Meurtre de Philippine: "On se trompe de débat quand on parle de la nationalité de la personne en cause", estime Nelly Bertrand (secrétaire générale du Syndicat de la magistrature)

  • il y a 12 heures
Une information judiciaire a été ouverte pour homicide et viol concernant la mort de Philippine, jeune étudiante dont le corps a été retrouvé enterré dans le bois de Boulogne samedi dernier, pour laquelle un suspect a été arrêté mardi en Suisse. Ressortissant marocain, l'homme avait été condamné pour des faits de viol commis en 2019 et s'était vu notifier une obligation de quitter le territoire français à sa libération de prison en juin 2024.

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Transcription
00:00Ce qui s'est passé, ce sont des faits d'une violence inouïe et pour nous la question première à la suite de ces faits, c'est de trouver comment les éviter à nouveau, au maximum, sans tomber ni dans un discours démagogique sur le procès de la justice en laxisme et tout en respectant les principes fondamentaux de l'État de droit.
00:22Et à partir de là, ce qui est choquant dans cette affaire, c'est qu'une personne qui a été condamnée à 17 ans pour des faits de viol et qui passe 5 ans en prison, ce qui est énorme pour un minarin de 17 ans, sort et que quelques jours après, il est soupçonné d'avoir recommis des faits de viol et un féminicide.
00:40Donc la question à partir de là, c'est de savoir comment faire pour éviter ça et le débat public s'est focalisé à la suite des faits, dans les heures qui ont suivi les faits, sur la nationalité de la personne mise en cause, le fait qu'il soit marocain et qu'il ne soit pas en situation régulière sur le territoire français.
00:59Pas que sur sa nationalité, mais précisément sur sa remise en liberté et les conditions de sa remise en liberté. Et vous, ce que vous dites dans votre communiqué, c'est qu'on ne peut pas établir une causalité directe entre la non-exécution d'une mesure d'éloignement d'un étranger en situation irrégulière et son passage à l'acte criminel qui, pourtant, a lieu dans la foulée.
01:19On se trompe de débat quand on parle de la nationalité de la personne en cause parce qu'un viol, il y en a toutes les deux minutes trente en France. Des féminicides, il y en a un jour sur quatre en France. Là, on se focalise sur la personne et sa nationalité, le fait qu'elle soit en situation irrégulière, sa situation administrative, alors qu'en réalité, le vrai problème là-dedans, c'est celui de la prise en charge des personnes en détention, celui du sens qu'on donne à la peine, du sens qu'on donne à la prison, du travail sur la prévention de la récidive.
01:48Et par ailleurs, plus largement, celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans notre société, d'un point de vue judiciaire, mais également d'un point de vue éducatif, social et sanitaire, et d'un point de vue tout à fait global.

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