• il y a 4 semaines
Retrouvez la chronique de Chloé Morin tous les lundis à 8h10

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Il est 8h13. Merci d'être avec nous. Chloé Morin est là pour réfléchir
00:09et pour nous informer, évidemment. Bonjour Chloé. — Bonjour. — Tous les lundis matins, Chloé, à 8h10, 8h15.
00:17La ministre du Partenariat... Alors j'aime beaucoup les intitulés des ministères. Ministre du Partenariat avec les territoires
00:25et la décentralisation. Mais pourquoi ne pas dire ministre des Territoires et de la décentralisation, du Partenariat ?
00:32Non mais c'est ridicule, ça. C'est technocratique à souhait. A annoncé hier qu'il n'y aurait pas de retour de la taxe d'habitation
00:39sur la résidence principale. Donc pas de taxe d'habitation. Mais mais elle s'est dit ouverte à une réflexion sur une participation
00:48possible au fait de vivre dans une ville ou un village. Parce qu'on vit dans une ville ou un village, eh bien on pourrait payer, en y vivant,
00:58on pourrait payer une sorte de taxe. En fait, c'est un impôt. C'est le concours lépine des taxes qui se poursuit, Chloé Morin.
01:05— Alors comme vous le savez, la France est d'une créativité fiscale infinie. Vous vous souvenez de la phrase de Clémenceau.
01:10« La France est un pays extrêmement fertile. On y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts ». Il est donc normal qu'en entendant
01:17les propos de Catherine Vautrin hier, les Français s'inquiètent et se demandent s'il s'agit d'un impôt de plus.
01:22En fait, c'est à l'origine une proposition de l'Association des maires de France qui souhaite une contribution citoyenne
01:29aux services publics – c'est comme ça qu'ils appellent cet impôt – afin de compenser les ressources que les collectivités ont perdues
01:37depuis quelques années. — Oui. Nous étions avec Emmanuel Sarabéry, qui est coprésident de la commission des finances de l'AMF.
01:43Effectivement, il vient de confirmer ce que vous dites. N'est-ce pas une manière de faire entrer par la fenêtre une taxe d'habitation déguisée,
01:51la même qu'Emmanuel Macron avait sortie par la porte ? Et je me souviens, c'était avec moi sur BFMTV lorsqu'il l'a annoncé.
01:58Et d'ailleurs, en sortant du studio – je vais vous raconter une petite anecdote – en sortant du studio, il me dit « Zut, j'aurais pas dû parler
02:04de la suppression de la taxe d'habitation. Je vais me faire engueuler de tous les côtés ». Et c'est vrai que ça avait surpris absolument
02:10tout le monde. C'était au mois de février-mars, juste avant l'élection de 2017. Oui, il avait fait entrer la suppression de cette taxe d'habitation
02:21par la porte, donc. — Oui, tout à fait. Et c'est devenu un symbole du bilan d'Emmanuel Macron. Alors évidemment, un symbole nuancé,
02:30parce qu'on sait que par ailleurs, les taxes foncières ont augmenté. Mais le gouvernement actuel ne peut pas véritablement revenir
02:37rétablir cette taxe d'habitation. Et du coup, c'est tout le problème. Catherine Vautrin est face à une équation impossible. D'un côté, elle a Michel Barnier
02:44qui lui dit qu'il faut trouver absolument des économies dans le budget des collectivités. Et de l'autre côté, elle a les collectivités qui lui disent
02:51« Nous sommes à l'os. Il faut nous donner des ressources supplémentaires ». Donc dans le budget actuel, elle demande 5 milliards d'euros d'efforts
02:58aux collectivités, mais elle promet des contreparties. Et dans ces contreparties, il y a d'une part la simplification, qui est un peu un serpent de mer
03:06dont on parle tout le temps et qui ne se matérialise jamais. Mais il y a aussi un chantier sur la fiscalité locale. Et c'est dans le cadre de ce chantier-là
03:15que le gouvernement serait prêt à envisager la création d'une contribution territoriale inspirée par l'Association des maires de France. Catherine Vautrin explique
03:24sa démarche. Je cite « L'idée serait de recréer du lien entre le territoire sur lequel on vit et que l'on « consomme » et les charges supportées par les collectivités
03:33comme l'aménagement, l'entretien, etc. ». Donc elle entend porter ce débat avec les associations d'élus dans les mois qui viennent.
03:41— Oui. On va en parler avec Éric Revelle dans un instant. Mais nous sommes bien partis pour que le gouvernement et l'AMF s'entendent sur la création
03:48d'une nouvelle taxe, d'un nouvel impôt, disons clairement. Non ? Ah bon ? — Alors pas pour le budget de 2025. Là, nos auditeurs peuvent se rassurer
03:56pour cette année. Mais ce sera uniquement pour l'an prochain, car la contribution proposée par l'AMF n'a pas du tout – et c'est David Lissenard, le président de l'AMF,
04:05qui le dit – n'a pas du tout vocation à augmenter les impôts. Elle pourrait remplacer d'autres impôts, par exemple une partie de l'impôt sur le revenu
04:13ou des taxes sur le foncier bâti ou autres taxes déjà existantes. La logique vise, selon David Lissenard, que je cite, « à responsabiliser citoyens et élus
04:24en intéressant les habitants à la dépense pour améliorer la performance publique et inciter à la sobriété fiscale ». Il s'agit aussi – je le cite toujours –
04:34de « permettre une baisse des prélèvements obligatoires, car le centralisme fiscal détruit le civisme fiscal et, in fine, coûte plus cher aux contribuables ».
04:44Le président de l'AMF conclut « Il ne faut pas le faire maintenant, car dans le contexte actuel, l'État a tellement besoin d'argent, comme un drogué,
04:52que cela s'ajouterait aux impôts actuels et ne diminuerait aucunement les taxes ». Or, à l'AMF, nous voulons baisser les impôts et surtout pas les augmenter.
05:00— Oui, c'est un souhait. Oui. Qu'est-ce que vous en pensez, Éric Revel ?
05:05— Écoutez, David Lissenard, maire de Cannes, président de l'Association des maires de France, met souvent en avance son libéralisme en disant « Il faut réduire la dépense publique,
05:14il faut alléger tout ça ». Pardonnez-moi, mais là, on a... J'ai bien écouté Chloé Morin avec beaucoup d'attention, mais j'ai quand même le sentiment,
05:21si vous voulez, qu'on va pas rétablir la taxe d'habitation, mais on va créer une contribution qui va écréter un certain nombre d'impôts, ce que vous avez dit.
05:29Mais pardon, si on change juste le nom, si on change juste un nom, on dit « On rétablit pas la taxe d'habitation, mais à côté de la taxe foncière,
05:36on vous met un truc qui s'appelle « contribution territoriale magienne » ». Bon... — Oui, mais Éric, moi, je veux voir d'autres impôts.
05:43— Oui, oui. Alors Jean-Jacques, vous savez comment ça se passe tout le temps. Vous savez comment ça se passe en France.
05:49Vous avez raison de citer Clémenceau. Il disait « Vous mettez des fonctionnaires, ils poussent des impôts ». Moi, je dirais en ce moment,
05:54vous mettez des députés, ils poussent des impôts, parce qu'en réalité, la Commission des finances ou la Commission de la Sécurité sociale,
06:00ils sont dans une créativité fiscale de folie. Alors a priori, je fais plutôt confiance à David Disnard. Mais je veux voir dans le détail.
06:07Vous savez, le diable fiscal est dans le détail fiscal. — Vous avez raison. Mais l'idée quand même de responsabiliser le citoyen...
06:15— Et l'élu. Et l'élu aussi. — C'est-à-dire savoir exactement... On paie une petite taxe que tout le monde paierait en fonction de ses revenus.
06:23Et en contrepartie, on sait comment est utilisé notre argent. C'est ça. — Écoutez, sur le papier, c'est beau. Sur le papier, c'est beau.
06:31— Parce que c'est vrai que nous consommons localement. — Oui, bien sûr, bien sûr. L'un des gros problèmes des Français aujourd'hui...
06:38Vous le savez, Jean-Jacques, c'est qu'on paye quand même beaucoup d'impôts dans ce pays. C'est le moins qu'on puisse dire.
06:42— Oui, c'est vrai qu'on paye par exemple pour nos déchets. — Mais on se demande où passe l'argent. Mais on se demande où passe l'argent,
06:47parce qu'on a des services publics, santé, qui ne cessent de décroître en qualité. Donc si on responsabilise les gens, si on flèche leur argent,
06:55peut-être qu'on y verra un peu plus clair. Mais moi, je veux voir ça sur le papier. — Je vais à l'hôpital. Je sais comment ça coûte à l'État
07:01et comment ça nous coûte. J'aimerais le savoir. Malheureusement, on ne sait rien de tout ça. — Bon, voyons. Attendons quand même les détails.
07:07Pardon. Moi, je suis un peu circonspect. Vous savez, je suis un vieux journaliste économique.
07:11— Et d'ailleurs, je pense que quand David Lyssenaar propose cette taxe, en réalité, il dit que c'est l'ensemble du système fiscal
07:20qu'il faudrait refondre. C'est-à-dire qu'il y a une telle opacité que finalement, nous ne savons pas où vont les contributions, tous les impôts
07:27que l'on paye. Et donc ça ouvre la porte à des gaspillages et à des formes de... Voilà, on traque pas l'efficacité de la dépense publique aujourd'hui.
07:38Donc d'avoir une forme de transparence sur certains impôts, en tout cas ceux qui sont au niveau local, ça peut vraiment avoir un intérêt de mon point de vue.
07:44J'aime bien le mot « responsabiliser ». C'est un mot qui est malheureusement pas suffisamment employé, me semble-t-il. 8h20. Allez, nous allons retrouver
07:54Maxime Trouleau dans un instant. Avec son rendez-vous, on en parle. Et puis débat. Et Louis Alliot, qui sera mon invité à partir de 8h30.

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