GRAND DÉBAT / Comment expliquer le blocage politique après les élections législatives ?
« Le récap » par Elsa Mondin-Gava
Les élections législatives anticipées sont passées, mais on est pourtant bien loin de la "clarification" revendiquée par Emmanuel Macron pour justifier sa dissolution. En témoigne cette semaine intense de tractations et de tensions dans tous les futurs groupes politiques de l'Assemblée. Les députés du Nouveau Front populaire revendiquent unanimement la victoire, mais ils peinent à s'accorder sur le nom d'un Premier ministre. LFI, première force politique de l'alliance, juge normal qu'il soit issu de ses rangs, mais les autres partis représentés à l'Assemblée ont déjà prévenu : ils déposeront une motion de censure en cas de ministre insoumis au gouvernement. Dans une lettre aux Français publiée le 9 juin, Emmanuel Macron défend un gouvernement rassemblant « l'ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines », excluant donc LFI et le RN. Cette majorité plurielle appelée de ses voeux par le Président irait des sociaux-démocrates aux Républicains. Le parti, désormais dirigé à l'Assemblée par Laurent Wauquiez, a toutefois assuré qu'il ne participerait à aucune coalition gouvernementale. Comment les forces politiques vont-elles réussir à surmonter ce risque de blocage institutionnel sans précédent dans l'histoire de la Ve République ?
Invités :
- Michaël Darmon, éditorialiste i24News et auteur,
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
- Hadrien Brachet, journaliste politique à « Marianne »,
- Stewart Chau, directeur d'études chez Verian.
GRAND ENTRETIEN / Guillaume Kasbarian : les députés du camp Macron, vraiment « Ensemble » ?
Ministre délégué chargé du logement depuis février 2024 et proche de Gabriel Attal, Guillaume Kasbarian a été réélu pour la troisième fois consécutive dans la 1ère circonscription d'Eure-et-Loir. Arrivé pourtant second au premier tour, il a bénéficié du retrait du candidat du NFP pour finalement l'emporter face à la candidate RN. Emmanuel Macron ayant pour l'instant refusé la démission du gouvernement Attal, Guillaume Kasbarian continue d'assumer ses fonctions de ministre. Mais il s'est déjà dit prêt, « si le président le décide, à assumer des fonctions courantes ». À quoi ressemblera donc son quotidien ?
Grand témoin : Guillaume Kasbarian, ministre délégué au logement, député Renaissance d'Eure-et-Loir
LES AFFRANCHIS
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- Bertrand Périer, avocat.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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« Le récap » par Elsa Mondin-Gava
Les élections législatives anticipées sont passées, mais on est pourtant bien loin de la "clarification" revendiquée par Emmanuel Macron pour justifier sa dissolution. En témoigne cette semaine intense de tractations et de tensions dans tous les futurs groupes politiques de l'Assemblée. Les députés du Nouveau Front populaire revendiquent unanimement la victoire, mais ils peinent à s'accorder sur le nom d'un Premier ministre. LFI, première force politique de l'alliance, juge normal qu'il soit issu de ses rangs, mais les autres partis représentés à l'Assemblée ont déjà prévenu : ils déposeront une motion de censure en cas de ministre insoumis au gouvernement. Dans une lettre aux Français publiée le 9 juin, Emmanuel Macron défend un gouvernement rassemblant « l'ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines », excluant donc LFI et le RN. Cette majorité plurielle appelée de ses voeux par le Président irait des sociaux-démocrates aux Républicains. Le parti, désormais dirigé à l'Assemblée par Laurent Wauquiez, a toutefois assuré qu'il ne participerait à aucune coalition gouvernementale. Comment les forces politiques vont-elles réussir à surmonter ce risque de blocage institutionnel sans précédent dans l'histoire de la Ve République ?
Invités :
- Michaël Darmon, éditorialiste i24News et auteur,
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
- Hadrien Brachet, journaliste politique à « Marianne »,
- Stewart Chau, directeur d'études chez Verian.
GRAND ENTRETIEN / Guillaume Kasbarian : les députés du camp Macron, vraiment « Ensemble » ?
Ministre délégué chargé du logement depuis février 2024 et proche de Gabriel Attal, Guillaume Kasbarian a été réélu pour la troisième fois consécutive dans la 1ère circonscription d'Eure-et-Loir. Arrivé pourtant second au premier tour, il a bénéficié du retrait du candidat du NFP pour finalement l'emporter face à la candidate RN. Emmanuel Macron ayant pour l'instant refusé la démission du gouvernement Attal, Guillaume Kasbarian continue d'assumer ses fonctions de ministre. Mais il s'est déjà dit prêt, « si le président le décide, à assumer des fonctions courantes ». À quoi ressemblera donc son quotidien ?
Grand témoin : Guillaume Kasbarian, ministre délégué au logement, député Renaissance d'Eure-et-Loir
LES AFFRANCHIS
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- Bertrand Périer, avocat.
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NewsTranscription
00:00Générique
00:02...
00:05Bonsoir à tous et bienvenue dans Savourgarde.
00:08Notre invité, ce soir, est ministre délégué
00:10au logement pour quelques jours encore.
00:13Il s'agit de Guillaume Casbarian.
00:15On verra avec lui à quoi ressemble la vie d'un ministre
00:18dans cette période très particulière.
00:20On évoquera aussi ce contexte de blocage politique
00:23et institutionnel et la situation du camp présidentiel
00:26alors qu'Emmanuel Macron juge désastreuse
00:29l'image donnée par sa famille politique.
00:31Mais avant cela, on fera le bilan de cette folle semaine politique
00:35avec un bloc présidentiel qui donne des signes de division,
00:38un président qui ne semble pas vouloir donner sa chance
00:41au nouveau Front populaire, une gauche incapable
00:44de se mettre d'accord sur un nom pour Matignon
00:46et une droite qui exclut toute participation à une coalition.
00:49Face à ce blocage politique, quelle peut être la solution ?
00:52On en débat dans cette émission avec nos invités.
00:55Nos affranchis, ce soir, le mot de la semaine,
00:57la mariette d'Harry Grand a choisi de nous parler de Concorde.
01:01Enfin, un fiché S peut-il devenir député ?
01:03Ce sera l'éclairage de maître Bertrand Perrier
01:06à la fin de l'émission.
01:07Voilà pour le sommaire, c'est parti pour Savoir garder.
01:10Générique
01:11...
01:21Dans cet hémicycle façon puzzle, depuis une semaine,
01:24chacun affiche ses ambitions,
01:26chacun fixe ses lignes rouges,
01:28mais pour l'instant, en tout cas, aucune solution à l'horizon.
01:31Comment débloquer la situation ?
01:33Qui détient la clé pour constituer une majorité ?
01:36On en débat ce soir avec Mickaël Darmon.
01:38Bonsoir. Vous êtes journaliste politique
01:41et éditorialiste à E24 News.
01:43Adrien Braché, bonsoir.
01:44Journaliste politique à l'hebdomadaire Marianne
01:47et contributeur à la Fondation Jean Jaurès.
01:50Stuart Shaw, bonsoir.
01:51Vous êtes directeur d'études à l'Institut de sondage Vérian
01:54et vous avez sondé les émotions des Français
01:57face à cette dissolution, face à ces législatives.
02:00On en parlera dans un instant.
02:01Et notre spécialiste maison, Elsa Mondin-Gava, bonsoir.
02:05Double casquette, Elsa, pour vous,
02:07puisque c'est vous qui signez aussi le récap de la semaine.
02:10C'est parti.
02:11Générique
02:12...
02:20Et ce soir, Elsa, un mot revient pour résumer la semaine,
02:23le mot blocage.
02:24On va essayer de décortiquer ce qui bloque et qui bloque.
02:27On va commencer par celui qui a décidé de cette dissolution,
02:31le président de la République, Emmanuel Macron.
02:33Mercredi, il s'est adressé à vous, aux Français,
02:36dans une lettre. Il dit que personne ne l'a emporté.
02:39Il appelle les responsables politiques républicains
02:42à bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle
02:44pour le pays. En gros, débrouillez-vous, dit-il,
02:47en espérant que les responsables politiques
02:50fassent preuve de sens de la concorde et de l'apaisement.
02:53-"Concorde et apaisement", ce n'est pas le tube de l'été.
02:56Le Nouveau Front populaire a immédiatement crié au scandale,
02:59publié un communiqué.
03:00Le président de la République doit se tourner immédiatement
03:03vers le Nouveau Front populaire pour lui permettre
03:06de former un gouvernement. Très bien, mais se tourner vers qui ?
03:10A priori, le Nouveau Front populaire n'a toujours pas
03:12de candidat pour le poste de Premier ministre,
03:15n'est-ce pas, Manuel Bompard et Marine Tendelier ?
03:18Le Nouveau Front populaire a un nom à proposer pour Matignon ?
03:22Pas encore. Je pense que la discussion avance positivement.
03:25Vous vous êtes mis d'accord sur un nom de Premier ministre ?
03:28On avance, je dois le dire.
03:30On avance dans une atmosphère très constructive.
03:33Olivier Faure, le 1er secrétaire du Parti socialiste,
03:36est poussé par son camp.
03:37Les Insoumis, eux, ont mis quatre noms sur la table.
03:40Manuel Bompard, Clémence Guettet, Mathilde Panot,
03:43et tiens, Jean-Luc Mélenchon.
03:45Ce soir, c'est le nom d'Huguette Bellot qu'on entend.
03:48Huguette Bellot, c'est la présidente
03:50du Conseil régional de la Réunion.
03:52Elle est communiste très proche des Insoumises.
03:55Va-t-elle faire consensus ? Rien n'est moins sûr.
03:58Tout ça, de toute façon, ne servirait peut-être
04:01à pas grand-chose, puisque le Nouveau Front populaire
04:04pourrait être très rapidement renversé,
04:06à moins que le RN décide de, finalement,
04:08piéger le chef de l'Etat.
04:10C'est ce qu'on a pu penser hier, avec une indiscrétion
04:13du très puissant secrétaire général du groupe,
04:15disant ne pas vouloir censurer immédiatement.
04:18Correctif, quasiment simultané des deux têtes
04:21du Rassemblement national, Marine Le Pen, Jordan, Bardella.
04:24Il y a une chose qui est sûre,
04:26le groupe RN censura tout gouvernement
04:28où des LFI ou des écologistes
04:30auraient des responsabilités ministérielles.
04:33Côté présidentiel, on se serre les coudes dans la tempête.
04:37Ah non, plutôt, on joue des coudes dans la tempête.
04:40Ambiance très compliquée.
04:41Ils ne sont pas d'accord pour savoir
04:43vers qui il doit tendre les mains.
04:45Certains proposent de s'allier en LR.
04:47On dit que ça ne suffira pas et qu'on n'en a pas envie.
04:50Ce n'est pas envoyé par les Français.
04:52On peut travailler avec des socialistes, des écologistes.
04:56Je ne suis pas d'accord avec les Verts,
04:58avec Mme Tourdelier et Mme Rousseau,
05:00car on n'est pas d'accord sur le respect qu'on doit
05:03aux forces de l'ordre, sur la laïcité.
05:05On n'est pas d'accord sur le nucléaire.
05:07On ne peut pas faire une alliance politique avec les Verts.
05:10Gérald Darmanin est dans une tension maximale
05:13avec le Premier ministre, Gabriel Attal,
05:15qui va prendre la tête du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale.
05:19Le président de la République a voulu siffler la fin de la récré
05:22en déplorant le spectacle désastreux de son camp.
05:25Ca n'a pas forcément plu à tout le monde.
05:27Certains auraient aimé un peu d'humilité
05:30et qu'il reconnaisse une part de responsabilité.
05:32On finit avec la droite.
05:34Si certains s'inquiètent d'une tendance droitière
05:36du futur gouvernement, pour l'instant,
05:39la droite ne récupère pas la main tendue.
05:41Je ne suis pas sûre d'avoir été très claire
05:43sur toute la situation politique.
05:45Le paysage est très brouillé.
05:47La semaine prochaine, on aura quelques réponses.
05:49Jeudi, les groupes politiques et l'élection
05:52du ou de la présidente de l'Assemblée.
05:54Vous avez été très claire.
05:55C'est le paysage politique qui l'est un peu moins.
05:58On va peut-être commencer par cette lettre
06:00adressée par Emmanuel Macron au Français ce mercredi.
06:03Il estime que personne ne l'a emportée
06:05lors de ses élections législatives.
06:07On a vu le Nouveau Front populaire
06:09lui reprocher de refuser le résultat des urnes.
06:12M. Darmon, on commence par vous.
06:14Est-ce qu'ils ont raison, à gauche,
06:16d'estimer qu'il y a un coup de force institutionnel
06:19de la part d'Emmanuel Macron ?
06:20C'est le langage de la gauche qui reste
06:23dans cette logique d'opposition.
06:24Ce qui m'a frappé dans cette lettre,
06:26c'est que, si ça commence par un constat incontournable,
06:30personne ne l'a emporté, il manque un autre constat
06:32non moins incontournable, c'est qu'il y a quelqu'un
06:35qui a perdu. C'est le Bloc présidentiel,
06:37c'est le Parti présidentiel.
06:39Le refus de reconnaître la défaite.
06:41Avec ce refus-là de dire qu'on ne constate pas
06:44et qu'on ne veut pas constater
06:46qu'un Bloc a quand même perdu les élections,
06:48de là, tout découle, en réalité,
06:50parce qu'on voit bien que tout ce qui devrait
06:53normalement se dérouler à la fin d'un scrutin,
06:56selon la logique de la Ve République,
06:59n'arrive pas aussi vite que l'on voudrait.
07:03Cette lettre, elle était, de ce point de vue-là,
07:06un peu bancale, parce qu'hormis le fait
07:08qu'effectivement, comme on l'a entendu,
07:10c'est débrouillez-vous, moi, je ne suis pas dans ce jeu-là,
07:14en réalité, il y a quand même un point de départ,
07:16si on veut être dans la clarification
07:18et l'honnêteté intellectuelle, c'est aussi de dire,
07:21de toute façon, il faut admettre qu'il y a un camp
07:24qui est arrivé en troisième position,
07:26et c'est celui du président.
07:28Ce qui est bancal aussi, c'est que dans le langage
07:31que prend Emmanuel Macron dans cette lettre,
07:33en disant qu'il faut un large rassemblement,
07:36en fait, il appelle à faire tout ce qu'il n'a pas fait
07:39depuis 2017, au fond, et en particulier en 2022.
07:42Je réécoutais récemment son discours,
07:45le soir du second tour, en 2022, où il dit
07:48que maintenant, nous avons besoin de réinventer
07:50une méthode refondée, une méthode collective.
07:54Or, ensuite, il ne s'est rien passé.
07:56À chaque fois qu'il a eu l'occasion, peut-être,
07:59d'élargir autour de lui, il ne l'a pas fait.
08:01Il s'est obstiné au moment de la réforme des retraites.
08:04Ce qui est compliqué, c'est qu'Emmanuel Macron
08:07appelle à faire quelque chose qu'il aurait dû faire en 2022.
08:10Il y a une tribune très intéressante
08:12de la députée Astrid Panosian, dans Le Monde,
08:15qui est parue hier, où elle dit, entre les lignes,
08:18que son camp doit aussi faire preuve d'une forme d'humilité,
08:21où elle dit qu'en 2022, elle a raté une occasion manquée.
08:24C'est pour ça que la situation est bloquée.
08:27Dès 2022, et peut-être même avant,
08:29les gestes qui auraient dû être faits
08:31vers un rassemblement des différents camps
08:33ne l'ont pas suffisamment été.
08:35-"Stuart Shaw", comment jugez-vous cette lettre ?
08:38On a vu récemment, à droite, Dominique de Villepin
08:41ou Henri Guaino estimer que la logique voudrait
08:43que le chef de l'Etat se tourne vers la gauche,
08:46qui n'a pas la majorité absolue, mais est arrivé en tête.
08:49Je m'inscris dans tout ce qui a été dit.
08:52C'est vrai que la difficulté, à mon sens,
08:54sur cette dernière semaine,
08:56et qui, d'ailleurs, me fait penser
09:00à des inquiétudes, même pour l'après,
09:02du risque d'un ressentiment démocratique
09:05si le président de la République et les décideurs politiques
09:08ne parviennent pas à donner le sens donné par les Français
09:11à ces élections.
09:12Le sens donné par les Français à ces élections,
09:15c'est la moitié d'entre eux qui considèrent
09:17que c'est le RN qui a gagné, la moitié considèrent
09:20que le nouveau formulaire a gagné,
09:22les trois quarts considèrent que le président a perdu.
09:25C'est tirer l'élastique jusqu'où et je sais pas pour quel résultat.
09:29D'une autre façon de l'exprimer, c'est aussi, à mon sens,
09:32la difficulté du camp présidentiel,
09:35à la fois, oui, de reconnaître sa défaite,
09:37et peut-être aussi de penser le macronisme après le macronisme.
09:40Ce que nous demande le président de la République,
09:43c'est d'élargir et de faire une alliance,
09:46c'est ce qu'il a promis de faire depuis 2017.
09:48Je ne suis pas certain que les Français
09:51soient dans une aspiration collective et débordante
09:53pour continuer ce qui a été fait ou mal fait depuis 2017.
09:56Au contraire, je pense que les Français veulent une rupture,
10:00on ne sait pas encore laquelle,
10:02mais ils veulent une rupture. Je ne suis pas certain
10:04que cette idée de grande coalition soit quelque chose
10:07qui est complètement attendu.
10:09Cette lettre, elle a été perçue comment dans le camp présidentiel ?
10:14C'est un peu ce que disait M. Darmant,
10:16c'est qu'en fait, cette lettre sur le constat
10:18dans le camp présidentiel sur le fait que personne n'a gagné,
10:22après, certains vont plus loin en disant qu'ils ont perdu.
10:25Il faut le reconnaître, c'est aussi important.
10:27Ce qui manque, c'est de l'humilité,
10:29reconnaître peut-être qu'on s'y est mal pris,
10:32peut-être avoir déjà un...
10:34Il ne va pas forcément faire de mea culpa
10:36sur sa décision de dissolution, mais on peut au moins réfléchir.
10:40Est-ce que c'était le bon moment ?
10:42Après, c'est vrai qu'on voit bien que la page d'Emmanuel Macron,
10:45elle est tournée, la lettre, ses déclarations,
10:48ça provoque plus facilement les yeux au ciel
10:50que des réactions enflammées au sein de son camp.
10:53En fait, il énerve, il irrite, mais c'est comme ça,
10:56et de toute façon, on sait très bien que la page est ouverte
10:59pour écrire, justement, au sein du camp présidentiel,
11:02autre chose.
11:03On entend les responsables politiques
11:05commenter cette situation de blocage,
11:07un peu moins les Français.
11:09Qu'en pensent-ils de cette situation ?
11:11Nous sommes allés poser la question.
11:13Dario Borgogno, Elsa Mondingava et Ivana Navion, plus précisément.
11:17...
11:21À Bagnolet, ville à gauche,
11:23les électeurs du Nouveau Front populaire
11:25sont frustrés de la lenteur des partis
11:27pour désigner un Premier ministre.
11:29Je suis plutôt de gauche et j'aimerais
11:32que tous ces gens arrivent à s'entendre et à gouverner ensemble.
11:36Et puis arrêter de penser à être vizir à la place du vizir.
11:40Marie-Chantal n'a pas de crainte,
11:42tant que la gauche reste unie durant ces négociations.
11:44Ils ont du mal, c'est évident, ils sont différents,
11:47mais l'essentiel, ils l'ont et ils existent.
11:50Et ils existent tellement fort qu'ils ont réussi
11:52à se mettre d'accord en si peu de temps.
11:54J'espère qu'ils vont continuer à ne pas se laisser diviser
11:57par des bricoles, parce que le reste, c'est des bricoles.
12:00À cause de ces incertitudes politiques,
12:02Sarah n'arrive même plus à profiter de cette période estivale.
12:05Tout a changé d'un coup et surtout que ça se passe
12:08juste avant les vacances et personne n'est tranquille dans sa tête.
12:13À Levallois-Péret, ville plutôt à droite,
12:15c'est surtout la confusion dans l'esprit de Manon.
12:17C'est vrai qu'on sait pas trop à quoi s'attendre
12:20suite à après les derniers résultats.
12:23On est un peu perdus.
12:24Même en se suivant, en se renseignant, c'est compliqué.
12:27Malgré cette confusion, cela n'empêche pas certains
12:30comme Emmanuel de faire des hypothèses sur le futur.
12:33À mon avis, quoi que soit l'option,
12:35il risque d'y avoir une motion de censure
12:37qui fasse tomber le gouvernement en une semaine ou en quelques jours.
12:40Donc il y a une instabilité à venir pendant peut-être un an,
12:44jusqu'au moment où potentiellement, Macron décide de redissoudre
12:48pour relancer un peu la machine en 2025.
12:51Je pense qu'on est partis pour une période de paralysie politique.
12:55Selon un sondage, 7 Français sur 10
12:57ne sont pas satisfaits du résultat des élections.
13:01On voit que ça plombe l'ambiance pour beaucoup de Français,
13:04certains sont inquiets, il y a cette incertitude.
13:08Et ce chiffre, 7 Français sur 10,
13:10qui ne sont pas satisfaits de la nouvelle composition
13:13de cette Assemblée, qui peut avoir envie de gouverner
13:16dans de telles conditions, Adrien ?
13:18C'est tout le malheur de cette élection,
13:21c'est qu'elle nous révèle une France très divisée,
13:25profondément fracturée, où, quelle que soit la configuration
13:29à laquelle on parvient à l'arriver,
13:31on aura énormément de mécontents
13:33et donc un carburant potentiel à frustration.
13:36Ensuite, qui a envie de gouverner dans cette situation ?
13:39C'est difficile à dire, car ce qui risque de se passer
13:42et, d'une certaine manière, nos institutions apprennent
13:45en marchant, c'est qu'on peut avoir un premier gouvernement
13:48issu du Nouveau Front populaire et que ce gouvernement
13:51tombe au bout de quatre semaines, qu'il y en ait un autre
13:54et qu'on débouche sur une coalition
13:56par la succession des événements.
13:58Peut-être que c'est, au fond, d'une certaine manière,
14:02le plus logique qui pourrait se produire,
14:05étant donné que notre culture politique,
14:07depuis le début de la Ve République,
14:09n'est pas habituée à ces configurations.
14:12Peut-être qu'il faut un peu de temps,
14:14peut-être qu'il faut des accidents,
14:16pour que, petit à petit, on y arrive
14:18et que, petit à petit, les Français aussi adhèrent
14:21à ce nouveau mode de fonctionnement.
14:23Il y a ce nouveau paysage politique.
14:25On parlait tout à l'heure de la composition de l'Assemblée,
14:29même à l'Assemblée, on se retrouve avec des têtes politiques
14:32extrêmement fortes qui vont marquer.
14:34On a à droite Laurent Wauquiez qui revient,
14:36à gauche, on a le retour de François Hollande,
14:39Gérald Darmanin et Gabriel Attal qui vont en faire un terrain de jeu.
14:42D'une certaine manière, il va y avoir
14:45aussi les projecteurs braqués sur l'Assemblée,
14:47comme ça n'a que rarement été le cas ces dernières années.
14:50C'est une très bonne nouvelle pour LCP.
14:53Vous allez avoir du travail.
14:54Stuart Shaw, juste, votre institut de sondage
14:57sonde les Français, depuis l'annonce de cette dissolution,
15:00sur les émotions que tout cela suscite.
15:02Vous en êtes à la troisième vague,
15:04vous venez d'en publier les résultats.
15:07Comment cela évolue ?
15:08C'était un parti pris de prendre un angle un peu différent,
15:12de ne pas être sur les rapports de force politique,
15:15mais des rapports de force émotionnel.
15:17On sait que ça a un impact très fort
15:19dans la manière dont on perçoit les choses
15:21et dont on vote aussi les émotions.
15:23Finalement, sur ces trois vagues,
15:25qui ont été faites à l'annonce de la dissolution,
15:28puis après, à l'entre-deux-tours,
15:30quelques jours après les résultats du second tour,
15:33on est passé d'une France très inquiète
15:36de cette dissolution, avec, on l'a dit,
15:39un niveau d'angoisse extrêmement important.
15:424 Français sur 10 disaient être plus angoissés
15:45depuis l'annonce de la dissolution,
15:47avec aussi, il faut le dire, une forme d'inquiétude
15:50très, très frappante vis-à-vis de l'avenir.
15:52On a un confrère, Yves Faube, qui a publié un chiffre.
15:56Seuls 17 % des Français sont optimistes pour l'avenir.
16:00On a vraiment cette inquiétude.
16:02Ensuite est venu le temps de la colère et un peu de la tristesse
16:05vis-à-vis des résultats de ce premier tour,
16:08avec un entre-deux-tours un peu étonnant.
16:10Vous l'avez vu, vous l'avez commenté,
16:12des rabibochages politiques, des alliances de contre-nature.
16:16Là, c'est presque la fin de la séquence,
16:18un désespoir partagé.
16:20Ce qui est intéressant, c'est que ce désespoir
16:22est partagé par l'ensemble de la population,
16:25quelles que soient les générations
16:27et les catégories sociales.
16:29Ce qui est assez singulier,
16:30parce que, d'habitude, dans ces éléments d'observation,
16:34on voit que les jeunes, par exemple,
16:36gardent un optimisme beaucoup plus important
16:38que les moins jeunes.
16:40Là, on a un partage de cette émotion de désespoir
16:42face à cette situation.
16:44Pareil aussi pour les catégories sociales,
16:47où on voit effectivement que, normalement,
16:49la France, entre guillemets, qui va bien,
16:52qui profite d'une société qui est plutôt, pour eux,
16:55en progrès et qui avance dans le bon sens,
16:57sont plutôt positifs et appréhendent l'avenir
17:00avec plutôt de l'optimisme,
17:01là, on a un alignement parfait
17:03entre des cadres qui sont autant désespérés
17:06que des employés et des ouvriers.
17:08Tout ça aussi pour donner une cartographie,
17:11une météo des humeurs françaises,
17:13qui est quand même assez inquiétante.
17:15Cette météo varie d'une couleur politique à l'autre ?
17:18Oui, c'est vrai.
17:19Ou d'un territoire à l'autre ?
17:21Il y a deux fractures très intéressantes.
17:23L'espoir, c'est qu'à gauche, pour l'instant,
17:26avec, effectivement, un électorat qui voit,
17:28dans cette possibilité d'accéder au pouvoir,
17:32enfin, peut-être,
17:33l'opportunité de peser dans le jeu politique.
17:37Pour le reste, il faut le dire,
17:39ça reste désespoir et colère.
17:41Il y a, et vous avez raison de le rappeler,
17:43qui me semble très important de l'analyser,
17:46le clivage territorial et émotionnel.
17:48Là, on a une France coupée en deux,
17:50entre la France rurale, qui est plus en colère
17:53que la France des grandes villes.
17:54C'est l'électorat, finalement, un peu R.N.
17:57Mais ça dit aussi beaucoup, finalement,
17:59des enjeux de réconciliation et du débat,
18:02pour reprendre un peu la théorie de David Gouthard,
18:04entre les Français du somewhere,
18:06ceux qui sont ancrés quelque part
18:08et qui sont en manque de reconnaissance,
18:10et les Français du anywhere, des grandes villes,
18:13qui profitent de cette mondialisation,
18:15de cette société qui va bien.
18:17D'une certaine manière, ces fracturations émotionnelles,
18:20elles donnent aussi beaucoup de, comment dire,
18:23de fil à retendre, je dirais, aux décideurs politiques
18:26pour aller réconcilier aussi émotionnellement
18:28des Français qui semblent là, pour le coup, assez divisés.
18:32Un commentaire, peut-être, sur tout ça.
18:34Comment appréhendez-vous les choses ?
18:36Cette colère, ça risque d'exploser ?
18:38Il paraîtrait qu'il y a des JO, des JO olympiques,
18:41qui arrivent dans quelques jours en France
18:43et qui étaient censés incarner l'année des fiertés françaises.
18:46Bon, on y semble qu'on en est loin.
18:50Moi, ce qui me frappe, effectivement,
18:52c'est que, au fond, dans l'histoire de la politologie,
18:54le rapport à l'émotion et la politique
18:57concernait essentiellement la manière d'adhérer
18:59au Front national il y a des années.
19:01Il y a une vingtaine, une trentaine d'années,
19:04la façon dont on analysait l'adhésion,
19:06l'attractivité du Front national
19:08était beaucoup fondée sur la colère, le désespoir,
19:12le ressentiment, et donc, aller vers cette offre politique.
19:16Là, ce que vous expliquez, c'est absolument impressionnant,
19:19parce que ça rappelle, au fond,
19:21cette carte qu'on a vue au lendemain des européennes,
19:24quand on a vu que 93 % des communes
19:27avaient placé le RN en tête.
19:29Donc, il y a effectivement un tapis,
19:33une trame territoriale, politique, émotionnelle,
19:37et qui ne se retrouve pas dans le résultat,
19:41selon ce que perçoivent beaucoup de Français,
19:43dans la composition, en tout cas, de cette Assemblée nationale
19:47et de la manière dont elle pourrait être gouvernée.
19:50On va s'intéresser au nouveau Front populaire.
19:52Ses responsables négocient depuis dimanche soir
19:55pour essayer de se mettre d'accord sur un nom pour Matinon,
19:58mais pour l'instant, pas de fumée blanche.
20:00Catia Gilder.
20:01Musique rythmée
20:04...
20:07Mardi 9 juillet, le nouveau Front populaire
20:10débarque à l'Assemblée,
20:11requinqué par le score du second tour.
20:13Une entrée en force, mais en ordre dispersé.
20:16Les photos de familles sont séparées.
20:18Ecologistes, insoumis, puis les socialistes.
20:23Éparpillés, mais d'accord au moins sur un point.
20:25Matinon doit revenir à la gauche.
20:27La très grande majorité des Français
20:29ont envoyé un message extrêmement clair.
20:31Il faut rompre avec la politique d'Emmanuel Macron.
20:34Nous voulons gouverner ce pays.
20:36Donc, nous sommes en train de travailler sérieusement
20:38avec les partenaires du nouveau Front populaire
20:41pour dire qui serait le candidat ou la candidate à la primature.
20:44Mais qui, pour être Premier ministre ?
20:47Dès son arrivée, Olivier Faure, le 1er secrétaire du PS,
20:49se déclare.
20:51Je suis prêt à assumer cette fonction,
20:53mais j'ajoute un codicil.
20:54Ce sera dans le dialogue avec nos partenaires.
20:57Je ne suis pas d'accord pour que quiconque impose
21:00à qui que ce soit son point de vue.
21:02Message clair à destination de LFI et de son chef,
21:05Jean-Luc Mélenchon, qui lui aussi joue le rapport de force
21:08pour placer un insoumis à Matignon, et pourquoi pas lui,
21:11tout en maintenant le suspense.
21:13J'aimerais bien que vous alliez voir M. Macron,
21:15parce que je vous rappelle que c'est lui
21:17qui désigne le Premier ministre, et pas moi.
21:20D'habitude, vous me posez la question à moi.
21:22Pour beaucoup, M. Mélenchon fait figure de repoussoir.
21:25D'autres noms circulent.
21:27Clémence Guettet, députée du Val-de-Marne de 33 ans,
21:30ou encore celui de Marine Tondelier,
21:32la secrétaire nationale des Verts, révélation de la campagne.
21:35Conséquence de cette lutte d'influence,
21:37la gauche, qui promettait un nom d'ici la fin de la semaine,
21:40n'a toujours pas son candidat.
21:45Adrien Braché, ce qui bloque, c'est le rapport de force
21:48entre les socialistes et les insoumis.
21:50Est-ce qu'il n'y a pas une sorte de partie de poker menteur
21:53pour pousser l'autre à faire craquer cette alliance, le Premier ?
21:57Bien sûr, c'est un peu à qui craquera le Premier.
21:59Il faut bien comprendre que, par rapport à ce qu'a été la Nupes,
22:03il y a un rééquilibrage du rapport de force dans cette alliance,
22:06puisque le Parti socialiste a gagné énormément de sièges
22:09et a finalement, plus ou moins,
22:11on verra à l'arrivée la composition précise des groupes,
22:14mais a plus ou moins le même nombre de sièges
22:17que la France insoumise.
22:18Ca rééquilibre le rapport de force.
22:20Légitimement, en plus, puisqu'ils sortent d'une campagne européenne
22:24dans laquelle ils ont eu une forte dynamique,
22:26les socialistes disent que le barycentre
22:28doit se construire autour de nous.
22:30A l'inverse, les insoumis disent,
22:32puisque c'est Jean-Luc Mélenchon qui a incarné la gauche,
22:36c'est à nous les insoumis que doit revenir ce poste.
22:39Au-delà des personnes et des intérêts des partis,
22:41il y a aussi des désaccords de fond sur le programme.
22:44D'un côté, les insoumis disent
22:46qu'on gouverne avec le programme du Nouveau Front populaire,
22:49rien que le programme du Nouveau Front populaire,
22:52et à l'inverse, vous avez des gens au Parti socialiste,
22:55notamment Philippe Brun, qui en a parlé il y a quelques jours,
22:58qui disent qu'on doit partir du programme
23:01du Nouveau Front populaire,
23:02mais au vu des résultats de l'élection
23:05et au vu du fait que nous avons bénéficié
23:07d'un front républicain pour être élus,
23:09on est obligés de faire évoluer le programme.
23:12On ne peut pas faire comme si on avait d'emblée
23:14la majorité absolue.
23:16Là où la gauche est face à quelque chose de très compliqué
23:19pour son avenir, c'est qu'il faut qu'elle aille faire des compromis
23:22si elle veut tenir sur le long terme
23:25et ne pas être renversée.
23:26Ces compromis doivent déboucher sur des mesures de rupture
23:29qui fassent changer la vie des gens,
23:31sinon, le risque, c'est de décevoir à nouveau,
23:34comme cela avait pu être le cas sous François Hollande.
23:37Ca n'avance pas au bout d'une semaine.
23:39Est-ce qu'ils ont envie de gouverner ensemble
23:42ces parties de gauche ?
23:43On se pose la question, en réalité.
23:45Ce que l'on voit, c'est que, tel que l'on comprend
23:48ce qui sort des discussions depuis les conciliabules,
23:51c'est difficile d'avoir des réalités,
23:53mais on peut avoir quelques échos assez proches,
23:56LFI ne démore pas et considère que le Premier ministre
23:59doit être issu de ses rangs.
24:01Donc, c'est la réalité, au fond,
24:03du rapport de force qui s'est mis en place.
24:06Il y a la possibilité, effectivement,
24:09peut-être d'avoir une solution de consensus
24:12qui serait autour, peut-être,
24:14on le disait depuis le début de la semaine,
24:16autour de Marine Pendelier,
24:18qui, elle, est intéressée à une chose
24:20et qui a peur d'une chose, en réalité,
24:22avec elle, les écologistes,
24:24et qui ont peur de voir, dans ce nouveau contexte
24:27de rééquilibrage, le retour de l'hégémonie des socialistes,
24:30dont ils estiment qu'ils se sont émancipés
24:33et ne veulent pas revoir ça.
24:34Donc, ça donne le sentiment, effectivement,
24:37qu'une Marine Pendelier pourrait se mettre
24:39sous le parapluie des LFistes, entre guillemets,
24:42pour pouvoir bénéficier de ce consensus.
24:45Et puis, vous avez, effectivement,
24:47les socialistes qui estiment qu'il faut pouvoir élargir
24:50de manière à récupérer une capacité à rassembler,
24:53à retrouver une culture de gouvernement
24:56et à être capable de pouvoir faire passer des textes
24:59et avoir une majorité, car pour tout ça,
25:01il faut quand même arriver à construire
25:03un chef député pour les textes,
25:05et on est très loin, encore, de ce résultat,
25:08quels que soient les candidats.
25:09-"Stuart Shaw", Elsa Mondagavin a évoqué ce nom,
25:12du guet de vélo sorti par les communistes aujourd'hui,
25:15qui préside la région réunionnaise.
25:18Elle est très peu connue, des Français.
25:20C'est pas un problème, ça, nommer quelqu'un à Matignon
25:24qui n'est pas connu de l'opinion publique ?
25:26Non, je pense que c'est pas problématique.
25:28Ca peut être même un atout,
25:30dans le contexte chaotique que l'on connaît.
25:33Pour la gauche, je pense qu'il y a un vrai enjeu,
25:35d'un point de vue de l'opinion,
25:37seulement, c'est la question de la réassurance.
25:40Pour plusieurs choses, d'abord,
25:42il y a un rééquilibrage du centre de gravité à gauche
25:45au profit, il faut le dire, du PS et d'Europe Écologie Les Verts,
25:48ce qui fait que les génémonies LFI
25:50n'est plus en mesure aujourd'hui de dicter les choses.
25:53Deuxième élément, il faut le dire et le rappeler,
25:56la figure de Jean-Luc Mélenchon,
25:58même si elle est attractive sur un certain électorat,
26:01c'est largement repoussoir pour les Français.
26:0472 % ne veulent pas que Mélenchon soit Premier ministre.
26:07Le troisième élément, on l'a vu pendant la campagne,
26:10c'était un de nos baromètres.
26:12Quand vous posez la question aux Français
26:14de gagner ou perdre tout,
26:15si le RN ou le Nouveau Front Populaire
26:18arrivaient au pouvoir, pour le RN,
26:20c'était 33 % des Français qui considéraient
26:22tout perdre, pour le Nouveau Front Populaire,
26:25c'était près de 1 Français sur 2.
26:27Il y a aussi un besoin de réassurance,
26:29pour une partie de l'électorat français,
26:31de voir une gauche qui peut-être peut aussi revenir
26:34sur un certain nombre de promesses qu'elle a pu faire
26:37pour rassurer l'ensemble des électeurs
26:39et essayer de gouverner.
26:41Ce qui est compliqué, c'est que celui qui claquera la porte
26:44sera celui qui endossera la responsabilité
26:47d'avoir déçu un espoir d'une union de la gauche
26:50et du Nouveau Front Populaire.
26:52C'est pour ça qu'on nous dit, en souriant,
26:54ça avance, ça avance.
26:56En vrai, c'est une responsabilité très grande
26:58que de dire et que d'être celui
27:00qui dit qu'on n'y arrive pas,
27:02donc tant pis, on passe à autre chose.
27:04C'est pour ça que peut-être il faut en passer,
27:07même sans y croire, par une proposition
27:09qui sera renversée assez rapidement.
27:11Et après, on pourra...
27:13Ca permettrait de purger cette hypothèse
27:15d'un gouvernement 100 % à gauche ?
27:17Pour avancer vers autre chose ?
27:19Renvoyer la responsabilité sur ceux qui ont voté
27:21la motion de censure pour dire que ça n'a pas fonctionné.
27:25Pour permettre à un certain nombre de socialistes
27:28et d'écologistes de dire qu'on l'a tenté,
27:30on pourrait lutter avec le camp présidentiel.
27:32On va parler du RN. Il faut avancer.
27:34Pendant toute la semaine, on a vu
27:36les différentes forces politiques adversaires de la gauche
27:40s'efforcer de tuer dans l'oeuvre l'hypothèse
27:42d'un gouvernement 100 % à gauche en disant
27:44qu'on votera automatiquement une motion de censure
27:47en cas de présence de ministre de la France insoumise.
27:50Et puis, il y a eu un questionnement, Elsa,
27:53du côté du RN, hier, un peu de confusion, on va dire.
27:56Oui, c'est Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe.
27:59Il a un rôle très important dans le groupe.
28:01Quand il parle, c'est la ligne de Marine Le Pen qui parle.
28:04Dans un article de Figaro, hier, il dit que l'ERN
28:08ne censure pas a priori.
28:10Il faudra regarder quel gouvernement,
28:12quel ministre, quelle ligne.
28:14Sur l'hypothèse d'un gouvernement Nouveau Front Populaire.
28:17Même au sein du Nouveau Front Populaire
28:19et du camp présidentiel, on se demande
28:21si, alors qu'on dit que le gouvernement
28:24du Nouveau Front Populaire sera censuré immédiatement,
28:26qui a l'habitude, à l'Assemblée, de toujours surprendre,
28:29de ne pas être là où on l'attend, ne maintiendrait-il pas
28:33pour piéger le gouvernement ?
28:34Pas tellement parce qu'il trouverait
28:36ce gouvernement fantastique.
28:38On a commencé à se poser des questions.
28:40On trouvait ça assez étonnant, puisque, moi, je me disais,
28:44le RN n'acceptera quand même jamais un gouvernement
28:46où un insoumis est à Beauvau, à l'intérieur,
28:49par rapport à son électorat.
28:51Ca me paraît quand même étonnant.
28:53C'est vrai qu'après, peut-être 30 minutes plus tard,
28:55Marine Le Pen, Jordan Bardella, tous les deux,
28:58ce sera motion de censure à partir du moment
29:00où il y a des insoumis, des écologistes
29:03au sein de ce gouvernement.
29:04C'était important pour eux de rassurer leur électorat,
29:07puisqu'ils ont fait campagne en disant que la gauche,
29:10c'était l'extrême-gauche, l'ultra-gauche,
29:13comme l'appellent certains députés du RN.
29:15Votre analyse, Michael Darman, de ce petit épisode hier,
29:18comment faut-il l'interpréter ?
29:20Est-ce que le RN peut avoir intérêt à laisser en vie
29:23le gouvernement de gauche ?
29:24Je vois que, pour la première fois depuis longtemps,
29:27il y a des tensions, des divergences.
29:30Ca veut dire que la pré-élection est difficile,
29:33qu'effectivement, l'examen de conscience
29:36qui a été annoncé officiellement par Aliot,
29:39par d'autres sur les antennes, Sébastien Chenu notamment,
29:42est en train de se faire, et que la ligne Bardella
29:45doit certainement être contestée en interne.
29:47Le débrief, comme on dit, de cette élection,
29:50avec le dossier Matignon,
29:52qui a été mal ficelé, un peu baroque,
29:56la manière dont la campagne s'est mal terminée,
29:58donne et laisse entrevoir, pour la première fois,
30:01des divergences de vues.
30:02C'est assez rare d'avoir des annonces comme cela,
30:05à part des dérapages éventuels,
30:07qui étaient recadrés immédiatement sur le plan moral.
30:11Ca, on l'a pu le voir régulièrement.
30:13Mais là, c'est un positionnement politique
30:15annoncé par un ponte du parti, par un ponte de l'Assemblée,
30:18et contredit par les deux têtes de l'exécutif,
30:21si je puis dire, au sommet du RN.
30:23Ca veut dire qu'il y a des tensions,
30:25et que ça va déterminer ce qui va se passer.
30:27Quelle doit être la stratégie du RN à l'Assemblée,
30:30selon vous, pendant l'année?
30:32Ils peuvent refaire un peu ce qu'ils ont fait depuis 2022,
30:35c'est-à-dire attendre que ça passe.
30:38Il y avait un éditorial dans Le Guardian,
30:40ces derniers jours, qui disait, en gros,
30:43la paralysie politique ne servira que l'intérêt de Marine Le Pen.
30:47En fait, d'une certaine manière,
30:49ce qu'il faut, c'est qu'ils fassent oublier les profils
30:52de candidats très problématiques qui sont ressortis.
30:54S'ils attendent qu'autour, il y a beaucoup de paralysie,
30:58pour eux, ils peuvent tirer leur épingle du jeu.
31:00C'est là que les autres forces politiques
31:03doivent se mobiliser et se réveiller.
31:05En effet, d'un point de vue purement politique,
31:08c'est une claque pour le RN, qui se voyait déjà à Matignon,
31:11mais quand on regarde le nombre de sièges qu'ils ont,
31:14la représentation dans certains territoires...
31:16Je regardais la carte électorale,
31:18on a des territoires qui ne sont pas traditionnellement acquis,
31:22comme la Dordogne, où vous avez trois députés RN sur quatre.
31:25Donc, il y a une colère qui s'est exprimée,
31:28et si les autres forces politiques ne savent pas proposer
31:31des mesures de rupture pour répondre à cette colère,
31:34à ce sentiment d'oubli d'une partie de la France,
31:36le risque, c'est que ce soit un carburant
31:39pour le RN, sans qu'ils ne fassent rien.
31:41On avance. On va parler du camp présidentiel.
31:44On a vu, cette semaine, beaucoup d'ambitions s'afficher,
31:47notamment celle de Gérald Darmanin,
31:49qui aurait hésité à briguer la présidence du groupe Renaissance,
31:52tout comme Elisabeth Borne.
31:54C'est Gabriel Attal qui s'est imposé.
31:56Tout ce petit monde s'est fait taper sur les doigts
31:59par Emmanuel Macron en fin de matinée à l'Elysée.
32:02L'image que nous avons donnée ces derniers jours
32:04est désastreuse, phrase d'Emmanuel Macron, Elsa.
32:07Comment est-ce qu'elle est passée dans le camp présidentiel ?
32:10Le camp présidentiel, il se rend bien compte
32:12qu'il a donné l'image de désunion.
32:14Sur le constat, ils se sont d'accord.
32:17Même chose que pour la lettre, un peu d'humilité,
32:19puisqu'il fait la leçon à son camp.
32:22Son camp considère, pour la grande majorité,
32:24qu'il est responsable,
32:25que c'est lui qui a provoqué cette dissolution.
32:28Cette dissolution n'était pas préparée.
32:30Des députés ont perdu une centaine dans le camp présidentiel.
32:34Des collègues ont été battus. C'est difficile pour eux.
32:37Ils reviennent.
32:38En plus, ils ont la leçon du président de la République
32:41qui leur explique qu'ils ne se sont pas bien comportés
32:44pendant cette semaine.
32:45Oui, je pense que pour certains, c'est pas facile à vivre.
32:48Ca continue, ça accentue, s'il le fallait encore,
32:51le détachement qu'ils ont par rapport à Emmanuel Macron.
32:54Ils ne se sentent plus du tout tenus par le chef de l'Etat.
32:57Maintenant, chacun fera ce qu'il voudra.
33:00Il y en a un qui s'est imposé cette semaine,
33:02c'est Gabriel Attal, qui va prendre officiellement demain
33:05la présidence du groupe Renaissance,
33:07puisqu'il est le seul candidat.
33:09C'est lui qui tire un peu les marrons du feu, vous pensez ?
33:12Ce qui est assez intéressant,
33:14pour rebondir sur le spectacle désastreux
33:16dont parle le président de la République,
33:18c'est qu'il peut juger les acteurs,
33:21mais le metteur en scène et celui qui a écrit la pièce,
33:24c'est lui. D'une certaine manière,
33:26je ne sais pas forcément leur donner une forme de reconnaissance,
33:29alors qu'il les a fait partir à la bataille
33:32sans beaucoup d'arguments.
33:33Le deuxième point, c'est Gabriel Attal.
33:35Ce qui est intéressant, c'est qu'en dépit du fait
33:38qu'il ait conduit cette ex-majorité présidentielle
33:41qui a échoué à ses législatives,
33:43d'un point de vue d'opinion,
33:45il ne ressort pas complètement affaibli.
33:47C'est le plus plébiscité pour occuper le poste
33:50du Premier ministre.
33:51Contradictoire et contre-intuitif,
33:53il ressort presque renforcé de cette séquence-là,
33:56d'autant plus qu'il apparaît de plus en plus autonome
33:59avec le président de la République.
34:01Il semble peut-être un petit peu avoir du mal à saisir
34:04que le problème, c'est d'abord et avant tout lui,
34:07et ce n'est pas forcément le spectacle des acteurs
34:10qu'il met en scène.
34:11Une dernière chose sur Attal, si vous le rappelez,
34:14vous faites la hiérarchie de ceux qui,
34:16les Français considèrent comme un bon Premier ministre,
34:19il arrive encore en tête, ce qui est paradoxal
34:22pour une opinion qui veut une rupture,
34:24à mon sens, ils veulent peut-être la rupture au niveau de l'Elysée
34:27et peut-être un peu moins à Matignon.
34:30...de Gérald Darmanin, qui a renoncé à briguer
34:32la présidence du groupe, mais qui a eu cette phrase aujourd'hui.
34:36Les élections ne règlent en aucun cas les deux problèmes majeurs
34:39qui sont les nôtres, notre ligne politique,
34:42notre projet pour les Français et le fonctionnement du parti
34:45et la représentation des territoires.
34:47Comment comprend-on cette phrase de Darmanin ?
34:50Il a toujours considéré, plus ou moins dit,
34:52de manière de plus en plus claire comme aujourd'hui,
34:55qu'En Marche puis Renaissance n'étaient pas du tout
34:58organisés, qu'ils n'avaient aucun ancrage,
35:01qu'il n'y avait aucun professionnalisme
35:03et en particulier, aucun leadership,
35:05en particulier celui du président qui n'a jamais considéré
35:09sa formation présidentielle et d'Ontact.
35:12Aujourd'hui, manifestement, il voudrait et il se considère
35:15qu'il y a peut-être un territoire à organiser,
35:18qui est celui de Renaissance. Peut-être va-t-il briguer
35:21la présidence de Renaissance, de telle manière,
35:24à ce qu'il organise comme un parti et donc peut-être
35:26comme un outil de conquête.
35:28Adrien Brachet, votre regard sur l'Etat du camp présidentiel ?
35:32En fait, d'une certaine manière, Emmanuel Macron
35:34découvre que tout lui échappe, parce que ce qu'il faut bien comprendre,
35:38c'est que les différentes personnalités
35:41du camp présidentiel qui ont été réélus
35:43ont le sentiment de l'avoir été sans lui
35:45et même malgré lui, c'est-à-dire qu'ils se disent
35:48qu'on a été élus sur notre propre nom
35:50dans un contexte d'impopularité du président de la République
35:54et donc tout cela pousse au fond à l'émancipation politique
35:57des uns et des autres et c'est ce qui explique
35:59toutes les querelles de ces derniers jours.
36:02Tout cela nous amène à parler de la droite républicaine,
36:05c'est le nom du nouveau groupe de la droite à l'Assemblée,
36:08désormais présidé par Laurent Wauquiez,
36:11qui, à peine élu, a fixé la ligne de son groupe.
36:13On l'écoute.
36:16Ce travail de reconstruction commence aujourd'hui
36:19avec un travail que nous allons mener dans les jours prochains
36:22avec un pacte législatif autour de propositions de loi
36:25qui seront mises sur la table à l'Assemblée nationale
36:28pour répondre aux problèmes du pays sans attendre.
36:31Ce pacte législatif sera centré autour d'une priorité,
36:35la revalorisation de la France qui travaille,
36:38de la France qui a travaillé,
36:40dont nous sommes convaincus que c'est aujourd'hui
36:43la 1re injustice dans notre pays.
36:45Mieux faire la différence entre le social qu'on veut garder
36:48et l'assistanat qu'on veut corriger
36:50pour pouvoir revaloriser ceux qui travaillent
36:53ou qui ont travaillé toute leur vie.
36:55Le 2e principe, c'est que nous ne participerons pas
36:58à des coalitions gouvernementales.
37:00M. Darmon, pas de participation à une coalition pour la droite,
37:03mais un pacte législatif que la droite veut mettre sur la table,
37:07ça veut dire quoi, exactement ?
37:08Il réinvente ce qu'on appelait à l'époque
37:11le soutien sans participation,
37:13de la part de certains partis, notamment des centristes.
37:17Il a surtout un enjeu, Laurent Wauquiez.
37:20Il prend le risque, il sort du bois,
37:22il quitte sa retraite, son silence.
37:25D'ailleurs, au fond, c'est un acte assez politique,
37:28c'est le 1er acte politique qu'il fait depuis longtemps.
37:31Il revient à l'Assemblée, il a tenté,
37:33et à partir de maintenant, il va organiser
37:35sa conquête présidentielle.
37:37Il n'a pas intérêt à aller aider le gouvernement,
37:41parce que lui, il part du principe
37:44que l'indépendance a payé, a sauvé les meubles,
37:47a permis de sauver LR, il en a changé immédiatement le nom,
37:50la droite républicaine, donc c'est terminé.
37:53Maintenant, pour lui, commence un nouvel enjeu,
37:57c'est-à-dire organiser une candidature
38:01et un corpus présidentiel autour de lui.
38:03Comment se positionne l'électorat de la droite
38:06sur ces enjeux-là ? De quoi ont-ils envie ?
38:08Je pense qu'effectivement, je rejoins ce qui a été dit,
38:11la ligne de l'indépendance a été plutôt porteuse.
38:15On voit que les candidats LR qui ont rejoint le mouvement siotti
38:19ont largement perdu, je crois que c'est un duel sur quatre
38:23qui a été remporté, alors qu'on a la droite républicaine,
38:26les députés enseignements LR, qui ont été plutôt en nombre
38:31assez conséquents par rapport à ce qu'on avait pu anticiper.
38:34Ce qui est intéressant dans les logiques de vote,
38:37c'est que la droite existe encore grâce à son ancrage territorial.
38:41Quand vous regardez la motivation des votes des électeurs LR,
38:44ce qui joue d'abord et avant tout,
38:46c'est je vote pour le député de ma circonscription
38:49et pour un ancrage territorial.
38:51C'est l'un des enjeux de LR.
38:52On sait que c'est un grand président,
38:55en tout cas un important président de région,
38:57et qu'il aura à coeur de montrer que la droite
39:00est puissante au niveau des territoires.
39:02Je vous demande de nous aider à nous projeter
39:05sur la semaine prochaine d'un mot.
39:07Très important.
39:08Tous les regards sont tournés vers l'Assemblée jeudi
39:11et vers la chaîne parlementaire.
39:12C'est la date limite, 18h, pour s'inscrire dans un groupe.
39:16On aura la photographie exacte de qui est dans quoi
39:18et surtout, il y aura l'élection du ou de la présidente
39:21de l'Assemblée nationale.
39:23Les deux premiers tours, il faut avoir la majorité,
39:26pas la majorité absolue des 289,
39:28mais la majorité des suffrages exprimés.
39:30Au troisième tour, on passe à une majorité simple.
39:33Il y aura forcément des accords, des désistements,
39:36des logiques ensemble,
39:37puisque aucun camp ne peut s'imposer...
39:39...un rapport de force.
39:41Il y aura un rapport de force.
39:42Ce sera intéressant à suivre, Emmanuel Macron a dit
39:45qu'il allait regarder ce résultat et nommer un Premier ministre
39:48qui sera de la même couleur politique que l'Assemblée.
39:51On vous fera vivre cela sur notre antenne d'LCP.
39:54Merci beaucoup à tous les quatre d'être venus sur notre plateau.
39:58Dans un instant, notre invité du jour,
40:00il est ministre délégué chargé du Logement
40:03et député Renaissance de Rélois réélu dimanche dernier,
40:06Guillaume Casbarian.
40:07Son invitation est signée, Maïté Frémont.
40:09Musique douce
40:11...
40:15Si on vous invite, Guillaume Casbarian,
40:17c'est parce que les députés de votre famille politique
40:20naviguent un peu sur un bateau ivre.
40:22Une rentrée parlementaire, chacun de votre côté,
40:26pas d'arrivée collégiale, pas de photos de famille.
40:29Guillaume Casbarian, ministre du Logement,
40:32pas encore démissionnaire,
40:34vous avez été réélu député
40:37et vous avez subi en début de semaine
40:39une thérapie de groupe pour purger le ressentiment
40:42accumulé par vos camarades.
40:44On a perdu cette élection législative
40:46et le Bloc central a perdu cette élection législative.
40:49Il ne faut pas se comporter comme si on l'avait gagnée.
40:52Assumez d'avoir perdu.
40:54Mais au-delà du bilan, une autre question pressante
40:56s'offre à vous.
40:58C'est qui pour gouverner ?
40:59Pour quoi faire ? Sur quels programmes ?
41:01Sur quels engagements ?
41:03Il y a ceux qui plaident pour une alliance avec la droite.
41:06Un gouvernement incluant LFI,
41:08tout comme l'application du programme délétère du NFP,
41:11devra être censuré dans la foulée.
41:13Un gouvernement avec le moindre ministre insoumis,
41:16je voterai la motion de censure.
41:18Et puis ceux de l'aile gauche.
41:20Certains claquent la porte et vont jusqu'à envisager
41:23la création d'un propre groupe.
41:24Notre sensibilité de centre-gauche,
41:28elle a besoin d'être visible, lisible.
41:30C'est ce qu'on nous demande sur le terrain.
41:33Quand certains anciens députés tempêtent...
41:35La Macronie est terminée.
41:37Le macronisme, c'est fini.
41:39C'est fini.
41:40...d'autres députés tempèrent.
41:42Je suis un chantre de l'unité.
41:43L'unité avec tout de même aussi la bataille des idées
41:47et une guerre des chefs en coulisses pour mener ce navire.
41:51Pressentis Elisabeth Borne, Gérald Darmanin
41:54et Gabriel Attal,
41:56ce sera finalement le Premier ministre.
41:58Nous avons frôlé la disparition.
42:01Il faut tout repenser, tout réinventer,
42:03tout reconstruire.
42:05Alors, on a une question pour vous ce soir.
42:07Alors qu'Emmanuel Macron déplore le spectacle désastreux
42:11mené par son camp,
42:12Gabriel Attal peut-il réussir à ramener l'unité
42:16dans votre famille politique ?
42:18Bonsoir, Guillaume Casbarian.
42:20Merci d'être avec nous.
42:21On va parler de Gabriel Attal,
42:23mais d'abord, j'aimerais voir votre réaction
42:26sur ce coup de gueule d'Emmanuel Macron.
42:28En fin de matinée à l'Elysée, devant les responsables de la majorité,
42:32le résultat que nous avons donné ces derniers jours
42:35est désastreux. Vous êtes d'accord ?
42:37Je crois plutôt qu'on a des députés qui se sont battus
42:40pour être réélus, qui ont fait une belle campagne,
42:43qui sont allés en porte-à-porte écouter les citoyens
42:46pour répondre à leurs problématiques,
42:48qui se sont battus durement alors que les vents étaient contraires.
42:52On a un Premier ministre qui s'est battu
42:54pendant la campagne, qui a donné le maximum
42:56et qui, par rapport à ce que prévoyaient certains sondages,
42:59a sécurisé plus de sièges que prévu.
43:02C'est à la fin des fins une défaite,
43:04ce n'est pas réjouissant,
43:05c'est un moment difficile pour notre famille politique,
43:08mais nous avons réussi à sécuriser un certain nombre de députés,
43:12si bien que je crois que notre groupe sera le deuxième
43:15de l'Assemblée, ce qui n'était pas ce que les sondages prévoyaient.
43:18On a eu cette semaine de mise en place,
43:20qui est difficile, car c'est triste de voir des collègues partir,
43:24il peut y avoir des sensibilités différentes,
43:27il peut y avoir des inquiétudes sur comment on aborde
43:30ces coalitions, ces discussions, ces négociations,
43:32dans un système inédit qu'on n'a pas connu régulièrement
43:35sous la Ve République.
43:37Tout ça peut être déstabilisant, ça peut nécessiter du temps,
43:40des discussions, et donc, tout ça s'organise et se met en place.
43:44C'est pas toujours évident.
43:45Le chef de l'Etat a ciblé les ambitions affichées par certains.
43:49Vous le jugez trop sévère dans les mots qu'il a eus ?
43:51Je juge absolument pas la parole du chef de l'Etat,
43:54il est le chef de l'Etat et je le respecte,
43:56en tant que président de la République.
43:59Non, je vous donne le sentiment d'un ministre,
44:01mais aussi d'un député de terrain, élu depuis 2017,
44:05et je regarde mes collègues avec bienveillance,
44:08et je regarde mes collègues avec cette volonté d'unité
44:11que vous avez entendue dans votre reportage,
44:13et cette volonté de construire quelque chose
44:15au service des Français.
44:17Le risque dans les semaines et les mois qui viennent,
44:20c'est de tomber dans de la politique aérie
44:22sans répondre aux attentes des Français,
44:24qui peuvent se dire, pendant qu'on trime
44:27l'emploi, la désertification médicale,
44:29la sécurité, on a des parlementaires
44:31qui s'écharpent. Il va falloir trouver
44:33le bon niveau de discussion entre les discussions internes
44:36pour essayer de trouver une marche vers l'avant,
44:39une coalition, une façon d'avancer,
44:41et en même temps répondre aux aspirations
44:44de nos concitoyens, que nous retrouvons chaque semaine,
44:47et qui attendent de nous, non pas uniquement
44:49de faire du blabla et de la négociation,
44:51mais aussi de répondre à leurs attentes.
44:54J'espère que dans les mois qui viennent,
44:56il y aura des élus de notre institution
44:58et qu'on ne s'enfermera pas dans des débats stériles.
45:01Moi, en tout cas, je suis admiratif de mes collègues,
45:04ceux qui ont été élus et qui se sont bien battus,
45:07mais aussi de ceux qui, malheureusement,
45:09n'ont pas été réélus. C'est une période très dure.
45:12Un mot de Gabriel Attal.
45:13Il est la bonne personne pour assurer
45:15la cohésion de la majorité, aujourd'hui.
45:18Je suis convaincu, d'une part,
45:20parce que c'est le Premier ministre,
45:22le chef de la majorité, il a fait une campagne exceptionnelle.
45:25Nos collègues savent qu'il a mouillé la chemise.
45:28Il est venu à Chartres, mais il est venu dans des dizaines d'endroits.
45:31C'est quelqu'un qui a des valeurs,
45:34qui sait construire une unité, qui sait rassembler,
45:37qui a des lignes claires aussi idéologiques,
45:39qui a pris des décisions courageuses.
45:41Je pense que c'est la bonne personne pour mener le cap,
45:44pour construire cette unité,
45:46pour le faire dans le dialogue avec nos sensibilités
45:49et pour nous rendre fiers, parce qu'on a besoin
45:51d'avoir un président de groupe qui nous rend fiers
45:54des négociations en cours, du cap donné
45:56et des propositions faites pour le quotidien des Français.
45:59C'est la bonne personne et je le soutiens.
46:01On a vu Gérald Darmanin pointer à ses yeux
46:04deux problèmes non résolus dans votre famille politique,
46:07celui de la ligne de votre camp
46:09et celui du fonctionnement du parti.
46:11Il a raison ?
46:12Sur la question de la ligne,
46:14nous avons toujours eu des sensibilités différentes.
46:17Certains viennent de la social-démocratie,
46:19d'autres sont plus conservateurs, d'autres plus libéraux.
46:22Il y a eu une sensibilité libérale sur les questions économiques
46:26et sur les questions de société.
46:28On a toujours essayé de faire coexister ces lignes.
46:31C'est pas simple, mais on a essayé de rassembler large.
46:34Les clivages droite-gauche ne se réactivent pas dans votre famille ?
46:37Je ne parle pas de clivage droite-gauche.
46:40Aujourd'hui, est-ce que la droite est libérale ou conservatrice ?
46:43Est-ce que la gauche est pour la libre entreprise
46:46ou pour l'économie dirigiste ?
46:48C'est des questions fondamentales.
46:51Gauche et droite, ça plaît de se référer à gauche et droite,
46:54mais je ne suis pas convaincu qu'aujourd'hui,
46:56il y ait une fortunité idéologique
46:58au sein de la gauche et de la droite.
47:00La ligne Pradier, par exemple,
47:02n'est pas la même que la ligne Wauquiez.
47:04La ligne de Dominique Pottier n'est pas la même
47:07que celle de Mathilde Panot.
47:09Le dépassement des clivages...
47:10Je crois qu'on peut, dans notre mouvement central,
47:13qui croit à la libre entreprise, à l'Europe,
47:16à la justice sociale, à la lutte pour l'égalité des droits,
47:19à l'émancipation par le travail,
47:21à toutes ces valeurs qui nous fédèrent,
47:23indépendamment de nos sensibilités,
47:25et qui font coexister des sensibilités différentes.
47:28Il faut se recentrer sur tout ce qui nous unit,
47:31tout ce qui est en commun,
47:32que l'on vienne de la gauche, de la droite, du centre,
47:35pour répondre aux problématiques quotidiennes des Français.
47:39Regardons ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise
47:42entre les sensibilités internes.
47:44Gérald Darmanin a raison de dire
47:46que ça doit vivre au sein d'un parti.
47:48Il doit se donner un nouveau souffle,
47:50à la fois d'un point de vue de son organisation,
47:53de sa structuration pour conquérir les échéances électorales,
47:56mais aussi sur le plan des idées, intellectuel,
47:59de la création de propositions pour donner envie.
48:02En réalité, ce qu'on veut, c'est que dans quelques années,
48:05notre force politique puisse donner envie aux Français,
48:08représenter une alternative aux pires et aux extrêmes.
48:11Pour donner envie, il faut s'ouvrir,
48:14faire travailler des chercheurs, des intellectuels,
48:16des hommes qui veulent contribuer à une création politique
48:20qui donne envie de la rejoindre.
48:22Ce travail-là est encore à construire,
48:24surtout au sortir de cette élection qui n'est pas un succès pour nous,
48:28et sur laquelle nous avons besoin de reconstruire les choses.
48:31C'est un enjeu très fort.
48:32Gérald Darmanin pourrait être la bonne personne
48:35pour donner cette impulsion au parti ?
48:37Ce n'est pas à moi de le dire.
48:39Le parti a ses statuts, son fonctionnement, son président.
48:42Respectons les instances du parti, les militants,
48:44les présidents de départements,
48:46respectons ceux qui forment ce parti, le bureau exécutif,
48:50et ils prendront les bonnes décisions dans le respect de nos statuts.
48:53On verra dans la discussion qui est la meilleure personne
48:56pour incarner notre formation politique et faire vivre ce débat.
49:00J'aimerais qu'on évoque un autre aspect de cette situation politique
49:04qui est bloquée et qui vous place dans une situation très particulière.
49:07Vous êtes encore secrétaire d'Etat au logement.
49:10Ministre délégué.
49:11En quoi consiste exactement votre job aujourd'hui ?
49:15Quand on est ministre,
49:17même si le Premier ministre a remis sa démission,
49:19les ministres sont toujours en poste
49:21car le président n'a pas accepté la démission du gouvernement.
49:25On peut prendre des décrets, des textes, des instructions
49:28conformément à notre mission ministérielle
49:30dans le cadre de nos activités.
49:32J'en ai prévenu récemment sur le zonage dans les communes.
49:35C'est quelque chose que nous faisons.
49:37À partir du moment où le président acceptera la démission,
49:40nous serons en affaires courantes.
49:42À partir de ce moment-là, nous ne pourrons plus prendre,
49:45si le président n'a pas choisi un nouveau gouvernement,
49:48nous serons en poste et nous ne pourrons prendre
49:50que des décisions courantes ou d'urgence
49:53que n'importe quel autre gouvernement aurait pris à notre place
49:56pour maintenir le service public, le service aux Français,
49:59le fonctionnement de l'administration,
50:01la gestion des urgences courantes.
50:03Pas d'initiative politique, pas de texte législatif,
50:06pas de décision politicienne qui puisse arriver
50:09tenue strictement à une application fonctionnelle,
50:11j'allais dire, de ce qui est courant ou urgent
50:14dans le strict respect des institutions.
50:16Ca sera la phase qui interviendra
50:18si le président accepte la démission du Premier ministre...
50:21-...qui devrait se produire la semaine prochaine.
50:24-...et s'il nous laisse en poste le temps de choisir
50:27un nouveau gouvernement.
50:28C'est arrivé régulièrement sous la Troisième et la Quatrième République,
50:32avec des périodes plus ou moins longues.
50:34Juste d'un mot, parce qu'il faut conclure,
50:37vous êtes élu député, vous ne siégez pas.
50:39Pas tant qu'on n'est pas en courant.
50:41Vous pourrez être ministre en charge des affaires courantes
50:44et député à l'Assemblée.
50:46Une fois que le président a accepté la démission du gouvernement
50:49et que le gouvernement passe en affaires courantes,
50:52le gouvernement peut, si il est élu député,
50:54siéger à l'Assemblée nationale, participer au vote.
50:57Nous ne sommes pas soumis à des motions de censure,
51:00nous ne sommes pas des ministres politiques,
51:02et cette situation intercalaire peut durer plus ou moins longtemps.
51:06Notre histoire, dans notre propre République,
51:08a duré plusieurs semaines ou plusieurs mois.
51:11Dans d'autres pays européens, au Pays-Bas,
51:13c'est assez courant, faire une coalition,
51:16trouver un compromis, trouver des lignes d'accord,
51:18parfois, ça prend du temps.
51:20Il vaut mieux prendre du temps plutôt que de se presser
51:23et avoir quelque chose qui se fait censurer 24 heures plus tard.
51:26C'est au président de la République de fixer ce cadre et ce calendrier.
51:30Merci, Guillaume Kasbarian.
51:32On accueille à présent nos affranchis.
51:44Bonsoir à tous les deux.
51:46On commence par vous, Bertrand Perrier.
51:48La question est posée avec insistance
51:50depuis l'élection de Raphaël Arnault.
51:52Dans la première circonscription du Vaucluse,
51:55est-ce qu'on peut être député et fiché S ?
51:57C'est la question qui se pose.
51:59On a appris que Raphaël Arnault serait l'objet de trois fiches S.
52:04Alors, ces documents ont même été reproduits
52:07sur les réseaux sociaux, sans qu'on sache s'ils sont authentiques.
52:11La polémique enfle depuis qu'il a été élu député dimanche dernier.
52:15Il faudrait avoir un casier vierge
52:17pour exercer un certain nombre de professions
52:20et on pourrait être député tout en étant l'objet d'une fiche S.
52:23Qu'en est-il exactement ?
52:25Il faut savoir ce qu'est une fiche S.
52:28En réalité, le fichier S est un sous-fichier
52:32d'un très gros fichier,
52:33qui est le FPR, le fichier des personnes recherchées.
52:37Sur ce fichier figurent environ 600 000 personnes
52:40qui ont fait l'objet d'un signalement,
52:42qu'ils soient judiciaires, policiers ou administratifs.
52:45On trouve dans ce FPR
52:48des gens qui sont en cavale, des gens qui sont évadés,
52:51mais aussi des gens qui sont interdits de jeu,
52:54interdits de stade, des mineurs en fugue,
52:56des gens aux profils extrêmement différents.
52:59Au sein de ce fichier, il y a donc les fichiers S.
53:02Voilà. S pour le motif qui justifie qu'il se trouve dans ce FPR,
53:07S comme sûreté de l'Etat.
53:10Et donc, il y a environ 30 000 personnes.
53:13Quand on est fichier S, normalement, on ne le sait pas,
53:16mais on évalue à environ 30 000 personnes
53:19le nombre de personnes qui sont donc fichiers S.
53:22On trouve là-dedans, évidemment,
53:24des islamistes radicaux, des imams radicalisés,
53:27mais aussi des mouvements d'ultra-gauche,
53:29des membres de Black Bloc,
53:31des membres de mouvements comme Extinction Rébellion
53:34ou les soulèvements de la terre.
53:36Ces personnes ont un point commun.
53:38Elles ont été considérées par les services de renseignement,
53:41de police, de gendarmerie,
53:43comme présentant une dangerosité potentielle.
53:45Mais on ne sait pas ce niveau de dangerosité.
53:48Il y a, parmi ces 30 000 personnes,
53:50d'autres qui font l'objet d'un suivi au quotidien
53:52et d'autres qui font l'objet d'un suivi plus souple.
53:55Quand on les interpelle, l'information remonte
53:58et on sait où elle se trouve.
54:00Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le fichier S
54:02est un fichier de police.
54:04Ce n'est pas un fichier de condamnation.
54:06C'est un fichier administratif et non pas judiciaire.
54:10On peut être fichier S et avoir un casier judiciaire vierge.
54:14En bref, les individus qui sont fichiers S
54:16ne sont pas forcément des dangereux terroristes
54:19qui passent à l'action.
54:20Ce sont des personnes dont les activités,
54:23notamment militantes, justifient une attention particulière
54:26mais qui ne font pas l'objet de poursuites judiciaires.
54:29En pratique, puisque seul un juge peut rendre quelqu'un inéligible,
54:33eh bien oui, on peut être député et fichier S.
54:37Merci beaucoup, Bertrand Perrier.
54:39On passe à vous, Mariette Darrigrand,
54:41avec le mot de la semaine.
54:42Vous avez choisi de nous parler du mot concorde
54:45qui a été employé par Emmanuel Macron dans sa lettre.
54:48C'est un mot de la langue écrite.
54:50Le mot a aussi été dans les tribunes.
54:52C'est surprenant car nous n'y sommes pas.
54:54Si on regarde le mot, il a deux étymologies.
54:57Une très concrète, la corde.
54:59On a déjà évoqué la fresque du bon gouvernement à Sienne.
55:02C'est madame Concordia,
55:04seigneur à Concordia, qui fait passer la corde
55:07aux 9 citoyens de la ville.
55:08Donc on voit l'idée.
55:10Deuxième étymologie, c'est la cordis.
55:13Cette fois, c'est le coeur.
55:14Le mot devient sentimental, en fait.
55:18Donc cette seconde étymologie,
55:20vous disiez que c'est le coeur.
55:22Être en concorde, c'est ça ?
55:23C'est ça. Quand on est en concorde,
55:25on met deux coeurs ensemble, au moins deux.
55:28Là, je dirais qu'on voit bien
55:30la proximité de l'amour et de la haine,
55:34les rencontres bizarres et les trahisons.
55:36Tout est possible.
55:37C'est peut-être pour ça qu'on parle d'apaisement.
55:40Je crois que c'est ce dont tout le monde a envie.
55:43On a besoin de vacances, de repos,
55:45on a besoin de laisser... Voilà, bien sûr.
55:47Et on a besoin de J.O.
55:48Mais les J.O., ils vont s'exprimer
55:50un peu partout en France et partout dans la capitale,
55:53et ils vont passer par la place de la Concorde, Clément,
55:56très près de l'Elysée.
55:58C'est là où je voulais en venir,
56:00parce que le mot est extrêmement politique.
56:02La Concorde, la Respublica, la République,
56:05c'est vraiment la base de notre vision de la politique.
56:08Alors, c'est l'harmonie, dans le monde grec, c'est ça.
56:12L'harmonie de la cité, de la police,
56:14ça repose sur une double image.
56:17C'est à la fois musical, c'est comme un orchestre,
56:20Apollon avec sa lyre, qui a doux cinémeurs,
56:22et aussi très arithmétique.
56:25C'est Pythagore.
56:26Donc, ça veut dire que c'est pas du tout
56:28le peace and love un peu bizarroïde qu'on a en ce moment,
56:31où il faudrait se rassembler, s'aimer et se trahir.
56:34Non, c'est pas ça, c'est pas sentimental, la Concorde.
56:37C'est extrêmement réglé,
56:39et ce sont les désaccords qui sont importants.
56:41C'est faire coexister les désaccords.
56:43Donc, vous voyez, c'est totalement paradoxal.
56:46La Concorde, ça n'est pas celle qui fait l'éloge de la fusion.
56:51Au contraire, c'est celle qui fait travailler ensemble
56:54les désaccords. Nous avons un paradoxe magnifique,
56:57très difficile à résoudre.
56:58On va voir dans les mois qui viennent,
57:00et l'été va être intéressant.
57:02Merci, Mariette Darrigrand.
57:04Est-ce que ça peut correspondre à la définition du défi
57:07que devra relever le prochain gouvernement,
57:09permettre aux désaccords de coexister ?
57:12Faire coexister les désaccords,
57:14ça va être l'enjeu des mois qui viennent.
57:16On aura beaucoup de Concorde dans les mois qui viennent,
57:19beaucoup de désaccords, à l'Assemblée ou au gouvernement.
57:22C'est un bel enjeu.
57:23A la veille du 14 juillet,
57:25remettre la Concorde au coeur, au milieu du village,
57:28c'est une belle chose.
57:29N'oublions pas que liberté, égalité, fraternité,
57:32on a besoin de la Concorde dans cette période estivale,
57:35après des mois très compliqués.
57:37Merci, Guillaume Casbarion, d'être venu.
57:39Merci à nos deux affranchis, Bertrand Perrier et Mariette Darrigrand.
57:43C'est la fin de cette émission. Bon week-end à tous et à la semaine.
57:46SOUS-TITRAGE ST' 501