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Un livre-enquête de trois journalistes du Parisien - Aujourd’hui en France documente pour la première fois le phénomène en expansion des jeunes tueurs à gages français à la solde des narcotrafiquants.

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00:00Les shooters, c'est des très jeunes hommes qui, du jour au lendemain, deviennent tueurs à gage.
00:05Il est fier de ce qu'il fait, de ses crimes.
00:07Je vais enchaîner les contrats, frérot, je vais redescendre.
00:10Ça va tout baiser, zut.
00:11Mathéo, aujourd'hui, il est soupçonné de six assassinats,
00:13commis en moins d'un mois pour le compte de la DZ Mafia.
00:17Et à un moment, il sort son arme.
00:19On lui a jeté la tête dans le feu.
00:21Des actes de torture.
00:24Oui, la DZ Mafia est aujourd'hui dirigée depuis la prison.
00:31Bonjour, Vincent.
00:32Bonjour, Jul.
00:32Tu viens de signer un livre qui a beaucoup fait parler ces derniers jours,
00:35un livre sur les tueurs à gage.
00:37Tu spécialises en affaires criminelles,
00:39journaliste au service Police Justice du Parisien.
00:41Ce livre, tu l'as écrit avec deux autres confrères de notre service Police Justice,
00:45Jérémy Famlet et Jean-Michel Leclugis.
00:47Le titre, c'est Tueurs à gage, enquête sur le nouveau phénomène des shooters.
00:51C'est quoi, les shooters ?
00:53Les shooters, c'est des très jeunes hommes qui ont entre 15 et 25 ans
00:56et qui ont mis
00:59leur talent de tueur au service de clans criminels.
01:02C'est des jeunes qui, parfois, sont très peu connus de la justice
01:06avant de passer à l'extrémité, de devenir tueurs à gage
01:09et qui sont recrutés, notamment sur les réseaux sociaux,
01:12sur des boucles Telegram, par exemple, par des clans criminels,
01:15souvent à Marseille, pour aller assassiner des rivaux qu'ils ne connaissent pas.
01:20Et donc, ils ne sont pas forcément impliqués dans le trafic de drogue à la base.
01:23Certains le sont. Certains étaient guetteurs sur des points de deal.
01:26Certains avec des rôles un tout petit peu plus importants.
01:29Mais ce sont souvent, effectivement, des petites mains du trafic
01:32ou des gens extérieurs au trafic qui, du jour au lendemain, deviennent tueurs à gage.
01:36L'une des premières affaires dont tu as parlé dans Le Parisien,
01:39qui a fait parler, qui a mis en lumière ce phénomène des shooters,
01:42c'est celle de Matteo.
01:44Il avait 18 ans quand il a été arrêté au printemps 2023, c'était au mois d'avril.
01:48En résumé, de quoi il est soupçonné, déjà ?
01:49Matteo, aujourd'hui, il est soupçonné de six assassinats
01:52commis en moins d'un mois pour le compte de la DZ Mafia.
01:55Qu'est-ce qu'on sait de son milieu d'origine, de son enfance, de son adolescence ?
01:59D'où il vient ?
01:59Matteo, c'est quelqu'un qui a grandi dans les environs de Marseille
02:02et pas, contrairement à beaucoup de personnages de notre livre, dans les quartiers nord.
02:08Il a grandi dans une famille plutôt bien sous tous rapports.
02:12Une mère qui travaille, un beau-père qui est un cadre d'une grande entreprise.
02:18Sa petite fêlure, il en parle en garde à vue, c'est son père,
02:22qui l'a comme abandonné, dit-il, quand il était jeune.
02:25Et à quel moment il a commencé à dériver, à devenir délinquant ?
02:29C'est quand il est adolescent.
02:30À partir du collège, du lycée, il commence à enchaîner les fugues.
02:33Pendant un temps, il est aussi placé.
02:35Et pendant qu'il est placé à l'aide sociale à l'enfance,
02:38il commence à trafiquer de la drogue dans des cités d'Aix-en-Provence,
02:43à un niveau tout petit à ce moment-là.
02:47Mais assez vite, il fait aussi ses premiers séjours en prison,
02:49en prison pour mineurs à Marseille.
02:51Quand il sort de prison, de la prison juvénile, il a 17 ans
02:56et il est déjà bien implanté dans le trafic de stupéfiants
02:58parce qu'il est arrêté quelques mois plus tard en région parisienne,
03:01alors qu'il vient d'effectuer une livraison de plus d'un kilo de cannabis.
03:04Il va faire un séjour en prison à Frennes en 2022,
03:07et c'est là qu'il rencontre un caïd qui le prend sous son aile.
03:10En tout cas, selon son récit,
03:12qui est capté par des écoutes téléphoniques alors qu'il est en prison,
03:16c'est effectivement comme ça qu'il tombe dans la très grande délinquance.
03:19C'est qu'à Frennes, il rencontre un trafiquant
03:22et quand il rentre chez lui à Gardanne, quelques mois plus tard,
03:25ce trafiquant propose de lui avancer du cannabis.
03:28Visiblement, au moment de rembourser, il y a un problème.
03:31Et Matteo explique notamment à sa petite amie
03:35qu'à ce moment-là, on l'a obligé, on lui a fait comprendre.
03:38Maintenant, tu n'as pas le choix.
03:39Tu vas conduire sur des règlements de compte,
03:40tu vas servir de pilote, comme ils appellent ça entre eux.
03:44Et peu à peu, tu vas devenir toi-même un shooter, un charcleur.
03:49La première fois pour rembourser ta dette.
03:50Et puis après, tu seras payé pour ça.
03:52Voilà, donc le cahier, en gros, lui met la pression.
03:54Il se retourne contre lui, finalement, c'est ça ?
03:56C'est ce que dit Matteo à sa petite amie.
03:58Après, il faut aussi rester prudent, car ça reste des déclarations
04:02faites par quelqu'un qui est en prison,
04:04qui cherche d'une certaine manière à se défendre aussi.
04:07Ce qu'on voit aussi dans le parcours de Matteo, c'est qu'il se filmait
04:11en montant sur des règlements de compte, en montant sur des assassinats
04:15et qu'il semblait plutôt en rire.
04:16Il y a d'autres écoutes téléphoniques qui ont été interceptées
04:20par les policiers alors qu'il est en prison,
04:22où il semble plutôt content du statut que lui confèrent ses actes.
04:27Et le fait de se filmer, c'est quoi ?
04:28C'est parce qu'il est fier de ce qu'il fait, de ses crimes ?
04:31En tout cas, la vidéo où il se filme lui-même,
04:33vidéo qui a beaucoup tourné, notamment sur les réseaux sociaux,
04:35où il explique qu'il va enchaîner les contrats, que c'est une dinguerie,
04:39comme il dit, et qu'il part assassiner un mec et que ça le fait rigoler.
04:43Oui, il semble que ça soit avant tout de la flagornerie à ce moment-là.
04:47Le premier crime pour lequel il est inquiété par la justice
04:49et que vous racontez en détail dans votre livre,
04:53c'est celui d'un jeune présumé trafiquant, Ryan, qui a 23 ans.
04:57Là, Matteo lui tend un piège, clairement.
05:00Ryan, il tombe dans un guet-tapant.
05:03On ne sait pas qui, mais quelqu'un lui demande
05:05« attends, en bas de ton quartier à Aix-en-Provence,
05:08quelqu'un qui va venir te chercher
05:10pour une livraison dans un quartier de Marseille ».
05:16Ryan est récupéré par deux hommes, Matteo et son pilote, comme il dit.
05:21Matteo prend soin de reculer énormément le siège où il est assis
05:25pour bloquer Ryan et lui permettre de se retourner très facilement.
05:30Est-ce que du coup, Ryan est obligé de se mettre derrière le conducteur ?
05:33Ryan se met derrière le conducteur, il verrouille les portes,
05:36il fait attention à verrouiller les portes.
05:38Et pourquoi ça ? Quel est le but de l'opération ?
05:40Parce que le but, c'est d'assassiner Ryan durant le trajet vers Marseille,
05:44car Matteo est convaincu à ce moment-là que de tirer sur l'autoroute
05:49permettra d'éviter que tout le monde entende du bruit.
05:51Le bruit ambiant permettra de masquer le crime.
05:54Et là, Matteo a une très vieille arme.
05:57Matteo, il a un Colt 45, qui est une arme d'habitude fiable,
06:00mais oui, une arme qui date de la Seconde Guerre mondiale,
06:03qui a été produite en masse par les États-Unis à une époque.
06:07Et quand il se retrouve dans cette voiture, au bout de quelques minutes,
06:10tout se passe bien.
06:12Ce qui prouve aussi la froideur de son acte, c'est qu'il explique
06:15qu'il discute avec Ryan, qu'il s'allume un joint dans la voiture.
06:19Et à un moment, il sort son arme, il se retourne
06:22et il essaie de lui mettre une balle dans la tête.
06:24Mais là, l'arme s'enraye.
06:25Pardon ? Oui, l'arme de Matteo s'enraye.
06:30C'est Matteo qui raconte cette scène qui est assez glaçante.
06:33Ryan, son premier réflexe, ce n'est pas de s'échapper,
06:37c'est de sortir son téléphone pour appeler quelqu'un et dire
06:40« on essaye de me buter, on essaye de me buter, je ne comprends pas ».
06:44À ce moment-là, Matteo lui arrache le téléphone des mains
06:46et dit à la personne au téléphone « est-ce que c'est le commanditaire ?
06:50Est-ce qu'il fait ça pour « se moquer », on ne sait pas.
06:53Mais il dit « ouais, ouais, je suis en train d'essayer de le buter,
06:56mais mon arme déconne ».
06:57Finalement, il lui rend son téléphone et à ce moment-là,
07:00l'arme marche et il lui met une balle dans la tête.
07:02Le deuxième crime pour lequel Matteo devra être jugé,
07:07c'est une tuerie, il n'y a pas d'autre mot, à la Morlette, à Marseille.
07:12Raconte-nous ce qui s'est passé ce jour-là.
07:14La Morlette, c'est un point de deal assez connu de Marseille,
07:16pas très éloigné du centre-ville.
07:18À ce moment-là, il a parti en clan d'en face et Matteo a pour mission
07:21d'aller tuer n'importe qui sur ce point de deal pour impressionner,
07:26pour marquer des points, pour affirmer la stature de son gang.
07:32Il part donc en voiture, il est armé d'une Kalachnikov
07:35et là, il tombe sur un jeune homme, Mamadou,
07:39et il va lui courir après.
07:41Mamadou voit que Matteo a une Kalachnikov dans les mains.
07:44Il essaye de s'échapper et Matteo lui dit « non, non, ne t'inquiète pas,
07:47je ne viens pas pour te tuer, je viens juste récupérer le charbon, le produit ».
07:53Mamadou s'arrête et là, Matteo recharge son arme
07:57et la bat plusieurs balles de Kalachnikov et il l'achève au sol.
08:01Et l'enquête n'a pas du tout permis de montrer un quelconque clé
08:05entre ce Mamadou et le trafic.
08:07A priori, il n'y avait vraiment rien à voir avec le trafic.
08:10Matteo s'en prend aussi à un homme de 65 ans qui rentrait de faire sa prière, c'est ça ?
08:15Oui, ça explique la folie meurtrière, d'une certaine manière,
08:18dans laquelle se trouve Matteo à ce moment-là.
08:20C'est qu'il voit un homme avec un tapis de prière sur le bras
08:23et il est convaincu que c'est une Kalachnikov.
08:26Donc, il ouvre le feu, il lui tire dessus
08:28et c'est au moment où il va pour l'achever, il se met au-dessus de lui,
08:32qu'il se rend compte que ce n'est pas une Kalachnikov,
08:33mais que c'est un tapis de prière.
08:34Et donc là, il prend la fuite.
08:36Et heureusement, cet homme, lui, va survivre à ses blessures.
08:39On l'a dit, il a été arrêté en avril 2023.
08:43Quand il est face aux enquêteurs, est-ce qu'il a des remords ?
08:47Alors, ce qui est assez spectaculaire dans la garde à vue de Matteo,
08:50c'est que pendant des heures, il garde le silence.
08:52Il ne veut rien dire, il dit non droit au silence, comme un caïd.
08:56Et à un moment, c'est difficile de connaître les ressorts
09:00qui l'ont amené à faire ça.
09:01Il regarde l'enquêteur et lui dit, allez, je vais tout raconter.
09:04Et il lui raconte, par le menu, plusieurs meurtres
09:08pour lesquels il est auditionné à ce moment-là,
09:10tout en veillant bien à ne jamais dénoncer ses commanditaires.
09:13Et dans le cadre de l'enquête, il va être placé sur écoute,
09:15c'est-à-dire que quand il va appeler des gens depuis la prison,
09:18il sera sur écoute.
09:19Et à un moment, il y a ce dialogue assez hallucinant
09:22que vous racontez bien dans le livre.
09:24Il est avec son frère, il fait des calculs de possibles remises de peines
09:28et il s'imagine pouvoir sortir dans sept ans
09:31alors qu'il est sous sonné de sept assassinats, de six assassinats.
09:33Ça prouve le décalage total qu'ont certains de ces shooters
09:37avec la réalité, c'est que Matteo, il parle ce soir-là à son frère
09:41et son frère lui dit, ouais, c'est chaud quand même ce pourquoi t'es poursuivi.
09:46Tu risques de passer de longues années en prison.
09:48Et non, Matteo lui dit non, mais tu sais, ça va aller.
09:51Regarde, je suis jeune, je vais prendre 20 ans avec les remises de peines.
09:54Dans dix ans, je suis sorti.
09:57Et il s'imagine déjà, à sa sortie de prison, louer une matelarène
10:01ou aller s'en prendre physiquement
10:05aux personnes de sa commune près d'Aix-en-Provence
10:09qui parlent mal de lui depuis qu'il est en prison.
10:12Donc ça, c'est le cas un peu le plus emblématique
10:14dont on a le plus parlé dans Le Parisien.
10:16Est-ce que les shooters, aujourd'hui, c'est devenu un système ?
10:19Est-ce qu'il y a beaucoup d'autres cas comme celui de Matteo ?
10:21Oui, c'est devenu quelque chose de très commun.
10:24Les shooters, c'est de la main d'œuvre
10:26remplaçable presque à l'infini pour les clans criminels.
10:29Et effectivement, c'est devenu quelque chose,
10:32un mode opératoire naturel pour les clans criminels
10:36dont les grands patrons ne règlent plus leur compte eux-mêmes,
10:39mais font régler par des petites mains
10:42les différents qu'ils ont avec d'autres clans criminels.
10:44On a dans le livre, on raconte
10:48un jeune qui a 18 ans.
10:50Je crois que c'est le lendemain de son anniversaire.
10:52Il part en Espagne
10:54pour tenter, heureusement, ça a échoué,
10:56mais pour tenter d'assassiner un homme.
10:58Et il explique en garde à vue que c'est la première fois qu'il avait une arme
11:01et qu'il a fermé les yeux et qu'il a tiré sans trop savoir ce qu'il faisait.
11:04Des fois, apparemment, ces shooters ne savent même pas.
11:07Au départ, manient les armes et ils vont chercher, par exemple, sur Internet,
11:10sur YouTube, comment faire.
11:12Il y en a qui regardent effectivement des tutoriels pour savoir
11:15se servir d'une arme.
11:16Mathéo, il explique qu'il n'a pas grandi dans un milieu
11:20où il a touché des armes toute sa vie.
11:21Ce n'est pas quelque chose qu'il sait faire.
11:24Et pourtant, ça n'empêche pas de prendre une Kalachnikov,
11:26de la récupérer sur une voie ferrée pour aller rafaler un point de deal.
11:30Et le but pour les trafiquants qui ont recours à ces shooters,
11:33c'est comment dire, de mettre une distance entre les crimes qu'ils ont,
11:37qu'ils pensent avoir besoin de faire et eux-mêmes.
11:39C'est ça, pour ne pas être inquiétés ensuite.
11:40Historiquement, les clans criminels, les gros voyous,
11:43ils réglaient leurs comptes eux-mêmes ou alors ils faisaient assassiner
11:46un rival par un très proche lieutenant.
11:49Le vrai avantage qu'ont les shooters pour les réseaux criminels
11:52et pour les commanditaires, c'est que très souvent,
11:55ces jeunes hommes qui ne sont pas très importants dans le trafic
11:58ne connaissent pas vraiment leurs commanditaires.
12:02Ils ont un nom sur une messagerie cryptée
12:06qui leur donne, qui leur promet 15 000 euros pour aller tuer.
12:09Mais ils ne savent pas forcément eux-mêmes à qui correspond ce numéro
12:12de téléphone, à qui correspond ce pseudo.
12:14Même s'ils ont parfois des idées, ils savent vaguement pour qui ils travaillent,
12:17en tout cas, pour quels clans ils travaillent.
12:19Mais ils ne savent pas effectivement forcément qui se cache derrière,
12:22qui est au sommet de la pyramide de l'organisation.
12:26Et donc, ils représentent évidemment moins de danger pour ces gens-là.
12:29Et l'autre avantage, c'est qu'ils coûtent moins cher.
12:31Il y a 20 ans, un assassinat, même il y a encore 10 ans,
12:34un assassinat, ça valait 200 000 euros.
12:36Aujourd'hui, pour 15 à 30 000 euros, ces clans-là trouvent des tireurs.
12:39Et dans le livre, vous parlez aussi de la vie, la vraie vie des petites mains
12:44du trafic, donc qu'ils soient guetteurs ou vendeurs, tout en bas de l'échelle
12:48de ce trafic. Il y en a certains qui sont, on a envie de dire, réduits à l'esclavage.
12:52Vous parlez, par exemple, du cas d'Ahmed, 15 ans, qui a grandi en région Paca,
12:57qui a été à Marseille pour aller sur un point d'île.
12:58Et là, vraiment, ce qu'il vit, c'est un enfer.
13:00Effectivement, on va parler de Ahmed dans le bouquin parce qu'Ahmed,
13:02il va tomber sous la coupe d'un homme qui est surnommé Maréco Scarla.
13:07C'est un jeune de Sarcelles qui s'est installé à Marseille et qui est devenu
13:11le gros patron d'un réseau de trafic de stupéfiants avant de devenir
13:15recruteur de tueurs à gage.
13:17Et ce jeune, qui est originaire de Sarcelles, il fait venir à Marseille,
13:21dans le quartier ou dans le quartier qu'il tient, de nombreux jeunes
13:25franciliens et d'autres du sud de la France pour venir trafiquer,
13:30pour servir de guetteurs, de petites mains, de petits vendeurs.
13:34Effectivement, il y a chez lui, chez ce garçon, une barbarie.
13:40Et Ahmed va raconter aux policiers, quand il réussit à s'échapper du réseau,
13:45tout ce qu'il a subi, c'est notamment des coups de couteau sur la main
13:48en guise d'entretien d'embauche pour voir s'il est résistant,
13:52pour le tester, pour voir s'il est capable de résister à un clan rival
13:55ou à un interrogatoire.
13:58C'est un gamin qui raconte aussi qu'un jour, on lui a jeté la tête dans le feu.
14:02Enfin, voilà, on est vraiment sur, oui, des actes de torture.
14:05Et cet ado de 15 ans, à un moment, il a même été violé
14:09par un lieutenant de Maréco, Scarles.
14:11Effectivement, un des lieutenants de Maréco, venu comme lui de Sarcelles,
14:15a été condamné pour le viol de ce guetteur.
14:19Un jour, dans une litanie de Sévices,
14:23il a sorti un couteau, il l'a menacé, il lui a posé sur la joue
14:27en lui disant on est habitué à te mettre des coups de couteau,
14:29donc je n'aurais pas peur de t'en mettre un.
14:30Et toi, qu'est-ce que tu es prêt à faire pour ta vie ?
14:32Et il l'a contraint à lui prodiguer une fellation.
14:35Et le dealer Maréco Scarles, il est aidé par une femme dans le quartier
14:39de la Busserine, une femme qui est surnommée la sorcière,
14:42qui a une soixantaine d'années.
14:44Est-ce que tu peux me parler de cette femme, la sorcière ?
14:46Qu'est-ce qu'elle fait dans ce trafic ?
14:47C'est effectivement un personnage à part qu'on évoque dans le livre
14:50parce que des gens de cet âge-là, il n'y en a pas beaucoup.
14:53Et c'est une femme qui a servi pendant un temps,
14:55même si elle a été relaxée sur ce point, de nourrice pour le clan
15:00de Maréco.
15:01Donc cachée de la drogue ?
15:02Voilà, cachée de la drogue et des armes, en l'occurrence.
15:04Elle avait été arrêtée, mais elle a été relaxée
15:06parce que visiblement, elle était plus ou moins contrainte de le faire.
15:09Et suite à ça, elle est devenue la logeuse
15:13de toutes ces petites mains engagées par le réseau de Maréco.
15:18Et elle était à l'avenant du reste du réseau.
15:21Elle ne leur donnait qu'un verre d'eau pour deux à se partager pendant la nuit.
15:26Le matin, ils avaient le droit à un demi-cookie avant d'aller travailler.
15:30Et surtout, régulièrement, elle dénonçait
15:34les moindres...
15:35Le moindre guetteur qui avait des vérités de départ était dénoncé au patron du réseau.
15:39Dans ce milieu, on dirait que certains crimes sont vraiment faits
15:42pour frapper les esprits.
15:43Il y a notamment un triple meurtre qui se produit à la fin 2020,
15:48à la fin du mois de décembre 2020.
15:50Et l'une des victimes est retrouvée début janvier
15:53et son corps a carrément été démembré.
15:55Il est retrouvé dans une voiture, mais il a été coupé en morceaux.
15:59Effectivement, les policiers ont parlé à ce moment-là,
16:01et c'est un terme qui revient beaucoup ces dernières semaines
16:04quand on évoque l'ADZ Mafia, de mexicanisation.
16:07La mexicanisation, c'est certes
16:11l'emprise des cartels sur la société,
16:13mais c'est aussi l'ultra-violence
16:15qu'ils déploient pour imposer leurs lois.
16:20Effectivement, Marseille commence à connaître ça.
16:22On a vécu ça, effectivement, juste avant Noël 2020.
16:25C'est trois jeunes qui sont des trafiquants
16:28qui sont abattus par des rivaux.
16:30Il y en a deux qui sont abandonnés dans une voiture
16:32qui a incendié sur l'autoroute.
16:34Et le troisième est ramené dans un box à Marseille.
16:37Il est effectivement découpé à la feuille de boucher
16:40avant que son corps soit abandonné sur les hauteurs de la Castellane
16:43et incendié, et preuve du retentissement, même si c'est ancien à l'époque.
16:48Et c'est assez rare pour être souligné.
16:50La préfète de police de Marseille et le procureur s'étaient déplacés
16:52en personne sur cette scène de crime.
16:55Qui, on ne peut pas dire est devenue commune, mais en tout cas,
16:57qui a infusé dans les esprits et semble aujourd'hui
17:01presque banal par rapport aux horreurs de la Dezen Mafia.
17:05Et maintenant, la justice marseillaise a inventé un nouveau mot
17:08pour parler de tous ces crimes.
17:10C'est les narcomicides, du mot narcotique.
17:13C'est quoi les narcomicides et pourquoi on utilise ce terme d'abord ?
17:16Je pense que c'est la procureure Dominique Lawrence,
17:18l'ancienne procureure de Marseille, qui a lancé ce terme.
17:21Et je pense que sa volonté à ce moment-là
17:24était d'expliquer que la majorité des homicides commis dans sa ville à Marseille
17:30étaient liés au narcotrafic.
17:32Ce ne sont pas des bagarres entre cités rivales.
17:37Ce ne sont vraiment que des homicides liés au trafic de stupéfiants.
17:41Donc, ce n'est pas forcément des règlements de comptes,
17:42parce que souvent, on utilise le terme règlement de comptes.
17:45Maintenant, c'est plus le bon terme.
17:47Dans la logique policière, pour qu'un règlement de comptes soit comptabilisé
17:50comme un règlement de comptes, il faut que la victime soit liée au grand banditisme.
17:54Donc, historiquement, ça concernait les voyous célèbres et très importants,
17:59très haut placés dans la hiérarchie criminelle.
18:01Là, sur les 49 morts,
18:04abattues en 2023 à Marseille, il y a quelques victimes collatérales.
18:08Et surtout, il y a de très jeunes hommes qui sont pas ou peu,
18:13qui sont impliqués dans le trafic, mais à un très petit niveau.
18:16Ce ne sont pas des pontes.
18:18Ce sont des petits guetteurs qui prennent 150 euros par jour.
18:21C'est vraiment des petites mains du trafic.
18:23Et tu parlais de la Dezen Mafia.
18:26On va y revenir dans quelques minutes, mais d'un mot,
18:27c'est le plus gros gang de trafic de drogue actuellement dans la région de Marseille.
18:32Il y a eu beaucoup d'actualité là-dessus, on va y revenir.
18:35Mais justement, restons sur les victimes collatérales dont tu parles.
18:38Vous parlez de plusieurs cas en détail.
18:41Dans le livre, il y a d'abord Fayed, 10 ans, le 21 août 2023.
18:47Il a été tué alors qu'il était avec son oncle.
18:49Il rentrait d'une sortie dans la voiture avec son oncle.
18:52Il rentrait chez lui tout simplement et il a été tué.
18:55Raconte-nous ce qui s'est passé.
18:56Fayed, c'est un petit gamin de 10 ans qui habite dans le quartier Pissevin à Nîmes.
19:00C'est un quartier sensible, difficile, connu pour être un point de deal important de Nîmes.
19:06Ce soir-là, Fayed rentre avec son oncle en voiture, comme il le fait tous les soirs.
19:11Et il y a des hommes, des Marseillais, qui sont venus à Nîmes
19:15en renfort du clan rival de Pissevin, qui cherchent à prendre le quartier.
19:19Qui ouvrent le feu dans le quartier, sans distinction, juste, ils rafalent.
19:24Et la seule victime tragique de ce jour-là, c'est Fayed, un gamin de 10 ans,
19:30qui reçoit une balle, effectivement, de Kalachnikov.
19:34Et ce qui est assez troublant dans cette affaire-là,
19:36et ce qui démontre que ces shooters n'ont assez peu conscience des risques,
19:40c'est que pendant trois jours, tous les médias, les CRS sont envoyés à Nîmes.
19:46Je crois que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, se déplace sur place.
19:50Ce qui n'empêche pas les shooters, trois jours plus tard,
19:54de revenir dans le quartier pour terminer leur mission,
19:56parce que finalement, leur mission est un échec.
19:57Ils n'ont pas tué un dealer, ils n'ont pas tué un guetteur,
20:01ils ont abattu un pauvre gamin qui n'avait rien à voir dans l'histoire.
20:03Mais ça ne les empêche pas de revenir trois jours plus tard
20:05pour, cette fois, assassiner un guetteur.
20:07Il y a une autre victime collatérale de ces trafics, de ces shooters,
20:11dont on a beaucoup parlé, et c'est vraiment un cas qui a touché la France entière.
20:15C'est la mort de Sokhaina, cette étudiante en droit de 24 ans
20:18qui a été tuée chez elle, dans la cité Saintis, à Marseille.
20:22Elle était en train de réviser, elle voulait devenir avocate.
20:24Elle avait repris ses études, elle avait repris ses études pour devenir avocate.
20:28Elle était chez elle, au troisième étage, dans sa chambre.
20:30Comment est-ce que c'est possible, une telle erreur de la part des tireurs ?
20:34Pourquoi est-ce que quelqu'un qui est chez lui, au troisième étage,
20:36peut être touché par ces tireurs ?
20:38Alors, il y a une réponse qui paraît peut-être très basique,
20:42mais qu'on comprend quand on découvre ce dossier, c'est l'âge du tireur.
20:48Le tireur, il a 15 ans.
20:50C'est un gamin d'une famille de trafiquants du quartier.
20:54On ne sait pas vraiment pourquoi, certainement pour impressionner,
20:57une forme de coup de force.
20:59Ce soir-là, il prend une Kalachnikov et il vise un point de deal.
21:03Et effectivement, des balles s'envolent parce que c'est un gamin de 15 ans
21:07qui n'est pas un professionnel des armes, qui n'est pas un malfaiteur
21:11ou un tireur chevronné ou aguerri, comme c'était le cas à une époque
21:14avec des braqueurs de fourgon ou des gens qui étaient habitués à tirer.
21:18Lui, il prend une Kalachnikov et il tire.
21:20Une Kalachnikov, quand on tire avec le poids de l'arme,
21:24avec la violence de ses tirs, les tire par vers le haut.
21:27Et malheureusement, ce jour-là, il y a une balle qui a traversé
21:31l'appartement de Sokaina pour finir par la tuer.
21:35Tu l'as dit, il y a eu 49 narcomécides à Marseille en 2023
21:38et une vingtaine depuis le début de l'année 2024.
21:41On dit souvent que les policiers sont à la traîne, courent
21:45après les trafiquants, qu'ils n'ont pas assez de moyens, etc.
21:47En même temps, ce qui frappe vraiment quand on lit ton livre et votre livre,
21:51c'est le fait que souvent, les voitures des trafiquants
21:55sont balisées, ont des balises cachées, sont parfois même sonorisées.
22:00On sent vraiment que les policiers
22:02sont sur eux, vraiment, les traquent le plus possible.
22:06Il y a un constat qui est souvent mis en avant par la police et la justice
22:09marseillaise, c'est le taux de résolution de ces homicides.
22:11Énormément de ces homicides sont résolus, notamment parce que les shooters
22:15sont des jeunes peu expérimentés qui brouillent assez mal leurs traces,
22:19qui n'ont pas la prudence de leurs aînés concernant les téléphones.
22:24On a un exemple, c'est trois jeunes qui partent en Espagne
22:28pour abattre quelqu'un.
22:29En l'occurrence, ils l'ont raté, ils l'ont gravement blessé, mais ils l'ont raté.
22:34Avant de partir tuer leur cible, ils se prennent en photo,
22:38ils font un selfie avec les kalachnikovs dans la main.
22:42Certes, ils sont cagoulés, mais sauf que
22:44ces images, elles sont retrouvées sur le téléphone d'un des tireurs.
22:48Donc, ils sont peu expérimentés.
22:49Donc, les meurtres, oui, sont résolus.
22:51Mais le problème, c'est aussi ce qu'on disait au départ,
22:53c'est qu'il y a tellement de main d'œuvre qu'ils ne peuvent pas suivre tout le monde.
22:56Ils ne peuvent pas suivre tous les jeunes gaiteurs
23:00et petits dealers de 15 à 25 ans qui, potentiellement,
23:04peuvent un jour basculer et devenir shooters pour ces cartels.
23:08Et ils peuvent basculer très vite aussi.
23:09C'est un peu comme en matière de terrorisme, comme on a vu,
23:12malheureusement, ces dernières années, ça peut se faire très vite.
23:14En quelques mois, l'un de ces jeunes peut basculer.
23:17Oui, il y a un autre lien qu'on fait dans le livre avec le djihad.
23:22C'est cette notion de groupe, cette notion d'appartenance à quelque chose.
23:26C'est quelque chose qui ressort beaucoup chez Matteo.
23:29On sent que chez lui, il y a évidemment la paix du gain.
23:31Chez tous, il y a la paix du gain.
23:32C'est une évidence.
23:33Parfois, la paix du gain pour rembourser une dette,
23:34parfois, la paix du gain simplement pour rêver de s'acheter une voiture.
23:39Enfin, c'est vraiment des choses assez basiques.
23:42Mais ils ont aussi en commun ce besoin d'appartenir.
23:47C'est vraiment le cas chez Matteo, ce besoin d'appartenir à un clan.
23:51Ce sentiment que, oui, aujourd'hui,
23:54les clans criminels peuvent être un peu une famille pour eux.
23:57Et il y a un phénomène inquiétant qu'on comprend en quisant
24:01et dont on parle aussi assez régulièrement dans Le Parisien.
24:03C'est la corruption, des cas de corruption.
24:06Donc, c'est vraiment quelques individus, ce n'est pas massif,
24:09mais qui peut jouer au sein de la police, au sein de la justice.
24:12Par moment, les dealers peuvent avoir de l'aide.
24:15En tout cas, à ce stade, pour le coup, la DZ Mafia,
24:18il n'y a pas d'affaire de corruption d'établi.
24:21Ça, c'est une certitude.
24:22Par contre, on sait que la majeure partie des donneurs d'ordre de la DZ Mafia
24:27sont aujourd'hui en prison et pourtant, ils continuent de diriger leur trafic.
24:30Ils sont notamment quasiment tous équipés de téléphones.
24:34Certains sont équipés de téléphones alors qu'ils sont à l'isolement,
24:37donc dans un régime carcéral qui est censé être plus strict
24:40et privé de la détention normale, donc privé des échanges
24:43qu'ils peuvent avoir avec un petit détenu
24:45à qui on donne 100 balles pour avoir un téléphone portable.
24:49Donc là, il y a forcément de l'aide de la part des détenus
24:51pour leur donner des téléphones, des routeurs ?
24:52Il y a de l'aide de la part de détenus, très certainement,
24:55mais on ne peut pas penser que parfois, il n'y a pas aussi de l'aide
24:59de la part d'agents de l'administration pénitentiaire.
25:01C'est une évidence.
25:02On revient dans le livre, on en avait longuement parlé dans Le Parisien,
25:05mais on revient dans le livre encore plus en détail sur l'évasion de Mohamed Amra.
25:09Et on raconte ce qu'on avait trouvé dans sa cellule.
25:12Mohamed Amra, il a passé six mois à la prison de la santé.
25:16On a trouvé neuf téléphones portables dans sa cellule en six mois.
25:19On a trouvé deux fois des narguilés.
25:24Les autorités peuvent dire ce qu'elles veulent sur le côté,
25:26oui, mais les téléphones portables à la santé, c'est compliqué.
25:29Ils sont jetés depuis l'extérieur, au-dessus des murs de la prison, dont acte.
25:33Un narguilé, si on le jette par-dessus les murs de la prison, en général, il éclate.
25:37C'est plus compliqué.
25:38Mais du coup, les commanditaires de ces shooters dont on parle,
25:41en fait, ils sont très souvent déjà en prison, c'est ça ?
25:43Il y en a plusieurs, oui, qui sont déjà en prison.
25:45Certains sont certainement à l'extérieur.
25:48Mais aujourd'hui, on peut penser que les cadres de la DZ de mafia,
25:52peut-être qu'un de ses membres, un de ses chefs est à l'étranger,
25:58semble avoir pris un peu de recul ces derniers mois.
26:00Et il semble que oui, la DZ de mafia est aujourd'hui dirigée depuis la prison.
26:04Vincent, juste avant la sortie de ton livre,
26:06deux nouveaux narcomicides se sont produits à Marseille.
26:09Le 2 octobre, d'abord, le corps d'un ado de 15 ans a été retrouvé en partie brûlé.
26:15Oui, c'est un gamin qui avait visiblement été employé
26:18par, une fois encore, un détenu incarcéré.
26:22Il se revendique de la DZ de mafia, mais il faut rester très prudent
26:25sur ce détenu qui a un profil psychiatrique assez particulier.
26:29Mais effectivement, ces deux gamins de 15 ans qui sont envoyés pour tirer
26:34et incendier la porte d'un rival.
26:36Et un des deux gamins de 15 ans s'est fait, effectivement,
26:39attraper avant de pouvoir passer à l'acte.
26:42Et il a été lardé de 50 coups de couteau avant d'être,
26:45selon les mots du procureur de Marseille, brûlé vif.
26:47Ce qui revient à ce qu'on disait un peu plus tôt sur la mexicanisation.
26:50Il y a une barbarie dans les crimes aujourd'hui.
26:53Qui est assez effroyable.
26:55Et le deuxième crime du week-end est tout aussi effroyable.
26:58C'est le même commanditaire qui engage un gamin de 14 ans
27:04pour aller venger ce qui s'est passé la veille.
27:07Et sauf que ce jeune de 14 ans, dont les deux parents sont en prison,
27:12qui est censé être, par ailleurs, sous la responsabilité
27:14de l'aide sociale à l'enfance,
27:16il se retrouve, et ça prouve l'amateurisme, encore une fois, de ces shooters,
27:19qui se retrouve à prendre un VTC pour lui demander de l'emmener
27:23sur un point de deal.
27:24Et le VTC, pour tuer quelqu'un sur ce point de deal,
27:28le VTC, refusant, il lui met une balle dans la tête.
27:32Le mercredi 9 octobre, on voit apparaître sur les réseaux sociaux
27:35une vidéo, une vidéo qu'on a fait le choix aux Parisiens de ne pas diffuser.
27:40On voit des hommes en noir, cagoulés, qui se revendiquent de la DZ de mafia.
27:44Toi qui as vu cette vidéo, est-ce que tu peux quand même nous la décrire ?
27:47On a effectivement une dizaine d'hommes cagoulés qui ne sont pas armés.
27:50C'est peut-être la seule différence avec ce qu'on a pu voir dans le passé,
27:55avec notamment les groupes terroristes comme le FLNC,
27:58qui étaient habitués à ce genre de mise en scène.
28:01Et effectivement, un homme lit un texte.
28:04Il affirme être la DZ de mafia, en tout cas, parler au nom de la DZ de mafia.
28:09Et il prend ses distances par rapport aux deux crimes qu'on vient d'évoquer,
28:12commis quelques jours plus tôt, en disant ce ne sont pas nos méthodes.
28:16Nous, on ne veut pas de gamins si jeunes que ça.
28:19Il y a un côté assez surréaliste, en réalité, dans cette vidéo,
28:23parce qu'on a une organisation criminelle, des trafiquants,
28:27qui revendiquent leur existence, alors que par nature,
28:29les organisations criminelles sont plutôt clandestines.
28:33C'est d'ailleurs la différence avec le FLNC notamment,
28:35qui avait une vocation politique et donc qui pouvait revendiquer son existence.
28:41Là, il démente avoir un lien avec ces crimes,
28:43mais en même temps, c'est une façon justement de se revendiquer.
28:46Ils revendiquent leur existence, en tout cas.
28:48Ils revendiquent d'être aujourd'hui un acteur marseillais important
28:53qui peut dire oui, ça, on l'a fait, c'est vrai, c'est nous,
28:56il n'y a pas de difficultés, mais ça, ce n'est pas nous,
28:58ça n'a rien à voir avec ça.
28:59Et beaucoup de policiers disent que c'est un vrai basculement, cette vidéo,
29:03parce que oui, qu'un clan criminel revendique son existence,
29:08ce n'est pas si fréquent en France.
29:10Les policiers avec qui tu as parlé, justement, de ça, ils te disent quoi ?
29:13Ils sont dans quel état d'esprit ?
29:14Le mot qu'ils utilisent, c'est réellement basculement.
29:16C'est réellement, ils ont le sentiment qu'il y a une notion de toute puissance
29:23qui ressort de cette vidéo.
29:25Voilà, encore une fois, qu'un clan criminel dise on existe,
29:28on est présent à Marseille, mais ça, c'est pas nous.
29:31Ça veut dire que tout le reste, c'est eux.
29:32On sait qui est à la tête de la DZ Mafia.
29:34Tu parlais tout à l'heure d'un homme qui est en Algérie actuellement.
29:36Effectivement, le nom de Tic, Mehdi Laribi, a longtemps été
29:41accolé à la tête de la DZ Mafia.
29:45Il se dit, ces dernières semaines, que soit il aurait été supplanté,
29:48soit qu'il aurait pris du recul et qu'aujourd'hui, les hommes
29:52qui dirigent ce cartel, ce qu'on peut décrire comme un cartel,
29:55sont trois hommes en prison dans le sud de la France.
29:58Et parmi eux, il y a notamment une personne qui est mise en cause
30:02pour le triple assassinat dont on parlait tout à l'heure,
30:07qui avait fini par une scène d'horreur lorsqu'un homme avait été découpé.
30:11Ce trafic, il génère combien d'argent ?
30:15Quel type de somme ? Des dizaines de millions d'euros ?
30:17Par nature, c'est clandestin, donc c'est évidemment très dur à dire.
30:23Ce qu'on sait, c'est que certains points de deal à Marseille
30:25peuvent rapporter plus de 50 000 euros par jour.
30:29Que la DZ Mafia en a plusieurs, qu'elle a aussi désormais
30:32des implantations dans d'autres villes.
30:34On parle de Nîmes, on parle d'Aix-en-Provence, on parle d'Avignon.
30:37On parle même parfois de Dijon, voire de Rennes.
30:41Où les inscriptions DZ Mafia apparaissent.
30:45Donc non, c'est évidemment, comme toute organisation criminelle,
30:48c'est évidemment très compliqué de dire combien elle représente aujourd'hui financièrement.
30:52Ils ont des liens avec l'étranger aujourd'hui, ça s'étend, y compris à l'étranger ?
30:56Les enquêteurs pensent effectivement qu'il y a aujourd'hui des liens assez ténus
31:00avec des organisations criminelles, notamment belges, hollandaises,
31:05et qu'ils ont aussi très certainement des liens avec des organisations italiennes
31:09dans ce qui concerne l'importation de stupéfiants.
31:11Merci, Vincent Gauthrono.
31:12Je redonne le titre de ton livre
31:14« Tueur à gage, enquête sur le nouveau phénomène des shooters ».
31:16Ce livre que tu as écrit avec deux autres faits diversifiés du parisien,
31:20Jean-Michel Légugis et Jérémy Famlet.
31:23Vincent Gauthrono, on peut donc te lire dans ce livre,
31:25puis aussi presque tous les jours sur le parisien, donc sur leparisien.fr.
31:28Merci.

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