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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00Et c'est un bonheur de recevoir dans cette émission un journaliste, mais aussi un réalisateur de cinéma,
00:05un animateur de radio et de télévision, un auteur compositeur de chansons,
00:09mais aussi un patron de presse de radio et de télévision, et enfin un auteur de romans.
00:14Toutes ces personnes ne font qu'une, M. Philippe Laboureau.
00:18Bonjour Philippe.
00:19Bonjour.
00:19Et merci beaucoup d'être là ce matin.
00:21D'ailleurs, laquelle de ces casquettes a le plus compté finalement pour vous ?
00:25Toutes comptent.
00:26Toutes ?
00:26Oui, elles sont toutes liées par la même chose qui est l'amour du mot.
00:29L'amour de la communication, l'envie d'être connu, de se faire reconnaître, de s'exprimer,
00:36de raconter une époque, d'assouvir mon désiré perdu de reconnaissance,
00:41et surtout d'aimer et de comprendre les autres, et de les décrire.
00:46Et là, vous venez nous parler de votre nouveau roman « De Gimletz sur la cinquième avenue »,
00:51un roman ramassé de 122 pages et qui pourtant est assez foisonnant.
00:56Il commence en 1961 à Paris, et puis nous emmène à New York en 2001.
01:01Alors c'est l'histoire d'un rendez-vous manqué en fait entre Lucas et Elisabeth, la vingtaine.
01:06Lui, immature, maladroit, elle, libre et frondeuse.
01:10Elle le quitte à Paris en 1961 parce que même s'ils se sont aimés, elle n'en peut plus de Lucas.
01:15Et c'est vrai qu'il est pénible ce garçon.
01:16Il est très pénible, oui.
01:18Oui, mais je le trouve attendrissant et émouvant parce que cette pénibilité,
01:22c'est parce qu'en fait, il dissimule sa timidité et ses complexes.
01:27Et quand on dissimule sa propre timidité, on en fait trop dans la provocation.
01:31Donc il est en devenir ce garçon, donc il faut l'aimer quand même.
01:35Il y a forcément un peu de vous dans ce personnage.
01:38Je n'étais pas aussi con que ça.
01:40Mais timide peut-être.
01:42Oui, timide, et donc je dissimulais avec beaucoup d'insolence et d'arrogance.
01:45Mais j'étais déjà un petit peu dans le métier.
01:48D'ailleurs j'ai débuté chez vous mes enfants.
01:50Bien sûr, on va en parler tout à l'heure, évidemment.
01:52Vous avez commencé à Europe numéro 1.
01:54Et alors ces deux-là, ils vont se retrouver 40 ans plus tard à New York.
01:57Et c'est Lucas qui commande un Gimlet.
02:01Je ne connaissais pas ce cocktail fou sur le papier, du gin et du citron vert.
02:05Je ne sais pas si vous avez déjà testé, mais ça doit être pas mal d'efficaces.
02:09Mais lui, il en prend parce qu'il pense que ça impressionne les gens, c'est ça ?
02:12Non, il en prend aussi par référence à Raymond Chandler,
02:15parce que l'un des héros d'un bouquin de Chandler boit du Gimlet.
02:19Et puis aussi parce qu'il veut étaler sa connaissance,
02:21car vous ne le savez pas et je ne le savais pas non plus.
02:23Le Gimlet est inventé par un amiral de la navire britannique au 18ème siècle.
02:30Et il faisait boire du citron très fort à ses soldats
02:35pour ne pas succomber au scorbute.
02:38Et comme le citron était un peu trop violent, il rajoutait du gin.
02:42Oui, ça désintègre.
02:43C'est parfait, c'est parfait ça.
02:45Ça fait un Gimlet.
02:46Voilà, avec modération bien sûr.
02:47Et alors, Élisabeth et Lucas, ils se sont perdus de vue pendant 40 ans.
02:50Ils ont eu leur vie chacun de leur côté.
02:52Et ils vont en raconter des bribes.
02:55Alors c'est surtout le monde et son évolution
02:58que vous racontez à travers leur trajectoire respective.
03:00Ce sont tous les événements dont vous avez été témoin, Philippe Labreau.
03:04Oui, ça me fait assez plaisir.
03:06Moi je pense que ça intéresse les lecteurs de situer une histoire d'amour,
03:09un rendez-vous manqué.
03:10Est-ce que ça va recommencer ? On ne sait pas.
03:12Mais au milieu de ça, il y a l'actu, il y a les événements.
03:15Et nous sommes tous tributaires et victimes ou influencés par les événements.
03:19Donc de temps en temps, dans ce scénario,
03:22parce que c'est comme un scénario ce film.
03:24Ça pourrait être un film, oui.
03:25Ça pourrait être un film, effectivement.
03:26Mais ce n'est pas moi qui le tournerai.
03:29Je mets des éphémérides.
03:32Qu'est-ce qui se passait à cette époque-là ?
03:33Le Concorde qui s'envole dans les années 60.
03:36Évidemment la tour de Manhattan quelques années plus, plusieurs années après.
03:42Donc je pense que faire marier l'actualité qui sert le fond de décor et nous rappelle à nous
03:48où nous étions et ce que nous faisions,
03:50parallèlement avec la petite histoire de ces deux personnages qui se retrouvent,
03:55qui se racontent leur vie.
03:56C'est ça que j'ai essayé de faire pour faire en sorte de ne jamais lâcher l'attention du lecteur et de la lectrice.
04:02Et ça fonctionne, je vous rassure Philippe.
04:05Vos personnages, effectivement, ils se recroisent.
04:07Alors juste deux mois après le 11 septembre 2001,
04:09l'attentat des Tours jumelles de New York.
04:11Dans votre livre, vous l'évoquez sous le mot de viol.
04:14Vous avez déclaré d'ailleurs récemment dans une interview,
04:16c'est le jour où l'Amérique a été violée.
04:18C'est vraiment ce qu'ont ressenti pour vous les Américains ce jour-là ?
04:21Ah oui.
04:22C'est le deuxième viol.
04:23Le premier c'était Pearl Harbor,
04:25il y a déjà très très longtemps.
04:27Mais ça c'est la deuxième fois que le territoire américain, l'Amérique,
04:30est pénétrée par une autre force
04:34et elle est littéralement humiliée.
04:36Parce que quand même,
04:37ces deux avions qui sont passés à travers tous les problèmes
04:40et qui foutent en l'air le symbole de la modernité,
04:43le symbole de l'argent, de la puissance, de l'influence américaine,
04:46oui, ils ont été...
04:48Je le dis dans le bouquin, c'est ce jour-là que le mot sidération
04:51a pris sa force et son importance.
04:53Ils étaient sidérés.
04:55Mais, parallèlement, on les connaît,
04:57ils savent se relever tout de suite.
04:59Et donc, dès le lendemain, c'était
05:01c'est pas grave, on va y aller, on va continuer.
05:04Et George Bush envoie évidemment beaucoup plus...
05:06pas tellement plus tard d'ailleurs, les avions au-dessus de l'Afghanistan.
05:09Et tout recommence.
05:10Il n'empêche, ils sont marqués par le viol.
05:13Le viol vous marque, quoi qu'il arrive.
05:14Ils se sont réunis à cette époque-là, les Américains,
05:17depuis, le pays s'est plutôt fissuré,
05:20pour pas dire fracturé.
05:22Est-ce que vous aimez toujours autant ce pays ?
05:23Parce que vous y avez passé énormément de temps, Philippe Labeau.
05:25Oui, j'ai beaucoup aimé, je l'aime encore, mais
05:28il me trouve, il m'inquiète, parce que ce que vous
05:31décrivez très bien, la fracture, elle est là.
05:33Il y a d'une part...
05:35Je n'aime plus les républicains, c'est les trumpistes.
05:39C'est une secte,
05:41mais une secte très importante,
05:43soutenue par les églises, les évangélistes,
05:45tous les prédicateurs,
05:47et d'autre part, vous avez les démocrates
05:49qui sont un peu troublés par
05:51tout ce qui se passe, qui essayent
05:53de se relever et de faire face à ce qui est
05:55un danger absolu, qui serait
05:57la réélection de cet homme.
05:58Ce que je pense, ça serait un danger.
06:00Donald Trump.
06:00Oui.
06:01Vous ne le portez pas dans votre cœur, ça c'est assez clair,
06:03et en même temps...
06:03C'est pas l'homme, parce qu'après tout,
06:05il faut aussi admettre qu'il est charismatique,
06:07il est énergique.
06:08Il a un certain flair politique.
06:10Et c'est lui qui a compris, avant Mme Clinton,
06:12dans sa première campagne,
06:14qu'il y avait des Américains qui souffraient.
06:16Il a trouvé, il a compris qu'il y avait des
06:18gilets jaunes américains.
06:19Et il est arrivé là-dessus,
06:21et ça a permis de faire basculer le vote.
06:23Donc, il ne faut absolument pas le mépriser,
06:25le sous-estimer, sauf que je ne sais pas
06:27si vous avez remarqué, si vous suivez l'actualité,
06:29il commence à légèrement perdre ses billets, je trouve.
06:31Vous avez vu ce meeting
06:33l'autre soir, où il arrête,
06:35on fait plus de questions-réponses, on chante,
06:37on danse, on fait le clown.
06:39Ça fonctionne visiblement, parce qu'en tout cas,
06:41dans les sondages, pour l'instant, ils sont encore au coude-à-coude avec Cavallaris.
06:43Mais ça fonctionne toujours,
06:45faire le clown, parce que nous n'oublions jamais
06:47que l'Amérique, c'est une scène
06:49permanente. La phrase la plus
06:51importante de l'Amérique, c'est
06:53« There is no business like show business ».
06:55Il n'y a pas de business
06:57sans le spectacle.
06:59Il le disait toujours, au Trump.
07:01Il disait que l'Amérique, c'est un cirque
07:03à trois pistes.
07:05La troisième piste, c'est là où il y a le clown, et je suis le clown.
07:07Dangereux, hein ?
07:09Méfiez-vous des clowns.
07:11Deux Gimlets sur la cinquième avenue,
07:13c'est ce roman paru
07:15chez Gallimard, de Philippe Labron.
07:17On va continuer à en parler. On va parler série, aussi,
07:19dans un instant, avec Héloïse Gouart.

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