Quel gouvernement et pour combien de temps ?

Sud Radio

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Tous les lundis matins sur Sud Radio, Chloé Morin est avec nous, bonjour Chloé.

00:07Bonjour.

00:08Vous avez des infos sur la composition de ce nouveau gouvernement Barnier attendu ?

00:13Alors oui, d'abord on a sa durée de vie qui a été donnée.

00:19Parce que vous connaissez la durée de vie ?

00:20Marine Le Pen nous l'a donnée hier, elle a dit lors de sa rentrée à Hénin-Beaumont hier matin,

00:26il est évident, je cite, que d'ici un an, nous aurons de nouvelles élections législatives.

00:30Elle a ajouté, et c'est heureux d'ailleurs parce que je pense que la France a besoin d'une majorité claire.

00:35Vous savez comme moi que Marine Le Pen plaide pour l'instauration d'une proportionnelle

00:39avec prime majoritaire pour les prochaines élections.

00:42C'est même une des trois conditions qu'elle a posées pour accepter la nomination de Michel Barnier.

00:47Ce qu'elle nous dit donc hier, c'est qu'une fois qu'elle aura obtenu la proportionnelle,

00:52elle compte bien renverser le gouvernement et forcer le Président, à cause du blocage politique,

00:57à redissoudre l'Assemblée Nationale pour sortir du blocage.

00:59Et nous savons que si la proportionnelle avec prime majoritaire s'était appliquée aux dernières législatives,

01:05il y a fort à parier que Jordane Bardella serait aujourd'hui à Matignon.

01:10Voilà donc l'horizon politique que fixe l'ERN en cette rentrée, prendre le pouvoir dans un an.

01:17Prendre le pouvoir dans un an, c'est clairement dit par Marine Le Pen, oui,

01:21mais Michel Barnier, la proportionnelle, je ne suis pas sûr que ce soit sa tasse de thé entre nous.

01:25Enfin bon, lui qui est un gaulliste traditionnel.

01:28Bon, enfin, dites-moi, Michel Barnier qui va devoir trouver des ministres de gauche ?

01:34C'est ce qu'il a dit.

01:36Il l'a annoncé d'emblée sur TF1 vendredi soir, il compte bien recruter des ministres de gauche dans son gouvernement.

01:41Mais il est probable qu'il n'y arrive pas.

01:45À part des retraités de la vie politique ou des personnalités à la retraite ou marginalisées dans leur propre parti,

01:52je ne pense pas qu'il parvienne à débaucher des ministres de gauche et surtout pas des personnalités du nouveau Front populaire.

01:58Pourquoi ?

01:59Trois raisons.

02:00D'abord, il y a quand même une barrière morale qui empêche la gauche d'aller gouverner avec un gouvernement

02:06qui a été mis sous surveillance par le Rassemblement national.

02:11Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Jordane Bardella.

02:14Il faut rappeler quand même qu'on a demandé à la gauche de voter pour des députés macronistes la dernière fois

02:20pour faire justement barrage au RN.

02:22Donc, on peut comprendre que la gauche se sente trahie.

02:25Deuxième élément, c'est que chacun aura entendu l'avertissement de Marine Le Pen hier.

02:30Si vous êtes ministre, ce sera au mieux un CDD d'une année à peine.

02:34Et là, on peut se demander quel maire ou quel président d'exécutif local quitterait son poste pour un job aussi précaire.

02:42Et ensuite, il y a les raisons électorales qui, comme vous le savez, pèsent énormément sur le choix des élus et notamment des députés et des maires.

02:50Pour les députés, ils savent désormais que nous aurons probablement une nouvelle législative l'été prochain.

02:55Or, les socialistes qui seraient tentés d'entrer au gouvernement aujourd'hui

02:59auraient l'assurance d'avoir, face à eux, aux prochaines législatives, un candidat LFI ou un candidat vert.

03:04Et donc, de ne pas être réélus.

03:06Pour des raisons électorales, ils n'iront pas.

03:08Et puis, il ne faut pas oublier qu'en 2026, nous avons les municipales.

03:12C'est déjà dans un an.

03:13Et dans les grandes villes dirigées par la gauche, LFI a fait des scores très importants aux européennes.

03:18Et donc, là encore, si un maire écolo ou socialiste est tenté d'entrer au gouvernement, il aura beaucoup de mal à regagner sa ville.

03:26Et donc, évidemment, la période est très fragile et très incertaine.

03:30Mais, je pense qu'il est, pour toutes ces raisons, très peu probable que l'on ait des maires ou des présidents de région,

03:36socialistes ou écologistes, qui se libèrent du jour insoumis

03:39pour aller faire des compromis avec un gouvernement estampillé de droite.

03:43Ben, Chloé, mais ça nous désespère de l'avis politique, ce que vous nous dites là.

03:47Franchement, avec toutes ces... Non, non, mais...

03:51Enfin, bon. Allez, Éric Revelle sera avec nous tout à l'heure pour réagir à tout ça, même tout de suite.

03:58Éric, qu'est-ce que vous pensez ?

04:01Ça ne vous désespère pas, vous ?

04:03Si, si, si, mais globalement, vous savez, si je fais un petit retour en arrière, il ne faut quand même jamais oublier que ça s'est toujours produit.

04:09François Mitterrand prend Jean-Pierre Soissons au gouvernement, je ne sais pas si vous vous souvenez, il était de centre droit.

04:16Oui, je me souviens.

04:17Jean-Pierre Soissons...

04:18Maire d'Auxerre.

04:19Maire d'Auxerre, il a écrit un très joli livre, à l'époque, qui s'appelait Mémoire d'ouverture.

04:22Bon, voilà. Sarkozy, il prend Kouchner, qui est socialiste, comme ministre des Affaires étrangères.

04:27Bon, il y en a toujours un ou deux, quand même, qui sont...

04:29Et puis, il y en a un, peut-être, qui doit s'interroger, même s'il dirige un cabinet d'avocats avec beaucoup de succès, c'est Bernard Cazeneuve.

04:35Parce que le tir de barrage qu'il a reçu de la part du PS pour ne pas être Premier ministre à Matignon,

04:39je serais lui, si je n'avais pas mon cabinet d'avocats...

04:42Vous accepteriez d'être ministre.

04:44Mais oui, juste pour emmerder le PS.

04:46Oui.

04:47Juste pour emmerder le PS, j'accepterais un poste régalien dans le gouvernement de Michel Basse.

04:51Il peut aussi être vexé, parce que, pour le coup, ce qu'il a vécu est une humiliation.

04:57Donc, je pense que la tentation serait aussi de se retirer de la vie politique,

05:03et de laisser tous ces gens se débrouiller, tout seuls, dans leur barrigo.

05:06Dites-moi, mais quand même, Michel Barnier se trouve dans une situation inextricable.

05:11Il a la gauche contre lui, il a le RN qui le surveille, et il a Gabriel Attal qui le rappelle à l'ordre.

05:19Ça fait beaucoup, quand même, non ?

05:21Oui, ça fait beaucoup.

05:22Alors, dans la situation dans laquelle on est, Jean-Jacques,

05:24peut-être que le plus petit dénominateur commun, quand même,

05:27avec l'expérience qu'a accumulée Michel Barnier, c'était lui.

05:30D'ailleurs, on dit qu'Alexis Kohler, le vice-président, le secrétaire général de l'Elysée,

05:35depuis très très très longtemps, Chloé, il avait ce nom en tête,

05:38et il ne se cachait pas pour le dire aux uns et aux autres.

05:40Bien sûr, bien sûr.

05:41Donc, c'est vrai que ce n'est pas une hypothèse qui est sortie du chapeau.

05:45Enfin, nous, on l'a vu sortir du chapeau tout à la fin,

05:47mais c'est vrai que c'est quelqu'un à qui, au moins, Alexis Kohler réfléchissait depuis un moment,

05:51et qui donc, sans doute, a pu prendre des contacts avec les uns et les autres,

05:55et peser, et sous-peser, et voir aussi ce que pourrait...

05:58Mais c'est Alexis Kohler qui l'a imposé à Emmanuel Macron, vous pensez ?

06:03En tout cas, Emmanuel Macron a réfléchi, jusqu'à mercredi soir,

06:07à des hypothèses alternatives, notamment Laurent Berger.

06:11Oui, c'est vrai qu'on a peu parlé de Laurent Berger,

06:14mais c'était le mieux placé, finalement.

06:16Oui, c'est une information qu'on a eue ce week-end, grâce à Cécile Cornudet-Deséco.

06:21Et donc, nous savons maintenant que finalement, Emmanuel Macron,

06:25il a essayé, en tout cas, de voir s'il n'y avait pas d'autres hypothèses.

06:29Alors après, maintenant, la gauche lui fait le procès

06:32de n'avoir jamais vraiment envisagé de nommer un premier ministre de gauche.

06:36Enfin, on le saura jamais, mais en tout cas, ce que l'on sait, oui, effectivement,

06:39c'est qu'Alexis Kohler voulait absolument M. Barnier.

06:43Et puis, dites-moi, Eric, vous, qui êtes un spécialiste des finances publiques,

06:47le budget, ça va être quelque chose, le budget.

06:50Ça va être coton.

06:52On a pris du retard.

06:54On a annoncé un nouveau dérapage du déficit budgétaire.

06:57On est sous surveillance de Bruxelles pour cette fameuse procédure de déficit excessif.

07:04Ce qui est particulier, quand même, alors on verra s'il tient ou pas,

07:08c'est que l'ancien directeur de cabinet de Bruno Le Maire

07:11deviendrait ou devient le nouveau directeur de cabinet de Michel Barnier à Matignon.

07:15Alors, peut-être que ça lui permettra de garder un peu,

07:18de pouvoir réagir vite sur la situation budgétaire.

07:21Mais, vous savez, quand Pierre Moscovici, patron de la Cour des comptes, sort du bois,

07:25ça lui arrive pas souvent, mais là, il est sorti du bois pour dire

07:27attention, attention, là, on est dans une situation cataclysmique.

07:31Bon, voilà, lui, il a été aussi ministre des Finances.

07:33Je pense qu'on n'a jamais vu, Jean-Jacques, des finances publiques dans cet état-là.

07:37Je ne veux pas être apocalyptique.

07:40Je ne suis pas sûre que je dormirais bien à sa place.

07:43Je vous rappelle un élément sur le budget et la dette

07:46que vous citiez dans le Saint-Sondage IFOP la semaine dernière.

07:49La dette, c'est l'avant-avant-dernière préoccupation des Français.

07:53Oui, c'est vrai.

07:54Mais parce qu'on leur a fait croire pendant des années que l'argent était magique

07:56et que tout tombait du ciel, donc qu'il n'y avait jamais aucun problème.

07:58Mais donc le travail va être d'autant plus difficile.

08:00Chers amis, il y a des problèmes énormes.

08:01Bon, 8h20, à tout de suite.

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