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00:00Bonjour Bilal Tahramé, deux ans après la mort de Marsa Amini et deux ans après le début du mouvement Femme, Vie, Liberté, où en est ce mouvement en Iran ?
00:09Bien écoutez, ça a été évoqué à la fin de ce sujet de Ludovic de Foucault, l'héritage du mouvement Femme, Vie, Liberté,
00:17c'est tout simplement une vraie révolution culturelle qui a lieu dans de larges pans de la société iranienne,
00:25selon les mots d'ailleurs de l'anthropologue Chokra Makkaremi dont on peut retrouver l'interview sur notre site France 24,
00:33interviewé par notre collègue Bahar Makkoy et cet héritage, c'est les femmes qui marchent tête nue dans la rue de façon fréquente,
00:43pas que dans les grandes villes en Iran mais aussi dans les petites, et c'est cette photo qu'on peut voir à l'image,
00:50ces femmes mais plus précisément ces jeunes filles puisque la révolution culturelle a lieu au sein de ce qu'on appelle la génération Z, la Gen Z,
00:58c'est-à-dire les gens qui sont nés entre la fin des années 90 et 2010 qui ont autour de 20 ans aujourd'hui
01:04et qui, eux, ne supportent plus la moindre once d'autorité du régime iranien à leur égard
01:11et qui font du rejet du voile obligatoire le symbole de leur liberté personnelle et de leur émancipation.
01:19Et d'ailleurs il y a une différence avec la génération précédente, celle de la révolution verte en 2009,
01:26à l'époque c'était contre l'élection qualifiée de frauduleuse du président Ahmadinejad,
01:32alors ces militantes qui ont une quarantaine, une cinquantaine d'années aujourd'hui,
01:37ce sont souvent les mères, les mamans de ces jeunes filles et bien souvent elles aident en sous-main ces filles à s'émanciper
01:45et à poursuivre ce qu'elles avaient commencé, en tout cas c'est dans leurs mots,
01:50et c'est typiquement le sujet du livre de notre confrère Delphine Minoui qui s'appelle Bad Gents, mauvais genre,
01:58et qui raconte cette histoire.
02:00Alors cela dit, la différence entre aujourd'hui et il y a deux ans c'est qu'il y a de moins en moins de vidéos de jeunes femmes
02:09qui montrent de manière courageuse et spectaculaire leur tête nue dans les rues
02:14et il y a de plus en plus de vidéos comme celle que je peux vous montrer.
02:18Alors là sur cette vidéo on voit une jeune femme non voilée dans une voiture
02:24qui se fait attaquer par les agents de sécurité de l'université dans laquelle elle essaye de rentrer.
02:31Est-ce que l'élection du président dit modérée mais pro-régime bien sûr Massoud Pesechkian a changé quelque chose ?
02:38Est-ce que ça a amélioré la condition de vie des Iraniens ?
02:42Absolument pas. D'abord parce qu'il y a tout un plan de coercition qui a été adopté par l'état iranien avant son élection et qui se poursuit depuis.
02:50Ce plan il a un nom, ça s'appelle le plan Noor, c'est-à-dire le plan lumière.
02:54C'est l'augmentation du nombre de patrouilles à pied et en fourgon de la police des mœurs
03:00qui enlèvent en pleine rue des jeunes filles qui parfois ont à peine 14 ans.
03:05Vous avez des arrestations de conductrices de véhicules qui ne portent pas le voile et qui pensent être à l'abri dans leurs voitures.
03:15Des peines de prison de plus en plus lourdes, des bastonnades dans les prisons.
03:20Narges Mohammadi en a été victime il n'y a pas si longtemps.
03:25Qui est la prix Nobel de la paix.
03:27Absolument, la prix Nobel de la paix.
03:29Et vous avez aussi, et ça c'est nouveau, des condamnations à mort prononcées contre des féministes, des activistes.
03:34On peut en citer au moins deux.
03:36La défenseuse des droits humains Sharifeh Mohammadi et la militante de la société civile kurde Parchan Azizi.
03:43Alors c'est vrai que Massoud Pezeshkian, le président, avait évoqué pendant sa campagne l'idée d'un débat nécessaire
03:49sur la place de la famille iranienne dans la société sans plus de précisions.
03:53Mais juste, il faut rappeler un fondamental des fondamentaux.
03:59Si on regarde la structure, l'organisation du régime iranien de cette république islamique d'Iran,
04:05on s'aperçoit encore une fois que, ça va peut-être s'afficher à l'écran,
04:10mais on s'aperçoit que c'est le guide suprême qui concentre les pouvoirs principaux dans sa main.
04:16Il contrôle l'armée, il contrôle le système judiciaire, il contrôle les gardiens de la révolution.
04:21Et c'est lui qui décide qui a le droit de se présenter à l'élection présidentielle à travers un conseil.
04:26Et finalement, on voit que les électeurs iraniens, quand on vous dit, nous sur France 24, qu'il y a des élections en Iran,
04:32il y a certes des élections, mais les gens votent pour des candidats autorisés par le régime et le guide suprême.
04:41Et ce nouveau président iranien Massoud Pezeshkian doit prendre la parole aujourd'hui.
04:45C'est sa première conférence de presse depuis son élection.
04:47C'est pas un hasard ? La date n'a pas été choisie au hasard ?
04:51En tout cas, cette date, elle interpelle.
04:53Alors évidemment, on attend de savoir ce que Massoud Pezeshkian va dire et sur quel sujet il va s'exprimer.
05:00Les femmes iraniennes, c'est peu probable, étant donné la politique du régime qui consiste à les invisibiliser
05:07et à invisibiliser leur lutte totalement de l'espace public.
05:12En revanche, on rappellera quand même que l'Iran, qui n'a pas de scrupules avec la notion de co-belligérance comme d'autres pays,
05:19est impliquée directement dans deux guerres ouvertes.
05:22La guerre en Ukraine, puisque l'Iran livre des drones, mais aussi des missiles, selon les États-Unis, à la Russie.
05:30La guerre à Gaza, à travers tous ses alliés et ses proxys dans la région.
05:35Le Hamas dans les territoires, le Hezbollah.
05:38On peut peut-être le voir d'ailleurs sur une carte.
05:41On voit que l'Iran s'est mis au centre d'un système.
05:44Et vous avez enfin le dossier du nucléaire iranien.
05:52Alors on appelle ça le dossier du nucléaire, sauf que l'Iran est à quelques...
05:57Enfin, la question c'est de savoir quand est-ce qu'elle aura l'arme nucléaire et non pas si elle va l'avoir.
06:02Mais Raphaël Grossi, qui est le directeur de l'AIEA, a dit la semaine dernière que le président iranien était d'accord pour le rencontrer
06:10quand on ne sait pas et pour parler de quoi on ne sait pas non plus.
06:13Merci beaucoup Bilal.