Pierre de Vilno revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, Henri-Jacques Citroën, petit-fils d’André Citroën évoque sur l'antenne d'Europe 1 son projet de faire entrer son grand-père au Panthéon.
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00:00Europe 1 et vous, 11h-13h, Pierre De Villeneau, 1h moins 20 sur Europe 1.
00:071h moins 20 et en voiture Simone j'allais dire, ou alors devrais-je dire en voiture Henri-Jacques.
00:13Henri-Jacques Citroën est avec nous, bonjour cher Henri-Jacques.
00:16Bonjour Pierre.
00:18Vous êtes le petit-fils d'André Citroën et vous avez pour projet de faire entrer au Panthéon
00:26André Citroën, votre grand-père, où il y a au Panthéon des politiques, des scientifiques, des artistes, des résistants, des militaires,
00:33mais il n'y a pas de capitaine d'industrie, dites-vous.
00:35Alors André Citroën c'était un peu plus qu'un capitaine d'industrie parce qu'il y a une histoire évidemment avec l'automobile,
00:41mais c'est avant tout une histoire humaine peut-être.
00:44Absolument, effectivement ça serait le premier industriel, le premier chef d'entreprise à rentrer au Panthéon,
00:50il est juste de rendre hommage à ceux qui ont contribué à faire la richesse de la France et des Français.
00:57Mais il s'agit d'un personnage qui est vraiment extraordinaire à tout point de vue.
01:03Et dans le contexte actuel de réindustrialisation de la France, de la recherche, de la cohésion sociale,
01:10du renforcement du rôle de la femme et aussi des efforts pour être à l'avant-garde des progrès technologiques,
01:17là on a quelqu'un qui remplit toutes les cases.
01:20Et alors justement, pourquoi ? Parce qu'il avait ce lien avec aussi son usine,
01:25c'est-à-dire qu'il était là tous les jours, il connaissait tous les ouvriers, il les connaissait par leur prénom,
01:31il y avait une histoire vraiment familiale j'allais dire avec son usine.
01:34Il y avait quelque chose de familial effectivement, c'était un personnage qui avait un sens social extrêmement avancé,
01:41charismatique, visionnaire, optimiste, humaniste.
01:45Mais ce qui frappe les esprits, c'est de voir comment il a su réagir à tout moment dans la vie.
01:51Par exemple, pendant la première guerre mondiale, les gens ne savent pas ça,
01:55mais il a été envoyé au front comme tous les hommes valides.
02:00Et très vite, il se rend compte que les Allemands envoyaient beaucoup plus d'obus sur les lignes françaises que le contraire.
02:08Donc il s'est dit, on ne peut pas gagner la guerre dans ces conditions.
02:11Donc réaction immédiate, il demande à la famille de lui obtenir une audience avec le ministre de la guerre
02:18pour lui proposer la construction immédiate d'une usine d'obus.
02:22Donc la famille lui obtient le rendez-vous, il est face au ministre et il lui dit,
02:26moi, je me fais fort, alors qu'il n'était pas très connu à l'époque,
02:29je me fais fort de vous faire une usine dans un délai record.
02:31Et donc on lui donne le feu vert, la France de toute façon n'avait rien à perdre.
02:34Et en l'espace de quatre mois, et c'est quelque chose d'exceptionnel,
02:37en l'espace de quatre mois, il achète les terrains de Javel,
02:41là où se trouve le parc André Citroën.
02:43Et là où se trouve notre bureau, là où se trouve Europe 1.
02:46Voilà exactement.
02:48Le somme sur les terres de l'usine Citroën.
02:50Voilà exactement.
02:52Et il construit l'usine qui est un énorme bâtiment.
02:56Quand on va faire des obus, ce n'est pas le petit atelier du coin.
02:59Il achète les machines, il crée le process de fabrication.
03:03Il embauche 3500 personnes pour commencer.
03:07À la fin, ils étaient 13 000.
03:09Et comme les trois quarts du personnel étaient féminins,
03:12puisque les hommes étaient au front,
03:14donc pour que les femmes travaillent dans de bonnes conditions,
03:16nurserie, garderie, infirmerie, vestiaire avec douche,
03:20prime d'accouchement, prime d'allaitement.
03:22On est en 1915.
03:23Et en l'espace de quatre mois, l'usine commence à produire des obus.
03:29Donc c'était exceptionnel.
03:30Ça a vraiment contribué à la victoire de la France.
03:35Ce qui est intéressant, c'est de voir que quelqu'un,
03:37face à l'adversité qu'il touchait,
03:39parce qu'en plus de ça, au début de la guerre,
03:40il perd son frère dont il était très proche.
03:43Face à l'adversité qui le touche et face à l'adversité qui touche la nation,
03:46il réagit et agit.
03:48C'est un bel exemple,
03:50c'est un bel enseignement pour les temps présents et les temps futurs.
03:54Vous parliez du lieu et alentour,
03:57il y a encore des rudiments de toute cette histoire de votre famille Henri-Jacques Citroën,
04:02puisqu'il y a au-dessus du petit bistrot
04:04où vont toutes les équipes d'Europe 1 à la fin de la journée
04:07pour boire un petit coup, qui est la polinaire.
04:10Au-dessus de la polinaire, il y a cet immeuble années 30
04:12avec des dalles sur la façade.
04:17Et ce sont les bâtiments, d'ailleurs,
04:19des cadres de Citroën de l'époque.
04:24Exactement, oui.
04:25C'est des immeubles des années 20.
04:28Il y a le bistrot d'André où vous allez peut-être aussi,
04:31qui est complètement décoré avec des souvenirs de Citroën.
04:36C'est un peu dans l'esprit que vous proposez,
04:39de porter le souvenir de votre grand-père au grand public
04:44et cette volonté d'aller jusqu'au Panthéon.
04:46D'ailleurs, pour la petite histoire,
04:47on ne vous voit pas parce que vous êtes à la radio,
04:49mais j'encourage mes confrères de la télévision
04:52et notamment nos cousins de CNews de vous inviter à la télévision
04:56puisque vous êtes le portrait craché de votre grand-père.
04:59C'est quand même assez hallucinant.
05:01Vous avez même pratiquement les mêmes lunettes que lui.
05:03Les mêmes petites lunettes rondes.
05:05Il manque juste la moustache.
05:07Ça peut s'arranger.
05:09Comme argument pour l'entrée d'André Citroën au Panthéon,
05:15il y a aussi ce qu'il fait quand la guerre se termine.
05:18Il transforme son usine pour fabriquer des voitures
05:25à très grande échelle
05:26parce qu'il voulait donner de la mobilité à la population.
05:29En appliquant les méthodes américaines qu'il avait observées
05:32avant la guerre en allant aux Etats-Unis,
05:34il fait produire une voiture
05:36qui soit accessible en prix à la majorité des gens
05:40pour faciliter le rapprochement des personnes entre elles
05:43et faciliter aussi le redémarrage économique de la France.
05:47La production de voitures qui sont vendues complètes,
05:54parce qu'avant la Première Guerre mondiale,
05:56la production d'automobiles,
05:58c'était un artisanat à grande échelle.
06:00Quand vous achetiez une voiture...
06:01Et ensuite, il y a eu la Ford T,
06:02qui était la première voiture de série.
06:04Et ensuite, Citroën a fait exactement la même chose
06:07avec un modèle français.
06:09Voilà, le modèle français,
06:10mais comme je le disais,
06:11avec la voiture, avec toutes les options.
06:14Parce qu'avant la Première Guerre mondiale,
06:15vous pouviez acheter une voiture sans phare,
06:17par exemple, ou avec deux sièges.
06:19Donc, tout était fait à la demande.
06:21Sans phare, c'est le moyen.
06:23Oui, mais c'était comme ça.
06:25Tout était en option.
06:27Vous voulez rouler à nuit ?
06:28Prenez les phares avec, c'est mieux.
06:29Voilà, exactement.
06:31Et donc, comme ils commencent à produire
06:33des voitures à grande échelle,
06:34il se dit qu'il faut les vendre, ces voitures.
06:36Ils les vendent partout.
06:37Et c'est pour ça que quelqu'un comme Jacques Séguéla
06:39dit que André Citroën a inventé le marketing moderne,
06:42a inventé la publicité moderne.
06:46Et il y a certains journalistes
06:48qui ont même dit que c'est lui qui a inventé le buzz
06:51parce qu'il faisait un bruit maximal en permanence
06:53pour faire parler de ces voitures.
06:56Henri-Jacques Citroën, le temps nous manque,
06:58mais effectivement, l'histoire de Citroën,
07:00après, est hallucinante avec la traction
07:02et aussi un modèle de sécurité
07:04avec cette traction avant
07:06et même si le brevet était aux Etats-Unis,
07:08il a réussi à le prendre en France
07:10et il avait fait venir
07:12un sculpteur italien
07:14pour dessiner la carrosserie de la traction.
07:16Ensuite, il y a eu la DS
07:18et toutes les voitures qu'on connaît.
07:19Merci beaucoup, Henri-Jacques Citroën,
07:20d'avoir été quelques instants avec nous
07:22sur Europe 1
07:24et on espère que votre projet
07:26de panthéoniser
07:28votre grand-père André Citroën
07:30et je sais que
07:32secrètement, il y a des démarches
07:34auprès de l'Elysée
07:36pour souffler ça à l'oreille d'Emmanuel Macron
07:38et bien peut-être que tout cela aboutira.
07:40Merci beaucoup,
07:42Henri-Jacques Citroën,
07:44d'avoir été avec nous sur Europe 1.
07:46Vous écoutez Europe 1 et vous avec Pierre Devino
07:48jusqu'à 13h sur Europe 1
07:50et dans un instant, ce sera le grand débrief de Véronique Verdun.
07:52Restez avec nous sur Europe 1.