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Le premier syndicat agricole annonce une nouvelle mobilisation nationale à partir du 15 novembre. Sur RTL, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA dit être "prêt à aller loin" dans ses actions pour "attirer l'attention de tout le monde". Ecoutez l'éclairage de Virginie Garin, spécialiste agricole de RTL.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h43, bonsoir Virginie Garin.
00:06Bonsoir à tous.
00:07Vous êtes, je le rappelle, notre spécialiste environnement et agriculture sur RTL.
00:10Le premier syndicat agricole, la FNSE, a annoncé une nouvelle mobilisation nationale à partir du 15 novembre
00:16et son président Arnaud Rousseau était ce matin sur RTL.
00:19Nous, on n'a pas du tout envie de faire en sorte que le quotidien des Français qu'on nourrit
00:23et qu'on est fier de nourrir soit un enfer.
00:26En revanche, on veut attirer l'attention de tout le monde pour dire, dans le moment dans lequel on est,
00:30si on veut continuer à produire pour nourrir avec une alimentation de qualité,
00:33on ne peut pas importer une alimentation.
00:34Mais s'il le faut, vous le ferez.
00:36Oui, vous avez compris, on est là depuis un an.
00:38Ça fait un an qu'on explique qu'on marche sur la tête.
00:41Et donc, oui, on est prêt à aller loin pour faire en sorte que nos revendications soient entendues.
00:46En France, simplification, revenus, dignité, à Bruxelles.
00:51Et donc, on mettra en face les moyens qu'il faut pour être entendus.
00:53Alors Virginie Garin, pourquoi cette colère de nos agriculteurs ?
00:56Alors d'abord, il faut parler de la météo, Yves.
00:58La meilleure météo pour les agriculteurs, c'est celle qui change tout le temps.
01:01Soleil, pluie, soleil, pluie.
01:03Depuis le printemps, c'est surtout la pluie.
01:05Il y a eu des inondations, parfois de la grêle.
01:07Ou encore de la sécheresse dans le Roussillon.
01:09Donc les récoltes ont été catastrophiques, historiquement catastrophiques.
01:1425% de raisins en moins pour les vendanges.
01:16La pire moisson de céréales depuis 40 ans.
01:19Et les éleveurs de moutons ou de vaches font face à des virus, vous savez,
01:22qui diminuent la production de lait et de viande.
01:24Bon, ça fait beaucoup, tout va mal ?
01:26À peu près tout, oui, malheureusement.
01:28Les arbres fruitiers aussi ont souffert.
01:30Les seuls agriculteurs à peu près satisfaits, ce sont les producteurs de fraises.
01:33Eux, ils ont fait plutôt une bonne saison.
01:35Donc si on vous enlève un quart de votre revenu,
01:37évidemment, ça vous met le moral dans les chaussettes.
01:39Mais pourtant Virginie, il me semblait qu'après leur mobilisation du printemps,
01:43nos agriculteurs avaient obtenu des promesses très importantes.
01:46Alors oui, souvenez-vous, Gabriel Attal, devant une botte de foin en Haute-Garonne,
01:50après 15 jours de blocage des autoroutes par les agriculteurs,
01:53le Premier ministre leur annonce que cette fois, ils seront écoutés.
01:57Il y aura un avant et un après.
01:59C'est un jour important pour l'agriculture française,
02:02pour le monde paysan, pour nos agriculteurs ici, dans la région Occitanie,
02:06mais partout en France.
02:07Cette rencontre, elle veut aussi dire qu'on a décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout.
02:12Au-dessus de tout.
02:13Alors, il y a eu des mesures fiscales, des promesses d'une grande loi,
02:16550 euros d'aide par vache, simplification des règles,
02:2070 engagements en tout ont été pris par l'État,
02:23500 millions d'euros promis quand même.
02:25Alors, l'argent a été versé, lentement, mais il l'a été.
02:28Et puis, il y a eu la dissolution, qui a suspendu tout le reste.
02:32Donc, le grand projet de loi pour simplifier les règles et installer les jeunes a été repoussé.
02:36La loi sur les relations avec les grandes surfaces, repoussée aussi.
02:39Donc, il y a eu de grosses frustrations chez les agriculteurs cet été.
02:43Mais depuis l'arrivée du gouvernement Barnier, il y a eu de nouvelles promesses ou pas ?
02:48Oui, alors, Michel Barnier, en plus, ils le connaissent bien, ils l'aiment bien.
02:51Il a été leur ministre et, effectivement, il y a trois semaines,
02:53il est allé aussi sur le terrain, près de Clermont-Ferrand,
02:56annoncer d'abord que les promesses faites avant lui seraient à peu près tenues.
03:00Lui, il n'était pas dans une botte de paille d'ailleurs,
03:02mais il était devant un mur de paille énorme.
03:05Et il a annoncé des aides, notamment pour les éleveurs touchés par la crise sanitaire.
03:09S'agissant de la filière rovine qui est la plus touchée, la plus gravement touchée,
03:14j'ai annoncé une enveloppe de 75 millions d'euros immédiatement disponible.
03:20Alors, immédiatement, en langage gouvernemental, ça veut dire plusieurs semaines,
03:24parce que, pour l'instant, les aides n'ont pas été versées.
03:27Mais c'est en cours, m'a confirmé le ministère tout à l'heure.
03:29Donc, tout comme les promesses, d'ailleurs, de simplifier certaines règles.
03:32Et la fameuse grande loi promise, elle sera pour le début de l'année prochaine.
03:37Et depuis dix mois, il n'y a rien eu concret ?
03:39On peut dire ça comme ça, vraiment, dans les fermes ?
03:41Non, il y a eu du concret, effectivement.
03:43Par exemple, le gasoil devait être surtaxé, il ne l'a pas été.
03:46Il y a eu des aides pour le bio, pour l'élevage, le versement anticipé des primes européennes.
03:51Et puis, dans le dernier budget, c'est l'un des rares ministères, celui de l'agriculture,
03:55qui n'a pas été victime de coupes drastiques.
03:57Et il y a d'ailleurs dedans de quoi financer le reste des mesures ATAL.
04:00Donc, oui, il y a eu quand même pas mal de choses,
04:02mais ça n'a pas suffi dans ce contexte de récolte difficile.
04:05Alors, autre motif de colère, Virginie, les fameux accords du Mercosur,
04:09qui pourraient être signés dans deux semaines, lors du prochain G20.
04:12De quoi s'agit-il exactement ?
04:14C'est un accord commercial qui est signé avec quatre pays d'Amérique du Sud, dont le Brésil.
04:18Donc, ils nous ouvrent leurs frontières à nos voitures, à nos médicaments, à nos textiles, c'est très bien.
04:22Mais nous, on leur ouvre nos frontières aux boeufs, aux volailles brésiliennes,
04:27qui sont produites là-bas parfois avec des règles interdites en Europe.
04:30Par exemple, le poulet au Brésil, il peut être traité au chlore, pour le désinfecter.
04:34En gros, on le met dans de l'eau de Javel.
04:36Donc, en Europe, c'est interdit.
04:38Emmanuel Macron assure qu'il ne veut toujours pas signer cet accord dans ces conditions.
04:41Mais les agriculteurs voient la France de plus en plus isolée sur le sujet et se méfient.
04:46Alors, reste une notion qui n'est pas neutre.
04:48Nos agriculteurs vont bientôt désigner leurs représentants syndicaux.
04:53Ça crée de la tension ?
04:55C'est peut-être aussi l'un des enjeux les plus importants.
04:58L'élection aux chambres d'agriculture le 31 janvier prochain, c'est tous les six ans.
05:02Les chambres sont gérées par les syndicats.
05:04Elles ont beaucoup de poids, notamment sur la répartition des aides.
05:07Et voilà que le syndicat majoritaire, donc la FNSEA,
05:10majoritaire dans tous les départements sauf sept,
05:13pourrait perdre du terrain face à la coordination rurale plus à droite,
05:16qui, elle, mène des actions sur le terrain plutôt musclées.
05:19Donc, en face, évidemment, la FNSEA veut montrer qu'elle est là.
05:22Donc, des manifestations, on risque d'en voir jusqu'au 31 janvier.
05:26Et il y a un vrai questionnement sur l'avenir et la survie de nos agriculteurs sur le territoire français.
05:30Ça, on ne peut pas le nier.
05:32Voilà, c'est le vrai problème.
05:33Est-ce qu'on est à la fin d'un modèle ?
05:35On leur demande de produire de la qualité avec des exigences environnementales très importantes,
05:39ce qui est normal.
05:40Mais, en même temps, on ouvre nos frontières à des produits moins chers, moins écologiques.
05:44Est-ce qu'ils peuvent tenir ?
05:45Alors, attention, le modèle, donc, des petites fermes plutôt haut de gamme est en danger.
05:49On entend un discours d'une partie du monde agricole,
05:52les coopératives notamment, qui parlent de fermes de taille compétitive,
05:55ultramodernes, pourquoi pas des fermes à 1000 vaches.
05:58Donc, il y a beaucoup de petites qui risquent de disparaître.
06:00Déjà, 100 000 fermes ont disparu en 10 ans.
06:03L'élevage est très mal en point.
06:04Mais d'autres qui peuvent aussi en profiter.
06:06C'est un choix parce que ce modèle-là de grosse ferme, il risque de vider les campagnes.
06:10Une grosse ferme, il ne faut pas beaucoup d'emplois dedans pour la faire fonctionner.
06:13Il faut penser aux impacts sur l'environnement.
06:15Donc, c'est un choix aussi pour le consommateur.
06:17Il faut s'interroger sur l'origine de ce qu'on achète si on veut garder des paysans en France.
06:21Dernière petite question, Virginie, concernant les accords du Mercosur.
06:24Vous nous parliez du poulet au chlore venant du Brésil.
06:27Ça nous a tous choqués dans ce studio.
06:30Ça veut dire quoi ? Que la France est la seule à ne pas vouloir de poulet au chlore ?
06:33La France et d'autres pays européens.
06:35Mais effectivement, il n'y a pas que ça.
06:37Il y a les vaches aussi qu'on nourrit avec des antibiotiques pour les faire grandir plus vite.
06:40Et ça, ce n'est pas autorisé en Europe.
06:42Les agriculteurs voudraient ce qu'on appelle des close-miroirs.
06:45Donc, on interdit au moins ces produits-là quand ils ne sont pas faits avec les mêmes règles que les nôtres.
06:49Merci Virginie Garin, spécialiste environnement et agriculture d'Ayrtel.
06:52Dans un instant, un homme qui n'a pas de questionnement sur l'avenir puisqu'il est tout entier dans ce qu'il fait.
06:57J'ai nommé Marc-Antoine Lebray.
06:59Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
07:03Ayrtel Soir.

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