Mazan : "Gisèle Pelicot est sacralisée, et c'est ennuyeux" pour Me Patrick Gontard

  • il y a 2 semaines
Avec Me Patrick Gontard, avocat de l'un des accusés

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-10-04##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Vous êtes sur Sud Radio, il est 7h12, partons pour Avignon, le procès de Dominique Pellicot et de tous ceux qui ont
00:13violé sa femme. Avec nous, Maître Patrick Gontard,
00:17l'avocat de l'un des accusés. Maître Gontard, bonjour.
00:21Bonjour Monsieur Bourdin.
00:22Merci d'être avec nous Maître Gontard. Vous êtes l'avocat de Jean-Pierre, Jean-Pierre qui est l'un des accusés, qui a reconnu avoir violé
00:29avec Dominique Pellicot sa propre femme.
00:32Je suis un violeur, a dit votre client, comme ceux qui sont dans cette salle.
00:37J'ai été un violeur criminel, je peux le dire haut et fort, j'ai été un violeur, j'ai été un criminel, mais maintenant c'est fini.
00:43J'ai fait des violences conjugales, j'ai commis des violences conjugales, j'ai appris le mot.
00:49Très intéressant ce qu'il dit, j'ai appris le mot. Ce que j'ai fait c'est horrible, je veux une punition dure.
00:55Tous les accusés, tous les accusés qui sont dans la salle, n'ont pas cette même position Maître Gontard.
01:03Écoutez, vous avez à peu près
01:06deux tiers des accusés qui reconnaissent avoir violé Madame Pellicot.
01:12Dominique Pellicot reconnaît avoir violé la femme de mon client, et puis vous avez un tiers qui discute sur
01:18le piège, disait-il, dans lequel il serait tombé, monté par Pellicot, et puis éventuellement
01:26l'acceptation tacite de Madame Pellicot a participé à ces actes-là. C'est leur position.
01:33Je ne la partage pas en tant que citoyen, mais c'est leur position et
01:37leurs avocats ont parfaitement le droit de soutenir cette thèse si elle peut être plausible.
01:42Alors au cœur des débats, le consentement, je vais y revenir Maître Gontard, mais aujourd'hui, aujourd'hui,
01:47la question se posera une nouvelle fois. Faut-il diffuser les vidéos des viols au public et aux journalistes ?
01:55Le Président refuse, mais Gisèle Pellicot et ses avocats le souhaitent. Et vous ?
02:00Alors, moi, en ce qui me concerne, mon client reconnaissant les faits, il ne voit aucun inconvénient à ce que l'on puisse
02:07visionner, diffuser les photos, parce qu'il n'y a que des photos de viols concernant.
02:12Mais,
02:13j'allais dire qu'on est devant un problème de droit, c'est-à-dire que la Cour a ordonné un procès public, il y a eu un débat.
02:21Procès public veut dire possibilité de tout voir.
02:25Dans la Cour d'Assises, ou à l'occasion d'un procès, on voit des images qui ne sont pas très agréables.
02:30Vous savez, moi, j'ai un dossier dans lequel on voit
02:33un assassinat en direct qui a été filmé par
02:36une des parties avec son téléphone. On étrangle quelqu'un.
02:40C'est horrible, mais ça fait partie malheureusement de ce que l'on voit devant les Cours d'Assises.
02:46Pour moi, le débat, c'est un débat qui doit être éteint très rapidement.
02:50On est en procès public, on peut tout voir dans le cadre d'un procès public.
02:54Si les photos prises par Dominique Pellicot, on est bien d'accord, hein, Maître Gontard ?
02:59Oui. Si les photos prises par Dominique Pellicot sont diffusées, j'imagine que le public sera tenu à l'écart.
03:08Écoutez, le débat est là. C'est-à-dire qu'en réalité,
03:11ce que souhaite le Président, c'est qu'on visionne
03:15des photos ou bien des films, mais uniquement en présence des parties et des avocats.
03:21On est dans une semi-publicité.
03:24Ce n'est pas véritablement prévu par le texte.
03:28Si on fait une publicité totale, à ce moment-là, le visionnage est total, y compris pour la presse et pour le public.
03:34Et pour le public, et y compris des films.
03:38Avec tout ce que cela comporte, y compris des films, si vous voulez.
03:41Je vous dis ça parce que j'ai un malaise. Vous allez me dire ce que vous en pensez.
03:47Moi, je regarde ça de loin, et puis je me mets à la place de celles et ceux qui écoutent ce matin à Sud Radio.
03:52J'ai quand même, je me pose une question. Le public qui vient en nombre tous les jours,
04:00mais pourquoi vient-il,
04:02Maître Gontard ? Je me pose la question.
04:05Je pense que le public vient parce que c'est un procédé dont on parle.
04:10Certains disent qu'il faut y être. Après, vous avez sans doute des voyeurs.
04:13Mais en toute hypothèse, je vous avoue très honnêtement, moi j'ai visionné des photos.
04:19Je n'ai aucun plaisir à les regarder.
04:22Je n'ai aucun plaisir à regarder dans les dossiers criminels
04:28des opérations faites par les médecins énergistes, etc.
04:32Maintenant, moi je parle en tant qu'avocat dans le cas d'un procès.
04:37Maintenant, que vous ayez des gens qui viennent par curiosité morbide,
04:41ça existera toujours. Et malheureusement, c'est ainsi
04:45dans le cas de ce procès encore plus.
04:47Maître Gontard, vous, donc pour nous résumer, vous n'êtes pas opposé à ce que ces vidéos ou ces photos
04:55soient diffusées devant le public.
04:58Moi, en ce qui me concerne, je ne le réclame pas. Mais je dis que si c'est décidé,
05:03je vois mal comment je peux m'y opposer.
05:06Mon client et moi-même
05:08assumeront. Mais je ne suis pas là pour le revendiquer.
05:12J'ai vu aussi qu'hier, l'un des accusés a déclaré
05:17la parole de Gisèle Pellicot est sacrée. Je demande à être traité à égalité.
05:23Qu'en pensez-vous ?
05:25Ce que je pense, c'est qu'on a maintenant un changement de cap en matière criminelle. C'est-à-dire que dans les anciens temps,
05:33on parlait du procès Landru, du procès Petiot, du procès Patrick Henry.
05:38Aujourd'hui, le principal personnage du procès, c'est la victime. Et on parlera de ce procès comme étant le procès Gisèle Pellicot.
05:44Donc, par votre conséquence, avec ce changement, si je puis dire, d'orientation, il est évident que la victime est sacralisée.
05:53C'est ennuyeux, je le dis très honnêtement.
05:55Est-ce que la justice est bien rendue lorsque la victime est sacralisée ?
06:00Alors, si vous voulez, fort heureusement, il y a une sacralisation qui est faite à l'extérieur de la salle d'audience.
06:06Il y a une sacralisation qui est faite parfois par les médias, mais les professionnels
06:11laissent quand même la possibilité aux uns et aux autres de s'expliquer. Et il est du devoir des avocats,
06:16je le dis et je le maintiens, pas forcément dans ce dossier, mais dans tous les dossiers, de contester
06:22souvent la parole d'eux ou des victimes. Parce qu'on est dans une situation d'égalité, de contradictoires et
06:29certains ne doivent pas venir avec une auréole autour de la tête.
06:32La cour d'assises, ce n'est pas une cathédrale et le procès, ce n'est pas un dogme. On a le droit de s'attaquer
06:38à partir du moment où on le fait dans des conditions normales, sans agressivité,
06:42sans méchanceté, on a le droit de s'attaquer ou à tout le moins d'interroger, même un peu
06:48difficilement, la victime, quelle que soit la victime, Gisèle Pellicot ou une autre.
06:52– Merci beaucoup Maître Gonta.
06:55– Merci de m'avoir invité et bonne journée.
06:58– Et bonne journée à vous, merci d'être avec nous sur l'antenne de Sud Radio.

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