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00:00Basseroud Yom Haïfaï, le président du Sénégal, qui dès son élection avait annoncé vouloir diversifier les partenariats avec 200 pays, écoutez-le.
00:11Très honoré d'effectuer cette première visite d'État en Chine.
00:17J'ai découvert un beau pays qui est parti de loin pour réaliser des oeuvres majestueuses dans le progrès social au bénéfice du peuple de la République populaire de Chine.
00:32J'aimerais donc être là pour renouveler et consolider avec vous les relations d'amitié et de coopération conviviale entre nos deux pays.
00:44Avec moi sur ce plateau Thierry Peyraud, directeur de recherche et mérite au CNRS EHESS. Merci beaucoup d'être avec nous sur ce plateau.
00:52On a entendu Basseroud Yom Haïfaï, le président sénégalais. Le Sénégal a élu Basseroud Yom Haïfaï en mars dernier et il n'a jamais caché sa volonté de se tourner vers de nouveaux partenaires.
01:05Le Sénégal est devenu en plus producteur d'hydrocarbures. Est-ce ce genre de partenariat que cherche la Chine finalement ?
01:13Je pense qu'il faudrait aborder le problème différemment. C'est-à-dire que là vous parlez du problème de la Chine en tant que tel alors qu'en fait il faudrait partir de l'Afrique.
01:24Et moi ce que je constate, avec le cas du Sénégal qui n'est pas unique, c'est une évolution du comportement, de l'attitude des dirigeants africains.
01:35Alors si je devais très rapidement dire quel est le bénéfice pour l'Afrique de la Chine, c'est d'avoir permis d'achever une certaine indépendance politique qu'ils n'avaient pas encore achevée à l'égard des anciennes puissances coloniales.
01:49Et aujourd'hui, ils sont en train d'en prendre la mesure de cette indépendance et donc ils sont en train de redéfinir leur rapport avec tous les pays de la planète, la Chine entre autres, mais que ce soit l'Inde, la Turquie, voire la Russie.
02:04Et il ne faut pas s'arrêter au discours très, dirons-nous, propagandiste ou de la rédaction telle qu'elle vient d'être faite là.
02:14Mais derrière il y a quelque chose, il y a une attitude beaucoup plus, dirons-nous, motrice, une volonté d'affirmation, de rediscussion de la part des pays africains.
02:28Donc il faut aujourd'hui, lorsqu'on s'intéresse aux présences chinoises en Afrique, se mettre toujours en perspective le fait que vous avez des pays africains qui commencent à très réellement discuter.
02:44Alors vous avez parlé de redéfinition des partenariats, mais jusqu'à présent les partenariats qui étaient plus ou moins définis, c'était des partenariats définis par la Chine.
02:55Alors ce que l'on voit précisément, et ce que tend indirectement à cacher l'organisation du FOCAC, c'est qu'il y a des discussions par derrière, à savoir qu'on est passé d'une situation où on avait l'Afrique, les pays africains, plus la Chine, à une série de discussions bilatérales par derrière.
03:15On va faire ses courses, on discute, mais en même temps on se livre à un discours fort préformaté lorsqu'on est devant les caméras.
03:21Alors très rapidement, avant de passer justement à ces petits changements qui sont en train d'opérer, quelles sont les limites de ces partenariats ? Il n'y a pas de transfert de technologie de la Chine vers ces pays africains, il n'y a pas non plus de création d'emplois, par exemple, puisque la Chine amène ses ouvriers pour la construction de ses infrastructures.
03:39Disons que c'est du vocabulaire purement politique. Il faut le prendre comme ça. Il y a effectivement des relations à la fois politiques, enfin c'est-à-dire des relations qui sont asymétriques.
03:50C'est-à-dire que, pour vous dire les choses clairement, de point de vue économique, l'Afrique ne représente pas grand-chose pour la Chine.
03:56Mais inversement, elle représente une certaine importance du point de vue politique. Ça représente toutes les voix des pays africains à l'Assemblée générale des Nations Unies qui peuvent, dirons-nous, aider, soutenir des propositions chinoises.
04:11Donc si vous voulez, vous avez les pays africains qui espèrent éventuellement, à travers des partenariats quels qu'ils soient, obtenir un soutien économique, en échange duquel la Chine espère avoir un soutien politique dans la scène internationale.