Meurtre de Philippine : «C'est une triple erreur, administrative, politique et judiciaire», estime Nicolas Sarkozy

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Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la responsabilité de la mort de Philippine, de la possibilité de rétablir le contrôle aux frontières, d'un référendum sur l'immigration souhaité par Bruno Retailleau et du niveau d'endettement de la France.

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Transcription
00:00C'est l'invité exceptionnel que nous recevons ce matin sur CNews et Europe 1, bonjour Monsieur le Président.
00:10Bonjour.
00:11Et merci Nicolas Sarkozy d'avoir accepté notre invitation, vous êtes avec nous pour une heure de temps d'abord pour la grande interview,
00:18puis vous poursuivrez l'échange autour de Pascal Praud avec Vincent Erwatt et Vincent Trémolet de Villers.
00:23Votre prise de parole Monsieur le Président intervient dans un moment important, de bascule, tout d'abord sur le plan international,
00:29avec la crainte d'une guerre régionale au Proche-Orient, et important aussi Monsieur le Président sur le plan national,
00:35avec des interrogations légitimes sur la politique qui sera menée par le gouvernement Barnier,
00:40et plus largement sur la situation de la France et la maîtrise de notre destinée.
00:43Et tout d'abord Nicolas Sarkozy, les Français ont ressenti une immense tristesse, et une colère aussi après le meurtre de Philippine,
00:50tristesse lors de ses funérailles, emprunt d'une très très grande dignité, colère autour du profil de ce suspect marocain,
00:57déjà condamné pour viol et sous le coup du NOKI-TF. Pour vous, de quoi cette affaire est-elle le nom ?
01:03C'est vraiment difficile de trouver des mots à la hauteur de ce qu'on ressent tous.
01:09On est partagé. La pudeur voudrait qu'on se taise pour partager un peu de compassion avec cette famille,
01:19et en même temps on est révolté. Il y a de l'effroi et il y a de la colère.
01:24C'est pas de la fatalité. Jamais cette petite n'aurait dû croiser cet individu.
01:31C'est une triple erreur administrative, politique et judiciaire.
01:38Les sentiments, comme chacun, j'ai été abasourdi.
01:46Mais peut-être avec le recul, ce qui me choque, peut-être pas le plus, mais beaucoup, c'est l'hypocrisie.
01:55De qui ?
01:57La double hypocrisie. Celle de ceux qui hurlent à la récupération,
02:03comme si on n'avait pas le droit de commenter quelque chose d'aussi abominable.
02:09Et qui sont les premiers, je pense, à l'extrême-gauche, à récupérer ?
02:14Quand il y a eu les incidents avec la famille Traoré,
02:18quand il y a eu la polémique sur ce petit jeune de 17 ans...
02:22Naël.
02:24Naël.
02:26Et là, ces cris d'orfraie contre un prétendu fascisme,
02:31parce qu'on parle de la douleur de cette famille ou du drame de cette jeune femme,
02:36c'est insupportable.
02:38Mais une autre hypocrisie, c'est l'hypocrisie d'une gauche
02:46qui a transformé le débat sur l'immigration en un débat de posture et jamais de solution.
02:54Je voudrais m'en expliquer en 30 secondes.
02:57J'étais accusé, je vois tout, c'est bien loin de là.
03:01Au moment des charters, j'étais voué au pilori, accusé d'être un fasciste, inhumain.
03:10Parce que nous organisions, à l'époque d'ailleurs avec les Anglais, des charters.
03:15Mais qui y avait dans les charters ? Des OQTF.
03:19Comment voulez-vous expulser des OQTF
03:23si vous ne prenez pas un moyen de transport, l'avion,
03:27qui permet de les ramener dans leur pays d'origine sans drame ?
03:32Vous ne les prenez pas au milieu de touristes.
03:36Lorsque nous avons fait les peines planchers,
03:39je veux dire à M. Dupont-Moretti, contrairement à ce qu'il a dit,
03:43que les peines planchers ça marchait.
03:45Première décision.
03:46Il dure aussi à M. Migaud, qui avait voté contre les peines planchers à l'époque de l'infinité députée sociale.
03:51Comprenez-moi, c'est leur droit de voter contre.
03:54Mais ils ne peuvent pas ensuite se plaindre de la situation où se trouve le pays,
04:00car les peines planchers s'adresseraient très précisément aux profils comme celui de cet individu.
04:06J'avais demandé qu'il y ait des peines incompressibles minimales
04:11et qu'un individu ne soit pas jugé pour le dernier délit qu'il ait commis,
04:15mais pour l'ensemble de son œuvre, si vous le permettez.
04:18Première décision, c'est la loi Taubira.
04:20Supprimez les peines planchers.
04:22Pire.
04:23Lorsqu'en 2004, je crée le fichier des délinquants sexuels.
04:28Vous savez, c'est les empreintes.
04:30Dès que quelqu'un fait un délit sexuel, pas un viol,
04:33j'avais demandé qu'il soit dans le fichier.
04:36Le syndicat de la magistrature, toute la gauche, Mme Royal,
04:41ont hurlé à la défense des libertés individuelles
04:45et ont demandé le démantèlement de ceci.
04:48Alors qu'aujourd'hui, nous avons ces débats.
04:49C'est ce que vous dites, M. le Président.
04:50Je veux dire qu'il y a une hypocrisie.
04:54Et je veux même aller plus loin.
04:57On doit prioriser fermeté et humanité.
05:02Vous le dites encore ?
05:03Non.
05:05La fermeté posera des problèmes d'humanité.
05:08Nous allons en parler.
05:09Parce que ça nous amène à...
05:10On ne peut pas satisfaire en même temps
05:13la place Beauvau et la place Vendée.
05:15Nous allons en parler, évidemment.
05:16Le ministre de l'Intérieur et le ministre de l'Intérieur.
05:18Nicolas Sarkozy, vous dites
05:19double hypocrisie et je retiens quand même trois fautes.
05:22Administrative, politique et judiciaire.
05:25Dans le cas de Philippines,
05:26l'administration, la durée de rétention,
05:29en tous les cas, la juge n'aurait pas fait d'erreur.
05:32Sur le plan judiciaire, il a été condamné
05:35et puis il est sorti.
05:37Et sur le plan politique, vous connaissez la situation.
05:39Vous dites malgré tout que ce sont des failles
05:41et tout un système à revoir.
05:42Je dis que ce n'est pas une fatalité.
05:45Qu'il y ait eu des erreurs,
05:47il n'appartient pas de les hiérarchiser,
05:50mais de les pointer.
05:52Bien sûr, sur le reste,
05:54le problème des EQTF,
05:56on doit tout changer.
05:58Tout changer ?
05:59Oui, pourquoi ?
06:00On manque de volonté politique à ce sujet ?
06:01Non, je ne dirais pas ça.
06:04Lors de la campagne de 2012,
06:05j'avais dit si Schengen n'est pas changé,
06:07dans un an, la France sortira de Schengen.
06:09Pourquoi ?
06:10L'immigration et Schengen
06:12sont gérés par un commissaire européen
06:15que personne ne connaît,
06:17dont vous êtes incapable, d'ailleurs,
06:18et je ne vous le reproche pas,
06:19de citer le nom.
06:21Schengen, qui gère les frontières européennes,
06:24doit être dirigé par un gouvernement européen
06:27composé des ministres de l'intérieur
06:29qui élirait en leur sein un président.
06:31C'est un sujet politique de première importance.
06:35Le responsable doit rendre des comptes.
06:37Aujourd'hui, c'est un processus européen administratif.
06:41Vous disiez, il y a quelques années,
06:42Schengen ne fonctionne plus.
06:44Est-ce qu'aujourd'hui, M. le Président,
06:45est-ce qu'on a encore des frontières ?
06:47Est-ce que la France a des frontières intérieures ?
06:50D'abord, je veux dire que les frontières
06:51sont un gage de paix,
06:53contrairement à ce que j'entends dire.
06:55C'est quand les frontières sont indécises,
06:57quand elles sont contestées,
06:59qu'il y a des risques de guerre.
07:01Un peu comme quand vous êtes chez vous,
07:02quand vous êtes propriétaire ou locataire.
07:04Quand vous avez un titre de location,
07:06un titre de propriété,
07:07vous ouvrez votre porte sans problème,
07:10puisque vous êtes assuré d'être chez vous.
07:12Les frontières, c'est pareil.
07:14Il y a une deuxième chose, me semble-t-il,
07:15qu'il faut faire.
07:16Assez simple.
07:18Maintenant, c'est clair,
07:20des visas contre des autorisations
07:22de retour consulaire.
07:24Je veux d'ailleurs dire
07:26que le Maroc, nous en avions,
07:28à mon époque, signé 15.
07:30Mais je veux dire que le Maroc
07:31se comporte plutôt bien,
07:33grâce à la personnalité exceptionnelle
07:35du roi du Maroc.
07:37Sur l'Algérie,
07:39on donne des centaines de milliers
07:41de visas chaque année.
07:43On doit pouvoir obtenir
07:44des centaines d'autorisations
07:46de retour consulaire.
07:48Ce n'est pas un problème.
07:49Pourquoi, M. le Président,
07:50ça ne marche pas ? Pardonnez-moi.
07:51Je repose ma question.
07:52C'est un manque de volonté politique.
07:53Est-ce qu'on ne veut pas
07:55faire pression sur ces pays
07:56dits pays source ?
07:58Je vous renvoie à ma première remarque.
08:00Quand on parle de l'immigration à gauche,
08:02c'est pour prendre une posture.
08:03Ce n'est pas pour régler un problème.
08:05Je vais dire une troisième chose
08:06aux Français qui nous regardent.
08:08Nous ne sommes qu'au début
08:09de la crise migratoire.
08:11Elle ne fait que commencer.
08:13Les chiffres sont incontournables.
08:15L'Afrique est à 14 kilomètres
08:17par le détroit de Gibraltar
08:19et vous rentrez à pied
08:20par la frontière greco-turque
08:22en Europe.
08:23L'Afrique a 1,2 milliard d'habitants
08:25aujourd'hui.
08:26Dans 30 ans, l'Afrique aura
08:282,5 milliards d'habitants.
08:30L'Europe a 500 millions d'habitants
08:32aujourd'hui. Dans 30 ans,
08:33elle en aura 450 millions.
08:35Donc, le pire de la crise
08:37est à venir.
08:39Rien n'est plus important à mes yeux
08:41que l'organisation d'un sommet
08:43Afrique-Europe
08:45pour qu'ensemble nous parlions
08:47des conditions du développement économique
08:49de l'Afrique, car le développement économique
08:51de l'Afrique est la seule
08:53solution pérenne
08:55pour répondre
08:57aux défis de l'immigration.
08:59Il n'y en a pas d'autre.
09:01Nos destins sont liés.
09:03Nous devons de toute urgence
09:05parler de ces questions.
09:06Enfin, je fais une dernière remarque.
09:08Je pense qu'il faut
09:10que l'ensemble des pays européens,
09:12et la France notamment, ouvrent des guichets
09:14au sud de la Méditerranée
09:16pour que les dossiers
09:18soient instruits avant que ces malheureux
09:20ne traversent la Méditerranée.
09:22Et je propose qu'on dise tout simplement...
09:24Avec les pays sourds et calcitrants à le faire.
09:26Peut-être, mais il va falloir qu'on évoque ces questions-là
09:28ensemble, et qu'on les règle
09:30ensemble. Parce que
09:32une fois qu'un malheureux a traversé
09:34la Méditerranée, parfois au péril de sa vie,
09:36c'est trop tard
09:38pour lui dire qu'il faut revenir.
09:40Tous dossiers
09:42qui seraient déposés
09:44ou qui seraient instruits
09:46après la traversée
09:48de la Méditerranée, devraient être refusés.
09:50Vous dites, M. le Président,
09:52ce matin sur CNews Europe 1,
09:54nos destins sont liés avec l'Afrique
09:56et plus singulièrement le Maghreb.
09:58L'immigration, comment vous l'appréhendez ?
10:00Le ministre de l'Intérieur Bruno Rotaillot,
10:02a dit d'abord qu'il souhaitait un référendum
10:04sur l'immigration, et il a eu cette phrase.
10:06L'immigration, dit-il, n'est pas une chance.
10:08Ni pour les migrants qu'on ne peut pas
10:10accueillir décemment, ni pour les Français.
10:12L'immigration n'est pas une chance. J'ai retrouvé l'une de vos
10:14phrases, c'était il y a 20 ans,
10:16en 2005, lors d'une convention
10:18de l'UMP. Vous disiez, l'immigration,
10:20j'ose le mot, est une chance. Vous êtes le président
10:22qui a permis à Rachida Dati
10:24d'être garde des Sceaux dans ce pays, tout un symbole.
10:26Est-ce que vous reprendriez aujourd'hui,
10:28mot pour mot, ce qu'a dit
10:30le ministre de l'Intérieur ?
10:32M. Rotaillot a dit beaucoup de choses,
10:34et dans l'ensemble, je soutiens
10:36M. Rotaillot. Dans l'ensemble, mais
10:38sur cette phrase ? Pourquoi ? Mais cette phrase
10:40répond à une provocation
10:42qui est celle de dire, de scander
10:44l'immigration est une chance, on ne peut pas
10:46la refuser. Moi-même, je viens d'une
10:48famille immigrée, puisque mon père
10:50est venu d'Hongrie. Je dirais, l'immigration
10:52est un problème.
10:54Est-ce que vous vous rendez
10:56compte que les deux villes les plus peuplées
10:58du monde aujourd'hui, on le dit,
11:00c'est Pékin et Mexico,
11:02qui sont entre 28 millions et
11:0430 millions d'habitants. Dans 30 ans,
11:06Lagos,
11:08qui n'est même pas la capitale du
11:10Nigeria, aura
11:1240 millions d'habitants.
11:14Le Nigeria tout seul, vous m'entendez ?
11:16Le Nigeria tout seul, dans 30 ans,
11:18c'est fait, aura plus
11:20d'habitants que les Etats-Unis d'Amérique.
11:22Donc, la question
11:24n'est pas de sauter sur sa chaise en disant
11:26c'est une chance.
11:28La question est, c'est un
11:30problème. Nous ne pouvons
11:32plus, nous ne pouvons plus
11:34ignorer
11:36notre voisinage avec l'Afrique.
11:38Nous devons ensemble prendre les
11:40mesures pour permettre aux populations
11:42africaines de rester
11:44pour la plupart
11:46sur le sol des pays qui sont les
11:48leurs. Pour le reste, la pulsion
11:50de migration, qui a commencé il y a 3
11:52millions d'années, quand les premiers hominidés
11:54sont arrivés en France, et qui ont
11:56conquis le monde, ne s'arrêtera
11:58pas. Donc, pour moi,
12:00c'est un problème. Monsieur le Président,
12:02en vous écoutant ce matin, et vous
12:04dites que c'est un problème, et vous nous donnez
12:06le champ et la profondeur de ce sujet,
12:08est-ce qu'on a les moyens, finalement,
12:10d'appréhender ce sujet ou ce
12:12problème ? Je m'explique. Est-ce que
12:14notre état de droit est-il
12:16adapté à ce problème ?
12:18Est-ce qu'également le droit européen,
12:20tel qu'il est aujourd'hui, et qui supplante
12:22le droit national, est adapté
12:24à ce problème, selon vous ? De toute manière, on n'a pas le choix.
12:26La question
12:28migratoire est effroyablement complexe.
12:30Elle ne se réglera ni par
12:32un coup de menton, ni par une formule magique.
12:34C'est complexe. Mais c'est pas
12:36pour ça qu'il ne faut pas s'en occuper.
12:38Il faut prendre ce problème à bras
12:40le corps. Que disent les
12:42Français ? Ils veulent
12:44rester dans un pays
12:46qu'ils connaissent,
12:48héritiers d'une culture qui est
12:50celle de leurs arrière-grands-parents,
12:52grands-parents, parents, qui veulent transmettre à leurs
12:54enfants. La France
12:56n'est pas raciste. La France n'est
12:58pas fermée sur elle-même.
13:00La France veut vivre,
13:02survivre, défendre
13:04ses valeurs. C'est pas un crime.
13:06Vous savez, c'est la différence
13:08entre les États-Unis et nous.
13:10Le fameux mur
13:12entre les États-Unis
13:14et le Mexique, qui a été fait
13:16par M. Trump,
13:18Biden, qui est la gauche américaine,
13:20ne l'a pas démantelée.
13:22En France,
13:24moi, je fais voter les peines planchées.
13:26Première décision de Mme Taubira
13:28et de M. Hollande, les supprimer.
13:30C'est
13:32une question de posture.
13:34Il faut qu'on abandonne cette posture.
13:36Ce sont les postures politiques qui nous empêchent, en France, de résoudre
13:38les problèmes, les préoccupations des Français ?
13:40Bien plus que les complications.
13:42Dès que quelqu'un veut faire quelque chose,
13:44il est immédiatement accusé d'être quelque part
13:46contre Hitler et la vanne.
13:48Il faut aller outre, parce qu'il n'y a pas de solution.
13:50C'est le décor politique.
13:52C'est la raison pour laquelle je tiens ce discours,
13:54ici. Mais je dis une chose.
13:56Vous ne satisferez pas
13:58tout le monde.
14:00Si vous faites
14:02privilégier la fermeté,
14:04ce que je souhaite, ce que souhaite
14:06M. Retailleau, il a raison.
14:08Vous le soutenez, ce matin.
14:10Oui, je le soutiens.
14:12Il y aura des problèmes
14:14d'humanité pour tel ou tel
14:16qui aurait voulu venir en France et qui ne pourra
14:18pas venir en France.
14:20On ne peut pas dire tout
14:22et le contraire de tout.
14:24Je pense qu'on est vraiment aux limites
14:26en même temps
14:28et que, par ailleurs,
14:30je ne crois pas que la démocratie
14:32soit la recherche d'un consensus.
14:34La démocratie,
14:36c'est une politique défendue
14:38par une majorité qui doit être combattue
14:40par une minorité, je crois,
14:42à la gauche et à la droite.
14:44Moi, je n'ai jamais été de gauche.
14:46Et franchement,
14:48tous ceux qui m'ont combattu
14:50sur toutes les mesures de sécurité
14:52et de lutte contre l'immigration...
14:54Rappelez-vous quand j'ai fait le ministère
14:56de l'Immigration et de l'Identité nationale.
14:58Mais j'étais...
15:00Un grand metteur en scène a dit
15:02j'ai honte de la France.
15:04D'ailleurs, normalement, il aurait dû avoir
15:06un intitulé. J'ai honte de la France.
15:08Pourquoi j'ai voulu un ministère
15:10de l'Immigration ? Et pourquoi il faudrait un ministère
15:12de l'Immigration ? Parce que l'immigration
15:14et le contrôle de l'immigration
15:16comportent tellement de problèmes consulaires,
15:18sécuritaires, juridiques,
15:20humanitaires, européens,
15:22qu'il faut mettre
15:24les pouvoirs dans les mains
15:26du même responsable. Faut-il poser la question aux Français ?
15:28Un référendum sur l'immigration ?
15:30Moi, je ne suis pas contre le principe d'un référendum.
15:32Encore faut-il que je connaisse la question.
15:34Quelle est la question que vous allez poser ?
15:36Faut-il plus ou moins d'immigration ?
15:38La réponse, elle est connue.
15:40Je préfère, pour moi,
15:42le référendum
15:44doit être avec une question très précise.
15:46J'aurais préféré que Jacques Chirac, au moment
15:48de la suppression du service national,
15:50le fasse par référendum.
15:52En revanche,
15:54je n'ai pas voulu que le traité
15:56de Lisbonne se fasse par référendum.
15:58Je l'ai dit avant les élections
16:00de 2007, parce qu'on ne répond pas
16:02par oui ou par non à un traité de 454
16:04articles
16:06sur l'immigration, pareil.
16:08Vous pouvez soumettre à un référendum
16:10la volonté de transformer l'aide médicale
16:12d'État en aide médicale d'urgence.
16:14C'est clair.
16:16On peut demander aussi si les Français sont d'accord
16:18sur le contrôle des frontières,
16:20comme l'Allemagne.
16:22On n'a pas besoin de référendum, on n'a qu'à le faire.
16:24Quand un étranger
16:26vient pour se faire recoller
16:28les oreilles, je comprends que ça choque.
16:30Mais s'il est étranger et qu'il est en situation
16:32d'urgence absolue, quelle que soit
16:34la couleur de sa peau ou quelle que soit sa nationalité,
16:36naturellement, il faut le secourir.
16:38C'est l'honneur de la France.
16:40Pareil pour les réfugiés politiques.
16:42Je ne vois pas pourquoi on se prend la peine
16:44d'étudier les dossiers
16:46individuels lorsqu'ils proviennent
16:48de pays qui ne sont ni des dictatures
16:50ni en guerre.
16:52C'est un détournement. Par exemple,
16:54quelqu'un qui vient du Maroc ou quelqu'un qui vient
16:56de Tunisie ou quelqu'un qui vient
16:58d'Algérie, quels que soient par ailleurs les progrès
17:00de ces pays ont à faire en matière de droits de l'homme,
17:02je ne pense pas qu'il y ait en matière
17:04à faire une instruction longue
17:06sur les réfugiés politiques.
17:08Vous avez rappelé les positions et vous le soutenez
17:10de fermeté de Bruno Rotailleau.
17:12Aura-t-il Nicolas Sarkozy les moyens de ses ambitions ?
17:14Le garde des Sceaux Didier Migaud, tout en faisant part
17:16par exemple de son émoi après
17:18l'affaire philippine, a estimé qu'il ne fallait
17:20pas légiférer sous le coup de l'émotion.
17:22Il a dit quelques jours auparavant que la justice
17:24n'était pas laxiste. Est-ce qu'on assiste
17:26à un choc, à un duel entre l'intérieur...
17:28Non, ce n'est pas une question de tempérament.
17:30J'apprécie Bruno Rotailleau
17:32qui est un ami et je connais très bien
17:34le garde des Sceaux puisque
17:36je l'ai moi-même nommé
17:38à la Cour des Comptes
17:40après lui avoir
17:42aidé à obtenir la Commission des Finances.
17:44Ce sont des hommes parfaitement respectables.
17:46La question n'est pas personnelle.
17:48Elle est politique.
17:50Et lorsque le Premier ministre a dit
17:52fermeté humanité,
17:54je comprends bien pourquoi il dit ça.
17:56Mais il faudra choisir.
17:58Car la fermeté
18:00aura des conséquences.
18:02Et tout le problème du débat politique,
18:04c'est qu'on aime prendre des postures
18:06mais qu'on n'en assume pas les conséquences.
18:08Si vous avez une politique
18:10de fermeté, vous aurez des conséquences
18:12en matière d'humanité.
18:14Et c'est évident
18:16que les choses se passeront comme ça.
18:18Je vous posais la question sur l'ouverture.
18:20Monsieur Rotailleau est un ministre
18:22affirmé de droite et monsieur
18:24Didier Migaud est à gauche vous-même.
18:26Vous avez été le pionnier de l'ouverture.
18:28D'ailleurs, certains vous l'ont reproché. Vous avez été très critiqué.
18:30Certains ont même dit qu'au lieu du Karcher,
18:32ils ont eu Kouchner.
18:34Ça marche l'ouverture ?
18:36Oui. Vous savez, d'abord, si vous ne voulez pas être critiqué,
18:38vous ne faites pas de politique et vous ne prenez pas de responsabilité.
18:42J'ai fait l'ouverture, mais autour d'un
18:44programme précis qui était le mien.
18:48Pas autour d'une espèce de salmigondie
18:50où chacun mettait sa sauce.
18:52Pourquoi j'ai voulu l'ouverture ?
18:54Pourquoi c'est important ?
18:56La France est un pays violent.
18:58Regardez l'histoire de la France.
19:00J'aime mon pays,
19:02mais si on me dit que la France est un pays apaisé,
19:04c'est qu'on n'est pas resté longtemps en France.
19:06Et je vais considérer
19:08que c'eût été une grave erreur
19:10de gouverner la France qu'avec ses amis.
19:12On ne gouverne pas la France avec un clan.
19:16Regardez Mitterrand de 1981.
19:18Que des socialistes.
19:20Deux ans après, c'était la catastrophe.
19:22Regardez Chirac de 1995.
19:24Que des Chiraciens.
19:26Là, c'était encore plus rapide.
19:28Huit mois après, la catastrophe.
19:30Donc je revendique le rassemblement
19:32et l'ouverture,
19:34mais autour d'une politique claire.
19:36J'avais gagné les élections.
19:38J'ai ouvert à des gens
19:40qui voulaient me rejoindre.
19:42Après, on aime Kouchner, on n'aime pas Kouchner.
19:44Migaud ou on n'aime pas Migaud.
19:46Je voudrais faire une dernière remarque là-dessus.
19:48Les gens deviennent
19:50des ministres un grand honneur.
19:52Moi, je me souviens quand j'ai été nommé ministre la première fois.
19:54J'étais tellement content.
19:56Je me suis mis devant la télévision et j'ai regardé.
19:58Je ne croyais pas mes oreilles
20:00de voir mon nom
20:02des ministres du budget.
20:04J'étais très jeune.
20:06Mais la capacité des administrations françaises
20:08à prendre en main immédiatement leurs ministres
20:10pour leur imposer
20:12le discours habituel recitlé des autres
20:14est quelque chose d'effrayant.
20:16Monsieur Migaud est un homme que j'apprécie,
20:18qui est intelligent
20:20et assez courageux.
20:22Mais le discours qu'il a tenu n'était pas le sien.
20:24C'était celui de son administration.
20:26N'importe lequel des ministres de la justice,
20:28on lui vend ça
20:30en disant sinon tu vas te fâcher avec les autres.
20:32Si on veut se fâcher avec personne,
20:34on ne devient pas ministre.
20:36Monsieur le Président, dans quelques instants, c'est Pascal Praud
20:38avec Vincent Trémollet de Villers et Vincent Arvette
20:40qui va poursuivre l'entretien.
20:42J'ai quand même deux questions très importantes aussi
20:44puisque vous parlez de la ligne politique.
20:46Il va prononcer, ce sera un moment important,
20:48demain son discours de politique générale.
20:50Il y a un point précis, ça tient
20:52à cœur les Français, sur les impôts.
20:54Il va y avoir une augmentation probable
20:56des impôts, ciblée semble-t-il
20:58sur les plus aisés et les entreprises
21:00multinationales. La droite et l'augmentation
21:02des impôts, c'est la facilité aujourd'hui ?
21:04D'abord, moi j'ai soutenu
21:06la nomination de M. Barnier.
21:08J'ai évoqué...
21:10Prônez !
21:12Prônez, je ne me suis pas permis.
21:14J'ai eu de nombreuses discussions avec le président de la République.
21:16Quel que soit ce qu'on pense
21:18de M. Macron et de son bilan,
21:20il est le président de la République.
21:22Aider le président de la République, c'est aider la France.
21:24On a suffisamment de crises,
21:26ce n'est pas la peine de créer une crise politique.
21:28Donc, je souhaite de toutes mes forces
21:30le succès de M. Barnier
21:32et de son gouvernement.
21:34Pour le reste,
21:36je veux dire de la façon
21:38la plus claire
21:40que si, après cette année
21:42de déstabilisation des impôts par Macron,
21:44un Premier ministre de droite
21:46fait l'augmentation des impôts,
21:48je le dis sans détour,
21:50cela serait
21:52une erreur conditionnelle
21:54puisque naturellement,
21:56M. Barnier ne m'a pas fait confidence
21:58de ses intentions. Mais pour moi,
22:00ce n'est pas possible.
22:02La France est le pays
22:04qui paye le plus d'impôts,
22:06le pays où la redistribution
22:08est la plus grande,
22:10le pays où le montant des dépenses publiques
22:12est le plus élevé,
22:14et le pays où le sentiment d'injustice
22:16est le plus grand aussi.
22:18Donc, raisonner
22:20en termes d'augmentation d'impôts
22:22serait une erreur économique.
22:24La France a besoin d'emplois,
22:26de croissance, d'investissement,
22:28pas d'augmentation d'impôts.
22:30Pour conclure, Nicolas Sarkozy, ce matin sur CNews Europe 1,
22:32on a commencé cet entretien en parlant de Philippines
22:34et plus largement d'insécurité de nos frontières.
22:36Nous parlons à présent d'endettement,
22:38un pays qui n'est pas capable
22:40de maîtriser ou qui a du mal à maîtriser ses frontières,
22:42un pays qui n'est pas capable
22:44ou qui a du mal à maîtriser ses finances.
22:46Est-ce que c'est encore une nation ?
22:48Est-ce que le pouvoir a encore le pouvoir en France ?
22:50Vous savez,
22:52ça fait bien longtemps que je pense que les responsables
22:54politiques, et notamment le président de la République,
22:56n'ont pas trop de pouvoir, mais pas assez.
22:58Nos démocraties deviennent
23:00des régimes où tout le monde peut dire non
23:02et où personne ne peut dire oui.
23:04Mais ce n'est pas simplement
23:06le sujet de la France.
23:08Regardez, prenez un peu de recul,
23:10regardez l'ensemble de la planète.
23:128 milliards d'habitants.
23:14L'Occident, c'est moins de 800 millions.
23:16Donc l'axe du monde
23:18a muté à une vitesse exceptionnelle.
23:20Pleine Ouest,
23:22c'était nous l'axe du monde.
23:24Aujourd'hui, Pleine Est,
23:26c'est l'Asie.
23:28Il faut donc que nous nous ressaisissions tous
23:30pour défendre nos valeurs
23:32et comprendre que le monde
23:34dans lequel nous sommes n'a rien à voir
23:36de ce qu'il était il y a 20 ans.
23:38Je vous remercie Nicolas Sarkozy. Permettez-moi d'évoquer
23:40pour conclure, c'est important, c'est un
23:42engagement avec
23:44la campagne et votre engagement
23:46pour une campagne intitulée
23:48« Guérir le cancer de l'enfant » au XXIe siècle.
23:50On parle des cancers pédiatriques.
23:52C'est la campagne de l'Institut Gustave
23:54Roussy. Très importante pour
23:56tous ceux qui nous regardent. Un mot,
23:58un message, c'est évidemment indicible,
24:00c'est une douleur très profonde.
24:02Si l'injustice a un nom,
24:04c'est le cancer des enfants.
24:06J'étais jeudi,
24:08toute l'après-midi, à Villejuif.
24:10J'ai vu une petite
24:12qui a un cancer du rein, des chrysidives,
24:14deux ans.
24:16Une autre de 12 ans qui a un cancer des os.
24:18À longueur
24:20de médias, j'entends des gens qui
24:22crient
24:24l'injustice
24:26qu'il aurait faite. Je les engage
24:28à regarder du côté du service pédiatrique
24:30de Villejuif
24:32et là, ils verront l'injustice
24:34dans ce qu'elle a de plus fort.
24:36Tout cela ramène à l'essentiel. Merci
24:38M. le Président, Nicolas Sarkozy.
24:40Je vais vous laisser rejoindre
24:42mes camarades et amis, je vous en prie.
24:44Pascal Praud, avec Vincent Hervouët
24:46et Vincent Tremollet pour tous
24:48les autres sujets, évidemment l'international.
24:50Merci encore de votre
24:52confiance sur ces News Européens.

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