• il y a 3 mois
Nicolas Sarkozy était l'invité de Sonia Mabrouk, puis de Pascal Praud ce lundi sur CNEWS. L'ancien président de la République est revenu sur le meurtre de Philippine, le contrôle de l'immigration, ainsi que sur la situation internationale.

Category

🗞
News
Transcription
00:00C'est un invité exceptionnel que nous recevons ce matin sur CNews et Europe 1.
00:05Bonjour Monsieur le Président.
00:06Bonjour.
00:07Et merci Nicolas Sarkozy d'avoir accepté notre invitation.
00:10Vous êtes avec nous pour une heure de temps, d'abord pour la grande interview,
00:14puis vous poursuivrez l'échange autour de Pascal Praud avec Vincent Erwot et Vincent Trémolet de Villers.
00:19Votre prise de parole Monsieur le Président intervient dans un moment important,
00:22de bascule tout d'abord sur le plan international,
00:25avec la crainte d'une guerre régionale au Proche-Orient
00:28et important aussi Monsieur le Président sur le plan national,
00:31avec des interrogations légitimes sur la politique qui sera menée par le gouvernement Barnier
00:36et plus largement sur la situation de la France et la maîtrise de notre destinée.
00:39Et tout d'abord Nicolas Sarkozy, les Français ont ressenti une immense tristesse
00:43et une colère aussi après le meurtre de Philippine,
00:46tristesse lors de ses funérailles, empreint d'une très très grande dignité,
00:50colère autour du profil de ce suspect marocain,
00:53déjà condamné pour viol et sous le coup du Nauquitef.
00:56Pour vous, de quoi cette affaire est-elle le nom ?
00:59C'est vraiment difficile de trouver des mots à la hauteur de ce qu'on ressent tous.
01:04On est partagé.
01:07La pudeur voudrait qu'on se taise pour partager un peu de compassion avec cette famille
01:14et en même temps les révolter.
01:17Il y a de l'effroi et il y a de la colère.
01:20Ce n'est pas de la fatalité.
01:23Jamais cette petite n'aurait dû croiser cet individu.
01:27C'est une triple erreur administrative, politique et judiciaire.
01:35Les sentiments, comme chacun, j'ai été abasourdi.
01:42Mais peut-être avec le recul, ce qui me choque, peut-être pas le plus, mais beaucoup,
01:50c'est l'hypocrisie.
01:52De qui ?
01:53La double hypocrisie.
01:55Celle de ceux qui hurlent à la récupération,
02:00comme si on n'avait pas le droit de commenter quelque chose d'aussi abominable.
02:05Et qui sont les premiers, je pense, à l'extrême gauche, à récupérer.
02:10Quand il y a eu les incidents avec la famille Traoré,
02:14il y a eu la polémique sur ce petit jeune de 17 ans.
02:19Naël.
02:21Et là, ces cris d'orfraie contre un prétendu fascisme,
02:27parce qu'on parle de la douleur de cette famille ou du drame de cette jeune femme,
02:32c'est insupportable.
02:34Mais une autre hypocrisie, c'est l'hypocrisie d'une gauche
02:42qui a transformé le débat sur l'immigration
02:45en un débat de posture et jamais de solution.
02:49Je voudrais m'en expliquer en 30 secondes.
02:52J'étais accusé, je crois que je vous fais bien loin de là,
02:56au moment des charters.
02:59J'étais voué au pilori, accusé d'être un fasciste, inhumain.
03:05Parce que nous organisions, à l'époque d'ailleurs avec les Anglais, des charters.
03:11Mais qui y avait dans les charters ?
03:13Des OQTF.
03:15Comment voulez-vous expulser des OQTF
03:19si vous ne prenez pas un moyen de transport, l'avion,
03:23qui permet de les ramener dans leur pays d'origine sans drame ?
03:28Vous ne les prenez pas au milieu de touristes.
03:32Lorsque nous avons fait les peines planchers,
03:35je veux dire à M.Dupond-Moretti, contrairement à ce qu'il a dit,
03:39que les peines planchers ça marchait.
03:41Première décision.
03:42Je veux dire aussi à M.Migaud, qui avait voté contre les peines planchers à l'époque.
03:46Mais bien sûr, comprenez-moi, c'est leur droit de voter contre.
03:50Mais ils ne peuvent pas ensuite se plaindre de la situation où se trouve le pays,
03:56car les peines planchers s'adresseraient très précisément
03:59aux profils comme celui de cet individu.
04:02J'avais demandé qu'il y ait des peines incompressibles minimales
04:07et qu'un individu ne soit pas jugé pour le dernier délit qu'il ait commis,
04:11mais pour l'ensemble de son œuvre, si vous le permettez.
04:14Première décision.
04:15C'est la loi Taubira.
04:16Supprimez les peines planchers.
04:18Pire.
04:19Lorsqu'en 2004, je crée le fichier des délinquants sexuels.
04:24Vous savez, c'est les empreintes.
04:26Dès que quelqu'un fait un délit sexuel, pas un viol,
04:29j'avais demandé qu'il soit dans le fichier.
04:32Le syndicat de la magistrature.
04:34Toute la gauche, Madame Royal, ont hurlé à la défense des libertés individuelles
04:41et ont demandé le démantèlement de ceci.
04:44Alors qu'aujourd'hui, nous avons ces débats.
04:45C'est ce que vous dites, M. le Président.
04:46Oui, je veux dire qu'il y a une hypocrisie.
04:50Et je vais même aller plus loin.
04:53On doit prioriser fermeté humanité.
04:58Vous le dites encore ?
04:59Non.
05:01La fermeté posera des problèmes d'humanité.
05:05Parce que ça nous amènera...
05:06On ne peut pas satisfaire en même temps la place Beauvau et la place Vendée.
05:12Le ministre de l'Intérieur et le ministre...
05:14Nicolas Sarkozy, vous dites double hypocrisie.
05:16Et je retiens quand même trois fautes.
05:18Administrative, politique et judiciaire.
05:21Dans le cas de Philippines, l'administration, la durée de rétention,
05:25en tous les cas, la juge, n'aurait pas fait d'erreur.
05:28Sur le plan judiciaire, il a été condamné et puis il est sorti.
05:33Et sur le plan politique, vous connaissez la situation.
05:35Vous dites malgré tout que ce sont des failles et tout un système à revoir.
05:38Je dis que ce n'est pas une fatalité qu'il y ait eu des erreurs.
05:42Il ne m'appartient pas de les hiérarchiser, mais de les pointer.
05:47Bien sûr, sur le reste, le problème des EQTF, on doit tout changer.
05:54Tout changer ?
05:55Oui.
05:56On manque de volonté politique à ce sujet ?
05:57Non, je ne dirais pas ça.
05:59Lors de la campagne de 2012, j'avais dit,
06:01si Schengen n'est pas changé dans un an, la France sortira de Schengen.
06:04Pourquoi ?
06:05L'immigration et Schengen sont gérés par un commissaire européen
06:10que personne ne connaît, dont vous êtes incapable d'ailleurs,
06:14et je ne vous le reproche pas, de citer le nom.
06:16Schengen, qui gère les frontières européennes,
06:19doit être dirigé par un gouvernement européen
06:22composé des ministres de l'Intérieur,
06:24qui élirait en leur sein un président.
06:26C'est un sujet politique de première importance.
06:29Le responsable doit rendre des comptes.
06:32Aujourd'hui, c'est un processus européen administratif.
06:36Vous disiez, il y a quelques années, Schengen ne fonctionne plus.
06:39Est-ce qu'aujourd'hui, M. le Président, est-ce qu'on a encore des frontières ?
06:42Est-ce que la France a des frontières intérieures ?
06:45D'abord, je veux dire que les frontières sont un gage de paix,
06:48contrairement à ce que j'entends dire.
06:50C'est quand les frontières sont indécises,
06:53quand elles sont contestées, qu'il y a des risques de guerre.
06:56Un peu comme vous êtes chez vous,
06:58quand vous êtes propriétaire ou locataire.
07:00Quand vous avez un titre de location, un titre de propriété,
07:03vous ouvrez votre porte sans problème,
07:05puisque vous êtes assuré d'être chez vous.
07:08Les frontières, c'est pareil.
07:10Et une deuxième chose, me semble-t-il qu'il faut faire.
07:12Assez simple.
07:14Maintenant, c'est clair,
07:16des visas contre des autorisations de retour consulaire.
07:19Je veux d'ailleurs dire
07:21que le Maroc, nous en avions, à mon époque, signé 15.
07:25Mais je veux dire que le Maroc se comporte plutôt bien,
07:28grâce à la personnalité exceptionnelle du roi du Maroc.
07:32Sur l'Algérie,
07:34on donne des centaines de milliers de visas chaque année.
07:38On doit pouvoir obtenir
07:40des centaines d'autorisations de retour consulaire.
07:43Ce n'est pas un problème.
07:45Pourquoi, M. le Président, ça ne marche pas ?
07:47Pardonnez-moi, je repose ma question.
07:49En termes de politique,
07:51est-ce qu'on ne veut pas faire pression sur ces pays dits pays sources ?
07:54Je vous renvoie à ma première remarque.
07:56Quand on parle de l'immigration à gauche,
07:58c'est pour prendre une posture,
08:00ce n'est pas pour régler un problème.
08:02Je vais dire une troisième chose aux Français qui nous regardent.
08:05Nous ne sommes qu'au début de la crise migratoire.
08:08Elle ne fait que commencer.
08:10Les chiffres sont incontournables.
08:12L'Afrique est à 14 km par le détroit de Gibraltar
08:15et vous rentrez à pied
08:17par la frontière greco-turque en Europe.
08:19L'Afrique a 1,2 milliard d'habitants aujourd'hui.
08:22Dans 30 ans, l'Afrique aura 2,5 milliards d'habitants.
08:26L'Europe a 500 millions d'habitants aujourd'hui.
08:29Dans 30 ans, elle en aura 450 millions.
08:31Donc, le pire de la crise est à venir.
08:35Rien n'est plus important, à mes yeux,
08:37que l'organisation d'un sommet Afrique-Europe
08:41pour qu'ensemble nous parlions des conditions
08:44du développement économique de l'Afrique
08:46car le développement économique de l'Afrique
08:49est la seule solution pérenne
08:52pour répondre aux défis de l'immigration.
08:55Il n'y en a pas d'autre.
08:57Nos destins sont liés.
08:59Nous devons de toute urgence parler de ces questions.
09:02Enfin, je fais une dernière remarque.
09:04Je pense qu'il faut que l'ensemble des pays européens,
09:08et la France notamment,
09:09ouvrent des guichets au sud de la Méditerranée
09:13pour que les dossiers soient instruits
09:15avant que ces malheureux ne traversent la Méditerranée.
09:18Et je propose qu'on dise tout simplement...
09:20Les pays seraient calcitrants à le faire.
09:22Peut-être, mais il va falloir qu'on évoque ces questions-là ensemble
09:25et qu'on les règle ensemble.
09:27Parce qu'une fois qu'un malheureux a traversé la Méditerranée,
09:30parfois au péril de sa vie,
09:32c'est trop tard pour lui dire qu'il faut revenir.
09:35Vous dites que nos destins sont liés.
09:37Tout dossier qui serait déposé
09:39ou qui serait instruit
09:42après la traversée de la Méditerranée
09:45devrait être refusé.
09:47Vous dites, M. le Président, ce matin sur CNews Europe 1,
09:49nos destins sont liés avec l'Afrique
09:52et plus singulièrement le Maghreb.
09:53L'immigration, comment vous l'appréhendez ?
09:55Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
09:57dont nous allons parler,
09:58a dit d'abord qu'il souhaitait un référendum sur l'immigration.
10:01Il a eu cette phrase.
10:02L'immigration, dit-il, n'est pas une chance,
10:04ni pour les migrants qu'on ne peut pas accueillir décemment,
10:07ni pour les Français.
10:08L'immigration n'est pas une chance.
10:09J'ai retrouvé l'une de vos phrases.
10:11C'était il y a 20 ans, en 2005,
10:13lors d'une convention de l'UMP.
10:15Vous disiez, l'immigration, j'ose le mot, est une chance.
10:18Vous êtes le président qui a permis à Rachida Dati
10:20d'être garde des Sceaux dans ce pays, tout un symbole.
10:23Est-ce que vous reprendriez aujourd'hui, mot pour mot,
10:25ce qu'a dit le ministre de l'Intérieur ?
10:28M. Retailleau a dit beaucoup de choses
10:31et dans l'ensemble, je soutiens M. Retailleau.
10:33Dans l'ensemble, mais sur cette phrase ?
10:35Pourquoi ? Mais cette phrase répond à une provocation
10:38qui est celle de dire, de scander,
10:40l'immigration est une chance, on ne peut pas la refuser.
10:43Moi-même, je viens d'une famille immigrée,
10:45puisque mon père est venu de Hongrie.
10:47Je dirais, l'immigration est un problème.
10:51Est-ce que vous vous rendez compte
10:52que les deux villes les plus peuplées du monde aujourd'hui,
10:55on le dit, c'est Pékin et Mexico,
10:58qui sont entre 28 millions et 30 millions d'habitants.
11:01Dans 30 ans, Lagos,
11:04qui n'est même pas la capitale du Nigeria,
11:07aura 40 millions d'habitants.
11:09Le Nigeria tout seul, vous m'entendez ?
11:12Le Nigeria tout seul, dans 30 ans, c'est fait,
11:15aura plus d'habitants que les Etats-Unis d'Amérique.
11:18Donc la question n'est pas de sauter sur sa chaise
11:21en disant comme un cabaret, c'est une chance.
11:23La question est, c'est un problème,
11:26nous ne pouvons plus,
11:28nous ne pouvons plus
11:30ignorer notre voisinage avec l'Afrique,
11:33nous devons ensemble prendre les mesures
11:36pour permettre aux populations africaines
11:39de rester pour la plupart
11:41sur le sol des pays qui sont les leurs,
11:44pour le reste, la pulsion de migration
11:47qui a commencé il y a 3 millions d'années
11:49quand les premiers hominidés sont arrivés en France
11:51et qui ont conquis le monde,
11:53ne s'arrêtera pas.
11:55Donc pour moi, c'est un problème.
11:57Monsieur le Président, en vous écoutant ce matin
11:59et vous dites que c'est un problème
12:01et vous nous donnez le champ et la profondeur de ce sujet,
12:04est-ce qu'on a les moyens finalement
12:06d'appréhender ce sujet ou ce problème ?
12:08Je m'explique.
12:10Est-ce que notre état de droit
12:12est-il adapté à ce problème ?
12:14Est-ce que également le droit européen
12:16tel qu'il est aujourd'hui
12:18et qui supplante le droit national
12:20est adapté à ce problème, selon vous ?
12:22Tout de même, on n'a pas le choix.
12:24La question migratoire est effroyablement complexe.
12:27Elle ne se réglera ni par un coup de menton
12:29ni par une formule magique.
12:31C'est complexe.
12:32Et ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas s'en occuper.
12:34Il faut prendre ce problème à bras-le-corps.
12:37Que disent les Français ?
12:39Ils veulent rester dans un pays qu'ils connaissent,
12:44héritiers d'une culture
12:46qui est celle de leurs arrière-grands-parents,
12:48grands-parents, parents,
12:49qui veulent transmettre à leurs enfants.
12:51La France n'est pas raciste.
12:53La France n'est pas fermée sur elle-même.
12:56La France veut vivre, survivre,
12:59défendre ses valeurs.
13:01Ce n'est pas un crime.
13:03Vous savez, c'est la différence entre les Etats-Unis et nous.
13:07Le fameux mur entre les Etats-Unis et le Mexique,
13:11qui a été fait par M. Trump,
13:14Biden, qui est la gauche américaine,
13:16ne l'a pas démantelé.
13:18En France, moi, je fais voter les peines planchers.
13:22Première décision de Mme Taubira et de M. Hollande,
13:25les supprimer.
13:28C'est une question de posture.
13:30Il faut qu'on abandonne cette posture.
13:32Ce sont les postures politiques qui nous empêchent en France
13:34de résoudre les problèmes et les préoccupations des Français ?
13:36Bien plus que les complications.
13:38Dès que quelqu'un veut faire quelque chose,
13:40il est immédiatement accusé d'être quelque part
13:42entre Hitler et la vanne.
13:44Il faut y aller outre, parce qu'il n'y a pas de solution.
13:46Bien sûr qu'il faut y aller outre.
13:47C'est le décor politique.
13:48C'est la raison pour laquelle je tiens ce discours ici.
13:51Mais je dis une chose.
13:53Vous ne satisferez pas tout le monde.
13:56Si vous faites privilégier la fermeté, ce que je souhaite,
14:01ce que souhaite M. Retailleau, il a raison.
14:04Il a raison. Vous le soutenez, ce matin.
14:05Oui, je le soutiens.
14:07Il y aura des problèmes d'humanité pour tel ou tel
14:11qui aurait voulu venir en France
14:13et qui ne pourra pas venir en France.
14:15On ne peut pas dire tout et le contraire de tout.
14:19Je pense qu'on est vraiment aux limites du...
14:23En même temps, et que par ailleurs,
14:26je ne crois pas que la démocratie soit la recherche d'un consensus.
14:31La démocratie, c'est une politique défendue par une majorité
14:35qui doit être combattue par une minorité.
14:37Je crois à la gauche et à la droite.
14:40Moi, je n'ai jamais été de gauche.
14:42Et franchement, tous ceux qui m'ont combattu
14:46sur toutes les mesures de sécurité
14:48et de lutte contre l'immigration...
14:50Rappelez-vous, quand j'ai fait le ministère de l'Immigration
14:52et de l'identité nationale.
14:54Mais j'étais...
14:56Un grand metteur en scène a dit
14:58j'ai honte de la France.
15:00D'ailleurs, normalement, il aurait dû avoir un intitulé.
15:03J'ai honte de la France.
15:05Pourquoi j'ai voulu un ministère de l'Immigration
15:07et pourquoi il faudrait un ministère de l'Immigration ?
15:09Parce que l'immigration et le contrôle de l'immigration
15:12comportent tellement de problèmes consulaires,
15:14sécuritaires, juridiques, humanitaires, européens,
15:18qu'il faut mettre les pouvoirs dans les mains du même responsable.
15:22Faut-il poser la question aux Français ?
15:24Un référendum sur l'immigration ?
15:26Moi, je ne suis pas contre le principe d'un référendum.
15:28Encore faut-il que je connaisse la question.
15:30Quelle est la question que vous allez poser ?
15:32Faut-il plus ou moins d'immigration ?
15:34La réponse, elle est connue.
15:36Je préfère, pour moi,
15:38le référendum doit être avec une question très précise.
15:42J'aurais préféré que Jacques Chirac,
15:44au moment de la suppression du service national,
15:46le fasse par référendum.
15:48En revanche, je n'ai pas voulu que le traité de Lisbonne
15:52se fasse par référendum.
15:54Je l'ai dit avant les élections de 2007,
15:57parce qu'on ne répond pas par oui ou par non
15:59à un traité de 454 articles.
16:02Sur l'immigration, pareil.
16:04Vous pouvez soumettre à un référendum
16:06la volonté de transformer l'aide médicale d'État
16:09en aide médicale d'urgence, c'est clair.
16:11On peut demander aussi si les Français sont d'accord
16:14sur le contrôle des frontières,
16:16comme l'Allemagne.
16:18On n'a pas besoin de référendum, on n'a qu'à le faire.
16:20Quand un étranger vient pour se faire recoller les oreilles,
16:24je comprends que ça choque.
16:26Mais s'il est étranger et qu'il est en situation d'urgence absolue,
16:29quelle que soit la couleur de sa peau
16:31ou quelle que soit sa nationalité,
16:33naturellement, il faut le secourir.
16:35C'est l'honneur de la France.
16:37Pareil pour les réfugiés politiques.
16:39Je ne vois pas pourquoi on se prend la peine
16:41d'étudier les dossiers individuels
16:43lorsqu'ils proviennent de pays
16:45qui ne sont ni des dictatures ni en guerre.
16:47C'est un détournement.
16:49Par exemple, quelqu'un qui vient du Maroc
16:51ou quelqu'un qui vient de Tunisie
16:53ou quelqu'un qui vient d'Algérie,
16:55quels que soient par ailleurs les progrès de ces pays
16:57ont à faire en matière de droit de l'homme,
16:59je ne pense pas qu'il y a matière
17:01à faire une instruction longue sur les réfugiés politiques.
17:03Vous avez rappelé les positions
17:05et vous le soutenez de fermeté de Bruno Rotailleau.
17:07Aura-t-il, Nicolas Sarkozy,
17:09les moyens de ses ambitions ?
17:11Le juge Didier Migaud, tout en faisant part
17:13par exemple de son émoi après l'affaire Philippine,
17:15a estimé qu'il ne fallait pas légiférer
17:17sous le coup de l'émotion.
17:19Il a dit quelques jours auparavant
17:21que la justice n'était pas laxiste.
17:23Est-ce qu'on assiste à un choc,
17:25à un duel entre l'intérieur et la justice ?
17:27Ce n'est pas une question de tempérament.
17:29J'apprécie Bruno Rotailleau qui est un ami
17:31et je connais très bien le garde des Sceaux
17:33puisque je l'ai moi-même nommé
17:35à la Cour des comptes
17:37après lui avoir aidé
17:39à obtenir la commission des finances.
17:41Ce sont des hommes parfaitement respectables.
17:43La question n'est pas personnelle.
17:45Elle est politique.
17:47Et lorsque le Premier ministre a dit
17:49« fermeté humanité »,
17:51je comprends bien pourquoi il dit ça.
17:53Mais il faudra choisir.
17:55Car la fermeté aura des conséquences.
17:57Et tout le problème
17:59du débat politique,
18:01c'est qu'on aime prendre des postures
18:03mais qu'on n'en assume pas les conséquences.
18:05Si vous avez une politique de fermeté,
18:07vous aurez des conséquences
18:09en matière d'humanité.
18:11Et c'est évident que les choses
18:13se passeront comme ça.
18:15Je vous posais la question sur l'ouverture.
18:17M. Rotailleau est un ministre affirmé
18:19de droite et M. Didier Migaud
18:21est à gauche vous-même.
18:23Vous avez été le pionnier de l'ouverture.
18:25Certains vous l'ont reproché.
18:27Certains ont même dit qu'au lieu du Karcher,
18:29ils ont eu Kouchner.
18:31Ça marche l'ouverture ?
18:33Si vous ne voulez pas être critiqué,
18:35vous n'avez pas de responsabilité.
18:37J'ai fait l'ouverture
18:39mais autour d'un programme précis
18:41qui était le mien.
18:43Pas autour d'une espèce de
18:45salmigondi où chacun mettait
18:47sa sauce.
18:49Pourquoi j'ai voulu l'ouverture ?
18:51Pourquoi c'est important ? La France est un pays violent.
18:53Regardez l'histoire de la France.
18:55J'aime mon pays.
18:57Mais si on me dit
18:59que la France est un pays apaisé,
19:01c'est qu'on n'est pas resté longtemps en France.
19:03Et j'ai considéré que ce
19:05c'était une grave erreur de gouverner
19:07la France qu'avec ses amis.
19:09On ne gouverne pas la France avec un clan.
19:11Regardez Mitterrand
19:13de 1981. Que des socialistes.
19:15Deux ans après, c'était la catastrophe.
19:17Regardez Chirac de
19:191995. Que des chiraciens.
19:21Là c'était encore plus rapide.
19:23Huit mois après, la catastrophe.
19:25Donc je revendique
19:27le rassemblement et l'ouverture.
19:29Mais autour d'une politique
19:31claire. J'avais
19:33gagné les élections. J'ai
19:35ouvert à des gens qui voulaient me rejoindre.
19:37Après on aime Kouchner, on n'aime pas Kouchner.
19:39Migaud ou on n'aime pas Migaud.
19:41Je voudrais faire
19:43une dernière remarque là-dessus.
19:45Les gens deviennent ministres, c'est un grand honneur.
19:47Moi je me souviens quand j'ai été nommé ministre la
19:49première fois. J'étais tellement content.
19:51Je me suis mis devant la télévision
19:53et j'ai regardé, je ne croyais pas
19:55mes oreilles.
19:57De voir mon nom, ministre du budget.
19:59J'étais très jeune.
20:01Mais la capacité des administrations françaises
20:03à prendre en main
20:05immédiatement leurs ministres
20:07pour leur imposer le discours habituel
20:09recyclé des autres
20:11est quelque chose d'effrayant.
20:13Monsieur Migaud est un homme que j'apprécie,
20:15qui est intelligent et assez courageux.
20:17Mais le discours qu'il a tenu n'était
20:19pas le sien. C'était celui de son
20:21administration. N'importe
20:23lequel des ministres de la justice,
20:25on lui vend ça en disant
20:27sinon tu vas te fâcher avec les autres.
20:29Si on veut se fâcher avec personne, on ne devient pas ministre.
20:31Monsieur le Président, dans quelques instants,
20:33c'est Pascal Praud avec Vincent Tremollet
20:35de Villers et Vincent Abed qui va poursuivre
20:37l'entretien. J'ai quand même deux questions
20:39très importantes aussi, puisque vous parlez de la ligne
20:41politique. Monsieur Barnier va prononcer,
20:43ce sera un moment important, demain son discours
20:45de politique générale. Il y a un point précis,
20:47ça tient à cœur les Français
20:49sur les impôts. Il va y avoir
20:51une augmentation probable des impôts,
20:53ciblée semble-t-il sur les plus aisés
20:55et les entreprises multinationales.
20:57La droite et l'augmentation des impôts,
20:59c'est la facilité aujourd'hui ?
21:01D'abord, j'ai soutenu la nomination
21:03de M. Barnier.
21:05Vous l'avez même proné.
21:07Proné, je ne me suis pas permis,
21:09mais j'ai eu de nombreuses discussions
21:11avec le président de la République.
21:13Quel que soit ce qu'on pense de M. Macron
21:15et de son bilan, il est le président de la République.
21:17Aider le président de la République,
21:19c'est aider la France. On a suffisamment
21:21de crises, ce n'est pas la peine de créer
21:23une crise politique. Donc, je souhaite
21:25de toutes mes forces
21:27le succès de M. Barnier
21:29et de son gouvernement.
21:31Pour le reste,
21:33je veux dire de la façon la plus claire
21:35que si,
21:37après cette année de stabilisation
21:39des impôts par Macron,
21:41un Premier ministre de droite fait l'augmentation
21:43des impôts, je le dis
21:45sans détour,
21:47cela serait
21:49une erreur conditionnelle,
21:51parce que naturellement, M. Barnier
21:53ne m'a pas fait confidence de ses intentions.
21:55Mais pour moi,
21:57ce n'est pas possible.
21:59La France est le pays qui paye
22:01le plus d'impôts,
22:03le pays où la redistribution
22:05est la plus grande, le pays
22:07où le montant des dépenses publiques est le plus élevé,
22:09et le pays
22:11où le sentiment d'injustice
22:13est le plus grand aussi.
22:15Donc, raisonner en termes
22:17d'augmentation d'impôts serait une erreur
22:19économique. La France a besoin d'emploi,
22:21de croissance, d'investissement,
22:23pas d'augmentation d'impôts.
22:25Pour conclure, Nicolas Sarkozy, ce matin sur CNE,
22:27on a commencé cet entretien en parlant
22:29de Philippines et plus largement d'insécurité
22:31de nos frontières. Nous parlons à présent
22:33d'endettement, de déficit.
22:35Un pays qui n'est pas capable de maîtriser,
22:37ou qui a du mal à maîtriser ces frontières.
22:39Un pays qui n'est pas capable, ou qui a du mal à maîtriser
22:41ces finances. Est-ce que c'est encore
22:43une nation ? Est-ce que le pouvoir a encore
22:45le pouvoir en France ?
22:47Ça fait bien longtemps que je pense
22:49que les responsables politiques, et notamment
22:51le président de la République, n'ont pas trop de pouvoir,
22:53mais pas assez.
22:55Nos démocraties deviennent des régimes
22:57où tout le monde peut dire non,
22:59et où personne ne peut dire oui.
23:01Mais c'est pas simplement le sujet de la France.
23:03Regardez, prenez un peu de recul,
23:05regardez l'ensemble de la planète.
23:078 milliards d'habitants.
23:09L'Occident, c'est moins d'800 millions.
23:13Donc l'axe du monde a muté
23:15à une vitesse exceptionnelle.
23:17Pleine Ouest, c'était nous, l'axe du monde.
23:19Aujourd'hui, Pleine Est,
23:21c'est l'Asie.
23:23Il faut donc que nous nous ressaisissions
23:25tous pour défendre
23:27nos valeurs,
23:29et comprendre que le monde dans lequel nous sommes
23:31n'a rien à voir avec ce qu'il était il y a 20 ans.
23:33Je vous remercie Nicolas Sarkozy.
23:35Permettez-moi d'évoquer, pour conclure,
23:37c'est important, c'est un engagement
23:39avec la campagne,
23:41et votre engagement pour
23:43une campagne intitulée
23:45« Guérir le cancer de l'enfant » au XXIe siècle.
23:47On parle des cancers pédiatriques.
23:49C'est la campagne de l'Institut Gustave Roussy.
23:51Très important pour tous ceux qui nous regardent.
23:53Un mot, un message,
23:55c'est évidemment indicible, c'est une douleur
23:57très profonde.
23:59Vous savez, si l'injustice a un nom,
24:01c'est le cancer des enfants.
24:03J'étais jeudi, toute l'après-midi,
24:05à Villejuif.
24:07J'ai vu une petite
24:09qui a un cancer du rein, décrécidif.
24:11Deux ans.
24:13Une autre de 12 ans qui a un cancer des os.
24:15À longueur de médias,
24:17j'entends des gens qui
24:19crient
24:21l'injustice qui leur est faite.
24:23Je les engage à regarder
24:25du côté du service pédiatrique
24:27de Villejuif, et là, ils verront
24:29l'injustice, dans ce cas-là,
24:31de plus fort.
24:33Tout cela ramène à l'essentiel. Merci,
24:35M. le Président, Nicolas Sarkozy.
24:37Je vais vous laisser rejoindre
24:39des amis, je vous en prie, Pascal Praud
24:41avec Vincent Hervouet et
24:43Vincent Trémolet pour tous les autres sujets.
24:45Évidemment, l'international.
24:47Merci encore de votre confiance sur
24:49ces news européens. La poursuite de l'entretien
24:51de Nicolas Sarkozy.
24:53Merci beaucoup, Sonia Mabrouk.
24:55Bonjour, M. le Président.
24:57Bonjour. Je n'ai pas eu un long chemin à faire.
24:59On va pouvoir rebondir
25:01sur ce que vous avez dit, et puis prolonger
25:03peut-être la discussion
25:05avec Vincent Trémolet de Villers,
25:07que vous connaissez, que vous pouvez lire régulièrement
25:09dans Le Figaro. J'ai l'habitude de dire
25:11que vous êtes l'un des meilleurs d'entre nous
25:13par vos éditoriaux le matin.
25:15Et puis, Vincent Hervouet,
25:17qui est également l'un des grands spécialistes
25:19de la vie internationale.
25:21On pourra, évidemment, prolonger ce que
25:23vous avez dit. Ça venait d'ailleurs
25:25en résonance avec ce que nous avions
25:27dit sur ce plateau lorsqu'on avait entendu
25:29les mots « humanité » et « fermeté »
25:31que certains avaient traduits.
25:33Il ne se passera rien.
25:35Mais on pourra rebondir, bien sûr,
25:37là-dessus, parce que l'actualité
25:39internationale, c'est ce qui nous
25:41préoccupe, et nous n'en avons pas parlé
25:43pendant les 20 minutes, avec une question.
25:45La menace de guerre
25:47totale existe-t-elle ?
25:49Et elle nous inquiète, Vincent Hervouet.
25:51Ah oui, on vit depuis 15 jours une...
25:53Bonjour, M. le Président.
25:55On vit une séquence
25:57absolument inimaginable.
25:59C'est une bonne nouvelle,
26:01l'élimination du chèque Nasrallah ?
26:03Ou est-ce que vous considérez
26:05que Benyamin Netanyahou
26:07est une sorte d'incendiaire ?
26:11Mes convictions personnelles
26:13font que
26:15jamais je ne peux me
26:17réjouir de la mort de quelqu'un.
26:19C'est un point personnel.
26:21Mais si, c'est un jugement politique,
26:23vous me demandez.
26:25Israël a été agressé.
26:29C'est le drame du 7 octobre,
26:31le Hamas,
26:33et c'est le Hezbollah
26:35qui a conduit un déplacement de population
26:37du nord d'Israël
26:39massif.
26:41Israël a le droit
26:43de se défendre.
26:45Israël a le devoir de se défendre.
26:47Et si nous,
26:49Français, nous étions dans la même situation,
26:51nous devrions
26:53nous défendre.
26:55Un pays doit vivre debout.
26:57Et Israël a le droit de vivre
26:59debout. De vivre tout court.
27:01Et de vivre debout.
27:03De ce point de vue, je dis
27:05qu'ils ont eu raison.
27:07Mais vous ne répondez pas à la question.
27:09Je vais y venir.
27:11Mais vous comprenez bien que c'est pas une...
27:13Devant la complexité, c'est pas une formule non plus.
27:15Et peut-être même
27:17que le pire risque
27:19d'embrasement serait l'inaction
27:21et la lâcheté.
27:23Ça, c'est ce que je pense
27:25et personne ne me fera changer d'avis.
27:27Pour le reste,
27:29je connais bien M. Netanyahou.
27:31J'ai eu quantité de discussions avec lui
27:33et parfois sévères.
27:35Il doit savoir
27:37qu'il n'y aura jamais
27:39d'éradication de ses ennemis par la guerre.
27:41Que toute
27:43guerre doit avoir une fin
27:45et que la négociation n'est pas la capitulation.
27:47Donc,
27:49il va venir le temps
27:51où il va falloir discuter.
27:53Mais je suis,
27:55à ma conclusion, si vous me le permettez,
27:57sur cette première question.
27:59Le temps n'est pas venu.
28:01Le temps est venu.
28:03De la négociation.
28:05Mais, Pascal Praud, c'est extravagant
28:07de voir l'Europe
28:09pousser les Ukrainiens
28:11à se battre jusqu'au dernier sang
28:13des leurs, des nôtres,
28:15dans une guerre qui a déjà fait
28:171,5 million de morts,
28:19et considérer qu'Israël
28:21n'aurait pas le droit de se battre
28:23C'est vraiment
28:25deux poids et deux mesures.
28:27La guerre d'un côté, c'est bien.
28:29La guerre de l'autre, c'est mal.
28:31Il n'y a pas plus injuste
28:33que cette différence de posture.
28:35Alors, je crois
28:37avoir répondu à votre question.
28:39Vous connaissez
28:41Benyamin Netanyahou, vous connaissez aussi
28:43la plupart des dirigeants arabes.
28:45Est-ce que
28:47personne ne pleure
28:49Hassan Nasrallah dans ce monde?
28:51Bien sûr.
28:53Mais, est-ce que vous les sentez très angoissés?
28:55Est-ce qu'ils ont peur de l'escalade?
28:57Ou est-ce qu'ils pensent que c'est un risque limité?
28:59L'escalade, le risque
29:01d'escalade, il n'existait de façon latente
29:03et vous le savez mieux que moi, depuis longtemps.
29:05Je suis
29:07estomaqué, si vous me permettez cette expression,
29:09par l'indulgence
29:11de la plupart
29:13des observateurs à l'endroit de l'Iran
29:15et leur sévérité
29:17à l'endroit de l'Arabie Saoudite.
29:19C'est extravagant.
29:21Souvenez-vous quand ce
29:23malheureux journaliste
29:25je crois que c'était Khashoggi
29:27a été assassiné.
29:29Ca a été un scandale mondial
29:31à juste titre. Dans l'ambassade.
29:33Mais imaginez
29:35quand cet avion
29:37rempli d'Ukrainien
29:39a été abattu
29:41par des missiles iraniens.
29:43Ils ont dit, oh c'était une erreur
29:45il y a eu, je crois, un peu moins de
29:47100 morts. C'est passé comme une lettre
29:49à la poste.
29:51Le terrorisme, monsieur Houette, vous le savez mieux que moi,
29:53a commencé
29:55par Téhéran, pas par
29:57Riad.
29:59L'Ayatollah Roumeni finance
30:01le Hezbollah.
30:03Je ne suis pas aussi certain
30:05de l'explosion générale
30:07qui nous est annoncée.
30:09Parce que l'Iran
30:11sait parfaitement, ils sont très
30:13intelligents, qu'ils auraient
30:15beaucoup plus à perdre qu'à y gagner.
30:17Et je crois,
30:19peut-être que je me trompe,
30:21mais je crois que
30:23le risque d'embrasement généralisé,
30:25il est plus dans un conflit
30:27globalisé avec la Russie
30:29que dans un conflit globalisé
30:31avec l'Iran.
30:33Je ne vais pas faire de la morale, du moralisme,
30:35mais quand même, il y a une petite question qui se pose,
30:37même si on peut célébrer
30:39la disparition d'un homme qui a tué
30:41ou fait tuer,
30:43et certains de ses lieutenants ont été directement
30:45impliqués dans la mort des Français
30:47du Drakkar.
30:49La question vous est posée par Vincent Herouët,
30:51je le dis pour nos auditeurs d'Europe 1,
30:53puisque nous sommes avec le Président Sarkozy
30:55jusqu'à 9h,
30:57auditeur que je salue bien évidemment.
30:5940 ans après, les Israéliens ont
31:01soldé nos comptes.
31:03Mais quand même,
31:05est-ce que vous trouvez
31:07qu'Israël est dans son droit
31:09quand il fait sauter
31:11les bipers qui équipent
31:13l'encadrement des milliers,
31:15des milliers de bipers qui équipent
31:17tout l'encadrement du Hezbollah,
31:19quand il bombarde des immeubles
31:21derrière lesquels se cachent les terroristes,
31:23est-ce que vous dites c'est la guerre
31:25ou est-ce que vous dites...
31:27La France ne fera jamais ça.
31:29Monsieur, j'ai bien des défauts,
31:31l'hypocrisie n'est pas ma première caractéristique.
31:33La guerre, c'est la guerre.
31:37Permettez-moi de vous dire,
31:39nous sommes devant un amoureux
31:41de la côte Atlantique.
31:45Nantes, Le Havre,
31:47Royan ont été démolis par qui ?
31:49par les bombardements alliés.
31:53Berlin,
31:55Razée, il n'y avait pas que des SS
31:57à l'époque.
31:59Hiroshima, Nagasaki,
32:01il y avait des bases militaires là-bas ?
32:03La guerre,
32:05c'est la guerre.
32:07Israël s'est défendu
32:09d'agressions
32:11scandaleuses.
32:13Ça ne veut pas dire que je suis d'accord
32:15avec monsieur Netanyahou sur tout,
32:17je vous l'ai dit,
32:19mais qu'on vienne pleurer
32:21sur les conséquences dramatiques de la guerre,
32:23pardon de vous dire,
32:25c'est le comble de l'hypocrisie.
32:27Il n'y a pas de guerre
32:29sans victime civile, hélas.
32:31Alors, la France,
32:33Joe Biden, lui,
32:35le mort de Nasrallah, c'était une mesure de justice.
32:37Mais ce n'est pas du tout le ton qu'il y a à Paris.
32:39Depuis deux semaines,
32:41la France clame, halte au feu,
32:43dénonce Benjamin Netanyahou
32:45qui aurait commis une faute grave
32:47en refusant de cesser le feu que lui proposait
32:49Emmanuel Macron.
32:51Le président a déploré le nombre
32:53absolument choquant de victimes civiles.
32:55Qu'est-ce qu'il vous pensez
32:57de ces déclarations ?
32:59En ce qui me concerne, je vous l'ai dit,
33:01Israël mène un juste
33:03combat pour son existence.
33:05C'est Israël qui a été agressé.
33:07Pour le reste,
33:09il faut savoir finir une guerre
33:11et M. Netanyahou
33:13doit comprendre que le temps
33:15de la négociation doit arriver.
33:17J'ai un point de désaccord avec lui.
33:19Si je me permettais de vous le dire, c'est une question
33:21que vous ne m'avez pas posée.
33:23C'est l'affaire des otages.
33:25Car Israël est une démocratie.
33:27Et dans une démocratie,
33:29les otages n'ont pas
33:31le prix du nombre.
33:33Ils ont le prix du miracle
33:35de la personne humaine elle-même.
33:37Et pour ce qui me concerne,
33:39j'ai toujours pensé
33:41qu'une trêve eût été
33:43nécessaire le temps que
33:45les otages soient libérés.
33:47C'est exactement ce qui fait la différence
33:49entre une démocratie
33:51qu'est Israël et une dictature.
33:53Et c'est pour ça.
33:55Pour la France, il n'y a pas de commentaires
33:57à faire.
33:59Quand la maison est en vrac,
34:01quand les comptes sont en feu,
34:03quand la situation sécuritaire
34:05est dans un bazar incroyable,
34:07est-ce qu'on est encore audibles ?
34:09Ça ne facilite pas notre politique étrangère.
34:11Mais nous devons avoir
34:13une politique étrangère.
34:15Et je pense que la voix de la France
34:17serait d'autant plus importante
34:19dans le monde d'aujourd'hui
34:21où l'Europe, comme la France,
34:23ne doit pas être alignée
34:25car nous n'avons pas toujours
34:27les mêmes intérêts que les Américains.
34:29Et le conflit ukraino-russe
34:31en est la caricature.
34:33Et c'est bien peut-être de le rappeler.
34:35Effectivement, je vais donner la parole à Vincent
34:37Trémolet de Villers dans une seconde. Le 7 octobre,
34:39nous allons célébrer un anniversaire,
34:41un triste anniversaire, l'attaque terroriste
34:43du Hamas sur les terres d'Israël.
34:45Et depuis le 7 octobre,
34:47la montée de l'antisémitisme
34:49peut se voir en France.
34:51Est-ce que, selon vous, Jean-Luc Mélenchon
34:53et la France insoumise sont responsables
34:55de la montée de l'antisémitisme
34:57en France ?
34:59Ils ne sont pas les auteurs de l'antisémitisme.
35:01L'antisémitisme en France a commencé
35:03bien avant eux. Ils ne sont pas le début
35:05de l'histoire. Mais ils tiennent
35:07des propos, ils ont tenu des propos
35:09qui peuvent être qualifiés d'antisémites.
35:11Vincent Trémolet.
35:13Sur ce sujet, Manuel Valls disait qu'il y avait
35:15deux gauches irréconciliables parce que lui
35:17n'était communautariste. Et puis ce que l'on voit
35:19depuis la NUPES jusqu'au Nouveau Front Populaire,
35:21c'est que ces deux gauches soi-disant
35:23irréconciliables travaillent ensemble, c'est-à-dire
35:25que le Parti socialiste et François Hollande
35:27travaillent avec Jean-Luc Mélenchon.
35:29Est-ce que ça vous surprend ?
35:31Pardon, j'ai du respect
35:33et même parfois de l'amitié pour Manuel Valls.
35:35Mais enfin,
35:37il découvre le fil
35:39à couper le beurre.
35:41Il a été Premier ministre de François Hollande.
35:43Il a fait campagne à ses côtés en 2012.
35:45Vous vous souvenez
35:47des drapeaux algériens, notamment,
35:49Place de la République, pour saluer l'élection
35:51de M. François Hollande.
35:53Le communautarisme n'est pas né,
35:55M. Trémolette Villers,
35:57avec Mélenchon.
35:59Il a été industrialisé
36:01avec M. Mélenchon, mais ça a commencé
36:03bien avant. Et M. Hollande,
36:05tout le monde est surpris de l'alliance
36:07qu'il a faite avec le Front Populaire,
36:09mais il a toujours été comme ça.
36:11Et je dirais même,
36:13M. Mitterrand,
36:15SOS Racisme, qu'est-ce que c'était ?
36:17Et Jean-Marie Le Pen,
36:191983,
36:21c'est pas de l'instrumentalisation ?
36:23Vous savez, moi, je n'ai jamais
36:25voulu faire d'accord avec Mme Le Pen,
36:27mais je trouve scandaleux
36:29qu'on dise qu'elle n'appartient pas
36:31à l'arc républicain. C'est absurde.
36:33Un parti qui a le droit de présenter
36:35des candidats aux élections est républicain.
36:37Un parti qui a plus de 100 députés
36:39est républicain.
36:41Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
36:43Mais aujourd'hui encore,
36:45est-ce que l'alliance
36:47est impossible ?
36:49– Non mais je voudrais,
36:51excusez-moi, j'avais une idée derrière la tête.
36:53Avoir une idée, déjà,
36:55dans le débat politique français,
36:57c'est déjà suspect.
36:59Mais en 2012,
37:01Marine Le Pen a dit,
37:03il faut battre Sarkozy,
37:05donc il faut voter Hollande.
37:07Est-ce que vous avez une seule déclaration
37:09des socialistes, M. Valls, M. Hollande
37:11à l'époque, se bouchant le nez
37:13en disant, comment ?
37:15– Madame Le Pen, j'en veux pas.
37:17Mais qu'est-ce que c'est que cette artufe ?
37:19Qu'est-ce que c'est que cette hypocrisie ?
37:21On se mettrait en colère pour moins que ça.
37:23J'ai d'ailleurs moins de problèmes
37:25avec M. Bardella qui, lui,
37:27n'a jamais appelé à voter pour
37:29M. Hollande.
37:31Donc je n'ai pas de leçon à se voir là-dessus.
37:33Mais dire
37:35qu'ils n'appartiennent pas
37:37à l'arc républicain,
37:39mais qui est le maître des élégances ?
37:41Qui décide ça ?
37:43C'est-à-dire que la politique leur permet de présenter des candidats
37:45c'est qu'ils sont républicains ?
37:47Et c'est insulter 11 millions d'électeurs
37:49qui ont des choses à dire.
37:51Qu'ils l'ont dit peut-être
37:53d'une façon qui me plaise pas ou qui vous plaise moins.
37:55Mais qu'ils l'ont dit.
37:57Ces gens-là sont des Français.
37:59Alors c'est pas la peine de verser des larmes
38:01de crocodile sur les immigrés qu'on recevra pas
38:03pour insulter des Français
38:05uniquement parce qu'ils font,
38:07ils émettent un vote
38:09qui ne corresponde pas à la
38:11pensée unique
38:13qui est toujours de gauche.
38:15Nicolas Sarkozy, vous êtes le dernier Président de la République de droite.
38:17Aujourd'hui, votre parti
38:19les LR a 47 députés.
38:21Laurent Wauquiez qui serait son candidat
38:23est à 5% dans les sondages.
38:25Quelles sont selon vous
38:27les conditions pour que cette famille politique
38:29redevienne une force d'alternance
38:31capable de gouverner
38:33plus largement le pays qu'elle ne le fait aujourd'hui ?
38:35Moi je n'ai jamais quitté ma formation politique.
38:37C'est moi qui l'ai créée
38:39dans sa dernière acceptation.
38:41J'ai pris la suite.
38:43De Gaulle, Pompidou,
38:45Chirac, c'est une suite prestigieuse.
38:47Giscard ?
38:49C'était pas tout à fait la même.
38:51Mais en tout cas,
38:53puisque moi je suis né, j'étais un enfant de l'UDF et du RPR.
38:55Mais je n'ai pas quitté
38:57ma formation politique et je ne la quitterai pas.
38:59Je souhaite que Laurent Wauquiez
39:01réussisse. Mais on va se dire des choses vraiment,
39:03M. de Tremeuil-de-Villers.
39:05En l'état actuel de division,
39:07l'état actuel de division.
39:09Lamentable.
39:11Où chacun veut habiter dans sa propre chapelle.
39:15Tout le monde doit revenir dans la grande cathédrale.
39:17Si on permettait,
39:19sans offenser la laïcité qui est le mot
39:21qu'on ressort dès qu'on n'a rien à dire.
39:23Même si c'est très important la laïcité.
39:25Donc sans rassemblement,
39:27il n'y aura rien.
39:29Et 2027,
39:31si les choses se présentent comme elles sont aujourd'hui,
39:33c'est un deuxième tour.
39:35Mélenchon,
39:37je ne le souhaite pas pour mon pays.
39:39De quel côté le rassemblement ? De quel côté l'alliance ?
39:41Et c'est le sujet essentiel.
39:43Parce que les électeurs
39:45de droite,
39:47beaucoup sont chez Marine Le Pen aujourd'hui.
39:49Beaucoup. Ils ont quitté
39:51la famille traditionnelle
39:53de la droite parce qu'ils ont le sentiment
39:55qu'ils n'étaient pas représentés
39:57par les gens de droite.
39:59Donc vous allez chercher à droite
40:01ou plutôt au centre
40:03l'alliance possible ?
40:05C'est une question,
40:07c'est une opinion, monsieur.
40:09Si c'est une question, j'y réponds.
40:11Ce n'est pas une opinion.
40:13Est-ce que vous validez ce raisonnement ?
40:15Est-ce que vous dites, mes électeurs de 2007,
40:17ils sont aujourd'hui chez Marine Le Pen ?
40:19Jamais je ne dis mais.
40:21Car l'électeur
40:23est comme l'auditeur.
40:25Les auditeurs qui ont voté pour vous.
40:27L'auditeur, vous qui savez
40:29les rassembler nombreux, vous savez très bien
40:31qui est qui. Donc on n'est pas propriétaire.
40:33Je pense
40:35depuis très longtemps que l'axe
40:37politique, la matrice politique de la France
40:39c'est la droite populaire.
40:41Si vous me permettez une expression,
40:43la droite qui est sur le bord des routes pour le tour de France,
40:45la droite qui aime le travail,
40:47qui ne veut pas entendre parler
40:49de ses 35 heures,
40:51qui veut gagner plus, travailler plus.
40:53Et la droite qui ne veut pas, elle n'est pas démodée.
40:55C'est votre campagne de 2007
40:57et qui fait que le Rassemblement National à l'époque
40:59était entre 5 et 10%.
41:01Et la droite qui veut de l'ordre et qui n'en peut plus.
41:03Ces gens qui sont partis
41:05reviendront aussi vite.
41:07A partir du moment où on leur...
41:09La question c'est d'abord qu'ils se rassemblent.
41:11Avec qui ? Non, l'incarnation.
41:13Souvent vous parlez de l'incarnation.
41:15Non, non, mais bien sûr.
41:17Il faut quelqu'un qui porte ça.
41:19Et c'est la question de Vincent Tremolet.
41:21Mais bien sûr, mais c'est la question
41:23de Vincent Tremolet.
41:25Il faut une incarnation. Et il n'y en a pas d'incarnation
41:27à droite. Pardonnez-moi de le dire comme ça.
41:29Quand il n'y a pas une incarnation
41:31évidente, il faut
41:33une bonne stratégie.
41:35En attendant l'incarnation.
41:37On a un peu de temps, il y a 3 ans.
41:39La bonne stratégie, c'est qu'ils se rassemblent.
41:41Qu'ils se mettent ensemble.
41:43Je vous rappelle, l'élection européenne,
41:45je crois que c'était 2008 ou 2009,
41:47le Rassemblement,
41:49le Front National à l'époque, 6%.
41:51J'ai eu contre moi
41:53et Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen
41:55jamais au deuxième tour.
41:57Jamais au deuxième tour.
41:59La France a besoin d'une droite populaire,
42:01républicaine, qui tienne toute la place.
42:03Bien sûr que c'est plus simple d'avoir un leader,
42:05Chirac à l'époque,
42:07ou moi. En l'absence
42:09de leader incontestable,
42:11ils doivent se rassembler
42:13et utiliser ces 3 années
42:15pour construire.
42:17Mais pour moi,
42:19vous savez,
42:21ce n'est pas une stratégie de monter
42:23sur le porte-bagages du RN
42:25pour s'agiter sur le porte-bagages.
42:27Moi, je suis pour diriger le vélo,
42:29pas pour être sur le porte-bagages.
42:31Parce qu'aujourd'hui, compte tenu
42:35des rapports de force
42:37si déséquilibrés, ce n'est pas une alliance,
42:39c'est une absorption.
42:41Je donne la parole à Vincent, mais le rassemblement pour vous,
42:43c'est Darmanin, Wauquiez,
42:45Philippe, ça doit marcher ensemble.
42:47Il n'y en a qu'un.
42:49Il faut rassembler tous ceux qui ont voté
42:51pour Macron
42:53et tous ceux qui nous ont quittés
42:55pour le RN.
42:57Mais ça va bien au-delà, on verra.
42:59Ce n'est pas le moment pour l'instant.
43:01Ce qui compte, c'est une stratégie de rassemblement.
43:03Et c'est pour ça que j'étais pour
43:05que la droite républicaine participe
43:07au gouvernement.
43:09Parce que, je l'ai dit
43:11à M. Vincent Trémolet de Villers,
43:13on peut être agacé par le président de la République,
43:15on peut avoir des désaccords avec le président de la République,
43:17j'en ai avec lui.
43:19Il est le président de la France.
43:21Et il est le président de la France
43:23pour encore deux ans et demi.
43:25On ne plaisante pas avec la France.
43:27Les Républicains, c'est un parti de gouvernement.
43:29Un parti de gouvernement, ça gouverne.
43:31Et la meilleure façon de trouver l'incarnation,
43:33cher Pascal Praud,
43:35c'est d'être au gouvernement.
43:37Pas d'être sur les plateaux,
43:39ou pas d'avoir des formules.
43:41On ne plaisante pas avec la France,
43:43dites-vous, et dans l'interview que vous avez donnée au Figaro
43:45il y a quelques semaines, vous disiez
43:47qu'il vous arrive de revenir
43:49sur la décision que vous avez prise de quitter la politique
43:51en réfléchissant à savoir
43:53comment vous pourrez
43:55essayer de l'empêcher de tomber dans le gouffre.
43:57Non.
43:59Vous savez, le fleuve
44:01est fidèle à sa source en allant vers la mer.
44:03Et en allant vers la mer,
44:05on s'élargit.
44:07J'ai eu l'immense honneur d'être président
44:09de la République.
44:11J'ai fait une vie politique
44:13passionnante.
44:15Je serai passionné par la France jusqu'au bout,
44:17mais ce n'est pas à moi
44:19aujourd'hui d'incarner
44:21ce combat.
44:23J'interviens très peu dans les médias,
44:25ça faisait même presque 14 mois que je n'étais pas
44:27venu sur un plateau de télévision
44:29ou au micro d'une radio.
44:31Et vous êtes sur Europe 1
44:33et vous êtes sur CNews.
44:35Et je vous en remercie.
44:37C'est moi qui vous remercie de m'inviter.
44:39Et la meilleure façon d'être utile pour moi,
44:41il y a assez de candidats,
44:43et c'est le cas, ce candidat.
44:45Ça ne veut pas dire que je n'ai pas des discussions
44:47avec le président Macron, que j'apprécie à titre personnel,
44:49ou avec Laurent Wauquiez,
44:51ou avec Bruno Retailleau encore hier soir,
44:53que je soutiens,
44:55parce qu'il a besoin d'être soutenu.
44:57Et je pense que c'est aussi utile que ça.
44:59Alors la gravité, on n'y est pas encore.
45:01Comment on qualifie la crise dans laquelle on est ?
45:03Est-ce qu'on s'approche
45:05d'une crise de régime ou c'est excessif
45:07d'employer ce...
45:09Ce n'est pas du tout excessif.
45:11C'est un World Case Scenario qui est tout à fait possible.
45:13Et c'est bien pour ça que je pense
45:15qu'il faut aider M. Barnier.
45:17Un World Case Scenario ?
45:19Eh oui, parce que si on n'a pas de budget,
45:21on rentre à ce moment-là
45:23dans un risque
45:25très important
45:27de crise financière
45:29qui peut conduire à un risque très important
45:31de crise sociale.
45:33Crise politique, crise financière, crise sociale.
45:35Moi, j'ai connu la crise de 2008.
45:37Je le dis sans crainte
45:39d'être démenti.
45:41Les Français ne se sont absolument pas rendus compte
45:43aux côtés de quel gouffre
45:45on est passé.
45:47Tout était
45:49arrêté.
45:51Quand j'ai pris la décision de garantir
45:53tous les dépôts des Français dans les banques
45:55sans limite,
45:57je l'ai fait contre toute l'administration
45:59de l'État. Ça a sauvé le pays.
46:01Aujourd'hui, je peux prendre la parole,
46:03il n'y a pas un seul de ceux qui nous écoutent
46:05qui peut dire, à cause de Sarkozy, j'ai perdu de l'argent.
46:07J'ai vu
46:09que M. Breton,
46:11qui fait partie, vous le savez,
46:13de ces gens qui rêvent de faire de la politique
46:15sans se présenter à des élections.
46:17C'est vraiment le
46:19comble du ridicule.
46:21Il y avait les précieuses ridicules, puis il y a ceux qui
46:23rêvent de faire de la politique et ne se présentent pas aux élections.
46:25C'est commode.
46:27Il y a des journalistes aussi.
46:29Oui, c'est pareil. J'ai eu la même considération.
46:31On est passé au bord du gouffre.
46:33Je ne souhaite pas pour mon pays qu'on s'y retrouve.
46:35Je soutiens donc M. Barnier
46:37et son gouvernement, ce qui ne m'empêche pas.
46:39Je ne suis pas candidat
46:41à quoi que ce soit, mais ça ne m'empêche pas
46:43d'avoir des convictions.
46:45Je n'ai pas fait toute ma vie politique
46:47à la tête de la droite républicaine
46:49pour voir quand un Premier ministre
46:51de droite arrive, son premier mot,
46:53ce n'est pas réduction des dépenses,
46:55mais augmentation des impôts.
46:57M. Trémain de Villiers, j'y tiens beaucoup.
47:01De tous les présidents
47:03de la Vème République,
47:05un seul a diminué le nombre de fonctionnaires.
47:09J'ai supprimé 150 000 postes de fonctionnaires.
47:11C'était le fameux 1 sur 2.
47:13On m'a insulté pour cela.
47:15Savez-vous que depuis 1997,
47:17il y a un million de fonctionnaires
47:19en plus en France ?
47:21Un million de fonctionnaires en plus en France.
47:23On va continuer combien ?
47:25On est à 5 700 000 fonctionnaires
47:27avec les trois fonctions publiques.
47:29Le problème économique de la France
47:31est simple.
47:33On ne travaille pas assez.
47:35Pas assez dans les entreprises.
47:37Permettez-moi de vous le dire.
47:39Pas assez dans les administrations.
47:41Les statistiques sont sorties l'année dernière.
47:43Les 35 heures
47:45ne sont pas effectuées.
47:47Vous avez parlé de Thierry Breton
47:49que vous assassinez au passage.
47:51Comment est-ce que vous auriez réagi ?
47:53C'est un assassinat faible.
47:55Comment vous auriez réagi
47:57quand vous étiez président,
47:59si M. Barroso vous avait dit
48:01qu'il n'en voulait pas ?
48:03Ou alors, il aurait eu
48:05une toute petite responsabilité ?
48:07J'ai aussi désigné Michel Barnier.
48:09Si vous vous souvenez.
48:11Je vous dis les choses
48:13comme elles sont.
48:15Je pense que c'est à la France
48:17de choisir.
48:19Mais je pense que M. Breton,
48:21plus quelqu'un qui a du mal à travailler en équipe
48:23et qui avait réussi à se mettre à dos
48:25toute la commission,
48:27il avait été né.
48:29Vincent,
48:31il reste très peu de temps,
48:33donc je voudrais poser deux ou trois questions
48:35qui me paraissent importantes.
48:37J'ai beaucoup pensé à Gramsci pendant que vous parliez.
48:39Et Gramsci, vous l'avez souvent cité.
48:41Peut-être que les téléspectateurs ne le connaissent pas,
48:43mais c'est la bataille des idées.
48:45Et vous pensez qu'avant l'élection,
48:47il faut gagner la bataille des idées.
48:49Et là, on peut peut-être faire un reproche
48:51à la droite, qui depuis 40 ans,
48:53c'est ce que j'entends, n'assume pas précisément
48:55d'être de droite sur les idées
48:57sociétales, notamment.
48:59Et lorsque vous avez dit tout à l'heure,
49:01quand vous avez imaginé le ministère
49:03de l'immigration, effectivement, il y a eu
49:05de taulé. Alors c'est quoi la bataille des idées ?
49:07C'est la presse, c'est les journalistes,
49:09c'est les intellectuels, c'est les cinéastes,
49:11c'est les artistes, c'est tout l'espace
49:13médiatique qui penche à gauche
49:15et la droite depuis
49:1740 ans. Est-ce qu'elle ne s'est pas
49:19suffisamment battue pour faire
49:21avancer ses idées et d'une certaine
49:23manière, vous pouvez
49:25porter une responsabilité de cela, puisque
49:27vous étiez aux commandes, je pense par exemple aux
49:29assises de Villepinte en 91,
49:31qu'en entend ce que dit Valéry Giscard d'Estaing
49:33sur l'immigration en 91, aujourd'hui
49:35il serait traité de fasciste.
49:37Bon, enfin,
49:39j'ai pas perdu ma matinée,
49:41je suis venu ici parce qu'Alpro
49:43m'explique que l'ensemble du monde médiatique
49:45est à gauche. Je confirme.
49:47Je m'en étais un petit peu rendu compte. Mais plus encore
49:49qu'avant peut-être.
49:51Je m'en étais rendu compte.
49:55Mais on ne peut pas dire quand j'étais au pouvoir que j'étais trop à droite
49:57et après que j'étais
49:59pas assez. Je vous ai pris des exemples
50:01multiples. Mais c'est intéressant
50:03ce que vous dites. La droite
50:05ne doit pas se laisser caricaturer.
50:09L'immigration, la fermeté.
50:11Oui.
50:13Mais sur les débats de société, la droite ne doit pas
50:15être en retard non plus.
50:17C'est trop facile. Moi je suis
50:19de droite, en tout cas je ne sais pas, mais en tout cas
50:21je n'ai jamais été de gauche. Mais je ne suis pas un conservateur.
50:23Je n'ai jamais été un conservateur.
50:25Je n'ai jamais été immobile.
50:27Notamment sur les histoires, vous savez,
50:29le mariage gay, je pense
50:31que l'amour ne dépend pas de la sexualité.
50:33Je pense qu'on ne peut pas vivre sans amour.
50:35C'est un point sans doute qui nous rapproche.
50:37On a tellement dit que j'étais sentimentale.
50:39C'est vrai.
50:41Mais moi j'ai voulu être un président de la République qui incarnait.
50:43Pas un monstre froid
50:45qui jouait une comédie.
50:47Donc ça ne sert à rien de taper sur la droite.
50:49Je pensais sur les sujets pour l'immigration.
50:51Je pensais sur les sujets, même,
50:53économies libéraux.
50:55Le libéralisme, moi je n'ai jamais été
50:57libéral au sens économique
50:59du terme. J'ai même nationalisé
51:01Alstom parce que je ne voulais pas que
51:03Alstom disparaisse.
51:05Je ne crois pas à ça. Moi je crois au travail.
51:07Rien n'est démodé dans ce qu'on a dit.
51:09Je crois à l'ordre.
51:11Et il y a un problème
51:13d'autorité énorme
51:15dans notre pays.
51:17Et c'est pour cela que j'apprécie au moins
51:19les débuts de M. Retailleau
51:21qui affirme une politique.
51:23Et d'ailleurs le fait d'être attaqué par les gens
51:25qui l'attaquent, c'est plutôt bon signe.
51:27Parce que lorsque vous êtes amis
51:29avec tout le monde, M. Pascal Praud,
51:31vous n'êtes amis avec personne.
51:33Lorsque vous aimez tout le monde, vous n'aimez rien.
51:35Comme vous le savez, je n'aime pas.
51:37Bon, une dernière chose.
51:39On aurait pu parler de Didier Migaud que vous avez inventé.
51:41Vous avez inventé Didier Migaud.
51:43Vous l'avez inventé à la commission des finances
51:45et puis après à la Cour des comptes. Mais une chose peut-être plus personnelle.
51:47Louis Sarkozy,
51:49qui fait son apparition
51:51dans le débat médiatique.
51:53Et je sais, le rapport, j'ai envie de dire,
51:55fusionnel que vous avez avec vos enfants
51:57et on l'avait vu lorsque votre fils avait été attaqué
51:59il y a plusieurs années. Je voulais savoir comment
52:01vous jugiez, parce que j'imagine que vous écoutez
52:03chaque intervention de votre fils.
52:05Et est-ce que vous lui donnez, pourquoi pas,
52:07des conseils ? Est-ce que vous débriefez
52:09une fois qu'il a pris la parole ?
52:11Et j'avais envie d'avoir votre sentiment
52:13sur votre fils.
52:15Là, vous touchez
52:17beaucoup à l'essentiel, mais bon.
52:19D'abord, je vais vous dire une chose. J'arrive pas
52:21à le regarder en direct.
52:23Je peux pas.
52:25Comme lorsque Jean,
52:27qui a un talent énorme, avait été pris
52:29dans une politique honteuse
52:31par Mme Royal. Hontelle.
52:33J'ai pas pu regarder en direct.
52:35Je les aime trop.
52:37Je peux pas.
52:39Donc je regarde après.
52:41Je suis fier de lui.
52:43De son courage
52:45et de son talent.
52:47J'aime beaucoup mes enfants.
52:49Jamais je les conseille
52:51parce que, mon Dieu,
52:53ils font ce qu'ils veulent.
52:55Mais quand je vois cette flamme,
52:57cette volonté de débattre,
52:59ce courage,
53:01ça me plaît.
53:03Ça me fait peur pour lui.
53:05Et ça me plaît.
53:07Jean avait un talent immense aussi.
53:11Il a été brisé dans son élan politique
53:13par un milieu tellement cruel.
53:17Mais oui,
53:19mon premier fils
53:21disco-jockey.
53:23Ils font ce qu'ils veulent.
53:27Et croyez bien qu'il n'y a aucune
53:29volonté dynastique.
53:31Et il n'y a aucune volonté
53:33pour moi de le pousser.
53:35Et si vous me demandez mon avis,
53:37chapeau.
53:39M. le Président, merci.
53:41Ça fait plus de 40 minutes
53:43que vous êtes avec nous,
53:45avec Sonia Mabrouk,
53:47avec Vincent Trémolet de Villers,
53:49que je remercie, que vous pourrez lire
53:51demain dans Le Figaro, sans doute,
53:53avec Vincent Erwouet.
53:55On n'a pas parlé du Paris-Saint-Germain,
53:57de sujets plus légers.
53:59On n'a pas parlé d'Mbappé,
54:01mais c'est ainsi.
54:03Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations