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Une grande partie des 46 bateaux de la Communauté Portuaire de Paris qui naviguent grâce à une énergie verte ont défilé lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Grégoire Jourdan-Gassin, délégué général de l’organisation nous présente les engagements qui sont pris afin de décarboner la Seine dans la capitale.

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00:00Comment décarboner le transport fluvial ? C'est le Zoom de ce Smart Impact avec Grégoire Jourdan-Gassin. Bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Bienvenue. Vous êtes délégué général de la Communauté portuaire de Paris. Déjà, on va commencer par présenter ce qu'est la Communauté portuaire de Paris.
00:21Qui représentez-vous ?
00:22Alors la Communauté portuaire de Paris, c'est l'association des opérateurs économiques de la Seine et des canaux à Paris et en Ile-de-France.
00:29Donc on a des membres qui sont très variés. Ça va des bouquinistes aux bateaux-mouches en passant par les boîtes de nuit, les industriels.
00:37Tous ceux qui sont finalement dans l'écosystème de la Seine, quoi. D'accord.
00:40On est l'écosystème de la Seine et des canaux. Et on a à peu près 50% de nos membres qui ont des activités fixes, à quai ou à flot, et 50% qui ont des activités navigantes.
00:50Alors si on parle des bateaux, de quels bateaux on parle ?
00:53Alors on parle de transports de passagers, la majorité d'entre eux, et de bateaux industriels. On parle des bateaux qui ont une activité résidente sur le BIEF parisien et sur le territoire parisien.
01:07Donc qui ont un port d'attache et qui naviguent dans Paris et qui reviennent à leur port d'attache.
01:12Juste pour bien comprendre. Vous ne représentez pas les péliches qu'on voit passer. Ça, c'est autre chose.
01:17Sur ces bateaux, quels objectifs vous vous êtes donnés en matière de décarbonation ? Parce que ce sont des bateaux qui, d'origine, carburent à quoi ? À l'énergie fossile, j'imagine ?
01:30Oui, au Génére, au gazole non routier en majorité. Il y a certains carburants un peu plus raffinés qu'on appelle le GTL qui sont majoritairement utilisés aujourd'hui à Paris.
01:40Mais donc on est sur des moteurs diesel, des moteurs de camions. Et on a des bateaux qui ont des durées de vie qui sont très importantes sur le fleuve.
01:47C'est-à-dire que l'âge moyen des bateaux à Paris, il est de plus de 60 ans. Donc une remotorisation dans la vie du bateau sur ces 60 ans, c'est quelque chose de relativement normal.
01:57C'est une opération de maintenance. Sauf qu'on a voulu se focaliser sur ces flottes-là et ne pas entamer une transition énergétique par la mise à la casse des flottes qui existent.
02:07Donc on a voulu profiter de cette opération de maintenance pour changer de technologie, mettre des moteurs électriques ou hybrides et donc décarboner l'exploitation de ces bateaux-là.
02:19Alors c'est combien de bateaux au total ?
02:22C'est 150 bateaux à peu près.
02:23150 bateaux. Et donc qu'est-ce que ça représente de changer un moteur ? Parce que c'est pas un petit moteur de petite voiture. De changer un moteur sur un bateau de transport de passagers sur la Seine.
02:34Non exactement. Alors d'un point de vue technique, c'est relativement maîtrisé mais c'est une démarche qu'on a commencée en 2019.
02:41On a pris un échantillon de 12 bateaux qui représentaient les usages énergétiques des 150 bateaux qu'on avait recensés et on a regardé techniquement ce qu'il était possible de faire.
02:52On a eu des surprises. Par exemple sur certains bateaux promenades qui peuvent faire 11 rotations par jour d'une heure à une vitesse importante, on a vu que c'était possible de les remotoriser en zéro émission, 100% électrique.
03:04Chose qui n'était pas intuitive. Donc ça c'est des bateaux qui ont été faits, qui ont été remotorisés depuis et ce sont des investissements qui sont quand même très lourds puisqu'on parle de 120% en moyenne de la valeur marchande des bateaux.
03:18Ok donc on va reparler de la capacité des entreprises à financer cet investissement dans un instant. Il a fallu faire du cas par cas ? C'est ça ce que je comprends ?
03:30Exactement.
03:31En fonction du bateau, on choisit telle ou telle motorisation de remplacement ?
03:35Exactement. En fait c'est du sur-mesure. C'est-à-dire que contrairement à du thermique, du gasoil pour lequel on n'a aucune contrainte, on a une autonomie d'une semaine, deux semaines parfois,
03:47quand on dimensionne quelque chose en électrique ou en hybride, on va dimensionner l'énergie embarquée en fonction de l'activité. C'est-à-dire qu'on va chercher, vu que les batteries sont lourdes, volumineuses et chères,
04:01on va chercher à mettre exactement ce dont le bateau a besoin. Et donc ça, ça passe par des études détaillées et c'est vraiment du cas par cas. Il n'y a pas de systématisation, on n'a aucun bateau qui se ressemble et on a chaque bateau qui est un exemplaire unique.
04:13Vous nous disiez 150 bateaux concernés. Ce sont des flottes de navires importants ? C'est-à-dire qu'il y a un opérateur qui en possède 80 ou alors c'est plutôt des petites entreprises ?
04:25Contrairement à ce qu'on pourrait croire, on est sur un nombre de bateaux moyens par entreprise à Paris de 3 bateaux. C'est pas énorme. Et quand on enlève les plus grandes flottes, on tombe à 1,7 bateaux.
04:37Donc en fait, on a énormément d'acteurs qui ne travaillent qu'avec un bateau. Donc quand on leur demande de verdir leur flotte, de faire des investissements lourds et d'immobiliser leur bateau pendant plusieurs mois,
04:48c'est vraiment des décisions qui sont fondamentales dans la gestion de leur entreprise.
04:54Et donc de fait, impossible à prendre sans un système de subvention, d'incitation. Qu'est-ce que vous avez mis en place pour accompagner finalement les propriétaires de ces bateaux ?
05:06Alors nous, on a essayé de fédérer cette démarche collective et on a essayé de construire l'écosystème qui était favorable à cette transition énergétique.
05:15Donc on accompagne les entreprises qui sont donc des TPE pour la grande majorité d'entre elles. On les accompagne dans leur demande d'aide publique puisqu'il y a des dispositifs qui existent au niveau de Voies navigables de France et de l'ADEME.
05:26On a aussi créé des certificats d'économie d'énergie pour venir financer avec des financements privés d'énergéticiens des opérations de remotorisation ou de construction de bateaux neufs vertueux.
05:38On a aussi mis en place des plateformes de financement avec des fonds d'investissement à impact pour proposer des financements.
05:46Et on entretient cette démarche-là d'un point de vue technique aussi en référençant un certain nombre de bureaux d'études pour capitaliser sur l'expérience et sur les dossiers.
05:55Et nous, on fait surtout le lien entre les porteurs de projets et les différentes administrations. Et on l'a fait notamment dans la perspective des JO qui ont eu un rôle certain dans le verdissement du fleuve.
06:10– Alors ça, je veux bien qu'on détaille à quel point l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 a été un accélérateur pour ce verdissement de la flotte fluviale de Paris.
06:24150 bateaux, combien sont verts aujourd'hui ? – 46.
06:28– 46, il y avait une date limite, c'est-à-dire que, est-ce que le comité d'organisation des Jeux Olympiques ou la mairie de Paris ou les deux vous ont mis la pression en disant
06:36on veut des bateaux verts pour les JO ? – Alors, on s'est mis la pression tout seul, c'est-à-dire qu'on s'est fixé l'objectif au niveau de la profession de livrer 40 bateaux verts au moment des Jeux.
06:46Et on a travaillé avec tous les services de l'État et les services des différentes administrations pour essayer de driver et d'accélérer au maximum les projets.
06:55On a notamment mis en place un dispositif, enfin l'AropaPort, le port de Paris a mis en place un dispositif incitatif pour les flottes qui s'engageaient à se verdir dans leur totalité
07:08et qui s'engageaient à livrer un premier bateau avant le 1er juin 2024. Donc ça, ça a été…
07:12– Donc ceux-là ont touché plus de subventions ou d'incitations, ce n'étaient pas des subventions, que les autres quoi ?
07:18– Ils ont eu une extension de leur convention d'occupation temporaire du domaine public, donc ils ont eu plus de temps pour amortir leur investissement.
07:25– Ok, c'est logique. Et est-ce que ces bateaux-là, les 40 et quelques, on les a vus lors du défilé des athlètes prioritairement ?
07:32– On en a vu une trentaine, alors tous n'ont pas pu y aller pour des raisons soit opérationnelles, soit de choix esthétiques ou aussi opérationnels sur le déroulé du show,
07:42mais une trentaine a défilé, oui.
07:45– Ça veut dire que, bon, il y a eu un coup d'accélérateur, s'il n'y avait pas eu les JO, vous dites démarche collective enclenchée en 2019,
07:54est-ce que vous avez déjà la perspective des Jeux Olympiques à ce moment-là ?
07:57Je ne me souviens plus de la date à laquelle la France obtient les Jeux, mais c'est à peu près par là quoi.
08:01– Oui, alors on avait les JO comme jalons, on n'était pas encore, au moment où vraiment la démarche a été initiée,
08:08on n'était pas au courant, ou c'était pas confirmé que la cérémonie se fasse sur la Seine et sur les bateaux.
08:14– Il y avait des débats longs pour savoir si on allait y aller ou pas.
08:16– Donc en fait, ces Jeux, ça a été une vitrine, mais c'était l'un des jalons.
08:202024, c'était aussi une année charnière puisqu'il y a les zones à faible émission qui devaient commencer à s'appliquer à la route.
08:30Et le transport fluvial de manière générale, passagers et marchandises,
08:34on considère qu'il est plus vertueux que le transport routier,
08:37parce qu'il permet de massifier, parce qu'on dépense moins d'énergie pour se mouvoir.
08:43Et donc, on ne voulait pas perdre notre avantage environnemental vis-à-vis du secteur routier,
08:48et c'est pour ça qu'on a voulu initier cette démarche,
08:50pour ne pas être les derniers véhicules qui fument en ville à l'horizon 2030 et donc les ZFE step 2.
08:56– Oui, donc c'est bon, c'est déjà un bel effort, mais il reste une centaine de bateaux à verdir.
09:01Donc vous avez déjà le calendrier ? Vous savez où vous allez ?
09:05– Alors, il y a autant de cas de figure que de compagnie, que de société.
09:09Il y a les bateaux qui ne vont pas être remotorisables et qui seront remplacés par d'autres unités,
09:15pour des raisons techniques ou des raisons économiques.
09:18Et en fait, on a étendu notre démarche désormais au niveau national.
09:22On travaille avec Entreprises Fluviales de France, qui est la fédération professionnelle,
09:26et avec l'ADEME et Voies Navigables de France,
09:28dans le cadre d'un programme de certificat d'économie d'énergie.
09:31Et donc, on a étendu cette démarche-là au niveau national.
09:34Actuellement, on a 36 bateaux qui sont en cours d'études au niveau national.
09:38Certains sont quand même à Paris,
09:40mais on a des dossiers sur tous les bassins de navigation, sud-ouest, nord-est.
09:47– Il y a des entreprises qui sont trop, entre guillemets,
09:50fragiles pour investir, même si vous avez mis en place un dispositif,
09:54on a bien compris, d'accompagnement important,
09:56qui dit tout simplement, on ne peut pas.
09:58– Oui, il y en a.
09:59C'est aussi pour ça qu'on avait mis en place l'outil de financement
10:02avec un fonds d'investissement à impact,
10:05puisque c'était des sociétés qui ne pouvaient pas se financer auprès de banques.
10:10On l'a créé dans le contexte post-Covid aussi,
10:12puisque pour la majorité de nos entreprises,
10:16on est sur des activités événementielles ou touristiques.
10:18Forcément, 2020, 2021, même 2022, ça a pu être un petit peu difficile,
10:23notamment pour aller voir des banques sur des projets d'innovation et de verdissement.
10:27– Petite question de curieux pour terminer, ça représente combien de passagers ?
10:31Ces bateaux, ces 150, alors il n'y a pas que des bateaux de transport de passagers,
10:35j'ai bien compris, mais c'est combien de passagers qui visitent Paris par le fleuve ?
10:41– 9 millions par an.
10:42– Par an, 9 millions ?
10:43– 9 millions.
10:44– C'est en croissance ?
10:45Vous êtes lié à la croissance du tourisme parisien tout simplement ?
10:49– Il y a une légère croissance,
10:50alors je ne saurais pas vous dire si elle est proportionnelle
10:53à la croissance du secteur parisien,
10:55mais oui, on est sur une croissance
10:57et on a des activités nouvelles aussi qui se développent.
11:00C'est-à-dire typiquement, les petits bateaux de moins de 20 mètres,
11:02moins de 12 passagers,
11:03c'est une activité qui n'existait pas ou quasiment pas il y a 10 ans
11:06et qui est une des plus dynamiques aujourd'hui.
11:09– Dernière question, réponse rapide,
11:10si je veux créer, alors ça doit y avoir plein d'autorisations, etc.,
11:15mais est-ce que je suis obligé de venir avec un bateau vert aujourd'hui
11:19pour travailler sur la Seine ?
11:21– C'est en train d'être le cas.
11:22– D'accord.
11:23– C'est en train d'être le cas, le port de Paris,
11:26le port de l'Arsenal qui dépend de la ville,
11:29sont en train de conditionner les appels à projets,
11:35puisqu'on est sur le domaine public,
11:36donc pour pouvoir exploiter, c'est le domaine public.
11:38Ils conditionnent les réponses,
11:41les lauréats doivent venir avec des bateaux verts ou verdis.
11:47– Ou hybrides.
11:47Merci beaucoup et à très bientôt sur Be Smart For Change.
11:51On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.

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