• il y a 4 minutes

Chaque jeudi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Charlotte d'Ornellas livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Charlotte d'Ornellas - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/charlotte-dornellas-les-signatures-deurope-1

Category

🗞
News
Transcription
00:00Avec Charlotte d'Ornelas qui est avec nous sur Europe 1. Bonjour Charlotte.
00:02Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Vous revenez ce matin Charlotte sur la réélection de Donald Trump,
00:07alors c'est la stupéfaction pour beaucoup.
00:09Comment comprendre ce que personne n'attendait finalement ?
00:13Sur le plateau d'Arte un jour d'octobre 2018,
00:16Raphaël Glucksmann donnait la clé dans une autocritique des élites.
00:20Ouvrez les guillemets, quand je vais à New York ou à Berlin,
00:22je me sens plus chez moi, a priori, culturellement,
00:26que quand je me rends en Picardie, et c'est bien ça le problème.
00:29Fermez les guillemets.
00:31Quand on voit le score de 92% qu'obtient Kamala Harris à Washington DC,
00:35on comprend mieux pourquoi cette victoire de Trump est une surprise pour cette élite
00:39qui anime le débat public.
00:41Il y avait d'un côté la campagne de Kamala Harris,
00:43focalisée sur la défense de la démocratie, des droits des femmes et des minorités.
00:48De l'autre, celle de Donald Trump, concentrée sur l'économie, l'inflation,
00:52l'immigration et l'emprise de l'État profond.
00:55En surplomb, une autre bataille pour savoir qui gagnerait le droit
00:58de définir ce qu'est l'Amérique.
01:01Kamala Harris était la championne de la lutte contre la norme américaine
01:04pour le droit de toutes les minorités, dont les femmes.
01:08Trump a choisi de défendre l'homme et la femme traditionnels
01:11et les Américains comme ils sont.
01:13Et surprise, l'homme de la division raciale a augmenté ses scores
01:16dans les minorités ethniques,
01:18l'homme de la division genrée a attiré plus de femmes que la dernière fois,
01:22et l'homme de la division tout court a emporté les grands électeurs
01:25et le vote populaire.
01:26Surprise donc, la majorité veut compter.
01:29Surprise encore, être issue d'une minorité est une donnée,
01:32non une pensée.
01:33Et pourtant, Charlotte, les électeurs de Kamala Harris,
01:36qui existent aussi en nombre,
01:37ont évoqué la démocratie comme sujet de préoccupation.
01:40Donc tous ne sont pas de l'élite aussi.
01:42Et en démocratie, leurs préoccupations sont bien sûr légitimes.
01:45Mais leur défaite n'en fait pas nécessairement
01:47un rejet de la démocratie pour autant.
01:50Car certains pensent, est-il possible de les entendre,
01:53que la menace qui pèse sur la démocratie
01:55n'est pas celle que formule Kamala Harris ?
01:58Reprenons l'autocritique de Glucksmann,
02:00bien placée pour nous aider à comprendre.
02:02« On peut trouver parfaitement génial, nous disait-il,
02:05soi-même, cette émancipation vis-à-vis des structures collectives.
02:08Mais ça ne nous permet pas de faire un peuple.
02:10Or, il n'y a pas de démocratie si on ne fait pas un peuple. »
02:15La démocratie, système dans lequel le peuple est souverain,
02:18s'est exprimée.
02:19À la sortie des urnes, il a été question d'économie et d'emploi,
02:22sujet invisibilisé par le commentariat.
02:24Il a été également question d'immigration et d'wokisme,
02:27sujet difficile à critiquer,
02:29sans recevoir les insultes de ceux qui prétendent
02:32sauver l'Amérique de la censure.
02:34Ces électeurs ont choisi d'insister lourdement
02:36en usant de leurs pouvoirs à eux.
02:38Mais les électeurs de Donald Trump ne parlaient pas de démocratie,
02:41mais plutôt d'État profond.
02:42Est-ce qu'il y a un lien ?
02:43Trump a réussi une deuxième insurrection électorale
02:46par les urnes, malgré un système ouvertement hostile.
02:50Est-il permis de se demander si le système lui-même
02:52n'a pas perdu de vue
02:53que la volonté populaire n'est pas totalement étrangère,
02:56normalement, à la survie d'une démocratie ?
03:00En effet, ces électeurs voulaient, disaient-ils,
03:02exister malgré les velléités de l'État profond.
03:05Danger, préviennent certains.
03:06Complotisme, insurrection, fake news ?
03:09Mais la réponse tient en une question
03:11qu'aucun journaliste, pourtant jaloux de sa liberté,
03:14n'a osé poser.
03:15Qui a dirigé la plus grosse puissance mondiale,
03:18alors que son président perdait la tête ?
03:20Information autrefois complotiste, elle aussi,
03:22mais désormais admise.
03:23On trouverait peut-être dans cette question interdite,
03:26là encore, les raisons d'un succès.
03:27Signature Europe 1.
03:28On méditera à ce que vous venez de nous dire,
03:29Charlotte Dornelas sur Europe 1.
03:31Merci beaucoup, Charlotte.

Recommandations