L'édito de Mathieu Bock-Côté : «La France de Philippine»

  • il y a 11 heures
Dans son édito du 28/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Les funérailles de Philippines, hier, Mathieu, ont ému la France.
00:03On y a vu une partie de la France souvent oubliée.
00:05La France catholique pleurait dans une grande dignité la mort d'une de ses enfants.
00:10Et c'est sur la France de Philippines que vous souhaitez revenir,
00:14ainsi que sur celle de Thomas et de Lola, pour qu'on ne les oublie pas aussi.
00:19Eh bien justement, parce que cette mort,
00:21alors en vrai, chaque mort marque une étape dans la conscience collective.
00:26Et on aimerait franchement pouvoir se passer de ces morts pour se réveiller collectivement.
00:31Alors, ayons simplement à l'esprit ce dont il est question ici.
00:35La mort de Philippines, c'est la mort d'une France, effectivement,
00:37vous avez raison de le dire, une France très souvent oubliée.
00:39Une France laissée de côté.
00:41Une France qui représente un peu le résidu de la France d'hier,
00:45qui n'est pas conforme à l'imaginaire révolutionnaire, républicain, tel qu'on l'entend aujourd'hui.
00:52C'est l'héritière, en fait, de la France d'avant 89, en quelque sorte.
00:55C'est l'héritière d'une conception de la France
00:57où l'identité de la France et le catholicisme sont indissociables.
01:00Et on a vu ça, une France d'une très grande dignité,
01:03une France d'une très grande beauté dans le sens du rituel aussi,
01:06je pense qu'on doit le noter.
01:08On était, je crois pouvoir parler à peu près au nom de tout le monde,
01:10on était bouleversés hier devant à peu près tout le monde, je reviendrai,
01:15devant cette scène, ces funérailles.
01:17On avait l'impression que c'est un monde, en fait,
01:19qui nous apprenait ce qu'est la dignité devant l'épreuve.
01:22C'est un monde qui se croyait peut-être à l'abri,
01:24parce qu'il s'agit souvent d'un monde plus à l'aise socio-économiquement,
01:28et c'est un monde qui a découvert qu'il n'était pas à l'abri.
01:31Le suspect, un OQTF marocain, agresseur, assassin,
01:36a frappé cette France dans des circonstances.
01:39Rappelons, mais j'y reviendrai, que le propre de l'OQTF,
01:42c'est qu'il n'aurait pas dû être en France à ce moment.
01:44Si le suspect n'avait pas été là, la Philippine serait encore vivante.
01:48Mais cet événement doit être pensé à la lumière d'une actualité lourde
01:53que nous peinons à nommer autrement qu'à travers le concept un peu vague d'insécurité.
01:57L'insécurité, comme si ça nous tombait.
01:59Il y a de la pluie, il y a de l'insécurité, il y a des bons jours et des mauvais jours.
02:02Non. L'insécurité, c'est le nom technique que nous donnons
02:06à ce qu'on doit bien appeler une forme de délinquance conquérante.
02:10Une délinquance conquérante qui se manifeste au fil de l'actualité
02:14dans les milliers de faits divers que nous connaissons
02:17et qui s'est exprimée ces dernières années de deux manières.
02:20Il revient, 2023, Crépole-Thomas.
02:23Rappelez-vous la scène, parce qu'on a tendance à l'oublier.
02:26C'est fou à quel point on oublie vite aujourd'hui de tels événements.
02:29Crépole-Thomas, qu'est-ce qu'on apprend assez rapidement?
02:32Que les racailles qui vont faire un raid, une razia contre le bal de Crépole
02:38veulent, rappelez-vous, planter du blanc.
02:40On l'a oublié, je crois qu'on n'a même pas retenu ce motif
02:44lorsqu'il est venu le temps de passer dans le langage du droit,
02:47mais ça avait été rapporté, planté du blanc.
02:49C'était une agression à l'époque, une agression raciste.
02:54C'était une agression sous le signe du racisme anti-blanc,
02:57mais on ne l'avait pas pensée comme telle.
02:59On avait plutôt cherché à la penser sous le signe du fait divers.
03:02Et plus encore, rappelez-vous quand certains éditorialistes,
03:05un éditorialiste en particulier du Service public,
03:07nous a expliqué qu'à certains égards, Thomas l'avait un peu cherché.
03:11L'avait un peu cherché, s'il n'avait pas été provoqué,
03:14s'il n'avait pas eu un comportement apparemment condamné,
03:16comme nous disait-on sur un récit assez particulier,
03:19eh bien, il n'aurait peut-être pas subi ce sort.
03:22Donc, c'était un raid anti-blanc. Il ne faut juste pas l'oublier.
03:25C'était revendiqué comme tel.
03:27Ensuite, Lola, 2022, si je ne me trompe pas.
03:29Donc, Thomas, ce n'était pas la France catholique.
03:33Dans ce cas-là, c'est la France des campagnes.
03:35Et dans le cas de Lola, c'était la France populaire.
03:39La France de ceux qui n'ont souvent pas les moyens
03:42de se sauver du vivre ensemble harmonieux.
03:44La France de ceux qui n'ont pas les moyens
03:46de fuir cette insécurité qui, par ailleurs,
03:48peut vous rattraper partout.
03:50C'était la France populaire, et on s'en souvient.
03:52On se souvient non seulement de l'atroce douleur de la famille,
03:55mais on se souvient aussi à quel point la famille
03:57a été prise en charge très rapidement par tout le lobby
04:00qui incite à dire qu'il n'y a aucune dimension politique.
04:02Pas de récupération, s'il vous plaît, en récupération.
04:04C'est l'autre nom de la réflexion dans ces moments.
04:06Ce qui se passe avec Lola, c'est un fait divers,
04:08tragique, certes, mais ce n'est rien d'autre qu'un fait divers.
04:11Et ça, je note qu'on est plusieurs,
04:13chez les politiques, chez les commentateurs,
04:15les éditorialistes, à avoir fait cette observation
04:18de voir trois visages différents de la France, chacun attaqué.
04:22On pourrait aller plus loin.
04:24On pourrait aller plus loin.
04:26Depuis les émeutes de 2023, nous savons, en quelque sorte,
04:30qu'aucun territoire n'était à l'abri.
04:32Et moi, je me souviens, c'est des conversations
04:34qui étaient récurrentes en 2023,
04:36et avec des gens qui ne s'y connaissent pas,
04:38avec des gens qui ont simplement des peurs,
04:40qui n'ont rien à voir.
04:41J'entendais la prochaine fois,
04:43ils, les émeutiers, les racailles,
04:45se permettront d'entrer dans les maisons.
04:47Se permettront d'entrer dans les maisons.
04:49Donc, on voit le sentiment
04:51qu'il n'y a plus personne n'est à l'abri.
04:53Plus personne n'est à l'abri.
04:55Et cette délinquance conquérante agresse.
04:57Cette délinquance conquérante peut tuer.
04:59Cette délinquance conquérante crée un climat
05:01où chacun intériorise l'idée
05:03qu'en son pays, il n'est plus protégé.

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