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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.

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Transcription
00:00Alors, le renouvellement des générations, c'est un sujet évidemment aussi dans le
00:05monde agricole.
00:06Ce n'est pas vous, Arnaud Rousseau, qui allez nous dire le contraire, même si, évidemment,
00:08c'est un domaine un petit peu plus spécifique.
00:11Vous avez quel âge, vous ? J'ai 50 ans.
00:13D'accord.
00:14Donc, vous n'êtes pas encore dans ce monde des seigneurs.
00:15Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, pourquoi ? Parce qu'à partir d'aujourd'hui, il y
00:18a le deuxième round, si on peut dire, des actions de la FNSEA qui est lancée, trois
00:21genres de mobilisation entre aujourd'hui et jeudi.
00:24Ça va consister en quoi ? En gros, est-ce qu'on va assister à un durcissement par rapport
00:28à ce qu'on a vu la semaine dernière ? Je parle bien de la FNSEA.
00:31Ça va consister en un message qui est « simplifions, simplifions, simplifions ».
00:36Mais sur les actions et les perturbations pour les gens.
00:39Donc, des actions départementales, toujours le même état d'esprit.
00:42Nous ne sommes pas là pour ennuyer les Français, mais pour obtenir des résultats concrets
00:45dans nos cours de ferme.
00:46Donc, dans chaque département, à partir de ce matin jusqu'à jeudi soir, des actions
00:50qui vont viser tout ce qui entrave la vie des agriculteurs, les administrations, un
00:55certain nombre d'agences avec la volonté claire de dire si on veut renouveler les
00:59générations, si on veut continuer à permettre aux agriculteurs de gagner leur vie, il faut
01:03qu'au quotidien, on leur simplifie la vie parce que, comme tous les entrepreneurs, les
01:07agriculteurs aujourd'hui n'en peuvent plus des papiers, n'en peuvent plus des contrôles
01:10et pour leur faciliter la vie, il faut leur simplifier la vie.
01:13La FNSEA relance ses actions, mais les images du matin, elles ne viennent pas de chez vous,
01:16elles viennent de la coordination rurale, on l'a vu dans le journal, avec des tracteurs
01:19qui se dirigent vers le Parlement européen.
01:22C'est le genre d'action que vous pourriez mener, vous aussi ou pas ?
01:25Oui, en tous les cas, nous, on a dit que tout était une cifre, vous savez qu'on aura
01:28un troisième temps sur le revenu qui est essentiel.
01:30En tous les cas, ce qui nous distingue aujourd'hui, c'est que nous, on a un message très clair
01:34sur « pas d'atteinte aux biens et aux personnes » parce qu'on considère que pour atteindre
01:38les objectifs aujourd'hui, casser, brûler, menacer, ce n'est pas une solution.
01:43Il y a eu, c'est vrai, au-delà du cassage, il y a eu des scènes de cassage, on l'a
01:48vu notamment à Guéret, il y a eu surtout hier, de la part de la coordination rurale,
01:51des barrages filtrants, des préfectures visées avec dépôt de fumiers.
01:55Est-ce que, pour dire les choses clairement, vous voulez condamner ces actions et où est-ce
01:58que vous placez exactement le curseur, la limite à ne pas franchir ?
02:01Non mais d'abord, vous savez, la FNSEA, le droit de manifester, on y tient beaucoup,
02:04c'est un droit constitutionnel et ça fait partie aussi des modes de revendication.
02:09Baine de fumier, ça reste un symbole important pour nous.
02:13La limite, c'est quand vous commencez à détruire des biens, qu'ils soient publics
02:17ou privés, ou menacer des gens.
02:18C'est ce dont j'ai fait l'objet il y a quelques jours à Agen.
02:22Ça, c'est une limite qui, de notre point de vue, ne doit pas être franchie.
02:25Vous savez, pour nous, le sujet, ce n'est pas le voisin agriculteur qui éventuellement
02:28n'aurait pas la même opinion que nous.
02:30Pour nous, l'objet, c'est de trouver des solutions qui permettent demain de se construire
02:33un avenir quand on est producteur en France, quand on est agriculteur en France, parce
02:37que derrière cette crise, nous, ce qu'on veut, c'est un avenir pour l'agriculture
02:40et des revenus pour les agriculteurs.
02:41Alors, racontez-nous quand même ce moment auquel vous faites allusion.
02:43C'était vendredi dernier à Agen, vous avez dû partir sous escorte policière à la demande
02:47du préfet.
02:48C'est ce que vous précisez, on voit les images.
02:50Comment vous avez vécu, vous, ce moment-là qui doit être assez perturbant, pour ne pas
02:54dire traumatisant ?
02:55Vous savez, j'y suis allé à l'invitation des producteurs de légumes français qui
03:00tenaient leur Assemblée Générale.
03:01C'était un rendez-vous qui avait été mis à l'agenda depuis bien longtemps et j'aime
03:05honorer mes engagements.
03:06Donc, j'y suis allé sans esprit de provocation.
03:09J'ai pu d'ailleurs prononcer mon discours devant l'ensemble des producteurs de légumes
03:13et au terme de cette Assemblée Générale, le préfet m'a indiqué que pour des raisons
03:19de sécurité, il souhaitait que je puisse partir rapidement, considérant qu'elle n'était
03:24plus assurée sur le lieu.
03:25Et donc, c'est dans ces conditions-là que je me suis mis entre les mains des forces
03:29de l'ordre et je suis parti dans des conditions que je qualifie d'extrêmement dangereuses
03:32et limites.
03:33On était à deux doigts de l'accident.
03:35Je trouve que, encore une fois, quels que soient les désaccords, ce mode opératoire
03:40et je l'ai indiqué aux agriculteurs qui étaient face à moi, éveillément, que moi,
03:44je suis prêt toujours à discuter.
03:46Ça veut dire qu'à ce moment-là, on a basculé dans autre chose dans cette crise ?
03:48Oui, clairement.
03:49À ce moment-là, on est passé dans autre chose.
03:51Mais encore une fois, moi, ce qui m'intéresse, vous savez, c'est les solutions qu'on prépare
03:55pour l'agriculture, le travail qui est fait au quotidien avec les pouvoirs publics, avec
03:59l'ensemble des forces vives de ce pays, avec l'opinion publique aussi, et que certains
04:04évidemment pensent que hors du chaos, de la radicalité et des menaces, il n'y a pas
04:08d'avenir.
04:09Mais encore une fois, ne perdons pas trop de temps avec l'écume des jours.
04:12Ce qui nous intéresse, nous, c'est les solutions et comment on amène du revenu demain dans
04:16les exploitations, le travail.
04:17Et on va y aller sur les solutions.
04:18On va y aller sur les solutions.
04:19Mais d'abord, est-ce que vous demandez à la présidente de la Coordination Orale, Véronique
04:21Leflocq, de calmer les troupes, de siffler la fin de ce genre de choses ou pas ?
04:25Non, mais Véronique Leflocq prend ses responsabilités.
04:28Moi, il me semble que ce genre de débordement n'est pas acceptable.
04:31Et moi, je l'ai dit chez moi.
04:32Je suis fier que Véronique Leflocq puisse aller dans n'importe quel département.
04:36Je rappelle qu'on en tient à 95 %, Julien Arnault.
04:39C'est ce qu'ils veulent changer, justement.
04:41Eux, ils aimeraient bien gagner davantage de chambres lors des élections en janvier.
04:47Tout le monde le comprend dans le cadre d'une élection et qu'ils fassent campagne, c'est
04:51bien normal.
04:52Encore une fois, l'expression de la démocratie, c'est la grandeur de notre pays.
04:55Mais en revanche, Véronique Leflocq, elle n'est pas menacée à chaque fois qu'elle
04:58va dans un département de la FNSA.
05:00Ça n'est pas arrivé et je ne souhaite pas que ça arrive parce qu'il me semble que c'est
05:03important qu'on puisse faire campagne.
05:05Ce n'est pas ce qui s'est passé chez elle et je n'ai pas noté que depuis vendredi,
05:08elle avait dénoncé ce type d'acte.
05:09Après, les agriculteurs jugeront.
05:11Encore une fois, je ne crois pas que les agriculteurs aient envie d'être menacés dans leurs exploitations,
05:16dans leurs déplacements.
05:17Ces limites sont franchies.
05:18C'est la responsabilité de Véronique Leflocq pour ma part.
05:21Le travail, les solutions, l'ambition.
05:23Les solutions, justement.
05:24Il y a un débat aujourd'hui à l'Assemblée sur le Mercosur.
05:26Mais franchement, ça sert à quoi ce débat ?
05:29Annie Gennevard, la ministre de l'Agriculture, ce matin dans une tribune du Figaro, réaffirme
05:32l'opposition de la France sur le Mercosur.
05:34Personne ne veut le Mercosur, en France en tout cas.
05:37Ça va changer quoi ce débat ? Ça ne sert à rien ?
05:40En tous les cas, c'est la volonté du Premier ministre de le mener dans un moment où les
05:43débats parlementaires peuvent être houleux.
05:45Si on a l'unanimité du Parlement, finalement, ce ne sera pas si courant.
05:48Et puis, je trouve que le message porté à la fois aux agriculteurs, à l'opinion publique
05:53française qui est très massivement en notre soutien, et puis surtout vis-à-vis de Mme
05:58von der Leyen, la présidente de la Commission, qui pousse très fort pour cet accord, est
06:00un message qui va dans le bon sens et que nous soutenons.
06:03Maintenant, on a compris que le combat se poursuivait.
06:06On a porté ce message du non à une Europe passoire.
06:10Maintenant, nous, on veut passer sur les sujets nationaux parce qu'il y a des sujets nationaux.
06:13Vous avez l'impression que cette bataille ne peut pas encore être gagnée ou bien que
06:16la Commission européenne passera de toute façon ?
06:17Écoutez, moi, j'observe qu'un certain nombre de pays sont en train de modifier leur position
06:23ou en tout cas disent…
06:24L'Italie, la Pologne.
06:25L'Italie, la Pologne commencent à se poser la question.
06:27Vous savez, pour nous, cette bataille, elle est existentielle.
06:30On ne va pas délocaliser nos entreprises.
06:31Donc nous, ce combat, on doit le mener.
06:33Et puis ensuite, nous verrons bien si les pays européens prennent conscience de l'importance
06:36de la souveraineté alimentaire parce que derrière, c'est l'assiette des Français
06:40et l'assiette des Européens.
06:41Mais si ça passe malgré tout, il se passera quoi ?
06:43Il y aura des actions très, très dures de la part des agriculteurs ?
06:45Non, mais vous savez, d'abord, les importations existent déjà aujourd'hui.
06:48Il se passera quoi ?
06:49Il se passera juste le constat qu'entre ce que l'Europe prévoit pour la production
06:53agricole européenne et ce qu'elle fait à l'extérieur, il y a une incohérence majeure.
06:56Et vous savez, nous, on est pro-européens, mais on ne peut pas accepter qu'on nous mette
07:00des contraintes chez nous et que ça soit la porte ouverte aux autres.
07:02Donc, on a dit qu'on était prêts à continuer à échanger, mais pas dans ces conditions.
07:05C'est réciprocité, traçabilité, respect des accords de Paris.
07:09Il y a un autre sujet que vous voulez évoquer cette semaine avec cette action, ce sont les normes.
07:12Et la semaine dernière, Annie Gennevard, elle a dit qu'il faut qu'en France, on soit cohérent
07:15et que les pesticides autorisés dans d'autres pays d'Europe soient autorisés aussi en France.
07:19Ça concerne notamment les néonicotinoïdes.
07:21Est-ce que vous pensez que cette promesse d'Annie Gennevard, ce n'est pas encore vraiment
07:24une promesse, ce n'est pas très clair pour l'instant.
07:25Est-ce que vous pensez qu'elle va la tenir ou pas ?
07:28En tous les cas, nous, on considère que dans cet espace européen,
07:31ce qui est permis à un Allemand ou un Italien doit être permis à un agriculteur français.
07:34Et le gouvernement dit la même chose aujourd'hui. C'est une victoire pour vous, j'imagine.
07:36Oui, mais il ne le fait pas.
07:38Et vous preniez l'exemple d'un produit, d'une matière active qui s'appelle l'acétamiprite,
07:42qui permet de lutter contre des petits insectes foreurs qui viennent détruire les noisettes,
07:46qui viennent détruire les betteraves sucrières.
07:48Voilà, écoutez, soit ce produit est dangereux et il est retiré en Europe,
07:52soit il est autorisé et il l'est partout.
07:54Vous voyez, c'était ça simple.
07:55Et puis, s'il n'est pas autorisé en Europe, on ne l'importe pas de l'étranger.
07:58C'est du bon sens paysan et c'est ce qu'on demande.
07:59Vous nous avez parlé d'un treizième round de mobilisation sur la question du revenu.
08:04Est-ce que vous en connaissez déjà les dates et les modalités ?
08:07Oui, ce sera très probablement la semaine prochaine ou le début de la semaine suivante.
08:11Et l'objectif, c'est celui du revenu.
08:13Vous avez compris, il y a une forme de cohérence.
08:15On ne veut pas d'une Europe passoire.
08:16On veut nous simplifier la vie et on a besoin de vivre de notre métier.
08:19Donc, c'est tout le sujet du prix de nos produits.
08:22La relation avec la grande distribution,
08:23puisque vous savez que les négociations commerciales
08:25entre les industriels et la grande distribution vont démarrer dans les jours qui viennent.
08:28Ce sera évidemment, encore une fois, comment nos filières créent de la valeur.
08:32Et à la fin, c'est comment on défend la souveraineté alimentaire
08:35pour permettre le renouvellement des générations.
08:37Et rendez-vous à ce moment à la fin de semaine prochaine,
08:38au début de semaine suivante pour le troisième round.
08:40Merci beaucoup Arnaud Rousseau.
08:41Merci Julien.

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