La colère de Swann Périssé et le retour à la mode de la chenille

  • la semaine dernière
Dans Tout Public du lundi 16 septembre 2024, le spectacle de stand-up de Swann Périssé "Calme", et le nouveau phénomène culturel, le grand retour de la chenille.

Category

🗞
News
Transcript
00:00Et c'est tout public avec vous Frédéric Carbone, et commençons par la razzia de la nuit à Hollywood.
00:05Oui, parce que qui aurait dit qu'une série qui plonge dans le Japon médiéval et largement
00:09sous-titrée allait obtenir un record, tout simplement de récompense aux Emmy Awards,
00:14les Oscars de la télévision, 18 au total, donc pour Shogun, meilleur acteur, meilleure
00:19actrice, meilleure série dramatique, tant d'autres, et celui qui est en ligne avec nous
00:22lui aurait peut-être donné encore plus de statuettes.
00:25Bonjour Laurent Vallière.
00:26Oui, bonjour Frédéric.
00:27Monsieur Seri, sur France Info, vous avez adoré Shogun.
00:30C'est juste, alors il y en a qui disent que c'est le Game of Thrones du Japon médiéval,
00:35moi je suis plutôt d'accord dans le sens où c'est vraiment une série qui plonge dans
00:39cette période absolument fascinante, avec une authenticité à tel point qu'effectivement
00:46lorsque des japonais sont à l'écran, ils parlent en japonais, si vous regardez la série
00:50sur Disney+, j'ai encore vérifié tout à l'heure parce que je me posais la question,
00:55les dialogues japonais ne sont pas traduits en français, vocalement je veux dire, lorsque
01:01vous regardez la série, c'est une série magnifique, avec des rebondissements comme
01:08on peut en voir dans Game of Thrones, puisque vous avez des acteurs principaux qui disparaissent
01:14soudainement, et surtout, c'est une série, en fait moi j'ai un prisme je dois dire très
01:20japonais, et alors c'est une série qui vous fait voyager complètement dans le pays du
01:24soleil et le vent, c'est-à-dire qu'en fait c'est une série qui passe de la contemplation
01:31avec des scènes extrêmement lentes, et puis si jamais lors d'un conseil de guerre, alors
01:36on est en 1600, et en fait c'est inspiré d'un roman de James Clavel, qui avait déjà
01:41été adapté en série avec Richard Chamberlain, mais dans les années 1980, c'était le marin
01:48britannique qui arrivait dans ce pays, japonais qu'il croyait appartenir à l'Europe en fait,
01:54qui était un peu le héros. Là, c'est complètement l'inverse, c'est le Japon, c'est les acteurs et
02:00les personnages japonais qui sont les principaux. Exactement, on va découvrir comment celui qui
02:05deviendra un des grands shoguns, vous savez au Japon il y a eu un shogunat qui va rester
02:13en place durant 300 ans, à partir de 1600, et ça raconte comment ce seigneur va réussir,
02:20mais c'est presque comme un jeu d'échec finalement, un jeu d'échec politique, va réussir à coups de
02:25ruses, mais absolument parfois, c'est vraiment le billard à quatre bandes, à ses fins. Et donc,
02:33pour arriver à ses fins, par exemple quelqu'un qui, lors d'une grande réunion de seigneurs,
02:39a élevé un tout petit peu trop la voix, va se faire un rakiri dans la scène suivante.
02:45Donc, on voit bien les deux types d'ambiance, vous dites, et à juste titre Laurent Game of
02:51Thrones, mais dans ce que vous décrivez, il y a des intrigues de cours à la The Crown,
02:54un peu, c'est un peu un mélange des deux. Oui, sauf qu'évidemment, la reine d'Angleterre a peut-être
03:03plus de popularité auprès du public américain et français que Tokugawa, Ieyasu, qu'on ne connaît
03:09pas trop en France. On découvre une culture qui existe vraiment. Voilà, en fait c'est ça qui est
03:14très intéressant, parce que vous avez dit qu'il a eu 18 prix. Il a eu le prix, le Emmy Award de la
03:19meilleure série. Ce qui est très important aussi, c'est que les deux acteurs principaux, la femme,
03:24Anna Sawai, qui est absolument incroyable. C'est un rôle de femme qu'on en a vu rarement à l'écran.
03:30Et l'acteur principal qui joue le shogun, le futur shogun, Hiroyuki Sanada, eh bien, ils sont
03:37japonais. Et l'acteur principal, Hiroyuki Sanada, il explique dans des interviews que ça fait 20
03:42ans qu'il est à Hollywood. C'est la première fois qu'il se retrouvait producteur et qu'il tenait
03:46exactement à l'authenticité. Il ne voulait pas avoir honte de cette série lorsque les japonais
03:50la regarderaient. On n'est pas dans du folklore du tout, on le comprend bien de tout. Le scénariste
03:55Laurent Vallière dit merci d'avoir validé une série dont le point culminant se déroule autour
03:58d'un concours de poésie. Voilà, c'est ça. Vous avez des bastons énormes. Vous avez des épisodes qui
04:05sont réalisés par Charlotte Langström, qui a d'ailleurs réalisé parfois certains épisodes
04:10de Game of Thrones. Et puis vous avez des épisodes beaucoup plus poétiques. Alors en fait, c'est ça
04:18qui fait que ça oscille et tout d'un coup, vous êtes surpris. Ça donne envie. Vous voyez qui vous
04:23dit ça donne envie, c'est notre invité qui arrive, Laurent Vallière. Elle ne l'a pas vu, il y aura
04:27peut-être une saison 2, on l'espère. Merci beaucoup Laurent. Et comment Swan Périssé aurait-elle pu
04:32voir Shogun tellement elle a d'activité ? Bonjour ! Si je dis que vous êtes hyper activiste, vous
04:38vous prenez ? J'adore ! C'est la première fois qu'on me dit ça, c'est très flatteur et c'est tout à fait réaliste.
04:43Parce que vous êtes partout, des podcasts sur les planches. Et puis activiste, féministe, écologiste,
04:49vous reprenez dans quelques jours calme à partir de demain, même Théâtre Édouard VII à Paris.
04:54Et vous aviez fait un spectacle monté en urgence l'été dernier quand le Rassemblement National
05:00était au port de Matignon. Depuis ce qui s'est passé, je suis hyper stressée et je suis hyper
05:07malheureuse. Et je me suis dit, j'étais dans mon lit, voilà, quand il y a eu la dissolution, les résultats
05:12des élections européennes, j'étais dans mon lit, j'étais malheureuse, j'étais stressée. Et je me suis
05:16dit, il faut que tu te sortes de là. Je me suis dit, qu'est-ce qui te fait plus peur encore que le
05:21Rassemblement National au pouvoir ? Et je me suis dit, écrire un spectacle en cinq jours. Quel défi !
05:27Oui, oui, tout à fait. En gros, moi je joue donc mon spectacle qui parle de colère, qui s'appelle
05:32Calme au Théâtre Édouard VII. Je le joue pendant plusieurs années, donc il a le temps de se bonifier
05:36avec le temps. Ce n'est pas forcément que des blagues d'actu, il y en a un petit peu, mais c'est
05:40sur la colère et la révolte en général, bien sûr. Et là, c'était vraiment un spectacle qui n'avait
05:46rien à voir, un spectacle sur l'actu. J'avais envie d'utiliser l'humour pour pouvoir trouver du pouvoir
05:51dans cette souffrance. Pour vous sauver aussi dans ce moment-là ? Exactement, oui. Le spectacle
05:55est sur YouTube et il s'appelle Dernier spectacle avant la fin du monde. Et c'était vraiment parce
06:00que j'avais peur que... C'est très dramatique, mais que le Rassemblement National au pouvoir
06:04interdise les humoristes de jouer. Donc, j'étais là genre, il faut jouer, dire toutes les blagues que j'ai envie de dire.
06:08Et là, vous avez envie de faire un spectacle politique avec ce qui se passe en ce moment ?
06:11Ouais, en fait, la politique politicienne, ça m'excite moins. Là, c'était rigolo parce que
06:16c'était, enfin de pire en pire, c'était caricatural ce qui se passait. Par contre, oui, j'ai envie de
06:21lutter. Je pense que c'est l'un des rôles des humoristes, pas forcément de donner son avis,
06:24mais de faire des blagues dessus, détendre l'atmosphère, observer un peu la société. Et à ce
06:28moment-là, tout le monde était emballé, terrifié, en conflit. Et donc, c'était important. Là, je suis
06:34un peu lasse, quoi. Je me dis, bon, on va peut-être penser à dans deux ans, on va peut-être avancer sur le
06:38quotidien, quoi. Donc, d'ici là, calme, à partir de demain, Théâtre Édouard VII, calme, ça vient de
06:43quelque chose que vous avez entendu souvent, et d'autres femmes aussi, tu vas te calmer un peu.
06:47Exactement. Oui, oui. Est-ce que ça parle de ça ? Oui, ça parle de ça, bien sûr, de tous ces hommes
06:53qui m'ont dit de me calmer, mais aussi de ma famille, tout simplement, parce que je suis vraiment
06:57tout sauf calme. Voilà, c'est vraiment un adjectif qu'on n'utilisera jamais en parlant de moi. Ça va
07:01un peu mieux depuis que je joue le spectacle, parce que c'était une espèce de thérapie. Et ça parle
07:04de colère, voilà. Autant de ma colère personnelle, du fait que je n'ai jamais su gérer le sang qui me
07:09monte au joues, la moutarde qui me monte au nez, on peut trouver plein d'expressions comme ça. Mais
07:13autant, voilà, la colère féminine en général, les femmes qui sont qualifiées d'hystériques, très
07:18rapidement, qui sont méprisées quand elles se laissent emporter par la colère et par leurs
07:23émotions, alors que je dis que c'est justement une force. Un homme, c'est quoi ? C'est de l'autorité ? Une femme, c'est de l'hystérie ?
07:27C'est pas moi qui le dis, mais il y a beaucoup de gens qui le disent. Après, je pense qu'il y a de plus en plus de
07:32tolérance et de bienveillance envers la colère féminine et d'écoute, mais souvent, ça a été
07:36méprisé. Donc c'est un spectacle de stand-up, donc d'humour, mais qui parle de ça.
07:40On écoute un petit extrait.
07:41C'est ce que j'ai entendu à la radio. L'autre jour, j'ai entendu un mec qui disait, le féminisme, c'est bien,
07:47mais maintenant, on n'ose plus monter dans un ascenseur avec une femme, sans avoir peur de se
07:52prendre un procès au cul. Mais quoi ? Non, tu ne peux plus agresser sexuellement une femme dans un ascenseur, sans
08:01risquer de te prendre un procès au cul. Le retour de Balancier, vous le sentez ? Soin de périsser, ce qu'on appelle
08:07« backlash » pour un mauvais français. Autrement dit, c'était tellement mieux avant. Oui, j'entends
08:12beaucoup « c'était tellement mieux avant », mais j'entends aussi « c'est mieux maintenant ». J'entends aussi des...
08:18Enfin, je vois aussi les évolutions du féminisme depuis MeToo, 2016-2017, si je n'ai pas de bêtises.
08:23Moi, je trouve que c'est mieux aujourd'hui.
08:25Vous êtes de cette génération-là, clairement ?
08:27De celle qui dit que c'est mieux aujourd'hui ?
08:29De cette génération MeToo, de cette génération...
08:31Moi, j'essaie de voir... Il y a plein de choses qui ne vont pas aujourd'hui, mais les mœurs changent. Avec aussi les procès
08:37autour de l'affaire Gisèle Pellicot, il y a des choses qui changent encore. Le féminisme évolue encore. On se rend
08:43compte que les violeurs, par exemple, ce n'est plus que les monstres dans des obscurs parkings et que ça, c'est vraiment le
08:50mythe du viol qu'on a dans l'imaginaire, alors que ça peut être malheureusement tout un chacun. Non, je trouve qu'il y a
08:55une évolution des mœurs, que ce soit sur le féminisme ou sur l'écologie. Par exemple, on en parle tout le temps. Il y a trois
09:00ans, on n'en parlait pas forcément dans les conversations du réchauffement climatique, de l'effondrement de la
09:04biodiversité. C'est quelque chose qui progresse. Donc moi, je suis positive. Mais il ne faut pas se calmer. Il ne faut pas
09:08se calmer. Alors là, il faut continuer à s'énerver de façon structurelle.
09:11Vous avez mouillé le maillot, d'ailleurs. L'expression n'est pas jolie, mais je trouve qu'elle est assez adaptée sur les enjeux
09:17écologiques, parce que vous êtes allée chez les gens, chez des gens pour leur dire, voilà, les bonnes pratiques, il faut faire
09:23comme ça. Vous en avez tiré quoi de cette expérience-là ?
09:26Donc pendant deux ans, je vivais en caravane et j'ai créé une autre chaîne YouTube qui s'appelle Vert chez vous, V E R T
09:31chez vous. Et donc, j'allais bricoler des toilettes sèches, fabriquer mon propre déodorant solide, dentifrice, chez les
09:37abonnés qui me l'avaient demandé. Je ne me suis pas imposée dans leur vie comme ça, genre coucou, je vais mettre de la sueur dans vos
09:42toilettes. Et pourquoi pas ? Parce qu'il y en a qui l'ont fait, j'irai dormir chez vous. Et puis vos abonnés, forcément, d'une certaine
09:51manière, ils vous suivent, même si vous n'êtes pas... Oui, mais parfois, il y en a qui sont très contents de me voir sur leur écran et de
09:56pouvoir critiquer ma tenue et rigoler à mes vannes sans que je m'incruste dans leur salle de bain ou dans leur cuisine. J'en ai tiré la
10:02conclusion que les gestes individuels, c'est bien, mais qu'il faut des décisions structurelles, politiques,
10:06des entreprises, des collectivités locales, du gouvernement pour aider, faciliter l'écologie dans la vie des gens. Finalement, les
10:13petites initiatives individuelles, c'est chouette, mais si on peut être incité financièrement, si on peut faire en sorte de mettre en
10:18place une société qui incite à moins de consommation et plus d'écologie, c'est mieux.
10:22Vous utilisez tous les canaux. Alors, faire passer ces messages, pareil, c'est sans doute pas la bonne expression parce que vous êtes
10:28avant tout une comédienne, mais YouTube, la scène, aller directement chez les gens, vous n'avez pas peur de vous disperser, madame ?
10:37Alors ça, il faut en parler à mon psy, mais non, je n'ai pas peur de me disperser. J'aime bien... Moi, j'ai toujours aimé être très
10:44indépendante. Vous dites, à juste titre, vous êtes d'abord comédienne, mais en vrai, je suis d'abord productrice. Je pense, vraiment, moi, ce que
10:50j'aime bien, c'est avoir des sous et dire, OK, comment... Avoir des sous, tout court, c'est pas du tout gauche chose ce que je raconte.
10:57Avoir des sous et dire, comment est-ce que je pourrais faire un spectacle avec ça ? Comment je pourrais créer un podcast qui est drôle et qui est
11:03fait en public pour parler des questions écologiques alors que l'humour, ce n'est pas forcément associé dans l'imaginaire collectif à l'écologie, etc.
11:10Donc moi, j'aime bien produire, créer des nouvelles choses et sinon, je m'ennuie. Donc oui, il y a un moment où je me suis inquiétée d'être
11:15dispersée. Maintenant, je sais qu'il y a du monde dans les salles de spectacle, c'est ce qui compte et je suis ravie de faire tous ces projets.
11:21La scène, c'est quand même là où vous êtes le mieux ?
11:23Oui, vraiment, c'est ce qui m'épanouit le plus parce qu'il y a une adrénaline qui va avec le fait de jouer devant 700 personnes qui est incomparable
11:30ni avec le sexe, ni avec le meilleur repas du monde, ni avec les endorphines après une séance de sport. C'est vraiment le truc le plus kiffant.
11:37Vous dormez quand ? Vous écrivez la nuit ?
11:39Non, franchement, j'essaie. Je dors moins, entre 7h et 8h par nuit, sinon je m'effondre tous les mois à peu près.
11:44Et vous écrivez la nuit ? Comment vous écrivez ?
11:47Non, moi je suis très scolaire en fait. J'ai besoin de bien manger, d'avoir mon bureau propre, d'avoir une petite plante, je fais un petit pchit-pchit pulvérisateur dessus.
11:55Donc j'écris sur un bureau de façon très scolaire.
11:59Elle n'est pas calme, mais elle est rangée.
12:00Voilà, c'est ça, exactement.
12:02Sois ne périssez. Merci beaucoup. Vous savez que vous avez Chogoun à regarder.
12:06Oui, j'ai trop hâte de le voir.
12:07Il y a quelques épisodes. Merci d'être passée par le studio de France Info à la veille de la reprise de votre spectacle
12:14Calme au théâtre, Edward VII à partir de demain.
12:17Exactement.
12:18Le plein de bonnes choses pour votre spectacle.
12:19Merci.
12:20Et on va faire la chenille, le retour de la chenille. Dans une minute, le temps.
12:23Du Fil Info, Frédéric Pusqu'il est 13h45, Armand Perrault-Logat.
12:27A Avignon, l'audience est suspendue jusqu'à demain matin dans le procès des viols de Mazan.
12:31Dominique Pellicot est toujours souffrant. Une expertise médicale a été demandée.
12:35L'homme de 71 ans est accusé d'avoir drogué sa femme pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes pendant 10 ans.
12:42Ils étaient plusieurs évêques à connaître le comportement grave de l'abbé Pierre à l'égard des femmes et ce, dès les années 1955-57.
12:49C'est le président de la Conférence des évêques de France qui le reconnaît dans une tribune dans Le Monde.
12:53Éric de Moulins, beaufort, plaide aussi pour une étude des archives du Vatican.
12:58Une institutrice de maternelle en garde à vue depuis ce matin à Paris.
13:01L'enseignante avait été filmée juste après la rentrée en train de frapper une petite fille de 3 ans en pleurs dans sa classe.
13:06La vidéo diffusée par l'avocate des parents avait suscité un grand témoin.
13:11Stéphane Séjourné, proposé par Emmanuel Macron comme commissaire européen,
13:15le ministre démissionnaire des affaires étrangères et le candidat du chef de l'État pour remplacer Thierry Breton,
13:20qui a démissionné l'ancien commissaire au marché intérieur, se dit désavoué par la présidente Ursula von der Leyen.
13:26Aux États-Unis, le FBI interroge actuellement un homme de 58 ans arrêté hier en Floride.
13:30Il est soupçonné de tentative d'assassinat contre Donald Trump alors que l'ancien président jouait au golf.
13:35Le suspect est un Américain pro-Ukraine, selon les médias américains.
13:40Un paysage de désolation dans plusieurs pays d'Europe centrale et orientale après le passage de la tempête Boris.
13:45Le bilan est désormais de 15 morts. Il y a aussi des milliers de sinistrés et d'immenses dégâts.
13:50Et puis attention, si vous avez l'habitude de prendre le train en France, il faut désormais voyager léger.
13:55Depuis ce matin, vous risquez une amende de 50 à 150 euros si vous avez plus de deux grandes valises et un bagage à main par personne,
14:01et ce, dans tous les TGV.
14:11Dans ce tout public, vous allez le voir au fil des jours, rien de ce qui ressort de la culture ne nous sera étranger.
14:17On a donc décidé de s'intéresser aujourd'hui à ce qui apparaît comme une tendance du moment,
14:22le retour de la chenille sous toutes ses formes et dans toutes les occasions possibles.
14:35Vous allez me dire, ils sont tombés sur la tête à France Info, il n'y a rien à voir avec une chenille.
14:39Sauf que Thierry Fioril, c'est vous qui avez enregistré ça, vous êtes tombé dessus.
14:43Festival Electro, une chenille qui part.
14:45On reste à Saint-Jean-de-Luz, le festival Dja Dja Dja, qui est un excellent et pointu festival.
14:50Et effectivement, à la fin d'un set, on a vu, étonnamment, des jeunes gens commencer une chenille,
14:54assez timidement quand même, ils n'étaient pas tous à mettre la main sur les épaules de celui qui était devant.
14:59Mais si je voulais qu'on passe ça d'abord, parce qu'on a tous croisé, à un moment ou à un autre, sans doute ces derniers mois,
15:04une chenille plutôt inattendue, d'autres plus attendues, bien évidemment.
15:08Le premier invité, il est très très bien placé pour nous confirmer ça.
15:12Bonjour Vincent Piguet.
15:13Bonjour !
15:14Vous êtes fondateur de la Chenille School Academy.
15:17Exactement. Je donne des cours de chenilles synchronisées.
15:20C'est comme la natation synchronisée, mais en chenille.
15:22On a les techniques de la queue-le-le et de la chenille.
15:25Et tous les mardis à Paris, je donne des cours de chenilles depuis un an et demi.
15:28Et vous constatez l'afflux de plus en plus nombreux ?
15:30Oui, parce qu'au début, j'étais tout seul.
15:33Et on m'a pris pour un fou.
15:35Un lombrique donc ?
15:36Voilà, exactement.
15:37Un verre solitaire.
15:38Un verre solitaire.
15:39Je louais une salle, je faisais des flyers et j'ai monté la Chenille School Academy.
15:44Personne ne venait et aujourd'hui, je refuse du monde.
15:46Donc oui, ça a bien évolué.
15:48Et vous vous êtes demandé aux Jeux Olympiques.
15:49Racontez-nous justement sur les Jeux Olympiques, l'ambiance Club France.
15:53Ah ouais, c'était la folie.
15:55J'ai réussi à le faire sur la scène.
15:57C'est devant 8 ou 10 000 personnes.
15:59Sur la scène, il y avait des fois un espace de 10 minutes.
16:02Et là, je faisais une chenille accélérée.
16:04Ça rapproche vachement les gens.
16:06Vous vous en avez croisé.
16:07Alors, à part Saint-Jean-de-Luz, vous avez beaucoup voyagé cet été.
16:09Thierry Fioril, une autre.
16:11Alors, on ne se serait absolument pas douté dans le plus grand festival de théâtre français.
16:21Avignon, juillet 2024.
16:23Soleil de plomb, ambiance de plomb.
16:25On est entre les deux tours des élections législatives.
16:28Dans cette torpeur estivale, je croise Elisabeth, l'une des daronnes d'Altermachine.
16:33Très pointue.
16:34Bureau de production théâtrale.
16:36Qui d'ailleurs fête ses 10 ans cette semaine.
16:38Bisous les filles.
16:39Elisabeth, salut Thierry.
16:41Tu viens quand voir Kermesse ?
16:42C'est génial.
16:43Ils sont jeunes.
16:44Ils ont eu le prix du Théâtre 13.
16:45Et tu verras, c'est dingue.
16:46À la fin, le public fait la chenille.
16:48Silence.
16:49De votre part.
16:50Je fais bien le silence.
16:51J'aime.
16:52On en reparle.
16:53D'accord.
16:54Le festival se passe.
16:55Soudain, le dimanche 7 juillet à 20h.
16:57Changement d'ambiance.
16:59Explosion de joie dans toute la ville.
17:01On s'embrasse dans les rues.
17:03Portée sans doute par cette liesse collective.
17:05Je me décide à aller voir Kermesse.
17:07La veille du départ quand même.
17:09Ça me semble être un vrai dépassement de soi.
17:11T'es spectateur.
17:12Tu vas au théâtre.
17:13Et le spectacle se termine par une chenille.
17:18Sur scène, le collectif La Cabale nous fait donc cette promesse.
17:21Cette menace.
17:22Mais pour y arriver, on va penser ensemble.
17:24Ben oui, c'est un spectacle subventionné.
17:26Il y a du bourdieu dans l'air.
17:28Du capital culturel.
17:30Du déterminisme social.
17:32C'est quoi le bon goût ?
17:33L'école des fans, c'était bof.
17:48Donc Kermesse, il y a une vraie chenille avec un comédien dedans.
17:51Un vrai coup de fil à l'Élysée.
17:53Du rire, du drame aussi.
17:55On va chez La Garce.
17:56Juste la fin du monde.
17:59Si t'étais vraiment intelligent, tu comprendrais.
18:01Tu comprendrais.
18:03Tu ferais pas peser sur eux ce regard.
18:05Tu quitterais cette posture.
18:07Pour maman, au moins, tu pourrais.
18:09Je pourrais quoi ?
18:10Mais faire l'effort, Louis.
18:11L'effort d'être léger.
18:12Tout est possible au théâtre.
18:14Et si la chenille était une pièce de danse contemporaine
18:17avec une chanteuse à texte et des critiques qui se déchirent.
18:28Oh, voitureux voyageur.
18:31Le masque et la plume.
18:37Mais moi j'ai refait un retour à l'essentiel.
18:39Écoute, désolé.
18:40Moi j'ai refait un retour à l'essentiel.
18:41À la terre.
18:42Aux grandes étendues vertes.
18:43Enfin, moi j'ai refait les mains caleuses de mon oncle.
18:45Mais enfin, Fabienne !
18:46Mais t'es pas une provinciale !
18:48Mais ton rapport à la nature, c'est le parc Monceau !
18:51On se marre, on rigole.
18:52L'heure tourne fatalement.
18:54Le moment fatidique arrive.
18:56Vous l'aurez compris.
18:58Nous allons faire la danse de la chenille ensemble ce soir.
19:01Que faire, dirait Lénine ?
19:02Être ou ne pas être chenille, telle est la question.
19:05La kermesse serait une révolution épistémologique,
19:08une inversion radicale des valeurs esthétiques,
19:11une nouvelle injonction collective peut-être
19:13qui couvrirait de honte le spectateur récalcitrant.
19:16C'est un vertige quand, soudain,
19:19une voix tel un spectre shakespearien vient à mon secours.
19:22Je crois depuis toujours que le théâtre,
19:24ce n'est pas ceci ou cela.
19:28C'est ceci et cela.
19:31Merci, Laurent.
19:32Merci, Laurent Terzièf.
19:33Et oui, donc, Frédéric Tallin-Mathador,
19:36épais en main face à mes préjugés,
19:38je me lève, dignement, fièrement,
19:40oui, je fais la chenille.
19:42La la la la la la, allez, allez !
19:45La la la la la la la, allez, allez !
19:48La la la la la la la !
19:51Ah, ça bouchonne là-haut, ça bouchonne !
19:54Quel comédien, ce tiré-furet !
19:56Vous êtes également un comédien, Vincent Pignet,
19:59et est-ce que vous avez l'impression que,
20:01s'il y a quelques années, on vous avait dit
20:03la chenille aurait ses entrées ici, là, ailleurs,
20:07vous auriez levé les chaussettes en disant Manon ?
20:10Quand j'ai fait tout ce projet-là, c'est que moi,
20:12j'étais convaincu que ça rapprochait les gens,
20:15et mon but est de faire une série là-dessus,
20:17où il y a les quatre étapes de la métamorphose,
20:19et des gens vont devenir papillons en dansant la chenille.
20:22Après qu'il y a un tel succès,
20:24c'est l'après-Covid, on se touche,
20:26et j'ai l'impression que les gens avaient besoin de ça,
20:28et ça marche, quoi.
20:29Vous ressentez ça, Charles Matorez aussi,
20:31vous allez donc monter dans cette pièce ?
20:33Oui, complètement.
20:35Et puis un besoin de légèreté, quoi.
20:37Moi, c'est ça qui me frappe.
20:39Cette idée de la légèreté,
20:41de se dire, dans un temps grave,
20:43on va réinjecter une forme de légèreté
20:45qu'on va devoir aller conquérir.
20:47C'est-à-dire, être léger dans un temps léger, finalement,
20:49ça ne demande pas vraiment d'effort, quoi.
20:50Là, c'est tout sauf naturel.
20:51Non, c'est tout sauf naturel.
20:53Que ce soit le contexte qui change,
20:55on va voir la perception de cette légèreté changer.
20:57Quand c'était l'explosion de la guerre en Ukraine,
20:59quand c'est un contexte lourd comme ça,
21:01qui s'abat sur nous, sur lequel on n'a pas de prise,
21:03on se sent un peu atterré,
21:05on ne sait pas comment réagir,
21:07on a besoin un peu de légèreté,
21:09comme une volonté.
21:11Et alors que quand le contexte politique, par exemple,
21:13on en parlait des élections,
21:15là, on a prise et se réinterroge même
21:17cette question de la légèreté.
21:18C'est-à-dire, maintenant, on est divisé ensemble,
21:20et pourtant, il faudrait peut-être repasser par une légèreté
21:22pour pouvoir reconquérir une forme d'être ensemble.
21:24Si, il y a quelques années, par exemple,
21:26vous avez dit, à Avignon,
21:28je vais amener une pièce où il y a la chenille.
21:30Vous êtes dans le théâtre public.
21:32Dans le théâtre public, on va proposer ça.
21:34Là, on vous aurait dit, maintenant, allez voir ailleurs.
21:36Je pense même que vous auriez eu une OQTF,
21:38une obligation de quitter le théâtre français.
21:40Mais il y en a toujours qui voudraient nous la donner, je pense.
21:42Mais ça a changé depuis quelques années.
21:44Il y a eu des gens avant vous.
21:46On sait que vous êtes assez fan des chiens de Navarre.
21:48Et à cheval, d'ailleurs, entre le public et le privé.
21:50Parce que ça, c'est un spectacle qui est passé
21:52dans le théâtre 13, mais qui serait très bien dans le privé aussi.
21:54Oui, complètement.
21:56D'ailleurs, on était très touchés, mais même pour être honnête,
21:58quand on passait les tours du concours du théâtre 13,
22:00on était étonnés.
22:02On se disait, ok, on nous emmènera peut-être en finale
22:04pour dire, ah, c'est sympa, c'est drôle.
22:06Mais on ne nous fera pas gagner.
22:08Ce n'est pas assez essentiel comme sujet.
22:10Et on était hyper touchés de voir ça.
22:12Et on est heureux
22:14de voir que là, il y a des ponts qui se font.
22:16Ça questionne quand même toujours.
22:18Il y a quand même toujours une friction de savoir si
22:20se servir du rire comme arme principale
22:22dans un spectacle, finalement,
22:24on ne tend pas vers un divertissement qui serait abrutissant,
22:26qui ne serait qu'une manière
22:28de se divertir du réel.
22:30Or, nous, on a le sentiment que rire,
22:32c'est plutôt une forme de soupape
22:34qui te permet de réapproprier le réel.
22:36Au contraire, qui te permet de l'attaquer
22:38par un autre angle.
22:40Avec des vrais sujets sérieux sur la question de qu'est-ce que c'est le bon goût
22:42qui sont abordés très sérieusement dans cette pièce.
22:44L'extrait, pardon,
22:46de Juste la fin du monde
22:48de Lagarce, ce n'est pas innocent.
22:50Non, ce n'est pas innocent. Mais c'est nos familles,
22:52en fait, cet extrait de Lagarce.
22:54On a tendance à dire que nous, on est des transfuges culturels,
22:56c'est-à-dire qu'on vient de familles dans lesquelles la culture,
22:58elle n'était pas prédominante, on n'était pas prédestiné à faire du théâtre,
23:00on n'allait pas aller à l'opéra
23:02ou quoi que ce soit. Et pourtant, on s'est retrouvés quand même
23:04tous à Paris à faire des cursus
23:06académiques, rentrer dans des écoles nationales
23:08et c'était la confrontation de nos deux cultures.
23:10C'est-à-dire nos enfances dans la fête du thon
23:12au Sape d'Olonne, le bal des langoustines
23:14à l'Auc-Miquelic et puis
23:16ces parcours académiques et c'est cette friction qu'on a cherché
23:18à restituer.
23:20Je vois Vincent Piguet qui approuve.
23:22Il a très bien parlé.
23:24Avec le rire et la légèreté,
23:26on est moins donneur de leçons
23:28et les gens se marrent
23:30mais quand c'est un rire intelligent,
23:32c'est encore plus fort. Je trouve que
23:34les gens, on ne leur donne pas une leçon frontale.
23:36C'est juste qu'on rigole
23:38mais en fait, ce n'est pas si con ce qu'ils sont en train de faire
23:40et on le reçoit mieux, je pense. On l'accepte mieux.
23:42Et derrière cette chenille, il y a beaucoup de fond.
23:44Je ne sais pas, on marche dans le même sens.
23:46De chaque heure,
23:48on a besoin, de chaque maillon.
23:50C'est un peu ce qui se passe et si ça ne nous plaît pas, on part dans l'autre sens.
23:52D'ailleurs, ça me fait penser
23:54parce que tout à l'heure, on parlait des chenilles dans des lieux incongrus.
23:56Nous, quand on a commencé à travailler là-dessus,
23:58j'étais tombé sur un extrait de Jean Tellet,
24:00donc paix à son âme, qui lui avait lancé
24:02une chenille au salon littéraire
24:04à un moment, je ne sais pas pourquoi
24:06mais sûrement parce qu'il devait trouver
24:08qu'on s'emmerdait un peu au salon littéraire
24:10et j'avais trouvé ça éminemment politique
24:12de se dire, maintenant je vais prendre tous les auteurs
24:14qui sont bien assis dans leur pensée, dans leur confort
24:16de siège et on va lancer une chenille
24:18dans un endroit tout à fait austère et c'est extraordinaire.
24:20La chenille qui n'est pas encore démarrée,
24:22qui est déconstruée aussi parfois, c'est quoi
24:24Vincent Piguet, une chenille réussie ?
24:26Une chenille réussie, alors je ne veux pas
24:28qu'il y ait des maillons qui se cassent
24:30sur cette chenille, non non, il faut avoir le poignet souple
24:32et la main ferme, bien sûr, pour
24:34en cas d'accélération, ça évite de briser la chenille,
24:36c'est éliminatoire, vous le savez, que tout le monde
24:38ait envie de se laisser
24:40entraîner par la chenille et puis tout le monde
24:42va s'amuser.
24:43Lâcher prise autrement dit ?
24:44C'est un lâcher prise, effectivement.
24:46Mais c'est ça ? Oui.
24:47Mais moi je trouve que c'est même très rare
24:49les instants où on arrive à quitter totalement
24:51le regard qu'on pose sur nous-mêmes et même moi,
24:53je suis plutôt honnête, il m'est arrivé de
24:55mettre beaucoup de dates à faire des chenilles pour arriver
24:57à moi-même me sentir totalement libéré dans cette chenille
24:59et de me dire, mais j'institue ça, etc.
25:01et de se dire, je vis l'instant présent
25:03et ça c'est rare dans les sociétés qu'on vit
25:05aujourd'hui. Quel beau message final.
25:07Lâchons tous prise. Charles Batorrez,
25:09merci beaucoup. Vincent Piguet, merci.
25:11Merci à vous. Dans le studio de France Info
25:13et merci Thierry Fiorin de nous avoir alerté
25:15là-dessus il y a des semaines déjà.
25:17C'est ce jeu que vous portez vraiment Thierry.
25:19Ça bouchonne là-haut,
25:21ça bouchonne là-haut,
25:23allez ça bouchonne, on avance.
25:25Je vous inscris en cours de chenilles synchronisées
25:27avec Laurent Doussaint qui va rentrer dans ce studio
25:29et on fera un petit spectacle à la fin d'année.
25:31Merci Frédéric Cadeau.

Recommandée