Chloé Morin : "Bruno Retailleau risque de finir par être un énième ministre de l’Intérieur sans bilan"

  • il y a 3 minutes
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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04– Il est 8h11, bonjour Chloé. – Bonjour.
00:07– Chloé, parlons immigration et parlons de Bruno Retailleau, que se passe-t-il ?
00:12Eh bien hier, la porte-parole du gouvernement, Maude Bréjon,
00:15qui sera mon invitée jeudi matin d'ailleurs,
00:17Maude Bréjon a annoncé qu'une nouvelle loi immigration était en préparation
00:23pour janvier 2025.
00:25Réaction immédiate de Gabriel Attal ce matin,
00:29une nouvelle loi, c'était sur France Inter,
00:31une nouvelle loi immigration ne me semble pas totalement prioritaire,
00:34voilà ce qu'a dit Attal, autant le dire et autant,
00:38avant, voilà, non, exactement ce qu'a dit Gabriel Attal,
00:42avant de dire qu'il faut une nouvelle loi,
00:45il faut peut-être nous dire ce qu'il y aura dans la loi en question.
00:48Bon, on verra ce que dit Gabriel Attal, dites-moi ça.
00:50– Oui, l'immigration c'est un sujet inflammable,
00:52c'est aussi une priorité des Français, tout comme la sécurité,
00:56et celui qui est en charge de porter ces sujets
00:58et qui portera sans doute cette nouvelle loi du coup,
01:01est en train de crever l'écran, c'est Bruno Retailleau,
01:03qui est un personnage qui est resté assez méconnu des Français jusqu'à présent.
01:06– Alors qu'il fait de la politique depuis longtemps, Bruno Retailleau.
01:08– Alors qu'il fait de la politique depuis longtemps
01:10et qu'il était patron du puissant groupe LR au Sénat,
01:13donc extrêmement puissant déjà dans le jeu parlementaire,
01:16mais il restait, jusqu'à ce qu'il soit nommé, méconnu des Français.
01:20Et en quelques semaines, il a su construire une popularité impressionnante
01:24puisque dans le baromètre Ipsos, pour la tribune dimanche publiée hier,
01:29il fait jeu égal déjà avec Darmanin et Hollande en termes de présidentialité.
01:33– Ah oui, déjà, ça va vite, il faut dire que...
01:36Mais ce que j'ai remarqué dans ce baromètre, c'est juste une petite parenthèse,
01:39c'est qu'ils descendent tous, tous les responsables politiques,
01:44du RN jusqu'à l'extrême gauche, sont en chute, tous !
01:48– Tout à fait.
01:48– Les Français en ont assez, assez de ces postures politiciennes,
01:54et je les comprends et je suis avec eux, on en a assez des postures politiciennes.
01:59– Et d'ailleurs, lui arrive à ramer à contre-courant
02:01et à émerger dans ce contexte un peu compliqué.
02:04– Alors comment l'expliquer ?
02:05– Alors, deux explications, d'abord c'est un homme de droite,
02:08en charge de deux sujets sur lesquels les Français sont plutôt à droite,
02:12l'immigration et la sécurité.
02:13Et en plus, c'est un homme qui a la réputation d'être un dur,
02:16plus dur qu'Emmanuel Macron évidemment,
02:18mais plus dur que Darmanin aussi.
02:19Donc les Français espèrent sans doute qu'enfin,
02:21les choses avec lui vont aller dans le bon sens.
02:23Et la deuxième explication, ça tient à sa méthode.
02:26Son entourage parle de carpet bombing, la stratégie du tapis de bombe.
02:29– Carpet bombing !
02:31– Donc il bombarde la presse d'annonces et de déclarations chocs,
02:35on ne compte plus les polémiques qu'il a lancées depuis qu'il est en poste,
02:38au point de donner le tournis à tout le monde.
02:41Et quand vous êtes une cible, il faut rester en mouvement constamment.
02:45Or, Retailleau est une cible de choix,
02:47une cible pour la gauche et une cible pour la gauche de la Macronie,
02:50et pour Attal, on vient de le voir.
02:53Et donc, il le sait bien et chacun l'attend au tournant.
02:57Et pour le moment, il évite les balles.
02:59– Oui, mais est-ce qu'il peut rester durablement populaire ?
03:01Parce que cette stratégie est une stratégie de court terme.
03:05– Il va s'appliquer à ne pas lasser à force d'agitation.
03:09Déjà, Nicolas Sarkozy avait cette manière-là de dicter l'agenda médiatique
03:14et d'imposer à ses concurrents un rythme effréné
03:17lorsqu'il était ministre de l'Intérieur.
03:19Le problème que va avoir Bruno Retailleau,
03:21c'est que le temps de la communication n'est pas le temps de l'action politique.
03:26Et les Français ont bien remarqué que nos responsables publics
03:28ont tendance à surcommuniquer pour compenser leur défaillance d'actes.
03:33Et c'est bien là le problème de Bruno Retailleau,
03:35puisque pour agir, il va devoir convaincre un Parlement qui est extrêmement divisé.
03:40Et on en arrive à la loi qui devrait être discutée en début d'année prochaine.
03:45– Oui, mais Bruno Retailleau va devoir prendre les Français à témoin.
03:47D'ailleurs, je l'attends ici, il m'a promis de venir dans les jours qui viennent
03:52et pour répondre aussi aux questions des Français.
03:54D'ailleurs, je vais peut-être organiser avec lui
03:56une petite séance de questions-réponses avec vous, on va voir si l'on peut.
04:00Il va falloir qu'il propose des choses populaires
04:03pour gagner le soutien des Français.
04:05– Oui, il espère que l'opinion publique poussera les parlementaires
04:08à approuver les mesures qu'il compte leur soumettre.
04:11Il se concentre donc sur des objets symboliques
04:14pour entretenir le soutien de l'opinion.
04:16Je pense notamment au délai de rétention dans les cras
04:19qu'il souhaite allonger suite à l'affaire Philippine.
04:22Vous savez, c'est très français, c'est un classique.
04:24On prépare l'avenir en prévenant les crimes passés.
04:27– Oui, ça c'est vrai.
04:28– En parlant uniquement de ces choses symboliques,
04:31le problème, c'est qu'il risque de ne pas suffisamment accorder d'attention
04:35à ce qui est efficace et moins clinquant
04:38parce que ce qui est efficace n'est pas toujours ce qui est populaire.
04:41Et s'il n'y prend garde, il risque donc de finir par être
04:45un énième ministre de l'Intérieur sans bilan.
04:47– Eh bien, c'est le risque qu'il court.
04:50Qu'en pensez-vous, Éric Reuvel ?
04:52C'est vrai qu'il a pris beaucoup de place, Bruno Retailleau.
04:54– Oui, il a pris beaucoup de place.
04:56D'ailleurs, quand Michel Barnier est interrogé dans ses déplacements en province,
04:59il soutient le ministre de l'Intérieur.
05:01Alors, ce qu'on peut faire aussi peut-être comme analyse,
05:04parce que je regardais le Papier du Monde qui est un journal orienté politiquement.
05:08Le titre du Papier du Monde, c'est l'idéologue de la place Beauvau, vous voyez.
05:11Donc, c'est un conservateur, catholique, bon, tout ça, le monde le matraque.
05:15Mais moi, l'analyse que je fais, c'est que Retailleau marque son territoire, en fait.
05:20Il ne sait pas s'il aura le temps de passer à l'action.
05:23Il ne sait pas combien de temps va durer le gouvernement Barnier.
05:26Donc, il se dit, autant poser des jalons très à droite
05:30sur le terrain qui est le mien, celui de l'Intérieur,
05:33pour devenir incontournable, quoi qu'il se passe plus tard en politique.
05:36Moi, je pense que...
05:38Je ne sais pas s'il passera à l'action avec toutes ces déclarations de communication,
05:41mais en tout cas, il marque son territoire.
05:43Et ça se reflète dans le sondage dont vous parliez, Chloé, où...
05:47— À tel point qu'à gauche, on se dit, on préférait Darmanin.
05:51J'ai vu des réactions. — Oui, c'est ça.
05:53— Vous avez vu ça ? — Oui, oui, j'ai vu.
05:54On préférait finalement Darmanin, c'était un populiste.
05:56— Finalement, à l'or, Darmanin avait été... — Là, je dis, c'était un populiste, mais au moins...
06:00— Et là, évidemment. Donc en fait, Retaillou est en train de marquer son territoire à droite, à droite, à droite, à droite.
06:06Mais je ne sais pas si c'est pour passer à l'action.
06:08En tout cas, quelle que soit la durée de son passage à la place Beauvau,
06:12il aura, par ses déclarations, interpellé les Français.
06:16Maintenant, attention, il faut pas qu'il s'atalyse.
06:18Il faut pas qu'il s'atalyse.
06:20C'est-à-dire...
06:21Gabriel Attal a fait des ministères, on voit là, au budget, l'éducation nationale.
06:26Et ces gens passent tellement de ministères en ministères rapidement
06:29qu'on n'a pas le temps de tirer un bilan, vous voyez ?
06:31On a que les petites phrases de communication en tête.
06:33Retaillou, c'est son danger.
06:34— Oui, bien sûr, je suis d'accord.
06:36Après, il peut se... Je pense que ce qu'il fera,
06:39s'il est à un moment interpellé sur ses actes,
06:42c'est de dire que c'est le Parlement qui l'a empêché d'agir.
06:46Donc il est dans une position qui est finalement assez confortable,
06:49qui sera de dire « Écoutez, nous n'avons pas de majorité pour gouverner,
06:53ou en tout cas une majorité très relative.
06:55Enfin, une majorité, il pourra en avoir une si Marine Le Pen vote avec lui, d'ailleurs,
06:58sur les sujets migratoires.
07:00Mais il peut dire ça, il peut se cacher derrière l'absence de majorité,
07:03en tout cas pour un temps.
07:04— Mais comment le RN peut voter contre ? Franchement, je...
07:06— Ça dépend ce qu'il...
07:08— Allongement de la durée de rétention dans l'écran,
07:11je vois pas comment le RN peut voter contre.
07:13Vous m'expliquerez.
07:15Donc finalement, il pose...
07:17C'est un piège pour tout le monde.
07:19— Oui, c'est juste. — Retaillou.
07:21C'est un piège pour tout le monde. Pour la droite.
07:23LR, parce que tout à coup,
07:25il se met à exister au sein de LR.
07:27Pour Wauquiez, c'est un rival, ça y est.
07:29Hein ? Évidemment.
07:31Et puis pour le RN ? Évidemment.
07:33— Oui, il devient dangereux pour Wauquiez,
07:35effectivement, parce qu'on voit bien que Laurent Wauquiez
07:37n'arrive pas à émerger
07:39dans le cadre de la présidentielle
07:412027. Tous les sondages montrent
07:43qu'il reste très très bas.
07:45Et Retaillou, il pourrait très bien faire
07:47rapidement mieux.
07:49— La crédibilité des LR aujourd'hui,
07:51Jean-Jacques, elle est quand même entamée, pardonnez-moi.
07:53Leur pacte législatif, je le rappelle,
07:55leur pacte législatif aux LR,
07:57c'est la ligne rouge, pas d'augmentation d'impôts.
07:59Et là, ils vont soutenir un gouvernement,
08:01on en pense qu'on en veut, il faut colmater les trous,
08:03mais qui va augmenter les impôts.
08:05— Pardon, leur pacte législatif,
08:07ça, c'était cet été.
08:09Mais en mars dernier, ils proposaient,
08:11je ne sais plus combien, de milliards d'augmentation.
08:13— Oui, oui. Pour les électeurs
08:15qui restent et qui votent LR,
08:17c'est quand même un sujet. Comment vous suivez
08:19des gens qui changent de braquet
08:21à la pocadjar
08:23qui démarre en montée ?
08:25— Ce qui est très...
08:27Ce qui est dangereux, je trouve, dans la séquence,
08:29c'est qu'il y a tellement d'annonces
08:31dans tous les sens, qui ne sont pas des annonces, en fait,
08:33qui sont des propositions qui vont être discutées,
08:35que je pense que les Français vont s'énerver
08:37après toutes les annonces
08:39et tout retenir
08:41comme si ça avait été voté.
08:43— Il est 9h20.
08:458h20.
08:478h20.

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