La justice française est-elle trop laxiste ?

  • le mois dernier
Avec Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Un1té et Philippe-Henry Honegger, avocat pénaliste associé du Cabinet Ruben & Associés

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##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-08-29##

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Transcript
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:04Vous êtes sur Sud Radio, il est 9h10, excellent réveil si vous nous rejoignez.
00:08Notre débat ce matin, la justice française est-elle trop laxiste ?
00:13Nous en débattrons avec vous au 0826-300-300, avec nos invités également,
00:17Linda Kebab, déléguée nationale du syndicat Unité Police.
00:20Bonjour à vous, Linda Kebab.
00:22Bonjour.
00:22Nous sommes aussi avec Philippe-Henri Honegger,
00:24avocat, pénaliste, associé au cabinet, Ruben est associé.
00:28Bonjour à vous, Maître.
00:28Bonjour.
00:29Bienvenue à tous les deux sur Sud Radio.
00:31Je le disais, la justice française est-elle trop laxiste ?
00:35C'était le cri du cœur hier de la veuve du gendarme Eric Comines,
00:38Laurie Leclerc, pardonnez-moi.
00:40Oui, Harmonie Comines qui a eu ses mots forts.
00:42« La France a tué mon mari.
00:43Pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ? »
00:47Ce suspect connu de la justice pour 10 faits, 10 condamnations.
00:51Il affirme avoir percuté involontairement le gendarme.
00:54Il a été mis en examen pour meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique,
00:58placé en détention provisoire.
00:59Il risque la prison à perpétuiter.
01:01Donc un suspect multirécidiviste, mais en liberté.
01:04Quand on est condamné, Laurie, la prison n'est pas automatique.
01:08La peine peut d'une part être aménagée.
01:10Si elle est inférieure à un an, bracelet électronique,
01:12semi-liberté, placement à l'extérieur.
01:14Les peines de moins de six mois doivent obligatoirement être aménagées.
01:17Et puis il y a les délais d'incarcération.
01:19Près d'un détenu sur deux n'est pas mis derrière les barreaux immédiatement,
01:22malgré une condamnation et la prison ferme.
01:24Autre problème, la surpopulation carcérale qui a atteint des records.
01:2777 450 personnes incarcérées au 1er avril dernier.
01:31Effectivement, alors beaucoup de réactions politiques
01:33qui sont intervenues après ce discours poignant.
01:35Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
01:38qui comprend ce cri de détresse et de colère,
01:41malgré la demande de la veuve de ne pas utiliser son discours à des fins politiques.
01:45Il y a eu ces réactions.
01:46Jordan Bardella qui a affirmé qu'il n'y avait rien à retirer à son constat.
01:49Pour Laurent Wauquiez, ce cri de douleur constitue un appel au sursaut.
01:53Éric Zemmour écrit sur X,
01:55les politiciens, par leur insuffisance et leur idéologie,
01:58laissent des Français mourir.
01:59Réaction également à gauche.
02:01Ce matin, Clémentine Autain, députée NFP, déclare
02:05penser que la solution ça serait de mettre tout le monde en prison,
02:08tuer les gens qui refusent d'obtempérer.
02:10C'est non.
02:10Exactement.
02:11Et Lucie Castet, la prétendante du Nouveau Front Populaire,
02:14qui était l'invité d'une radio concurrente il y a quelques minutes,
02:17qui ajoute que les forces de l'ordre et la justice manquent de moyens
02:20et que c'est l'une des raisons principales de ce drame qui est intervenu.
02:24Linda Kebab, on parlait à l'instant des réactions suscitées
02:27par le discours poignant de la veuve d'Éric Comine.
02:30Elle a été accusée, traînée dans la boue par un certain nombre d'internautes
02:33qui l'ont accusée d'être une facho et quelqu'un d'extrême droite,
02:36qui cherchait même, pour certains, une investiture Rassemblement National.
02:40Est-ce que c'était des mots d'extrême droite pour vous, ce qu'elle a dit hier ?
02:43Pour ma part, je n'ai pas l'habitude, je ne le faisais pas avant,
02:46je ne le ferais pas aujourd'hui, de commenter les mots d'une femme
02:48qui est frappée à juste titre par l'émotion,
02:50qui perd son conjoint, un serviteur de l'État, un gendarme,
02:53qui protégeait la société, qui était sur la route,
02:55dans une mission de sécurité, et qui laisse deux orphelins.
02:58Donc cette dame est une veuve qui va élever ses deux enfants
03:01et qui a parlé, c'est un cri du cœur.
03:02La responsabilité, elle est dans la bouche des hommes politiques,
03:05des hommes et des femmes politiques, évidemment, des acteurs publics,
03:08mais on n'a pas demandé à une personne qui est dans le désarroi d'être raisonnable.
03:13Et puis le problème de ces gens qui l'injurient,
03:15parce que là, vous avez fait état d'un mot comme celui de facho,
03:18mais malheureusement, cette dame a eu droit aussi à des menaces de mort,
03:21Ça a été votre cas dans le passé, je le précise à titre personnel.
03:24Malheureusement, on a l'habitude, c'est un mal français, mais on fait avec.
03:27Elle a eu des injures extrêmement dures à son encontre et à l'égard de ses enfants
03:31de la part de personnes qui ont accepté quand même
03:34des discours extrêmement politisés de militants associatifs
03:37contre, je cite entre guillemets, les violences policières,
03:40et qui passent leur temps à dire que la France et la police tuent,
03:44la France et la police sont des états d'apartheid, etc.
03:47Donc je trouve ça assez hypocrite de leur part
03:50de juger une femme qui parle dans l'émotion d'une chose qui est vraie,
03:53elle vient de perdre son mari sous les roues d'une voiture,
03:56tuée sous les roues d'une voiture d'un homme multirécidiviste,
03:59c'est un fait, qui n'a pas obtempéré visiblement un contrôle de gendarmerie,
04:04c'est un fait, et qui est mis en examen pour meurtre, c'est un fait.
04:07Donc je ne vois même pas pourquoi est-ce que des personnes jugent cette dame
04:10quand ces mêmes personnes trouvent toutes les raisons du monde,
04:14et c'est le cas encore aujourd'hui parce qu'ils n'ont pas un mot pour la victime,
04:17toutes les raisons du monde aux délinquants d'être des délinquants.
04:20Alors justement, parlons du profil Philippe-Henri Honegger,
04:22de l'homme qui a été incarcéré.
04:24Il a 39 ans, il était en état d'ivresse au moment de son interpellation
04:28quand les policiers et les gendarmes leur trouvaient son casier judiciaire.
04:31Dix condamnations, principalement pour des atteintes aux personnes,
04:35des infractions à la circulation, à la circulation routière,
04:38évidemment il risque la prison à perpétuité à ce stade puisqu'il a tué un gendarme.
04:42Est-ce que vous comprenez la colère de beaucoup de Français,
04:45à commencer par la famille de ce gendarme, qui se disent
04:48comment se fait-il qu'un homme pareil, après tout ce qu'il a fait,
04:51soit encore en liberté, Philippe-Henri Honegger,
04:53et en plus au volant d'une voiture, avec ses neuf points ?
04:56Moi je comprends la colère, l'indignation, la tristesse de cette dame
05:03qui a perdu son mari.
05:05Je comprends et je peux comprendre la colère de tout ça chacun
05:09face à une situation absolument tragique d'un gendarme
05:13qui est décédé dans l'exercice de ses fonctions.
05:16Mais malheureusement la question que vous me posez, c'est pas celle-là.
05:19La question que vous me posez, c'est est-ce qu'on doit être en colère
05:23de savoir que quelqu'un qui a commis une dizaine d'infractions,
05:27notamment routières et peut-être des violences sur les personnes,
05:30ne soit pas en prison, et si je comprends bien votre question,
05:33en prison à vie ?
05:35Est-ce que vous savez quand a eu lieu la dernière condamnation ?
05:39Est-ce que vous savez quelle était la gravité de cette condamnation ?
05:42Est-ce que vous savez le temps éventuel qu'il a ou pas passé en prison
05:45suite à ces condamnations ? Moi j'en sais rien.
05:47Donc en fait, l'indignation dont vous faites état,
05:49c'est de dire que quelqu'un qui a commis dix infractions dans sa vie
05:52pour des infractions routières et des violences,
05:54il devrait être en prison.
05:55On parle de dix condamnations quand même.
05:57C'est au-delà de l'infraction.
05:59On n'est pas sur une amende ou même...
06:01Une infraction c'est ça, ça peut être un délit.
06:03Je ne crois pas qu'il ait été condamné pour des crimes.
06:05Mais la question c'est, est-ce que quand on a commis dix infractions dans sa vie,
06:08il doit être en prison jusqu'à la fin de sa vie en France ?
06:12Non, non, je ne comprends pas cette indignation-là.
06:15Parce qu'en fait, c'est l'indignation de gens, un,
06:18qui ne connaissent pas le système judiciaire,
06:20qui ne connaissent certainement pas les faits
06:22pour lesquels ce monsieur a été condamné.
06:24Et surtout, je crois, il y a un véritable problème pédagogique
06:27de comment doit fonctionner la justice
06:30et surtout, qu'est-ce qui marche et qu'est-ce qui ne marche pas.
06:33Aujourd'hui, on a un recul sur la manière dont les condamnations
06:37et notamment les incarcérations fonctionnent en termes de récidive.
06:41Si le but qu'on s'accorde tous à avoir
06:44est de dire, à travers les condamnations qui sont prononcées,
06:47ce qu'on veut c'est éviter au maximum la récidive,
06:49je vous donne la réponse qui est celle d'études scientifiques
06:52qui ont été faites avec le temps,
06:54ça ne sert à rien de condamner plus et plus fort
06:58pour tout un tas d'infractions.
07:00Alors qu'est-ce qu'il aurait fallu faire,
07:02on va donner la parole à Linda Kebab,
07:04pour un homme qui manifestement a été condamné dix fois.
07:06Parce que manifestement, ce qui a été fait n'a pas marché non plus, Linda Kebab.
07:09Ce qui a été fait n'a pas marché, moi je suis d'accord sur une chose,
07:12c'est que la prison française, je ne sais pas pour les autres pays,
07:15est un incubateur à récidive.
07:17Mais la plupart des personnes qui vont en prison
07:20sont déjà des récidivistes,
07:22puisque vous avez eu la pertinence de faire la dissociation
07:25entre les infractions et les condamnations,
07:26il a été en effet condamné dix fois,
07:28or il est connu pour bien plus de faits
07:30et il a été aussi parfois bénéficiaire de rappels à la loi, etc.
07:34Il y a une distinction, j'aimerais vous interrompre,
07:36parce que la distinction que vous venez de faire, elle est importante.
07:38On entend toujours, la prison fabrique des récidivistes,
07:41mais vous nous le dites vous-même,
07:42il faut déjà être récidiviste concrètement
07:44pour aller en prison en France.
07:45Par conséquent, on n'a aucune preuve
07:47que ce soit la prison qui entraîne la récidive,
07:49puisqu'on est déjà récidiviste.
07:50En réalité, la prison française n'a pas aujourd'hui la capacité
07:53à faire sortir les gens du parcours délinquant,
07:55à les réinsérer.
07:56Alors certains, parce qu'ils ont des profils
07:58pour lesquels, j'ai envie de vous dire,
08:00de manière très lambda, on peut dire,
08:02c'est très compliqué et on a peut-être peu de chances
08:05de réussir à les re-sociabiliser
08:07et faire d'eux des personnes honnêtes.
08:09Mais il y a une grande partie de la population,
08:11enfin en tout cas de la population carcérale,
08:13face à laquelle les moyens sont absolument insuffisants.
08:16Vous parlez sur population carcérale,
08:18mais le fait d'être emprisonné avec des personnes
08:21qui, entre elles, s'entraînent finalement
08:24à être des délinquants plus forts que le voisin d'à côté,
08:26je suis désolée, mais ce n'est absolument pas la solution.
08:28Moi, je pense qu'en effet,
08:30les conditions d'incarcération en France,
08:32elles ne sont pas à la hauteur,
08:33elles ne sont pas à la hauteur de notre objectif.
08:35Parce que la prison, c'est deux choses.
08:36Un, c'est réparer la victime,
08:37parce que parfois, il y a des victimes qui ont besoin,
08:39je suis désolée que l'auteur aille en prison,
08:40pour avoir le sentiment d'être réparé,
08:42et je suis là-dessus, on ne va pas juger.
08:43Deux, c'est de mettre la société en sécurité
08:45en bannissant de cette société,
08:47et c'est ça aussi la vertu de la prison,
08:49et bien en bannissant de la société,
08:51les auteurs, la prison, c'est mettre au banc de la société.
08:54Et la troisième chose, c'est que la prison doit permettre
08:56de faire en sorte que ce parcours d'élinquance cesse,
08:58et notamment avec un vrai programme de réinsertion,
09:01d'apprentissage, etc.
09:02Et là-dessus, on est à la ramasse en France,
09:04on est complètement zéro pointé.
09:05Eh bien, on va en parler.
09:06Justement, comment expliquer qu'un homme puisse être condamné
09:08une dizaine de fois en si peu de temps ?
09:10On en parle avec vous tous, avec nos deux invités,
09:13et avec vous au 0826-300-300.
09:15Tiens, vous parliez de la surpopulation carcérale.
09:17Au 1er avril dernier, il y avait 77 450 personnes incarcérées,
09:21c'était 4 300 de plus.
09:23Donc, on emprisonne en France,
09:25malgré tout, dans certains établissements,
09:27la surpopulation est de 200 %.
09:29C'est-à-dire, il y a deux détenus pour une place.
09:32Concrètement, c'est incroyable.
09:34On en parle avec vous, à tout de suite sur Sud Radio.
09:40Il est 9h23 à Sud Radio.
09:42La justice française est-elle trop laxiste ?
09:44Comment mettre un terme à la récidive ?
09:46Ou du moins, mettre un terme au parcours de délinquance
09:49de profils comme celui de l'homme
09:51qui a fauché ce gendarme, Eric Comine,
09:53toujours dans les Alpes-Maritimes.
09:55On en débat avec nos deux invités,
09:57l'Inda Kebab, policière déléguée nationale
09:59du syndicat Unité Police,
10:01et Philippe-Henri Honegger, avocat pénaliste
10:03associé du cabinet Ruben.
10:05Vous disiez, justement,
10:07la police n'est pas une solution,
10:09c'est scientifiquement démontré.
10:11C'est ce que vous nous disiez.
10:17La prison n'est pas une réponse
10:19et ne met pas un terme à la récidive.
10:21Mais nous, on expliquait avec Inda Kebab,
10:23il y a quelques instants, que concrètement,
10:25en France, comme on n'a pas assez de places de prison
10:27pour que vous y arriviez, il faut déjà être récidiviste.
10:29Par conséquent, il n'y a pas de preuve
10:31que la prison entraîne la récidive.
10:33Non, ce n'est pas ça ce que j'essaie de vous dire.
10:35Intéressons-nous à ce cas précisément,
10:37parce qu'en fait, quand on fait des généralités
10:39avec la justice, on passe forcément à côté du sujet.
10:41Le cas, en l'occurrence, c'est un garçon
10:43qui visiblement, à au moins une dizaine
10:45de reprises, a soit commis des violences,
10:47soit commis des infractions routières,
10:49c'est-à-dire probablement des conduites sans permet
10:51ou des conduites en état alcoolique
10:53ou sont l'emprise de stupéfiants.
10:55La question qu'on se pose, c'est ce monsieur,
10:57comment on fait pour qu'il ne recommence pas ?
10:59Comment on fait pour ne pas en arriver
11:01aux faits qui nous occupent aujourd'hui ?
11:03Parce que les faits qui nous occupent aujourd'hui
11:05sont sans commune mesure avec son passé.
11:07On a un mort, il y a eu une réponse judiciaire
11:09qui est venue immédiatement, qui est ferme,
11:11il est placé en détention provisoire,
11:13on étudiera la question, mais probablement que s'il est condamné,
11:15on aura une peine qui sera à la hauteur de la gravité.
11:17C'est ce qu'il y avait avant. Comment on faisait avant
11:19pour empêcher d'en arriver là ?
11:21Ce que nous dit
11:23toutes les études depuis une vingtaine d'années,
11:25c'est que si vous avez conduit
11:27en état alcoolique, si vous avez conduit sans permis,
11:29si vous vous êtes battu dans votre vie,
11:31vous mettre en prison,
11:33ça ne servira à rien
11:35pour empêcher que vous recommenciez.
11:37Ce qui va servir, c'est que vous ayez un suivi social,
11:39c'est que vous ayez des gens derrière vous
11:41pour, par exemple, vous faire passer votre permis de conduire,
11:43que vous alliez voir des psychologues
11:45ou des alcologues pour vous empêcher
11:47de recommencer à consommer et à conduire.
11:49Ça, ça marche.
11:51Mais le problème, c'est que comme l'ambiance générale
11:53de notre société est de dire
11:55« il faut mettre tout le monde en prison, il faut mettre tout le monde en prison »,
11:57on ne met pas les moyens
11:59là où il faudrait les mettre.
12:01Je suis un peu gêné d'entendre ce que vous dites,
12:03parce que je n'entends pas parler de la responsabilité individuelle
12:05de l'homme qui commet les infractions.
12:07Si je vous écoute,
12:09maître, j'ai l'impression que c'est la faute de la société
12:11si cet homme a tué un gendarme.
12:13J'ai une vision pragmatique des choses.
12:15C'est-à-dire que la responsabilité individuelle,
12:17elle est évaluée par les juges
12:19au moment où vous commettez les faits.
12:21Mais la question qu'on doit...
12:23Il y a un contexte, malgré tout.
12:25Bien sûr, mais la question qu'on doit se poser,
12:27c'est comment on fait pour empêcher
12:29ce monsieur, un jour,
12:31de continuer à conduire, éventuellement
12:33sans permis ou en état alcoolique,
12:35ou en état alcoolique,
12:37en tous les cas, au point de faire un refus d'obtempérer.
12:39La réponse que nous donne,
12:41j'allais dire, la science
12:43depuis une vingtaine d'années,
12:45c'est pas la pédagogie.
12:47C'est que les sanctions,
12:49parce que c'est des sanctions, ça doit être d'imposer
12:51à ces gens-là, non pas de les enfermer
12:53dans 9m2 avec 4 personnes
12:55à dormir sur des matelas,
12:57mais de donner les moyens pour qu'effectivement,
12:59ils changent et qu'ils deviennent meilleurs.
13:01Ce qui voudrait dire qu'il n'y a pas de dissuasion pénale
13:03en quelque sorte pour des profils comme celui-ci,
13:05Linda Kebab, vous le confirmez ?
13:07Il peut y avoir la dissuasion sur certains profils pour la primo-délinquance.
13:09C'est-à-dire que si on avait la faculté en France
13:11de cesser le parcours délinquant,
13:13notamment chez les adolescents ou les très jeunes adultes
13:15qui commettent une infraction
13:17et qui ne sont pas des habitués, en fait, de la délinquance,
13:19vous pouvez, par la prison,
13:21leur faire peur, en tout cas. Mais le problème,
13:23c'est qu'en France, il y a deux choses, et c'est important de le préciser,
13:25on n'a pas la philosophie de la très courte peine.
13:27Très courte peine, c'est pas 6 mois, c'est une semaine, deux semaines.
13:29C'est-à-dire non désociabilisant,
13:31par exemple pendant les congés scolaires,
13:33pendant une période de congé,
13:35donc personne ne le sait, mais il faudrait dans ces cas-là
13:37une cellule individuelle et apporter
13:39un programme de réinsertion qui dit
13:41ce que tu as fait n'est pas bien, et on va t'apprendre
13:43à ne plus le continuer.
13:45Il y a des SASS en France, on a le système de SASS
13:47qui est proposé aux détenus
13:49de longue période, de quelques semaines avant leur sortie,
13:51c'est un SASS, en fait, qui va
13:53leur apprendre à s'y insérer.
13:55On ne le fait pas de facto, notamment pour des très courtes peines,
13:57parce qu'on n'a pas cette philosophie. Et juste un dernier point,
13:59le problème, c'est qu'on a un discours qui est très polarisé
14:01en France, c'est-à-dire que, d'un côté,
14:03vous avez ceux qui estiment qu'en effet,
14:05il faut mettre 15 personnes dans une cellule avec du pain rassis
14:07et leur faire casser des cailloux toute la journée.
14:09Aux îles Pierre Guélen, on l'a déjà entendu.
14:11Grosso modo, ce que vous caricaturez il y a quelques secondes.
14:13En effet, il y a des personnes qui ont ce discours.
14:15Moi, je pense que ce n'est pas une bonne idée, sauf pour la pédocriminalité,
14:17mais ça, c'est la mère qui parle. Et puis, de l'autre côté,
14:19vous avez les personnes qui disent qu'il ne faut pas de prison, il ne faut que
14:21de l'accompagnement social. En fait, on peut faire les deux.
14:23C'est-à-dire qu'on peut bannir de la société en mettant en prison,
14:25on peut punir, c'est-à-dire la responsabilité individuelle
14:27des libres arbitres qui sont mis en avant.
14:29Et de l'autre côté, pendant la peine de prison,
14:31avoir un véritable accompagnement social,
14:33psychologique, etc., contre les addictions.
14:35Mais en fait, on n'a pas ça en France.
14:37C'est-à-dire qu'on met en prison, on met les gens devant une Playstation,
14:39on les met à trois dans une cellule, sans projet.
14:41Il n'y a pas de projet en France.
14:43Et résultat, on a des personnes qui sortent
14:45pour lesquelles la prison est un totem.
14:47Parfois, c'est difficile à entendre par la société.
14:49Je vais revenir sur une polémique qui a fait scandale
14:51auprès des surveillants pénitentiaires il y a deux semaines.
14:53C'était ce braqueur qui a été condamné
14:55à une longue peine de prison, un braqueur dangereux
14:57qui s'était déjà évadé en faisant sauter un mur.
14:59Les surveillants étaient furieux
15:01d'apprendre qu'il allait passer son permis
15:03et qu'il pouvait sortir finalement sans surveillance
15:05pour prendre des cours de permis
15:07alors même qu'il n'était pas libérable avant les années 2030,
15:09si je ne m'abuse.
15:11Vous comprenez, Philippe-Henri Honegger,
15:13que la réaction de la société,
15:15ça fait aussi partie de l'équation ?
15:17Et qu'il faut en tenir compte ?
15:19Encore une fois, que les gens
15:21s'insurgent, s'indignent,
15:23ce qu'ils ressentent, je ne vais pas vous dire, ne vous indignez pas.
15:25En revanche, qu'il y ait un problème
15:27de pédagogie générale et de compréhension
15:29sur qu'est-ce qui fonctionne
15:31et qu'est-ce qui ne fonctionne pas,
15:33c'est ce qui devrait conduire à faire en sorte que les gens
15:35ne s'indignent pas. Je suis tout à fait d'accord
15:37avec ce qui a été dit là. La prison, si demain,
15:39au lieu de dire la prison comme une sorte de truc horrible,
15:41on disait en fait que la prison,
15:43c'est un endroit cadrant dans lequel
15:45vous avez des formations, vous avez des
15:47réformations, c'est-à-dire des moyens de changer,
15:49de vous améliorer, mais moi je n'ai pas de problème
15:51avec les gens dans ce cadre-là. Vous voyez ce que je veux dire ?
15:53Il y a une étude extrêmement
15:55intéressante de ce point de vue-là qui a été
15:57faite et qui vient démontrer que
15:59ce qui fait que les gens ne
16:01commettent pas d'infraction, c'est-à-dire avant même
16:03qu'ils la commettent, ce qui les empêche de passer à l'acte,
16:05c'est ça. C'est-à-dire, c'est pas
16:07la peur de la prison, c'est pas de se dire
16:09je vais avoir une pête de 250 ans,
16:11ça ne change rien, que vous ayez 20 ans ou 250 ans,
16:13ça ne change rien. Ce qui fait qu'on a
16:15peur de passer à l'acte, c'est qu'on a la
16:17quasi-certitude qu'on va se faire prendre. Ça veut dire
16:19quoi ? Moins de prison, plus de
16:21police. Exemple routier
16:23extrêmement connu en France,
16:25quand on a commencé à mettre les radars
16:27automatiques sur toutes les routes,
16:29le nombre d'infractions a baissé.
16:31Avec un effet secondaire qui n'était
16:33pas prévu, c'est qu'il y a eu moins de contrôle routier
16:35fait par les gendarmes sur les
16:37autoroutes et par conséquent on se retrouve aussi quand même
16:39avec beaucoup d'automobilistes sans permis.
16:41Le nombre d'excès de vitesse a baissé,
16:43le nombre d'accidents sur la route
16:45a baissé justement parce que les gens se disaient
16:47dès que je vais conduire vite, je vais me faire prendre.
16:49Et c'est ça qui fait qu'on ne commet pas d'infractions.
16:510 826 300 300. Direction
16:53Château dans les Yvelines sur le 99.9
16:55FM pour Sud Radio.
16:57On trouve Jean-Pierre. Bonjour mon cher Jean-Pierre.
16:59Bonjour. Bienvenue
17:01sur Sud Radio. Beaucoup de colère,
17:03beaucoup d'émotion et d'indignation
17:05depuis hier à l'écoute du discours
17:07d'Harmonie commune. Vous l'avez partagé
17:09vous ou pas cette indignation Jean-Pierre ?
17:11Oui,
17:13j'ai eu la chance de vivre à l'étranger
17:15j'ai vécu en Chine
17:17où la sécurité est omniprésente.
17:19L'exemple extrême.
17:21Oui, l'exemple extrême.
17:23Mais en Chine, on n'a pas peur de se balader,
17:25on a des portiques dans tous les métros,
17:27on a des portiques partout où on passe, tous les bagages sont scannés.
17:29Vous ne pouvez pas vous balader avec un spray,
17:31vous ne pouvez pas vous balader avec un sytôme.
17:33Vous rigolez monsieur,
17:35mais en France, franchement...
17:37On ne va pas donner des exemples de droits
17:39à la France en prenant l'exemple de la Chine.
17:41Je ne peux pas vous donner un exemple de droit.
17:43Laissons Jean-Pierre terminer, on va lui répondre.
17:45Je vous parle de sécurité,
17:47moi maintenant, je vous avoue, j'ai une fille de 10 ans,
17:49je n'ai pas envie qu'elle se balade toute seule dans la rue.
17:51Pourtant j'habite à Chatoux, on est dans les îles vides, dans des quartiers plutôt sympas.
17:53Mais avec tout ce qu'on voit,
17:55avec tout ce qu'on entend,
17:57votre système de...
17:59Il y a des gens qui sont en prison qui ne devaient pas y être.
18:01Un fumeur de shit qui soit en prison, je ne vois pas ce qu'il y fait.
18:03Un petit vendeur de shit
18:05qui a vendu 100 grammes qui se retrouve en prison,
18:07il n'a rien à y faire.
18:09Le problème c'est qu'on mélange.
18:11J'ai un neveu qui s'est retrouvé en prison parce qu'il vendait 200 grammes de shit
18:13et il a fait 3 mois.
18:15Mais il s'est retrouvé au milieu de gens
18:17qu'il n'aurait jamais dû côtoyer.
18:19Il est là le problème, c'est qu'on met des petits dealers avec des mecs,
18:21des narcotrafiquants ou des choses comme ça.
18:23Quand ils ressortent, ils n'ont qu'une envie, c'est de faire plus de fric.
18:25Aujourd'hui la prison, elle ne dissuade pas,
18:27notre police ne fait plus peur.
18:29A partir de là, il ne faut pas s'étonner de ce qui se passe.
18:31Un mec, il prend le volant, la voiture c'est une arme.
18:33Quand vous voyez les condamnations des gens
18:35qui tuent avec une voiture,
18:37je suis désolé, quand le mec prend 4 ans parce qu'il a tué quelqu'un avec sa voiture,
18:39je suis désolé.
18:41Un mec qui tue avec une voiture, c'est une arme.
18:43Il doit être condamné comme quelqu'un qui a tué avec une arme.
18:45Le problème, il est là.
18:47Quand vous avez un flic qui vous dit
18:49de toute façon ça ne sert à rien que je l'arrête,
18:51dans 2 heures il est dehors, vous trouvez ça normal ?
18:53On va faire réagir nos invités
18:55à ce que vous disiez, Jean-Pierre.
18:57Merci d'avoir pris la parole depuis Château.
18:59A l'exception de la situation en Chine,
19:01parce qu'après tout,
19:03la sécurité y est présente pour des raisons évidentes.
19:05Plusieurs centaines de milliers de personnes
19:07se retrouvent actuellement en camp de concentration,
19:09notamment dans le Xianyang. Mais revenons malgré tout sur ce qu'il disait.
19:11Les policiers qui disent
19:13que ça ne sert à rien que je l'arrête,
19:15dans 2 jours il est dehors, ça l'Inda Kebab,
19:17je vous ai entendu le dire dans le passé sur Sud Radio, c'est une évidence.
19:19C'est un exemple parmi tant d'autres.
19:21Oui, narguer par des personnes qui sont sorties
19:23alors qu'on n'a pas encore fini de rédiger le procès-verbal d'interpellation,
19:25ça existe,
19:27c'est désemparant, c'est démotivant,
19:29et puis ça conduit
19:31à un syndrome chez les forces de l'ordre d'inutilité.
19:33Et de facto il y a aussi
19:35un élément qui est en train de doucement
19:37s'instaurer dans notre société française,
19:39c'est une culture de la transgression qui frappe
19:41tous les niveaux socio-économiques,
19:43et tous les territoires géographiques. Non, beaucoup plus important,
19:45tout à l'heure vous parliez de la peur du gendarme, je parlais
19:47de le respect du gendarme ou du policier.
19:49En fait c'est vrai qu'aujourd'hui il n'y a plus cette notion-là,
19:51c'est-à-dire que le rapport qu'ont les gens, parfois,
19:53alors pas tous heureusement, mais en tout cas une certaine
19:55partie de la population avec le policier et le gendarme,
19:57c'est presque d'égal à égal,
19:59estimant que le contrôle n'est pas légitime,
20:01c'est une forme de défiance,
20:03la transgression permanente. Elle a une contestation permanente
20:05de l'autorité, mais pas que des policiers, du médecin
20:07au service des urgences, du magistrat
20:09au tribunal, du professeur à l'école,
20:11et là il y a vraiment un sujet
20:13d'éducation. Et juste un dernier point,
20:15on parlait des personnes qui sortent
20:17pour lesquelles il y a
20:19une vraie démotivation auprès des forces
20:21de l'ordre, il y a un sujet aussi du côté de la justice
20:23qui manque de moyens, clairement,
20:25avec une surcharge déparquée. Je vais vous donner juste un exemple
20:27que les auditeurs entendent. Quand
20:29un policier ou un gendarme
20:31appelle le substitut du procureur pour lui
20:33l'aviser de l'interpellation d'une personne,
20:35du résultat de l'enquête, pour savoir quelles sont
20:37les suites qui vont être données. Est-ce qu'on le défère ? Est-ce qu'on le libère ?
20:39Est-ce qu'on le convoque pour une audience
20:41au tribunal ? Eh bien, c'est une heure
20:43d'attente parce que les substituts de procureurs
20:45enchaînent les appels. Et vous savez quoi ? A la fin,
20:47on ne traite plus des dossiers humains. On traite des
20:49dossiers de numéros. Et vous n'avez plus le temps
20:51de traiter d'un point de vue humain.
20:53Vous vous retrouvez avec des convocations
20:55de justice dans 8 mois, 10 mois,
20:57et des personnes qui, 10 mois après, sont condamnées
20:59avec des mises en application de la condamnation
21:0112 mois après. Ça n'a plus de sens.
21:03Juste le mot de la fin pour vous, Philippe Aurignac.
21:05Je partage totalement le constat qui vient
21:07d'être indiqué. Je suis d'ailleurs assez d'accord avec ce que
21:09dit ce monsieur. C'est-à-dire qu'il dit, il y a certaines personnes
21:11qui n'ont rien à faire en prison parce que c'est l'école
21:13du crime, exactement. Mais en fait,
21:15c'est aussi le cas de celui qui a conduit sans
21:17permet ou qui a conduit en état alcoolique. Le problème,
21:19c'est qu'est-ce qu'on a fait derrière ? Est-ce que celui qui a
21:21tué un gendarme en faisant un refus d'obtempérer,
21:23il doit être condamné et il doit être condamné
21:25à une sanction lourde ? Il n'y a pas de débat. Tout le monde
21:27est d'accord. Mais ce n'était pas ça, notre débat.
21:29Je vous dirais juste une chose. Si on
21:31voulait être, par exemple, plutôt que de parler de la
21:33Chine, au niveau du taux d'incarcération
21:35des Etats-Unis, c'est 7 fois
21:37plus qu'en France. Si on voulait construire suffisamment
21:39de prisons pour incarcérer tous ces
21:41gens-là, ça reprêterait 100 milliards
21:43d'investissements. 20
21:45milliards par an en plus.
21:47Nous, ce qu'on dit, et c'est d'ailleurs ce que vous dites,
21:49Madame, c'est qu'il suffit de rajouter,
21:51de doubler le budget de la justice.
21:53Le passer de 8 à 16 milliards
21:55et vous avez 2 fois plus de magistrats,
21:572 fois plus de procureurs, 2 fois
21:59plus de SPIP et vous avez une action
22:01extrêmement efficace pour faire baisser
22:03la délinquance. – Traduction de SPIP ?
22:05– SPIP, c'est les
22:07personnes qui font du contrôle social
22:09pour les personnes quand elles sortent de prison
22:11ou pour pas qu'elles aillent en prison. – On en apprend tous les jours sur Sud Radio.
22:13Merci Philippe-Henri Honegger,
22:15avocat pénaliste associé au cabinet Ruben
22:17et associé, merci beaucoup, Linda Kebab
22:19également, déléguée nationale du syndicat
22:21Unité Police. Il est 9h36
22:23sur Sud Radio. Nous parlions de délinquance,
22:25parfois qui peut avoir des conséquences
22:27dramatiques. On va parler de ce qui est encore pire
22:29dans quelques instants, les grandes histoires criminelles françaises.
22:31C'est avec le nouveau détective.
22:33Et Julie Rigoulet, à tout de suite.

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