• il y a 2 mois
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Jean-Michel Blanquer, président de Terra Academia et ancien ministre de l'Éducation nationale, répond aux questions de Florian Tardif au sujet de la candidature d'Édouard Philippe à la prochaine élection présidentielle, de la crise politique que traverse la France, des décisions d'Emmanuel Macron et de la laïcité.

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Transcription
00:00Bonjour Jean-Michel Blanquer, vous êtes président de Terra Academia,
00:06ancien ministre de l'Education nationale et auteur de La Citadelle aux éditions Albin Michel.
00:12Edouard Philippe, que vous connaissez bien puisque vous avez travaillé à ses côtés lorsqu'il était à Matignon,
00:16dévoile son jeu, il sera candidat lors de la prochaine élection présidentielle, anticipée ou non.
00:22D'ailleurs, précise-t-il, est-ce que c'était le bon moment ?
00:24Je ne sais pas, je suis sans opinion sur le sujet.
00:27Ce qui est important, c'est le fond des choses, c'est-à-dire l'avenir du pays.
00:31Ça paraît bizarre comme ça, quand on voit une annonce dans un moment comme celui-là,
00:34mais il a le droit de considérer que c'est le bon moment, il a sûrement ses raisons.
00:39Il a le profil d'un chef d'État.
00:41Vous parlez dans votre livre d'homme intelligent, agile, drôle, cultivé ?
00:46Oui, bien sûr, il a de grandes qualités.
00:48Dans le livre, pour lui comme pour d'autres, je montre, je crois, les qualités et les défauts,
00:52les forces et les faiblesses, nous en avons tous.
00:54Incontestablement, il a montré des qualités dans la direction des affaires publiques.
00:57Donc, il fait partie des hommes et des femmes qui peuvent prétendre à de grandes responsabilités, bien sûr.
01:06Georges Pompidou avait déclaré, ce n'est, je crois, un mystère pour personne,
01:09que je serais candidat à une élection à la présidence de la République
01:12quand il y en aura une, trois mois avant la démission du général De Gaulle.
01:16Pourquoi je vous pose cette question ?
01:17Tout simplement parce qu'estimez-vous, ce matin, que cette perspective possible,
01:21compte tenu de la situation politique, c'est cette dernière qui a poussé, potentiellement,
01:26Édouard Philippe à expliquer qu'il serait candidat ?
01:29Je ne sais pas, je ne pense qu'il ne faut pas...
01:30Une démission d'Emmanuel Macron, pour faire simple.
01:31Je pense que le mimétisme en politique fonctionne rarement,
01:35c'est-à-dire, ce n'est pas complètement comparable.
01:38Et surtout, en ce moment, on a besoin plutôt de renforcer les institutions que de les fragiliser.
01:44Je ne pense pas qu'il les fragilise,
01:45mais je ne pense pas non plus qu'il faille donner cette interprétation-là à ce qu'il a fait.
01:48D'ailleurs, je me souviens que Georges Pompidou, lui-même, lorsqu'il avait fait cela,
01:52avait bien dit qu'il ne cherchait pas du tout à fragiliser le général De Gaulle.
01:56Et d'ailleurs, je pense que la relation de Pompidou avec De Gaulle
01:58n'a pas grand-chose à voir avec celle d'Édouard Philippe avec Emmanuel Macron.
02:02Donc, chaque chose est différente.
02:05Et c'est la liberté d'Édouard Philippe de faire cette déclaration.
02:10Mais le plus important, dans ce qu'il dit, ou de ce que nous avons tous à dire,
02:13c'est comment nous sortons par le haut de la situation dans laquelle nous sommes
02:17et comment nous ne pensons qu'à la France.
02:20Mais au fond, la chose très importante dans ce moment,
02:23qui a quelque chose de gaullien, justement,
02:25c'est que nous devons, en ce moment, nous mettre complètement au-dessus des partis,
02:29au-dessus des personnes aussi, et ne penser qu'au pays.
02:32Le pays avant les partis, c'est une évidence.
02:34On va en parler. Le titre de votre livre,
02:36La citadelle renvoie à l'enfermement, on l'a tous compris.
02:39Chacun sait que le pouvoir isole.
02:41Est-ce que vous estimez, ce matin, que c'est ce qui a entraîné la situation
02:45dans laquelle nous sommes, qu'Emmanuel Macron est isolé depuis plusieurs mois
02:49et qu'il a pris peut-être une décision irrationnelle ?
02:52Vous parlez, d'ailleurs, de décision irrationnelle dans votre livre.
02:55Oui, c'est un mot que j'assume complètement,
02:57mais qui, je crois, est compréhensible par tout le monde.
02:59Parce que, justement, cette décision a été incompréhensible.
03:03Donc, le fait que le pouvoir isole, c'est une réalité.
03:05Vous avez été surpris au soir de la dissolution ?
03:07Ah oui, parce que moi, je m'attendais à une dissolution en 2024.
03:10Je pensais qu'il y avait de très grandes possibilités que cela arrive.
03:14En revanche, je l'imaginais vers septembre, octobre,
03:18postérieurement aux Jeux olympiques, et surtout comme le résultat,
03:21comme la conséquence d'un conflit éventuel, d'une impasse éventuelle
03:25entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
03:27Et lorsqu'il y a une situation de ce genre,
03:29la dissolution est un outil normal de la Constitution.
03:32En revanche, faire une dissolution un soir d'élection
03:35a quelque chose de contre-nature.
03:38Et puis, cette immédiateté a aussi quelque chose de contre-nature.
03:41Vous savez, la Constitution prévoit une consultation avant de dissoudre.
03:45Ce n'est pas un coup de fil simplement au président de l'Assemblée,
03:48au président de l'Assemblée nationale...
03:49Ça s'est fait sur un coup de tête.
03:50Vous parlez dans votre livre également de tendance à la destruction masochiste.
03:55Est-ce qu'Emmanuel Macron est en train de détruire
03:58ce qu'il a construit depuis son arrivée en 2017 ?
04:00J'espère que non.
04:01Et en tout cas, je veux faire partie de ceux qui contribuent
04:03à ce que ça ne soit pas le cas.
04:04Mais le fait est qu'il y a quelque chose que l'on peut constater,
04:08qui est peut-être de l'ordre de la psychologie,
04:10mais qui est que souvent, Emmanuel Macron réussit les choses les plus difficiles
04:13et il rate les plus faciles.
04:14Souvent, il fait des choses qui peuvent être très réussies
04:18et qui vont être gâchées par la petite chose en trop.
04:20Souvent, par exemple, il va vous faire un très bon discours,
04:23et puis après, ça va durer trop longtemps.
04:25Vous voyez, il a cette tendance-là.
04:27Le remède à cela, c'est de travailler plus collectif.
04:30On a tous des qualités...
04:31Il travaille tout seul ?
04:32Encore une fois, le pouvoir...
04:34Est-ce qu'il est mal entouré ?
04:34Vous pointez du doigt, par exemple, ces hommes de l'ombre,
04:36Alexis Colère, qui l'entoure depuis 2017.
04:41Est-ce que vous estimez que ces hommes de l'ombre,
04:43que les Français ne connaissent pas,
04:45ont une influence néfaste sur le président de la République
04:47et sur ce qui se passe ?
04:48On peut bien évidemment penser, on en a parlé tout à l'heure,
04:51à cette dissolution précipitée, justement,
04:54par ces quelques hommes de l'ombre qui l'ont conseillé.
04:57Vous savez, la pente de tout pouvoir,
04:58et c'est le sens du titre du livre, qui a d'ailleurs plusieurs sens,
05:01mais le premier des sens, c'est le risque de refermement sur soi de tout pouvoir.
05:05Je veux bien tout voir.
05:05En réfléchissant à tous les présidents de la Ve, par exemple,
05:08ils ont tous eu un peu ce problème à un moment donné,
05:10mais certains plus que d'autres.
05:12Et donc, on voit quelque chose d'assez lumineux
05:14dans tous les débuts du mandat d'Emmanuel Macron,
05:16avec le premier quinquennat,
05:17et puis quelque chose qui s'assombrit,
05:18ça se sent d'ailleurs même au moment de la réélection,
05:21et c'est concomitant à une forme de recroquevillement sur l'Élysée.
05:26Et vous savez, les entourages sont toujours...
05:28À l'entourage, c'est des conseillers qui vous disent
05:30le reste du monde a tort et nous, on a raison.
05:32C'est à peu près ça la logique à laquelle on arrive.
05:35C'est la dévalorisation de la fonction ministérielle
05:38parce que les conseillers prennent un point important.
05:40C'est le conseiller qui arrive à 23h et qui vous dit
05:42ça, c'est une idée géniale de faire la dissolution,
05:44alors que si vous en parliez avec les présidents des assemblées,
05:47vous pourriez aisément comprendre que ce n'est pas la chose à faire.
05:51C'est donc ce risque de citadélisation qui a été couru.
05:55Il est clairement devant nos yeux et en le montrant,
05:58et je le montre avec le sens de l'équilibre, je crois,
06:00puisque je ne cache rien aussi des lumières et des qualités
06:03qu'il y a dans le travail d'Emmanuel Macron.
06:06Eh bien, c'est en mettant ça en lumière que j'essaie de faire
06:09un exercice démocratique, politique, pour qu'on soit lucide
06:12par rapport au risque. Mais ce risque, tout le monde le court.
06:14Tout le monde le court.
06:15Ce n'est pas propre à Emmanuel Macron.
06:17Simplement, ça s'est accentué.
06:18Est-ce que vous estimez que les responsables politiques
06:20sont responsables lorsque l'on voit les dernières consultations
06:23effectuées par le président de la République
06:25et l'impasse politique dans laquelle nous sommes
06:27avec ces différents partis dont vous pointez aujourd'hui,
06:31ce matin, sur CNews et sur Europe 1,
06:33la responsabilité dans cet échec à pouvoir construire une coalition ?
06:38Nous sommes dans une situation très irrationnelle
06:40puisque je pense qu'en réalité, il y aurait la possibilité
06:44d'unir 70 à 80 % des Français sur des grandes thématiques
06:48de salut national.
06:49Lesquelles ?
06:50L'équilibre des comptes publics, l'autorité de l'État,
06:54la maîtrise des flux migratoires,
06:56la question du pouvoir d'achat par une nouvelle vision
06:59des politiques sociales en particulier,
07:02c'est-à-dire les recomposer pour inciter davantage au travail.
07:06Les enjeux d'égalité des territoires,
07:08c'est le sujet dont j'ai parlé pendant les trois jours
07:11la semaine dernière dans le laboratoire de la République
07:13à Autun pour montrer à quel point nous devions être très soucieux
07:17de faire que les petites communes et les communes rurales
07:20puissent se sentir partie prenante de la nation.
07:22Tous ces sujets, 80 % des gens peuvent être d'accord
07:25sur des politiques claires là-dessus.
07:27Et d'ailleurs, certaines d'entre elles ont été menées
07:28par le président de la République.
07:30Et pour autant, nous aboutissons à une situation
07:33où la structuration des partis, la structuration partisane,
07:36débouche sur l'exact inverse de ça,
07:38c'est-à-dire le morcellement des Français,
07:40la fragmentation de l'opinion qui empêche de composer
07:43une majorité qui permettrait de mener cette politique.
07:45La seule solution dans ce genre de circonstances,
07:47c'est s'élever au-dessus des intérêts particuliers.
07:49Donc, c'est ce que l'on doit demander aux acteurs politiques
07:52et les Français, à mon avis, doivent juger les acteurs politiques
07:54à la façon dont ils se comportent.
07:55Ils pensent d'abord à eux avant de penser à la France, globalement.
07:57Je ne dis pas ça de chacun.
07:58Je ne mets pas tout le monde dans le même panier.
08:00Je dis, regardons chacun et chacune et voyons comment ils se comportent
08:05quand le choix est à faire entre l'intérêt de soi-même
08:07ou de son parti et l'intérêt du pays.
08:09Et donc, n'ayons en tête que l'intérêt du pays.
08:12Dans votre ouvrage, vous vous inquiétez également
08:14des forces hostiles qui menacent notre pays.
08:17Quel est le plus grand danger ce matin pour la France ?
08:21Vous savez, il y a des dangers de court terme, moyen terme, long terme.
08:24Et donc, il faut les distinguer.
08:25Je pense qu'à court et moyen terme,
08:27certaines puissances autour de nous ont des menées inquiétantes.
08:30Alors, c'est difficile de les hiérarchiser.
08:32Mais si vous prenez l'exemple de la Turquie, dont on parle peu,
08:35c'est une puissance qui, j'en parle un peu dans mon livre,
08:38par différents aspects,
08:40essaye d'avoir des ingérences intérieures et autres.
08:43Si vous prenez la Russie, avant même la guerre en Ukraine,
08:48nous avons eu à subir des attaques informatiques,
08:51des attaques informationnelles.
08:53Et nous savons à quel point les démocraties,
08:55pas seulement la nôtre, ont pu être déstabilisées,
08:57y compris dans les processus électoraux,
08:59par des menées russes.
09:01Il y a donc des menaces de différents ordres.
09:03Il y a évidemment l'islamisme fondamentaliste,
09:08qui parfois est porté par des Etats étrangers.
09:10Qu'il faut savoir regarder en face, c'est ce que vous dites également.
09:13C'est ce que j'ai fait tout au long de mon mandat
09:15et en prenant des mesures concrètes en la matière.
09:19Vous n'avez aucun regret par rapport à ce qui s'est passé ces dernières années ?
09:23Par rapport à ce que j'ai pu faire ?
09:25Sur ce que j'ai pu faire sur cette question ?
09:27J'ai vraiment fait le maximum de ce que je pouvais en la matière,
09:31parfois par vent contraire.
09:33Je donne les détails dans le livre et je pense que tout est complexe.
09:36Si on ne fait jamais suffisamment, il y a toujours plus à faire.
09:38Mais en tout cas, j'ai désigné les choses et j'ai agi.
09:40Donc ça, au moins, on ne peut pas me le reprocher.
09:43Mais je dirais qu'il faut aussi faire attention aux enjeux à long terme.
09:46À long terme, par exemple,
09:48le contrôle social par les nouvelles technologies
09:51est une menace très grande sur les êtres humains, tout simplement, et les citoyens.
09:56Et aujourd'hui, on doit être pleinement conscient de ça.
09:59Quand, dans certains pays,
10:00vous pouvez être noté en tant que bon citoyen ou mauvais citoyen
10:03grâce à la reconnaissance faciale,
10:06ça fait partie des grands enjeux de long terme
10:09auxquels on doit être sensible sans avoir seulement les yeux rivés sur l'actualité.
10:12Tentons ce matin d'élargir un tout petit peu le sujet.
10:15Vous rapportez un échange assez intéressant, d'ailleurs,
10:17que vous avez eu avec le président Giscard d'Estaing,
10:19qui estimait, lorsque vous l'avez rencontré à ce moment-là,
10:22qu'il ne voyait pas ce qui pouvait empêcher le déclin de l'Occident.
10:26On en a un tout petit peu commencé à en parler à l'instant.
10:29Est-ce que vous partagez cette analyse ?
10:32Oui et non. Lorsque j'essaie d'entretenir avec lui,
10:34j'essaie de défendre la thèse inverse.
10:36Oui, mais lorsque l'on vous lit,
10:38on a l'impression, peu ou prou,
10:40que vous partagez néanmoins cette analyse.
10:44Je partage l'inquiétude et ce qu'il faut, c'est trouver l'antidote.
10:46De même que je commence le livre en disant que,
10:48depuis le début du siècle, c'est-à-dire depuis le 11 septembre 2001,
10:51les démocraties sont parties dans une spirale négative
10:54de doute sur elles-mêmes et de manque de sens.
10:56Donc, je constate le phénomène, comme le fait le président Giscard d'Estaing.
11:00Ça ne veut pas dire que je l'accepte.
11:01Il faut maintenant se battre contre.
11:04Il faut une sorte de renouveau de sens.
11:07Le président Giscard d'Estaing faisait beaucoup référence
11:09à la question de la spiritualité,
11:11qui n'est pas du tout incompatible avec la laïcité.
11:13Mais c'est comment nous savons pas seulement nous défendre contre des ennemis.
11:16Vous voyez, on en a parlé il y a un instant.
11:18Il faut aussi avoir un projet, il faut faire envie à la jeunesse.
11:20Moi, c'est quelque chose qui m'habite.
11:21Qu'est-ce que l'on fait pour dire aux jeunes
11:23que le monde peut être meilleur dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans ?
11:26Si vous prenez le sujet écologique, par exemple,
11:28nous devons maintenant tenir des discours de construction sur ces sujets.
11:32C'est qu'en se retroussant les manches, on peut améliorer la qualité de la vie.
11:35On peut faire... J'en ai plein d'exemples.
11:37On peut faire des renouvellements de villages, des renouvellements du territoire.
11:41On peut être fier de la France, comme on l'a vu au cours des Jeux olympiques.
11:44Bref, il y a des nouveaux horizons à dresser qui relèvent de la politique,
11:47mais pas seulement de la politique.
11:49C'est intéressant, vous parlez justement de la jeunesse.
11:51Dans un extrait de votre ouvrage, et vous allez comprendre où je veux en venir,
11:55vous dites « une société qui passe son temps à se déchirer autour de la question de la vieillesse
11:58tandis que sa jeunesse souffre de mille mots n'est pas une société saine ».
12:01Alors pourquoi je vous pose la question ?
12:02Tout simplement parce qu'au cœur des consultations
12:05qui sont menées actuellement par le président de la République,
12:07il y a l'abrogation de la réforme des retraites.
12:09Est-ce que vous estimez que c'est quelque chose sur lequel tout le monde semble se focaliser ?
12:16Montre que notre société n'est pas saine.
12:19Je ne dis pas que ce n'est pas un sujet important, c'est un sujet très important.
12:21Je peux avoir d'ailleurs quelques idées sur ce point,
12:23mais le fait que notre société, depuis...
12:26Sur la politique familiale, notamment.
12:27...depuis une vingtaine d'années, se déchire par épisode
12:30sur les questions d'âge de départ à la retraite,
12:33alors que d'ailleurs, le premier facteur de pérennité des retraites dans la durée,
12:38c'est la démographie, c'est le fait d'avoir des enfants qui naissent,
12:40alors que très peu de gens, voire personne, ne parle de ça dans le débat public.
12:44Moi, j'en ai parlé pendant le premier quinquennat,
12:46j'étais très solitaire pour le faire.
12:48Je vois que le président, maintenant, en parle un peu,
12:50mais la question du renouveau démographique français est évidemment fondamentale.
12:53C'est la première des réponses au problème des retraites.
12:56Et par ailleurs, si on veut donner de l'espoir à la jeunesse,
12:58peut-être que c'est un peu moins de conflictualité
13:01et un peu plus de projections dans l'avenir qu'il faudrait montrer.
13:05Alors maintenant...
13:05Conflictualité alimentée par certains partis ?
13:08Pour la question... Bien sûr.
13:09Il y a certains discours...
13:11Certains discours brutalistes, enfin, les discours extrémistes, en particulier.
13:14Lesquels ?
13:15D'extrême-gauche et d'extrême-droite.
13:17Mais vous avez aussi des gens qui brutalisent la vie publique,
13:19qui ne sont ni d'extrême-gauche ni d'extrême-droite.
13:21Une façon de s'exprimer, une façon de respecter les autres,
13:24de considérer que les adversaires ne sont pas des ennemis,
13:28une façon de rechercher un peu la nuance, parfois,
13:30une façon de penser contre soi.
13:33Toutes ces disciplines que nous devrions tous avoir
13:35sont malheureusement trop absentes dans le débat public
13:37et nous empêchent d'avoir une démocratie de haute qualité comme elle devrait l'être.
13:40La France est un pays qui a beaucoup de maturité historique.
13:43C'est un pays qui doit pouvoir débattre,
13:46prendre des décisions de manière beaucoup plus mûre, concertée.
13:51L'école doit justement redevenir le creuset de ces valeurs qui sont les nôtres ?
13:56L'école, elle, reflète la société.
13:59D'ailleurs, sous la Troisième République,
14:01il y avait confiance de la société dans l'école
14:03parce qu'il y avait confiance de la France en elle-même.
14:05Aujourd'hui, je pense que nous avons semé des graines de rebond de l'école.
14:10Souvent, on entend toujours le contraire sur toutes les ondes.
14:14Je souligne dans l'livre que le rebond de l'école primaire a commencé.
14:17Nous sommes le seul pays avec le Portugal à avoir progressé, en cinq ans,
14:21sur le niveau de lecture des élèves de CM1,
14:24alors même qu'il y a eu la crise sanitaire,
14:26alors même qu'il y a eu mille problèmes et mille attaques.
14:28Mais la politique des savoirs fondamentaux porte des fruits.
14:31Mais voyez, cette politique que nous avons menée,
14:33elle porte des fruits, forcément, sur cinq ans, puis dix ans, quinze ans.
14:37C'est des sujets de très long terme.
14:38Vous ne pouvez pas, du jour au lendemain,
14:41opérer un rebond des savoirs fondamentaux à l'école primaire.
14:44Et ça, cette capacité de patience,
14:46cette capacité d'explication des choses calmement,
14:50c'est ce qui manque dans notre débat démocratique.
14:52Et heureusement qu'il y a des émissions comme la vôtre
14:54qui durent un peu longtemps pour pouvoir le faire.
14:56Merci beaucoup, Jean-Michel Blanquer.
14:57C'était l'heure de votre grande interview sur CNews et sur Europe 1.
15:00Et je rappelle votre ouvrage,
15:02La Citadelle, aux éditions Albain, Michel, Romain.

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