Le Gabon, couvert à plus de 80% par la forêt équatoriale, héberge des éléphants jouant un rôle crucial pour sa régénération. Mais l’éléphant des forêts, victime de braconnage, est une espèce menacée d’extinction. Une équipe de scientifiques œuvre pour les sauver.
Distinct de l’éléphant des savanes, l’éléphant des forêts constitue une espèce officiellement reconnue seulement en 2021 par l’Unité Internationale pour la Conservation de la Nature, attestant son importance pour la survie des forêts du bassin du Congo, le plus grand puits de carbone terrestre. Véritable jardinier des forêts, le pachyderme est désormais considéré comme une « espèce parapluie », essentielle à la préservation d’un écosystème vital. Ciblée par le braconnage d’ivoire, leur population a drastiquement chuté, passant de plusieurs millions à moins de 150 000 individus, les plaçant en haut de la liste des espèces menacées d’extinction.
Afin de mieux comprendre les enjeux liés à la survie de cet animal, ARTE Reportage a suivi l'équipe du laboratoire de police scientifique de la faune.
Unique en son genre en Afrique centrale francophone, ce laboratoire mène des recherches de pointe à partir de traçage ADN et de pose de colliers GPS, en collaboration étroite avec les populations locales pour soutenir les enquêtes et produire des preuves scientifiques susceptibles d’être présentées à un tribunal dans les affaires de braconnage.
Distinct de l’éléphant des savanes, l’éléphant des forêts constitue une espèce officiellement reconnue seulement en 2021 par l’Unité Internationale pour la Conservation de la Nature, attestant son importance pour la survie des forêts du bassin du Congo, le plus grand puits de carbone terrestre. Véritable jardinier des forêts, le pachyderme est désormais considéré comme une « espèce parapluie », essentielle à la préservation d’un écosystème vital. Ciblée par le braconnage d’ivoire, leur population a drastiquement chuté, passant de plusieurs millions à moins de 150 000 individus, les plaçant en haut de la liste des espèces menacées d’extinction.
Afin de mieux comprendre les enjeux liés à la survie de cet animal, ARTE Reportage a suivi l'équipe du laboratoire de police scientifique de la faune.
Unique en son genre en Afrique centrale francophone, ce laboratoire mène des recherches de pointe à partir de traçage ADN et de pose de colliers GPS, en collaboration étroite avec les populations locales pour soutenir les enquêtes et produire des preuves scientifiques susceptibles d’être présentées à un tribunal dans les affaires de braconnage.
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00:30Dans cette clairière, les derniers éléphants de forêt d'Afrique centrale
00:57barbottent sous le regard attentif de Stéphanie Bourgeois et Ange Zomba.
01:02Passionnées par les pachydermes, ces scientifiques tentent de trouver des solutions
01:08pour sauver ces animaux menacés d'extinction.
01:15Le Gabon, aujourd'hui, accueille vraiment la dernière grande population d'éléphants de forêt,
01:20estimée à 95 000 éléphants, ce qui représente plus de 70% des éléphants de forêt qui restent en Afrique.
01:27C'est vraiment une situation unique également au Gabon parce que l'habitat des éléphants n'est pas fragmenté,
01:34n'est pas morcelé, donc les éléphants peuvent se déplacer quasiment à travers tout le territoire.
01:41Le pays est presque entièrement recouvert de forêts tropicales.
01:46Grâce à une politique stricte de protection de l'environnement,
01:50ces forêts sont devenues essentielles à la stabilité climatique mondiale.
01:57Pour nous les Gabonais, c'est notre logis, c'est notre gardement, c'est vraiment notre milieu de vie.
02:03Je pense qu'il n'y a pas de Gabonais qui ne se sentent pas forestiers.
02:08Et pour nous c'est extrêmement important que cette ressource persiste, qu'elle subsiste
02:14et qu'on l'utilisera toujours pour pouvoir nous développer et la pérenniser.
02:20Alfred Gomanda, spécialiste en question climat et biodiversité, l'arpente régulièrement.
02:29Contrairement à l'Amazonie qui est devenue un émetteur,
02:33les forêts du bassin du Congo stockent plus qu'elles n'émettent de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
02:38Donc elles jouent, elles continueront à jouer un rôle primordial dans le maintien de l'équilibre climatique de la planète.
02:51L'éléphant, c'est le plus grand jardinier en fait de ces forêts.
02:55On estime que sans l'éléphant, la dispersion de certains arbres de cette forêt ne serait pas possible.
03:00Et donc s'il n'y a pas de dispersion de graines de ces arbres, la richesse de nos forêts régresserait fortement.
03:07Sans l'éléphant, la forêt ne pourrait pas subsister.
03:10Mais sans forêt, l'éléphant ne pourrait pas résister.
03:13Je pense qu'empiriquement nos grands-parents le savaient.
03:16Nos ancêtres savaient que l'éléphant était un élément fondamental pour le maintien de leurs services écosystémiques.
03:22Et la science aujourd'hui est en train de démontrer ce rôle fondamental qu'elle joue dans nos forêts.
03:27L'éléphant est un élément fondamental pour le maintien de l'écosystème.
03:31Et la science aujourd'hui est en train de démontrer ce rôle fondamental qu'elle joue dans nos forêts.
03:35C'est au cœur du Parc national d'Ivindo, au centre-est du Gabon,
03:39que l'équipe scientifique et une escadrille d'éco-gardes s'installent pour une mission de quelques jours.
03:47C'est très difficile d'observer un éléphant directement en forêt.
03:51Et donc c'est un élément fondamental pour le maintien de l'écosystème.
03:55Et donc c'est un élément fondamental pour le maintien de l'écosystème.
03:59Et donc c'est un élément fondamental pour le maintien de l'écosystème.
04:02C'est très difficile d'observer un éléphant directement en forêt.
04:06Et donc c'est l'objectif de notre programme de recherche,
04:09développer des outils de suivi indirects pour pouvoir connaître l'état des populations,
04:13l'influence des activités humaines, les menaces qui pèsent sur ces éléphants.
04:21Ok, donc l'objectif de la mission là, pourquoi on vous a appelé pour cette mission là,
04:26c'est parce qu'on veut relancer le suivi des bailles.
04:28Vous savez, le suivi des bailles, c'est pour connaître l'état de la population d'éléphants.
04:32Donc là, on ne pose pas les caméras de la même façon que d'habitude.
04:35On les met un peu plus haut parce qu'on veut avoir les éléphants en entier.
04:38Et avec ces données là, qu'est-ce qu'on fait ?
04:40On veut savoir si la population est en bonne santé.
04:43Est-ce qu'il y a beaucoup de mâles ? Est-ce qu'il y a beaucoup de femelles ?
04:45Est-ce que les femelles ont des petits ?
04:47Et aussi, est-ce qu'il y a des éléphants qui ont maigri ?
04:49Parce que vous savez qu'il y a des endroits où on a montré qu'il n'y a plus de fruits,
04:52et les éléphants ont maigri.
04:54On veut des belles photos bien claires des éléphants en entier.
04:58On ne veut pas juste le passage d'éléphants.
05:00On veut aussi savoir si c'est un mâle, si c'est une femelle, quel âge il a,
05:03s'il est dans un groupe, etc.
05:09L'éléphant de forêt a été reconnu finalement en 2021
05:13comme une espèce distincte de l'éléphant de Saval.
05:17La distinction, sur le plan génétique, ne peut pas être remise en cause.
05:21Elle est vraiment très importante.
05:23On estime que la différence entre l'éléphant de forêt et l'éléphant de Saval
05:26est aussi importante que la différence entre le mammouth et l'éléphant d'Asie.
05:38C'est également une espèce qui est différente sur le plan morphologique.
05:42Elle est plus petite.
05:43Elle a des oreilles plus rondes,
05:45des points d'ivoire qui sont plus droits, un ivoire qui est plus dur.
05:48C'est une espèce qui mange aussi beaucoup de fruits.
05:51C'est vraiment une particularité de l'éléphant de forêt.
06:14L'élephant de Saval est une espèce qui a été reconnue en 2021
06:18comme une espèce d'éléphant d'Asie.
06:21Elle a des oreilles plus rondes, des points d'ivoire qui sont plus droits.
06:25Elle a des oreilles plus rondes, des points d'ivoire qui sont plus durs.
06:29Elle a des oreilles plus rondes, des points d'ivoire qui sont plus durs.
06:32Elle a des oreilles plus rondes, des points d'ivoire qui sont plus durs.
06:35Elle a des oreilles plus rondes, des points d'ivoire qui sont plus durs.
06:38Elle a des oreilles plus rondes, des points d'ivoire qui sont plus durs.
06:41Elle a des oreilles plus rondes, des points d'ivoire qui sont plus durs.
06:54Combien il y a là ?
06:56Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze...
07:05Nous sommes au bail de Langoué, qui est la plus grande clairière
07:08C'est une grande clairière fréquentée par les éléphants de forêt au Gabon.
07:12C'est une clairière où les éléphants viennent pour puiser les sels minéraux,
07:15avoir également des interactions sociales.
07:18Et puis il y a toute une grande diversité de faunes aussi qui vient ici.
07:29Mais c'est lui qui crie derrière en forêt, non ?
07:32C'est la femme-là qui a un peu de cri, elle est au bas.
07:38Tu as vu, il y a une femelle qui est toute seule à droite.
07:41Elle attend d'avoir l'accès aux trous à sel.
07:44Oui, c'est ça.
07:46Vous diriez que le groupe ne l'accepte pas ?
07:48Oui, c'est parce qu'ils savent qu'il n'y a même pas de la famille, il faut la chasser.
07:56En fait, ce sont des parentés un peu éloignés qui se regroupent.
08:00Les noyaux vraiment proches, les sœurs, les mères avec leurs jeunes.
08:05Parfois même les mères restent avec leurs filles pendant longtemps.
08:16Mon rôle, c'est de suivre les éléphants au bail,
08:21connaître la taille, les heures de fréquentation,
08:24comprendre certaines questions.
08:27Est-ce que la taille de la population a diminué ?
08:30Tout ça, c'est des questions un peu intéressantes pour nous de comprendre.
08:36Avant, j'avais peur des éléphants.
08:38Au fur et à mesure que j'ai commencé à travailler sur les éléphants,
08:44j'ai commencé à avoir cette passion-là de les aimer.
08:55J'ai grandi dans les années 80,
08:57et c'est depuis toute petite que j'ai toujours décidé d'aller...
09:01Quand j'étais petite, je disais sauver les éléphants.
09:04Aujourd'hui, j'ai compris que c'est un peu plus compliqué que ça.
09:08Quand on arrive ici et qu'on comprend cette situation unique
09:12avec l'éléphant qui peut se déplacer partout,
09:15c'est une des dernières populations d'éléphants
09:18qui est encore aussi bien préservée.
09:20Évidemment, je suis restée.
09:32Une autre méthode pour pister les animaux
09:34consiste à poser des colliers GPS sous l'égide d'un vétérinaire.
09:40Endormir l'éléphant est l'une des opérations les plus dangereuses de la mission.
09:46On a commencé depuis 2015 à poser des colliers GPS
09:49sur les éléphants de forêt.
09:51On a fait ça depuis le début de l'année 2000.
09:54On a fait ça depuis le début de l'année 2000.
09:57On a fait ça depuis le début de l'année 2000.
10:00On a posé des colliers GPS sur les éléphants de forêt
10:03afin de pouvoir suivre leur déplacement.
10:06Grâce aux colliers, on reçoit une position par satellite toutes les heures.
10:10Et ça nous donne des informations inestimables
10:13sur la façon dont ils utilisent leur habitat
10:16d'une saison à l'autre, d'une année sur l'autre.
10:2256
10:2556
10:2732 plus 27,85
10:30Aujourd'hui, on a une base de données qui comporte environ 150 éléphants.
10:34Je pense que c'est l'une des plus grandes bases de données
10:37de déplacement des éléphants en Afrique.
10:56On va allumer le turailleur.
10:58On va regarder s'il y a des éléphants qui sont venus le bal cette nuit.
11:03Il y en a mis 24 quand même.
11:06On a de la chance.
11:07Il y a deux éléphants à collier qui sont venus cette nuit.
11:11Une guêlée qui est rentrée à 18h,
11:13qui est sortie à 22h par le nord.
11:16Et une guêlée qui est rentrée à 22h par le nord.
11:19Et une guêlée qui est rentrée à 18h,
11:21qui est sortie à 22h par le nord.
11:23Une guêlée, c'est une femelle.
11:24Mais ça veut dire quoi ?
11:25Ça veut dire quoi une guêlée ?
11:26Une guêlée, c'est le nom d'un concubine d'une copine.
11:32Vous donnez les noms des femmes et des copines.
11:35Moi, je préfère quand vous donnez les noms des lieux ou des rivières.
11:40La dernière fois, c'était revenu avec Josiane.
11:45Il y a Mouyabi qui est venu aussi, mais plus tard.
11:49Il y a Mouyabi qui est venu aussi, mais plus tard.
11:52Plus tard, oui.
11:53La nuit.
11:55Donc, on a deux éléphants à collier qui sont venus au bail cette nuit.
11:58Cette nuit, oui.
12:02On va pouvoir les suivre ?
12:03On va pouvoir les suivre, oui.
12:05Ramassez des échantillons de crottes, regardez ce qu'elles ont mangé.
12:08On va relever la position, elles sont sorties du bagne.
12:11On va demander à Michel de suivre les traces.
12:19Les chercheurs travaillent avec Michel Maluwata,
12:22un pygmé baka qui connaît la forêt comme sa poche.
12:28Grâce à son savoir ancestral, il peut suivre n'importe quel éléphant à la trace.
12:36Cela permet à l'équipe scientifique de croiser les données GPS avec la réalité du terrain.
12:42Les traces d'hier ici.
12:45Je vois par rapport à l'effet.
12:49Quand l'effet est comme ça, c'est là que c'est.
12:55Michel, ça c'est le mâle ou c'est le mâle qui est passé ?
12:58C'est le mâle.
13:00Là, c'est la forme des antennes.
13:02Là, c'est les pattes avant.
13:12C'est un gros mâle.
13:14Oui.
13:16C'est un vieux mâle.
13:18Les peaux d'écorce commencent à tomber.
13:21C'est facilement, regardez là, les peaux d'écorce.
13:25Il y en a encore.
13:26Il y en a encore.
13:28Voilà, c'est le mâle.
13:30C'est le mâle.
13:32C'est le mâle.
13:34C'est le mâle.
13:36C'est le mâle.
13:38C'est le mâle.
13:40Les éléphants bouffent ça.
13:44Il y a aussi les gorilles, les centangers.
13:50Ça, c'est récent, on dirait.
13:53C'est quand même récent.
13:54Ça fait peut-être un mois ou deux mois.
13:56Un mois.
14:06Parmi les indices récoltés,
14:07les crottes permettent d'observer de quoi se nourrissent les éléphants.
14:12C'est aussi une manière d'en savoir davantage
14:15sur les ressources alimentaires disponibles en forêt.
14:20Regarde, si tu vois des graines.
14:26Je ne sais pas ce que c'est, ça.
14:27C'est du bois.
14:28Qu'est-ce que tu en penses ?
14:29Un morceau de bois ?
14:31Oui.
14:35Un morceau de bois.
14:36C'est dur, mais c'est plutôt comme une herbacée, non ?
14:38Une herbacée, oui.
14:43Il y a toujours beaucoup de feuilles.
14:46Il y a beaucoup de choses un peu dures,
14:48mais il n'y a pas de fruits dans la zone.
14:50Il n'y a pas de fruits.
14:51On n'a pas vu des arbres fruitiers, là.
14:52Oui, c'est cohérent.
14:53Il y avait des arbres fruitiers, mais aucun fruit au sol.
14:59C'est un facteur aussi urgent climatique,
15:01c'est un facteur qui peut aussi être la cause
15:03de tous ces problèmes qu'on a aujourd'hui.
15:07On a plein de soleils maintenant qui frappent de partout.
15:10Il n'y a pas de fruits.
15:12La saison de l'été a complètement changé,
15:14et ça a perturbé aussi le comportement des animaux.
15:17Avant, les enfants avaient de la nourture,
15:19mais aujourd'hui, ils n'ont plus rien,
15:21parce que tu ne peux pas courir
15:222 ou 5 kilomètres en forêt,
15:24mais il n'y a pas d'arbres fruitiers.
15:26Mais tu demandes aux grands-parents,
15:28avant, ils te diront qu'à cette époque-là,
15:30ils partaient ramasser des noisettiers sauvages,
15:35mais maintenant, tu ne trouves plus rien.
15:38C'est sec, sec.
15:45La pénurie de nourriture dans la forêt
15:47pourrait expliquer que des éléphants
15:49se sédentarisent près des cultures et des hommes.
15:52Un changement de comportement
15:54qui crée de fortes tensions avec les villageois.
16:00Bonjour, maman Nadia.
16:01Oui, bonjour maman.
16:02Comment tu vas ?
16:03Ça va un peu.
16:07Léa Larissa Moukani, experte en écologie sociale,
16:11cherche des solutions à ce problème
16:13qui prend de l'ampleur dans tout le pays.
16:17J'étudie à la fois la question de l'éléphant,
16:20donc de l'animal, dans son écologie,
16:24et j'étudie les relations homme-animal.
16:28Le problème de conflit homophone est évident au Gabon,
16:32avec une hausse de plaintes
16:35relative à la déprélation des cultures
16:37par les éléphants dans les champs.
16:41Tout ce que j'ai planté,
16:43ça a été dévasté avec les éléphants.
16:45Quand je suis là derrière,
16:47de fois tu vois la trompe qui se lève,
16:49parce qu'il y avait les bananiers à côté de la maison.
16:51De fois tu vois vers les 16h,
16:53tu vois comment ils se lèvent la trompe.
16:55De fois ils prennent un bois, ils cassent.
16:56De fois ils crient.
16:57Même quand tu dors, de fois tu comprends,
16:59tu comprends le bruit que ça crie l'éléphant.
17:02Je prends les trucs, je prends les bidons,
17:04j'ouvre le feu, je tape avec le bois,
17:07je chasse, je chasse.
17:09De fois on fait le feu, on fait.
17:11Quand on tape, on tape, on tape,
17:12tu vois qu'il part d'abord.
17:13Deux, trois jours, il revient encore.
17:15Je ne dormais pas.
17:18On a essayé plusieurs techniques,
17:20des techniques dites locales,
17:23par exemple le feu, le campement,
17:26en passant bien évidemment par les cartouches à piment,
17:29pour arriver aux clôtures électriques.
17:34L'éléphant, c'est un animal intelligent.
17:37Même les agriculteurs reconnaissent
17:39que l'éléphant est intelligent.
17:41Si on a mis le feu aujourd'hui,
17:43il faut que demain on vienne mettre,
17:44je ne sais pas, des clochettes.
17:46Sinon après il va s'habituer.
17:50Les chercheurs aujourd'hui ont un travail
17:53et ont obligation de résultats
17:55pour pouvoir trouver et adapter des solutions
17:58qui soient non nuisibles pour les communautés locales
18:01mais également pour la faune.
18:12Mais la plus grosse menace qui pèse encore sur les éléphants
18:15vient d'ailleurs.
18:16Ils sont pourchassés et abattus illégalement
18:19pour leur viande, leur peau,
18:21mais surtout leur pointe d'ivoire.
18:26Tiens, il y a une carcasse là.
18:32Ça c'est le crâne.
18:34Là c'est les os du tibia.
18:36Là c'est un peu détourné.
18:38Est-ce qu'il n'y a pas de pointe d'ivoire ?
18:40Il n'y a pas d'ivoire.
18:44Le marché illégal de l'ivoire,
18:46alimenté par la demande croissante en Asie,
18:48reste florissant.
18:50Les données générées par les scientifiques
18:53deviennent une arme essentielle
18:55pour appuyer la lutte anti-braconnage.
19:01Sur le crâne, il n'y a pas de traces.
19:03C'est un peu trop récent pour que les ivoires aient été simplement rongés par les otages.
19:08Pour qu'on ait pu venir ramasser les ivoires.
19:13Parce que là, la position où il est, ça peut quand même être qu'il était en train de fuir.
19:18Donc on va prendre l'échantillon.
19:21La seule information qu'on pourrait avoir de plus,
19:23c'est si on trouve les ivoires qui correspondent à un jour.
19:27Il ne faut pas oublier que l'éléphant de forêt
19:29est toujours soumis à une pression très importante de braconnage.
19:32Il y a encore quand même des grandes saisies d'ivoires au niveau international.
19:36La pression de braconnage s'est un peu déplacée
19:38de l'éléphant de savane à l'éléphant de forêt.
19:42Nous, en tant que scientifiques, bien sûr,
19:44on ne fait pas de la lutte anti-braconnage.
19:46Mais par contre, notre rôle, ça va être d'aider les éco-gardes,
19:49d'aider les conservateurs à comprendre où sont les zones les plus braconnées.
19:53Et également, quelle est l'ampleur de la pression de braconnage.
19:56Et on voit que tous les outils qu'on a mis en place,
19:59finalement, ça contribue à aiguiller les efforts de conservation.
20:15Pour analyser les données recueillies,
20:17Stéphanie a mis en place un laboratoire de police scientifique à Libreville.
20:24C'est un laboratoire qui a été inauguré en 2021.
20:27Et c'est le premier laboratoire de génétique forensique de la faune de la sous-région.
20:32Bonjour !
20:33Ça va ?
20:35Génétique forensique, ça veut dire utiliser les méthodes génétiques
20:38pour soutenir les enquêtes et les poursuites judiciaires
20:41dans le cadre des crimes phoniques.
20:44J'arrive du ministère, comme convenu.
20:48Donc voilà ce qu'ils nous soumettent comme cas.
20:51Donc une saisie d'ivoire.
20:54Deux.
20:56Trois.
20:58Et autre information importante,
21:00le suspect dans cette affaire est potentiellement suspect
21:04dans d'autres saisies aussi en Afrique centrale.
21:15Nos techniques qui ont été développées ici au Gabon
21:17permettent de déterminer l'origine des saisies d'ivoire à travers le Gabon.
21:21Et ça nous permet d'identifier les sites
21:24qui sont les plus ciblés par le braconnage.
21:29Nous avons également développé un test
21:31qui permet d'identifier les éléphants de façon individuelle.
21:34Et ça, ça nous permet d'identifier les éléments
21:36qui sont les plus ciblés par le braconnage.
21:39Nous avons également développé un test
21:40qui permet d'identifier les éléphants de façon individuelle.
21:43Et ça, ça nous permet de faire des correspondances
21:46entre des pointes d'ivoire saisies,
21:48la carcasse d'où proviennent ces pointes
21:50et également si on trouve des traces de sang
21:52sur une machette ou sur des vêtements d'un suspect par exemple.
21:56Et ça, c'est un test qui est suffisamment précis
21:59pour qu'on puisse présenter les résultats devant un tribunal
22:02dans un rapport d'expertise
22:04et que ça contribue à éclairer les poursuites judiciaires
22:07et à permettre au juge de prendre une décision.
22:25Alors dites-moi, ça c'est une plaque de sexage
22:28des échantillons d'ivoire, c'est ça ?
22:30Oui.
22:33C'est intéressant, il y a un groupe de mâles,
22:35donc ça c'est pas surprenant pour une saisie d'ivoire.
22:38Ils attirent plus les braconniers puisqu'ils ont des grandes défenses.
22:42Par contre, regardez, il y a un grand groupe de femelles ici.
22:47Beaucoup de femelles pour une saisie d'ivoire,
22:49c'est assez intéressant.
22:52Ok, super.
22:53Donc là, vous avez déjà fait deux marqueurs.
22:56On continue comme ça sur les 14 suivants,
22:59c'est des bons échantillons, ça marche bien.
23:06Malgré les efforts déployés, les menaces persistent.
23:10Selon les scientifiques, il faut en moyenne 40 ans
23:13pour doubler une population d'éléphants de forêt.
23:20Aujourd'hui, étudier l'éléphant de forêt,
23:22c'est passionnant et c'est difficile aussi
23:25parce qu'il faut bien comprendre que l'éléphant de forêt
23:27vit dans un habitat qui se modifie très vite.
23:30Que ce soit par l'impact des activités humaines
23:32sur les dernières décennies,
23:34tout ce qui est industrie extractive au Gabon
23:36s'est énormément développé.
23:38Donc l'éléphant doit s'adapter à tout ça.
23:42Et ça interroge aussi sur la place qu'on est prêts
23:44à laisser à l'éléphant et à la grande faune en général
23:47dans notre monde de plus en plus entropisé.
23:53Étudier l'éléphant au Gabon,
23:55c'est très intéressant.
23:58Étudier l'éléphant et le protéger
24:01reste un enjeu majeur pour la sauvegarde
24:03de cette forêt tropicale,
24:05essentielle aux populations locales
24:08et à notre planète.