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Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, était l'invité éco de franceinfo vendredi 25 octobre

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00:00L'invité éco, Camille Reveil.
00:04Bonsoir à toutes et à tous. 3 millions 21 mille 600 demandeurs d'emploi inscrits à France Travail au troisième trimestre en catégorie A en France.
00:12Hors maillot de catégorie A, ce sont les personnes qui n'ont eu aucune activité pour en parler avec nous.
00:17Thibaut Guy, lui, bonsoir.
00:18Bonsoir.
00:19Vous êtes le directeur général de France Travail.
00:21Ça veut dire une hausse de 0,2% sur un trimestre, 0,1% sur un an.
00:25C'est quasi stable, ça n'augmente pas beaucoup mais ça ne baisse pas non plus.
00:28Effectivement, ça ne baisse pas non plus. Il y a eu un ralentissement, clairement.
00:35Cela étant dit, fin 2023, tous les prévisionnistes nous annonçaient à 7,9%, même certains les plus pessimistes à 8%.
00:43Donc on a su quand même contenir sur l'année la hausse du chômage.
00:48Et alors, sans boule de cristal évidemment, vous parliez de ralentissement.
00:52Est-ce qu'aujourd'hui la conjoncture est plus favorable au recrutement pour les demandeurs d'emploi ?
00:57Alors, depuis ces dernières années, le taux de chômage a quand même assez fortement baissé.
01:02On est passé d'un peu plus de 10% à pas loin de 7%.
01:06Donc c'est vrai que ça rétablit un petit peu l'équilibre entre les salariés et les candidats.
01:12J'étais d'ailleurs récemment à Royan où on innove à France Travail avec ce qu'on appelle des job dating inversés
01:19où là c'est les patrons et les patronnes qui viennent finalement plaider, présenter leur entreprise aux demandeurs d'emploi pour créer la rencontre.
01:28Si on regarde dans le détail, ça augmente très légèrement pour les hommes, c'est stable pour les femmes.
01:33Pour les 50 ans ou plus, on a un nombre de demandeurs d'emploi qui augmente de 0,8%.
01:38On n'arrive pas à le faire bouger ce levier de l'emploi des seniors ?
01:42Ce n'est pas ce que je dirais, parce que c'est vrai qu'on a la particularité d'être plutôt en retard sur la moyenne européenne,
01:50que ce soit pour les jeunes d'ailleurs, sur lesquels ça a fortement progressé ces dernières années, mais aussi sur les seniors.
01:56Le taux d'emploi des seniors n'a jamais été aussi élevé, on a tendance à l'oublier, il progresse.
02:01Cela dit, on est en retard par rapport à la classe européenne et donc il faut qu'on continue d'investir clairement dans l'emploi des seniors.
02:08C'est ce que nous faisons à France Travail, on doit accompagner beaucoup mieux les parcours de reconversion,
02:14donc on investit aussi assez fortement dans la formation.
02:17Je pense à un programme qu'on a lancé à tous seniors, par exemple, qui va toucher 1000 demandeurs d'emploi seniors sur l'île de France en test.
02:26Et puis c'est aussi de mobiliser les entreprises pour changer quand même aussi un petit peu le mindset,
02:32parce que de temps en temps, on a des recrutements stéréotypés.
02:34Et cet état d'esprit, il change ?
02:36Cet état d'esprit, il change, il évolue.
02:39Nous, on le voit à travers les entreprises qui s'engagent, plus de 95 000 entreprises qui se sont engagées,
02:46et on les accompagne avec des outils nouveaux.
02:49Je pense par exemple à la méthode de recrutement par simulation que nous avons à France Travail
02:54et qui est assez exceptionnelle pour valoriser les compétences, les capacités des personnes,
03:00indépendamment finalement de leur diplôme ou de leur formation professionnelle.
03:06On est en plein examen du budget.
03:08Il y a des coupes parfois, notamment plus de 2 milliards pour le budget travail et emploi.
03:12Vous, à France Travail, vous avez des réductions de postes prévues, 500 de moins.
03:16Avec cet argument de l'exécutif, il y a moins de chômeurs qu'avant, donc il y a moins de personnes pour les accompagner.
03:21Est-ce que c'est audible pour vous ça ?
03:23Et j'ajoute une deuxième question. Est-ce qu'avec ces moyens humains en moins,
03:27vous pouvez arriver à tenir l'objectif d'Emmanuel Macron qui est un plein emploi,
03:31donc un taux de chômage à 5% à la fin du quinquennat ?
03:33Ce que chacun peut entendre, c'est qu'effectivement pour atteindre le plein emploi,
03:39et c'est tout le sens de la création de France Travail,
03:42c'est qu'il faut qu'on aille au-devant de ceux qui étaient éloignés de l'emploi.
03:46Je pense notamment aux bénéficiaires du RSA à partir du 1er janvier 2025.
03:50C'est plus d'un million d'entre eux qui vont être inscrits à France Travail.
03:53Et vous avez 500 personnes de moins pour les accompagner ?
03:56Je pense aussi aux jeunes.
03:59Avenir professionnel, c'est un dispositif qu'on est en train de faire monter en puissance
04:03dans les lycées professionnels pour aussi accompagner ces jeunes-là.
04:06Donc vous voyez les défis et les personnes en situation de handicap.
04:09Donc nous avons ces défis-là, et c'est sûr que nous avons besoin de moyens,
04:13nous avons besoin de conseillers, parce qu'accompagner vers l'emploi, c'est d'abord du personnel,
04:18c'est d'abord de l'humain, c'est d'abord de la relation.
04:20Et ce que nous plaidons à France Travail, c'est qu'on ait un très bon investissement social.
04:25Puisqu'il est toujours mieux d'avoir des personnes qui retrouvent un emploi,
04:28surtout quand on a 57% des entreprises qui ont des difficultés à recruter aujourd'hui.
04:33Donc on comprenne bien Thibault Guiby, vous avez envie de dire quoi au gouvernement ?
04:36Laissez-nous ces postes ?
04:38En tout cas, je passe mon temps à sensibiliser les responsables politiques
04:42pour qu'effectivement les emplois soient préservés.
04:45Parce que ces ETP-là, en fait, c'est des conseillers qui permettent d'accompagner
04:50et d'accélérer le retour à l'emploi des personnes et de répondre aux besoins des entreprises.
04:54Et c'est en cela que ça contribue aussi à la réduction des déficits publics.
04:59L'emploi, l'accès au travail du plus grand nombre, c'est la clé pour cela.
05:03Et France Travail est l'outil pour le plein emploi.
05:06Il y a les moyens humains, on en parlait à l'instant, il y a aussi les moyens financiers.
05:09Plus largement, votre dotation, est-ce qu'elle évolue, elle ?
05:12La dotation est maintenue par le gouvernement.
05:16Parce que la ministre du Travail tient absolument à soutenir la démarche de France Travail
05:21pour soutenir les demandeurs d'emploi, mais aussi les entreprises.
05:24Hier, avec elle, mais avec l'ensemble des représentations patronales, les filières professionnelles,
05:30nous avons lancé France Travail Pro.
05:33Parce qu'un des défis que nous avons, c'est d'accompagner les petites entreprises.
05:36Les artisans, les commerçants, c'est clé pour nous.
05:39Et aujourd'hui, ils ne recourent pas assez aux services de France Travail.
05:42C'est eux qui créent de l'emploi.
05:43Avant ce qu'on parle de France Travail Pro, le montant de votre dotation, c'est ?
05:46Le montant de la dotation est maintenu.
05:49En fait, c'est un milliard deux cents millions.
05:53Et ça suffit ? Ou il faudrait plus, selon vous ?
05:55Écoutez, au-delà de la dotation de l'État, il ne faut pas oublier que c'est l'UNEDIC
05:59qui finance principalement avec les cotisations France Travail.
06:03Et puis ensuite, c'est travailler main dans la main avec les régions sur la formation,
06:07avec les départements sur l'insertion.
06:09Et ce que nous, nous démontrons, c'est que quand on va prospecter plus, on crée des emplois.
06:14Quand on réduit les délais de recrutement, on crée des emplois.
06:17Quand on aide une personne qui n'a pas de qualification à se qualifier pour un métier
06:21pour lequel on recherche, on crée des emplois.
06:23Donc, plus on aura des moyens à France Travail et plus on pourra accompagner cette dynamique.
06:28Rapidement, pour parler de France Travail Pro, parce que je voudrais qu'on ait le temps
06:30quand même aussi de parler de la réforme du RSA.
06:32Je sais que vous avez fait un premier bilan.
06:34L'idée, c'est que les entreprises aient plus l'idée de venir chercher chez vous
06:38quand elles recrutent, et notamment les plus petites entreprises.
06:40Oui, exactement, parce qu'on a près d'un quart des entreprises qui passent par France Travail.
06:47Et leur niveau de satisfaction est très élevé.
06:50Plus de 87% maintenant sont satisfaites.
06:53Parce qu'on a des outils de sourcine de candidats, de recrutement.
06:56Je vous parlais aussi d'immersion professionnelle.
06:58On peut financer aussi la formation au poste.
07:01On a des outils qui sont plébiscités par les entreprises.
07:03Simplement, force est de constater que trois quarts d'entre elles,
07:06et notamment les toutes petites entreprises, ne passent pas par France Travail,
07:09n'ont pas le réflexe France Travail.
07:11C'est quoi ? C'est un problème d'image aussi ?
07:12C'est parfois un problème d'image.
07:14Ça peut être aussi une expérience ratée il y a 10, 15, 20 ans.
07:20Et puis, c'est aussi une question de temps.
07:23Vous savez, un chef d'entreprise, quand il a trois, quatre salariés,
07:26il a très peu de temps à consacrer.
07:28C'est d'ailleurs pour cela que, par exemple, nous serons désormais joignables
07:31du lundi au samedi, de 7h30 à 20h.
07:34Parlons-nous de cette réforme du RSA.
07:36Elle va être généralisée au 1er janvier.
07:39Il y a une expérimentation en cours avec des contrats d'engagement,
07:4115h d'activité hebdomadaire avec possibilité de sanction en cas de non-respect.
07:45Ça a inquiété notamment des associations.
07:47Vous, vous avez pu tirer un premier bilan de cette expérimentation ?
07:51Oui, parce que ce qui est sûr, c'est que ça fait très longtemps
07:54qu'on a mis les bénéficiaires du RSA sur le bord de la route.
07:57Vous savez, plus d'un sur deux restent plus de quatre ans au RSA avec très peu de contacts.
08:02Et donc, nous, avec les départements de France et le soutien de l'État,
08:06on a décidé de proposer un accompagnement intensif.
08:09Minimum 15h d'activité par semaine.
08:12Près de 55 000 bénéficiaires du RSA ont bénéficié de cet accompagnement à date.
08:18Parce qu'on apprend dans chaque territoire
08:20comment apporter le meilleur accompagnement à chacune de ces personnes.
08:25Plus de 90%, 92% pour être exact, sont très satisfaites de cet accompagnement.
08:30Et les résultats sont là, puisqu'au bout de six mois, on est à 42% de retour à l'emploi.
08:35Au bout de douze mois, on enregistre même des taux de retour à l'emploi à 54%.
08:40Et cette sortie durable du RSA, vous voyez bien que c'est bon pour les personnes
08:44qui sortent de l'exclusion.
08:46Bon parce que ça apporte des réponses très concrètes aussi aux entreprises
08:49qui ont des difficultés à recruter.
08:51Ça fait moins d'allocations à financer et plus de cotisants pour soutenir notre modèle social.
08:56Donc 92% des personnes qui touchent le RSA qui vivent cette expérimentation se disent satisfaits.
09:03Vous savez, moi j'ai été éducateur, j'ai travaillé dans les associations
09:07depuis que je suis sorti d'études.
09:10Et quand vous proposez à une personne qui n'a pas de travail
09:14un accompagnement de la formation, parfois c'est passer un permis de conduire.
09:18Beaucoup aussi de mamans solo, seules avec leurs enfants
09:21où il faut régler les problèmes de garde d'enfants.
09:23Mais si vous écoutez la personne, vous partez de ses appétences et de son potentiel
09:27et qu'on se mobilise à leur côté pour les aider à réussir et régler les problèmes sociaux, ça marche.
09:32Et c'est ça que nous avons décidé de faire avec ce projet de la loi plein emploi
09:38qui va se mettre en place et qui a vocation à se généraliser progressivement en 2025 et les années suivantes.
09:45A partir du 1er janvier. Merci beaucoup Thibaut Guilloui, vous êtes directeur général de France Travaille
09:49et vous étiez l'invité Echo de France Info.

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