Débats sur la fin de vie : «Il faut d'abord que les patients aient accès aux soins palliatifs», estime Claire Fourcade

  • il y a 39 minutes
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Claire Fourcade, présidente de la SFAP, Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcription
00:007h-9h, Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la présidente de la Société Française
00:08d'Accompagnement et de Soins Palliatifs.
00:10Bonjour Claire Fourcade. Bonjour. Bienvenue à vous sur Europe 1. Alors avec la dissolution
00:15prononcée en juin, on pensait le projet de loi sur l'aide active à mourir
00:19enterré, ce n'est pas le cas. Michel Barnier, Premier ministre, a bien l'intention de reprendre le texte là où il avait été
00:25interrompu, c'est sa formule, et ça vous remobilise. Claire Fourcade, vous et l'immense majorité des médecins de soins palliatifs qui êtes opposés
00:32à l'euthanasie. Est-ce que vous pouvez d'abord nous rappeler, Claire Fourcade, pourquoi vous combattez cette mesure ?
00:38Alors ce qui est important, c'est que ce n'est pas seulement les médecins de soins palliatifs, mais c'est l'ensemble des soignants
00:42qui sont concernés par la question de la fin de vie. C'est-à-dire des médecins, des infirmières, des aides-soignantes, et pas seulement en soins palliatifs,
00:48mais en gériatrie, en cancérologie, en pneumologie, en néphrologie, en hospitalisation à domicile.
00:54C'est une très grande majorité des soignants qui, tous les jours, accompagnent des patients.
00:59Actuellement, en France, c'est la moitié des patients qui auraient besoin de soins palliatifs qui n'y ont pas accès.
01:03Ça veut dire que tous les jours, en France, il y a 500 personnes qui meurent sans avoir eu accès aux soins dont elles avaient besoin.
01:08Et nous, ça nous paraît la priorité. C'est en plus un projet qui fait consensus. Tout le monde est d'accord avec ça.
01:15Et il nous semble qu'avant d'aller vers des questions beaucoup plus clivantes et beaucoup plus difficiles, qui risquent de fracturer encore le monde soignant,
01:22il faut d'abord que les patients aient accès aux soins.
01:24On se souvient de la virulence du débat au printemps sur l'introduction de ce nouveau droit à l'aide active à mourir.
01:32Et puis, il y a eu la dissolution début juin. Les travaux parlementaires se sont arrêtés.
01:37Quand Michel Barnier dit qu'il faut reprendre ses travaux là où ils se sont interrompus,
01:42qu'est-ce qu'il veut dire exactement, selon vous, le Premier ministre Clairefourcade ?
01:45Alors, c'est difficile de le savoir puisqu'à deux jours d'intervalle, il a annoncé deux choses différentes.
01:48Au discours de politique générale, il a dit qu'il souhaitait rouvrir des discussions au début 2025, en particulier avec les soignants.
01:55Et puis que deux jours après, sur un plateau télévision, il a annoncé vouloir reprendre le projet de loi en cours d'examen.
02:01Alors, ce qui est important, c'est que le projet de loi initial du précédent gouvernement,
02:07c'était un projet de loi autorisant le suicidacité et dans certaines situations, l'euthanasie.
02:12Et pendant l'examen au Parlement, ce projet a beaucoup, beaucoup évolué dans le sens d'un élargissement très important
02:17avec des critères extrêmement flous d'accès et ça avait beaucoup inquiété les soignants et un certain nombre de parlementaires.
02:24Et donc, il nous semble en tout cas nécessaire qu'il y ait des vraies discussions
02:30avec les parlementaires et avec les soignants qui sont ceux qui sont au quotidien avec les patients.
02:35Alors, vous avez insisté tout à l'heure, Clairefourcade, sur le nombre d'organisations de soignants
02:39qui sont mobilisées contre ce projet du suicidacité, c'est-à-dire qu'au fur et à mesure des débats,
02:44de plus en plus de médecins ont pris conscience que cette mesure allait les concerner au quotidien dans leurs pratiques médicales.
02:51Exactement, parce qu'au départ, en tout cas dans les explications qui avaient été données,
02:55il s'agissait d'un très petit nombre de patients en fin de vie avec des souffrances importantes
02:59pour lesquelles on cherchait une solution un peu d'exception.
03:01Et puis, au fur et à mesure des débats et de l'élargissement des critères d'accès,
03:05en fait, un très grand nombre de spécialités se sont aperçues qu'elles allaient être concernées.
03:09Et puis, d'autres, par exemple, comme les pharmaciens à qui on refuse l'utilisation d'une clause de conscience,
03:15du coup, là aussi, ce sont beaucoup.
03:17Les étudiants en médecine aussi se sont inscrits dans ce mouvement de réflexion
03:23en se disant que c'étaient eux les médecins de demain qui auraient appliqué ce texte.
03:26Et donc, on voit s'élargir ce collectif de soignants qui pensent vraiment de manière,
03:31je pense, vraiment très importante que donner la mort, ça ne peut pas faire partie du soin.
03:35Bon, on a parlé des médecins, des soignants, mais les gens, Clairefourcade,
03:38c'est-à-dire vos patients, leurs familles, est-ce qu'eux vous parlent du projet de loi sur la fin de vie ?
03:45En tout cas, ce qui est important, ce qui est frappant, en tout cas, pour nous, c'est le décalage.
03:48Parce que moi, depuis le mois de juin, je travaille dans un service à plein temps,
03:51il n'y a pas un seul patient, ni une seule famille qui m'a demandé où en est ce texte et s'il allait revenir.
03:57Et c'est difficile de comprendre pourquoi c'est une urgence comme ça pour certains politiques.
04:01Harris Interactive a interrogé les Français, c'est la quinzième priorité pour eux.
04:07Il y a moins de 10% des Français qui pensent que c'est une priorité.
04:10Et donc, c'est difficile de comprendre cette urgence pour certains.
04:13Et en tout cas, ce qui est sûr, c'est que pour nous qui soignons des patients,
04:17ce n'est absolument pas une urgence, ni pour les patients, ni pour les soignants.
04:20Actuellement, ce qui est une urgence, c'est de trouver des soignants, c'est d'avoir des médicaments,
04:24de ne pas passer nos journées à essayer de trouver qui va pouvoir nous fournir les médicaments qui nous manquent
04:29et comment on va faire pour avoir un soignant cette nuit.
04:31Et donc, il y a vraiment pour nous une espèce de décalage qui est très frappant
04:36entre cet affichage d'une priorité politique et le réel du monde du soin actuellement.
04:43Il nous semble qu'il y a beaucoup de choses à mettre en place et que l'euthanasie ou le suicide assisté
04:47ne sont absolument pas actuellement des priorités dans un monde qui est déjà hyper fracturé et hyper difficile.
04:53Imaginons malgré tout que cette aide à mourir soit votée parce que ça n'est absolument pas exclu.
04:58Il y a une volonté politique, une offre politique très forte dans ce sens.
05:02Qu'est-ce que vous craignez concrètement, Claire Fourcade ?
05:04C'est que les patients n'aient pas le choix, c'est-à-dire que ce soit plus facile d'accéder à l'aide à mourir, à l'euthanasie, qu'aux soins.
05:10Il y a 20 départements en France où il n'y a pas de service de soins palliatifs,
05:13c'est-à-dire d'un service capable d'accueillir les patients dans les situations les plus difficiles.
05:17Ces patients-là, ce sera plus facile si la loi passe, parce que ce sera quelque chose qui est immédiatement mis en place.
05:22Ce sera facile d'accéder à l'euthanasie et donc forcément, la pression sociétale est très forte sur les patients.
05:28On le voit dans les pays étrangers où les chiffres de demandes sont croissants de manière parfois spectaculaire, c'est le cas au Canada.
05:37On voit bien qu'il y a une pression très forte sur les patients.
05:40Et donc nous, ce qu'on veut, c'est qu'en premier, les patients puissent d'abord être soignés et soulagés avant qu'on leur propose de pouvoir mourir.
05:47Merci beaucoup, Claire Fourcade.
05:49Je rappelle que vous êtes la présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs.
05:54Merci d'être venu ce matin sur l'antenne d'Europe.

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