• le mois dernier
Plan de financement de la Sécurité Sociale, coupes budgétaires, problèmes d'absentéisme... Le personnel soignant est en grève. Bruno Izard, infirmier à l'hôpital de Carcassonne, est l'invité de RTL Petit Matin.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 29 octobre 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:006h13 sur RTL, c'est l'un des principaux titres de ce mardi, l'hôpital public en grève pour demander plus de moyens humains et financiers en pleine discussion
00:13autour du financement de la sécurité sociale, l'hôpital qui décidément connaît toujours la crise. Bonjour Bruno Isard.
00:20Bonjour.
00:21Vous êtes infirmier, vous êtes représentant du personnel au centre hospitalier de Carcassonne, merci beaucoup d'être en direct avec nous ce matin.
00:29Vous serez donc en grève, aujourd'hui j'ai envie de dire une nouvelle fois, pourquoi ?
00:34Pourquoi ? Je crois que ça commence à être sérieusement connu, pourquoi ? Parce que nous n'avons pas les moyens de travailler dans les hôpitaux,
00:44ça c'est quelque chose de récurrent, vous l'avez dit vous-même, c'est une grève de plus pour faire valoir les besoins que nous avons qui ne sont jamais donnés.
00:55Quelle est la plus grande difficulté aujourd'hui dans votre service Bruno Isard ?
00:59La plus grande difficulté pour être simple c'est la charge de travail, c'est la charge de travail et c'est les conséquences aussi des fermetures de lits qui font qu'il y a un turnover de patients très important,
01:12c'est-à-dire beaucoup de patients qui rentrent et forcément beaucoup de patients qui sortent pour libérer les lits.
01:17Ce sont donc des charges de travail très importantes qui sont aussi liées à un épuisement des personnels qui font qu'il y a beaucoup d'absentéisme,
01:26avec énormément de mal à remplacer cet absentéisme parce qu'on sait bien que l'hôpital n'est plus attractif,
01:33que les personnels tant infirmiers qu'aide-soignants, les collègues aide-soignants c'est pareil, ils rencontrent tous les mêmes difficultés.
01:39Mais il vous manque combien de personnes aujourd'hui ?
01:45Je ne saurais pas vous donner un chiffre exact de combien il nous manque de personnes parce que ça dépend aussi des professions.
01:52Aujourd'hui il y a un petit peu moins de pénurie infirmière mais on retrouve la pénurie au niveau des aide-soignants,
01:59donc c'est chacun son tour ce que je dirais, mais c'est permanent et les conséquences ce sont des plannings qui ne sont pas acceptables,
02:10avec des repos hebdomadaires samedi dimanche tout simplement qui sont donnés au lance-pierre comme on a l'habitude de dire,
02:19au lieu d'avoir un week-end sur deux, c'est des fois un week-end sur trois ou des fois trois,
02:25il y en a même des collègues, c'est quatre week-ends d'affilée qu'ils doivent faire, c'est plus possible de travailler comme ça.
02:30Mais il y a pourtant eu le Ségur de la Santé, 30 milliards pour les hôpitaux et les soignants, ça n'a pas eu d'effet ?
02:36Le Ségur de la Santé a eu de l'effet évidemment, notamment sur les revalorisations salariales qui ont été signées par les syndicats,
02:45ça a eu de l'effet, ça remonte à deux ans, mais les 30 milliards qui ont été donnés l'ont été essentiellement pour éponger les dettes des hôpitaux,
02:54ce qui n'a pas été finalisé, les hôpitaux sont toujours endettés.
02:58Mais au niveau salaire c'est 183 euros net par mois supplémentaires pour les soignants, on est d'accord sur ce chiffre ?
03:04Ça n'a pas attiré plus de monde ?
03:07Non, parce que le principal problème, le salaire est effectivement très important avec l'inflation, je ne vais pas vous faire la chanson,
03:14mais le plus important c'est les conditions de travail, des gens s'en vont, beaucoup de personnels hospitaliers s'étaient reconnus quittent l'hôpital
03:21parce que les conditions de travail ne sont plus acceptables, mais plus du tout.
03:26Quand je vous dis le problème essentiel ce sont les plannings, on se retrouve avec des personnels qui bossent tout le temps,
03:34alors pour compenser ils demandent à passer en 12 heures, une fois qu'ils sont en 12 heures et que la situation se dégrade à nouveau,
03:41ce sont des semaines interminables avec cette fois des charges de travail en 12 heures, ce qui est encore plus lourd à supporter.
03:49La finalité c'est que les personnels beaucoup partent de l'hôpital et qu'on n'arrive pas à recruter parce que ça n'attire plus personne aujourd'hui que de travailler à l'hôpital.
03:59Et des personnels épuisés ce sont des patients en danger, évidemment, en bout de chaîne ?
04:03Forcément tout est lié, si les conditions de travail sont mauvaises ce sont des personnels qui font tout ce qu'ils peuvent,
04:09mais qui au final quand vous êtes épuisé vous avez du mal à travailler, c'est tout à fait logique.
04:14On est à l'hôpital et les gens ont beaucoup de mal à croire un secteur qui a plus d'accidents de travail que le BTP.
04:22C'est une image qu'on donne souvent parce qu'elle est là et on a énormément de gens qui sont cassés et puis des moyennes d'âge dans certains hôpitaux,
04:30certains hôpitaux qui sont élevés, l'hôpital où je travaille, la moyenne d'âge est aux alentours de 50 ans
04:37et c'est beaucoup plus difficile de travailler dans ces conditions-là qu'en allant à l'hôpital.
04:44C'est devenu une gageur, c'est clair.
04:46Merci beaucoup Bruno Isard, infirmier et représentant du personnel au centre hospitalier de Carcassonne.
04:53Merci de nous avoir donné cette réalité du terrain, donc l'hôpital public en grève aujourd'hui.
05:00Merci beaucoup, bonne journée à vous.
05:01Je vous en prie, au revoir.

Recommandations