L'intégralité de l'interview de Nicolas Sarkozy

  • il y a 12 heures
Nicolas Sarkozy était l'invité de Sonia Mabrouk, puis de Pascal Praud ce lundi sur CNEWS. L'ancien président de la République est revenu sur le meurtre de Philippine, le contrôle de l'immigration, ainsi que sur la situation internationale.

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Transcription
00:00C'est un invité exceptionnel que nous recevons ce matin sur CNews et Europe 1. Bonjour Monsieur le Président.
00:05Bonjour.
00:06Et merci Nicolas Sarkozy d'avoir accepté notre invitation.
00:09Vous êtes avec nous pour une heure de temps d'abord pour la grande interview,
00:13puis vous poursuivrez l'échange autour de Pascal Praud avec Vincent Erwot et Vincent Trémolet de Villers.
00:18Votre prise de parole Monsieur le Président intervient dans un moment important,
00:21de bascule tout d'abord sur le plan international avec la crainte d'une guerre régionale au Proche-Orient
00:27et important aussi Monsieur le Président sur le plan national avec des interrogations légitimes
00:32sur la politique qui sera menée par le gouvernement Barnier
00:35et plus largement sur la situation de la France et la maîtrise de notre destinée.
00:39Et tout d'abord Nicolas Sarkozy, les Français ont ressenti une immense tristesse
00:43et une colère aussi après le meurtre de Philippine.
00:45Tristesse lors de ses funérailles, emprunt d'une très très grande dignité,
00:49colère autour du profil de ce suspect marocain déjà condamné pour viol et sous le coup du Nauquitef.
00:56Pour vous, de quoi cette affaire est-elle le nom ?
00:59C'est vraiment difficile de trouver des mots à la hauteur de ce qu'on ressent tous.
01:05On est partagé.
01:07La pudeur voudrait qu'on se taise pour partager un peu de compassion avec cette famille
01:15et en même temps les révolter.
01:17Il y a de l'effroi et il y a de la colère.
01:20Ce n'est pas de la fatalité.
01:23Jamais cette petite n'aurait dû croiser cet individu.
01:27C'est une triple erreur administrative, politique et judiciaire.
01:35Les sentiments, comme chacun, j'ai été abasourdi.
01:42Mais peut-être avec le recul, ce qui me choque, peut-être pas le plus, mais beaucoup, c'est l'hypocrisie.
01:51De qui ?
01:52La double hypocrisie.
01:54Celle de ceux qui hurlent à la récupération,
01:59comme si on n'avait pas le droit de commenter quelque chose d'aussi abominable.
02:04Et qui sont les premiers, je pense, à l'extrême gauche, à récupérer.
02:09Quand il y a eu les incidents avec la famille Traoré,
02:13il y a eu la polémique sur ce petit jeune de 17 ans.
02:18Naël.
02:21Et là, ces cris d'orfraie contre un prétendu fascisme
02:26parce qu'on parle de la douleur de cette famille ou du drame de cette jeune femme,
02:31c'est insupportable.
02:33Mais une autre hypocrisie, c'est l'hypocrisie d'une gauche
02:41qui a transformé le débat sur l'immigration en un débat de posture et jamais de solution.
02:49Je voudrais m'en expliquer en 30 secondes.
02:53J'étais accusé, je crois tout fait, bien loin de là, au moment des charters.
02:59J'étais voué au pilori, accusé d'être un fasciste, inhumain,
03:05parce que nous organisions, à l'époque d'ailleurs avec les Anglais, des charters.
03:10Mais qui y avait dans les charters ?
03:13Des OQTF.
03:15Comment voulez-vous expulser des OQTF ?
03:18Si vous ne prenez pas un moyen de transport, l'avion,
03:22qui permet de les ramener dans leur pays d'origine, sans drame.
03:27Vous ne les prenez pas au milieu de touristes.
03:31Lorsque nous avons fait les peines planchers,
03:34je veux dire à M. Dupond-Moretti, contrairement à ce qu'il a dit,
03:38que les peines planchers, ça a marché.
03:40Première décision.
03:41Je veux dire aussi à M. Migaud qui avait voté contre les peines planchers à l'époque
03:46C'est leur droit de voter contre.
03:49Mais ils ne peuvent pas ensuite se plaindre de la situation où se trouve le pays,
03:55car les peines planchers s'adresseraient très précisément
03:58aux profils comme celui de cet individu.
04:01J'avais demandé qu'il y ait des peines incompressibles minimales
04:06et qu'un individu ne soit pas jugé pour le dernier délit qu'il ait commis,
04:10mais pour l'ensemble de son oeuvre, si vous le permettez.
04:13Première décision, c'est la loi Taubira.
04:15Supprimer les peines planchers, pire.
04:18Lorsqu'en 2004, je crée le fichier des délinquants sexuels,
04:23vous savez, c'est les empreintes,
04:25dès que quelqu'un fait un délit sexuel, pas un viol,
04:28j'avais demandé qu'il soit dans le fichier.
04:31Le syndicat de la magistrature, toute la gauche, Mme Royal,
04:36ont hurlé à la défense des libertés individuelles
04:40et ont demandé le démantèlement de ceci.
04:43Alors qu'aujourd'hui, nous avons ces débats, c'est ce que vous dites.
04:45Oui, je veux dire qu'il y a une hypocrisie,
04:49et je vais même aller plus loin.
04:52On doit prioriser fermeté et humanité.
04:57Vous le dites encore ?
04:58Non. La fermeté posera des problèmes d'humanité.
05:04Nous allons en parler.
05:05Parce que ça nous amène à...
05:06On ne peut pas satisfaire en même temps
05:08la place Beauvau et la place Vendée.
05:10Nous allons en parler, évidemment.
05:11Le ministre de l'Intérieur et le ministre...
05:13Nicolas Sarkozy, vous dites double hypocrisie,
05:15et je retiens quand même trois fautes.
05:17Administrative, politique et judiciaire.
05:20Dans le cas de Philippines, l'administration,
05:22la durée de rétention, en tous les cas,
05:25la juge n'aurait pas fait d'erreur.
05:27Sur le plan judiciaire, il a été condamné,
05:30et puis il est sorti.
05:32Et sur le plan politique, vous connaissez la situation.
05:34Vous dites malgré tout que ce sont des failles
05:36et tout un système à revoir.
05:37Je dis que ce n'est pas une fatalité.
05:40Qu'il y ait eu des erreurs,
05:42il ne m'appartient pas de les hiérarchiser,
05:44mais de les pointer.
05:46Bien sûr, sur le reste, le problème des EQTF,
05:50on doit tout changer.
05:53Tout changer ?
05:54Oui, pourquoi ?
05:55On manque de volonté politique à ce sujet ?
05:56Non, je ne dirais pas ça.
05:58Lors de la campagne de 2012,
06:00j'avais dit si Tchengen n'est pas changé dans un an,
06:02la France sortira de Tchengen.
06:04Pourquoi ?
06:05L'immigration et Tchengen sont gérés par un commissaire européen
06:10que personne ne connaît,
06:12dont vous êtes incapable d'ailleurs,
06:14et je ne vous le reproche pas, de citer le nom.
06:16Tchengen, qui gère les frontières européennes,
06:19doit être dirigé par un gouvernement européen
06:22composé des ministres de l'Intérieur
06:24qui élirait en leur sein un président.
06:27C'est un sujet politique de première importance.
06:30Le responsable doit rendre des comptes.
06:33Aujourd'hui, c'est un processus européen administratif.
06:36Vous disiez, il y a quelques années,
06:38Tchengen ne fonctionne plus.
06:40Est-ce qu'aujourd'hui, Monsieur le Président,
06:41est-ce qu'on a encore des frontières ?
06:43Est-ce que la France a des frontières intérieures ?
06:45D'abord, je veux dire que les frontières
06:47sont un gage de paix,
06:49contrairement à ce que j'entends dire.
06:51C'est quand les frontières sont indécises,
06:53quand elles sont contestées,
06:55qu'il y a des risques de guerre.
06:57Un peu comme vous êtes chez vous,
06:58quand vous êtes propriétaire ou locataire.
07:00Vous avez un titre de location, un titre de propriété.
07:03Vous ouvrez votre porte sans problème,
07:05puisque vous êtes assuré d'être chez vous.
07:07Les frontières, c'est pareil.
07:09Et une deuxième chose, me semble-t-il qu'il faut faire.
07:12Assez simple.
07:14Maintenant, c'est clair,
07:16des visas contre des autorisations de retour consulaire.
07:19Je veux d'ailleurs dire que le Maroc,
07:22nous en avions, à mon époque, signé 15.
07:25Mais je veux dire que le Maroc se comporte plutôt bien.
07:28Grâce à la personnalité exceptionnelle du roi du Maroc.
07:32Sur l'Algérie,
07:34on donne des centaines de milliers de visas chaque année.
07:38On doit pouvoir obtenir
07:40des centaines d'autorisations de retour consulaire.
07:43Ce n'est pas un problème.
07:44Pourquoi, M. le Président, ça ne marche pas ?
07:46Pardonnez-moi, je repose ma question.
07:47C'est un manque de volonté politique.
07:49Est-ce qu'on ne veut pas faire pression
07:51sur ces pays dits pays sources ?
07:53Je vous renvoie à ma première remarque.
07:55Quand on parle de l'immigration à gauche,
07:57c'est pour prendre une posture.
07:58Ce n'est pas pour régler un problème.
08:00Je vais dire une troisième chose aux Français qui nous regardent.
08:03Nous ne sommes qu'au début de la crise migratoire.
08:06Elle ne fait que commencer.
08:09Les chiffres sont incontournables.
08:11L'Afrique est à 14 km par le détroit de Gibraltar
08:14et vous rentrez à pied par la frontière greco-turque en Europe.
08:18L'Afrique a 1,2 milliard d'habitants aujourd'hui.
08:21Dans 30 ans, l'Afrique aura 2,5 milliards d'habitants.
08:25L'Europe a 500 millions d'habitants aujourd'hui.
08:28Dans 30 ans, elle en aura 450 millions.
08:30Donc, le pire de la crise est à venir.
08:34Rien n'est plus important à mes yeux
08:37que l'organisation d'un sommet Afrique-Europe
08:41pour qu'ensemble nous parlions des conditions
08:43du développement économique de l'Afrique,
08:45car le développement économique de l'Afrique
08:48est la seule solution pérenne
08:51pour répondre aux défis de l'immigration.
08:54Il n'y en a pas d'autre.
08:56Nos destins sont liés.
08:58Nous devons de toute urgence parler de ces questions.
09:01Enfin, je fais une dernière remarque.
09:03Je pense qu'il faut que l'ensemble des pays européens,
09:07et la France notamment,
09:08ouvrent des guichets au sud de la Méditerranée
09:12pour que les dossiers soient instruits
09:14avant que ces malheureux ne traversent la Méditerranée.
09:17Et je propose qu'on dise tout simplement...
09:19Les pays seraient calcitrants à le faire.
09:20Peut-être, mais il va falloir qu'on évoque ces questions-là
09:23ensemble et qu'on les règle ensemble.
09:26Parce qu'une fois qu'un malheureux a traversé la Méditerranée,
09:29parfois au péril de sa vie,
09:31c'est trop tard pour lui dire qu'il faut revenir.
09:35Tout dossier qui serait déposé
09:38ou qui serait instruit
09:41après la traversée de la Méditerranée
09:44devrait être refusé.
09:46Vous dites, M. le Président, ce matin sur CNews Europe 1
09:48que nos destins sont liés avec l'Afrique
09:51et plus singulièrement le Maghreb.
09:52L'immigration, comment vous l'appréhendez ?
09:54Le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotailleau, dont nous allons parler,
09:57a dit d'abord qu'il souhaitait un référendum sur l'immigration.
10:00Il a eu cette phrase.
10:01L'immigration, dit-il, n'est pas une chance,
10:04ni pour les migrants qu'on ne peut pas accueillir décemment,
10:06ni pour les Français.
10:07L'immigration n'est pas une chance.
10:08J'ai retrouvé l'une de vos phrases.
10:10C'était il y a 20 ans, en 2005,
10:12lors d'une convention de l'UMP.
10:14Vous disiez, l'immigration, j'ose le mot, est une chance.
10:16Vous êtes le président qui a permis à Rachida Dati
10:19d'être garde des Sceaux dans ce pays, tout un symbole.
10:21Est-ce que vous reprendriez aujourd'hui, mot pour mot,
10:24ce qu'a dit le ministre de l'Intérieur ?
10:27Monsieur Rotailleau a dit beaucoup de choses.
10:30Et dans l'ensemble, je soutiens monsieur Rotailleau.
10:32Dans l'ensemble, mais sur cette phrase ?
10:34Pourquoi ? Mais cette phrase répond à une provocation
10:37qui est celle de dire, de scander,
10:39l'immigration est une chance, on ne peut pas la refuser.
10:42Moi-même, je viens d'une famille immigrée,
10:44puisque mon père est venu d'Hongrie.
10:46Je dirais que l'immigration est un problème.
10:49Est-ce que vous vous rendez compte que les deux villes
10:52les plus peuplées du monde aujourd'hui,
10:54on le dit, c'est Pékin et Mexico,
10:57qui sont entre 28 millions et 30 millions d'habitants,
11:00dans 30 ans, Lagos,
11:03qui n'est même pas la capitale du Nigeria,
11:06aura 40 millions d'habitants.
11:08Le Nigeria tout seul, vous m'entendez ?
11:11Le Nigeria tout seul, dans 30 ans, c'est fait,
11:14aura plus d'habitants que les Etats-Unis d'Amérique.
11:17Donc, la question n'est pas de sauter sur sa chaise
11:20en disant comme un cabaret, c'est une chance.
11:23La question est, c'est un problème,
11:26nous ne pouvons plus, nous ne pouvons plus
11:29ignorer notre voisinage avec l'Afrique,
11:32nous devons ensemble prendre les mesures
11:35pour permettre aux populations africaines
11:38de rester, pour la plupart,
11:40sur le sol des pays qui sont les leurs,
11:43pour le reste, la pulsion de migration
11:46qui a commencé il y a 3 millions d'années
11:48quand les premiers hominidés sont arrivés en France
11:51et qui ont conquis le monde, ne s'arrêtera pas.
11:54Donc, pour moi, c'est un problème.
11:56Monsieur le Président, en vous écoutant ce matin,
11:59et vous dites que c'est un problème,
12:01et vous nous donnez le champ et la profondeur de ce sujet,
12:04est-ce qu'on a les moyens, finalement,
12:06d'appréhender ce sujet ou ce problème ?
12:08Je m'explique. Est-ce que notre état de droit
12:11est-il adapté à ce problème ?
12:14Est-ce que le droit européen tel qu'il est aujourd'hui
12:17et qui supplante le droit national
12:19est adapté à ce problème, selon vous ?
12:21Toutefois, on n'a pas le choix.
12:23La question migratoire est effroyablement complexe.
12:26Elle ne se réglera ni par un coup de menton
12:28ni par une formule magique.
12:30C'est complexe.
12:31Mais ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas s'en occuper.
12:34Il faut prendre ce problème à bras-le-corps.
12:37Que disent les Français ?
12:39Ils veulent rester dans un pays qu'ils connaissent
12:43héritier d'une culture
12:45qui est celle de leurs arrière-grands-parents,
12:47grands-parents, parents,
12:48qu'ils veulent transmettre à leurs enfants.
12:50La France n'est pas raciste.
12:52La France n'est pas fermée sur elle-même.
12:55La France veut vivre, survivre,
12:58défendre ses valeurs.
13:00Ce n'est pas un crime.
13:02Vous savez, c'est la différence entre les États-Unis et nous.
13:05Le fameux mur entre les États-Unis et le Mexique
13:10qui a été fait par M. Trump,
13:13Biden, qui est la gauche américaine,
13:15ne l'a pas démantelé.
13:17En France, moi, je fais voter les peines planchers.
13:21Première décision de Mme Taubira et de M. Hollande,
13:24les supprimer.
13:26C'est une question de posture.
13:29Il faut qu'on abandonne cette posture.
13:31Ce sont les postures politiques qui nous empêchent en France
13:33de résoudre les problèmes et les préoccupations des Français ?
13:35Bien plus que les complications.
13:37Dès que quelqu'un veut faire quelque chose,
13:39il est immédiatement accusé d'être quelque part
13:41entre Hitler et la vale.
13:43Il faut aller outre parce qu'il n'y a pas de solution.
13:45Bien sûr qu'il faut y aller outre.
13:47C'est le décor politique.
13:49C'est la raison pour laquelle je tiens ce discours ici.
13:51Mais je dis une chose.
13:53Vous ne satisferez pas tout le monde.
13:55Si vous faites privilégier la fermeté,
13:59ce que je souhaite, ce que souhaite M. Retailleau,
14:02il a raison.
14:04Il a raison. Vous le soutenez ce matin.
14:06Oui, je le soutiens.
14:08C'est un problème d'humanité pour tel ou tel
14:10qui aurait voulu venir en France
14:12et qui ne pourra pas venir en France.
14:14On ne peut pas dire tout et le contraire de tout.
14:18Je pense qu'on est vraiment
14:20aux limites du...
14:22en même temps.
14:24Et que par ailleurs,
14:26je ne crois pas que la démocratie
14:28soit la recherche d'un consensus.
14:30La démocratie, c'est une politique
14:32défendue par une majorité
14:34qui doit être combattue par une minorité,
14:36je crois, à la gauche et à la droite.
14:38Moi, je n'ai jamais été de gauche.
14:40Et franchement,
14:42tous ceux qui m'ont combattu
14:44sur toutes les mesures de sécurité
14:46et de lutte contre l'immigration...
14:48Rappelez-vous quand j'ai fait
14:50le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale.
14:52Mais j'étais...
14:54Un grand metteur en scène a dit
14:56j'ai honte de la France.
14:58D'ailleurs, normalement,
15:00il aurait dû y avoir un...
15:02J'ai honte de la France.
15:04Pourquoi j'ai voulu un ministère de l'Immigration
15:06et pourquoi il faudrait un ministère de l'Immigration ?
15:08Parce que l'immigration et le contrôle
15:10de l'immigration comportent tellement
15:12de problèmes consulaires, sécuritaires,
15:14juridiques, humanitaires,
15:16européens, qu'il faut
15:18mettre les pouvoirs
15:20dans les mains du même responsable.
15:22Faut-il poser la question aux Français ?
15:24Un référendum sur l'immigration ?
15:26Moi, je ne suis pas contre le principe d'un référendum.
15:28Encore faut-il que je connaisse la question.
15:30Quelle est la question que vous allez poser ?
15:32Faut-il plus ou moins d'immigration ?
15:34La réponse est connue.
15:36Je préfère, pour moi,
15:38le référendum doit être
15:40avec une question très précise.
15:42J'aurais préféré que Jacques Chirac,
15:44au moment de la suppression du service national,
15:46le fasse par référendum.
15:48En revanche, je n'ai pas voulu
15:50que le traité de Lisbonne
15:52se fasse par référendum.
15:54Je l'ai dit avant les élections de 2007
15:56parce qu'on ne répond pas par oui ou par non
15:58à un traité de 454 articles.
16:00Sur l'immigration, pareil.
16:02Vous pouvez soumettre à un référendum
16:04la volonté de transformer
16:06l'aide médicale d'État
16:08en aide médicale d'urgence.
16:10C'est clair.
16:12On peut demander aussi si les Français sont d'accord
16:14sur le contrôle des frontières,
16:16comme l'Allemagne.
16:18On n'a pas besoin de référendum,
16:20on n'a qu'à le faire.
16:22Quand un étranger vient pour se faire recoller les oreilles,
16:24je comprends que ça choque.
16:26Mais s'il est étranger et qu'il est en situation
16:28d'urgence absolue, quelle que soit la couleur de sa peau
16:30ou quelle que soit sa nationalité,
16:32naturellement, il faut le secourir.
16:34C'est l'honneur de la France.
16:36Pareil pour les réfugiés politiques.
16:38Je ne vois pas pourquoi on se prend la peine
16:40d'étudier les dossiers individuels
16:42lorsqu'ils proviennent de pays
16:44qui ne sont ni des dictatures, ni en guerre.
16:46C'est un détournement.
16:48Par exemple, quelqu'un qui vient du Maroc
16:50ou quelqu'un qui vient de Tunisie
16:52ou quelqu'un qui vient d'Algérie,
16:54quels que soient par ailleurs les progrès de ces pays
16:56ont à faire en matière de droits de l'homme,
16:58je ne pense pas qu'il y ait matière
17:00à faire une instruction longue
17:02sur les réfugiés politiques.
17:04Vous avez rappelé les positions, et vous le soutenez,
17:06de fermeté de Bruno Rotailleau.
17:08Aura-t-il Nicolas Sarkozy les moyens de ses ambitions ?
17:10Le garde des Sceaux, Didier Migaud,
17:12tout en faisant part, par exemple, de son émoi
17:14après l'affaire philippine, a estimé qu'il ne fallait pas
17:16légiférer sous le coup de l'émotion.
17:18Il a dit quelques jours auparavant que la justice n'était pas laxiste.
17:20Est-ce qu'on assiste à un choc,
17:22à un duel entre l'intérieur et la justice ?
17:24Ce n'est pas une question de tempérament.
17:26J'apprécie Bruno Rotailleau, qui est un ami,
17:28et je connais très bien le garde des Sceaux,
17:30puisque je l'ai moi-même nommé
17:34à la Cour des comptes,
17:36après lui avoir aidé
17:38à obtenir la commission des finances.
17:40Ce sont des hommes parfaitement respectables.
17:42La question n'est pas personnelle.
17:44Elle est politique.
17:46Et lorsque le Premier ministre a dit
17:48« fermeté humanité »,
17:50je comprends bien pourquoi il dit ça.
17:52Mais il faudra choisir,
17:54car la fermeté aura des conséquences.
17:56Et tout le problème
17:58du débat politique,
18:00c'est qu'on aime prendre des postures,
18:02mais qu'on n'en assume pas les conséquences.
18:04Si vous avez une politique de fermeté,
18:06vous aurez des conséquences
18:08en matière d'humanité.
18:10Et c'est évident
18:12que les choses se passeront comme ça.
18:14Je vous pose la question sur l'ouverture.
18:16M. Rotailleau est un ministre
18:18affirmé de droite, et M. Didier Migaud
18:20est à gauche. Vous-même,
18:22vous avez été le pionnier de l'ouverture.
18:24D'ailleurs, certains vous l'ont reproché.
18:26Certains ont même dit qu'au lieu du Karcher,
18:28ils ont eu Kouchner. Ça marche, l'ouverture ?
18:30Oui. Vous savez, d'abord,
18:32si vous ne voulez pas être critiqué,
18:34vous ne faites pas de politique
18:36et vous ne prenez pas de responsabilité.
18:38J'ai fait l'ouverture,
18:40mais autour d'un programme précis,
18:42qui était le mien.
18:44Pas autour d'une espèce de salmigondie
18:46où chacun mettait sa sauce.
18:48Pourquoi j'ai voulu l'ouverture ?
18:50Pourquoi c'est important ? La France est un pays violent.
18:52Regardez l'histoire de la France.
18:54J'aime mon pays.
18:56Mais si on me dit
18:58que la France est un pays apaisé,
19:00c'est qu'on n'est pas resté longtemps en France.
19:02Et j'ai considéré
19:04que c'eût été une grave erreur
19:06de gouverner la France qu'avec ses amis.
19:08On ne gouverne pas la France avec un clan.
19:10Regardez Mitterrand
19:12de 1981. Que des socialistes.
19:14Deux ans après, c'était la catastrophe.
19:16Regardez Chirac de 1995.
19:18Que des Chiraciens.
19:20Là, c'était encore plus rapide.
19:22Huit mois après, la catastrophe.
19:24Donc je revendique
19:26le rassemblement et l'ouverture.
19:28Mais autour d'une politique claire.
19:30J'avais gagné les élections.
19:32J'ai ouvert à des gens
19:34qui voulaient me rejoindre.
19:36Après, on aime Kouchner, on n'aime pas Kouchner.
19:38Migaud, on n'aime pas Migaud.
19:40Je voudrais faire
19:42une dernière remarque là-dessus.
19:44Les gens deviennent ministres,
19:46c'est un grand honneur. Moi, je me souviens quand j'ai été nommé ministre
19:48la première fois. J'étais tellement content.
19:50Je me suis mis devant la télévision
19:52et j'ai regardé, je ne croyais pas
19:54mes oreilles
19:56de voir mon nom des ministres du budget.
19:58J'étais très jeune.
20:00Mais la capacité des administrations françaises
20:02à prendre en main
20:04immédiatement leurs ministres
20:06pour leur imposer le discours
20:08habituel recyclé des autres
20:10est quelque chose d'effrayant.
20:12Monsieur Migaud est un homme que j'apprécie,
20:14qui est intelligent et assez courageux.
20:16Mais le discours qu'il a tenu
20:18n'était pas le sien, c'était celui
20:20de son administration. N'importe
20:22lequel des ministres de la justice,
20:24on lui vend ça en disant
20:26sinon tu vas te fâcher avec les autres.
20:28Si on veut se fâcher avec personne, on ne devient pas ministre.
20:30Monsieur le Président, dans quelques instants,
20:32c'est Pascal Praud avec Vincent Trémolet
20:34de Villers et Vincent Arvette qui va poursuivre
20:36l'entretien. J'ai quand même deux questions
20:38très importantes aussi, puisque vous parlez de la ligne
20:40politique. Monsieur Barnier va prononcer,
20:42ce sera un moment important, demain son discours
20:44de politique générale. Il y a un point
20:46précis, ça tient à cœur les
20:48Français, sur les impôts.
20:50Il va y avoir une augmentation probable des impôts,
20:52ciblée semble-t-il sur les plus aisés
20:54et les entreprises multinationales.
20:56La droite et l'augmentation des impôts,
20:58c'est la facilité aujourd'hui ?
21:00D'abord, moi j'ai soutenu la nomination
21:02de Monsieur Barnier.
21:04Vous avez même prôné.
21:06Prôné, je ne me suis pas permis.
21:08Mais j'ai eu de nombreuses discussions
21:10avec le président de la République.
21:12Quel que soit ce qu'on pense de Monsieur Macron
21:14et de son bilan, il est le président de la République.
21:16Aider le président de la République,
21:18c'est aider la France.
21:20On a suffisamment de crises, c'est pas la peine de créer
21:22une crise politique. Donc je souhaite
21:24de toutes mes forces
21:26le succès de Monsieur Barnier
21:28et de son gouvernement.
21:30Pour le reste,
21:32je veux dire de la façon la plus claire,
21:34que si
21:36après cette année de stabilisation
21:38des impôts par Macron,
21:40un Premier ministre de droite
21:42fait l'augmentation des impôts,
21:44je le dis sans détour,
21:46cela serait
21:48une erreur conditionnelle
21:50puisque naturellement, Monsieur Barnier
21:52ne m'a pas fait confidence de ses intentions.
21:54Mais pour moi,
21:56ce n'est pas possible.
21:58La France est le pays
22:00qui paye le plus d'impôts,
22:02le pays où la redistribution
22:04est la plus grande,
22:06le pays où le montant des dépenses publiques
22:08est le plus élevé et le pays
22:10où le sentiment d'injustice
22:12est le plus grand aussi.
22:14Donc, raisonner en termes
22:16d'augmentation d'impôts serait
22:18une erreur économique. La France a besoin
22:20d'emplois, de croissance,
22:22d'investissement, pas d'augmentation d'impôts.
22:24Pour conclure, Nicolas Sarkozy, ce matin sur CNews Europe 1,
22:26on a commencé cet entretien
22:28en parlant de Philippines et plus largement
22:30d'insécurité de nos frontières.
22:32Un pays qui représente d'endettement,
22:34de déficit, un pays qui n'est pas capable
22:36de maîtriser ou qui a du mal à maîtriser
22:38ces frontières, un pays qui n'est pas capable
22:40ou qui a du mal à maîtriser ses finances.
22:42Est-ce que c'est encore une nation ?
22:44Est-ce que le pouvoir a encore le pouvoir en France ?
22:46Vous savez, ça fait bien longtemps
22:48que je pense que les responsables politiques
22:50et notamment le président de la République
22:52n'ont pas trop de pouvoir, mais pas assez.
22:54Nos démocraties deviennent des régimes
22:56où tout le monde peut dire non
22:58et où personne ne peut dire oui.
23:00Mais ce n'est pas simplement le sujet de la France.
23:02Regardez, prenez un peu de recul,
23:04regardez l'ensemble de la planète,
23:068 milliards d'habitants.
23:08L'Occident, c'est moins de 800 millions.
23:12Donc l'axe du monde a muté
23:14à une vitesse exceptionnelle.
23:16Plein Ouest, c'était nous l'axe du monde.
23:18Aujourd'hui,
23:20Plein Est, c'est l'Asie.
23:22Il faut donc que nous nous
23:24ressaisissions tous pour
23:26défendre nos valeurs
23:28et comprendre que le monde dans lequel
23:30nous sommes n'a rien à voir avec ce qu'il était il y a 20 ans.
23:32Je vous remercie Nicolas Sarkozy.
23:34Permettez-moi d'évoquer, pour conclure,
23:36c'est important, c'est un engagement
23:38avec la campagne
23:40et votre engagement pour
23:42une campagne intitulée Guérir le cancer
23:44de l'enfant au XXIe siècle.
23:46On parle des cancers pédiatriques.
23:48C'est la campagne de l'Institut Gustave Rossi.
23:50Très importante pour tous ceux qui nous regardent.
23:52Un mot, un message.
23:54C'est évidemment indicible, c'est une douleur
23:56très profonde.
23:58Vous savez, si l'injustice a un nom,
24:00c'est le cancer des enfants.
24:02J'étais jeudi, toute l'après-midi,
24:04à Villejuif.
24:06J'ai vu une petite qui a
24:08un cancer du rein, des chrysidives.
24:10Deux ans.
24:12Une autre de 12 ans qui a un cancer des os.
24:14À longueur de médias,
24:16j'entends des gens qui
24:18crient
24:20l'injustice qui leur est faite.
24:22Je les engage à regarder
24:24du côté du service pédiatrique
24:26de Villejuif.
24:28Et là, ils verront l'injustice,
24:30dans ce cas-là, de plus fort.
24:32Tout cela ramène à l'essentiel.
24:34Merci, M. le Président.
24:36Nicolas Sarkozy, je vous remercie.
24:38Je vais vous laisser rejoindre
24:40mes camarades et amis.
24:42Je vous en prie.
24:44Pascal Praud, avec Vincent Erwouet
24:46et Vincent Tremolet, pour tous les autres sujets.
24:48Évidemment, l'international.
24:50Et merci encore de votre confiance
24:52et de votre soutien.

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