ÉDITO - Barnier à Matignon, ça peut fonctionner?

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Michel Barnier à Matignon, cela peut-il fonctionner ? C'est le sujet de l'édito politique de Matthieu Croissandeau ce vendredi 6 septembre.

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00:00Au-delà, évidemment, de la forme sur le front, est-ce que Michel Barnier, ça peut marcher ?
00:03Michel Barnier est un Premier ministre à la fois en sursis et sous surveillance.
00:07Il n'a pas de majorité à l'Assemblée, on le sait, mais il n'y a pas encore de majorité pour le faire tomber.
00:11Le Nouveau Front Populaire et ses 193 députés ont déjà annoncé la couleur.
00:14Ils déposeront dès que possible une motion de censure contre ce qu'ils appellent un déni de démocratie.
00:20Mais du coup, celle qui détient les clés, c'est Marine Le Pen, parce que 193 députés du Nouveau Front Populaire, ça n'est pas une majorité.
00:26Or, la chef de file des députés RN, elle a déjà fixé ses conditions.
00:29D'abord, ne pas être traité comme dépestiféré.
00:31Et, surprise, hier soir, dans sa première prise de parole, le Premier ministre a dit qu'il respecterait toutes les forces politiques.
00:36Elle a ensuite demandé que l'accent soit mis sur l'immigration hors contrôle, l'explosion de l'insécurité, le pouvoir d'achat des Français.
00:42Et, surprise, le nouveau Premier ministre a parlé de sécurité au quotidien, de maîtrise de l'immigration et de niveau de vie.
00:48Bon, Michel Barnier n'a pas eu non plus trop à forcer sa nature.
00:51Ça fait des années que les LR proposent bon an, mal an les mêmes solutions que le RN sur l'immigration ou la sécurité.
00:56Lui-même, Michel Barnier, lors de la primaire en 2021, avait proposé notamment un moratoire et un référendum sur l'immigration,
01:02de supprimer l'aide médicale d'État, de durcir l'asile, de durcir les conditions du regroupement familial
01:07et même de déroger certaines décisions de justice européennes.
01:09Et donc là, il va devoir composer un gouvernement.
01:12Oui, ça c'est la seconde étape et elle s'annonce particulièrement compliquée
01:14parce qu'il va d'abord falloir tenir compte de la parité, de la diversité, des représentations géographiques,
01:18mais aussi des représentations politiques.
01:20Est-ce qu'il va piocher chez LR ?
01:21Jusqu'à présent, Laurent Wauquiez avait dit ni coalition ni participation au gouvernement.
01:25Ça, ça pourrait peut-être changer.
01:27Est-ce qu'il va piocher dans le camp présidentiel ?
01:28Certains y sont prêts, y compris des ministres en poste qui se verraient bien continuer.
01:33Et est-ce qu'il va piocher à gauche ?
01:34Là, il y a peu de chances qu'il trouve quand même des candidats.
01:36La vérité, c'est qu'on risque de se retrouver avec un mix de LR et d'Ensemble,
01:40soit exactement la même chose que depuis sept ans.
01:43Et donc la même politique ?
01:44C'est la troisième étape.
01:45Il va lui falloir gouverner et c'est là, au-delà du casting,
01:48que se situe, à mon avis, l'anomalie voire l'aberration démocratique.
01:52Si les Français avaient voulu un Premier ministre LR,
01:54ils auraient voté pour LR.
01:56Or, ils se sont bananés à la présidentielle,
01:58bananés aux européennes, bananés aux législatives, les LR.
02:00Donc, ce n'est pas le cas.
02:01Si les Français avaient voulu continuer comme avant,
02:03ils auraient voté pour l'hélice du président.
02:05Ils ont fait le contraire.
02:06Le camp présidentiel a perdu 100 députés dans l'affaire.
02:09Alors, est-ce que l'addition de deux perdants peut donner un gouvernement gagnant ?
02:12Ça reste à prouver.
02:13La seule certitude, c'est qu'on va se retrouver avec un homme de droite
02:16qui va mener une politique de droite et du centre,
02:18sous le regard plus ou moins bienveillant de Marine Le Pen,
02:20alors que les législatives avaient clairement barré la route au RN
02:24et placé la gauche en tête.
02:25Et puis, il y a une autre inconnue,
02:26c'est le couple exécutif qu'il va former avec Emmanuel Macron.
02:29Oui, là, on va avoir la réponse très vite.
02:30Est-ce qu'Emmanuel Macron le laissera choisir son directeur de cabinet ?
02:33Est-ce qu'il n'avait pas fait pour ses prédécesseurs ?
02:35A priori, oui.
02:36Est-ce qu'Emmanuel Macron le laissera nommer tous les ministres qu'il veut,
02:39y compris dans les domaines qu'il estime les siens,
02:41la défense, les affaires étrangères,
02:43mais aussi on apprend l'intérieur et peut-être Bercy ?
02:45Ça, ça reste à démontrer.
02:47Il n'a pas posé des conditions, vous pensez, Michel Barnier ?
02:49Si, parce qu'on l'a vu hier soir lors de la passation de pouvoir.
02:52Il a promis un changement et des ruptures.
02:54On a vu en tout cas un changement de ton.
02:56Il a parlé de sentiments d'abandon, des colères des Français, d'injustice.
02:59Donc autrement dit, le bilan n'est pas terrible jusqu'ici.
03:01Il a toisé un peu quand même Gabriel Attal.
03:02Il a toisé aussi Gabriel Attal.
03:04Et puis, il a dit qu'il ferait différemment,
03:06en tout cas dans la méthode,
03:07en étant à l'écoute,
03:08en écoutant les partenaires sociaux notamment,
03:09ce qui n'est pas toujours ce qui a été fait.

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