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00:00Appelez-nous à 0476 46 45 45 et avec l'invité du 69 France Bleu Iser, Théo H, nous allons parler de la situation des hôpitaux et des urgences en particulier.
00:08Bonjour Cyril Venet.
00:09Bonjour.
00:10Merci d'être avec nous ce matin.
00:11Merci de me recevoir.
00:12Médecin anesthésiste réanimateur, vous êtes chef de service à l'hôpital de Voiron, vous travaillez aussi au CHU de Grenoble puisque c'est le même établissement désormais.
00:19Vous êtes aussi secrétaire générale du syndicat des médecins hospitaliers force ouvrière.
00:24Dans une interview récente, Cyril Venet, vous disiez que les urgences de Grenoble étaient devenues, je cite, le couloir de la honte.
00:30Ça veut dire quoi ?
00:31Alors, je vais essayer d'expliquer ça parce qu'effectivement, il faut faire attention de ne pas faire de misérabilisme et tout ça.
00:38Ce que je vais dire en premier, c'est que je pense que si on est malade aujourd'hui, il faut aller à l'hôpital.
00:43Il y a des équipes formidables qui font des soins formidables.
00:45Ça, on est d'accord.
00:46Il y a aussi beaucoup d'attentes.
00:47Il y a aussi beaucoup d'attentes.
00:49Ce n'est pas évident d'avoir recours aux soins et on a un énorme problème d'accès aux soins.
00:53Une fois qu'on a réussi à accéder aux soins, on a des gens qui vous soignent extrêmement bien.
00:58Concrètement, des attentes de combien de temps ? Comment s'est passé l'été ?
01:02Contrairement à ce qu'a dit le ministre, entre guillemets, des missionnaires, Valtoux, qui prétend que la situation s'améliore,
01:08les chiffres qu'on a, nous, prouvent le contraire.
01:13Scientifiquement, ce n'est pas vrai ce qu'il dit.
01:15C'est-à-dire que le délai d'attente a encore un petit peu augmenté.
01:18La durée de séjour aux urgences a encore un petit peu augmenté.
01:21C'est mesuré très précisément.
01:23Par exemple, là, j'ai les chiffres du CHU de Grenoble.
01:25Ça ne dira rien à personne.
01:27Il y a une petite augmentation de 40 minutes par rapport à l'année dernière.
01:31On est à combien de temps en moyenne aujourd'hui ?
01:33C'est de l'ordre de 7 heures.
01:35C'est passé à 7h40, un truc comme ça, en moyenne.
01:37L'expression couloir de la honte, ça veut juste dire que c'est la honte pour le ministère.
01:44C'est-à-dire d'avoir laissé faire ça.
01:47J'ai vu qu'il y a une question qui a été posée sur comment on en est arrivé là.
01:50Je vais dire des choses qu'on n'a pas tellement l'habitude d'entendre.
01:53J'espère que je me ferai bien comprendre.
01:56On en est arrivé là parce qu'il y a eu une volonté acharnée d'en arriver là.
02:00On va détailler tout cela, si vous voulez bien.
02:02Dans un instant, Cyril Venet, vous parliez des commentaires sur notre page Facebook.
02:06Il y en a un certain nombre.
02:08Oui, effectivement.
02:09Et des auditeurs qui se rendent bien compte de la situation dans les hôpitaux.
02:13Corinne qui nous dit que la situation se dégrade, effectivement.
02:17Une situation très préoccupante pour Joël, Jean-Louis aussi qui nous en parle.
02:23Plusieurs qui parlent aussi de la dégradation depuis le Covid.
02:27Cyril Venet, est-ce que c'est le cas ?
02:30Oui, c'est le cas.
02:31La dégradation, elle avait commencé avant.
02:33Elle a continué pendant, je ne sais pas si vous vous souvenez, sur les fermetures de lits en particulier.
02:38Et ça continue.
02:39Je ne sais plus comment le dire parce que ça fait tellement 30 ans que je le dis.
02:47Je vais donner des chiffres qui vont expliquer.
02:51À Grenoble, qui vont parler aux grenoblois.
02:53En 1990, quand j'ai mis mes premiers pieds à l'hôpital, il y avait 4900 lits au CHU de Grenoble-Michelon.
03:00Il y avait en 2000, les chiffres de la direction générale, le directeur Bastard à l'époque.
03:052000 lits.
03:07En 2000.
03:09Et aujourd'hui, là, à l'heure où on parle, on fonctionne avec 650 lits.
03:13Donc si vous voulez, ce n'est pas très difficile à comprendre.
03:16Les malades, ils stagnent aux urgences.
03:18On a amélioré nos techniques.
03:20On a fait le virage ambulatoire.
03:22On a amélioré des tas de trucs.
03:23On est beaucoup plus efficace qu'il y a 30 ans.
03:25Mais ça ne tient pas.
03:26Mais pas suffisamment pour compenser cette politique qui a été de fermeture de lits acharnée.
03:31Et encore une fois, tous les élus, tous les gens qui s'intéressent à la question,
03:35ont toujours entendu dire, il y a trop de lits, il y a trop de lits, il y a trop de plateaux techniques,
03:39il y a trop de services d'urgence, on va fusionner tout ça.
03:42Et voilà, le résultat est là.
03:44Est-ce qu'il y a aussi une partie de l'explication qui est conjoncturelle avec les Jeux Olympiques cet été ?
03:50Peut-être qu'il y a des soignants qui ont été mobilisés en région parisienne.
03:52Ça a pu jouer à la marge ?
03:54Non, nous à Grenoble, on n'a pas vu de différence avec ça.
03:58Ça n'a pas joué sur nos capacités hospitalières ici.
04:02Pas à ma connaissance.
04:03À Bourgogne-à-Lieu, les urgences, je le disais, ont dû fermer plusieurs nuits cet été.
04:08C'est une première.
04:09L'hôpital de Bourgogne-à-Lieu n'avait jamais eu besoin d'aller jusque là,
04:12même ces dernières années, après la crise Covid.
04:15Ça veut dire donc que la situation est pire que les années précédentes, Cyril Venet ?
04:20C'est un des éléments qui nous le prouvent.
04:22Et encore pour donner des chiffres, pour bien comprendre la cinétique des choses,
04:25il y a encore une quinzaine d'années en arrière, il y avait huit, même moins que ça,
04:30il y a dix ans, il y avait huit services d'urgence dans le département de l'ISER
04:33qui étaient capables d'accueillir des urgences la nuit.
04:36Aujourd'hui, certains soirs, il n'y en a plus qu'un, il n'y a plus que le CHE.
04:39La conséquence, c'est donc qu'un certain nombre de gens se tournent vers d'autres structures
04:44qui prennent le relais.
04:45On avait des reportages ce matin dans un journaux au recours médical des valons de la Tour.
04:49Écoutez Charlotte, par exemple, qui s'y est rendue écoutée.
04:52Je me suis fait mal au pied. Il y a plus de onze heures d'attente à Bourgogne.
04:56Pour nos voisins, il n'y a plus de radiologues, donc ils ne peuvent pas me faire radio,
04:59donc ils vont retourner ici. Je connaissais déjà. Je suis venue beaucoup, beaucoup de fois.
05:03C'est une voie de sauvetage.
05:04Alors, il y a deux choses dans le témoignage de Charlotte.
05:06Si on regarde d'abord le verre à moitié plein, on peut dire que la coopération marche ou semble marcher,
05:11en tout cas avec d'autres structures, avec peut-être la médecine de ville.
05:15Ça, c'est peut-être rassurant, plutôt, si elle y venait.
05:19Il y a des améliorations sur la coopération. Ça, c'est bien.
05:22Et les professionnels coopèrent. Ils ont toujours coopéré. Ils coopèrent de plus en plus.
05:26Il y a des tas de choses qui sont faites dans ce domaine qui sont extraordinaires.
05:29Ça ne répond pas au problème, parce que les solutions alternatives à un service d'urgence d'un hôpital,
05:36ça n'existe pas. Il n'y a pas de solution alternative à un service d'urgence d'un hôpital
05:40avec tout le plateau technique qu'il y a derrière.
05:42Comment vous avez fait pour vous soigner cet été, malgré cette fermeture des urgences ?
05:47Est-ce que ça vous a impacté certaines nuits ?
05:50Appelez-nous, on attend vos témoignages.
05:52Au 04 76 46 45 45. Et puis pour parler de santé aussi, globalement,
05:57si vous pouvez nous raconter comment ça se passe chez vous,
06:00si des gradations vous constatez et comment vous l'avez vécu, si vous l'avez vécu assez directement.
06:05Appelez-nous dès maintenant, il nous reste quelques minutes,
06:07et c'est pour pouvoir avoir le temps de discuter avec vous.
06:09Je vous encourage à le faire pour qu'on puisse être tranquille aussi là-dessus.
06:1204 76 46 45 45.
06:14Notre invité, Cyril Venet, médecin anesthésiste réanimateur,
06:17chef de service à l'hôpital de Voiron et secrétaire général du syndicat
06:21des médecins hospitaliers force ouvrière.
06:23Cyril Venet, est-ce que ça veut dire, on l'a décrit cette situation,
06:27est-ce que ça veut dire au fond que le Ségur de la santé,
06:30les rallonges budgétaires n'ont servi à rien ?
06:34Je ne dirais pas qu'elles n'ont servi à rien.
06:36Il y a eu des augmentations conséquentes,
06:40relativement conséquentes de salaire dans certaines catégories de personnel
06:43qui étaient tout à fait importantes et qu'il fallait absolument faire.
06:46Donc je serais faux de dire que ça n'a servi à rien.
06:48En termes d'accès aux soins, ça n'a eu aucun impact.
06:52En termes d'ouverture de lit, de facilitation de l'accès aux soins,
06:57ça n'a eu aucun impact puisqu'on a une continuelle dégradation,
07:02comme on vient de le dire.
07:03C'est quoi les solutions alors ?
07:05Et je voudrais ajouter un truc,
07:08parce que je ne peux pas partir d'ici sans avoir parlé de ça,
07:10c'est qu'aujourd'hui, il y a 1500 postes sur la France en moins d'internes.
07:15Les internes, c'est 30% de l'effectif à l'hôpital,
07:1870% des prescriptions.
07:20Et là, il y a en gros 10 000 à 11 000 postes d'internes.
07:25Il y en a 1500 de moins que l'année dernière,
07:27par le biais d'une réforme.
07:30On ne rentre pas dans les détails.
07:31Ça a un impact chez nous, en Isère ?
07:33Oui.
07:34Par exemple, je ne vais pas donner trop d'exemples,
07:37mais dans chaque spécialité,
07:39dans beaucoup de spécialités, il y a un internant moins.
07:41Dans une spécialité médicale où il y a 4 internes l'année dernière,
07:44il y en a 3 cette année.
07:46Dans les internes des urgences aussi, ça peut se connaître.
07:49Donc dans le département, ça fait une cinquantaine d'internes en moins.
07:53Si vous voulez, ça donne le là de la politique qui est suivie,
07:59c'est tout ce que je veux dire.
08:01Après, il ne m'appartient pas ici, en une minute,
08:04de développer les solutions.
08:06Il faudrait que vous m'accordiez une petite heure pour ça.
08:10Peut-être la prochaine fois, Cyril Venet.
08:12On fait un détour au standard de France Blizzard,
08:14parce qu'on a des appels.
08:15Oui, tout à fait.
08:16On va commencer avec Mireille qui nous appelle de Brézin.
08:18Bonjour Mireille.
08:19Bonjour.
08:20Justement, vous vouliez nous raconter votre expérience aux urgences.
08:23On vous écoute.
08:24Oui, le 18 juillet, je suis rentrée aux urgences pour une occlusion.
08:29Je suis rentrée, c'était vers 21h30.
08:34Je suis rentrée aux urgences.
08:36Je suis restée sur un fauteuil jusqu'à 2h du matin,
08:40jusqu'à ce que je puisse passer un scanner,
08:42à souffrir, à vomir devant tout le monde.
08:45C'était archi plein.
08:46C'était à Grenoble.
08:48Par contre, ce que je veux dire,
08:50c'est que toutes les infirmières qui étaient là,
08:53ou les internes, ils faisaient ce qu'ils pouvaient,
08:55et qu'on voyait qu'ils étaient débordés.
08:58Vous avez constaté cette limitation des moyens.
09:01Oui, parce que moi, je souffrais.
09:03On m'a mis sur perfusion une fois que j'ai eu passé le scanner.
09:07Écoutez Mireille, merci d'être venue nous témoigner justement de cette situation.
09:11On peut peut-être prendre Marie-Claire tout de suite.
09:13Théo, qui nous appelle de Charnecle.
09:15Bonjour Marie-Claire.
09:16Oui, bonjour.
09:17Alors, je pense qu'on va aussi parler de limitation de moyens avec vous.
09:20Oui, j'ai vraiment pu le constater.
09:23Le 17 juillet, on m'a posé une prothèse de hanche au CHU Sud, sans problème.
09:28Mais il y a une dizaine de jours,
09:30la jambe opposée, ça n'allait pas du tout.
09:33Donc, je suis allée aux urgences à voir dans la journée.
09:36Et c'est pareil, j'ai pu constater qu'ils faisaient tout ce qu'ils pouvaient,
09:40mais bon, ils n'avaient que deux bras.
09:43Et au bout d'un moment, quand le médecin de garde m'a regardé la jambe,
09:48il ne s'arrêtait pas de dire,
09:49ah là là, si j'avais ce qu'il faut pour vous faire un Doppler et tout,
09:53il a beaucoup hésité.
09:55Bon, j'ai une bactérie, ils l'ont trouvée avec la prise de sang.
10:00Mais après, je suis revenue chez moi,
10:02et le lendemain, j'ai pu voir un angiologue dans le privé qui avait eu une flébite.
10:07C'est pour vous dire que, bon, s'il avait eu le matériel, j'aurais pu le voir tout seul.
10:12Oui, ils auraient pu vous épargner tout ça, Marie-Claire.
10:14Merci beaucoup, Marie-Claire.
10:15Ils ont été dépassés tous.
10:17On entend bien, on entend bien tout cela.
10:19Merci beaucoup d'être venue nous témoigner de tout ça,
10:21puis on peut peut-être faire réagir notre partenaire.
10:23Vous connaissez un médecin anesthésiste, réanimateur, secrétaire général du syndicat des médecins hospitaliers force ouvrière.
10:28Ses témoignages, j'imagine qu'il ne vous étonne pas, il vous inspire quoi ?
10:32Votre réaction ?
10:34Par exemple, ce que raconte la dame sur le fait qu'elle n'ait pas pu avoir d'angiologue
10:39qui recherche la flébite,
10:43c'est le résultat de tout ce qu'on a dit.
10:46C'est le résultat d'une numérosclosure,
10:48c'est le résultat du fait qu'on n'a pas formé assez de médecins,
10:51qu'on n'a pas assez de lits.
10:53Ça donne ce résultat là, concrètement.
10:55C'est pour ça qu'on prend du temps pour se bagarrer.
10:59Je voudrais rendre hommage à tous les chefs de service,
11:02tous les personnels partout qui se bagarrent pour continuer que ça fonctionne.
11:05Mais à un moment donné, on se trouve confronté à ce défaut de moyens.
11:09Nous on a une obligation de moyens qu'on n'est plus capable de respecter complètement.
11:12Et c'est ça qu'il faut arriver à résoudre.
11:15Et on entend aussi derrière ces témoignages,
11:17tout le respect pour ces professions médicales.
11:20On entend bien qu'ils essayent au quotidien de faire malgré le manque de moyens.
11:24Je pense que tout le monde s'aperçoit de la situation dans laquelle nous sommes.
11:27Pour sortir, il va falloir qu'à la fois les professionnels et la population
11:32trouvent les voies et les moyens, je dirais.
11:35Mais après, on va parler de politique.
11:37Affaire à suivre, effectivement.
11:38Merci beaucoup Cyril Venet d'avoir été notre invité ce matin.
11:41Médecin anesthésiste, chef de service à l'hôpital de Voiron
11:44et secrétaire du syndicat des médecins hospitaliers Force Ouvrière.
11:47Belle journée, merci.
11:48Et merci.
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