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La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet condamne les dégradations par les agriculteurs en colère de permanences de députés ayant voté la censure et appelle la FNSEA à la raison. Regardez son président Arnaud Rousseau.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 12 décembre 2024.

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Transcription
00:00Et tout de suite l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui Arnaud Rousseau,
00:08le président de la FNSEA, premier syndicat agricole, représentant d'une profession
00:12dont la colère ne retombe pas.
00:14Bonjour et bienvenue sur RTL, Arnaud Rousseau.
00:16Bonjour Thomas Soto.
00:17La semaine dernière vous aviez demandé aux représentants de la FNSEA d'aller à la rencontre
00:20de leurs députés, visiblement votre appel a été entendu au-delà de vos espérances
00:23puisque depuis une semaine plus de une trentaine de permanences parlementaires ont été dégradées.
00:27La vacuité politique du moment justifie-t-elle la violence agricole ?
00:31L'urgence, Thomas Soto, c'est que depuis un an, le monde agricole qui crie sa colère
00:37n'est pas entendu et que pour la deuxième fois en moins de six mois, les agriculteurs
00:41à qui on avait fait des promesses les voient passer devant eux sans aucun résultat.
00:45Parce qu'il n'y a plus de premier ministre ?
00:47Parce qu'il y a eu une dissolution et parce que depuis quelques jours la motion de censure
00:52qui a fait tomber le gouvernement ne nous offre plus d'interlocuteurs en capacité
00:56de répondre aux questions et aux engagements qui nous ont été faits il y a maintenant
01:01presque une année.
01:02Et pour vous répondre et ne pas me dérober à cette question, rien ne justifie la violence
01:06mais acceptons de dire que ce qui se passe avec le monde agricole, dans ce moment de
01:11tension extrême, face à une situation politique inédite et un spectacle qui, reconnaissons-le,
01:17est assez affligeant, les agriculteurs ont l'impression qu'on se moque d'eux.
01:20Et moi je l'ai dit, il y avait nécessité d'arriver...
01:22Non mais est-ce que ça justifie de mûrer des permanences, de déposer du fumier, des
01:26déchets ? Une députée a même été agressée physiquement en recevant de la peinture, est-ce
01:31que ces actions-là vous les condamnez ou vous les soutenez ?
01:33Non, on a été très clair et depuis le début, parce que je sens cette tension énorme et
01:37plus encore aujourd'hui, on a dit qu'on ne voulait pas d'atteinte aux biens et aux personnes.
01:42Et donc rien ne justifie la violence...
01:44Donc vous ne cautionnez pas ?
01:45Rien ne justifie la violence...
01:48Vous cautionnez ou vous ne cautionnez ?
01:49Je ne cautionne rien qui atteigne aux biens et aux personnes, je dis simplement qu'on
01:53ne peut pas pousser les gens à bout et s'étonner de réactions qui vont au-delà de ce qui
02:00serait raisonnable.
02:01Mais je demande que soit entendue la colère agricole depuis un an.
02:05Vous ne pouvez pas...
02:06Vous n'avez pas peur que ça dérape, vraiment ?
02:07Mais bien sûr qu'on a peur que ça dérape et on n'a jamais eu aussi peur parce que quand
02:10vous dites aux gens que vous allez prendre en compte leurs problèmes, que tous les partis
02:15politiques sont venus dire aux agriculteurs qu'ils comprenaient leur détresse, que vous
02:19avez des entreprises qui attendent de la trésorerie parfois depuis huit ou neuf mois, qui a imaginé
02:24pendant le Covid que ces fameux prêts garantis par l'État étaient attendus un an avant
02:28d'arriver ?
02:29Derrière, c'est la vie de gens, c'est la vie de gens qui n'en peuvent plus d'attendre
02:33des promesses qui leur sont faites et des solutions qui n'arrivent jamais.
02:37Soyons concrets, ce qui a été promis pour un éleveur qui a eu la maladie de la langue
02:41bleue cet été et des brebis qui mourraient, c'est une indemnité.
02:44Au moment où je vous parle, pour la FCO8 qui a frappé durement le sud de la France,
02:48le guichet, me dit-on, s'ouvrira peut-être fin janvier.
02:51Qui peut accepter, quand il est comme ça, frappé par une pandémie sanitaire, que l'absence
02:58de réaction et les délais soient aussi longs ?
02:59Ça ne tient plus, l'urgence est maximum.
03:03Alors j'entends votre discours à la fois grave, raisonnable, posé et je me demande
03:08si j'ai face à moi un pompier pyromane parce que vous-même, la semaine dernière, vous
03:11avez expliqué que vous refusiez désormais tout contrôle sur les exploitations.
03:14Est-ce que dans le climat inflammable, du moment que vous décrivez, Arnaud Rousseau,
03:18ce genre d'appel à la désobéissance n'est pas dangereux ?
03:20On entendait des agriculteurs qui disaient « il n'y a plus d'Etat, il n'y a plus
03:23de loi » tout à l'heure à 7h ?
03:24Non, moi ce que j'ai dit, c'est que quand il n'y a plus d'Etat pour répondre à nos
03:28questions, le plus sage, et moi je veux redire ici sur vos entretraînes l'esprit de responsabilité
03:34qui a prévalu à ce commentaire que j'ai fait, c'est-à-dire « plus de contrôle
03:37dans les coins de ferme » est une mesure de bon sens.
03:39C'est dangereux de dire ça, non ?
03:40Non, parce que...
03:41Sur quelqu'un qui est fatigué, qui est tendu, qui est noyé sous les problèmes, qui sont
03:45légitimes une colère, légitimes un désespoir, légitimes, il voit arriver un fonctionnaire,
03:50qu'est-ce qui peut se passer ? Ça peut être très grave.
03:52Est-ce que les agriculteurs sont au-dessus des lois aujourd'hui ?
03:54Absolument pas, et d'ailleurs on a réclamé, on a réclamé évidemment des lois, on en
03:59réclame Thomas Soto, on a réclamé une loi sur l'orientation agricole dont on nous parle
04:02depuis deux ans et demi, qu'on ne voit pas venir, on nous a promis une loi de simplification
04:07qui est reportée au calendre grec.
04:08On nous a promis un budget dont on nous dit qu'au mieux, avec la loi spéciale, il sera
04:13voté fin mars.
04:14La loi spéciale, c'est ce qui permet de prolonger le budget 2024, en attendant le budget 2024.
04:17Absolument, c'est ce qui permettra qu'on réponde à nos questions.
04:19On nous dit que ce sera au plus tôt fin mars.
04:22Les agriculteurs ne sont pas au-dessus des lois, et moi je crois que le bon sens en ce
04:25moment, dans cette tension énorme que j'essaie de vous décrire, c'est que d'envoyer des
04:30contrôleurs dans des fermes, ce n'est pas le bon moment.
04:33C'est les mettre en danger ?
04:34Vous voyez bien que mon rôle de responsable professionnel, c'est à la fois d'alerter
04:40les pouvoirs publics sur la situation intenable dans laquelle nous avons été mis, l'absence
04:44de réponse, le spectacle politique dont tout le monde s'accorde à dire qu'il n'y aura
04:48pas de solution à court terme, et l'urgence de la situation agricole.
04:51Alors on aura peut-être un Premier ministre en fin de journée, qu'est-ce que vous lui
04:54demandez par avance au nom des agriculteurs ? En urgence ?
04:58On lui demandera ce qu'on a demandé à M. Attal, ce qu'on a demandé à M. Barnier,
05:01c'est 1- en urgence d'apporter de la trésorerie dans les exploitations, 2- de tenir les engagements
05:08qui nous ont été faits il y a près d'un an, ce n'est quand même pas compliqué
05:11à comprendre, 3- de faire en sorte que rapidement les lois qui, encore une fois, nous ont été
05:16promises, cette loi d'orientation agricole, cette loi de simplification, puissent se mettre
05:20en oeuvre, c'est attendu.
05:21Et puis, il y a ce que je vais dire au Premier ministre, mais il y a aussi l'interpellation
05:25que je souhaite faire au Président de la République, sur le Mercosur, qui est un sujet
05:29de premier plan pour nous, on voit bien que la Présidente de la Commission...
05:33Mercosur, il avance sans nous, Ursula von der Leyen était en Uruguay vendredi dernier,
05:37elle s'est mise d'accord avec les pays d'Amérique, et Emmanuel Macron, ça dit, il est au front
05:42là-dessus, il se bat.
05:43En tous les cas, on aura besoin de résultats, j'ai compris qu'il voulait continuer à se
05:48battre, mais maintenant on est dans le processus, on est dans la seringue, et il y a deux manières
05:51de s'en sortir, soit il arrive à trouver des chefs d'État et de gouvernement, au moins
05:56quatre pays qui représentent 35% de la population européenne, pour bloquer la fin de cet accord,
06:01soit ce sera les parlementaires, mais pour nous, c'est absolument essentiel que cet accord
06:05ne rentre pas en compte.
06:06Et vous voyez qu'à la fois on a besoin d'un Premier ministre aux affaires, peu importe
06:09d'où il vient...
06:10Vous avez une préférence sur sa couleur politique ou pas ?
06:11Mais absolument pas !
06:12Sincèrement ?
06:13Mais absolument pas !
06:14Gauche, droite, c'est pareil ?
06:15Non, mais vous voyez bien, on aura de toute façon la même Assemblée, les mêmes députés
06:19et l'absence de majorité.
06:20Et les mêmes problèmes ?
06:21Évidemment les mêmes problèmes, donc on a besoin de quelqu'un qui prenne des décisions,
06:25on a besoin que ça évite.
06:26Et ce message, il s'adresse aussi aux députés, on ne peut pas laisser l'agriculture dans
06:29la situation dans laquelle elle est.
06:31Je crois que tout le monde est d'accord, maintenant il faut passer aux actes.
06:34Est-ce qu'il y aura d'autres blocages peut-être avant Noël, d'autres blocages prévus ?
06:38Parce qu'on parle des actions sporadiques, on n'a pas vu les blocages qu'on a connus
06:42parfois dans le passé.
06:43Est-ce que c'est dans votre agenda ?
06:44Nous, nous avions dit très clairement, mais toujours en totale transparence, que nous
06:49avions une période en ce moment dans laquelle il y avait le sujet des prix, parce que le
06:52revenu ça reste le cœur du réacteur pour un agriculteur.
06:55Évidemment cette notion de censure est arrivée, on comprend qu'on est dans un moment très
07:00politique, et donc nous on va attendre.
07:02D'ailleurs changer de ministre de l'agriculture tous les deux mois, ça n'est pas tenable
07:05pour nous, je le dis aussi.
07:07On a besoin de quelqu'un...
07:08Vous souhaitez que la même reste là ?
07:09Ecoutez, si elle reste, ce sera très bien, mais encore une fois, mon problème n'est
07:13pas d'ordre politique, mon problème c'est de trouver de la stabilité, de la visibilité.
07:17Vous savez, un agriculteur, une ferme, c'est une petite entreprise.
07:20Et un entrepreneur, quel qu'il soit, pour être en confiance, pour investir, pour avancer,
07:24il a besoin de stabilité.
07:25Nous en agriculture, on a besoin de réponse immédiate.
07:27Et ma question c'est, est-ce que vous prévoyez des mobilisations plus fortes, plus spectaculaires,
07:30plus organisées d'ici la fin de l'année ?
07:32À ce stade, on avait dit qu'on ne souhaitait pas prendre les fêtes de fin d'année en
07:35otage, parce qu'encore une fois, c'est le moment où les Français vont consommer nos
07:38produits dont on est fier.
07:39Mais force est de constater que là, on est dans l'expectative, on ne sait pas où on
07:43va et on ne peut pas attendre.
07:44Donc ?
07:45Donc il est tout à fait possible qu'on se remette en action rapidement.
07:49Avant la fin de l'année ?
07:50Oui, bien sûr.
07:51Vous voyez bien ce qui se passe.
07:52Si on n'a pas de gouvernement, si le Premier ministre n'est pas nommé, si nous n'avons
07:54pas d'interlocuteur, on ne peut plus attendre un an, Thomas Soto, un an.
07:58C'est une période raisonnable pour obtenir des réponses.
08:00Nous n'en avons pas et nous ne voyons pas l'horizon se dégager.
08:03Là, on est d'accord, c'est un ultimatum que vous posez Emmanuel Macron.
08:06Écoutez, je ne sais plus à combien d'ultimatum on en est.
08:09Il nous faut des réponses précises dans les cours de ferme.
08:12On ne peut pas laisser les gens dans la désespérance.
08:15C'est le rôle même du politique d'apporter des réponses aux Français.
08:18Les agriculteurs ne peuvent plus attendre.
08:20Il y a une urgence.
08:21Je ne sais plus comment le dire.
08:22Arnaud Rousseau, sur le Mercosur que vous évoquiez, les autres syndicats vous reprochent
08:26de tenir un double discours, tantôt patron de la FNSEA et tantôt, donc très anti-Mercosur,
08:30et tantôt président du groupe Avril, industriel de la filière Oléo Proteagineux, très favorable
08:35au libre-échange.
08:36Libération, notez, il y a quelques jours, vous avez racheté en octobre un gros producteur
08:39d'huile de riz sain au Brésil.
08:41On peut à la fois défendre les intérêts agricoles et les intérêts industriels ?
08:45On doit défendre les intérêts agricoles et pour ça, et pour ramener de la valeur
08:49dans les fermes, il faut qu'on s'empare de ce qui se passe au-delà du mur de nos
08:53exploitations.
08:54Là, c'est une question sur vous, parce que les autres syndicats aussi la posent.
08:57Je vais répondre, bien sûr.
08:58Et à ce titre, le monde agricole a investi dans un groupe industriel qui a un modèle
09:02économique qui ne verse aucun dividende à ses actionnaires et qui a investi la totalité
09:07de ses profits pour la ferme française.
09:09Mais l'économie ne se passe pas qu'en France, on est dans un monde ouvert.
09:12Et se préoccuper de ce qui se passe quand on est le numéro un des huiles en France,
09:17c'est important d'aller voir ailleurs.
09:18De l'huile de riz sain, il n'y en a pas en France.
09:20Et par ailleurs, ça n'est pas une grosse entreprise brésilienne, c'est une petite
09:24entreprise brésilienne qui a une typicité sur les huiles avec un objectif de faire de
09:28l'oléochimie, c'est-à-dire retirer le pétrole des produits, faire de la chimie
09:32du végétal.
09:33Ça, ça concerne les agriculteurs, ça, ça crée de la valeur.
09:35Et le faire en France et à l'étranger pour pouvoir continuer à investir, ça, c'est
09:39important.
09:40C'est quoi l'étape d'après ?
09:42Écoutez, l'étape d'après, c'est de donner de la vision aux agriculteurs.
09:46Pour nous, c'est clair, c'est le goût d'entreprendre et la souveraineté française.
09:50Parce que c'est l'assiette des Français dont on parle, Thomas Soto.
09:52Merci Arnaud Rousseau d'être venu ce matin sur RTL.
09:54Philippe Kévrier, je sais que vous avez rendez-vous au ministère, je ne sais pas avec qui, parce
09:57qu'il n'y a plus de ministre, mais vous avez rendez-vous tout à l'heure, ce matin ?
09:58Oui, oui, je vais aller voir un ministre pour discuter à Bercy, absolument.
10:02Mais vous restez quand même avec Philippe Kévrier ?
10:03Bien sûr.

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