• il y a 5 heures
Le maire de Grenoble vient d'écrire aux ministres de l'Intérieur et de la Justice pour demander davantage de moyens après une série de violences par arme à feu inédite ces derniers mois. Mardi soir, un adolescent de 15 ans a été tué par balle, un autre blessé tout près d'un point de deal.

"Il y a deux réalités qui s'entrechoquent à Grenoble", estime Éric Piolle. "Grenoble a été choisie par l'Union Européenne pour être capitale verte de l'Europe, elle a aussi été choisie par le cabinet Oxford Economics comme meilleure ville où il fait bon vivre dans le monde. Et en même temps, il y a ce trafic qui gangrène la ville : aujourd'hui, les habitantes et les habitants sont inquiets. Je suis inquiet parce qu'on a l'impression de revenir dans les années 70-80, début des années 90, où il y avait des morts à foison, une violence débridée, ou en 2007 où il y avait eu 10 morts dans l'année dans des règlements de comptes."

Réécoutez : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-13-14/13h30-invite-de-13h-du-mercredi-23-octobre-2024-8611797

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Eric Piolle, bonjour, merci d'être avec nous, maire Europe Écologie-Les Verts
00:10de Grenoble depuis 2014, maintenant nous allons parler ensemble de la sécurité dans votre
00:16agglomération.
00:17Vous venez d'écrire au ministre de l'Intérieur et de la Justice pour demander davantage de
00:21moyens après une série de violences par arme à feu inédite ces derniers mois et
00:25encore hier soir dans votre ville avec ce jeune adolescent de 15 ans qui a été tué
00:29par balle, un autre a été blessé également tout près d'un point de deal, on en a parlé
00:34il y a quelques minutes.
00:35Nous évoquerons aussi ensemble, et sans doute les deux sujets sont liés, la question du
00:38budget de votre budget aussi dans un contexte d'austérité budgétaire, on le sait le
00:43gouvernement vous demande de faire des économies, 0,1 45 24 7000 pour les auditeurs qui veulent
00:48nous rejoindre, vous passez également via l'application France Inter, c'est ce qu'a
00:52fait Laurence qui est en ligne avec nous, bonjour Laurence.
00:55Bonjour.
00:56Vous habitez Grenoble, vous avez une question pour Eric Piolle je crois ?
00:58Oui tout à fait, bonjour France Inter, bonjour M. Piolle, voilà j'aimerais poser la question
01:04suivante à M. Piolle, le trafic de drogue et la violence gangrène aujourd'hui plusieurs
01:09lieux du centre-ville, que comptez-vous faire M. Piolle, vous, en tant que maire de cette
01:15commune, que comptez-vous faire très concrètement pour endiguer cette violence et ce trafic ?
01:23Merci.
01:24Merci Laurence pour votre question Eric Piolle.
01:27Oui, Laurence a raison, il y a deux réalités qui s'entrechoquent à Grenoble, Grenoble
01:34a été choisi par l'Union Européenne pour être capitale verte de l'Europe, Grenoble
01:37a été récemment, vous en aviez parlé, choisi par le cabinet Oxford Économique comme meilleure
01:44ville où il fait bon vivre dans le monde.
01:45Record de dépôt de brevets en Europe, on apprend ça cette semaine.
01:48Et en même temps, il y a ce trafic qui gangrène la ville et aujourd'hui, les habitantes
01:57et les habitants sont inquiets, je suis inquiet, parce qu'on a l'impression de revenir dans
02:01les années 70, 80, début des années 90, où il y avait des morts à foison, une violence
02:08débridée.
02:09Ou en 2007, où il y avait eu 10 morts dans l'année dans des règlements de comptes.
02:13Et donc là, on a l'impression, évidemment, il y a une inquiétude, cette espèce de guerre
02:19économique, c'est une guerre économique à laquelle se livrent des dealers de façon
02:24très violente, c'est les petits d'en bas qui sont tués, là encore ce jeune garçon
02:30de 15 ans.
02:31Oui, j'allais dire, la particularité c'est quand même la jeunesse aussi des victimes.
02:35Oui, partout en fait, nous voyons cette montée, il y a cette impression de revenir dans les
02:41années noires, mais il y a aussi, nous avons l'impression, les maires des grandes villes
02:47nous avions écrit l'année dernière une tribune en ce sens, que la prolifération
02:51des armes à feu est une perte du sens de la vie, on est aussi sidéré par ces fusillades
02:57et cette espèce de meurtre gratuit, délirant.
03:01Pour autant, je suis déterminé, totalement déterminé, mes collègues maires ailleurs
03:07dans les grandes villes sont aussi déterminés, mes collègues maires du bassin grenoblois
03:10j'ai écrit avec les trois plus grandes villes de l'Isère qui ont écrit ensemble,
03:14Amandine de Morles, la maire de Chirol, qui s'est beaucoup mobilisée, David Quéros,
03:18le maire de Saint-Martin d'Air, parce que nous ne lâchons pas l'affaire et nous demandons
03:21des moyens.
03:22Que pouvez-vous faire, vous demande Laurence ?
03:25Nous pouvons, nous avons en termes de posture, nous élus locaux, il y a trois choses que
03:30nous faisons.
03:31Nous faisons les pères et mères courage à chaque fois qu'il y a un nouveau ministre
03:34de l'intérieur, demander des effectifs supplémentaires.
03:37Les différents ministres de l'intérieur m'ont octroyé, je dis octroyé parce que
03:41c'est vraiment, on a l'impression de les arracher, pas loin de 200 policiers supplémentaires
03:44depuis que je suis élu en 2014.
03:46Depuis dix ans, il y a 200 policiers de plus sur l'agglomération de Grenoble ?
03:48En théorie, mais comme on n'a pas les chiffres, il n'y a aucune transparence sur quels effectifs,
03:51que mes collègues ailleurs font pareil, en fait ces effectifs on ne les voit pas.
03:55Quand on discute avec les syndicats de police, en fait, ils disent « non ça va, ça vient
03:58et ça ne bouge pas ».
03:59Vous ne savez pas combien il y a de policiers effectivement sur l'agglomération ?
04:01Aucune transparence, nous demandons ça.
04:02France Urbaine, l'association des maires des grandes villes, nous demandons ça, aucune
04:06transparence.
04:07Donc nous sommes déterminés, nous demandons des effectifs supplémentaires pour la police,
04:10pour la justice.
04:11Nous agissons aussi au quotidien, clairement, dans les conseils locaux de sécurité et
04:15de prévention de délinquance qui se tiennent régulièrement dans chaque secteur de la
04:19ville.
04:20Nous en faisons un également à l'échelle de l'ensemble de la ville, à l'échelle
04:23intercommunale.
04:24Nous agissons dans la médiation, nous mettons de plus en plus de moyens dans l'espace
04:29public, évidemment, mais tout cela, on constate que ça ne suffit pas à endiguer
04:34ces espèces de piques et de règlements de comptes.
04:36Ça fait plusieurs mois que les policiers nous disaient qu'il y a aussi des sorties
04:38d'ailleurs des affaires de 2007 et on s'attend à des luttes de territoire.
04:41On est en plein dedans et c'est vraiment très inquiétant.
04:44Il faut que ça bouge.
04:45On ne peut pas rester sur un échec, ça fait 20 ans que la politique gouvernementale des
04:49différents ministres intérieurs est en échec, il faut que ça bouge.
04:53Christophe nous appelle aussi de Grenoble.
04:56Bonjour Christophe.
04:57Oui, bonjour monsieur Eric Piolle, moi je suis grenoblois, malheureusement on appelait
05:03ça Grenoble-Chicago-Chicago-Greux, maintenant ce n'est plus Chicago-Greux, c'est Bogota.
05:08Pourquoi vous ne voulez pas mettre des caméras de surveillance avec une centrale 24 heures
05:13sur 24 pour nous protéger ? Bien sûr, vous dites que c'est la faute de l'État, mais
05:17non, tout le monde doit participer, y compris la municipalité, et pourquoi vous refusez
05:22? Parce qu'hier, il y aurait eu le crime, c'est sûr, mais avec des caméras dans toute
05:26la ville, les gens en trottinette, les forces de police, enfin les suivants dans la centrale
05:30de vidéosurveillance auraient pu les intercepter, donc merci de me répondre.
05:35Merci Christophe pour cette question, Eric Piolle.
05:39C'est une question qui revient régulièrement, d'abord c'est l'occasion de dire qu'il y
05:43a des caméras de vidéosurveillance à Grenoble, il y en avait un peu moins de 80 quand nous
05:47sommes arrivés en 2014, il y en a aujourd'hui environ 120, 120 caméras, ça fait 6 caméras
05:52par kilomètre carré, en réalité c'est un réseau assez dense, avec un centre de
05:59supervision qui est à la fois surveillé par nos policiers municipaux, mais qui est
06:03également surveillé par directement le commissariat de police.
06:06Pourquoi pas en mettre davantage, si c'est utile ?
06:08Parce qu'en pratique, ça ne marche pas.
06:10Mais vous dites qu'on en a mis davantage ? On en a mis davantage pour faire de la régulation
06:13publique, mais non.
06:14C'est quoi la régulation publique ? Pour regarder les flux, etc, mais ça ne marche
06:18pas.
06:19Notre agent qui a été abattu, froidement, début septembre, ça s'est fait.
06:23Lillian Dejean.
06:24Lillian Dejean, j'étais à son enterrement en Guadeloupe, beaucoup d'émotions pour
06:27tous ces fonctionnaires qui sont en première ligne dans l'espace public, et d'ailleurs
06:31personne du gouvernement n'a appelé la famille, j'ai été très choqué de cela, je tiens
06:34à le dire.
06:35Il a été abattu sous l'œil de nos caméras.
06:38A Hoche, où s'est passé le quartier où a été abattu ce jeune hier de 15 ans, nous
06:44avions discuté pendant longtemps avec les policiers pour savoir où mettre une caméra,
06:48nous avons installé la caméra, elle a duré une demi-heure.
06:50Elle est détruite, la caméra qui gêne est détruite.
06:52Ça ne peut pas gêner les trafics, ça ne peut pas aider les enquêtes ?
06:55En pratique, les enquêtes, ça peut aider les enquêtes, mais vous constatez comme moi
07:00que malgré les images, aujourd'hui, l'élucidation peine à se faire et j'ai tout le soutien
07:07pour toutes les forces de police, la police judiciaire notamment, qui enquêtent sur ce
07:10sujet.
07:11Je sais que c'est une priorité pour eux.
07:12Donc, en pratique, ce n'est pas ça qui répond et je veux revenir, il faut aussi
07:18prendre du recul.
07:19Là, on est dans un moment où, depuis avant l'été, on se dit que ça chauffe.
07:23On avait discuté avec le directeur de la police, on dit qu'effectivement, ça chauffe,
07:27qu'il y a ces luttes de territoire, on les voit partout en France et évidemment qu'il
07:33y a un temps pour l'action immédiate, c'est pour ça que nous demandons ces moyens supplémentaires.
07:38Il y a aussi un temps pour prendre le recul.
07:40La politique de la France en matière de sécurité et de lutte contre le trafic, c'est un échec
07:45complet.
07:46Il y a de plus en plus de gens qui se droguent.
07:47Le rapport parlementaire du Sénat était frappant, de tous les milieux, y compris
07:51d'ailleurs, on pourrait faire des tests au Parlement, dans les cabinets ministériels,
07:56dans les hautes fonctions de l'État.
07:57On n'approche pas du tout la dimension santé comme elle peut le faire au Portugal.
08:00Nous avons un problème majeur et on se retrouve dans des fusillades, comme on a connu en 2007,
08:05dix morts en 2007.
08:06Combien on va finir cette année ? C'est dramatique parce qu'à chaque fois, en plus,
08:09il y a des vengeances à n'en plus finir.
08:10On va y venir dans un instant, Éric Piolle.
08:12D'abord, je voudrais que vous répondiez à la deuxième interrogation de Christophe
08:14sur la police municipale.
08:15Armez la police municipale.
08:17Ça ne me permet pas de lutter.
08:19Moi, je suis employeur de cette police municipale.
08:21Nous avons des effectifs importants, à la fois de policiers municipaux, d'agents de
08:26surveillance de la voie publique.
08:27Nous y consacrons entre 8 et 10 millions d'euros par an.
08:31C'est très conséquent.
08:33Monsieur Barnier veut nous prendre encore plus que ce que nous consacrons à ces moyens
08:37de tranquillité publique.
08:39Et aujourd'hui, en tant qu'employeur, je considère que pour les protéger, il vaut
08:45mieux, ils ne pensent pas forcément tous la même chose, évidemment, qu'ils ne soient
08:49pas armés.
08:50Parce que leur mission ne sont pas de lutter contre le grand banditisme, c'est la mission
08:54de la police nationale.
08:55Mais dans les villes où la police municipale est armée, elle est davantage en danger qu'à
08:59Grenoble ? Vous le constatez ?
09:01On peut constater que ça n'amène pas plus de sécurité, que ça n'éradique pas le
09:04trafic de drogue.
09:05Mais deux villes voisines où il y a eu tous ces problèmes cet été, ont une police municipale
09:09armée.
09:10Donc voilà, partout pareil, Toulouse, il y a eu l'été dernier, c'était Toulouse
09:14avec un carton.
09:15Le ministre de la Sécurité et de la Tranquillité, je ne sais plus comment il s'appelle, Monsieur
09:18Daragon, je ne sais plus quel est son titre, excusez-moi pour ça, mais M. Daragon.
09:20Nicolas Daragon, qui est maire de Valence, c'est pas très loin de Grenoble, vous le
09:23connaissez fatalement.
09:24Le centre pénitentiaire a été attaqué, le commissariat de police attaqué, il y a
09:27eu plusieurs morts l'été dernier.
09:29Donc lui, qui est devenu ministre et qui doit pouvoir penser qu'en tant que maire, il faisait
09:35ce qu'il pouvait, en pratique, on constate que ça ne fonctionne pas.
09:38Donc vous en êtes réduit à attendre les effectifs de l'État, si je comprends bien,
09:41Eric Lolle.
09:42Est-ce qu'il y a des compagnies républicaines de sécurité, par exemple, spécialisées
09:45?
09:46Oui, on fait que ça.
09:47Certaines sont déployées en ce moment chez vous ?
09:49En ce moment, non, parce que ça se gère au bruit.
09:52Le ministère de l'Intérieur, il fait quoi ? Il n'y a pas de transparence, il gère
09:54ça au bruit.
09:55On en a eu régulièrement.
09:56Vous en avez eu ces derniers mois ?
09:58Oui, on en a eu ces derniers mois, mais ils ne peuvent pas rester ad vitam.
10:01Vous demandez à ce qu'elles reviennent ?
10:02Évidemment.
10:03Mais si, bien sûr, nous, on passe, élus locaux, même si on a l'impression de piquer
10:08des effectifs à nos voisins et que ce n'est pas agréable, nous passons notre temps à
10:11demander des effectifs supplémentaires.
10:13Je vous le redis, les ministres de l'Intérieur successifs, nous ont promis 180.
10:17Sans doute qu'ils sont arrivés, peut-être qu'ils sont repartis parce qu'il en a promis
10:20ailleurs.
10:21Pour l'instant, vous n'avez pas eu de réponse, ni de Didier Lugo ?
10:23Non, on a écrit, on avait travaillé ce courrier depuis une quinzaine de jours.
10:27On l'a envoyé lundi, donc c'est normal qu'il ne nous ait pas répondu.
10:30Je ne demande pas d'urgence dans ce travail-là.
10:33Mais par contre, il faut un certain pragmatisme de la part de l'État dans cette lutte contre
10:38le trafic.
10:39Vincent nous appelle de Blois, bonjour Vincent !
10:40Oui, bonjour.
10:41Question aussi sur les causes.
10:43Il y a 22 millions de cotisants en France, on a vu ça pendant le problème des retraites.
10:50Donc forcément, il y a énormément de gens qui ne travaillent pas.
10:53Est-ce que ce ne serait pas là une des causes de l'extension des trafics et des meurtres
10:58à Grenoble, à Marseille, tout ce qu'on a vu ?
11:01Merci Vincent pour cette question d'explication économique.
11:03Éric Piolle ?
11:04J'aimerais pouvoir vous dire que c'est le cas, mais le gamin qui a été abattu hier,
11:11il a 15 ans.
11:12Il n'est pas censé travailler.
11:13La personne qui a abattu notre agent le 8 septembre, un agent qui était venu lui porter secours
11:19et qui l'a abattu froidement, il est passé 17 fois dans les mains de la justice.
11:24Dans notre réflexion, il y a aussi quel est notre taux de récidive.
11:28L'efficacité de la peine ?
11:29Exactement.
11:30Nous constatons que la peine, évidemment il y a une sanction, il y a un facteur réparation
11:34pour les victimes.
11:35Mais normalement, c'est aussi l'occasion de remettre dans la société des gens qui
11:38sont moins dangereux.
11:39Or, on constate que dans les prisons françaises, on remet des gens qui sont plus dangereux.
11:43Vous dites que en prison, ça ne fonctionne pas ? Le passage par la prison ne fonctionne
11:46pas ?
11:47Effectivement.
11:48Et moi, je suis blasé de voir que quelqu'un qui est passé 17 fois dans les mains de la
11:54justice, nous avons eu depuis qu'il est ado, les services publics, les pouvoirs de
11:58l'État, nous en travaillant sur les tiges, nous dans l'éducation populaire, on travaille
12:03beaucoup dans ces domaines-là.
12:04On n'a pas été foutu de le récupérer et de se dire que ta vie, tu peux en faire autre
12:08chose que de la cramer dans le trafic et dans cette ultra-violence.
12:12Il y a le volet répression, vous en parlez, il y a l'intervention des policiers, il
12:16y a la prévention.
12:17Et j'ai le sentiment que c'est l'angle mort, personne n'en parle aujourd'hui.
12:21Pour quelle raison, Éric Piolle ?
12:24Parce qu'aujourd'hui, de façon curieuse, pour ces questions de sécurité, nous mettons
12:30la science de côté.
12:31Comme si on parlait du climat, mais on dit non, on n'écoute pas les scientifiques.
12:34Donc nous mettons tout cela de côté et nous refusons d'entendre qu'il y a un problème
12:38de santé publique.
12:39Le rapport parlementaire de janvier dernier, j'avais été auditionné au nom de France
12:44dans sa création.
12:45Il dit des choses très intéressantes, il dit d'abord, c'est propagé partout dans
12:48la société, explosion de la consommation de drogue, explosion de la consommation de
12:52cocaïne qui est passée de 1,5% à 5% de la population qui a déjà testé la cocaïne
12:56en 20 ans, c'est délirant.
12:57Toutes les couches, les milieux de la société, un policier me le disait encore, il surveille
13:04un point de deal, il voit passer le tout-grand noble dedans.
13:07Un député contrôlé en train d'acheter de la drogue, en fin de semaine dernière.
13:11On sait que les cabinets ministériels, tout ça n'est pas rigolo.
13:14Et ce que dit ce rapport parlementaire, c'est que c'est lié au stress et à la performance.
13:21Donc on est largement sorti de la drogue récréative en soirée, machin, tout ça, ce n'est pas
13:25ma cam', mais on va dire, on est sorti de ça.
13:27Une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on fait, Eric ? Qu'est-ce que vous pouvez faire
13:29en tant que maire auprès des jeunes de votre commune ? Est-ce que vous mettez en place
13:33de la sensibilisation ?
13:34Mais bien sûr, on fait plein de trucs, on travaille avec également les services de l'État
13:38sur la réduction des risques, mais aujourd'hui, l'État, comme il est dans une politique
13:42du tout répressif, il n'y a aucune sensibilisation majeure.
13:45Non mais vous pouvez faire des choses.
13:48Nous on fait des choses, on fait plein de trucs, mais même quand on fait de l'éducation
13:50populaire, vous allez récupérer, peut-être vous allez accompagner plein de gens qui vont
13:54construire leur vie, mais vous ne les attraperez pas tous.
13:56Le filet, vous allez avoir ceux qui basculent dans la drogue.
14:00J'ai dit un mot de ce député contrôlé en train d'acheter de la drogue, Andy Kerbrat,
14:04député de Loire-Atlantique.
14:05Est-ce qu'il doit démissionner ? Quel est le rôle d'un élu ? Est-ce qu'il y a un rôle
14:08d'exemplarité selon vous, Éric Piolle ?
14:11On n'est jamais assez exemplaire.
14:12Commencer sur ce chemin, je pense qu'il sera utile à la société s'il dit « l'addiction
14:18ce n'est pas que pour les autres et il faut se soigner ». J'ai l'impression que c'est
14:23le chemin qu'il a pris.
14:24Au Portugal, ce qui a plutôt bien marché d'après les études, dans la réduction
14:29de la consommation, ça a été de dire « les drogués sont des malades, donc il faut les
14:33accompagner à sortir de cette maladie ». Ce n'est pas du fun, ils ne font pas une soirée
14:37avec les copains.
14:38Ils sont malades.
14:39Donc il faut traiter les addictions.
14:41Il n'y a pas de secret en fait.
14:43Question de Jean-Marie de Strasbourg que je vais prendre dans ma voix parce qu'il nous
14:46reste un tout petit peu plus d'une minute.
14:48Faut-il verbaliser plus sévèrement les consommateurs de drogue ?
14:51Je pense qu'effectivement, les consommateurs doivent réaliser, nous avons fait des campagnes
14:58là-dessus pour les sensibiliser, vous allez acheter votre drogue, ok, enfin pas ok, mais
15:04en fait, l'envers du décor, ce que vous nourrissez, c'est tout cela.
15:07Mais nous le prendrons, ce n'est pas juste parce qu'on va les verbaliser que ça va
15:11changer, il faut absolument approcher cette question de santé, approcher cette question
15:15de récidive, sinon on reviendra, des épisodes comme on a eu en 2007, comme on a cette année,
15:19il n'y a pas eu de mort à Grenoble pendant 4 ans, entre 2016 et 2020, on ne sait pas
15:22pourquoi.
15:23On ne peut pas se dire, je ne me suis jamais réjoui, vous n'avez pas entendu dire « génial
15:25on n'a pas de mort ». En fait, quand il n'y a pas de mort, on flippe, et là quand
15:29il y a des épisodes avec en plus une montée de la violence, on est effectivement très
15:32inquiet au milieu de notre population, mais nous travaillons d'arrache-pied avec la police
15:36nationale qui, je le dis, fait un travail extraordinaire.
15:39Ils n'ont pas de moyens, mais ils ont aussi perdu le sens, tout l'arrêt des polices
15:42de proximité, ce travail du quotidien, ils ont perdu le sens de leur travail, il faut
15:45leur redonner un sens pour leur mission.
15:47Il nous reste moins d'une minute, Eric Piolle, pour parler des conséquences pour votre commune,
15:50des efforts que demande Michel Barnier aux collectivités locales, 5 milliards d'euros,
15:55ça va représenter combien sur votre budget ?
15:57C'est colossal, c'est 12 millions d'euros, c'est un demi-mois de dépenses de fonctionnement,
16:01c'est la moitié de tous les enfants qu'on accueille le matin, le soir, à la cantine,
16:04il faudrait qu'on en supprime la moitié, c'est une fois et demie ce que nous mettons,
16:09c'est les deux tiers de ce que nous mettons comme subvention aux associations culturelles
16:12et sportives.
16:13D'abord c'est mensonger, parce qu'il a fait un discours de politique générale,
16:17les élus, merveilleux, l'élu locaux, puis après poum, il nous balance ça, c'est mensonger
16:20parce que la dette des collectivités locales, c'est 8% du PIB, ça n'a pas bougé depuis
16:2330 ans, c'est inefficace, c'est injuste parce que ça touche 40 millions de français
16:28directement, plus tous les départements qui irriguent dans les communes, donc en fait
16:31ça touche toute la France, c'est absurde, et en plus il va y avoir une récession parce
16:34que nous investissons 70% de l'investissement public et tous les investissements de transition
16:39énergétique, le pisaniférie, mafose, rappelez-vous le rapport, il fallait augmenter ces investissements,
16:46là ils nous cassent les pattes.
16:47NICOLAS ROCHEFORT Merci Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble,
16:50d'avoir accepté l'invitation de ce 13-14 aujourd'hui, 13h47 sur Inter.

Recommandations