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Laurent St Martin, directeur général de Business France, l'agence nationale au service de l'internationalisation de l'économie française, était l'invité éco de franceinfo, mercredi 4 octobre.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonjour à toutes et à tous, Airbus et les vins de Bordeaux, champions de la France qui s'exportent bien à l'international.
00:10 Bonjour Laurent Saint-Martin.
00:11 Bonjour.
00:12 Vous êtes le directeur général de Business France, l'agence nationale au service de l'internationalisation de l'économie française.
00:18 Aujourd'hui, les entreprises françaises qui exportent, qui partent à la conquête de marché, ce sont quelques secteurs seulement.
00:26 C'est un peu caricatural mais pas tant que ça finalement. Les vins espiritueux tout comme l'aéronautique, tricolore, sont ceux de la première marche du podium de l'export.
00:34 Comment faire en sorte que d'autres secteurs se lancent aussi à l'international ?
00:38 D'abord en réindustrialisant, en produisant. En France, vous savez quand vous délocalisez, c'est la double peine.
00:44 Vous n'avez plus les moyens d'exporter et au contraire vous importez les produits.
00:48 Et c'est pour ça que la France a un déficit commercial aussi important depuis tant d'années.
00:53 8 milliards selon les derniers chiffres.
00:54 Et donc pour conjurer cela, il faut d'abord réindustrialiser.
00:57 Avec le plan France 2030, 54 milliards d'euros, des priorités sectorielles affirmées, notamment décarbonation de l'industrie.
01:04 On va se donner les moyens, ça prendra des années, on va se donner les moyens de reproduire chez nous davantage pour pouvoir exporter demain.
01:10 Et puis il faut aussi que nous ayons davantage d'entreprises qui se lancent à l'export, qui osent l'export.
01:16 Donc d'autres secteurs et d'autres entreprises également.
01:20 Il faut absolument se sortir d'une idée trop souvent répandue en France que l'export ce n'est pas pour moi.
01:27 Je suis une PME de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires, l'export c'est trop compliqué, l'export ce n'est pas pour moi.
01:33 Ça c'est un mal français qu'il ne faut pas gérer.
01:35 La moitié de la valeur exportée à l'international ce sont des grandes entreprises, les PME et les ETI, se partagent le reste.
01:43 Absolument et nous avons un très beau tissu de PME dans notre pays.
01:47 Pas assez d'ETI, pas assez d'entreprises de taille intermédiaire, beaucoup de PME.
01:50 Et il faut que ces PME se lancent, mais pour ça elles ont besoin d'être accompagnées.
01:54 Elles ont besoin de vous, des services publics.
01:56 C'est aussi simple que cela, absolument. Elles ont besoin de Business France, elles ont besoin des autres acteurs.
02:00 On a appelé ça la Team France Export. On est plusieurs dans cette équipe, il y a aussi les chambres de commerce, il y a aussi BPI France.
02:05 Et donc on est ensemble justement pour accompagner le chef d'entreprise.
02:08 Parce que oui c'est difficile, oui c'est un investissement de partir à l'export, mais quand ça marche c'est extrêmement payant.
02:14 Sauf que ça fait des années, j'ai l'impression qu'on dit, il va falloir regrouper un petit peu tous les intervenants
02:20 pour qu'aujourd'hui le patron qui veut se lancer à l'international, il ait un seul interlocuteur.
02:25 Pourquoi aujourd'hui ça ne marcherait mieux qu'hier ?
02:27 La Team France Export, elle est à l'oeuvre, ça marche.
02:29 Mais croire que seul le guichet unique des accompagnateurs résoudrait la question, c'est un leurre.
02:35 Il faut aussi que culturellement dans notre pays, on se mette davantage à l'export.
02:38 Donc on réindustrialise, on l'a dit, c'est la condition sine qua non.
02:42 Mais il faut aussi que plus d'entreprises s'y mettent.
02:44 On est à peu près à 145 000, 150 000 PME exportatrices aujourd'hui en France.
02:49 Il faut qu'on se donne un cap, le ministre Olivier Beche te l'a donné.
02:51 200 000 PME exportatrices, 200 000 entreprises exportatrices à l'horizon 2030.
02:57 C'est ça qu'on doit se fixer.
02:58 Et pour ça, il n'y a pas de miracle, il faut qu'on aille les voir, il faut qu'on fasse du porte-à-porte auprès des chefs d'entreprise.
03:03 Et d'ailleurs toutes celles qui nous écoutent là ce soir, toutes les entreprises petites, toutes petites,
03:08 toutes petites start-up qui ne sont pas encore à l'international, elles vont voir Business France dès demain matin et on va les accompagner.
03:14 Alors le ministre délégué chargé du commerce extérieur Olivier Beche, t'as lancé un plan baptisé "Osez l'export"
03:19 à destination des PME et des ETI dotés de 125 millions d'euros.
03:24 A quoi il sert cet argent ?
03:25 Il sert à aider justement les entreprises qui hésitent encore.
03:28 Alors on peut les aider financièrement à se lancer, notamment vous savez en allant dans les endroits où on connecte le business,
03:33 les grands salons thématiques, sectoriels qui sont très importants partout dans le monde pour aller connaître les premiers acheteurs.
03:39 Et ça vous allez avec eux ?
03:40 On va avec eux, on l'organise, on fait des pavillons France dans les grands salons mondiaux et on subventionne justement la participation des entreprises.
03:47 On va pousser cette subvention à 30%. Donc ça dans le plan c'est très très concret.
03:51 On va aussi faire venir les acheteurs étrangers en France.
03:54 Il ne faut pas oublier que l'export ça commence en fait dans nos régions françaises.
03:57 Donc on fait venir des acheteurs en France. On va aussi pousser davantage nos PME sur le e-commerce, le digital, ce qu'on appelle les marketplaces en bon français.
04:04 Et donc il y a toute une série de mesures comme ça qui font qu'on va muscler la palette d'outils d'accompagnement en finançant davantage.
04:11 Et puis on va se diversifier aussi dans les solutions d'accompagnement.
04:14 Mais aujourd'hui, je le répète, un patron de PME, de TPE qui n'est pas à l'export, c'est un patron à qui on n'a pas encore assez démontré les opportunités
04:23 de croissance de chiffre d'affaires, de croissance de marge, de partenariat technologique, etc. etc. qu'il doit absolument saisir.
04:30 Parce que dans le monde dans lequel nous vivons avec autant de bougées géopolitiques qui changent la donne du commerce international,
04:36 c'est ne pas aller à l'export qui devient un grand risque.
04:38 Mais allez où, Laurent Saint-Martin ? Où est-ce que vous leur conseillez d'aller ?
04:42 Est-ce que c'est plutôt de rester finalement dans le marché européen, ces 500 millions de consommateurs ?
04:47 Ou est-ce qu'il faut aller plus loin, en Afrique, en Asie ?
04:49 Le marché européen est déjà une première aventure à l'export. Pas toujours facile à exporter en Allemagne.
04:55 C'est peut-être ça qu'il faut commencer par faire ?
04:56 Il faut déjà se faire accompagner. L'Amérique du Nord, bien sûr, est une destination d'export pour beaucoup d'entreprises françaises.
05:01 La Chine, aujourd'hui ?
05:02 Bien sûr, la Chine.
05:03 Est-ce que c'est pas compliqué aujourd'hui, la Chine ?
05:05 L'Asie du Nord-Est. Selon chaque secteur, selon chaque pays, la méthode d'accompagnement va différer parce que la complexité juridique, légale,
05:13 de technique, d'approche des acheteurs locaux sera différente. Et ça, c'est notre métier à nous. Notre expertise.
05:19 Business France, 1500 collaborateurs expertisés par métier, expertisés par secteur géographique, par pays.
05:25 Nous sommes présents dans 80 bureaux dans le monde, justement, pour faire cette connexion business.
05:29 Donc, on va le diagnostiquer avec le chef d'entreprise, ce besoin-là.
05:32 N'oubliez pas qu'on peut aussi très bien réussir dans le grand export, très loin, sur, évidemment, l'Indo-Pacifique, par exemple, l'Amérique latine.
05:40 L'Afrique est une formidable, aussi, opportunité pour beaucoup d'entreprises françaises qui veulent exporter.
05:45 Donc, la question de la destination, la question géographique, elle viendra en temps voulu quand on aura diagnostiqué le potentiel à l'export de ces entreprises.
05:54 Mais d'abord, j'insiste, culturellement, on débloque ce verrou français qui est que l'export, c'est pas pour moi.
05:59 Si, c'est pour tout le monde. Tout le monde a une possibilité de succès à l'export et tout le monde doit franchir ce cap.
06:06 Ça doit vraiment être la nouvelle grande cause économique de notre pays.
06:10 Si on veut vraiment avoir ce solde commercial positif demain, parce que ça, c'est un signe de prospérité pour un pays.
06:15 Avec cette balance commerciale de -8 milliards d'euros en juillet dernier, objectif 200 000 entreprises exportatrices à horizon 2030.
06:25 Merci beaucoup Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France.
06:28 Invité Echo de France Info ce soir.

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