Avec Hyam Yared, libanaise vivant à Beyrouth, autrice
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Témoignage ce matin sur l'antenne de Sud Radio, et pensons au peuple libanais.
00:09Nous sommes avec Iam Yared, qui est libanaise, qui vit à Beyrouth.
00:13Bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Merci d'être avec nous. Vous êtes où à Beyrouth ?
00:20J'habite à Rabda, sur la colline qui surplombe l'aéroport,
00:25en fait qui surplombe un peu Beyrouth, sur tout ce qui est de gauche à droite,
00:30l'aéroport et la banlieue sud de Beyrouth.
00:32Et la banlieue, donc vous n'êtes pas très loin de la banlieue sud de Beyrouth.
00:36À 2 kilomètres, à voile d'oiseau, oui.
00:38À 2 kilomètres. Comment vit-on aujourd'hui à Beyrouth ?
00:42Écoutez, très mal, très très mal. Déjà, sachez que, enfin, à savoir que depuis le 7 octobre,
00:48si vous voulez, nous sommes sous pression déjà dans le sud,
00:54et dans le ciel, puisque nous avons droit à l'aviation israélienne,
00:58les drones, de toute manière, ce n'est pas depuis seulement le 7 octobre,
01:00depuis très longtemps déjà, le ciel est toujours surveillé.
01:04Donc nous avons toujours cette crainte de ne pas savoir à quel moment notre sort sera décidé sans nous.
01:10Et là, tout à coup, voilà, quand ça a commencé à avoir lieu,
01:14les premières remarques, c'est ça y est, c'est en train d'arriver.
01:20C'est-à-dire, ça y est, c'est en train d'arriver, c'est en train de toucher Beyrouth,
01:22parce que le sud était déjà touché depuis un an, le sud est vidé de ses habitants,
01:29nous avons des déplacés partout dans Beyrouth.
01:31Et là, maintenant, même toute la banlieue sud, d'un coup, en une semaine,
01:35s'est vidée de tous ses habitants.
01:37Donc le Liban est en plein changement aussi, je dirais,
01:44dans la capacité de quelques institutions qui ouvrent leurs portes pour accueillir ce flot de déplacés,
01:52car je n'aime pas dire réfugiés, j'espère qu'à un moment donné,
01:56enfin, je n'ai pas beaucoup d'espoir qu'ils pourront rentrer chez eux,
01:59peut-être dans la banlieue sud, mais pour ce qui est du sud du Liban,
02:03voilà, je ne sais pas qu'est-ce qui va advenir dans les prochaines semaines et les prochains mois.
02:10Voilà, nous sommes très inquiets, en fait, très très inquiets,
02:15et la situation est glauque, en fait.
02:17Si vous regardez depuis mon balcon la banlieue sud la nuit, c'est assez flippant.
02:24Toute la région de la banlieue sud, en fait, c'est comme une espèce de…
02:27Vous avez des éclairages la nuit, donc des maisons habitées,
02:30mais juste au niveau de la banlieue sud, il y a un trou noir,
02:33parce qu'il n'y a plus une seule maison qui est habitée, donc il n'y a plus de lumière, en fait.
02:37Donc toute la banlieue sud est éteinte.
02:39Donc c'est assez symptomatique de la situation.
02:44Et voilà, hier, j'étais dans une école qui accueillait autant que faire se peut sur des locaux abandonnés.
02:54Donc vous comprenez bien que si ces locaux ne servent pas à l'école,
02:56c'est que ce sont des locaux assez vétustes et qui accueillent autant que faire se peut des familles
03:01qui n'ont pas d'endroit, qui dorment dans les rues, qui dorment dans les voitures, qui dorment sur les trottoirs.
03:06Donc ils accueillent autant que faire se peut.
03:08Et donc juste pour, voilà, il y a des malades, il y a des gens qui sont très critiques, qui ont des cancers.
03:16Et l'une des familles me disait, il fait très chaud actuellement, donc ils n'ont même pas de quoi se...
03:22Voilà, donc j'ai dit, mais pourquoi vous n'allez pas chez vous à la maison pour ramener le nécessaire ?
03:27Elle m'a dit, mais on n'ose même pas aller pour dix minutes ramener des affaires.
03:32Donc l'idée, c'est la suivante, c'est on ne sait pas à quel moment il y a quelque chose qui pète, en fait.
03:37Parce que, voilà, on n'a pas de préavis, même s'ils envoient des tracts où ils annoncent leur frappe avant.
03:45En fait, ils annoncent leur frappe avant. C'est sympa d'annoncer sa frappe avant.
03:49De la part... Enfin, c'est horrible. Ils annoncent leur frappe, ils ont deux minutes pour se...
03:53Ils n'ont pas deux minutes, ils ont deux heures pour dégager.
03:56Comment est-ce que c'est humain, cette situation ? C'est juste insupportable.
04:00De nouveaux quartiers de Beyrouth ont été bombardés dans la nuit.
04:05Vous avez entendu cela ? Et à Mireille ?
04:09Nos quartiers à nous... Enfin, les quartiers qui sont bombardés sont...
04:13En fait, c'est des points très ciblés, on va dire, mais avec une dose...
04:20Il a été visé le FPLP, d'ailleurs, des dirigeants du FPLP, qui est un front palestinien.
04:28Oui, oui, cette nuit...
04:31Dans le centre de Beyrouth, d'ailleurs.
04:33Dans le centre de Beyrouth ? Non, non, mais ce n'est pas seulement la banlieue sud.
04:37Non, non, ce n'est pas seulement... On ne sait pas, en fait, ce qu'ils vont bombarder.
04:42On ne sait pas où sont les QG, finalement. On sait plus ou moins, mais on ne sait pas.
04:47Et l'autre problème aussi, c'est qu'ils ciblent des représentants du HESB
04:52et des représentants de figures politiques qu'ils veulent abattre,
04:57mais ces gens-là, ils sont parmi la population.
05:00Voilà. C'est ça qui est terrible.
05:03Iam Yared, pour vivre aujourd'hui au quotidien à Beyrouth, comment fait-on ?
05:08Comment vivez-vous au quotidien ? Les écoles sont ouvertes, les écoles sont fermées.
05:12Tout dépend des quartiers, j'imagine.
05:14Pour se ravitailler, les magasins sont ouverts, les magasins sont fermés.
05:17Tout dépend aussi des quartiers.
05:19Si on est en zone chrétienne ou si on est dans le sud, vous me disiez, il n'y a plus rien, il n'y a plus personne.
05:25Mais comment vit-on au quotidien ?
05:29Écoutez, au quotidien, il y a des conséquences au niveau médical, au niveau pharmaceutique.
05:36Les produits, comme il y a un grand besoin tout à coup beaucoup plus fort,
05:40donc il y a des pénuries de médicaments.
05:43Les gens qui ont le cancer n'arrivent plus à se procurer des médicaments
05:46qu'ils avaient déjà des problèmes à s'en procurer, parce qu'on est aussi en crise économique, il y a tout ça.
05:53Mais on fabrique du sang.
05:55Cette société est quand même incroyable.
05:57Pour moi, c'est une société assez miraculeuse.
05:59Où, malgré les distinctions intestines entre communautés,
06:02parce qu'en fait, on habite beaucoup par agglomération communautaire, on va dire,
06:07des régions à majorité chrétienne, des régions à majorité chiite, des quartiers aussi.
06:12Et malgré tout, il y a des altercations, ça c'est certain, parce qu'on est à couteau tiré entre nous.
06:18Il y a une sensibilité, il y a aussi, vous ajoutez à cela, les réfugiés syriens qui sont au Liban.
06:23Donc, il y a beaucoup de dissensions entre nous.
06:27Mais, pour le degré de dissension, moi je trouve qu'on s'en sort très bien.
06:32Et donc, il y a une entraide.
06:33Alors, comment fait-on pour vivre ? Comment fait-on pour se ravitailler ?
06:36Jusqu'à ce jour, voilà, il y a toujours...
06:39Il y a toujours des solutions.
06:41Oui, par quartier, évidemment, par quartier.
06:44Le Liban, il y a eu l'hégémonie chrétienne, puis les sunnites, et puis les chiites.
06:51Ces derniers temps, c'est le Hezbollah qui dirigeait le Liban, disons-le.
06:56Vous êtes toujours, si j'ai bien compris, embarquée dans ces conflits communautaires qui détruisent votre pays.
07:07Exactement, exactement.
07:09Chaque quinze ans, on appelle ça un peu la malédiction des quinze ans.
07:12Chaque quinze ans, il nous arrive un truc.
07:15Et c'est vrai que, voilà, on va dire, il y a eu d'abord l'hégémonie chrétienne,
07:20puis il y a eu la mort de Bachir Jemayel, le représentant.
07:23Chaque fois qu'il y a eu une communauté qui a voulu, en fait, imposer son hégémonie,
07:28son chef militaire a sauté.
07:30C'était avant avec Bachir Jemayel, maintenant, après avec Hariri, qui représentait les sunnites.
07:36Et maintenant, c'est Hassan Nusrallah.
07:38Alors, quel va être l'avenir du Liban avec cette réalité-là ?
07:41Soit on est un peu plus à force égale, à puissance politique égale, tout à coup,
07:47et on se met à une table et on fabrique une union nationale qui fait sens.
07:51Soit on nous annonce le successeur de Hassan Nusrallah,
07:55qui n'est pas, voilà, qui s'appelle Tafieddine.
08:00Et qui, voilà, enfin, je ne sais pas, en fait, vers quoi on va.
08:04Yamiyared, vous avez entendu parler ?
08:06Est-ce que sur les chaînes de télévision libanaises ou radio,
08:09on parle des obsèques de Nusrallah ?
08:12Quand seront-elles organisées ? Est-ce qu'on sait ?
08:14Alors, c'est un peu trouble comme...
08:16C'est trouble, on ne disait rien.
08:18Oui, parce qu'en fait, je pense qu'ils ont peur.
08:20Ben oui, bien sûr.
08:21Bien, merci dans tous les cas, Yamiyared, pour ce formidable témoignage.
08:26Et nous nous permettrons de vous rappeler dès que nous le pouvons,
08:29surtout dès que vous le pouvez.
08:31Il est 7h20, le rappel des titres de l'actualité.
08:34Laurie Leclerc.