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00:00Bonsoir à toutes et à tous, à la veille de la présentation du budget de l'État et de la Sécurité sociale.
00:09Et alors que le gouvernement prépare les esprits à des efforts considérables pour redresser les comptes publics,
00:15l'inquiétude se fait de plus en plus vive chez certains secteurs qui craignent le coup drabeau des mesures d'économie les impactant.
00:23Bonsoir Jean-Christophe Amarantinis.
00:25Bonsoir.
00:26Vous êtes le président du SINERPA, première confédération des acteurs privés du grand âge.
00:32Ehpad, soins à domicile, 300 000 personnes hébergées et aidées, 150 000 salariés au total.
00:38D'après un document de travail du budget de la Sécu qui a pu consulter France Info, le déficit de la Sécu sera de l'ordre de 18 milliards d'euros cette année.
00:48Bien plus qu'attendu au départ, donc plus de 6 milliards pour la seule branche vieillesse.
00:52Qu'est-ce que cela vous inspire ? Est-ce que vous craignez des mesures d'économie ?
00:55En effet on redoute, on est très inquiet, on redoute des mesures d'économie importantes et on est extrêmement inquiet puisque nous sollicitons,
01:03nous interpellons les pouvoirs publics depuis plusieurs mois avec nos collègues des autres fédérations,
01:09puisque le secteur des Ehpad est en grande difficulté financière, économique et ceci depuis plusieurs mois.
01:15Et donc ça veut dire qu'il n'y aura pas ce plan de grand plan grand âge attendu depuis longtemps par vos fédérations
01:22et promis ce grand plan par Emmanuel Macron de longue date.
01:26De longue date et voilà pour l'instant malheureusement les informations que nous avons nous laissent augurer une certaine austérité budgétaire et qui encore une fois nous inquiète fortement.
01:38Et comment cette austérité budgétaire que vous craignez, comment est-ce qu'elle peut se traduire concrètement pour les Ehpad, notamment Jean-Christophe Amarantinis ?
01:49Eh bien les Ehpad sont en difficulté notamment par l'intermédiaire de ce que l'on appelle les tarifs administrés,
01:57qui sont des recettes qui sont fixées par l'assurance maladie et par les départements, donc les collectivités territoriales.
02:04Ces tarifs-là, ces recettes-là sont insuffisantes et n'ont pas suivi l'inflation et donc l'augmentation des charges ces deux dernières années.
02:12Et donc l'effet aujourd'hui c'est que ces établissements sont en décalage entre leurs recettes et leurs charges et alors qu'il faudrait un financement supplémentaire
02:24et une injection importante de capitaux au sein de ces établissements pour les remettre à flot, le fait qu'un coup de rabot soit annoncé nous inquiète fortement.
02:33Et donc vous avez commencé à parler des informations dont vous disposez, ce coup de rabot, vous avez des informations qui vous laissent dire que ça va être une réalité ?
02:41Nous n'avons pas d'informations sur l'analyse et sur les chiffres tels qu'ils vont être mis en oeuvre au niveau de ce PLFSS 2025 que nous attendons d'un jour à un autre.
02:53Malheureusement, mais bon, comme nous essayons d'avoir des informations précises au niveau de nos intermédiaires, de nos administrations, de nos élus
03:03et que nous n'avons pas d'informations concrètes, précises qui nous laissent augurer que nous serons pris en considération au niveau de nos demandes,
03:13nous sommes extrêmement inquiets vu toutes les annonces, je l'ai évoqué tout à l'heure, d'austérité budgétaire et d'endettement significatif des finances publiques.
03:22Donc nous sommes très inquiets quant au traitement de nos revendications et de nos réclamations.
03:27Et donc en attendant, comment ça se passe pour les EHPAD notamment ? Est-ce que les conditions de travail se dégradent ? Comment ça se passe pour l'accueil des patients, des familles ?
03:39On sait que vous avez des besoins de recrutement qui sont énormes.
03:42Oui, donc nous essayons de mettre en oeuvre des politiques de fidélisation, d'attractivité au niveau des salariés que nous devons recruter puisque nous avons énormément de difficultés à fidéliser le personnel.
03:57C'est-à-dire qu'il s'en va ?
03:59Ce sont des métiers en tension, ce sont des métiers pénibles et donc nous essayons d'organiser le travail pour que ce soit moins pénible et plus valorisant,
04:08donc en essayant d'être plus attractif en termes de rémunération, en termes de formation.
04:13Ils sont à combien les salaires aujourd'hui ?
04:15Je n'ai pas en tête les salaires qui sont pratiqués au niveau du personnel soignant, mais ce sont des salaires qui sont conventionnels avec une série d'intéressements, une série de primes spécifiques.
04:28D'ailleurs, notre secteur, le secteur commercial, n'a pas bénéficié ces derniers mois de ce qu'on appelle les primes de suggestions, qui sont des mesures qui ont été octroyées par l'ex-première ministre en juillet 2023 au secteur public et au secteur associatif.
04:44Et nos établissements, donc les EHPAD commerciaux qui font le même job, et notamment le personnel soignant qui a les mêmes responsabilités que leurs collègues des établissements publics et associatifs, n'ont pas pu bénéficier de ces mesures-là.
04:56Donc c'est extrêmement pénible et inquiétant là aussi, parce que ça crée une espèce de fuite du personnel soignant du secteur commercial vers d'autres établissements de statut différent.
05:09Et donc ça veut dire que vous n'avez pas bon espoir de recruter, de pourvoir tous les postes qui sont à pourvoir chez vous ?
05:17J'avais vu des chiffres passés, ils étaient très impressionnants, sachant qu'il y a une urgence démographique, le nombre de personnes âgées va ne faire qu'augmenter jusqu'en 2030 pour atteindre plus de 6 millions de personnes.
05:30Il y a une urgence démographique à traiter.
05:32Oui, tout à fait. Il y a ce qu'on appelle un tsunami démographique auquel va être confrontée la France.
05:38Avec plus de 50% des personnes âgées qui ont entre 75 ans et 85 ans, donc à horizon 2030 et 2040.
05:45Et donc pour accompagner cette augmentation de l'espérance de vie et donc ce besoin en soins et en accompagnement de la dépendance, nous avons besoin de 400 000 personnes supplémentaires à recruter, à former et à fidéliser.
05:59Donc ça va être compliqué.
06:01Le Premier ministre Michel Barnier n'a pas eu un mot pour le grand âge lors de sa déclaration de politique générale.
06:07Vous l'avez d'ailleurs déploré sur X, anciennement Twitter.
06:11Est-ce que c'est un oubli ou est-ce que ça veut dire justement que ça ne fait pas partie de ses priorités politiques du moment ?
06:18Je pense que ça a été un oubli certainement.
06:22Ses conseillers ne l'ont pas certainement sensibilisé à ce sujet-là.
06:27Mais nous nous sommes empressés dès le lendemain de faire passer des messages et différents communiqués de presse pour sensibiliser à la fois le Premier ministre et toutes ses équipes.
06:38Il y a d'autres priorités qui ont été annoncées comme notamment la santé mentale.
06:41On a dans notre organisation, dans nos priorités, des sujets d'accompagnement des personnages désorientés qui sont atteints de pathologies d'Alzheimer et de pathologies mentales.
06:55Donc on est dans cette dynamique également de priorité d'accompagnement des personnes atteintes de pathologies d'Alzheimer.
07:03Est-ce que vous avez un message à faire passer ?
07:06Si vous aviez des choses à demander concrètement aujourd'hui au nouveau gouvernement, au nouveau Premier ministre, quelles seraient-elles ?
07:12Quelles seraient vos priorités pour le secteur du comptage ?
07:15La première priorité c'est d'injecter massivement ce que l'on appelle des financements dans les dotations-soins pour les remettre à flot,
07:26tous secteurs confondus, publics, associatifs, privés, de façon à pouvoir les remettre en ordre, en équilibre, de manière à ce qu'ils fassent leur métier correctement et qu'ils ne soient pas menacés financièrement.
07:37Ça c'est le premier point.
07:39Ensuite traiter les personnels des établissements de tous statuts différents de manière équitable.
07:47Tout à l'heure j'évoquais les mesures bornes et également miser sur des augmentations d'effectifs pour être beaucoup moins pénibles,
07:57pour que les établissements offrent des conditions de travail moins pénibles en augmentant le nombre de salariés rattachés à ces structures et notamment les personnels soignants.
08:06Parmi les pistes qui sont contenues dans le projet de loi de Sécu qu'on a pu consulter, il y a l'extension de l'expérimentation d'un forfait unique.
08:12Est-ce que déjà ce serait une seule piste, un seul forfait, un seul financement et pas un petit bout par le biais de l'ARS, de l'État et de l'autre du département ?
08:22Est-ce que c'est une bonne piste ?
08:24Vous faites référence à ce qu'on appelle la fusion des forfaits-soins et dépendances.
08:31Un seul guichet pour vous ?
08:34Un guichet unique, un interlocuteur unique, en l'occurrence l'agence régionale de santé qui serait l'interlocuteur des établissements, qui tarifierait les établissements et qui délivrerait une recette unique.
08:42Ça aurait le mérite d'avoir un seul interlocuteur et surtout de pouvoir discuter avec une seule autorité qui permettrait d'anticiper et de financer de manière pluriannuelle et par anticipation toute une série d'engagements et d'investissements pour les établissements.
08:57Donc on y est favorable à 200%.
08:59Et a priori c'est dans le projet de loi de budget de la sécurité sociale qui sera présenté demain en Conseil des ministres.
09:06Merci beaucoup Jean-Christophe Amarantinis, président du SINERPA, première confédération des acteurs privés du grand âge.
09:13Vous étiez l'invité écho de France Info ce soir.
09:15Merci.