Nathan Devers, à propos du meurtre de Philippine : «Il y a un système qui est défaillant et qui fabrique de la récidive»

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Nathan Devers, écrivain, à propos du viol et du meurtre de Philippine la semaine passée par un homme visé par une OQTF : «Il y a un système qui est défaillant et qui fabrique de la récidive».

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Transcription
00:00si on passe de l'émotion à l'analyse,
00:02en effet, quand on regarde toutes les informations qui sont remontées,
00:06il y a un dysfonctionnement.
00:07Un dysfonctionnement, il ne s'agit pas d'insulter l'État,
00:10d'accuser l'État, de dire que c'est la France qui a tué cette personne,
00:13non, il y a un coupable, le coupable a été arrêté,
00:15c'est le coupable qui est coupable.
00:17Mais le dysfonctionnement, il est très clair,
00:19c'est que le monsieur qui a commis ces actes
00:21a déjà commis ces actes par le passé,
00:24qu'il a été en prison, qu'il avait eu une remise de peine en l'occurrence,
00:27mais que surtout, il a récidivé juste après sa libération.
00:31Que la juge qu'il a fait sortir,
00:32alors non pas de prison mais de centre de rétention,
00:34avait conscience du fait qu'il présentait des risques de récidive.
00:38Alors en effet, il ne s'agit pas de mettre la responsabilité sur la juge,
00:41ce n'est pas ça, c'est de dire là, il y a un système qui est défaillant
00:44et qui fabrique de la récidive.
00:46J'aimerais juste, ou en tout cas qui n'empêche pas la récidive d'arriver,
00:49j'aimerais juste faire une remarque sur la notion de récupération
00:51dont vous avez parlé.
00:54Moi c'est une notion, c'est un phénomène qui me met plutôt mal à l'aise.
00:58Je pense que quand on est confronté à ce que certains appellent des faits divers,
01:01moi je n'aime pas cette expression, ça donne une sorte de froideur,
01:04j'appelle ça des faits tragiques.
01:05Mais quand on est confronté à des faits tragiques,
01:07évidemment que ça soulève une émotion terrible.
01:09Et je pense que l'émotion n'est pas le moment pour légiférer,
01:13pour faire de la politique, il faut le faire après,
01:16je ne dis pas qu'il ne faut pas en faire,
01:17mais qu'il faut le faire une fois qu'on est retourné à la froideur de la raison.
01:20Et que quand on parle par exemple de la question des féminicides,
01:23de la question des violences sexuelles,
01:24on sait que la grande majorité des violences sexuelles comme des féminicides,
01:29ce sont des crimes qui sont commis par des proches des victimes.
01:32Donc c'est-à-dire qu'ils ne sont pas intrinsèquement,
01:34enfin même pas du tout liés à la question de l'immigration.
01:37Là en l'occurrence, dans ce fait tragique,
01:39l'individu était sous OQTF,
01:42je ne le nie pas, il était originaire je crois du Maroc,
01:46mais si vous voulez, je pense que c'est aussi le danger
01:48quand on regarde ce genre de faits tragiques
01:50et qu'on veut tout de suite faire de la politique après,
01:52c'est qu'on prend des loupes qui ne sont pas forcément les plus pertinentes.
01:56J'ai entendu l'éditorial ce matin de Génie Bastier
02:01qui disait que selon elle, il y a de la récupération de tous les côtés.
02:03En gros, quand on est de gauche, on va avoir des faits divers
02:06qui vont aller dans notre sens, que quand on est de droite, etc.
02:08Je trouve que ce tableau d'ensemble, il faut l'éviter,
02:12qu'on peut tout à fait analyser les faits tragiques sans idéologie.
02:15Regardez ce qui s'est passé dans les facultés,
02:17où le portrait de Philippine a été arraché.
02:21Ça démontre bien une certaine fracture de notre société.
02:24Il n'y a même pas de débat.
02:25Et ça c'est terrible.
02:25Et on peut remarquer aussi qu'en face, il y a des gens qui font de la récupération.
02:29Ça veut dire qu'ils vont créer de l'indignation sur des violences sexuelles,
02:33sur des meurtres, etc. en fonction du profil des personnes mises en cause.
02:37Et ça, ça me semble tout aussi dangereux.

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