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Xerfi Canal a reçu Cédric Baudet, professeur ordinaire à la Haute école de gestion Arc à Neuchâtel (Suisse), pour parler des analyses et diagnostics.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Cédric Baudet. Bonjour Jean-Philippe Denis. Cédric Baudet, vous êtes professeur
00:12ordinaire à la haute école de gestion Arc à Neuchâtel. Co-auteur avec Sébastien Point,
00:17EM Strasbourg et Isabelle Walsh, Schema Business School, d'un article dans la
00:21revue française de gestion consacré à Barnet-Glaser, décédé en 1932. Article
00:28hommage à cet auteur ô combien influent, puisque quand vous prenez l'ensemble de la
00:34production scientifique francophone depuis 1983, ce qui représente près de 11 000 articles,
00:40voilà, 20% de ces articles citent Barnet-Glaser. Oui. Et Glaser et Strauss évidemment. Évidemment.
00:48Mais il y a un petit divorce entre Glaser et Strauss. Alors plus Glaser est plus cité que
00:54Strauss. Donc je pense que ça va lui faire plaisir. Et puis, Glaser est plus cité que
00:59Joya et bien plus que Charmas. En fait, toutes ces nouvelles façons de voir la théorie enracinée
01:07viennent des premiers éléments qui ont été créés par Glaser lors de sa thèse de doctorat. Voilà.
01:13Parce qu'il y a eu des petits divorces après. Il y a eu des petits divorces. Voilà. Entre
01:16Glaser et Strauss. Donc là, on parle de Barnet-Glaser. Et Barnet-Glaser nous dit,
01:21nous dit « all is data ». Voilà. Mais il nous dit aussi « no preconceptions ». C'est-à-dire
01:27quand je m'aventure à vouloir analyser des données, des machins, des trucs, je dois me
01:32défaire de toute idée préconçue. Pourquoi ce précepte-là est important ? Et il est à l'exact
01:39inverse quand même de ce qu'on enseigne en méthode quantitative où a priori on cherche le gap
01:43théorique et on va aller creuser quoi. Oui. Votre question est extrêmement pertinente parce que c'est
01:49vrai que dans nos écoles doctorales, on a tendance à arriver avec des méthodes où nos doctorants vont
01:54essayer de mobiliser des méthodes. On va leur dire si c'est bien ou si ce n'est pas bien. Et à la
01:58limite, le résultat importe peu. Avec Glaser, on est dans une autre vision de la recherche. Déjà,
02:06il aimait dire qu'il y avait une joie à ne pas avoir d'hypothèses préalables. Alors,
02:11pas d'hypothèses préalables, ça veut dire… C'est l'ordre pour un jeune chercheur, ça. Mais
02:16pour un décideur aussi. Mais pour un jeune chercheur, c'est difficile. Pour un décideur,
02:21c'est difficile. Ça pourrait remarquer, justifier cette notion d'intuition des grands patrons
02:26d'industrie. Oui, tout à fait. Vous voyez ? On dit, ça, c'est un bon leader, il a de l'intuition.
02:31Et en l'occurrence, c'est un peu ce que dit Glaser. Donc, Glaser nous disait, pas de préconception,
02:37vous regardez les… vous observez les situations telles qu'elles soient, situation de gestion dans
02:44notre cas, vous analysez l'ensemble des données, et puis vous allez faire émerger une théorie à
02:51partir de ces données. Si vous avez déjà des préconceptions, et bien vous n'allez pas créer
02:55une nouvelle théorie. Comment peut-on créer une nouvelle théorie en partant d'une idée préconçue ?
03:01Ça, c'était le point dont Glaser aimait essayer de transférer ça à ses apprentis. Dans le bon
03:11sens du terme, ses apprentis, ses apprenants qui étaient là pour essayer de continuer la théorie
03:17enracinée. Donc, ça signifie également qu'il ne faut pas connaître les modèles. Imaginez, ne pas
03:24connaître les modèles en management. C'est un peu la critique que j'ai envie de faire. Il ne faut pas
03:28connaître les modèles. Faites la revue de littérature, mais à la fin, juste pour faire
03:32plaisir aux reviewers, parce qu'il faut quand même essayer de publier. Donc, Glaser venait avec ces
03:37éléments-là, et c'est dérangeant. Est-ce que c'est possible de fonctionner sans préconception,
03:43sans théorie ? Je pense pas forcément théorie scientifique d'ailleurs, mais tout praticien
03:48engagé dans l'action a une théorie de son business model, de la façon dont il gagne, et qui peut
03:53l'emmener dans le mur d'ailleurs, au passage. Il faut pouvoir le remettre en cause. Est-ce qu'on
03:57peut fonctionner sans préconception ? Est-ce qu'il nous donne des clés pour fonctionner sans
04:01préconception ? Déjà, il explique clairement que c'est très difficile de travailler sans
04:07préconception. On en a fait un ouvrage entier. Il ne faut pas avoir d'idées préconçues. Maintenant,
04:13personnellement, bien entendu, moi j'ai été élevé de façon standard dans mes études, et travailler
04:20sans préconception, je n'y arrive pas vraiment, en toute humilité. Je vais pas réussir à faire ce
04:25que dit Glaser, parce qu'on connaît les modèles, on connaît les théories, on connaît la littérature.
04:30Maintenant, force est de constater que j'ai pas de créé de nouvelles théories. J'ai peut-être
04:35donné deux, trois apports incrémentaux à des théories existantes. Donc, moi-même, je dois
04:40faire un effort et arrêter d'avoir des préconceptions. Donc, il y a des grands chercheurs, et peut-être
04:45que c'est ça la différence, des gens influents, mais c'est la même chose en effet pour les
04:48praticiens. Si vous partez sans préconception, peut-être qu'on va trouver la perle. Et ça,
04:55c'est quelque chose d'extraordinaire. Trouver la perle. Merci Sadek Bode. Merci Jean-Philippe Denis.

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