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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Paul Moreira, journaliste, qui vient parler du documentaire “Poutine et les oligarques” diffusé sur France 2 mardi 19 septembre à 21h10.

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Transcription
00:00 - Les investisseurs occidentaux viennent tenter leur chance en Russie.
00:04 - Je suis allé en Russie pour créer un fonds d'investissement, le Hermitage Fund.
00:09 Le but était d'investir dans les entreprises russes nouvellement privatisées.
00:13 Et au départ, ça semblait très prometteur.
00:15 Les entreprises étaient très sous-évaluées.
00:17 Quand on a commencé à mieux connaître ces entreprises,
00:20 on a découvert que les oligarques, qui en étaient les actionnaires majoritaires,
00:23 volaient comme ce n'était pas permis.
00:26 Le résultat, ça a été chacun pour soi. Le Far West, la rue Everlord.
00:31 Ces vols, c'était une orgie du jamais vu dans l'histoire du business.
00:36 - Du jamais vu dans l'histoire du business.
00:39 Paul Morera, vous êtes l'auteur et réalisateur de ce film "Poutine et les oligarques".
00:42 Ce que l'on vient d'entendre, ça illustre bien ce que vous racontez tout au long de ce film.
00:47 C'est l'histoire de quelques personnes, 22 exactement, on peut les compter,
00:51 qui en quelques années ont commis le casse du siècle en volant tout un pays.
00:56 C'est ça l'histoire de ce film ?
00:57 - Oui, absolument.
00:58 Ils ont mis la main sur exactement 50% des ressources stratégiques du pays.
01:04 Le pétrole, l'éthan, l'aluminium, le minerai, le gaz, etc.
01:07 Dans une opération qu'on décrit, qui est l'opération dite "crédit contre action".
01:15 Il fallait faire réélire Yeltsin,
01:18 parce qu'en toile de fond, il y a toujours l'émergence des oligarques,
01:21 et en toile de fond, il y a la colère du peuple russe.
01:23 Parce qu'en même temps que ces types s'enrichissent, les russes s'appauvrissent.
01:26 Mais ils s'appauvrissent énormément.
01:27 Ils ne leur payent pas leur salaire.
01:29 Parce que qu'est-ce qu'ils font avec l'argent des salaires ?
01:30 Ils jouent en bourse.
01:31 Donc à un moment donné, il y a eu une énorme pression.
01:33 Ils se sont dit qu'ils allaient faire une révolution à nouveau,
01:35 et qu'ils allaient nous couper la tête.
01:36 Il fallait qu'ils réalisent Yeltsin.
01:40 Et en réalisant Yeltsin, ils ont monté un casse,
01:44 je ne sais pas comment le qualifier autrement,
01:46 un braquage, où ils disaient "on te prête l'argent de ta campagne,
01:48 mais en échange, on se retrouve avec les actions des ressources stratégiques du pays".
01:53 Ça s'est fait en 1995, c'est ça ?
01:56 C'est ça.
01:57 La campagne commence en 1995,
01:59 et ils deviennent richissimes,
02:01 et vraiment deviennent les oligarques en 1996.
02:04 Et vous allez raconter dans ce film comment d'autres oligarques
02:07 vont les remplacer avec l'arrivée de Poutine.
02:10 Et ce qui est fort, c'est que pour raconter cette histoire,
02:12 vous avez réussi à obtenir notamment le témoignage d'un ancien oligarque,
02:15 Sergueï Pugachev.
02:17 Pourquoi il accepte de parler ?
02:18 Parce que c'est une assurance vie.
02:20 Sergueï Pugachev, il vit dans une villa bunkerisée sur les hauteurs de Nice,
02:26 avec trois bergers allemands qui tournent,
02:28 vous avez 20 minutes avec les bergers allemands qui tournaient,
02:31 des caméras vidéo, un système de sécurité.
02:33 Donc il est encore très riche alors ?
02:35 Alors, il lui reste...
02:37 Pour vous et moi, oui, il est très riche.
02:39 Mais pour lui, non, parce qu'il a été dépossédé de ses chantiers navals,
02:43 il doit lui rester quelques centaines de millions,
02:45 mais pour lui, il est très appauvri.
02:46 Lui qui avait gagné 15 milliards en 10 ans.
02:48 Voilà, c'est ça.
02:49 Aujourd'hui, il doit lui rester, je sais pas, j'ai pas regardé son compte en banque,
02:51 mais au vu de sa maison, ça a l'air d'aller, mais quand même,
02:54 il n'est pas au top de sa forme.
02:56 Et il nous parle parce que c'est une assurance vie.
02:58 Il se dit "tant que je suis visible, j'ai moins de chances de me faire zigouiller".
03:02 Ce qui n'est pas forcément le bon calcul,
03:04 parce qu'il y en a d'autres qui ont fait ce calcul-là, puis ils sont tombés.
03:06 - Et je disais que ce doc, il est diffusé ce soir en prime à 21h10,
03:09 c'est assez rare pour ce genre de documentaire.
03:11 C'était prévu dès le début, ou c'est la qualité de votre enquête qui les a convaincus ?
03:14 - Alors, effectivement, en fait, il y a eu une sorte de progression.
03:17 C'est-à-dire, au début, ça devait être 70 minutes,
03:20 puis après, c'est devenu 2 fois 52, puis après, c'est devenu 2 fois 60.
03:24 C'est-à-dire que la qualité de ce qu'on ramenait,
03:26 on a investi énormément de travail sur, par exemple, les archives.
03:29 - On va en parler, oui.
03:30 - Trouver des choses qui n'existent, enfin, que personne n'a jamais vues.
03:32 Enfin, les gens qui regarderont ce documentaire,
03:35 y compris, découvriront Poutine sous un nouveau jour,
03:38 parce qu'il y a des choses qui n'ont jamais été rendues publiques.
03:41 Et l'autre chose, le documentaire est initié par Diego Buñuel,
03:45 ancien Netflix, par moi, qui aussi travaillait pas mal pour les plateformes.
03:48 Et en fait, on s'est beaucoup, beaucoup concentré sur rendre le film
03:53 aussi excitant à regarder qu'une série.
03:55 C'est-à-dire pas un truc, genre, géopolitique, économique,
03:58 un peu éthéré, un peu abstrait,
04:00 mais vraiment raconter que des histoires.
04:02 - Et rendre ça vraiment accessible à tous,
04:04 c'est ce que vous avez fait pour ce soir.
04:06 Donc, c'est à 21h10 sur France 2, Poutine et les oligarques.
04:09 On va continuer à en parler de ce doc
04:11 après la session de rattrapage de monsieur Jean-Luc Lemoyne,
04:14 qui nous rejoint tout de suite sur Europe 1.
04:16 - Culture Média sur Europe 1,
04:18 Thomas Hill avec votre invité, vous recevez Paul Morera,
04:21 auteur et réalisateur de Poutine et les oligarques,
04:24 un documentaire à voir ce soir à 21h sur France 2.
04:26 - Et un doc dans lequel on découvre la vie totalement indécente
04:29 de ces oligarques qui, bien sûr, se baladent tous en yacht
04:33 et ont parfois besoin de faire des petites courses,
04:35 comme tout le monde.
04:36 - Je me souviens, par exemple, d'un jour
04:38 où le fils du propriétaire est venu à bord et nous a dit
04:41 "J'ai l'autorisation de mon père, je viens vous voir
04:44 parce que je voudrais aller à Pony Facio acheter du Doliprane."
04:47 Parce qu'il n'avait pas confiance dans les médicaments italiens.
04:51 Donc, nous étions dans le nord de la Sardaigne.
04:53 Il nous a dit "Je suis un peu pressé."
04:55 On a mis les moteurs à fond
04:58 et on a fait l'aller-retour pour aller chercher
05:01 quelques boîtes de Doliprane.
05:02 C'est une boîte de Doliprane qui nous a coûté au bas mot
05:05 10 000 euros, tout à fait.
05:06 - Le yacht, c'est vraiment le symbole ultime
05:09 de la fortune de ces oligarques
05:11 qui ne savent même plus comment montrer qu'ils ont de l'argent.
05:14 - Oui, il y a un côté très obscène.
05:16 - Très obscène.
05:17 C'est un plaisir de montrer qu'ils ont de l'argent.
05:19 - Surtout les enfants, en fait.
05:21 Les enfants ont perdu tout sens du réel.
05:23 On a beaucoup profité d'une bande d'anarchistes russes
05:27 qui collectent ces vidéos qui viennent de Telegram,
05:30 qui viennent de divers sites comme ça
05:32 et qui les mettent online sur les réseaux sociaux.
05:35 Ça s'appelle "Rich Russian Kids".
05:37 Il y a des choses hallucinantes
05:38 où ils cassent à coup de batte de baseball
05:40 les Rolls Royce pour le plaisir de montrer
05:42 qu'ils peuvent le faire.
05:43 Ils mettent le feu à des voitures à 150 000 euros.
05:46 Et c'est assez symptomatique
05:51 de ce capitalisme russe
05:55 qui est mélangé à du gangstérisme, en fait.
05:57 Qui est, comme on le disait tout à l'heure,
05:59 à l'origine de ces fortunes extrêmement rapides.
06:02 Donc la violence,
06:04 la capacité à avoir des copains haut placés.
06:07 Et tout ça génère une sorte de détente
06:11 par rapport aux cadres moraux
06:13 qui sont probablement les nôtres.
06:15 - Et ce qui est assez passionnant dans ce documentaire,
06:17 c'est que pour raconter l'histoire de ces oligarques,
06:19 vous êtes revenu aux années même avant Poutine
06:22 à la privatisation de l'économie.
06:23 Parce que pour vous, c'est là que tout démarre.
06:25 On est en 92.
06:26 Et ça permet en fait à des petits investisseurs au départ,
06:28 des gens qui ont juste un petit peu d'argent,
06:30 d'accumuler des fortunes colossales très rapidement.
06:34 - Voilà.
06:35 Alors moi, c'était un des trucs
06:36 que je voulais vraiment expliquer au public.
06:38 Parce qu'on dit toujours les oligarques,
06:39 les mecs sont milliardaires.
06:40 Mais d'où est-on venu ?
06:41 Le dollar numéro un, il vient d'où ?
06:44 Et c'était mille combines.
06:46 Et la plus intéressante, pour moi,
06:47 qu'on décrit de la manière la plus simple possible dans le doc,
06:51 c'est comment, en fait, dans le système soviétique,
06:54 il faut se souvenir qu'on n'avait pas le droit de faire du profit,
06:56 et il y avait deux types d'argent, de monnaie.
06:59 Il y avait la monnaie qui servait à acheter des trucs,
07:01 qui étaient les salaires des ouvriers, etc.
07:03 Et il y avait une monnaie qui servait juste à échanger
07:05 d'une entreprise à l'autre,
07:06 qui était une monnaie virtuelle qui servait à rien,
07:08 si ce n'est une unité d'échange.
07:10 Et Khodorkovsky, qui est le plus grand oligarque russe,
07:14 a réussi à imposer,
07:16 enfin, disons,
07:18 que Gorbatchev accepte le fait que cet argent virtuel
07:23 qui n'existait pas devienne réel.
07:26 Et il a encaissé cet argent, a créé une banque,
07:29 et ensuite ça a commencé à tourner.
07:32 Mais c'est ce que moi j'appelle le trésor des soviets, en fait.
07:34 C'est la richesse créée par les soviets
07:36 qui ne pouvait pas être utilisée,
07:38 puisqu'ils étaient contre le profit.
07:39 - Et puis vous mettez ça en parallèle avec l'histoire d'un peuple
07:42 qui était, lui, en souffrance, avec une inflation.
07:45 - Une inflation incroyable.
07:47 - 2000%.
07:48 - Voilà, on parle de l'inflation en France en ce moment,
07:50 là c'est 2000% par an, 40% par mois.
07:53 Ça veut dire que même si vous avez accumulé un petit peu d'argent,
07:56 ça ne vaut plus rien à la fin de l'année.
07:58 - Ça disparaît.
07:59 C'est comme si tout ce que vous avez, en trois mois, disparaît.
08:02 - Rien dans les magasins.
08:04 - Alors on a une interview qui est pas mal,
08:06 du conseiller américain qui était à l'origine de ce choc économique,
08:11 et qui regrette énormément.
08:14 - Quand j'ai vu les conséquences de ce qu'on a fait,
08:16 c'est-à-dire qu'on a libéré les prix comme ça, brusquement,
08:18 on a tout privatisé brusquement,
08:20 et en fait ça a été la porte ouverte au banditisme, au crime,
08:25 et comme le type s'est dit,
08:28 on est en train de faire ce qu'on a fait à l'Allemagne
08:30 à la fin de la première guerre mondiale.
08:32 Et généralement ce genre d'effet peut générer la volonté d'avoir un homme fort.
08:36 Et Poutine, d'une certaine manière,
08:38 sait cet homme fort.
08:40 - Et il a profité de ça finalement.
08:41 C'est grâce à ça un petit peu qu'il est arrivé,
08:43 parce qu'on avait besoin de quelqu'un pour rétablir l'ordre,
08:45 et vous racontez après que Poutine va rapidement prendre l'ascendant
08:49 sur ses oligarques, et les remplacer finalement par des hommes à lui,
08:53 qui vont devenir les nouveaux oligarques d'aujourd'hui.
08:56 Combien de temps il vous a fallu pour fabriquer ce documentaire ?
08:59 - Un peu plus d'un an, un an et deux mois à peu près.
09:02 Entre le moment où on vend l'idée,
09:04 et le moment où on se dit "ça y est, c'est terminé, on est en montage",
09:09 il s'est passé à peu près 14 mois.
09:11 - Et c'était quoi les difficultés ?
09:13 Rassembler les informations, les témoignages, vulgariser aussi,
09:16 pour le grand public, ça c'est pas simple.
09:18 - Oui, alors effectivement, il y a eu toute une phase
09:21 où les choses un peu abstraites dont on discute là,
09:24 les rendre le plus concrets possible.
09:26 C'est que quand les gens le regardent,
09:27 ils n'ont pas l'impression qu'on leur explique une grande théorie compliquée,
09:30 mais vraiment qu'on les emmène dans des anecdotes,
09:33 dans des souvenirs, des gens qui sont impliqués,
09:36 des personnages qui ont des dilemmes,
09:38 qui ont fait des conneries, qui le reconnaissent.
09:40 Ça c'était le principal du boulot,
09:42 parce qu'une fois qu'on a...
09:43 D'abord il faut tout lire, quand on fait un documentaire,
09:45 il faut tout lire, il faut tout savoir,
09:46 il faut lire tous les bouquins importants, etc.
09:48 Mais dedans il faut aller chercher l'anecdote.
09:51 Par exemple pour moi l'anecdote qui montre
09:53 le moment où Poutine prend la main sur les oligarques,
09:55 c'est un barbecue qu'il organise dans la dacha de Staline.
10:00 Parce que les oligarques ont peur de lui,
10:02 ils se disent "mais qui c'est ce type-là ?"
10:04 Ils se demandent les deux,
10:06 et en fait il les invite pour un moment informel,
10:09 détendu, qui devait être dans sa dacha à lui,
10:12 et au dernier moment il dit "non j'ai changé,
10:13 ça va être dans la dacha de Staline".
10:15 - Qui n'a pas changé, qui n'a pas bougé, qui est identique.
10:18 - Et ils étaient terrorisés en fait.
10:20 - Et ils n'osent pas coucher aux brochettes.
10:22 - Les types qui faisaient les brochettes,
10:23 c'était les mecs du KGB,
10:24 vous imaginez les types qui sont des armoires à glace
10:26 en train de faire un barbecue.
10:27 "Bonjour, installez-vous, un petit peu de vin."
10:29 - Et là il a compris qui serait le patron, Poutine.
10:32 - Mais ça c'est du Poutine tout craché.
10:34 Poutine c'est le mec qui est en passif agressif.
10:37 Il sait quand Angela Merkel elle est phobique des chiens,
10:39 il l'invite, pof, il fait venir un chien.
10:41 Et la pauvre Angela Merkel, elle est là, elle se...
10:43 Et il fait rien Poutine, juste il a un petit sourire.
10:46 Et là c'est pareil avec la dacha de Staline en fait.
10:48 Il les invite, c'est le mec qui a zigouillé
10:50 plusieurs dizaines de millions de personnes.
10:52 Et il sait que le message passe
10:53 sans qu'il ait besoin de rien dire.
10:55 C'est un type très habile.
10:56 - Et c'est un point de bascule qui nous est raconté ce soir
10:58 dans cet excellent doc.
10:59 "Poutine et les oligarques", c'est en deux parties,
11:01 c'est diffusé ce soir à partir de 21h10 sur France 2.
11:04 France 2.
11:05 Restez avec nous Paul Morera, dans un instant c'est le journal des médias de Julien Pichet.

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