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Ouïe. Vue. Odorat. Toucher. Goût. Comment les animaux utilisent-ils leurs cinq sens dans la savane ?

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Animaux
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00:00Dans la savane, ces cris d'alarme sont caractéristiques.
00:05Grosses tensions chez les impalas. Ils ont détecté un prédateur.
00:14Tous leurs sens sont en éveil.
00:19Ils sentent qu'il est là. Ils savent qu'il est proche.
00:27Mais ils ne peuvent pas fuir, faute de savoir dans quelle direction partir.
00:33Voilà la menace. Un léopard. Il est à moins de dix mètres.
00:45Si les impalas n'arrivent pas à le détecter, c'est qu'il est juste au-dessus de leur tête.
00:54Et les impalas ne peuvent pas regarder en l'air.
01:15Cette fois, leur bonne vue n'a pas été utile au gazelle, mais elles avaient senti le léopard.
01:36Alors, il n'a pas réussi à les surprendre par son attaque.
01:40Le prédateur n'engage jamais la poursuite. Sa technique, c'est l'embuscade.
01:47De jour, il échoue quasiment neuf fois sur dix.
01:56Regarder, écouter et sentir.
02:11Dans la savane, qu'on soit petit ou grand et quelle que soit son espèce,
02:20il faut en permanence utiliser ses sens.
02:23Cela permet d'échapper au prédateur, de trouver sa nourriture,
02:32mais aussi de gérer la vie familiale, d'organiser la vie sociale.
02:37Certains privilégient la vue. Pour d'autres, c'est l'ouïe qui domine.
02:52Pour ce phacochère, c'est l'odorat.
03:00Il y a ceux qui voient loin, ceux qui voient la nuit, ceux qui voient en couleur.
03:14Celui-là entend les infrasons.
03:24Il y a sans doute autant de situations que d'espèces.
03:32Le rhinocéros, par exemple.
03:37Il a le museau large, les pavillons d'oreilles bien développés,
03:43mais des yeux tout petits compte tenu de sa taille.
03:46Cela traduit bien la réalité. Le rhinocéros voit très mal.
03:55Il est incapable de distinguer quoi que ce soit au-delà de 15 mètres.
04:03Il compense son handicap par un odorat bien développé et une ouïe très fine.
04:16Ses oreilles, qui bougent de façon indépendante, réagissent au moindre son.
04:25Le problème, c'est que si le vent se lève dans la savane et qu'il souffle dans le mauvais sens,
04:36le rhinocéros se trouve quasiment privé d'informations.
04:40Dans ces conditions, la girafe peut toujours compter sur sa vue.
04:51C'est l'une des meilleures de la savane.
04:55Il semble même qu'elle puisse de façon limitée distinguer les couleurs.
05:06Elle entend par ailleurs très bien.
05:12Avec la tête perchée si haut, pas grand chose ne lui échappe.
05:21Mais cela ne suffit pas toujours pour éviter le pire.
05:25Cette girafe a été attaquée par des lions.
05:37Elle les a sans doute vus venir, mais ils étaient nombreux et ils l'ont harcelé jusqu'à l'épuisement.
05:51Chez les herbivores, les sens sont mis en priorité au service de la détection des prédateurs.
06:10Il y a d'une espèce à l'autre des différences d'acuité auditive, visuelle et olfactive.
06:20Les animaux ont sans doute plus ou moins notion de leur faiblesse respective et des aptitudes de leurs voisins.
06:29Cela expliquerait les rapprochements qui s'opèrent.
06:34En étant plus nombreux au même endroit, avec des capacités sensorielles différentes,
06:45on améliore nettement la sécurité de tous.
06:47Ce waterbuck, qui n'a pas les mêmes besoins ni la même organisation sociale que le gnou ou l'impala,
07:03apprécie néanmoins leur compagnie car il profite de leur vigilance.
07:18Ces trois espèces ont quasiment les mêmes prédateurs et en particulier les guépards.
07:25Dans la famille guépard, bien que les petits aient déjà quelques mois,
07:34la mère ne s'en éloigne jamais sans raison.
07:36Les jeunes le savent et ce départ soudain attise instantanément leur curiosité.
07:47Les uns après les autres, ils avancent instinctivement dans la direction qu'a prise leur mère.
08:01Mais le bouche est épais et la visibilité très limitée.
08:07Faute d'indices sur la direction à suivre,
08:15les jeunes guépards se regroupent et hésitent à s'aventurer davantage.
08:19Le vent souffle dans la bonne direction mais les odeurs qu'ils portent sont trop diffuses et trop mélangées.
08:32C'est finalement le cri d'alarme des impalas qui leur permet de repérer leur mère.
08:38L'arrivée soudaine de tous ces jeunes l'oblige à déclencher prématurément la chasse.
08:46Dans la débandade qui suit l'attaque, les petits guépards se trouvent à nouveau livrés à eux-mêmes.
08:56Ils sont d'autant plus motivés à retrouver leur mère qu'elle pourrait leur fournir de quoi manger.
09:06À cet endroit, le terrain est plus dégagé et les jeunes félins peuvent compter cette fois sur leur vue,
09:16mais faute de résultats, ils appellent.
09:26Chaque petit guépard mobilise tous ses sens et le résultat ne va pas se faire attendre.
09:37Il y a deux bonnes nouvelles, leur mère est tout près de là et elle a réussi sa chasse.
09:49Lorsqu'ils ont capturé une proie, les guépards sont sous la menace permanente de plus fort que.
09:55Des hyènes, un léopard ou des lions.
09:59Alors quand ils mangent, il y a toujours une sentinelle.
10:05Le guépard se fie essentiellement à sa vue.
10:14Comme chez tous les félins, les yeux sont grands.
10:17Ils sont disposés frontalement, ce qui leur permet d'avoir une vue.
10:21Les yeux, c'est l'objectif.
10:24Leur champ de vision est incomparable, 280 degrés.
10:28C'est 100 degrés de plus que chez l'homme.
10:32Mais de jour, leur acuité visuelle ne les dérange pas.
10:36Leurs yeux, c'est l'objectif.
10:39Leurs yeux, c'est l'objectif.
10:42Leurs yeux, c'est l'objectif.
10:45Leurs yeux, c'est l'objectif.
10:48Leurs yeux, c'est l'objectif.
10:52Mais de jour, leur acuité visuelle n'est pas meilleure que la nôtre.
10:56C'est la nuit qu'elle fait la différence.
10:59Elle est alors 6 à 8 fois supérieure à celle des humains.
11:15Si les grands félins voient si bien la nuit,
11:18c'est que leur système oculaire leur permet d'exploiter la moindre lumière.
11:27Pour eux, un soir de pleine lune équivaut quasiment pour nous à un plein jour.
11:35L'œil humain comporte à la fois des bâtonnets,
11:38les cellules sensibles à la lumière,
11:41et des cônes qui permettent de reconstituer la couleur.
11:45Mais la rétine des félins ne comporte quasiment que des bâtonnets.
11:54Conséquence, le léopard ou le lion ne voit pas les couleurs,
11:58mais il voit la nuit.
12:06Il dispose aussi à l'arrière de l'œil d'une couche réfléchissante
12:09qu'on appelle le tapis coroïdien,
12:12qui permet d'augmenter la quantité de lumière qui parvient à la rétine.
12:23Il y a enfin un détail de pelage qu'on retrouve aussi chez le guépard et le lion.
12:28La frange inférieure de l'œil est bordée d'un liseré blanc.
12:32Il pourrait agir comme un réflecteur et renvoyer la moindre lumière disponible.
12:43Les antilopes n'ont pas un système de vision nocturne aussi performant,
12:47mais il en est proche.
12:56Pour équilibrer un peu la lutte qui les oppose au quotidien,
12:59la nature a doté les proies et leurs prédateurs sensiblement des mêmes armes.
13:04Tous les sens sont bien développés, chez les uns comme chez les autres.
13:13Mais il y a une différence de taille.
13:16Chez les antilopes, ils sont mobilisés en permanence,
13:19comme on peut le voir pour cette femelle nyala,
13:22qui progresse avec une extrême prudence.
13:26A tout moment, peut surgir un adversaire qui n'aura qu'une idée en tête,
13:31l'attraper pour la manger.
13:37C'est l'œil.
13:39C'est l'œil.
13:41C'est l'œil.
13:43C'est l'œil.
13:45C'est l'œil.
13:47C'est l'œil.
13:49C'est l'œil.
13:51C'est l'œil.
13:53C'est l'œil.
13:55C'est l'œil.
13:57C'est l'œil.
14:03Pour elle, une seule stratégie possible,
14:06ne jamais se laisser surprendre.
14:15Tous ses sens sont en action,
14:17Elle mobilise ses yeux, ses narines,
14:20En dépit de leurs belles oreilles et d'un flair très développé, les chiens sauvages
14:37utilisent essentiellement leur vue lorsqu'ils chassent.
14:42Plus précisément encore, ils ne chassent que ce qu'ils voient.
14:52Face à ce prédateur, la plupart des gazelles comme ce céphalophe ont une tendance instinctive à la fuite.
15:05Et pourtant, la meilleure chance d'en réchapper c'est, pour ne pas être vu,
15:10de ne pas boucher.
15:15Au passage d'une meute de chiens sauvages, cela suppose beaucoup de sang-froid.
15:33Alors que la meute patrouille à quelques mètres de lui, le racifer s'est mis en boule.
15:41Il ressemble à une mode de terre, ce qui lui sauve la vie.
16:02Contrairement à ce que l'on imagine, les grands prédateurs utilisent assez peu leur odorat pour chasser.
16:11C'est une question d'efficacité.
16:17Il y a trop d'odeurs laissées dans la savane par une multitude d'animaux.
16:25Suivre précisément une trace demanderait beaucoup de temps.
16:30Et pourtant, que ce soit chez les canidés ou les félins,
16:34l'odorat est remarquablement développé et ces animaux y ont recours en permanence.
16:43En fait, il sert essentiellement aux relations sociales.
16:47C'est un outil de communication au sein de l'espèce.
16:59Le lion s'intéresse uniquement aux effluves émises par d'autres lions.
17:09C'est son odorat qui lui permet de savoir si un individu qui passe à proximité appartient à son clan
17:15ou s'il s'agit d'un intrus qui s'aventure sur son territoire.
17:20Pour préciser à chacun l'espace qu'ils contrôlent, les animaux utilisent souvent le marquage.
17:30Ils déposent leur odeur d'une façon ou d'une autre,
17:33souvent comme ces petits chacals, par un jet d'urine.
17:41Chez les lions, cette pratique est plutôt l'appanage des mâles.
17:45Chez les chacals, les deux membres du couple participent.
18:02Le marquage olfactif n'est pas réservé aux carnivores.
18:08Les antilopes, qui sont pour la plupart des lions,
18:12Les antilopes, qui sont pour la plupart territoriales, y ont recours également.
18:23Elles déposent sur le sol ou sur la végétation des sécrétions odorantes
18:27grâce à des glandes qui sont le plus souvent placées sur la tête.
18:32Les glandes odorantes sont bien visibles lorsqu'elles sont placées sous l'œil,
18:36comme chez l'Oreotrax auteur.
18:45L'Oreotrague est une antilope pygmée,
18:48l'un des plus petits spécimens de la famille des bovidés.
18:51Le buffle est cinquante fois plus gros.
19:01Chez ce cousin des antilopes, l'odorat est de loin le sens le plus développé.
19:07Néanmoins, il entend et s'entend très bien.
19:12L'Oreotrague est une antilope pygmée,
19:15l'un des plus petits spécimens de la famille des bovidés.
19:21Il entend et voit correctement.
19:33Les buffles présentent sous les yeux des plaques de peau nues.
19:37On pourrait imaginer qu'elles indiquent la présence de glandes odorantes.
19:43En fait, ils en sont totalement dépourvus.
19:46Ces marques correspondraient simplement à un phénomène d'usure des poils
19:51dû au frottement des oreilles.
20:04Les buffles sollicitent leur odorat à tout propos,
20:07pour détecter les prédateurs, pour chercher leur nourriture
20:11ou quand il s'agit de retrouver leur petit au milieu du troupeau.
20:17L'odorat est le moyen le plus sûr et le plus utilisé dans la savane
20:21pour identifier un autre individu au sein de son groupe ou de sa famille.
20:36Chez les impalas, les petits nés sont les plus nombreux.
20:40Ils sont les plus nombreux dans la savane.
20:43Chez les impalas, les petits naissent presque tous en même temps.
20:56Les femelles organisent une sorte de garde collective de leur jeûne,
21:01pour pouvoir, à tour de rôle, s'éloigner un peu pour aller manger.
21:13Lorsque les mères reviennent, elles se trouvent face à des petits qui sont tous pareils.
21:27Ils leur servent de l'eau pour se nourrir.
21:29Lorsque les mères reviennent, elles se trouvent face à des petits qui sont tous pareils.
21:42Il leur serait impossible de retrouver leur progéniture si chacune ne l'avait marqué de son odeur.
21:54Il suffit de faire le tour des jeunes pour savoir lequel on peut nourrir,
21:58car chez l'impala, pas question de laisser téter le petit d'une autre.
22:19Chez les antilopes, l'odorat est aussi utilisé pour la reproduction.
22:24Il permet aux mâles de connaître le statut sexuel des femelles.
22:31Elles diffusent des phéromones.
22:34Les mâles les analysent grâce à leur organe voméronasal,
22:38un récepteur de cellules odorantes qui est en connexion directe avec le cerveau.
22:53La girafe, qui n'utilise guère son odorat par ailleurs, procède de la même façon.
23:03En analysant l'urine d'une partenaire potentielle,
23:06ce mâle est à même de savoir quasi instantanément si elle est ou non dans une période de fertilité.
23:24L'organe voméronasal est présent chez tous les mammifères,
23:28mais plus ou moins utilisé selon les espèces.
23:37Chez le babouin, lorsqu'il s'agit de connaître le statut des femelles,
23:41on compte plutôt sur la vue.
23:44Ils le lisent sur leurs croupes dont la couleur et la forme évoluent au fur et à mesure du cycle.
23:59Lorsque la couleur est très prononcée, le relief le plus marqué,
24:03on est au cœur de la période de fertilité.
24:06Les vervets utilisent eux aussi un code couleur,
24:09mais chez eux, ce sont les mâles qui l'affichent.
24:19À l'adolescence, ces petits singes développent un certain sens de sensibilité,
24:23et c'est à ce moment-là qu'ils apprennent à s'occuper d'eux-mêmes.
24:27À l'adolescence, ces petits singes développent un scrotum bleu.
24:31Il est d'autant plus voyant qu'il contraste avec la couleur rouge du pénis.
24:40C'est la testostérone qui est à l'origine de ces couleurs vives.
24:50Elles sont plus puissantes que les autres couleurs,
24:54elles sont plus prononcées chez les mâles dominants,
24:57qui s'exposent souvent, jambes écartées,
24:59pour faire valoir leur place dans la hiérarchie du groupe.
25:04Cette particularité permet de déduire à coup sûr que les singes voient en couleur.
25:17Il suffit souvent d'observer les animaux pour en tirer des enseignements précis
25:21sur leur acuité visuelle, olfactive ou auditive.
25:28Un pavillon d'oreilles très développé signifie presque à coup sûr
25:32que l'espèce concernée se mobilise sur l'écoute des sons de la savane.
25:46Mais les grandes oreilles des petits babouins ne doivent pas nous induire en erreur,
25:50car quand ils deviennent adultes, ces pavillons sont beaucoup plus discrets,
25:54ce qui correspond à la réalité.
25:56Pour les babouins, l'ouïe n'est pas un sens très important.
26:00C'est la vue qui domine.
26:10Leurs yeux ne sont pas particulièrement grands,
26:13mais ils sont disposés frontalement, ce qui leur donne une bonne vision binoculaire.
26:21Ces singes voient loin.
26:23On estime qu'ils sont capables de détecter un prédateur immobile à 500 mètres.
26:38Le babouin vit essentiellement au sol, où sa vue est mobilisée en permanence,
26:43à la fois pour assurer sa sécurité et pour protéger les animaux.
26:50Et pour rechercher sa nourriture.
27:00La taille de son museau laisse à penser qu'il a un bon flair.
27:04Il le mobilise essentiellement pour trouver ou sélectionner ce qu'il va manger.
27:14C'est un omnivore et les opportunités sont nombreuses.
27:21Le babouin a une vie sociale animée, où l'occasion lui est donnée de mobiliser tous ses sens.
27:40Ces singes peuvent se disputer sévèrement.
27:44Mais tout aussi vite que le chahut a commencé,
27:47le calme revient sur la troupe, qui reprend sa progression.
28:02Les groupes de babouins avancent souvent de façon très délicate,
28:06mais ils sont toujours prudents.
28:09Les groupes de babouins avancent souvent de façon très dispersée.
28:15Il peut y avoir plusieurs centaines de mètres entre le premier et le dernier de la troupe.
28:27La cohésion du groupe est assurée notamment de façon visuelle.
28:31Elle serait favorisée par un détail anatomique.
28:39Quand on regarde la queue des singes qui avance,
28:42on remarque qu'elle est dressée sur une vingtaine de centimètres, puis fait un coude.
28:46Cette forme caractéristique, qui se rencontre aussi bien chez les mâles que chez les femelles,
28:51s'accentue avec l'âge.
28:56Elle est moins prononcée chez les jeunes.
28:59Cette adaptation morphologique permettrait aux animaux les plus mûrs,
29:03ce qui montre la direction à suivre,
29:05d'être plus facilement visibles pour les suivants,
29:07notamment quand ils s'engagent dans les herbes hautes.
29:29A priori, cette question ne se pose pas pour les éléphants.
29:35Non seulement leurs silhouettes énormes dépassent de partout,
29:38mais avec leur barissement, leurs grandes oreilles et leurs trompes,
29:41ils semblent avoir les moyens de se trouver en toutes circonstances.
29:52Et pourtant, cette mère cherche désespérément son jeune.
29:59Il était près d'elle, au bord de la rivière.
30:02Son attention affaiblie, les roseaux l'ont cachée,
30:06et le petit a disparu.
30:18Cette tortue thérapine le sait.
30:21L'éléphanteau n'est qu'à quelques centimètres de la rivière.
30:24Il lui est caché par le massif de roseaux.
30:27De toute façon, à cette distance, elle ne le verrait pas,
30:31car l'éléphant n'a pas une bonne vue.
30:46Sa mère est tournée dans la bonne direction.
30:49Elle ne veut pas qu'il y ait de l'eau.
30:52Sa mère est tournée dans la bonne direction, mais n'a pas de certitude.
30:57Le bruit de la rivière doit brouiller les sons.
31:01Si elle communiquait d'une façon ou d'une autre avec son éléphanteau,
31:05à coup sûr, elle marcherait vers lui.
31:13Pour le petit, la situation est compliquée.
31:16Non seulement la fatigue se fait sentir,
31:19mais il se trouve à proximité d'un troupeau d'hippopotames
31:22qui n'aiment pas les intrus sur leur territoire.
31:50Le gros mâle aurait pu le noyer
31:53ou d'un coup de mâchoire le couper en deux.
31:57Sans qu'on sache pourquoi, il l'a épargné.
32:04Il le regarde maintenant avec curiosité.
32:11Jamais à l'époque, il n'avait jamais vu un éléphant.
32:16Jamais à coup sûr, les hippopotames n'avaient vécu pareille situation.
32:20Il est tellement improbable qu'un éléphanteau se trouve si loin de son troupeau.
32:34Les îlots couverts de roseaux forment un mur infranchissable.
32:40Impossible d'y mettre pied.
32:46Il n'y a pas d'alternative.
32:49S'il veut trouver la terre ferme, il doit les contourner.
32:55Autrement dit, poursuivre dans l'eau.
33:07De l'autre côté de l'écran de verdure, il y a une mauvaise nouvelle.
33:12Sa mère change de direction et s'éloigne.
33:22Ses sens ne lui ont pas suffi pour localiser son petit.
33:34Qui peut dire ce qu'il est advenu du petit éléphant ?
33:39C'est le secret de la rivière et de ses habitants.
33:45Ils ont pu le voir se noyer d'épuisement ou regagner enfin la rive.
33:55Mais sur la rive, les chances sont faibles pour un éléphanteau si petit
33:59d'échapper aux prédateurs et de retrouver son clan et sa protection légendaire.
34:09Il n'aurait alors qu'une carte à jouer, se faire entendre,
34:13à l'écart cette fois du tumulte de la rivière.
34:20Côté sens, l'audition est sans conteste le point fort des éléphants.
34:28Grâce à leurs grands pavillons, ils captent tous les sons avec une extrême précision.
34:33Ils émettent et entendent des fréquences très basses, jusqu'à 5 Hertz,
34:38qui ne sont pas perçues par l'oreille humaine.
34:46Les pachydermes entendraient aussi d'une certaine façon avec leurs pieds,
34:51qui percevraient jusqu'à 2 kilomètres les ondes de la rivière.
34:56Il semble que les animaux les plus gros aient développé des particularités sensorielles un peu hors normes.
35:03C'est vrai pour le plus grand mammifère terrestre, c'est vrai pour le plus grand oiseau de la savane.
35:16Les pachydermes sont aussi des animaux qui sont très adaptés à l'environnement.
35:22L'autruche qui vit au sol doit se préserver des prédateurs terrestres.
35:37L'autruche est attaquée notamment par les guépards,
35:40mais elle a de longues pattes pour leur tenir tête à la course.
35:44Elles sont terminées par deux doigts.
35:47Le doigt le plus gros est prolongé par une griffe.
35:50L'autruche s'en sert pour creuser le sol ou pour se défendre.
35:54C'est alors une arme redoutable.
35:58Le vrai danger, comme toujours, c'est de se faire surprendre.
36:02Mais l'autruche a deux atouts.
36:05Elle voit et elle entend très bien.
36:12Les pachydermes sont aussi des animaux qui sont très adaptés à l'environnement.
36:17C'est vrai pour le plus grand mammifère terrestre, c'est vrai pour le plus grand oiseau de la savane.
36:28Elle entend par ses deux orifices dirigés vers l'arrière
36:31et protégés par quelques plumes qui leur donnent des allures d'oreille.
36:39Elle voit grâce à un œil exceptionnel.
36:42Il peut discerner un mouvement à trois kilomètres.
36:50Cette vue hors pair est d'autant plus efficace qu'elle est utilisée à partir d'un point haut.
36:55Car la tête de l'autruche se trouve à deux mètres cinquante du sol.
37:04Les zèbres ne s'y trompent pas, ils viennent souvent se mettre en sécurité à proximité du grand oiseau.
37:16Le zèbre a pourtant une très bonne vue d'urne.
37:20La meilleure sans doute chez les herbivores après celle de la girafe.
37:25Mais ses yeux sont placés latéralement, ce qui limite son champ de vision binoculaire,
37:29qui ne couvre que soixante à soixante-dix degrés.
37:39En l'absence d'autruche, le zèbre a donc recours à un classique tête-bêche.
37:51Un œil de zèbre est sensiblement de même taille qu'un cerveau d'autruche.
37:57C'est très petit pour un animal aussi gros.
38:00Mais cela correspond à un ratio commun à la plupart des oiseaux
38:03chez qui l'œil et le cerveau sont sensiblement de même taille.
38:14Mais l'œil est proportionnellement beaucoup plus gros chez l'oiseau que chez les autres vertébrés.
38:21C'est vrai chez les plus grands comme l'outarde de Corrie,
38:29ou des plus petits comme le bulbul, le kéléa à bec rouge ou l'étisera.
38:36Ce qui donne une indication sur l'importance de la vue dans leur vie de tous les jours.
38:51Ce grand calao terrestre arpente la savane pour trouver sa nourriture.
38:57Des insectes, des reptiles, des petits mammifères qu'il cherche avec les yeux.
39:03Voilà sans doute les yeux les plus spectaculaires de la savane.
39:08Les grands îles ont une fonction bien précise, protéger l'œil.
39:13Leurs yeux sont à l'intérieur, et donc les yeux sont à l'extérieur.
39:18Leurs yeux sont au milieu du sol, et alors les yeux sont au milieu du sol.
39:24Les yeux de la savane sont les yeux les plus simples de la savane.
39:27Les grands îles ont une fonction bien précise, protéger l'œil.
39:32Il est très exposé au vol des graminées ou au contact des herbes et des épines quand
39:41ses bucorves se déplacent.
39:43Celui-ci est un jeune, il n'a pas encore la gorge chatoyante de ses parents.
39:55Voilà un autre oiseau qui chasse au sol et lui aussi à vue, le serpentère.
40:07Cet oiseau tout à fait unique est apparenté au rapace d'Urne, on le considère souvent
40:23comme un aigle terrestre, c'est dire combien sa vue est excellente.
40:27Elle profite de particularités qu'on retrouve chez les autres rapaces de la savane.
40:36Il y a les petits, comme ces autours, et les très grands, comme l'aigle pêcheur.
40:50L'aigle ravisseur ou plus redoutable encore, l'aigle martial.
40:58Il y a dans sa rétine cinq fois plus de cellules photoréceptrices que dans la nôtre.
41:09Qui plus est, l'image qu'elle reçoit se concentre sur la partie la plus sensible,
41:15la fovea.
41:17Résultat, il obtient à grande distance une image précise de ce qui l'intéresse.
41:35Ceci dit, il n'y a pas dans la savane d'oiseaux qui est mauvaise vue.
41:46La vision des guépiers sort aussi de l'ordinaire.
41:52Ils ont choisi un poste d'observation et regardent passer les insectes.
42:01Ils sont capables de les suivre des yeux avec précision dans un rayon d'une quinzaine
42:09de mètres.
42:10À intervalles réguliers, ils partent chasser et viennent se reposer sur la même branche.
42:20Il leur faut réussir environ 400 sorties dans la journée.
42:28Chez les oiseaux, comme l'œil est l'organe sensoriel principal, il est précieux.
42:43Il est muni d'un dispositif particulier pour le protéger en toutes circonstances.
42:49L'œil de ce perroquet qui mange l'écorce dans une position acrobatique peut être à
42:59tout moment accroché par une brindille.
43:01Alors, il est protégé par une troisième paupière, la membrane nictitante.
43:09Pour ce marabout haut perché, c'est le souffle du vent qui déclenche par réflexe
43:20la mise en place de ce rideau plus ou moins opaque.
43:22Cette paupière se déplace horizontalement et de façon indépendante pour chaque œil.
43:31Un tel dispositif présente un avantage évident pour les oiseaux plongeurs.
43:46Chez ce Martin Pêcheur Pi, par exemple, la membrane se met en place automatiquement juste
43:58avant le contact avec la surface de l'eau.
44:14Évidemment, tous ces oiseaux voient en couleur.
44:21A quoi servirait autrement le chatoiement de ces plumages ?
44:26Alors que les gazelles se différencient en variant à l'infini toutes les possibilités
44:39d'une même teinte, les oiseaux s'exposent dans une formidable palette de coloris.
44:44L'un des oiseaux les plus beaux et les plus communs de la savane, le relié à l'ombrin
45:03est un modèle du genre.
45:04C'est une espèce chez qui mâles et femelles sont semblables et dont le plumage est déjà
45:13si chatoyant qu'il n'en change pas au moment de la phase nuptiale.
45:17Mais le plus souvent, comme chez ces martins caronculés, en période de reproduction, le
45:29mâle se fait remarquer par un changement d'aspect.
45:32Sa tête sorne de jaune vif et il lui pousse des appendices de peau noire sous le bec.
45:41À ce moment, les mâles ont une double obsession, se faire voir et se faire entendre.
45:49Des milliers de champs se mêlent, mais chacun ne s'intéresse qu'à un seul, celui de son espèce.
46:07Posté bien en évidence pour montrer qu'il est chez lui, le martin chasseur du Sénégal
46:26écoute avec attention le chant d'un concurrent qui lui conteste son territoire.
46:30Un mybis haguédache cherche sa nourriture.
46:44L'oiseau ne compte pas sur sa vue, mais sur son odorat.
46:49Son long bec est doté de chimio-récepteurs qui lui permettent de détecter les odeurs
46:55et de piocher au bon endroit.
46:57Chez l'hybis tantale, le bec fait appel à un autre sens, celui du toucher.
47:13Non seulement c'est un outil que l'oiseau manie avec une extrême précision, mais il
47:18est équipé de capteurs tactiles.
47:20Quand la cigogne pêche, il se déclenche par réflexe s'il vient au contact d'un poisson.
47:32A voir ces oiseaux faire leur plumage, on a un sentiment de grande coordination entre
47:51deux sens, ceux de la vue et du toucher.
47:55Mais le toucher, le vrai, celui qui crée le lien social ou l'entretien est d'une autre
48:07nature.
48:08Et il y a dans la savane un organe unique pour l'évoquer, la trompe de l'éléphant.
48:17C'est un appendice nasal hypertrophié.
48:29Conçu pour respirer, pour sentir, il est en vérité la main qui manquait à l'éléphant
48:40pour tout faire.
48:41Une main ferme et sensible, le moyen privilégié pour communiquer avec ses frères.
48:52Ce matin, un francolin s'est perché pour se faire voir et se faire entendre.
49:05Pendant que les babouins regardent le lever du soleil, leur petit est parti voir ce qui
49:17se passe à la rivière.
49:18Il y a là un grand mâle et quelques membres de son clan.
49:29Plus loin, une jeune femelle est collée à son éléphanteau.
49:39Peut-être qu'un miracle s'est produit, mais pour nous, tous les petits éléphants
49:49se ressemblent.

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