• il y a 2 mois
Ce vendredi à 6h20, Marion L'Hour reçoit Nicolas Chabanne, entrepreneur, fondateur de “C’est qui le patron”, coopérative de consommateurs.

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Transcription
00:00Premier invité de la matinale à votre micro, Marion Lourd, il est fondateur de la marque,
00:04c'est qui le patron ?
00:05Dont vous avez sans doute peut-être déjà croisé les plaquettes de beurre, les compotes,
00:09les jus de fruits, les briques de lait dans les rayons des supermarchés.
00:12Bonjour Nicolas Chaban.
00:13Bonjour.
00:14Votre marque c'est une coopérative de consommateurs, on va parler dans un instant de ces producteurs
00:19de lait auprès de qui le géant lactalis ne se fournit plus ou plus assez que vous
00:23allez reprendre en partie dans votre giron.
00:25Mais un sujet d'actualité d'abord, c'est ce budget présenté hier par le gouvernement
00:29Qu'est-ce qu'il vous inspire ?
00:31C'est toujours le même constat évidemment, il y a des efforts à faire, personne n'est
00:37contre cette idée assez fondatrice pour la suite, maintenant à quoi ça sert ? Où ça
00:41va aller ? Je trouve qu'on passe trop peu de temps à nous montrer où vont ces efforts
00:46puisqu'ils deviennent concrètement derrière finalement un budget qui est assez dur pour
00:53tout le monde.
00:54Vous savez on est tous prêts à faire des efforts si on comprend pourquoi.
00:56Manque de sens ?
00:58Oui, au-delà du sens, il y a un sens premier mais les efforts, lorsqu'on comprend évidemment
01:05que ça construit quelque chose de positif, de vertueux et finalement qui profite à tout
01:09le monde, c'est autre chose que de sentir qu'on subit quelque chose sans but précis.
01:15Le Medef dénonce notamment un alourdissement du coût du travail, ça pourrait vous toucher
01:20la coopérative ?
01:21La coopérative a la chance évidemment, bon il n'y a pas de résultat financier, cet
01:25argent reste et va au soutien des producteurs, on est un peu moins touché par tout ça,
01:29mais on pense aussi au budget du monde agricole, 300 millions de moins au moment où on a tellement
01:34besoin de ces gens qui nous nourrissent, ça c'est un coût dur pour eux.
01:38Nicolas Chaban, je le disais, le géant des produits laitiers, Lactalis qui vend notamment
01:43la marque Président par exemple, a récemment annoncé réduire sa collecte de lait de 9%
01:48en 450 millions de litres d'ici 2030, ça met en difficulté les calculs qui ont été
01:52faits autour de 300 éleveurs et ça intervient après que les producteurs ont négocié une
01:56hausse de leur prix de vente.
01:58Vous, vous tendez la main ce matin à une centaine de producteurs, expliquez-nous.
02:01Oui c'est la laiterie, la laiterie de Saint-Denis de l'Hôtel, il y a des gens bien, Emmanuel
02:06Basnex qui a décidé, il le fait à chaque fois, c'est une laiterie familiale, de ne
02:09pas laisser sur le bord de la route des producteurs, il avait déjà sauvé les producteurs qui
02:13avaient été mis de côté il y a quelques années par ce même géant, et là il fait
02:18une main tendue tellement symbolique, ça a traumatisé tout le monde et d'abord ses
02:21familles, se dire un jour je ne suis plus collecté, mais pour aller où, qu'est-ce
02:24que je fais de mon lait ? Et voilà, sans famille, il y a une main tendue merveilleuse.
02:28C'est quoi la proposition ?
02:29C'est de faire en sorte qu'à la fin de leur contrat, ils ne soient pas laissés tout
02:33seuls, qu'ils arrivent dans une laiterie où en plus le prix est valorisé, ils ne
02:38reviennent pas à la situation d'avant, et ils se sont réunis là il y a deux jours
02:42et on a vu des sourires revenir sur beaucoup de visages et ça c'est tout ce qu'on rêve
02:46de faire avec l'aventure.
02:47C'est ça, tout ça est déjà concret, des contacts ont été pris avec les syndicats,
02:51avec le gouvernement.
02:52C'est très étonnant, votre question est absolument géniale, il n'y a pas d'autre
02:58acteur.
02:59Après ça peut suffire, il y a un entrepreneur vertueux, des consommateurs prêts à aller
03:03acheter ce produit et finalement des producteurs en difficulté.
03:06C'est très intéressant de voir qu'il n'y a pas eu un coup de fil d'ailleurs de quiconque
03:10pour donner un écho ou un accompagnement à cette main tendue.
03:13Vous, vous aviez condamné cette annonce de Lactalis, qu'est-ce qui vous garantit que
03:18c'est qu'il ne va pas lâcher ses producteurs à terme puisque Lactalis soulève un vrai
03:22problème de valorisation des produits de la poudre de lait en l'occurrence ?
03:26Nous on est des consommateurs, c'est le plus important si vous creusez un peu notre
03:29histoire.
03:30On est une coopérative, il n'y a pas à la fin de l'année de dividendes, il n'y
03:33a pas d'actionnaire et moi initiateur j'ai fait en sorte que ce soit cette structure
03:37impossible à revendre, impossible à céder, impossible à valoriser, on va même dans
03:42les prochaines semaines annoncer une nouvelle qui va encore plus loin.
03:45Donc on est sûr, ça va être une très belle nouvelle, je peux vous en dire un mot, on
03:52va certainement créer une fondation et je remercie aussi, ça va jusqu'à mes enfants
03:57qui vont signer le fait que jamais cette aventure ne sera à une autre destination que le soutien.
04:03Une fondation, c'est-à-dire une fondation d'actionnaire, ça empêche toute forme de
04:07revente du capital.
04:09Alors je ne m'enrichirai jamais mais je suis déjà riche de tout ce qui se passe et c'est
04:13pour ça que tout le monde se bat, c'est devenu la brique de lait la plus vendue parce
04:16que quand tu te bats, que tu achètes ce lait, tu sais où vont les centimes.
04:19Hors marques distributeurs.
04:20Hors marques distributeurs, vous avez raison.
04:21C'est devenu aussi, pardon pour le du symbole, la marque la plus vendue en tant que nouvelle
04:25marque depuis dix ans.
04:26Ça veut dire que quand on met des valeurs, des centimes qui aident la vie de producteur,
04:30ça devient un grand succès.
04:31C'est un petit message pour les magasins, ne soyez pas avare de place pour des produits
04:36qui protègent ceux qui nous nourrissent parce que le sort des producteurs c'est l'un
04:39de notre.
04:40Vous voyez bien que votre brique est autour de 1,27€ alors qu'il y en a certaines
04:45qui sont à 1€.
04:46Donc dans les rayons avec l'inflation, la baisse du pouvoir d'achat, forcément on
04:48est tenté d'aller chercher au moins cher et d'ailleurs quand on lit aujourd'hui
04:52dans la presse les nouveaux plans des magasins au champ, le mot d'ordre c'est la baisse
04:56des prix.
04:57Mais vous, vous publiez aujourd'hui aux éditions Michel Laffont, qui décide, nous, pas aujourd'hui,
05:01le 17 octobre ? Le futur de notre alimentation est entre nos mains, ça veut dire accepter
05:05un prix plus élevé ?
05:08On va faire très simple, on a peu de temps.
05:09Vous avez 30% de gens qui ne peuvent pas boucler, les familles ont du mal.
05:13On ne peut pas leur demander des centimes en plus.
05:16Pour aider des producteurs de lait qui vivent de leur métier, c'est 8 centimes par litre,
05:19on boit 50 litres par an et par habitant, c'est 4€ par an.
05:22Il faut s'occuper des 70% de gens qui peuvent mettre ces 4€ pour protéger ceux qui nous
05:27nourrissent à nos portes.
05:28Il ne faut plus regarder uniquement vers le prix le plus bas, il détruit beaucoup de
05:31valeurs, il impacte l'environnement, il détruit des vies.
05:34Regardons aussi du côté de la reconstruction, à partir de quelques centimes, d'une autre
05:39vie pour eux, les producteurs, mais aussi pour nous.
05:41Et ça veut dire que les choses sont entre nos mains.
05:43Nicolas Chaban, fondateur de La Marque, c'est qui le patron avec ce manifeste qui va sortir
05:46le 17 octobre ? Cette annonce qui a été faite de la main tendue à une centaine de
05:52producteurs laitiers.
05:53Merci beaucoup de nous avoir répondu sur Inter.
05:55La météo à suivre.

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