• le mois dernier
Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h à 14h sur #SudRadio.

Avec Jérôme Sourisseau, viticulteur, maire de Bourg-Charente, président de l'agglomération Grand Cognac


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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-10-09##

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Transcription
00:00Patatrasse ! Patatrasse ! Qu'est-ce qui se passe ?
00:03Eh bien, les autorités chinoises viennent d'annoncer, à partir du 11 octobre prochain, là, là, tout de suite,
00:09eh bien, ils vont mettre des droits addictionnels à l'importation pour toutes les boissons spiritueuses
00:15à base de vin originaire de l'Union Européenne.
00:17Des taxes, oui, toutes les boissons à base de vin originaire de l'Union Européenne,
00:21autrement dit, principalement le cognac, l'armagnac et les brandises, voilà.
00:26Qu'est-ce qu'ils veulent les Chinois ?
00:27Eh bien, ils exigent de la part des importateurs la mise en place de cautions
00:31correspondant au niveau des droits annoncés le 29 août dernier,
00:34soit une moyenne de 37% d'addition, plus 35% d'impôts sur les exportations, pour nous,
00:40de cognac, d'armagnac et compagnie.
00:42Pourquoi ? Évidemment, vengeance, vengeance !
00:45Ils veulent répondre aux décisions prises par l'Europe, le 4 octobre, là, très récemment,
00:52en faveur de la taxation des voitures électriques chinoises.
00:56Alors, voilà, vous nous taxez nos voitures électriques,
00:58eh bien, vous allez voir ce qu'on va faire avec vos implantations.
01:01Bonjour Jérôme Sourisseau.
01:03Bonjour.
01:04Bonjour M. Sourisseau, vous êtes viticulteur, vous êtes maire de Bourg-en-Charente
01:07et vous êtes président de l'organisation du Grand Cognac.
01:10Donc, vous connaissez cette musique, cette musique qu'on aime bien,
01:13le cognac et l'armagnac, franchement, pas où le cacher, on aime bien.
01:17Et on a l'impression, on se rappelle, comme ça,
01:19la grande bagarre de Trump, quand il était président des États-Unis,
01:24avec les Chinois, c'était pour d'autres importations et exportations,
01:27mais ça a bardé.
01:28Et alors là, de quoi s'agit-il exactement ?
01:30On a un peu expliqué, mais c'est vraiment une espèce de revanche
01:35ou de réponse des Chinois aux taxations des voitures électriques ?
01:39C'est bien ça ?
01:40C'est exactement ça, en fait.
01:41Depuis que la Commission européenne a lancé une enquête anti-dumping
01:46sur la vente de véhicules électriques chinois sur le marché européen,
01:51le gouvernement chinois a lancé une enquête anti-dumping
01:55sur les maisons de cognac situées, évidemment, dans notre territoire.
02:00C'est une enquête qui est menée depuis le mois de janvier,
02:02qui a nécessité de très gros investissements de la part des maisons de cognac
02:06pour répondre à toutes les questions du gouvernement chinois.
02:10Oui.
02:10Évidemment, c'est un engagement financier très important
02:13pour démontrer d'abord, sur le fond du sujet,
02:15en étant sur le fond, qu'il n'y avait pas de dumping.
02:19Mais en fait, ce sujet nous dépasse complètement,
02:22parce que, comme vous l'avez évoqué, c'est un sujet de politique,
02:25de guerre commerciale, de bras de fer entre deux continents,
02:30entre un pays et un continent.
02:32Et aujourd'hui, le cognac, comme souvent,
02:34vous l'avez dit, vous adorez le cognac et je vous en félicite,
02:38c'est un symbole de la France.
02:40Et dans son histoire, on a souvent été l'objet d'otages,
02:44d'enjeux qui nous dépassent complètement
02:46et qui est donc utilisé à chaque fois comme menace
02:51pour essayer d'obtenir une meilleure négociation
02:55ou en tout cas, d'essayer de gagner le bras de fer.
02:57Donc, c'est très dommageable pour la filière.
03:00C'est une filière qui fonctionne, qui est très structurée,
03:02mais évidemment, et qui existe sur le continent asiatique
03:05depuis le début du 19e siècle.
03:08C'est une vieille histoire.
03:09Oui, c'est ça, il faut rappeler cela.
03:12Mais justement, donc, si je comprends bien Jérôme Sourisseau,
03:16vous dites qu'en fait, vous servez de prétexte
03:19et vous servez de proxy, comme on dit aujourd'hui
03:21dans un domaine géopolitique, à une lutte qui,
03:25comme vous dites, non seulement vous dépasse,
03:27c'est-à-dire on fait une lutte politique, on fait une lutte
03:28et on utilise, on dit, ah bon, maintenant,
03:30ben on va voir, on va jouer avec le cognac,
03:32on va jouer avec ceci, avec cela.
03:34C'est presque que vous êtes, en fait,
03:35vous assistez presque à puissant à une lutte qui n'est pas la vôtre.
03:39Et c'est exactement ça. Et c'est terrible.
03:42Et c'est terrible parce qu'il y a un sentiment local en plus
03:44que le gouvernement, l'État, va au bras de fer.
03:50La région a demandé, dans un premier temps,
03:53au moins de demander à la Commission européenne
03:55un mois supplémentaire pour essayer de négocier,
03:58pour essayer de trouver des compromis,
04:00des choses qui permettraient.
04:02Bon, malheureusement, le vote a eu lieu la semaine dernière.
04:04La France ne s'est pas abstenue,
04:06contrairement à l'Allemagne ou d'autres pays.
04:08Elle a voté pour la taxation et vraiment, on le regrette
04:12parce que c'est un gros travail que l'on mène
04:14entre les acteurs de la filière, les élus locaux,
04:16de rendez-vous parisiens, d'expliquer la situation.
04:19Et c'est une filière qui est exportée à 98%,
04:23qui est extrêmement positive dans la balance commerciale de la France.
04:26Et on en a besoin. Ne cassons pas ce bijou entre nous.
04:30Et donc, essayons de trouver des compromis jusqu'au bout.
04:33Et c'est ce qu'on a essayé d'obtenir.
04:34Oui, alors vous dites, c'est intéressant,
04:36vous dites que la France a voté pour la taxation.
04:39J'allais dire, elle est allée en fresque,
04:41enfin, en faveur de la Chine, en disant
04:43oui, écoutez, vous pouvez taxer, effectivement,
04:46l'Armagnac, le Cognac et les Brandy's.
04:48La France a voté pour ou pas ?
04:50Elle a dit à la Commission européenne,
04:51oui, on y va, on taxe tout de suite les voitures chinoises.
04:54C'est ce qu'a dit l'État français.
04:55Ah d'accord, oui, sans attendre.
04:57Oui, voilà.
04:58Mais en fait, la Chine s'attaque, évidemment,
05:01il dit les vins de l'Union européenne.
05:03Enfin, l'Armagnac et le Cognac, ce n'est pas dans toute l'Europe.
05:06C'est le moins que l'on puisse dire, effectivement.
05:09Non, clairement, la cible,
05:11compte tenu des critères qui sont posés,
05:13la cible, c'est le Cognac qui est visé à 99%.
05:17Alors maintenant, la Chine commence à élargir
05:20sur le porc, sur le lait,
05:22sur d'autres dorés que la France exporte.
05:26Alors là, c'est aussi extrêmement catastrophique,
05:29mais on sent qu'il y a une volonté d'élargir
05:31dans ce bras de fer commercial qu'il y a entre les deux.
05:33Et en fait, c'est ça, c'est une...
05:36Et le bras de fer est entre l'Europe,
05:38la Commission européenne et la Chine,
05:40pas seulement la France.
05:41Mais la France, ce que vous dites,
05:43peut être l'une des principales victimes
05:45de cette guerre commerciale.
05:47Clairement, à cet instant, c'est le Cognac,
05:49la très grosse victime, on doit représenter
05:51à peu près 98% des conséquences,
05:55si je peux m'exprimer ainsi.
05:57Donc, clairement, c'est le Cognac qui est visé.
06:00Combien vous vendez en Chine ?
06:03Vous savez, quelle est la proportion, justement ?
06:05Vous savez que c'est très populaire en Chine,
06:06le Cognac, l'Armaniac et autres.
06:08Combien vous vendez ?
06:10En gros, si je dois vous symboliser,
06:12les très grandes masses,
06:14modulant les fluctuations des dernières années,
06:16il y a 200 millions de bouteilles qui partent
06:18de Cognac par an.
06:1950% aux États-Unis, 30% en Chine.
06:22Avec une spécificité,
06:24donc 30%, vous voyez, c'est 60 millions de bouteilles,
06:26à peu près.
06:27Avec une spécificité, c'est que les Chinois
06:30adorent du Cognac plutôt haut de gamme,
06:33vieilli, très travaillé.
06:35Donc, c'est un marché très important pour la région
06:38parce que c'est un Cognac où il y a de la pluve à vue.
06:40Plus que sur le marché américain,
06:42qui va être des Cognacs plus à boire en cocktail,
06:45en accompagnement, etc.
06:47Donc, c'est très complémentaire.
06:49Alors que les Chinois préfèrent le Cognac
06:51un peu déjà vieilli, comment dire ?
06:54Oui, tout à fait, de gamme supérieure.
06:56De gamme supérieure, d'accord.
06:58Et oui, et puis, quelques dizaines de millions,
07:00ce n'est pas négligeable.
07:02Et aujourd'hui, alors, on est au statu quo,
07:04où en fait, les dates, ça y est,
07:06c'est-à-dire qu'on va vers le 11 octobre, effectivement,
07:09vers cette tactation de plus de 35%.
07:12Pour vous, les dés sont jetés,
07:15c'est joué, la partie est jouée ou pas ?
07:17La position de la région,
07:19c'est qu'on va se battre jusqu'au bout.
07:21À cet instant, les opérateurs ont bien reçu
07:24la consigne de cautionner cet axe.
07:27Donc, il va falloir qu'ils versent la somme.
07:29Alors, il y a encore des...
07:31Je m'entretais ce matin encore avec le président
07:33du bureau national du Cognac.
07:35Toutes les modalités techniques ne sont pas encore connues.
07:37Donc, il y a encore des choses à préciser.
07:39Tout le monde se bat,
07:41il enchaîne les rendez-vous pour essayer d'obtenir
07:43une inflexion de la position européenne.
07:45On ne se permet pas de juger, nous,
07:47la bataille qu'il y a
07:49entre la Commission européenne et les Chinois,
07:51l'État chinois.
07:53On ne veut pas entrer dedans.
07:55On veut simplement bien faire voir
07:57qu'il n'y a pas de raison que nous soyons les victimes.
07:59Mais on ne veut pas, entre guillemets,
08:01parce que l'un des premiers éléments
08:03était de dire que la Commission européenne
08:05va réfléchir à comment accompagner
08:07le territoire s'il y a des mesures de rétention.
08:09Mais notre projet premier, nous, c'est de vendre du Cognac.
08:11On ne demande pas d'argent public.
08:13C'est de maintenir nos marchés.
08:15Le Cognac se vend à 98% à l'étranger.
08:17Et j'invite d'ailleurs...
08:19Vous êtes amateur
08:21à ce que les Français redécouvrent
08:23ce fleuron français
08:25vieux de plus de 300 ans.
08:27Mais nous, ce qu'on demande, c'est simplement
08:29de faire commerce, qu'on ne soit pas entravés
08:31et qu'il n'y ait pas besoin d'argent public
08:33parce qu'en ce moment, en plus, l'argent public
08:35est assez rare et recherché.
08:37Comme vous le savez,
08:393 300 milliards d'euros de dettes.
08:41Tout va bien.
08:43Nous sommes vraiment absolument...
08:45Nous regorgeons d'argent.
08:47Nous regorgeons de liquidités.
08:49Mais ce qui est extraordinaire
08:51dans cette histoire,
08:53et au-delà du Cognac,
08:55mais c'est très important,
08:57c'est que ce sont les fleurons français.
08:59Que les fleurons français, que ce qui fait
09:01notre force d'exportation encore,
09:03non seulement le luxe,
09:05mais un certain nombre de valeurs,
09:07un certain nombre de produits,
09:09on a l'impression qu'on est pris à les brader.
09:11C'est ça qui...
09:13Je parle à titre personnel,
09:15mais c'est ça qui étonne.
09:17Au lieu de se dire qu'on va essayer de se battre,
09:19simplement, encore une fois,
09:21on va se battre contre l'Europe.
09:23Vous allez me dire, c'est l'Amérique,
09:25on ne sait pas la France,
09:27mais les Etats-Unis, quand il y a eu le bras de fer
09:29entre les Etats-Unis et la Chine,
09:31tout le monde disait, ça y est,
09:33on ne peut rien faire avec les Chinois, c'est fini.
09:35Ils ne se sont pas inclinés,
09:37ils ont joué.
09:39Est-ce que nous avons, nous, les moyens,
09:41tout le problème, la France ou l'Europe,
09:43de jouer un vrai bras de fer
09:45où nous allons nous incliner,
09:47that is the question.
09:49Le compromis est toujours la meilleure solution
09:51quand on regarde dans l'histoire.
09:53La sensation qu'on a un petit peu,
09:55c'est qu'il y a une confusion.
09:57Les grandes marques de cognac
09:59appartiennent à des groupes mondialement connus,
10:01qui sont en général
10:03des groupes avec une surface financière
10:05extrêmement importante.
10:07Je pense qu'il peut y avoir le bien de juger,
10:09de dire, bon, ils vont assumer.
10:11Ils vont assumer ce risque que nous prenons
10:13dans ce bras de fer face aux voitures électriques.
10:15Ce qu'il faut bien mesurer,
10:17c'est que la répercussion,
10:19évidemment, elle sera sur ces entreprises
10:21qui appartiennent à des groupes,
10:23mais elle sera aussi sur les 4200 viticulteurs,
10:25sur les 70 000 emplois indirects
10:27qui sont concernés par la filière cognac
10:29sur l'ensemble des deux départements,
10:31Charente et Charente-Maritime.
10:33S'il y a moins de volume,
10:35demain, c'est moins de produits
10:37vendus par des viticulteurs
10:39dans une région qui, globalement,
10:41se débrouille toute seule,
10:43n'a pas eu trop besoin d'aide par le passé,
10:45qui ont toujours géré ces équilibres.
10:47Et c'est ça, les conséquences.
10:49C'est pas uniquement sur les grandes maisons
10:51et les grands groupes qui ont peut-être
10:53les capacités d'absorber un choc.
10:55C'est que derrière, c'est moins de matière première,
10:57donc c'est les viticulteurs qui sont concernés derrière.
10:59Et c'est bien ça, et c'est bien le problème,
11:01et c'est bien pourquoi le problème est politique.
11:03Et c'est pour ça qu'il faut que les politiques
11:05aussi vous entendent, nous entendent,
11:07et se disent qu'il faut bien voir.
11:09Ce n'est pas uniquement en...
11:11Parce que c'est très joli quand tu dis
11:13que c'est pas cher, c'est l'État qui paye.
11:15Si, c'est cher quand l'État paye,
11:17parce que l'État, c'est nous.
11:19Merci M. Sourisseau.

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