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Dans son émission média, Philippe Vandel et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Eric Fottorino, journaliste et écrivain, fondateur et directeur de la publication de "Légende", pour la sortie du numéro 12 du magazine "Jane Birkin et Serge Gainsbourg".

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Transcription
00:00 - Culture Média sur Europe 1, Philippe Vandel avec votre invité, vous recevez Eric Fautorino.
00:05 - Bonjour Eric Fautorino. - Bonjour Philippe.
00:07 - Vous avez été le directeur de journal Le Monde. Avant de vous lancer dans l'édition, c'est à vous qu'on doit le 1.
00:11 Ce magazine en forme de grande feuille qui se déplie, zadigue.
00:14 196 pages, presque comme un livre.
00:16 "América", magazine éphémère qui s'est arrêté comme annoncé quand Trump a quitté la Maison Blanche.
00:21 Et puis "Légende", lancé en 2020.
00:23 Un magazine unique par la forme, par le fond, par le format.
00:27 Quand on lance un magazine, c'est qu'il manquait dans le paysage.
00:30 Comment vous définiriez "Légende" ?
00:32 - "Légende", ce sont des figures qui incarnent notre époque, qui nous la font comprendre.
00:37 - Nouveau numéro de "Légende", Serge Gainsbourg et Jane Birkin.
00:40 C'est en kiosque, c'est 20 euros seulement.
00:42 Photo absolument magnifique. Et toutes les photos du magazine sont absolument splendides.
00:47 C'est monothème votre magazine, c'est le numéro 12.
00:50 Question simple, pourquoi lui ? Pourquoi eux ?
00:53 Et surtout, pourquoi cette période ? Pourquoi Gainsbourg, période Birkin ?
00:57 - Vous savez, c'est la rencontre.
01:00 Et qu'est-ce que c'est qu'une rencontre ? C'est quand l'un change l'autre.
01:03 L'un change l'autre pour que l'un devienne exactement ce qu'il doit être,
01:07 et que l'autre devienne ce qu'il doit être.
01:08 Et c'est exactement ce qui se passe, cette fusion à la fois amoureuse et artistique
01:13 fait qu'à un moment donné, Serge Gainsbourg, qui est un peu coincé avec ses costards,
01:20 avec ses cheveux très courts, avec ses pompes assez luxes,
01:24 devient un Gainsbourg qui n'est pas encore Gainsbourg,
01:27 et ça ce sera après Birkin d'une certaine manière,
01:30 mais devient ce type avec ses répétos qui va écrire parce qu'il l'aime
01:34 les chansons les plus belles, ou qui va reprendre cette fameuse chanson
01:39 "Je t'aime moi non plus" qui au départ n'était pas pour Jane,
01:42 mais c'est elle qui va l'incarner.
01:44 Et elle de son côté, qui arrive éplorée de Londres,
01:48 elle a été quittée par John Berry qui était son premier mari,
01:52 elle veut du cinéma, elle dit qu'elle est un garçon manqué,
01:56 et tout d'un coup, comme le dit Varro dans le...
02:03 - Didier Varro ? - Didier Varro, pardon, je suis trompé !
02:06 Didier dans ce texte, dans un entretien qu'il nous donne,
02:09 sa voix devient un son. Et bien c'est lui qui fait ça.
02:14 Donc si vous voulez, pourquoi cette période ?
02:16 Parce que c'est une osmose artistique et amoureuse.
02:18 - Et ça n'est même plus loin que ça, parce que vous parlez, Eric Fautorino,
02:21 d'une fusion amoureuse, d'une fusion artistique,
02:23 il y a un long portrait de Jane Birkin écrit par vous,
02:26 deux en fait, qui avaient été réalisés en 2001 pour le premier,
02:29 et 2011 pour le second. - En fait c'est le même qui a été republié.
02:31 - Je ne savais pas, je n'avais pas compris ça comme ça.
02:33 Et alors ce qui est assez extraordinaire, c'est que j'ai appris
02:35 fusion amoureuse artistique et même fusion visuelle,
02:38 parce que j'ai appris que c'est elle, Jane Birkin,
02:41 qui a demandé à Gainsbourg de se laisser pousser
02:44 sa fameuse barbe de trois jours. - C'est ça.
02:46 C'est-à-dire qu'elle l'a remodelée.
02:50 Qu'est-ce qui vous a le plus étonné en vous relisant ?
02:52 - Ah c'est drôle parce que 20 ans après,
02:54 c'est-à-dire que vous voyez, je ne sais pas qui a dit,
02:57 ce qu'on fait contre le temps, le temps se charge de l'oublier.
03:00 Je me souviens, j'étais journaliste au Monde à l'époque, reporter,
03:03 j'ai passé une semaine avec Jane, une semaine.
03:06 Tous les après-midi j'allais chez elle, on passait des heures.
03:09 Et si vous voulez, quand vous avez passé du temps pour faire quelque chose,
03:12 le temps ne l'oublie pas. Eh bien on peut le lire comme s'il était paru la semaine dernière,
03:15 et ça c'est très fort. Et je vais vous dire, il y a une anecdote
03:18 dans ce papier parmi tant d'autres. Mais elle dit
03:21 "Tu vois quand je suis fatigué, quand j'ai pas le moral"
03:24 Voilà, elle parle comme ça, vous savez. - Ça vous pète les accès.
03:27 - Eh bien, elle dit "Mes parents étaient connus, mon père
03:30 avait fait la libération de la France, ma mère était une grande
03:33 comédienne de théâtre Shakespeare. Eh bien,
03:36 la BBC a filmé leur mariage. Et donc quand j'ai pas le moral,
03:39 je regarde en boucle mes parents se marier.
03:42 C'était quand même extraordinaire. Eh bien vous voyez, il faut passer des heures
03:45 avec quelqu'un pour qu'il vous dise juste ça.
03:48 - C'était en 2001, elle n'était plus avec Serge Gainsbourg.
03:51 - Non, non, c'était bien après la mort même de Gainsbourg.
03:54 - Parce qu'il faut dire, votre numéro de légende s'arrête au moment où Birkin
03:57 arrête leur histoire d'amour, après 10 ans de vie commune,
04:00 quand Gainsbourg devient Gainsbard, quand il boit trop,
04:03 elle vous raconte une anecdote, la nuit où il n'arrive plus à rentrer la clé
04:06 dans la serrure de leur appartement ou de leur maison, Ruth Verneuil.
04:09 - Oui, elle est tellement excédée, parce qu'effectivement, ils allaient chez
04:12 Miller-Larsouille, bien nommé, ils allaient dans ses cabarets
04:15 de travestis, etc. et ils buvaient, ils buvaient trop.
04:18 Et un soir très tard, ou peut-être au petit matin,
04:21 quand il essaie de mettre la clé, il n'y arrive pas, il farfouille,
04:24 et elle, elle le pousse dans la boiserie de la porte,
04:27 dans l'angle, et le lendemain, il dit "mais comment j'ai pu me faire saigner
04:30 l'arcade ?" et évidemment, elle était très honteuse d'avoir fait ça.
04:33 - Je voudrais qu'on entende un titre, c'est "Je t'aime, moi non plus", qui donne...
04:36 * Extrait de "Je t'aime, moi non plus" de Claude Debussy *
04:51 - "Je t'aime, moi non plus", à propos, et même sur la sémantique,
04:54 très bon entretien avec Chloé Thibault, titré ainsi
04:57 "Entre l'amour et la haine des femmes",
05:00 Gainsbourg est-il devenu problématique dans ses rapports avec les femmes,
05:03 notamment toutes les allusions aux femmes très très jeunes,
05:06 Mélanie Nelson dit-il "14 automne et 15 été", sans parler de la chanson
05:09 avec sa fille Charlotte, "Lemon inceste", vous n'éludez pas le sujet ?
05:12 - Non, bien sûr, il fallait le traiter, je pense que c'est important,
05:15 et ce que dit Chloé Thibault est très intéressant, parce que
05:18 bien sûr, chez les jeunes aujourd'hui surtout, Gainsbourg
05:21 est problématique, à cause de ses chansons,
05:24 pas tellement sur le genre, parce qu'au contraire, le genre,
05:27 il a exploré les limites du genre, de la même manière que Jane Garçon
05:30 lui pouvait se donner quelquefois des allures efféminées,
05:33 et il a joué ça. Après, l'inceste,
05:36 le viol, toutes ces questions-là sont évidemment adressées.
05:39 Je pense que chez Gainsbourg,
05:42 il y a l'idée que parler de quelque chose, ça ne veut pas dire le faire,
05:45 et évoquer des scènes
05:48 violentes, sexuelles, ça ne veut pas dire les cautionner.
05:51 Mais évidemment, c'est toujours la même
05:54 question, est-ce que celui qui dit quelque chose, il est celui
05:57 qui l'est ? Est-ce qu'on est dans une fiction ? C'est pareil pour la littérature
06:00 et pour toutes les créations. - Et justement, Chloé Thibault relève que même dans la chanson
06:03 "Les monincestes", il dit à sa fille, "l'amour que nous ne ferons
06:06 jamais". On va rester
06:09 en musique avec qui ? - Avec Gainsbourg, évidemment,
06:12 le génie des mots, qui a créé un mot,
06:15 pas qu'un seul, mais un néologisme, en 1969.
06:18 Vous l'avez, Eric Fautorino, ce mot ?
06:21 - La la la, la NAMBOURG ! - Bien joué !
06:24 - C'est un poème, évidemment, Serge Gainsbourg qui est en une de légendes
06:27 avec Jane Birkin, c'est le numéro 12 qui vient de sortir.
06:30 - J'en ai pas encore parlé, qui sont les contributeurs de ce numéro ?
06:33 Parce qu'il y a des gros noms ! - Oui, bien sûr, d'abord,
06:36 on a un portrait magnifique de Luc Le Vaillant.
06:39 - Luc Le Vaillant qui est le chef des portraits de la 4ème
06:42 de Couve de Libération. - Exactement. Il y a un entretien, mais passionnant
06:45 avec Étienne Dao. - Pourquoi Dao ?
06:48 J'aimerais justement vous en parler. - Parce que
06:51 si vous voulez, il est à la fois celui qui va
06:54 beaucoup admirer Gainsbourg, et c'est Gainsbourg qui va l'amener à lui.
06:57 Et après, il va devenir aussi ami de Jane.
07:00 Et d'une certaine manière, on voit bien que chez Étienne Dao,
07:03 qui a sa couleur singulière, on voit bien
07:06 qu'il a emprunté des deux, et qu'il a donné,
07:09 en tout cas, peut-être pas à Gainsbourg, mais qu'il a donné à Birkin
07:12 beaucoup. - Il était ami des deux, mais
07:15 il n'était plus en couple à l'époque. - C'est comme quand on est ami de gens qui ont
07:18 un ami artistique. - Exactement. Et là aussi, il y avait une amitié artistique
07:21 qui est devenue une amitié tout court. Il y a un texte vraiment que je vous recommande,
07:24 qui est très très beau. Il l'a fait vraiment par amitié,
07:27 et je le remercie encore, c'est Olivier Rolin.
07:30 - Un grand écrivain. - Oui. Et qui raconte avec beaucoup d'humour
07:33 et en même temps de délicatesse, la générosité
07:36 de Birkin. Comment elle se moque
07:39 à la fois de la gloriole, comment elle est de nature,
07:42 comment elle est très courageuse. C'est vrai que c'est une femme très courageuse.
07:45 Voilà, il raconte quand ils sont à Sarajevo, plein de choses.
07:48 - J'ai appris quelque chose grâce à Etienne Dao, il a fait
07:51 un tube avec la chanteuse Dani, il avait repris une chanson de Gainsbourg comme un
07:54 boomerang. Ce que je ne savais pas, c'est que Gainsbourg n'avait jamais sorti
07:57 cette chanson, il l'avait simplement écrite et composée pour Dani
08:00 pour un concours de l'Eurovision qui avait été annulé, pour une circonstance
08:03 qui m'échappe à l'instant. Mais, mais, mais, il y avait une voix
08:06 témoin. Et le label de Gainsbourg, plus tard,
08:09 a ressorti la voix témoin, a mis dessus une orchestration,
08:12 c'est vraiment pas mauvais, en tout cas moi je trouve, vous allez me donner votre avis,
08:15 c'est "Comme un boomerang", mais par Gainsbourg. Extrait.
08:18 Je sens des boules et des bangues Agiter mon cœur et ses
08:22 Glamour comme un boomerang Me revient des jours passés
08:26 A pleurer les larmes d'un dépingot Que je t'avais donné
08:31 J'ai sur le bout de la langue Ton prénom presque effacé
08:38 Tordu comme un boomerang Mon esprit a rejeté
08:42 De ma mémoire, car la moindre que Ton amour m'ont épuisé
08:48 - Ah, vous essayez, c'est pas souvent que j'apprends quelque chose, Eric Fautorino,
08:51 c'est Farid Aujourd'hui. - Mais j'adore. - Le 22 juin 2023.
08:54 - Mais vous savez, c'est un patron du... - C'est bon, non ?
08:57 - C'est magnifique. - Et juste un mot, pour les gens qui nous écoutent,
09:00 c'est une bande témoin de Gainsbourg. - Ça alors. - C'est juste comme un,
09:03 comme un ref, comme ça. - Mais vous savez, c'est la joie de notre métier,
09:06 c'était un patron du New York Times qui disait "Tell me something I don't know".
09:09 "Dites-moi quelque chose que je ne sais pas". Bah là, je savais pas, vous voyez.
09:12 Mais moi, ce que je trouve formidable chez Gainsbourg aussi, c'est que
09:15 y'a bien sûr tout ce qu'il a fait pour France Gaz,
09:18 ce qu'il a fait pour Birkin, et puis quelques fois, des chansons
09:21 qui surgissent comme ça, pour Régine, par exemple, "Les petits papiers",
09:24 c'est une chanson magnifique. "Le pull over marine"
09:27 pour Isabelle Adjani, "Le pull marine" pour Isabelle Adjani.
09:30 Bon, y'a comme ça des pépites qui jaillissent.
09:33 - C'est un peu différent, parce que c'était "Le pull marine" pour Adjani, c'était...
09:36 Non, vous avez raison, parce qu'en fait... - Ah, je sais pas, non, j'ai pas dit ça.
09:39 - J'ai pas précisé, parce que j'allais dire "cette chanson était au fond des tiroirs",
09:42 non, elle était au fond des tiroirs, car Dani avait annulé
09:45 l'Eurovision, et Anissa a retrouvé pour quelle raison, j'avais oublié ça.
09:48 - Parce que l'Eurovision se tenait le même jour que les obsèques de Georges Pompidou,
09:51 donc elle n'a pas participé pour la France. - Voilà, mais c'est pas l'Eurovision
09:54 qui a été annulée, c'est la présence de Dani
09:57 qui a été annulée.
10:00 Je recevais Laurent Gernsheimer, le co-fondateur du "Un" avec vous,
10:03 y'a quelques jours, on était venus parler du Picasso.
10:06 - Le Picasso de Nicolas de Stahl, il a écrit un magnifique...
10:09 - Voilà, on est une émission en média ici, vous le savez,
10:12 où est-ce que vous en êtes de l'affaire de plagiat de ce magazine qui a plagié
10:15 votre magazine, légende ? Laurent Gernsheimer nous a dit
10:18 "les avocats s'en occupent, mais la justice est lente", est-ce que
10:21 vous avez réussi à faire retirer le magazine des kiosques ? - Je vous confirme
10:24 que la justice non seulement est lente, mais quelques fois ne veut pas regarder,
10:27 ils nous ont dit "écoutez, on verra ça l'année prochaine".
10:30 Donc on a pris d'autres procédures,
10:33 vous imaginez les frais d'avocat, vous imaginez que pendant ce temps
10:36 le plagiat... c'est comme si moi le dimanche je faisais de la fausse monnaie
10:39 et que le lendemain on me paye du vrai argent en contrepartie
10:42 de la fausse monnaie. - Et on dit "laissez-moi un an"
10:45 pour retirer les faux billets. - Oui, moi je trouve ça scandaleux
10:48 parce que si vous voulez, ils changent de nom chaque trimestre,
10:51 je vais pas les citer pour pas le faire de plus, mais ils changent de nom
10:54 chaque trimestre. - Mais pas de format, c'est une grande photo
10:57 en or et blanc avec des lettres dorées ou argentées.
11:00 Et l'imprimeur qui élégamment les imprime parce qu'évidemment
11:03 ça lui rapporte de l'argent, m'a dit "mais monsieur Fotoéno,
11:06 vous croyez être le seul à avoir inventé un aplat doré
11:09 avec une photo noir et blanc d'artiste ?" Alors quand on est à ce niveau
11:12 de mauvaise foi et que ni le ministère de la Culture
11:15 ni les MLP qui nous distribuent, ils sont tous trop contents,
11:18 ils tous touchent au passage parce que c'est quelqu'un
11:21 qui adhère, qui leur paye. Donc moi je suis assez
11:24 scandalisé. Alors vous voyez cette semaine, le petit...
11:27 le 1 a reçu grâce à Relay et au syndicat de la presse magazine
11:31 le prix du magazine de l'année et "Légende" a reçu le coup de coeur
11:34 de l'année. Très bien, moi je suis très heureux, mais j'aimerais aussi
11:37 que dans un état de droit, dans marqué "état de droit", il y a marqué "droit"
11:40 et j'aimerais que le droit soit appliqué. - Merci beaucoup Eric Fotoéno,
11:43 je rappelle c'est en kiosque, c'est inimitable, ça s'appelle
11:46 "Légende", en une on peut pas les rater. Serge Gainsbourg
11:49 et Jane Birkin, ils sont tellement, si je dois dire, énormes
11:52 pour paraphraser Loukini, y'a même pas besoin de mettre leur nom. Tout le monde les reconnaît.
11:55 Merci d'avoir été avec nous en direct.

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