées. Est-ce que ça, ce message-là,
15:44vous dites, oui, précisément,
15:46s'il s'agit de faire une coalition
15:48et de tenter de trouver des points d'accord,
15:50ça pourrait faire l'objet d'un compromis ?
15:52En l'occurrence, sur l'entreprise, débat,
15:54je suis imposé en France sur ce que je gagne en France.
15:56Je suis imposé, une des entreprises les plus imposées au monde.
15:58Nous avons payé plus de 25 milliards d'impôts mondialement.
16:00Donc, sur le sujet des impôts, je suis prêt à venir.
16:02La question des personnes, c'est une question
16:04totalement différente.
16:06Je n'ai pas de problème si on décidait, collectivement,
16:08même si nous sommes imposés fortement,
16:10de payer plus d'impôts. Encore une fois,
16:12ce sont des choix collectifs. Ce n'est pas moi,
16:14avec mon salaire, qui vais vous dire que ce n'est pas bien.
16:16C'est un sujet, je suis prêt à contribuer à tout cela.
16:18Pour les entreprises,
16:20ce que je dis simplement, c'est, attention,
16:22la politique de l'offre a eu un résultat
16:24qui est la baisse du chômage et le fait qu'on ne parle plus d'emploi.
16:26Ne tombons pas dans le cercle
16:28vicieux qui serait, je délivre
16:30du pouvoir d'achat dont je n'ai pas les moyens,
16:32qui fait que les chefs d'entreprise, les patrons de PME...
16:34Moi, je ne pense pas à TotalEnergie seulement.
16:36Je pense à tous les patrons
16:38ici à l'AREF. Eux, à la fin,
16:40ils doivent finir bouclés à la fin du mois.
16:42Donc, si on leur dit, vous devez sortir
16:44plus d'euros que ça, ils risquent de supprimer un job.
16:46Et à la fin, on va retomber dans le cycle qu'on a eu.
16:48Rappelez-vous, l'entrée dans le chômage,
16:50c'est les années 75-80, les années inflationnistes,
16:52qui ont conduit, quelque part,
16:54à le cycle du chômage. Donc, surtout,
16:56nous en sommes sortis, ne retombons pas là-dessus.
16:58C'est là que je vous dis que la politique de l'offre est une bonne politique.
17:00Il faut maintenant
17:02réfléchir. Moi, je pense qu'il y a un vrai sujet,
17:04c'est comment les personnes qui travaillent
17:06tirent plus parti de leur travail que ceux qui,
17:08aujourd'hui, ne travaillent pas.
17:10Parce qu'il y a de plus en plus de gens qui travaillent, donc ça me paraît logique.
17:12Concernant, justement, les PME, le NFP
17:14a une solution, propose
17:16justement de mettre à contribution les grandes entreprises
17:18pour payer, justement, ce
17:20SMIC à 1600 euros.
17:22Heureusement, il y a une constitution en France qui
17:24dit que tout le monde est égal devant l'impôt.
17:26Donc, si jamais le nouveau Front Populaire
17:28arrivait au pouvoir, et que, finalement,
17:30le Président de la République
17:32retenait un membre du NFP,
17:34ça serait, on l'a bien compris,
17:36anti-entreprise, est-ce que cela
17:38pourrait pousser Total Energy
17:40à revoir sa position
17:42en France et à envisager,
17:44pourquoi pas, un jour, de quitter la France ?
17:46Mais non, sous cela, nous sommes en France,
17:48nous devons faire avec la France, nous avons des activités
17:50en France, j'ai 35 000 salariés en France,
17:52tout ça, c'est des solutions. Donc, quelle que soit la politique menée ?
17:54Mais, encore une fois, cette politique ne sera pas menée.
17:56Donc, vous me demandez d'amener dans une politique
17:58fiction, mais non, elle ne sera pas menée.
18:00Vu l'instabilité politique dont on parle...
18:02Elle ne sera pas menée.
18:04D'ailleurs, je n'ai pas vu que les Français avaient voté majoritairement
18:06pour cette politique, ou alors je n'ai pas compris le résultat.
18:08Donc, elle ne sera pas menée.
18:10Ne faisons pas de la politique fiction,
18:12regardons calmement ce qui va se passer.
18:14Moi, je fais conscience, je pense que le mandat
18:16qui est donné, c'est d'arriver à trouver
18:18des solutions pratiques, dans le cadre d'un dialogue
18:20constructif, et encore une fois,
18:22soyons positifs, gardons l'esprit des jeux, tous ensemble,
18:24et on va arriver à trouver des solutions.
18:26– Un dernier mot, Patrick Pouyanné,
18:28sur la question du profil du Premier ministre.
18:30On a entendu cette idée que,
18:32compte tenu du blocage politique, il faudrait aller regarder
18:34du côté des chefs d'entreprise.
18:36– Je pense surtout qu'il faut un homme...
18:38Je ne suis pas du tout d'accord.
18:40– Donc, Patrick Pouyanné à Matignon ?
18:42– Non, Patrick Pouyanné, il est PDG de Total Energy, il est très heureux,
18:44et il n'est pas candidat à aller...
18:46Non, je pense au contraire, la situation est telle
18:48qu'il faut bien évidemment un homme politique
18:50pour gérer le Parlement.
18:52C'est un savoir-faire, mais être un homme politique,
18:54c'est un métier, j'ai servi des hommes politiques
18:56dans ma vie professionnelle, c'est un métier.
18:58Il est évident qu'un chef d'entreprise se retrouverait
19:00dans ce monde, au Parlement, pour faire des compromis
19:02et trouver des majorités,
19:04ça serait compliqué.
19:06Les ressorts ne sont pas les mêmes, les logiques ne sont pas les mêmes.
19:08– Donc quelqu'un comme Jean-Dominique Senat ?
19:10– Je suis un bon chef d'entreprise, je le pense.
19:12Je pense que je ne serai pas nécessairement un bon ministre.
19:14Donc voilà, chacun sa place.
19:16– Pas de scoop ce soir, dont tout le monde veut savoir.
19:18Patrick Pouyanné n'ira pas à Matignon.
19:20– Ça, c'est clair.
19:22– Merci beaucoup d'avoir été notre invité.
19:24– Merci, Benjamin.

Recommandations