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00:00Bonsoir à toutes et à tous, ce soir dans l'Invité Éco, je reçois le président de
00:08Domia Group, un des principaux groupes de services à la personne puisqu'il regroupe
00:13les sociétés Shiva spécialisées dans le ménage, à domicile et Acadomia, les cours
00:18à domicile plus nos aimés.
00:20Bonsoir Maxime Ayash.
00:21Bonsoir.
00:22Le service à la personne est votre cœur de métier, ce n'est pas vous faire offense
00:25que de dire que ce sont parfois des métiers peu qualifiés, payés au niveau du SMIC.
00:30Le projet de loi de finances examiné en ce moment à l'Assemblée Nationale prévoit
00:35une baisse des exonérations de cotisations.
00:37Le patronat, vous l'avez entendu, est vent debout, à commencer par le patron du MEDEF,
00:41qui dit que ce sont des centaines de milliers d'emplois qui risquent d'être détruits.
00:46Il exagère ou est-ce qu'il a raison ?
00:47Bon, je vais vous parler de ce que je connais bien, à savoir mon secteur d'activité.
00:51Alors, dans nos métiers, notamment sur Shiva, qui est un peu différent de ce qu'on a
00:54chez l'académie au niveau de l'enseignement, les gens d'abord sont mieux payés et on
00:58réalise, si vous voulez, que dans nos métiers, il est indispensable de bien payer les gens
01:02parce que s'ils ne sont pas bien payés, ils ne viennent pas chez nous, ils ne viennent
01:04pas collaborer avec nous, ils travaillent de manière dissimulée et ce n'est pas bon
01:10pour nos entreprises.
01:11Donc, les gens chez nous sont bien payés.
01:14Donc pas au niveau du SMIC ?
01:15Non, à peu près 20 à 25% au-dessus du SMIC.
01:18C'est probablement encore insuffisant, mais on est malgré tout loin du SMIC.
01:23Alors, est-ce que tout de même, cette baisse des exonérations de cotisations qui sont
01:26prévues par le projet de loi de finances de la Sécurité Sociale, est-ce que ça risque
01:31d'empiéter sur les salaires et même sur les emplois ?
01:33Alors, il faut savoir une chose, c'est qu'effectivement, dans notre secteur d'activité, tout ce qui
01:38contribue à augmenter le coût de revient se répercute forcément, au moins en partie,
01:42sur le prix de vente et tout ce qui contribue à une augmentation du prix de vente, détériore
01:46la demande et diminue, je dirais, par contagion, les embauches.
01:52Je ne suis pas pour tout ce qui contribue à augmenter le coût de revient.
01:56Alors, le coût de revient, c'est augmenter le coût du travail ?
01:58Évidemment, quand on l'augmente, ça augmente et ce n'est pas forcément une bonne idée.
02:02Moi, je pense qu'aujourd'hui, on est très fortement fiscalisé, on est très fortement
02:06imposé au niveau fiscal, mais également au niveau social, il faut vraiment le savoir.
02:09Je pense qu'il est beaucoup plus intéressant et beaucoup plus...
02:11Alors, c'est peut-être plus difficile également de diminuer les dépenses que d'augmenter
02:17le taxe impôt cotisation sociale.
02:19Alors, est-ce que, tout de même, est-ce que vous pensez que les employeurs, puisque
02:23ce sont plutôt des employeurs, par exemple, moi, si j'emploie une femme de ménage, c'est
02:26moi qui vais être employeur, est-ce que je vais avoir tendance à ne pas augmenter les
02:32salaires des personnes que j'emploie ou est-ce que vous, vous risquez de ne pas recruter
02:37davantage ? Est-ce qu'il y a un risque ?
02:39Mais bien sûr qu'il y a un risque.
02:40Puisque c'est ce que dit le MEDEF aujourd'hui.
02:41Évidemment qu'il y a un risque, ils ont raison, ils ont raison qu'il y a un risque.
02:44Bien sûr, vous savez, c'est très simple, vous voyez, on vous augmente d'un euro, un
02:48euro cinquante de l'heure.
02:49Évidemment, à un moment donné, ça peut être anodin ou ça peut être beaucoup, ça
02:53dépend de la situation des consommateurs.
02:54Mais vous savez, il faut avoir à l'esprit que les gens qui viennent consommer chez nous,
02:59on est très, très loin, on est très, très loin de l'image des gens qui sont la grande
03:04bourgeoisie, les gens de Paris, des clichés du 16e arrondissement, on en est très, très
03:08loin.
03:09Les consommateurs qui viennent chez nous aujourd'hui, c'est monsieur et madame tout le monde.
03:12C'est-à-dire que nous avons toutes les catégories de population.
03:15Vous savez, il y a près de 4 millions de personnes qui ont recours à nos services.
03:194 millions pour la garde d'enfants, pour l'accompagnement pour des personnes âgées,
03:22pour l'entretien de leur maison.
03:24Et ce qu'on se constate, si vous voulez, c'est qu'avec la mise en œuvre du crédit
03:26d'impôt instantané, ce sont des gens de plus en plus modestes, ce qu'on dit dans
03:30le jargon un peu technocratique, les déciles inférieurs, c'est-à-dire les gens plus
03:33modestes qui ont recours à nos services.
03:35Vous bénéficiez quand même du crédit d'impôt important, l'emploi à domicile, c'est 6
03:39milliards d'euros par an, c'est déjà beaucoup.
03:42Oui, c'est beaucoup.
03:43Vous plaidez pour une baisse des dépenses publiques.
03:47Les exonérations de cotisations, c'est 75 milliards d'euros par an.
03:51Il faut savoir ce que vous voulez.
03:52Mais moi, je suis, si vous voulez, je me bats pour le maintien du statu quo.
03:58Pourquoi ? Parce que le statu quo, il est rentable pour tout le monde, il est efficace
04:00pour tout le monde.
04:01Maintenant, si on prend un petit peu de recul, et vous avez raison, c'est un secteur qui
04:04est accompagné, mais il faut savoir ce qu'est l'alternative.
04:06Et je vais revenir sur les chiffres.
04:07L'alternative, c'est quoi ? C'est comme c'était avant, c'est-à-dire le travail occulte.
04:09En France, aujourd'hui, le travail occulte, le travail dissimulé, le travail au noir,
04:14appelez-le comme vous voulez.
04:15Et ça, c'est ça.
04:16Aujourd'hui, en France, il a très significativement diminué.
04:19Parce qu'il y a ces crédits d'impôt, notamment ?
04:20Parce que ça coûte moins cher.
04:21Parce qu'aujourd'hui, quand vous prenez une heure de ménage, qu'après crédit d'impôt,
04:26je vous dis, chère madame, vous allez payer 14 euros net après impôt, tout confondu,
04:31et que vous payez le travail au noir, c'est à peu près 14 ou 15 euros.
04:33Naturellement, vous avez intérêt à travailler avec Chiba.
04:35Donc là-dessus, vous êtes content, puisqu'on ne touche pas au crédit d'impôt pour l'instant.
04:39Ça marche.
04:40Mais vous avez craint un moment, qu'on touche à ces crédits d'impôt ?
04:44Bien sûr, ce que j'ai craint, c'est qu'on y touche et j'ai craint qu'on le change.
04:47Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on est en train de créer 400 000 emplois.
04:51C'est pas rien.
04:52Je veux qu'on dise également qu'on rapporte beaucoup plus d'argent qu'on en coûte.
04:56Ça ne veut pas dire qu'il y a des choses qu'on ne peut pas améliorer, ça ne veut
04:58pas dire qu'il y a des abus, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire mieux.
05:00Mais malgré tout, le système est une excellence française et je crois qu'il faut qu'on
05:03se le dise.
05:04Ces exonérations de cotisations, la baisse des exonérations de cotisations, c'est finalement
05:09un moindre bâle pour votre secteur, celui de l'emploi à domicile, quand on voit que
05:13dans le même temps, on ne touche pas au crédit d'impôt sur l'emploi à domicile.
05:15Je considère que c'est un moindre bâle, mais je considère néanmoins que ce n'est
05:17pas forcément une bonne mesure.
05:18Alors, on voit qu'Antoine Armand, le ministre de l'économie, a proposé une alternative
05:23ce matin dans les échos.
05:24Plutôt que cette baisse des exonérations de cotisations, une partie, ça pourrait être
05:29la suppression d'un jour férié.
05:31Qu'est-ce que vous en pensez, Maxime Ayage ?
05:32Alors, je pense, si vous voulez, que d'abord, je partage complètement le constat de notre
05:36ministre de l'économie.
05:37Et je pense qu'aujourd'hui, dans notre pays, on ne travaille pas assez.
05:40C'est un constat, donc on ne produit pas assez de richesses, donc on n'a pas assez
05:45de revenus.
05:46Donc, tout ce qui va contribuer à nous pousser à travailler plus, à nous permettre de travailler
05:49plus, pour moi, est une bonne mesure.
05:51Alors après, est-ce que c'est un jour de férié ?
05:53Un jour de férié, c'est 2004, le lundi de Pentecôte.
05:56Oui, je suis pour.
05:57Vous êtes pour, mais sauf que vous, vous n'avez pas de salarié, donc vous n'êtes
05:59pas concerné.
06:01Donc, qu'est-ce que vous allez faire, justement ?
06:03Je vais leur dire, je serai pour, je l'accompagne.
06:05Si on nous dit qu'il faut travailler...
06:06Vous l'accompagnez, c'est-à-dire ?
06:07Si je vous dis, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si demain, le jour férié n'est
06:10plus férié, on travaillera.
06:11D'accord.
06:12Donc, vous préférez ça plutôt que des exonérations de cotisations amoindries ?
06:16Bien sûr.
06:17Alors, j'ai vu, vous avez d'ailleurs commencé à le dire, que vous plaidez pour le rétablissement
06:23des finances publiques, avec d'autres patrons, il y a quelques mois, dans une tribune parue
06:27dans l'Opinion.
06:28Qu'est-ce que vous préconisez, si, lorsque je vous suis, il ne faut pas toucher, en tout
06:32cas, pas trop aux exonérations de cotisations, il ne faut pas toucher aux aides aux entreprises,
06:37à quoi faut-il toucher, Maxime Ayage ?
06:38Alors, d'abord, il faut savoir...
06:39Ce sera ma dernière question.
06:40Voilà.
06:41On est dans un pays, si vous voulez, où il y a 56% de prélèvements sociaux, de prélèvements
06:44tout court, de prélèvements sociaux, fiscaux, c'est beaucoup.
06:47Donc, si vous voulez, ce que je pense, c'est qu'il faut d'abord diminuer les dépenses.
06:51Je peux vous renvoyer sur les études de l'Institut Montaigne, où vous en vois...
06:55Un seul exemple, Maxime Ayage.
06:56Un seul exemple de baisse, je vais rester dans mon secteur, je ne vais pas vous faire
07:02de la politique générale, ce n'est pas là que vous m'attendez.
07:04Dans mon secteur, il y a, par exemple, on doit pouvoir favoriser le travail.
07:09Par exemple, il y a encore trop de gens qui ne travaillent pas, c'est pourquoi ? Parce
07:11que vous avez des problèmes de seuils sociaux.
07:13Les gens ne sont pas incités à travailler.
07:15Par exemple, aujourd'hui, vous avez très peu de gens dans le métier qui travaillent
07:18plus de 15 heures par semaine.
07:19Parce qu'ils ne sont pas incités au-delà, ils partent toutes leurs aides.
07:21Et donc, revoir certaines prestations sociales.
07:23Revoir, par exemple, les seuils de déclenchement des prestations sociales.
07:26Par exemple, si on travaille plus, ça rapporte beaucoup, beaucoup plus d'argent.
07:28La vie d'un patron.
07:31Aujourd'hui, dans l'Invité ECHO, Maxime Ayage, président de DOMIA, qui regroupe
07:35Acadomia et Chivat, invité ECHO de France Info ce soir, merci beaucoup.
07:39Merci beaucoup à vous.

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