Jean-Christophe Gallien, docteur en sciences politiques, à propos de dealers qui pourraient prochainement être gardiens de prison : «Ce sont des gens qui pensent leur développement».
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00:00C'est le résultat de trois grandes tendances qu'on voit dans d'autres pays malheureusement avant nous et qui sont, le premier, un état faible.
00:05Un état faible. Il faut qu'il y ait un état faible pour que ça puisse fonctionner.
00:08Faible, c'est quoi ? C'est pas des histoires de moyens, c'est l'histoire de détermination, de politique, de vision.
00:14Voilà, il n'y a pas de pratique. Ça, c'est essentiel. Deuxième point, c'est des moyens énormes économiques
00:19qui appartiennent justement à ces gangs, à ces organisations, qui sont aujourd'hui
00:23très hybridisées. C'est-à-dire, elles sont pas simplement des gangs de criminels, c'est des gens qui pensent différemment. Et ces moyens, c'est quoi ? Ça rentre dans l'économie
00:30normale. Ils sont déjà l'économie réelle de beaucoup de territoires. Mais pourquoi ? Parce qu'eux, ils infilent tous les... comme avant, les commerces,
00:36différents types. Ils sont dans la finance, ils sont partout. Et en fait, en réalité, si vous décryptez, vous faites le travail de recherche et
00:41d'intelligence
00:42économique ou, en tout cas, de surveillance, vous pouvez le trouver très rapidement. Et puis, troisième point,
00:46il faut arrêter avec cette idée que c'est des gens qui sont, vous voyez, les 14 ans,
00:50décérébrés, qui ont été tués. Il y a aussi une capacité, une détermination qui est aujourd'hui extrêmement
00:55corporatisée. C'est-à-dire que c'est des gens qui pensent leur développement,
00:57qui ont une ambition économique, mais une ambition qui est aussi... Mais des sociétés qui se collent, si vous voulez, à quelque chose qui est
01:04une forme de gangstérisation globale, aujourd'hui, de la géopolitique. Et ils sont dans des
01:08capacités, non seulement locales, Marseille, Lyon, l'Île-de-France,
01:12mais la France et l'Europe, par exemple, comme un territoire de conquête. Et qui sont, encore une fois, pensées de manière très
01:18puissante. C'est-à-dire qu'on n'est pas simplement au niveau du terrain. On pense à la politique, on pense peut-être aux parlementaires européens, on pense à des gouvernements,
01:24on pense à... Alors, évidemment, au milieu, il y a, effectivement, des terrains de jeu.
01:27La libridation avec le politique, ça a existé dans plein d'autres zones. Il n'y a pas de raison que nous, aujourd'hui, contre le fait qu'on est
01:32faible, je vous le redis, dans la manière politique de penser l'État et la manière dont on a une responsabilité, d'exercer la responsabilité.
01:38De l'autre côté, les moyens sont énormes, donc c'est plus lutter. Et surtout, on ne va pas les chercher là où il faut. Et le troisième
01:44point, une génération, encore une fois, qui voit les choses de manière très globale,
01:47extrêmement précise, qui est dans les grandes entreprises, déjà, aujourd'hui.
01:51Vraiment, sincèrement, quand vous voyagez à travers ces réseaux et ces flux, vous découvrez un nombre de points qui sont assez étonnants, qui font
01:58qu'aujourd'hui, quand on lutte sur le terrain...
02:00Mais tout ça, l'Italie l'a vécu il y a quelques années.