Plongez dans l'enquête du crime non résolu le plus célèbre du XXème siècle en Amérique. Pendant près de 60 ans, ce meurtre a terrifié et captivé le pays. Malgré l'implication de 250 policiers et de nombreux suspects, le coupable est resté insaisissable... jusqu'à aujourd'hui. L'identité du meurtrier enfin dévoilé, levant le voile sur des décennies de mystères et de spéculations.
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00:00C'était un aventurier du sexe, obsédé par les femmes.
00:22Il se sentait en colère, coupable, étrange.
00:31Ils sont horrifiés car ils n'ont jamais vu une scène pareille.
00:34Si j'étais devant un jury, je n'aurais aucun problème à trouver des éléments à charge pour l'accusation.
00:39Vous savez Bill, pour la première fois, je commence à détester cet homme, cet assassin.
00:47Vers la droite, là-bas, c'est Norton et la 39ème.
00:50C'est là que le corps du Dahlia Noir a été retrouvé.
00:53Je sais qui a tué le Dahlia Noir.
01:161947. Cela fait déjà deux ans que les États-Unis sont sortis de la guerre comme la nation la plus puissante du monde.
01:44C'est Harry Truman, son président à l'époque, qui l'affirme.
01:48C'est l'Amérique triomphante du frigidaire, du Technicolor, des automobiles démesurés, du mur du son, des films noirs avec le couple Bogart-Bacall et du plan Marshall.
01:59Mais c'est aussi l'Amérique de l'argent facile, de la corruption de la police, notamment du LAPD, la police de Los Angeles.
02:09Un matin d'hiver 1947, Elizabeth Short, 22 ans, starlette à la dérive, est retrouvée assassinée.
02:16Un journaliste va la surnommer le Dahlia Noir à cause de sa chevelure couleur G.
02:21C'est l'un des crimes les plus abominables jamais commis en Amérique.
02:25Les journaux du pays tout entier suivent avec passion les soubresauts de l'enquête qui va mobiliser plus de 250 policiers.
02:33Des dizaines de suspects sont interrogés, pourtant on n'a jamais retrouvé le coupable de ce meurtre qui a effrayé et fait fantasmer l'Amérique.
02:42Dans son roman, le Dahlia Noir, James Ellroy, tissait un impressionnant portrait du Hollywood des années 40 et imaginait la solution de ce crime.
02:52Aussi incroyable que fut la version d'Ellroy, elle allait être dépassée par la réalité.
02:59Je m'appelle Steve O'Dell, aujourd'hui à la retraite.
03:02Je suis un ancien du LAPD, département des homicides, où j'ai travaillé ici même à Hollywood pendant 24 ans.
03:08Ce soir, je vous emmène dans une incroyable aventure.
03:13Steve O'Dell entre au LAPD en 1963.
03:17Il fait d'abord 5 ans comme flic de patrouille dans les secteurs de Wilshire, Van Nuys et Hollywood.
03:22En 1969, Steve O'Dell entre au bureau des inspecteurs.
03:25Il va atteindre la catégorie 3 la plus haute en 1983.
03:29Il termine chef des inspecteurs des homicides en 1986.
03:33Durant sa brillante carrière au LAPD, Steve O'Dell suivra près de 300 dossiers de meurtre.
03:42Le lundi 17 mai 1999, Steve O'Dell reçoit un appel.
03:46Il est une heure du matin.
03:48Il apprend que son père, le docteur George O'Dell, vient de mourir d'une crise cardiaque à San Francisco à l'âge de 92 ans.
03:55Se rendant sur place, il se remémore ce père qu'il a peu connu.
03:59Le jeune coniqueur judiciaire, le chirurgien méticuleux, le psychiatre dominateur,
04:05enfin ce génie des affaires qui avait abandonné femme et enfant pour gagner l'Asie en 1950.
04:11Cet homme incroyable aux 4 vies successives, c'est George Hill O'Dell.
04:19La vie de Steve O'Dell
04:24A San Francisco, la veuve du docteur O'Dell, June, sa quatrième femme,
04:29remet en souvenir à Steve O'Dell un album de photos ayant appartenu à son père.
04:34La vie de Steve O'Dell va basculer.
04:37J'ai regardé l'album. Je savais que je connaissais ce visage.
04:41Mais je ne me souvenais pas où je l'avais vu.
04:43Une très jolie brune d'environ 22 ans.
04:45Je me suis retourné vers June, ma belle-mère, et je lui ai demandé
04:48« Pourquoi ce visage m'est-il tellement familier ? »
04:51Elle m'a répondu qu'elle ne savait pas que ça devait être quelqu'un
04:54que mon père avait connu il y a longtemps.
04:56J'ai bien réfléchi, j'ai cherché profondément dans ma mémoire
04:59et le nom Dahlia Noir est apparu.
05:01J'ai reconnu le visage en forme de diamant, les cheveux foncés, le front court.
05:05Je l'ai comparé à d'autres photos d'elle à l'époque
05:08et j'ai découvert que c'était bien Elizabeth Short, le Dahlia Noir.
05:12C'était vraiment troublant.
05:14Ce qu'une autre photo d'Elizabeth Short faisait dans l'album de mon père.
05:18Afin de mieux comprendre cette histoire, cette enquête,
05:21il faut d'abord faire connaissance avec mon père, le docteur George Hill O'Dell.
05:26Mon père est né à Los Angeles en 1907.
05:28À l'âge de 7 ans, il était virtuose et donnait ses propres concertos de piano
05:32au Shrine Auditorium.
05:35Il est devenu chauffeur de taxi à Los Angeles en faisant croire
05:38qu'il avait 21 ans alors qu'il n'en avait que 16.
05:41Il était un docteur en médecine avec mention très bien.
05:44Il était un excellent chirurgien.
05:46Tout ça est très important pour bien comprendre l'affaire du Dahlia Noir.
05:51Steve O'Dell nous affirme utiliser les empreintes de pensée.
05:56D'après lui, nos pensées nous relient à nos actes.
05:59Derrière chacune de nos pensées se cache un but, un mobile.
06:04Dans chacun de nos actes, nous laissons des traces de notre vie.
06:08Dans chacun de nos actes, nous laissons des traces de notre moi.
06:12Comme les empreintes digitales, ces traces sont identifiables.
06:15Steve O'Dell les appelle empreintes de pensée.
06:19Mais elles restent dépourvues de sens comme les pièces éparses d'un puzzle
06:22jusqu'à ce qu'on les regroupe pour avoir une image claire des faits.
06:27En 1945, le docteur O'Dell acquise la célèbre maison Soden
06:32construite par le fils du grand architecte Frank Lloyd Wright
06:36dans Franklin Avenue, au cœur d'Hollywood.
06:39Cette étrange bâtisse classée monument historique
06:42compte parmi les plus inhabituelles par son architecture.
06:46Avec ses voûtes de pierre, ses longs couloirs, sa vaste cour,
06:49sa grande piscine dans son centre et ses pièces classiques,
06:52on dirait un décor tout droit sorti des films du Hollywood des années 30.
06:55Derrière ses hauts murs, c'est une forteresse impénétrable
06:59en plein cœur d'un des quartiers résidentiels de Los Angeles.
07:02Steve O'Dell y passera cinq années de sa vie d'enfant.
07:05Cette maison incroyable, que tout le monde appelait la Franklin House,
07:09fut pour lui un véritable repère des mille et une nuits.
07:12Pour d'autres, ce fut la maison de l'horreur.
07:15En relisant les journaux de Steve O'Dell,
07:18et en se remémorant son enfance,
07:21les empreintes de pensée accusant son père
07:24vont surgir par dizaines à l'esprit de Steve O'Dell.
07:36Clairement, c'était un aventurier du cinéma,
07:39obsédé par les femmes.
07:42Il faut comprendre que Steve O'Dell,
07:45Man Ray, John Huston, George O'Dell,
07:48ils étaient tous sédiques et ils vénéraient l'œuvre du Marquis de Sade.
07:51Ils pensaient que les femmes existaient seulement pour leur plaisir,
07:54et ils les traitaient comme telles.
07:57Nous savons qu'il faisait des orgies avec Man Ray et John Huston.
08:00Ils utilisaient les femmes comme des objets.
08:03À ce trio maléfique,
08:06ils croyaient qu'il n'y avait qu'une seule femme,
08:09une seule femme,
08:13À ce trio maléfique,
08:16il convient d'ajouter le sculpteur Fred Sexton,
08:19copain de lycée de John Huston,
08:22qui lui commanda la statuette du faucon maltais.
08:25Tamara, ma demi-sœur, a fait une fugue à 14 ans.
08:28Elle s'est fait arrêter par la police
08:31et elle a révélé qu'elle avait eu des relations avec son père.
08:43Je ne sais plus ce qui s'est passé,
08:46mais on m'avait retiré mes vêtements
08:49et Fred Sexton essayait d'avoir des rapports sexuels avec moi.
08:52Mon père était fou de rage
08:55et il a jeté Fred hors de la chambre.
09:01J'étais sous le choc.
09:04Je ne peux pas vous expliquer comment ça s'est passé.
09:07Comme si ma conscience avait quitté mon corps pour un moment.
09:11Mais mon père a eu un rapport sexuel avec moi.
09:14Il se sentait...
09:17en colère, coupable,
09:20étrange.
09:23Ensuite, j'ai quitté la chambre
09:26et il était environ 5 heures du matin.
09:32Ça ne s'est jamais produit à nouveau,
09:35mais je suis tombée enceinte.
09:39Elle est tombée enceinte et mon père s'est chargé de la faire avorter.
09:42Il a tout arrangé.
09:45Quelques heures plus tard, quelqu'un frappe à la porte.
09:48C'était le LAPD qui arrêtait mon père pour inceste.
09:51Ça a fait la une de tous les journaux
09:54et bien sûr mon père a eu le meilleur avocat de la ville,
09:57Jerry Gisler, qui était la star du barreau à l'époque.
10:00Le procès a duré 3 semaines et mon père a été acquitté.
10:03La raison est simple.
10:06Les témoins qui ont juré qu'il ne fallait pas croire Tamar,
10:09ils affirmaient que la victime était une affabulatrice et qu'elle délirait.
10:12Le jury a cru cette version.
10:15Mon père a immédiatement quitté le pays,
10:18d'abord pour Hawaï et ensuite l'Asie pour 40 ans.
10:21Plus tard, on allait découvrir
10:24que les vraies raisons de son départ étaient beaucoup plus sombres.
10:27Tout était lié à l'affaire du Dahlia noir.
10:30Le vice-admisseur, ce fédéraire sordide,
10:34devait contribuer à mettre Steve Odell
10:37sur les traces de la véritable personnalité de son père.
10:45Elisabeth Short.
10:48Elle est née le 29 juillet 1924, fille de la côte Est.
10:51Elle vient en Californie pour chercher l'amour.
10:54Elle va y trouver la mort.
10:57En 1943, elle décroche un emploi sur une base militaire.
11:00Elisabeth tombe amoureuse d'un pilote des Flying Tigers
11:03avec qui elle projette de se marier,
11:06mais ce dernier se tue en mission.
11:09Après un aller-retour dans le Massachusetts,
11:12on la retrouve en 1946 à Hollywood
11:15où elle connaît plusieurs mois d'une vie dissolue.
11:20Le jour se lève le 15 janvier 1947.
11:23Une limousine traverse Los Angeles
11:26en direction de Norton et de la 39e.
11:29L'assassin va se débarrasser du corps de sa victime,
11:32Elisabeth Short.
11:44Nous sommes à Limert Park à Los Angeles,
11:47à 11 km au sud d'Hollywood,
11:50dont vous pouvez voir l'enseigne là-bas au loin.
11:53Un matin très froid, le 15 janvier 1947,
11:56l'assassin s'est retrouvé sur le trottoir.
11:59Le reste n'est qu'un terrain vague.
12:02En regardant dans cette direction,
12:05elle voit quelque chose d'effrayant,
12:08un corps nu, mutilé, allongé,
12:11les bras au-dessus de la tête, comme ça.
12:14Elle découvre que c'est une femme,
12:17alors elle court un peu plus loin
12:20et frappe chez quelqu'un pour appeler la police.
12:23Les policiers arrivent à la place,
12:26ils trouvent le corps de cette femme
12:29et ils sont horrifiés car ils n'ont jamais vu une scène pareille.
12:32Une femme brutalisée, torturée, coupée en deux.
12:35À cet instant, l'enquête commence.
12:38Une heure auparavant,
12:41des témoins un peu plus au nord
12:44disent avoir vu une voiture noire
12:47qu'ils décrivent comme une berline Sedan 1936 ou 1937,
12:50probablement une Ford, mais ils ne sont pas sûrs de la marque.
12:53La voiture était arrêtée ici
12:56où le corps a été retrouvé
12:59et trois minutes plus tard, elle se dirigeait vers le nord.
13:02Environ cinq kilomètres au nord,
13:05juste à la moitié du chemin entre ici et notre maison,
13:08la Franklin House,
13:11on a retrouvé le sac et les chaussures de la victime.
13:14Donc la voiture s'est arrêtée.
13:17L'enquête commence et s'est enfuie.
13:20À cette époque, mon père possédait une Packard 1936,
13:23un modèle très similaire à la Ford.
13:26Donc tout colle, même en ce qui concerne la voiture.
13:47Elizabeth Short n'a pas été tuée
13:50là où on a retrouvé son corps.
13:53Je pense qu'elle a été assassinée dans une baignoire,
13:56probablement à la Franklin House,
13:59car il ne restait plus de sang dans son corps.
14:06Les spécialistes du FBI avaient examiné la dépouille
14:09et ils avaient dit que c'était impossible
14:12que quelqu'un d'autre qu'un chirurgien
14:16ait fait cette dépouille.
14:19La dissection était très propre.
14:22La personne qui a fait ça est, je crois, le docteur Hodel,
14:25car c'était un chirurgien très réputé
14:28quand il était à l'école de médecine
14:31et on faisait souvent appel à lui
14:34pour des opérations chirurgicales délicates.
14:37La scène du crime montre le travail d'un sédic.
14:40Mon père a déposé soigneusement le corps d'Elizabeth Short
14:43à cet endroit, avec les bras au-dessus de sa tête.
14:46Le corps a été sectionné en deux
14:49au niveau de la taille afin de reproduire
14:52une des œuvres les plus connues de Man Ray,
14:55le Minotaur, le tronc d'une femme
14:58qui posait pour la photo.
15:01Figure du surréalisme, Man Ray se met à l'âge de 20 ans
15:04au dessin et à la peinture.
15:07De 1945 à 1949, Man Ray est de toutes les soirées
15:10à la Soudan House, ces fêtes pendant lesquelles
15:13on trouve profusion, cocktails, filles faciles et cocaïne.
15:16L'influence de Man Ray sur George Hodel
15:19est incontestable, car malgré toutes ses réussites professionnelles,
15:22au fond de lui-même, George Hodel
15:25avait d'être un artiste.
15:28Son corps a été déposé de cette manière
15:31pour une raison précise,
15:34et je n'ai jamais entendu une meilleure explication
15:37de Steve au sujet de l'amitié
15:40que son père entretenait avec Man Ray.
15:43Il y a une autre photo connue de Man Ray,
15:46Les amoureux, où une bouche est suspendue
15:49au-dessus de l'horizon.
15:52Mon père, en fait, a soigneusement découpé
15:55la bouche d'Elizabeth Short, des commissures jusqu'aux oreilles,
15:58comme pour reproduire cette fameuse photo.
16:01Oui, je pense que c'est vrai.
16:04Il y a des choses intéressantes
16:07dans le passé du docteur Hodel.
16:10La mère de Steve disait qu'il avait une attirance incroyable
16:13pour le sang.
16:16On sait également qu'il avait dit à une de ses maîtresses
16:19qu'à chaque fois qu'il fumait du cocaïne,
16:22elle devait l'enfermer dans la salle de bain,
16:25car il pouvait faire des choses horribles.
16:28Je crois que c'est vrai.
16:31Le docteur Hodel adorait la publicité.
16:34Il aimait le fait qu'il y ait des gros titres
16:37dans la presse autour de l'affaire du Dahlia Noir.
16:40Mais après quelques semaines,
16:43les articles sont devenus plus rares.
16:46Alors, il a appelé le rédacteur en chef,
16:49M. Richardson,
16:52et il a dit qu'il pourrait lui donner un coup de main
16:55puisque le rédacteur en chef, M. Richardson,
16:58il a dit qu'il pourrait lui donner un coup de main
17:01puisque le journal manquait d'informations.
17:07M. Richardson a reçu un paquet
17:10avec l'extrait de naissance d'Elizabeth Short,
17:13sa carte d'assurée sociale, sa carte d'identité
17:16et un carnet d'adresse avec 75 noms dedans.
17:19Il y avait une page arrachée pourtant.
17:23Après le meurtre, le Dr. Hodel a commencé
17:26à envoyer des cartes postales et des lettres anonymes
17:29à des journaux comme le Los Angeles Examiner
17:32ou Los Angeles Herald Express.
17:35Ça ressemblait à des manchettes, à des gros titres.
17:38Un professionnel de la presse aurait pu les écrire.
17:44Steve Hodel a fait quelque chose de très intelligent
17:47en engageant Anna McFarland, une experte en graphologie.
17:50Une personne qui ne savait rien de l'affaire.
17:53Il ne lui a jamais révélé qu'il s'agissait
17:56de l'affaire de Dahlia Noir ni que son père
17:59était le principal suspect.
18:05Cette personne a comparé des notes de mon père
18:08avec celles envoyées à la presse.
18:11Et le plus intéressant, c'est que des expertises graphologiques
18:14avaient été réalisées par deux autres experts
18:17de l'Université Nationale en 1947.
18:20Ils ont découvert le même profil que les experts d'aujourd'hui.
18:23Un être très intelligent, sournois,
18:26qui se faisait passer pour un ignorant,
18:29mais qui était en fait quelqu'un d'extrêmement brillant.
18:35Quelqu'un de familier, comme un enfant
18:38qui connaît l'écriture de son père
18:41ou un expert en graphologie est capable
18:44de voir par le visage.
18:48L'expert a affirmé que 4 ou 5 de ces lettres anonymes
18:51avaient été écrites par la même personne,
18:54c'est-à-dire George O'Dell.
18:57Aucun autre expert en graphologie n'a déclaré
19:00que ces notes n'ont pas été écrites par George O'Dell.
19:03Ça fait trois ans déjà et personne n'a démenti ces faits.
19:06Beaucoup de pièces à conviction ont la même valeur juridique
19:09qu'elles avaient il y a 50 ans.
19:12Comme l'affirme Steve O'Dell,
19:15un certain nombre d'experts ne partagent pas ces conclusions graphologiques.
19:21Fin mars 1950, le docteur George O'Dell
19:24abandonne Situation Femmes et Enfants
19:27et quitte l'Amérique pour Hawaï, puis l'Asie.
19:30Il y bourlingue avant de se fixer à Manille, aux Philippines.
19:33Il ne devait plus remettre les pieds aux États-Unis
19:36pendant près d'un demi-siècle.
19:39Je pense que le docteur O'Dell a quitté le pays
19:42parce qu'il craignait le bureau du district à Tornay, du procureur.
19:47Nous savons maintenant qu'il était le suspect numéro un
19:50dans l'affaire du Dahlia Noir.
19:53Le bureau du district à Tornay avait placé la Franklin House sous surveillance
19:56et l'avait mise sur écoute.
19:59En fait, la police était sur le point de l'arrêter pour ce crime.
20:02Rappelez-vous que le docteur O'Dell pensait que son téléphone était mis sur écoute,
20:05alors il faisait très attention quand il parlait en combiné.
20:08Mais il ne pouvait pas imaginer que la police avait caché des micros dans les murs
20:11et que toute sa maison était sur écoute.
20:17Le docteur O'Dell a déclaré une chose incroyable à un ami allemand.
20:20Ce n'était pas au téléphone.
20:23L'Allemand était présent dans une chambre chez monsieur O'Dell.
20:26Ce dernier a dit
20:29« Supposons que j'ai tué le Dahlia Noir.
20:32Ils ne peuvent plus le prouver maintenant.
20:35Ils ne peuvent plus parler à ma secrétaire puisqu'elle est morte.
20:38Est-ce que vous pouvez imaginer un innocent
20:41faisant une déclaration pareille ?
20:44Cette déclaration est celle d'un coupable. »
20:49Dans un autre enregistrement, on entend une femme crier.
20:52On lui arrache le téléphone puisqu'elle a essayé d'appeler la police
20:55et en raccroche.
20:58Quelques minutes plus tard, elle est en train de crier
21:01et ensuite on entend des bruits de quelqu'un qui creuse un trou.
21:05Il ne faut pas être un génie pour comprendre
21:08qu'il se passait quelque chose de diabolique dans cette cave.
21:16La police est en train de faire des enregistrements
21:19avec un micro dissimulé dans le mur de la Franklin House.
21:22Une personne qui vient voir mon père
21:25lui dit de s'échapper.
21:28Il s'en va juste comme ça, il disparaît.
21:31Personne ne sait où il se trouve.
21:34Peut-être en Asie ou peut-être au Mexique.
21:37Alors, la police enlève tous les micros
21:40et les ordres sont clairs.
21:43L'affaire est close.
21:48Du haut en bas de l'échelle administrative,
21:51un seul mot règne sur le Los Angeles d'après guerre.
21:54Corruption.
21:57Il demeure beaucoup de questions comme
22:00« Pourquoi le docteur O'Dell n'a-t-il pas été arrêté ? »
22:03Mon père était le responsable du département de santé
22:06du comté de Los Angeles en charge du contrôle
22:09des maladies vénériennes.
22:12Il soyait donc toutes les hautes personnalités
22:15ainsi que des membres du LAPD.
22:18Il avait beaucoup de relations et bien sûr,
22:21il connaissait des choses très délicates
22:24et il avait des dossiers sur des gens importants.
22:27En plus, il y avait un réseau d'avortements
22:30qui voulait protéger leur clinique.
22:33Les médecins étaient prêts à payer
22:36500 à 1000 dollars par mois pour être tranquilles,
22:39pour éviter une arrestation.
22:42À cette époque, l'avortement était un délit
22:45et ces médecins risquaient la prison fédérale.
22:48Bien sûr, mon père était au courant de tout ça.
22:54Le réseau clandestin d'avortements est une des clés
22:57pour comprendre cette affaire.
23:00C'est ce qui a donné au docteur Hodel du pouvoir
23:03et des relations avec des flics importants,
23:06des politiciens influents.
23:09Et ça explique pourquoi ils ne l'ont pas arrêté
23:12quand ils ont su qu'il était l'assassin.
23:15Le docteur Hodel avait trop d'informations
23:18sur leurs femmes, leurs maîtresses,
23:21les avortements secrets et toutes les pratiques
23:24sortides qui se passaient ici.
23:27Le docteur Hodel facilitait leur vie débouchée.
23:33C'est l'une des raisons pour laquelle
23:36ils n'ont pas essayé de le faire revenir d'Asie.
23:39Mon père a quitté le pays et ils n'étaient pas sûrs
23:42de le retrouver. Et même s'ils l'avaient capturé,
23:45il aurait certainement ruiné la réputation
23:48du LAPD à cette époque.
23:51Les années 40 étaient très différentes d'aujourd'hui.
23:54Il y avait beaucoup de corruption dans la police
23:57comme dans l'administration de la ville.
24:02Vous devez comprendre qu'à cette époque,
24:05comme dans LA Confidential de James Ellroy,
24:08la moitié du personnel du LAPD était corrompu.
24:11Il couvrait des meurtres, des cambriolages,
24:14il recevait des bacs chiches, il y avait des connexions politiques.
24:17Il faut prendre tout ça en compte pour bien se replonger
24:20dans la police.
24:26Une fois encore, la réalité dépasse la fiction
24:29et la plume de James Ellroy semble planer
24:32sur cette terrifiante affaire.
24:35Comme dans son roman LA Confidential,
24:38le LAPD d'après-guerre est totalement corrompu.
24:41La lutte entre les deux candidats au poste de chef de la police,
24:44Thad Brown et William Parker, les empêche
24:47de montrer publiquement que certains inspecteurs protègent,
24:50moyennant pot de vin, un réseau d'avorteurs
24:53et que, pire encore, ils ont étouffé le meurtre le plus horrible
24:56jamais commis à Los Angeles.
24:59C'était un frais d'Alia Gates, la raison est simple.
25:02Le LAPD était dans les mains du chef Parker
25:05et du chef Thad Brown, alors leurs détectives ont obéi aux ordres.
25:08Je pense qu'ils ont dissimulé des preuves
25:11et qu'aujourd'hui encore, c'est la raison pour laquelle
25:14le LAPD a du mal à parler de l'affaire.
25:17Admettre ce que le docteur Hodel a fait,
25:20c'est reconnaître la dissimulation commise par le chef Parker
25:23et Thad Brown en 1950.
25:26C'est dur pour eux d'avaler tout ça.
25:29Comme mon père était en fuite,
25:32le LAPD a bien réfléchi et décidé de clore le dossier,
25:35pour le bien du département, pour le bien de la ville,
25:38pour le bien de Los Angeles.
25:41Ils ont pris la décision de se préserver
25:44et aussi de préserver la police.
25:47Encore une fois, il faut se remettre dans le contexte de l'époque.
25:50Le LAPD couvrait des scandales, était coupable de corruption,
25:53faisait disparaître des preuves.
25:56Un scandale de plus,
25:59et tout le département tombait.
26:02Une seule solution, étouffer l'affaire.
26:05Les ordres commencent à pleuvoir.
26:08Les preuves concernant le Daria Noir
26:11doivent être dissimulées ou détruites.
26:14Des échantillons sur lesquels on aurait pu faire
26:17des tests ADN ont disparu.
26:20Et même les empreintes digitales du docteur Hodel
26:23datant de son accusation pour sa fille Tamar.
26:26Il n'y a plus d'empreintes digitales
26:29à comparer avec celles qui ont été trouvées
26:32sur la scène du crime.
26:38La police est incapable d'admettre
26:41que le cas est résolu.
26:44Il y a trop de conséquences.
26:47Au fil du temps, ils ont fait disparaître les preuves
26:50car ils avaient peur qu'un jour quelqu'un rouvre le dossier.
26:53Et Steve Hodel l'a fait.
26:56La police ne savait pas que ce serait lui,
26:59mais il y avait toujours cette possibilité, ce risque.
27:02C'est vraiment choquant que tous les éléments
27:05ayant trait à ce crime soient perdus.
27:08Cette affaire est quand même le meurtre irrésolu
27:11le plus connu jamais perpétré à Los Angeles.
27:14Que quelqu'un disparaisse avec toutes les preuves
27:17concernant un crime est tout simplement inacceptable.
27:20Maintenant, on sait que toutes les preuves du coroner
27:23ont elles aussi disparu.
27:26On peut peut-être dire que je suis paranoïaque
27:29en parlant de conspiration,
27:32mais je pense qu'il y a un problème.
27:35La plupart des policiers sont bons,
27:38mais dans cette affaire, leur loyauté envers leur corps d'origine
27:41a supplanté la recherche de la vérité.
27:44Selon Steve Hodel, en faisant délibérément d'obstacles à la justice,
27:47les deux personnages les plus haut placés de la police de Los Angeles
27:50sont directement responsables.
27:53Ils ont laissé courir un assassin psychopathe dans la nature.
27:57Tout ça a été confirmé officiellement
28:00après la sortie de mon livre en avril 2003.
28:03La presse a demandé des réponses
28:06et tout ce que le LAPD a trouvé à dire
28:09c'est que tous les éléments,
28:12tous les courriers envoyés par le meurtrier,
28:15toutes les preuves qui étaient enfermées dans le coffre,
28:18toutes avaient disparu.
28:21Ils n'avaient pas de réponse du comment et pourquoi.
28:24Tout s'est envolé.
28:27En fait, il n'y a plus rien.
28:30Plus d'archives secrètes, plus d'enregistrements,
28:33même le rapport du coroner a disparu.
28:36Le plus incroyable, c'est que les interviews et les enregistrements
28:39concernant des gens liés à mon père
28:42se sont également volatilisés
28:45et ils n'ont aucune explication pour ça.
28:48Le LAPD n'a jamais reconnu l'existence de ces enregistrements
28:51des journalistes du Los Angeles Times se sont rendus chez le procureur.
28:56Ils étaient présents quand on a ouvert le coffre fort du district à Tormé
28:59et ils ont retrouvé certaines archives concernant le Dahlia Noir
29:02qui était là, enfermé depuis 50 ans.
29:05Quand ils ont ouvert le coffre, une photo de mon père,
29:08George O'Dell, est tombée.
29:11Il y avait plus de 1000 pages de documents.
29:14Ce qu'on a trouvé, c'était l'incroyable confirmation
29:17de la véritable personnalité de George O'Dell
29:20sur le Dahlia Noir pendant la période février-mars 1950
29:23juste avant qu'il ne quitte le pays.
29:26Ici, nous avons une phrase tirée d'une discussion
29:29entre Sal Brown et le comédien Jack Webb
29:32qui jouait le rôle du sergent Joe Friday
29:35dans la série télé Dragnet.
29:38Dans cette conversation, Sal Brown dit à Jack Webb
29:41que l'affaire du Dahlia Noir est résolue
29:44et que le suspect est un médecin qui vit à Hollywood
29:47et qu'il est en train d'envoyer un message à Franklin Avenue.
29:50Je crois que Sal Brown avait trop envie d'être sur cette photo.
29:53Nous sommes sûrs qu'il savait que George O'Dell
29:56était le meurtrier du Dahlia Noir.
29:59L'ironie du sort a fait que le fils du meurtrier
30:02s'est retrouvé par hasard dans son propre service
30:05et Sal Brown n'a pas pu résister.
30:08Il s'est débrouillé pour se faire prendre en photo avec lui.
30:1150 ans plus tard, nous avons aujourd'hui la preuve
30:15Tout a été confirmé.
30:18Ils ont mis Franklin House sur écoute pendant 40 jours.
30:21Ils avaient 18 détectives, 7 jours sur 7,
30:24qui surveillaient la maison.
30:27Ils étaient sur le point de l'arrêter
30:30quand il s'est échappé à la fin mars 1950.
30:36À 84 ans, en 1991,
30:39le docteur George O'Dell rentre aux États-Unis
30:42après une absence de près de 40 ans.
30:45S'installant à San Francisco avec sa 4e et dernière épouse, Joan,
30:48il n'en bougera plus jusqu'à sa mort le 17 mai 1999.
30:55À l'époque, quand il est rentré aux États-Unis
30:58pour vivre à San Francisco,
31:01plus personne ne s'occupait de l'affaire du Dahlia Noir.
31:04En tout cas, personne du LAPD.
31:08L'enquêteur de l'époque, Brian Carr,
31:11ne connaissait même pas le nom du docteur George O'Dell
31:14quand Steve O'Dell lui en a parlé.
31:21Or, nous savons que toutes les informations
31:24ont été transmises par le bureau du district attorné au LAPD
31:27quand le district attorné a été déchargé de l'enquête à l'époque.
31:33Tout ça aurait dû être conservé au LAPD,
31:36mais Steve pense qu'ils ont détruit les dossiers.
31:42Bien sûr, le temps a passé
31:45et les enquêteurs ont cessé de s'y intéresser.
31:48Les anciens enquêteurs sont tous partis à la retraite
31:51et notamment Harry Hansen
31:54qui a longtemps été le détective en charge du dossier
31:57et qui a pris sa retraite au début des années 70.
32:01Depuis ce temps-là, aucun progrès n'a été fait concernant l'affaire
32:04jusqu'à ce que Steve O'Dell découvre l'album photo de son père.
32:18Après-guerre, le terme de serial killer n'existe pas encore
32:21et les procédures d'enquête de la police
32:24ne prévoient pas le recoupement des méthodes des tueurs en série.
32:27Et pourtant, le 10 février 1947
32:30quelques semaines après l'assassinat du Dahlia Noir
32:33on découvre le corps nu de Jean French.
32:36Elle a été rouée de coups, le corps lacéré et jeté sur un terrain vague.
32:39L'assassin a écrit des obsédités sur son torse
32:42avec du rouge à lèvres.
32:45La veille de sa mort, un témoin dira l'avoir vue dîner
32:48avec un homme aux cheveux noirs portant une petite moustache.
32:51Elizabeth Short a trouvé la mort le 15 janvier 1947
32:55et moins d'un mois plus tard, le 10 février 1947
32:58Jean French a été tué.
33:01Toutes les deux avaient le visage coupé horizontalement
33:04au niveau de la bouche
33:07et dans le cas de Jean French, ouvert presque jusqu'aux oreilles.
33:13Sur le corps de Jean French, l'assassin avait écrit
33:16avec du rouge à lèvres
33:19pardonnez mon langage mais c'est ce qu'il avait écrit
33:23B.D.
33:28B.D. ne pouvaient être que les initiales de Black Dahlia.
33:31C'est évident que le docteur O'Dell
33:34haïssait terriblement Elizabeth Short
33:37vu la torture qu'il lui a fait subir.
33:43Il n'y a aucune raison logique pour expliquer ce type de meurtre.
33:46Je pense qu'elle est tombée dans un piège comme ça
33:49je ne sais pas pourquoi.
33:52En tuant Jean French
33:55il exprimait encore toute sa haine envers Elizabeth Short
33:58Je crois qu'Elizabeth Short l'a repoussée
34:01et le docteur n'était pas le genre d'homme
34:04à accepter un non comme réponse.
34:10Selon Steve O'Dell, le passé du docteur O'Dell
34:13ses déviances sexuelles et le groupe d'amis
34:16auquel il partageait une fascination artistique
34:19pour tout ce qui est perversion sadique
34:22éclairent sa véritable personnalité.
34:25Or, un délinquant sexuel capable d'infliger de telles violences
34:28ne saurait se contenter d'un seul assassinat.
34:31Pour Steve O'Dell, les meurtres de ce type
34:34sont bien ceux d'un tueur en série.
34:37D'autres meurtres de femmes non élucidées à Los Angeles
34:40entre 1943 et 1950 pourraient être liés.
34:43L'effort délibéré du LAPD à n'avoir aucun lien entre ces meurtres
34:46cadavres retrouvés dans les mêmes zones géographiques.
34:54Si je crois à la possibilité que George O'Dell soit un tueur en série
34:57bien sûr. Je suis convaincu que le docteur O'Dell
35:00a non seulement tué le Dahlia Noir
35:03mais également dix autres femmes au moins.
35:06Jeunes, célibataires, séduisantes.
35:09Je pense que Steve a prouvé au moins huit de ses crimes.
35:12Je suis sûr que dix autres meurtres
35:15peut-être même vingt autres pourraient être prouvés
35:18s'il poursuivait son enquête.
35:24Si j'étais devant un jury, je n'aurais aucun problème
35:27à trouver des éléments à charge pour l'accusation.
35:30Je crois que j'obtiendrai gain de cause dans les deux cas.
35:33À propos des autres meurtres que Steve dévoile
35:36il soupçonne des choses et on peut peut-être dire
35:39qu'il n'y a pas de fumée sans feu.
35:42Je sais qu'il croit vraiment que son père a tué d'autres femmes
35:45mais en ce qui me concerne je n'ai jamais eu suffisamment de preuves
35:48pour vraiment l'accuser.
35:51Pour moi, le fait d'accuser quelqu'un est quelque chose de très grave
35:54et j'ai besoin d'être certain
35:57d'avoir toutes les preuves nécessaires pour le faire.
36:01Tous les meurtres ont pris fin quand il est parti en 1950.
36:04Avant ça, entre 1943 et 1950,
36:07il y a eu douze meurtres dans un rayon géographique très limité
36:10entre Hollywood et le centre-ville,
36:13dans les environs proches du cabinet de mon père
36:16et autour de notre maison.
36:19Dans un rayon de seize kilomètres, il y a eu douze assassinats
36:22et tout s'est arrêté après son départ.
36:25Les meurtres ne se sont pas arrêtés parce que le docteur O'Dell est parti
36:28mais le genre de meurtres sadiques commis par le docteur O'Dell
36:31sur Elisabeth Short et Jean French
36:34ne se sont pas reproduits.
36:37Il y a eu beaucoup de jeunes filles qui ont été tuées pendant cette période.
36:40Malheureusement, il y a toujours eu beaucoup de meurtres à Los Angeles.
36:56Dans la nouvelle édition de son livre,
36:59Steve O'Dell dit importer de nouvelles preuves
37:02à la culpabilité de son père.
37:05Cette démonstration est-elle vraiment probante ?
37:08Mystère.
37:15Cette femme est sans aucun doute possible Elisabeth Short.
37:18Plusieurs personnes ont affirmé que ce n'était pas elle
37:21mais elles se sont trompées.
37:24Mon ami James Ellroy ne croit pas que c'est la même femme
37:27mais il dit que ça n'a pas vraiment d'importance
37:30que ça m'a permis de commencer cette enquête.
37:33Voilà l'une des preuves les plus troublantes que j'ai pu découvrir.
37:36Grâce au zoom sur la partie supérieure du torse,
37:39nous voyons un objet là où il y a la flèche
37:42et il me semble que c'est une montre-bracelet d'homme.
37:45Cette deuxième photo a été prise quelques heures plus tard
37:48dans le bureau du coroner
37:51et quand on regarde au même endroit que sur la première photo,
37:54l'objet n'est plus là.
37:57Nulle part, il n'est fait mention de cette montre-bracelet.
38:00Le plus intéressant dans cette histoire, c'est que Man Ray,
38:03lors de ses entretiens avec Gertrude Stein,
38:06l'une de ses amies proches, disait qu'on devrait toujours
38:09inclure le temps dans ses compositions.
38:12Je pense que mon père a mis cette montre, ce morceau de temps,
38:15dans le torse d'Elisabeth Short
38:19afin de créer une composition surréaliste.
38:24A l'époque, en 1947, une montre-bracelet d'homme
38:27a été trouvée sur les lieux du crime.
38:30Une semaine plus tard, le 21 janvier 1947,
38:33ils ont envoyé des agents sur les lieux
38:36et ils ont trouvé une montre-bracelet modèle militaire
38:39encore non identifiée.
38:42Nous avons donc bien la confirmation qu'une montre-bracelet d'homme
38:45a été trouvée sur la scène de crime.
38:48Mais encore une fois, aucun rapport officiel ne mentionne ce fait.
38:55Heureusement, nous avons Steve O'Dell,
38:58qui était non seulement un bon enquêteur du temps où il était au LAPD,
39:01mais qui a été l'un des meilleurs inspecteurs
39:04puisqu'il a travaillé sur plus de 300 cas de meurtre.
39:07J'ai collaboré avec lui et je connais la qualité de son travail.
39:10S'il était sur une affaire et qu'il n'avait pas suffisamment de preuves,
39:14il vous le dirait tout de suite.
39:22Nous sommes devant un homme qui a résolu plus de 200 homicides.
39:25Ce n'est pas un type comme ça en train de nous dire
39:28« Oui, je pense que mon père est l'assassin ».
39:31En vérité, Steve aimait et respectait son père.
39:34Il ne se doutait pas que son père avait ce côté obscur, terrible.
39:38C'est incroyable que le destin puisse faire une chose pareille.
39:41Il met en présence l'un des meurtriers les plus sanguinaires
39:44de toute l'histoire de Los Angeles et son fils,
39:47qui s'avère être un inspecteur des homicides
39:50qui, après sa retraite, prouve que son père
39:53est le meurtrier du dahlia noir.
40:01Je n'ai aucun doute sur le fait que le docteur O'Dell
40:04ait tué successivement Elisabeth Short et Jean French.
40:07S'il était vivant aujourd'hui, ainsi que les témoins,
40:10je n'aurais aucun problème à le poursuivre pour ces deux meurtres.
40:13Si j'attaquais George O'Dell en justice,
40:16je réussirais à le faire condamner.
40:29Là-bas, en face, c'est l'hôpital.
40:32Là-bas, en face, avec les lumières, c'est El Monte,
40:35pas vraiment le coin le plus chic de la ville.
40:38C'est là que James Ellroy a vécu jusqu'à l'âge de 12 ans.
40:41C'est aussi là-bas que sa mère a été retrouvée sauvagement assassinée
40:44le samedi 21 juin 1958.
40:47Elle a été étranglée.
40:50Le 22 juin 1958, au petit matin,
40:53un tapis de lierre au bord d'une rue déserte,
40:56près d'un terrain de sport d'El Monte,
41:00quartier minable et crasseux de Los Angeles.
41:03Le corps de Geneva Hillacre Ellroy est retrouvé abandonné.
41:06Elle a été étranglée.
41:09C'est la mère de James Ellroy.
41:12Le meurtre ne sera jamais élucidé.
41:15C'est une belle rouquine, divorcée, ayant la garde de son petit garçon.
41:18Elle cherchait pour lui la sécurité tout en aimant les hommes,
41:21l'alcool et les bars.
41:24L'événement marquera à jamais James.
41:27Il avait 10 ans.
41:33Bill Stoner, ancien détective au bureau du shérif de Los Angeles,
41:36a traité plus de 200 affaires.
41:39Au moment de prendre sa retraite, il ne sait pas encore
41:42qu'il sera amené à rouvrir le dossier Geneva Hillacre Ellroy.
41:50Bureau du shérif, section homicide.
41:53Je suis le détective Bill Stoner et j'aimerais savoir
41:56ce que vous avez fait depuis le mois de juin 1958.
41:59Je sais que vous sortiez avec une femme nommée Geneva Ellroy.
42:02Tout a commencé en 1994.
42:05J'étais sur le point de prendre ma retraite du bureau du shérif
42:08où j'avais passé 32 ans, dont 15 ans en tant qu'inspecteur des homicides.
42:11Les sept dernières années, j'avais été responsable
42:14de la section des crimes non résolus.
42:17Trois ou quatre semaines à peu près avant ma retraite,
42:20j'ai reçu un coup de fil de James Ellroy.
42:23Je ne savais pas qui il était.
42:26Je n'avais jamais entendu parler de lui.
42:29En tant qu'inspecteur des homicides, je n'ai pas l'habitude
42:32de lire des polars.
42:35Je suis suffisamment là-dedans dans mon travail,
42:38alors je ne vais pas vivre ça le soir chez moi en plus.
42:44James Ellroy, figure emblématique du roman noir américain,
42:47poursuit dans son oeuvre deux ombres,
42:50celle de sa mère, Geneva E. Ellroy,
42:53et celle d'Elizabeth Short, l'héroïne de son livre,
42:56Le Dahlia Noir.
42:59Elizabeth Short a été à la fois la muse et l'ange noir de son oeuvre.
43:02Dans l'esprit de James Ellroy,
43:05âgé de dix ans lorsque sa mère disparaît,
43:08les deux énigmes, la mort de sa mère et le Dahlia Noir,
43:11se superposent, se mélangent,
43:14se confondent l'une avec l'autre.
43:20Il m'a expliqué qui il était
43:23et que sa mère avait été assassinée en 1958
43:26dans la ville d'Almonte.
43:29L'affaire avait été traitée par mon service,
43:32le bureau du shérif, et n'avait pas été résolue.
43:35Il était en train d'écrire un article pour un magazine
43:38à propos du meurtre de sa mère
43:41et la façon dont ça avait affecté sa vie.
43:44Il voulait venir au bureau afin de regarder son dossier.
43:47Je ne voulais pas les gens affouiller dans les archives
43:50des crimes non résolus, car ces affaires sont toujours ouvertes
43:53et il y a des informations que nous ne voulons pas voir
43:56publiées dans les journaux.
43:59Je lui ai répondu que j'allais jeter un coup d'œil
44:02dans les archives et que je l'appellerais.
44:05Et je l'ai fait. Il n'y avait rien dans les archives
44:08auxquelles il ne puisse avoir accès.
44:11Il était le fils de la victime et n'avait rien su
44:14que j'allais voir cette affaire et me suivre.
44:17D'abord, il m'a dit que tout ça ne devrait prendre que quelques mois,
44:20mais je lui ai répondu qu'il faudrait compter au moins un an.
44:23J'ai accepté tout en le prévenant
44:26qu'on allait sûrement rencontrer des difficultés.
44:29La probabilité de résoudre cette affaire était très limitée.
44:32Il a dit qu'il avait besoin de vivre tout ça
44:35et qu'on pourrait le faire ensemble.
44:38Un mois après avoir démarré l'enquête,
44:41il m'a dit que j'avais contacté un responsable
44:44et qu'ils avaient encore les éléments matériels
44:47concernant le meurtre de sa mère dans l'entrepôt
44:50où on garde toutes les preuves des crimes non résolus.
44:56Je crois que James Ellroy n'était pas préparé à ce qu'il allait voir.
44:59Nous étions assis dans cette salle
45:02et ils ont apporté un gros paquet.
45:05Nous l'avons ouvert soigneusement
45:08et la première chose qui est apparue, c'est la robe que sa mère portait.
45:11James m'a regardé et il m'a dit
45:14qu'il se rappelait très bien de cette robe.
45:17Il était très ému à ce moment-là.
45:20Il était au bord des larmes, visiblement très secoué
45:23par ce qu'il découvrait.
45:29L'autre objet ensuite a été la corde utilisée pour étrangler sa mère.
45:32James l'a prise dans ses mains
45:35et il est devenu très silencieux.
45:41Après avoir regardé les différentes preuves, nous avons quitté le bâtiment.
45:44Sur le parking, chacun a pris sa voiture
45:47car il m'a dit avoir besoin de rester seul
45:50et il est parti à son hôtel.
45:53Plus tard, il m'a avoué avoir passé
45:56une nuit très difficile.
45:59J'ai commencé à voir un changement chez James.
46:02Quand nous avions commencé l'enquête,
46:05il parlait durement de sa mère.
46:08Je pense que le moment où j'ai senti véritablement qu'il changeait,
46:11c'est quand nous étions dans le Wisconsin
46:14pour poser des questions à la famille de sa mère
46:17et quelques-uns de ses cousins.
46:20Ils lui ont donné des photos de sa mère jeune.
46:23Il y avait une photo d'elle portant une veste d'équitation
46:26assise sur une palissade.
46:29Une très belle photo.
46:32Je regardais ces clichés et soudain il m'a dit
46:35« Vous savez, Bill,
46:38pour la première fois,
46:41je commence à détester cet homme, cet assassin. »
46:44Différents témoignages parlent d'un homme
46:47accompagné en Gineva illégueur à El Roy dans ses dernières heures.
46:50D'origine italienne ou grecque,
46:5335-40 ans, visage mince, peau foncée,
46:56cheveux noirs dégagés sur l'étampe et ramenés en arrière,
46:59des caractéristiques rappelant étrangement
47:02Fred Sexton, l'âme damnée du docteur O'Dell.
47:05Pour Steve O'Dell, les portraits robots faits par la police
47:08pourraient correspondre à Fred Sexton.
47:11Je pense qu'il y a une possibilité.
47:14J'ai écrit dans mon livre que la mère de James El Roy
47:17aurait pu être tuée par un associé de George O'Dell.
47:20Et j'ai pensé à Fred Sexton, qui a été son complice
47:23dans certains des meurtres qu'il a commis.
47:26C'est quelque chose qu'il faudrait étudier de plus près,
47:29mais je ne vais pas jusqu'au point d'affirmer que c'est lui qui l'a tué.
47:32Je pense que Fred Sexton est le tueur,
47:35mais ce sera très difficile à prouver, c'est évident.
47:41Il est clair qu'il n'y a pas assez de preuves, à mon avis,
47:44pour dire que Fred Sexton était l'un des auteurs
47:48Je pense qu'il va être beaucoup plus difficile
47:51de trouver une solution à ce cas-là qu'à celui d'Elizabeth Short.
47:56J'ai lu le livre de M. O'Dell,
47:59et c'est vrai qu'il y a des informations cruciales
48:02concernant ces crimes.
48:05Depuis, je sais que d'autres révélations accusent encore plus son père
48:08comme étant le meurtrier d'Elizabeth Short.
48:11Je ne sais pas.
48:14Quand j'ai lu le livre,
48:17j'ai senti que son père pouvait être l'assassin,
48:20mais c'est possible également qu'il ne le soit pas.
48:23Ce n'est pas suffisamment précis.
48:26Je n'irai pas devant un tribunal
48:29avec les preuves qu'il nous montre dans le livre.
48:32De la même façon, je ne pense pas que Fred Sexton
48:35soit mêlé au meurtre de la mère de James Ellroy.
48:38Comme James, je crois que sa mère est partie
48:41à un rendez-vous galant ce soir-là,
48:44et quel que soit l'homme avec qui elle était,
48:47ce dernier est devenu furieux contre sa mère.
48:50Il a pu la tuer.
48:53Je crois que ça a dû se passer comme ça.
48:56C'est ce que je pense, mais en même temps,
48:59je n'ai aucune preuve pour l'affirmer.
49:02Seule son statut légendaire
49:05a permis à l'affaire du Dalian noir
49:08de ne pas être close après toutes ces années.
49:11Aujourd'hui, les tueurs fatiguent James Ellroy.
49:14Le rapport entre création et violence
49:17est une image fausse pour lui.
49:20L'esthétique du serial killer l'ennuie.
49:23Il l'avait dit après le Dalian noir,
49:26Ma part d'ombre est le dernier bouquin
49:29qu'il écrit sur le crime à Los Angeles.
49:32Après avoir affronté sa mère et l'avoir retrouvée,
49:35il publie une trilogie sur l'Amérique.
49:38James Ellroy vient de refermer son côté noir,
49:41sa part d'ombre.
49:44Que penser de Steve Odell ?
49:47Est-ce un flic à la retraite,
49:50s'improvisant écrivain, un businessman
49:53suffisamment avisé pour embarquer
49:56ou est-ce un homme toujours à la recherche
49:59de ce père qu'il a abandonné enfant
50:02et soffrant une psychanalyse publique ?
50:05Ellroy, Odell, deux hommes fouillant le passé
50:08de leurs parents.
50:11L'un réhabilitera sa mère,
50:14l'autre découvrira un monstre.
50:17Le Dalian noir entre tragédie oedipienne
50:20et polar sanglant dépasse en noirceur
50:23l'imaginaire de la réalité.
50:53Sous-titrage Société Radio-Canada
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