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00:00 *Générique*
00:05 Bonsoir à toutes et à tous. Décarboner l'économie en verdissant notre industrie, c'est le nouveau pari du gouvernement et ça passe par le projet de loi
00:12 "Industrie verte" qui a été présenté cette semaine en Conseil des ministres. Un texte qui va être examiné d'ailleurs dès le mois prochain
00:18 par le Parlement. Ça va commencer le 19 juin au Sénat. Coup de ce plan "Industrie verte" 500 millions d'euros par an en crédit d'impôt.
00:27 On en parle tout de suite avec notre invitée Anne Guérin. Bonsoir.
00:30 - Bonsoir.
00:31 - Vous êtes la directrice exécutive financement réseau de BPI France. Ce plan s'appuie en grande partie sur vos financements.
00:39 Chez BPI, vous dites à propos de ce plan qu'il est sans précédent. Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
00:45 - Eh bien, il est sans précédent en termes de profondeur, puisqu'on va traiter à la fois des aspects réglementaires.
00:51 Il y a le sujet des friches aussi qui est traité dans ce plan.
00:54 - Des friches industrielles.
00:55 - Des friches industrielles, exactement. La Banque des Territoires va financer la viabilisation de 50 friches industrielles.
01:02 Il y a aussi bien sûr le crédit d'impôt auquel vous avez fait référence.
01:06 Il y a des enjeux également de formation, de simplification administrative.
01:11 Et puis, il y a des financements au travers de subventions et de prêts.
01:15 - L'ambition est quand même très forte. C'est de faire passer l'industrie en France de 10% de notre PIB actuellement à 15%.
01:24 Réindustrialiser la France, c'est possible ?
01:26 Ça, réindustrialiser la France après 50 ans de déclin, on peut le dire ?
01:30 - Eh bien, oui. En tout cas, chez BPI France, nous en sommes convaincus.
01:35 Depuis 2017, les chiffres se sont quand même un peu inversés.
01:39 Nous avons... La désindustrialisation a été stoppée.
01:42 On crée de nouveau, maintenant, de façon nette, de nouveaux objets industriels tous les ans.
01:47 Et il faut accélérer. Pourquoi ? Parce que l'industrie, c'est le maillage du territoire, c'est des emplois.
01:53 Et puis, on le sait tous, sur certains secteurs, il y a des enjeux de souveraineté.
01:57 - Alors justement, souveraineté, ça fait penser un petit peu à protectionnisme, non ?
02:01 Ce n'est pas un peu protectionniste tout ce qui nous a été annoncé par le ministre de l'Économie ?
02:05 - Non, l'idée, je pense que c'est simplement de pousser l'industrie partout dans les territoires français.
02:10 Ce n'est pas une idée. On va continuer à faire du commerce international.
02:14 C'est très important, les échanges internationaux, pour la compétitivité de nos économies.
02:18 - Ça se veut une réponse à l'Inflation Reduction Act américain, l'IRA.
02:23 C'est très protectionniste de la part des Américains.
02:27 Donc, il n'y a pas de protectionniste à voir là-dedans ?
02:29 - En tout cas, chez BPI France, ce n'est pas notre point de vue.
02:32 On s'attèle à la réindustrialisation depuis maintenant plusieurs années.
02:35 On finance l'industrie de façon assez massive.
02:37 Ça représente à peu près 40% de nos interventions chaque année.
02:40 Alors que l'industrie ne pèse que 10% dans le PIB français.
02:44 Donc, pour nous, pousser l'industrie en France, ça a du sens en tant que tel.
02:49 Et ça ne veut pas dire qu'on ne continuera pas à importer et exporter.
02:53 - Vous parliez tout à l'heure des friches industrielles.
02:55 Il y a un volet "réduction des autorisations d'implantation des usines".
03:00 Il y a un manque de fonciers en France pour l'extension des usines, leur implantation ?
03:06 - Il n'y a pas un manque de fonciers.
03:08 Mais vous savez, il y a la loi "Zéro artificialisation nette" qui est très importante.
03:13 Donc, on souhaite être économe de plus en plus sur le foncier.
03:17 Et donc, on préfère utiliser des friches existantes, les dépolluer
03:22 et leur redonner un sens industriel plutôt que d'artificialiser des nouveaux sols.
03:27 - Et on va obtenir, ou plutôt les industriels vont obtenir, l'autorisation de s'y implanter plus rapidement.
03:33 - Voilà. - Parce que de 18 mois à 9 mois, c'est ça ?
03:36 - Voilà. L'ambition, c'est de réduire drastiquement les délais en parallélisant les démarches.
03:40 - Alors, ce plan prévoit 2,3 milliards d'euros de subventions.
03:43 C'est là que vous intervenez. Qui va être concerné ? Comment ça va se passer ?
03:48 - En fait, effectivement, il y a deux volets.
03:50 Il y a un premier volet de subventions d'un peu plus de 5 milliards
03:53 qui est pour les très grands, les 600 sites les plus émissifs de France.
03:58 Et puis, il y a 2,3 milliards de la BPI pour les PME et les ETI partout dans le territoire.
04:03 Ces 2,3 milliards, ils comprennent un ensemble d'interventions, des prêts, des prêts sans garantie.
04:09 Je tiens à le souligner, c'est-à-dire que l'entreprise n'a pas à donner de garantie sur son immeuble
04:13 ou de garantie du dirigeant. Donc, des prêts sans garantie très longs.
04:17 - Ça rappelle un peu le PGE de l'époque Covid. - Voilà. Sauf que le PGE, tout à fait.
04:21 Le PGE est sur 5 ans. Là, nous sommes sur des prêts plutôt sur 10 à 12 ans.
04:26 De façon à ce que ça puisse s'amortir sur longtemps et que la charge ne soit pas trop lourde chaque année.
04:31 Donc, des prêts sans garantie, des prêts verts et puis des prêts industrie verte qui eux vont jusqu'à 12 ans.
04:37 Et puis, des subventions. Nous avons monté le dispositif de subvention avec l'ADEME.
04:42 L'idée, c'est d'avoir des subventions qui vont de 30 000 à 80 000 euros
04:47 pour financer les premiers pas, la mise aux normes, la constitution de l'équipe,
04:52 un certain nombre de petits investissements initiaux qui sont importants pour lancer la démarche.
04:56 - Je reviens sur les prêts. A des taux, je veux dire, compétitifs par rapport aux taux actuels
05:01 parce qu'il y a un gros problème de remontée des taux d'intérêt qui fait que le crédit est de plus en plus cher.
05:06 Là, ces taux seront à des prix, à des taux attractifs ?
05:09 - Ils seront au taux de marché. - Au taux de marché.
05:12 - Voilà, au taux de marché. Mais ce sont des prêts très longs, sans aucune garantie.
05:15 Et c'est ça qui fait leur intérêt pour l'entreprise.
05:18 - Quel va être le rôle de BPI France auprès des PMI, des petites et moyennes industries ?
05:23 - Eh bien, on a la chance chez BPI France d'avoir un réseau extrêmement étendu.
05:28 On a 50 implantations régionales en France et on travaille avec les chefs d'entreprise.
05:33 On voit entre 20 000 et 30 000 chefs d'entreprise chaque année,
05:36 grâce à peu près aux 1 000 chargés d'affaires qui sont répartis sur tout le territoire français de la BPI.
05:43 Et donc, l'idée, c'est qu'on fasse du porte-à-porte de masse.
05:46 Parce que s'il est vrai qu'il est simple d'identifier les plus grands sites polluants
05:50 et de s'adresser à ces grandes entreprises, c'est plus complexe de s'adresser à la PMI dans les territoires.
05:57 L'entreprise de 50 salariés, qui est en Ardèche, c'est celle-là que nous on va aller voir.
06:03 Nos chargés d'affaires ont l'habitude d'aller rencontrer les chefs d'entreprise.
06:07 - Et c'est quoi un porte-à-porte de masse ?
06:09 - Un porte-à-porte de masse, c'est justement ça.
06:11 C'est décharger d'affaires de BPI France, on construit un fichier sur les entreprises industrielles,
06:16 et puis on va systématiser les visites des entreprises industrielles des territoires.
06:21 - Combien d'entreprises sur combien de temps ?
06:24 - On voudrait faire 20 000 entreprises sur 5 ans, donc c'est tout à fait important.
06:28 Donc on va voir le chef d'entreprise et on initie avec lui un dialogue sur ses enjeux de décarbonation.
06:35 Et pas que, il y a aussi, si un entrepreneur utilise beaucoup d'eau par exemple,
06:39 ça va devenir un sujet important.
06:41 Donc on va aborder avec lui tous ses enjeux de transition écologique
06:45 et comment son entreprise aujourd'hui est armée ou pas,
06:48 est-ce qu'elle a commencé ou pas, et est-ce qu'elle a besoin d'aide ou pas.
06:51 - Et on terminera là-dessus, ça commence quand ?
06:53 - Ça commence maintenant.
06:55 - Dès maintenant. Merci beaucoup Anne Carin d'avoir été l'invité éco de France Info,
06:59 directrice exécutive de BPI France. A très bientôt. Au revoir.
07:02 - Merci, au revoir.