Soumission chimique: comment agir en cas de doute?
Le procès des viols de Mazan met en lumière la notion de soumission chimique, une méthode qui consiste à administrer des substances psychoactives à l’insu d’une personne, ou sous la menace, à des fins criminelles. On a demandé au docteure Leila Chaouachi, rapporteuse de l’enquête sur la soumission chimique, datant de 2022, de nous expliquer comment agir en cas de suspicion d’une soumission chimique.
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00:00Le procès des viols de Mazan met en lumière la notion de soumission chimique,
00:03une méthode qui consiste à administrer des substances psychoactives à l'insu d'une personne
00:07ou sous la menace à des fins criminelles.
00:08On a demandé au Dr Leila Chawashi, rapporteuse de l'enquête sur la soumission chimique,
00:12de nous expliquer comment agir en cas de suspicion d'une soumission chimique.
00:15Sur le territoire national, le circuit qui est organisé, c'est celui du dépôt de plainte.
00:19Donc on dépose plainte, on est orienté aux unités médico-judiciaires,
00:23puisque c'est la condition pour y accéder, pour permettre de préserver les éléments de preuve.
00:28Donc il va y avoir un constat des éventuelles lésions,
00:30il va y avoir justement des prélèvements à visée conservatoire de sang et d'urine.
00:35Pour figer les matrices, on les pose sur les matrices pour éviter que les substances s'éliminent,
00:39puisqu'elles s'éliminent extrêmement rapidement.
00:40On va bien sûr pouvoir reproduire de l'ADN étranger,
00:42par exemple selon le récit ou la trace de spermatozoïdes.
00:45Pour que les analyses soient le plus précises possible,
00:48il est important que les victimes entament ces démarches le plus rapidement possible.
00:51Quand vous parlez du GHB, en général c'est 6 à 9 heures dans le sang,
00:5410 à 12 heures dans l'urine pour sa détection.
00:57Il y a tout un florilège d'agents de soumission chimique qui peuvent être utilisés,
01:01des médicaments sédatifs, des drogues qui peuvent être aussi bien stimulantes que dissociatives.
01:06Et celles-ci, elles ont des délais d'élimination plus ou moins rapides,
01:09donc c'est quelques heures, quelques jours.
01:11En général, dépassés 5 jours, il y a peu de dispositifs qui vont faire le moindre prélèvement,
01:15parce qu'on considère que beaucoup trop de substances ont été éliminées.
01:18Passés ces délais, un dernier recours est possible, préserver ses cheveux.
01:21Mais ce procédé n'est pas du tout réalisé de façon systématique.
01:23Vous avez votre dossier pharmaceutique en réalité sur la tête.
01:26On attend au moins un mois la pousse du segment d'effet pour réaliser les prélèvements.
01:31Et là, il y a bien sûr des précautions à prendre,
01:33d'éviter de se teindre les cheveux, de se décolorer les cheveux,
01:36d'appliquer des traitements agressifs, par exemple un lissage brésilien, des choses comme ça,
01:41de se couper les cheveux.
01:43C'est une pièce à conviction que nous avons sur la tête.
01:45Au procès des viols de Mazan, certains clichés présentent Gisèle Pellicot éveillée
01:49et certains avocats de la Défense remettent en cause son état sur ces photos.
01:52Or, le problème avec la soumission chimique
01:54est qu'elle se traduit par des dizaines de manières différentes chez les victimes.
01:57On a tendance à penser qu'on est victime que si on dort, par exemple.
02:00C'est beaucoup plus compliqué que ça.
02:02Parfois, une victime, elle est en train de danser, elle est stimulée, elle est désinhibée.
02:06Éveillée, réveillée.
02:08Et pour autant, ça ne présume pas du fait qu'elle n'a pas drogué à son insu,
02:13parce qu'une vidéo de surveillance ne vous dit pas ce que vous avez dans vos veines.
02:15Selon les derniers chiffres, l'enquête rapporte 1 229 cas d'agression
02:19représentant une suspicion de soumission chimique.
02:21C'est presque le double par rapport au chiffre de 2021.