Nous arrivons à la fin d’une année électorale sans précédent. En 2024, des élections ont eu lieu dans 81 pays. Depuis le 1er janvier, plus d’un milliard d’électeurs ont voté. Et demain les États-Unis.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00Et à 7h21, en toute subjectivité, Dominique, vous faites le point sur l'année électorale.
00:06Car nous arrivons, Nicolas, à la fin d'une année électorale sans précédent.
00:10En 2024, des élections ont eu lieu dans 81 pays et depuis le 1er janvier, plus d'un
00:18milliard d'électeurs ont voté.
00:19Et demain, les Etats-Unis.
00:21La démocratie serait donc plus forte que jamais.
00:25Mais 2024 nous a aussi rappelé qu'élections et démocratie ne vont pas toujours de pair.
00:30Qu'il est des pays où les élections ne sont qu'un simulacre et ne servent qu'à
00:34mettre en scène le maintien au pouvoir d'un autocrate.
00:37Poutine en Russie, Kagame au Rwanda, Maduro au Venezuela, Teboun en Algérie, etc.
00:42Plus encore, l'élection peut aussi entrer en tension avec le régime démocratique lui-même
00:48alors qu'elle se déroule dans le respect des procédures.
00:51Car les résultats de scrutins reconnus sincères et non faussés ne sont pas toujours acceptés
00:56par les candidats et par les électeurs.
00:58Et c'est là, Dominique, qu'on retrouve les Etats-Unis.
01:01Exactement, Nicolas.
01:02On se souvient de la précédente élection américaine en 2020, lorsque le président
01:05sortant, Donald Trump, a refusé de reconnaître sa défaite, encourageant une émeute, l'assaut
01:10du Capitole.
01:11Le jour est dans les lieux de la proclamation officielle des résultats, le 6 janvier 2021.
01:18Demain, le 5 novembre 2024, on redoutera qu'une nouvelle défaite de Donald Trump aggrave
01:23la division du pays, déjà si profonde.
01:25Voir que la victoire de l'ancien président entraîne le rejet du résultat, cette fois
01:30de la part d'une Amérique démocrate, d'autant plus hostile que le score serait plus serré.
01:35Est-ce un phénomène qu'on observe ailleurs dans le monde démocratique ?
01:39Il me semble.
01:40Paradoxalement, d'autres démocraties semblent embarrassées, voire empêchées par les résultats
01:45de leurs élections.
01:46On vient de le voir en Autriche, en Allemagne, mais aussi en France, au lendemain des élections
01:51législatives consécutives à la dissolution, avec l'ostracisation du premier parti, le
01:56RN, ou dans le fait que le NFP, dépourvu de majorité, n'en exigeait pas moins la nomination
02:02de son candidat à Matignon et l'application de son programme sans compromis.
02:06La perspective d'élections suscite plus souvent la crainte des résultats d'une menace
02:11pour la démocratie.
02:12Poussée de l'extrême droite, vote populiste, agitation de l'extrême gauche, blocage
02:17des institutions, violence, etc.
02:20Or, la valeur de l'élection réside précisément dans le fait que ceux qui y participent acceptent
02:26son résultat.
02:27Dans le cas contraire, c'est le système démocratique qui s'effondre.
02:31Et si, aux yeux du monde, la démocratie devait être regardée comme un système qui ne fonctionne
02:36pas ou plus, le despotisme pourrait bien reprendre tout le terrain perdu.
02:40A partir de demain, Nicolas, la démocratie suspend son souffle.